que pourraient causer ces produits
chimiques. Le sperme est continuelle-
ment produit à partir de cellules con-
tenues dans les testicules. Si l’un des
éléments génétiques des cellules est
déténoré, ce caractère pourraêtre trans-
m!s aux enfants et donner des foetus
malformés.
La recherche de produits contracep-
tifs autres que les ktéro’ides a de nob-
veau orienté les chercheurs vers des
travaux sur le cerveau. Bien que le
IHRF du contrôle central soit actif du
point devue hormonal, il possède une
structure chimique différente de celle
des stéroides. C’est une chaîne d’acides
aminés liés ayant la même structure
moléculaire de base qu’une protéine,
un polypeptide. On sait que les pep-
tidesontdeslieuxd’actionplusspécia-
lisés et plus spécifiques dans l’orga-
nisme et qu’ils ont une durée de vie
moins longue que les stéro’rdes. La
découverte et l’élaboration de la struc-
tureduiHwontvaluauxchercheursle
prix Nobel de médecine en 1977.
Mais le LHRF est naturellement trop
faible pour être utilisé comme contra-
ceptif. La découverte de sa structure a
permis de réaliser la synthèse d’ana-
logues, des substances ayant des
caractéristiques semblables, dont on
pouvait renforcer les propriétés inté-
ressantes. On a étudié une variété
d’analogues : lesagonistesqui imitent
le LHw naturel, les antagonistes qui
bloquent son action, et les agonistes
sélectifs qui ne reproduisent que cer-
taines fonctions du IHRF. On a ainsi
créé environ 1 000 analogues.
Les expériences les plus poussées
ont portésur un superabonkte dont la
puissanceestàpeuprès144foiscelle
du IHRF, pour augmenter la production
des hormones gonadotropes. Mais
paradoxalement, au lieu d’accélérer la
production d’hormones, le superago-
niste paralyse les fonctions de repro-
duction en surexcitant l’hypophyse et
en épuisant sa capacité à répondre de
nouveauetà produirelaw et lawi en
auantité suffisante oourassurerla oro-
duction de sperme.
Selon le D’ David Rabin, qui a dirigé
l’étude surce superagoniste à l’un,iver-
sité Vanderbilt. a Nashville, aux E:U.,
la production de sperme avait baissé
de 75 à 100 p. 100 et cette baisse
s’accompagnait d’une certaine réduc-
tion de la mobilité. Tous les sujets sont
redevenus féconds 10 à 14 semaines
après l’arrêt du traitement.
«Je crois que c’est la première fois
qu’on réussit & interrompre la sperma-
togénèse chez des hommes normaux,
et ce processus est parfaitement réver-
sible»,dedirele D’ Rabin. Ilasouligné,
cependant, que chezcertains sujets le
régime des injections journalières a
réduit le niveau de testostérone et a
produit des effets secondaires tels que
l’impuissance, une libido affaiblie et
des”bouff8es de chaleur”, c’est-à-dire
des augmentations momentanées de
la température du corps.
Efficace, réversible et fiable, le IHRF
synthétique se révèle un produt contra-
ceptif prometteur pour l’homme. II reste
26
à éliminer ses effets secondaires fâ-
cheux, mais inoffensifs, et a mettre au
point un procédé plus pratique que
celui des injections journalières.
LE GOSSYPOL
II semble que les chercheurs qui
sont presque parvenus à créer une
pilule pour l’homme soient ceux qui
travaiIlentactuellementsurlegossypol
dans la République populairede Chine;
il s’agit d’un composé que l’on trouve
dans les graines, la tige et les racines
du cotonnier.
Uneétudesurle hauttauxdestérilité
dansuneprovincechinoiselesafinale
ment conduits à relier ce fait à I’utilisa-
tion d’huile de coton crue dans la
cwson. Le gossypol a été identifié
comme l’agent actif.
Les essais cliniques d’une pilule de
gossypol ont débuté en 1972 et 10 000
hommes environ y ont participé. Selon
la revue médicale chinoise, l’expérience
a réussi 2 99.89 p. 100 et les effets
secondaires ont kté “bénins et très
rares”. IIsembleenoutrequeleqossv-
pol soit un spermicide extrêmement
efficace et certaines recherches sont
maintenant en cours surses propriétés
antiviralesdans letraitementde I’herpès
génital.
Apparemment, le gossypol agit comme
inhibiteur d’une enzyme qui est vitale
pour le métabolismédu sperme et des
cellules qui génèrent le sperme. Comme
il n’agit pas au niveau des hormones
sexuelles et qu’il n’abaisse pas la libido,
on est à peu près sûr que le gossypol
pourrait bien être, parmi les nouveaux
contraceptifs applicables à l’homme,
le premier qui soit largement accepté.
Mais tout en inhibant les enzymes du
sperme, le gossypol paralyse aussi
d’autres activités enzymatiques dans
l’organisme, par exemple celles qui
conduisent à la détoxication de com-
posés organiques dont certains sont
liés au cancer. Il reste encore beaucoup
derecherchesàfairedanscedomaine.
Les spermatozo’ides contenus dans
les testicules n’étant pas parvenus à
leur état de maturation, ils sont inca-
pables de fécondation ou de mouve-
ment. Ils acquièrent ces capacités au
moment où ils se développent dans
l’épididyme, formé par le pelotonne-
ment du canal épididymaire qui se
trouve immédiatement à I’extrémité pos-
térieure des testicules. On sait peu de
chosesausujetdeschangements bio-
chimiques qui se produisent au mo-
ment où ils passent à travers I’épidi-
dyme, sauf quecertains produitschimi-
ques, dont le gossypol, peuvent inter-
rompre ou inhiber le processus de
maturation.
En Thailande, des chercheurs ten-
tentactuellement,grâceàunesubven-
tion ducf?oI,dedéterminerlesprocessus
biochimiques qui entrent en jeu au
moment de la maturation du sperme. II
se pourrait que les travauxdu Dr Montri
Chulavatnol et de ses collègues, du
département de biochimie de l’univer-
sité Mahidol, ouvrent la voie à des
techniques sophistiquées pour adap-
ter le processus à la contraception. Le
Dr Chulavatnol étudie le mécanisme
qui permet au sperme de convertir
l’énergiechimiqueaccumuléedans la
substance cellulaire et de latransmettre
etdeI’utilisercommeénergie mécanique,
en fournissant de I’éneraie au flaaelle
ou à la queue du spermkozo.cdeÏors-
qu’il s’acheminevers l’ovuleaprès I’éjacw
lation. Si l’on pouvait empêcher la for-
mation du composé qui est la source
d’énergie ou si i’on parvenait à empê-
cher son utilisation, une fois qu’il est
formé, on aurait sans doute là la clé
d’un procédé de contraception appli-
cable à l’homme, sans risques sérieux
de détériorations génétiques ou d’effets
secondaires plus généralisés dans
l’organisme.
D’autrestravawégalementsubven-
tionnés par le cw, portent sur une
approche dont l’objectif est encore
plus précis; il s’agit de prévenir la
fécondation au moment où le sperma-
tozo.rde rencontre l’ovule.
On étudie deux enzymes qui favori-
sent la pénétration du spermatozoïde
à travers les enveloppes qui entourent
l’ovule. L’hyaluronidase permet au sper-
matozo’rde de traverser le cumulus,
une enveloppe externe, et I’acrosine
est nécessaire pour pénétrer la zona
pellucida, l’enveloppe interne. Le D’
Horacio Croxatto. du Centra National
de/aFami/iadeSantiago,auChili,etle
Dr John Elce, du Département de bio-
chimiedeI’universitéOueen’s,&Kmgs-
ton, au Canada, effectuent actuelle-
ment des travaux qui pourraient peut-
être conduire à la découverte d’un
vaccin contraceptif pour l’homme.
Les docteurs Croxatto et Elce pen-
sent que si ces deux enzymes particu-
lières, I’hyalurinidase et I’acrosine,
pouvaient être isolées et suffisamment
purifiées, on pourrait peut-être alors
les utiliserpourprovoqueruneréaction
immunitaire spécifique contre elles.
Une fois cette réaction obtenue, il serait
alors possible d’isoler les anticorps
spécifiques de I’hyaluronidase et de
l’acrosine, de les purifier et de les
fabriquer sous la forme d’un vaccin.
La méthode des vaccins est d’une
élégante simplicité : le spermatozo’ide
ne pourrait plus pénétrer l’ovule et
l’effet secondaireserait lastérilité. Mais
l’un des principaux avantages du vac-
cin peutaussi bienêtre un inconvénient.
Comme dans le cas de tous les vaccins,
peut-être ne faudrait-il qu’une injec-
tion, ou une injection suivie de doses
de rappels après quelques années
pour assurer la stérilité. Ayant déclen-
ché les défenses de l’organisme contre
le sperme, comment supprimerde nou-
veau lesanticorps lorsqu’un sujetvac-
ciné désire avoir des enfants?
II faut pourparveniramettreau point
une technologie efficace, réversible,
fiableetpeucoûteusequelarecherche
se poursuive sur les nombreuses ques-
tions qui se posent toujours concer-
nant la contraception. Sans une telle
technologie, qui serait largement accep
tée par les hommes, la possibilité de
régulariserlacroissancedémographi-
que reste encore lointaine. 0