InterNutrition POINT
L’actualité de la biotechnologie végétale
No.
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mars 2013
Contenu
Académies suisses des sciences : Les plantes OGM peuvent apporter
aux agriculteurs des avantages écologiques et économiques ................. P. 1
Sécurité alimentaire : Vingt ans de recherche sur les composants
de plantes OGM .................................................................................. P. 3
Coton Bt : La protection efficace contre les chenilles peutduire
l’activation des mécanismes naturels de fense ................................... P. 4
Biologie des plantes : Maïs OGM plus tolérant à l’aluminium
de manière naturelle ........................................................................... P. 5
Académies
suisses des
sciences
Pommes saines et
croquantes
© USDA-ARS, Photo: Peggy
Greb
écologiques et économiques
Plusieurs plantes utiles développées à l’aide du génie génétique qui sont dis-
ponibles actuellement, ou qui le seront dans quelques années, pourraient
contribuer à une agriculture écologique et productive en Suisse. C’est pourquoi
la Suisse ne devrait pas ignorer le potentiel que représente le génie génétique
vert pour une agriculture durable et la sécurité alimentaire. Telle est la conclu-
sion d’un rapport reposant sur une large assise, publié par les Académies
suisses des sciences, l’Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT), des
sciences humaines et sociales (ASSH), des sciences médicales (ASSM) et des
sciences techniques (SATW). Environ 35 scientifiques ont participé à ce rap-
port en tant qu’auteurs ou experts. Dans le cadre de leur mission, les Acadé-
mies souhaitent informer les politiques et la société, et s’engagent pour un
dialogue équilibré entre eux.
En été 2012, le rapport de synthèse du Programme National de Recherche
PNR 59 a été présenté ; l’objectif de ce programme était l’évaluation de l’utilité
et les risques de la dissémination expérimentale de plantes génétiquement
modifiées. Pour les plantes OGM, les scientifiques n’ont pas identifié de risques
particuliers autres que ceux qui existent pour les plantes conventionnelles. On
a prédit pour les variétés biotechnologiques des avantages économiques mo-
destes. Le travail supplémentaire pour garantir la coexistence avec les champs
non-OGM serait faisable, à condition que les conditions-cadres soient raison-
nables. Selon le rapport de synthèse, l’agriculture suisse aurait un potentiel
d’amélioration en matière de durabilité les effets des nouvelles variétés
biotechnologiques sur la durabiliserviront de base de décision pour le futur
de ces plantes dans l'agriculture.
Le rapport publié par les Académies démontre à l’aide d’exemples concrets que
certaines plantes OGM peuvent réellement apporter des avantages pour
l’agriculture suisse. Les pommes de terre résistantes au mildiou nécessitent
nettement moins de traitements. Cela permettrait de cultiver de manière plus
économique et de réduire le travail et l’emploi de produits phytosanitaires.
Plusieurs groupes de chercheurs européens sont en train de velopper de
telles plantes en utilisant différentes approches ; la résistance aux maladies est
nettement améliorée, comme le démontrent plusieurs essais en plein champ.
Les arbres fruitiers sont sensibles aux maladies fongiques comme la tavelure
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combattre le feu bactérien on emploie des antibiotiques. Résultat : presque dix
mille tonnes de miel ont été truites en Suisse en 2011 en raison de valeurs
trop élevées. Le génie génétique est une méthode qui accélère le veloppe-
ment de variétés de fruits résistantes aux maladies des approches promet-
teuses existent également dans ce domaine. Et finalement, les betteraves
sucrières tolérantes aux herbicides, cultivées depuis des années aux Etats-Unis
avec grand succès, pourraient nettement réduire le travail pour combattre les
mauvaises herbes et le nombre de traitements à l’herbicide un avantage
pour l’environnement, mais aussi pour les agriculteurs qui augmenteraient
leurs bénéfices de 40%.
Le rapport des Académies démontre également le succès des plantes OGM
pour une agriculture durable dans les pays étrangers par exemple les pa-
payes résistantes aux virus à Hawaii, le coton sistant aux ravageurs en Aus-
tralie et le colza tolérant aux herbicides qui contribue au Canada à ménager les
sols. Le débat comprend également les fis supposés ou réels lors de la
culture de plantes OGM, comme la coexistence, le combat contre le velop-
pement de résistances, les effets sur la biodiversi et la monopolisation de
semences, tout comme des approches pour réduire ou éviter les effets défavo-
rables. Dans l’ensemble, le rapport des Académies donne un bon aperçu des
connaissances actuelles et du potentiel des plantes OGM pour l’agriculture
suisse.
Quelques jours avant la publication du rapport, les présidents des quatre
Académies se sont adressés dans une lettre ouverte au parlement pour expri-
mer la surprise de la communauté scientifique sur la façon dont il a traité les
résultats du PNR59. Avant me que les résultats du rapport de synthèse
soient présentés, le parlement avait podes jalons pour une deuxième pro-
longation du moratoire jusqu’en 2017. Une évaluation par la politique des
résultats scientifiques n’aurait pas eu lieu pourtant, lattente de ces résultats
avait été un argument-clé pour la première prolongation du moratoire. Par
conséquent, les multiples prolongations pour différentes raisons laissent
craindre que ce moratoire d’au moins 12 ans se transforme peu à peu en une
interdiction du génie génétique dans l’agriculture. L’interdiction de technolo-
gies aurait des conséquences importantes pour la viabilité d’un pays et empê-
cherait le développement de compétences. Les scientifiques appellent la poli-
tique à prendre ses responsabilités et à intégrer les résultats scientifiques dans
ses cisions.
Sept Conseillers nationaux, sous la direction d’Adèle Thorens Goumaz du parti
des Verts, ont réagi à la lettre des Académies en rédigeant également une
lettre ouverte dans laquelle ils rejettent la critique des scientifiques. Markus
Ritter (président de l’Union suisse des paysans) et Jacques Bourgeois (direc-
teur de l’Union suisse des paysans) ont également signé la lettre. Ils souli-
gnent avoir assumé totalement leur responsabilien tant que parlementaires
et avoir prolongé le moratoire de manière démocratique et légitime. En outre,
cette décision ne serait pas motivée uniquement par des aspects de sécurité,
mais aussi par des aspects sociaux. D’aps eux, l’agriculture suisse devrait
renoncer aux OGM si elle souhaite respecter ses points-clés : la proximité de la
nature, la sécurité et la durabilité.
En effet, le principal argument politique pour prolonger le moratoire était
l’aspect marketing une interdiction du génie génétique instaurée dans la loi
servirait à accroître la vente de produits agricoles locaux en Suisse et à
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l’étranger. Le fait que la science montre clairement les avantages du ni
e
génétique vert et qu'il contribuerait à la « stratégie de qualité » mentionnée ne
semble intéresser personne. Les faits ne sont pas importants, mais plutôt
l’attitude sceptique de la population face à une technologie peu connue. Même
si on laisse passer ainsi des chances concrètes.
Sources : De nouvelles plantes génétiquement modifiées procurent des avantages, Académies
suisses des sciences, Communiqué de presse, 19. 03. 2013; Gentechnisch veränderte
Nutzpflanzen und ihre Bedeutung für eine nachhaltige Landwirtschaft in der Schweiz, (en
allemand avec une préface et un résumé en français), Académies suisses des sciences ( 2013),
Lettre ouverte au Conseil national et au Conseil des États : non à une interdiction insidieuse du
génie génétique dans l’agriculture suisse, Académies suisses des sciences,, 28. 02. 2013; Lettre
ouverte de quelques parlementaires aux Académies suisses des sciences concernant la culture
de plantes génétiquement modifiées dans l’agriculture suisse (www.verts.ch), 18. 3. 2013.
Sécurité
alimentaire
Vingt ans de recherche sur les composants de plantes OGM
Comment évaluer la sécurité d’aliments obtenus par la biotechnologie mo-
derne, et comment la comparer à celle des aliments conventionnels ? L’OCDE a
présenil y a 20 ans « l’équivalence en substance », un principe qui repré-
sente aujourd’hui un élément important des processus d’autorisation.
L’équivalence en substance part du principe que tout aliment nouveau est
comparable aux aliments conventionnels en ce qui concerne le risque, si la
composition est équivalente. Depuis, plusieurs pays ont effectué dans le cadre
de processus d’autorisation un grand nombre d’études sur la composition
d’aliments OGM. Des différences inattendues, voire préoccupantes, n’ont ja-
mais été observées. Deux chercheurs américains résument les connaissances
actuelles dans leur article actuel paru dans le « Journal of Agricultural and
Food Chemistry », et se posent la question de savoir si ces études coûteuses
sont toujours justifiées.
Beaucoup de plantes conventionnelles contiennent des matières toxiques.
Ainsi, la racine de manioc, aliment de base dans les pays tropicaux, contient
de l’acide cyanhydrique sans préparation particulière cet aliment peut être
toxique. Les haricots poseraient également des problèmes si on les consom-
mait crus, car ils contiennent de la phaséoline, une protéine toxique inactivée
par la cuisson. Lors de programmes de culture classique pour améliorer des
qualités spécifiques des plantes, il est arrivé que la quantité de substances
nocives ait également augmenté, p.ex. pour les pommes de terre ou le céleri.
Des recherches sur les plantes obtenues par culture conventionnelle ont dé-
montque les composants peuvent varier fortement selon les variétés et les
conditions de croissance.
L’éventail des compositions possibles pour les plantes conventionnelles dé-
passe largement la variabili observée chez les plantes OGM. Tel est par
exemple le résultat d’une analyse de 148 plantes OGM effectuée par l’agence
américaine des produits alimentaires FDA, ou d’une autre analyse de 189
plantes (y compris des plantes à plusieurs propriétés transgéniques) menée
par les autorités japonaises. En outre, 80 analyses indépendantes de re-
cherche fondamentale concluent que la composition des OGM ne se distingue
pas fondamentalement des plantes conventionnelles. Par conséquent, la
crainte que des modifications indésirables de la composition des plantes OGM
puissent avoir un effet sur la sécurité n'est pas justifiée.
Les deux auteurs de l’étude montrent l'énorme travail que nécessite l'étude de
la composition de nouvelles variétés OGM. De nouvelles recommandations
émises par l’Autorité européenne de sécurité des aliments EFSA prévoient pour
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ce
seul critère huit essais en plein champ sur huit sites différents, répétés
quatre fois. Pour disposer d’une base de comparaison, il est prévu d’inclure six
variétés non modifiées. Ces dernières années, les coûts pour de telles études
ont été multipliés par dix en raison d’exigences croissantes, et sélèvent au-
jourd’hui à un million de dollars US par étude. Etant donné que les chercheurs
n’ont pas tecde modifications involontaires dans la composition de nou-
velles plantes OGM, les auteurs soulèvent la question suivante: de tels efforts
sont-ils justifiés pour toutes les nouvelles variés d’OGM ? Ou bien faut-il les
limiter à celles dont la composition change de manière significative ? Une
diminution des exigences pour lautorisation à un niveau scientifiquement
correct abaisserait le barrage contre le développement de nouvelles plantes
OGM ainsi, cet outil important serait également disponible aux petits et
moyens producteurs de variétés végétales.
Sources : Rod A. Herman & William D. Price 2013, Unintended Compositional Changes in
Genetically Modified (GM) Crops: 20 Years of Research, Journal of Agricultural and Food
Chemistry, online 15.2.2013, DOI:10.1021/jf400135r; Safety Evaluation of Foods Derived by
Modern Biotech, OECD 1993.
Coton Bt
La protection efficace con
tre les chenilles peut réduire
l’activation
des mécanismes naturels de défense
Issue de bactéries du sol, la protéine Bt protège les plantes utiles contre
d’importants insectes ravageurs. Cette propriété est introduite dans le coton et
le maïs à l’aide du génie génétique et les protège dans de nombreux pays avec
grand succès. Le coton Bt est culti sur 80% des champs destinés à cette
plante dans le monde et a nettement amélioré le contrôle des principaux rava-
geurs, tout en diminuant l’emploi d’insecticides. Dans certaines régions du
monde on a constaté dans les champs de coton Bt une croissance des rava-
geurs insensibles à ces plantes. Jusqu’à maintenant, on pensait qu’il s’agissait
d’un effet secondaire causé par la duction générale de l’emploi d’insecticides.
Mais il existe probablement une autre explication de cet effet. Les chercheurs
autour de Jörg Romeis de la station de recherche Agroscope ART ont démon-
tré un mécanisme grâce auquel d’autres ravageurs pourraient profiter de la
protection optimale d’une plante contre un certain type de ravageur.
Lorsque des plantes de coton sont attaquées par des insectes phytophages,
comme p.ex. les chenilles, elles perçoivent le dommage et se protègent en
produisant des substances chimiques (terpéndes) pour couper lappétit des
ravageurs. Etant donné que les dommages aux feuilles sont nettement moins
fréquents chez les plantes Bt, elles produisent moins de terpénoïdes. Lors
d’essais en serre, Jörg Romeis et ses collaborateurs ont démontré que des
pucerons qui eux-mes ne causent pas de dommages car ils sucent seule-
ment la sève prospèrent mieux sur les plantes de coton Bt peu endomma-
gées que sur les plantes conventionnelles attaquées par les chenilles.
Dans les champs de plantes conventionnelles ou Bt, les pucerons ne jouent
pas un le important en tant que ravageur du coton, car leur population est
contrôlée par leurs ennemis naturels. Cependant, il est possible que d’autres
parasites secondaires économiquement significatifs, comme p.ex. les mirides,
profitent de la diminution des défenses des plantes Bt les chercheurs souhai-
tent mener d’autres essais à ce sujet. Des approches intégrales sont ces-
saires pour contler les ravageurs, car la technologie Bt n’agit pas contre
toutes les espèces d’insectes nuisibles. La connaissance des interactions entre
les plantes, les insectes et les différentes stratégies pour combattre les rava-
geurs sont une base importante pour développer et améliorer de telles ap-
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proches.
Sources : Steffen Hagenbucher et al. 2013, Pest trade-offs in technology: reduced damage by
caterpillars in Bt cotton benefits aphids, Proc. Royal Soc. B vol. 280 no. 1758, online 13. 3.
2013, DOI:10.1098/rspb.2013.0042; Effets secondaires indirects de la culture de plantes généti-
quement modifiées : Dans les champs de coton, le malheur des uns fait le bonheur des autres,
Communiqué de presse, Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS), 13. 3. 2013
Biologie des
plantes
Maïs OGM plus tolérant à l’aluminium
de manière naturelle
L’effet toxique de composés d’aluminium dans le sol limite la croissance des
plantes dans de nombreuses régions du monde, en particulier dans certaines
régions tropicales et subtropicales la production alimentaire est aléatoire.
Cependant, ils ne sont probmatiques que dans des régions aux sols acides,
car dans ces conditions, les ions d’aluminium toxiques se dissolvent et peuvent
être absorbés par les plantes. Etant don que la moitié des sols agricoles
potentiels du monde sont acides, la toxicité de l’aluminium est un grand pro-
blème global pour l’agriculture. Seule la sécheresse représente une menace
encore plus grande pour l’approvisionnement en nourriture. Un groupe de
chercheurs américains et brésiliens a récemment trou une plante de maïs
OGM nettement plus résistante à l’aluminium et a expliq le mécanisme
biologique.
Les chercheurs ont analysé, comme base pour des programmes de sélection,
un grand nombre de plantes de maïs quant à leurs propriétés de tolérance à
l’aluminium. Ils ont ainsi couvert le ne de tolérance
MATE1
. Il s’agit d’une
protéine de transport située dans les pointes des racines, qui règle la sécrétion
d’acide citrique dans le sol. Cette dernière sert à lier des ions d’aluminium
toxiques et empêche l’absorption par les racines la plante est progée. Des
analyses précises de trois variétés de maïs particulièrement résistantes à
l’aluminium, originaires des tropiques sud-américains et d’une région aux sols
particulièrement acides, ont réservé une surprise aux chercheurs : ces variétés
ne portaient pas de ne MATE1, comme les autres variétés de maïs, mais
trois copies identiques. Le nombre accru de gènes conduit à une lecture de
l’information nétique plus prononcée, ce qui mène à la production plus
élevée de la protéine de résistance dans les racines de maïs. Ainsi, des lignées
de maïs sont capables de sister à des concentrations plus élevées
d’aluminium dans le sol.
On sait depuis longtemps que le génome de maïs est extrêmement flexible et
que les différentes propriétés des variétés de maïs sont dues à des modifica-
tions génétiques naturelles. Bien qu’un grand nombre de réarrangements
génomiques soient connus chez le maïs, cette multiplication par trois du ne
MATE1
est une des premières multiplications génétiques servant de base pour
d’importantes propriétés agronomiques chez une plante. Apparemment, une
multiplication spontanée du gène
MATE1
a eu lieu chez un des ancêtres de la
variété de maïs. En général, de telles modifications génétiques n’apportent pas
d’avantages aux plantes et se perdent. Dans ce cas précis, la multiplication du
gène a permis leur survie sur des sols à la concentration élevée en aluminium
nocif. Par la suite, cette propriété a été transmise aux descendants et a pu se
maintenir dans des variétés adaptées aux conditions locales. Etant donné que
cette modification n’existe pratiquement dans aucune autre varié de ms,
les chercheurs estiment qu’elle a eu lieu au cours du veloppement du maïs
de culture moderne, lors des derniers millénaires. Depuis peu donc, à l’échelle
de l’évolution.
Dans la nature, de telles modifications génétiques sont une source importante
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