
L’auteur n’a pas précisé ses éven-
tuels liens d’intérêts.
Le syndrome Gillesde la Tourette
MISE AU POINT
graduelle, à se confronter à leurs sensations prémo-
nitoires désagréables en retenant la réalisation des
tics. La thérapie commence en général par 2 séances
d’entraînement au cours desquelles l’individu apprend à
réfréner ses tics sur des périodes de plus en plus longues
grâce à des techniques de relaxation. Lors des séances
suivantes, le patient et le thérapeute incitent aux sensa-
tions prémonitoires sur des périodes de plus en plus
prolongées (exposition) an d’accroître la capacité
de résistance aux tics (prévention de la réponse). Le
patient apprend ainsi à tolérer et à gérer les sensations
de urge to do par un phénomène d’habituation, ce qui,
à terme, permet de diminuer voire de supprimer l’envie
de “tiquer”. Avec cette technique, aucun phénomène
de rebond n’a été observé (17). À ce jour, la principale
étude contrôlée est celle d’une équipe hollandaise qui
a montré une efcacité similaire entre la technique
du HRT et celle de l’ERP dans une population de
43 patients âgés de 7 à 55 ans (18). D’autres essais
sont en cours. L’avantage principal de cette technique
est qu’elle permet de traiter l’ensemble de la sympto-
matologie des tics de manière simultanée. Elle est par
conséquent conseillée à des patients souffrant de tics
multiples. Le deuxième avantage est qu’elle fonctionne
tout aussi bien chez les patients qui ne ressentent que
peu ou pas les sensations prémonitoires, notamment
les enfants, très réceptifs à cette technique.
Approches neurochirurgicales
Au cours des 20 dernières années, la stimulation
cérébrale profonde (SCP) a fait la preuve de son
efficacité dans un grand nombre de pathologies
du mouvement, à commencer par la maladie de
Parkinson. La SCP offre une promesse thérapeutique
considérable dans le traitement des tics pharmacoré-
sistants. Contrairement à la maladie de Parkinson, le
SGT n’est pas une affection neurodégénérative ; une
amélioration durable de la symptomatologie peut
donc être envisagée sans modication des paramètres
de stimulation au cours du temps. Les cibles testées
sont le globus pallidus interne (territoire sensori-
moteur et limbique), le thalamus (noyaux médians
et intralaminaires), la capsule interne (bras antérieur)
et le noyau accumbens (19).
Les résultats obtenus sont encourageants, mais il
est nécessaire de rappeler l’absence d’études rando-
misées, contrôlées et en double aveugle, même si
plusieurs essais sont en cours à l’heure actuelle. Parmi
les questions à résoudre gurent celles des comorbi-
dités, de la dénition de la pharmacorésistance, de la
qualité de vie (au-delà d’une simple réduction des tics)
et de l’âge de l’intervention. Concernant ce dernier
point, il est important de rappeler que, en l’absence
de critères pronostiques clairs pour l’évolution du
SGT, les enfants et les adolescents sont susceptibles
d’avoir une amélioration spontanée et substantielle
lors de l’entrée à l’âge adulte. Ainsi, une conférence
de consensus stipule d’attendre l’âge de 25 ans avant
l’intervention (20). Néanmoins, dans des formes
juvéniles très sévères entraînant une désocialisation et
une déscolarisation complète, la question d’une SCP
reste posée, d’autant plus qu’il s’agit d’une technique
réversible. Ces considérations relèvent aussi bien du
domaine médical qu’éthique et nécessiteront une
attention particulière dès que les résultats d’études
cliniques contrôlées seront disponibles. ■
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