Le changement climatique et ses effets sur la protection de la
biodiversité et sur le savoir traditionnel des Peuples
Autochtones
Cas de l’Afrique du Nord
Dr.Handaine Mohamed –Maroc
Mme Bachir Zahia - Algérie
Introduction
1. Le changement climatique en Afrique du Nord
1.1 les aspects du changement climatique
1.2 effets sur la biodiversité
1.3. effets sur le savoir traditionnel
2. Programmes d’atténuation et d’adaptation.
2.1. les actions des gouvernements visant à minimiser les effets
du Changement climatique
2.2. Le rôle du savoir traditionnel et la communauté locale
Recommandations
Introduction
Le changement climatique demeure un danger réel qui menace notre planète. La
communauté internationale emmène plusieurs actions depuis le sommet de Rio
1992. La CBD a été créée avec des objectifs précis pour faire face à ce fléau. La
terre perd à jamais, chaque année, plusieurs espèces de la biodiversité. Ainsi que
seul le continent africain connaitra d’ici 2020 un stress hydrique concernant
entre 75 à 250millions de personnes dû aux effets du changement climatique.
La région de l’Afrique du nord n’est pas exclue aux impacts directs de ce
phénomène majeur qui préoccupe intensément les experts de la communauté
internationale. Elle est considérée parmi les régions les plus exposés directement
aux effets du changement climatiques vu son emplacement géographique
Elle est prise entre l’avancée de la désertification au sud et le recul des
précipitations au nord. L’impact le plus senti dans la région est celui de la recule
de la biodiversité.
Elle est également une région d’une population autochtone amazighe connue par
ses pratiques traditionnelles depuis des millénaires. Les Amazighs est un peuple
autochtone africain disposant d’un savoir traditionnel remarquable relatif à la
gestion des ressources naturelles et de la biodiversité.
Aujourd’hui cette population est confrontée aux conséquences tangibles du
changement climatique. Il mène une guerre sans merci pour préserver leur
biodiversité en s’appuyant sur leur savoir traditionnel. On les voit au Maroc,
comment il préserve l’arganier au Sud les plantes aromatiques dans les
montagnes du Haut Atlas ou dans les montagnes de Tizi-Ouzou en Algérie.
1. Le changement climatique en Afrique du Nord
1.1. Les aspects du changement climatique
Des études qui ont été faites sur ce phénomène aussi bien au Maroc qu’on Algérie
et le reste de la région de l’Afrique du Nord, atteste que d’une façon incontestable
que la région connait des effets du changement climatique qi se manifestent à
plusieurs niveaux :
Les données météorologiques d’une période d’un demi siècle (1960 à 2007)
montrent l’existence d’une augmentation de température comprise entre 0,65°C
et 1,45°C avec un recule des précipitations de 13% jusqu’à 50% selon les régions.1
Figure 1. Evolution de la température moyenne annuelle à Oran en °C (1926-
2006) (Tabet-Aoul, 2008)
1 Changement climatiques et enjeux au Maghreb, UNESCO, Rabat ,2010.
Figure 2. Types de climat au Maroc durant la période 1961-1970 (carte de
gauche) et la période 1991-2000
(carte de droite) selon l’indice d’aridité de De Martonne (Source : Direction de la
Météorologie Nationale)
D’après les cartes on remarque que le climat à caractère aride et semi-aride s’étend
vers le nord en minimisant l’espace humide, ce qui provoque une menace réale aux
écosystèmes déjà fragilisées par le poids de la surexploitation de la population et la
mauvaise gestion.
La diminution des précipitations et la hausse de la température sont des impacts
majeurs du changement climatique qui pourront infecter directement et
sérieusement les secteurs de production notamment le secteur agricole et les
ressources deau.
Différents scénarios prévisionnels des changements du climat ont été imaginés par
les chercheurs au Maroc et à l’étranger, pour 2025 et 2030:
•Augmentation des T° moyennes annuelles de 0,6 à 1,1°C
•Diminution de 4 % du volume annuel moyen des précipitations
•Dérèglement de la saisonnalité des pluies et de leurs durées et réduction de la
couverture neigeuse.
Si l’on se réfère aux modèles d’émissions de GES et de leurs effets sur le climat
planétaire (effet de serre), l’impact sur l’eau sera important et consistera, en plus de
la réduction des débits qui se situera
vers 10-15% entre 2000 et 2020, dans un changement dans le bilan infiltration ruissellement
qui aura des impacts en terme de catastrophes.
En guise de conclusion, une étude présentée en 2001 au CCNUCC un réchauffement
probable de la région de l’ordre de 2° a 4° durant le 21éme siècle, avec en particulier de
0.6°C à 1.1 °C de réchauffement entre 2000 et 2020 est attendu ; la tendance serait aussi à
une réduction des précipitations estimée autour de 4% antre 2000 et 2020 et cela est vrai
aussi pour l’Algérie ainsi que la région de l’Afrique du Nord.
1.2. Impacts sur la biodiversi
La région de l’Afrique du Nord constitue un trésor mondial pour la biodiversité. Cela
est lié principalement à son emplacement géographique et son climat largement
diversifié. On distingue une multitude des écosystèmes côtières, montagneuses,
oasiens et sahariennes. Selon une étude de l’UCIN la base de cette richesse remonte
à une époque climatique très ancienne.2
« La diversité faunistique en Afrique du Nord est remarquable par la représentativité des
mammifères, oiseaux, reptiles et poissons parfois menacés d'extinction.
- Les micro-organismes utiles comme ceux qui vivent dans le sol et y favorisent certaines
réactions comme la transformation de composés azotés insolubles ou d'autres solubles
donc disponibles pour les plantes qui les absorbent avec l'eau.
Elle a subi des dégradations depuis longtemps qui s’est aggravé avec les impacts du
changement climatiques.
Les déserts et les zones arides, semi-arides et subhumides sèches constituent plus de
90% de la superficie de la sous-région et sont soumis à une dégradation toujours
croissante. La dégradation des terres ou désertification dans ces zones constitue donc
un défi environnemental crucial en Afrique du Nord. En effet, près de la moitié de la
superficie sous-régionale est menacée par la désertification ; cette proportion
avoisine même les 95% au Maroc et en Tunisie. Elle est causée par la sécheresse la
déforestation et la mauvaise gestion des terres agricoles, l’accroissement des besoins
en bois de chauffe, le surpâturage, l’inadéquation et l’inefficacité des droits
fonciers.. »3
Au Maroc, on note une grande diversité biologique, les espèces animales sont
estimées à plus de 24000 espèces, et plus de 7000 espèces végétales. Quant à la
faune marine elle est estimée également à 7.136 espèces connues.4
Les effets du changement climatiques et le poids de la démographie dans la région
pèsent énormément sur la biodiversité. La montée de la désertification du sud vers le
nord, l’aggravation de l’évaporation des sols et la dégradation des nappes
2 Etat de biodiversité en Afrique du Nord. Ali MTIMET coordinateur de l’UCIN en Afrique du nord.
3 Ibid
4 Haut commissariat des eaux et forets : PROSPECTIVE « MAROC 2030 »GESTION DURABLE DES RESSOURCES »
Maroc.
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