INVENTAIRE DES ESCARGOTS TERRESTRES EN KABYLIE (ALGERIE) BOUAZIZ-YAHIATENE H.1 et MEDJDOUB-BENSAAD F.2 1 et 2 : Département de Biologie. Faculté des Sciences Biologiques et Sciences Agronomiques. Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. [email protected] Résumé La faune malacologique terrestre de la Kabylie, demeure largement méconnue. Pour cette raison nous sommes amenés à établir un inventaire qualitatif et quantitatif des escargots au niveau de 4 stations situées à des différentes altitudes. Cette étude malacologique a été réalisée durant une période s’étalant de Juin 2012 à Mai 2013. L’échantillonnage s’est effectué à vue, en temps doux et humide. Les escargots terrestres sont récupérés sur des planches préalablement posées, qui leurs ont servis d’abris. Cet inventaire nous a permis de dresser une liste représentant la biodiversité des gastéropodes de la région avec une richesse spécifique de 16 espèces, dont les plus dominantes sont Helix aspersa maxima et Rumina decollata. Cette dernière présente une prolifération importante au niveau de la station 04, ce qui a provoqué un déséquilibre de la richesse spécifique au sein de la population. En effet l’espèce citée est un prédateur et se nourrit exclusivement d’autres espèces d’escargots. Mots clés : Escargot, Helix aspersa, Rumina decollata, richesse spécifique, Kabylie. 1. Introduction Les gastéropodes est la classe qui renferme les animaux les plus évolués de l’embranchement des Mollusques. Depuis leur apparition au début des temps Cambriens, les gastéropodes se sont propagés dans tous les océans, puis se sont adaptés à vivre dans les étangs et les rivières ; enfin ils ont conquis la terre ferme et tous les habitats où règne une certaine humidité. Malgré la diversité de ces espèces, ils ne sont pas très rarement pris en compte dans les études des espèces animales. Au sein de la wilaya de Tizi-Ouzou quelques études se sont penchées ces dernières années sur la diversité de la faune malacologique. Pour cela, nous nous sommes intéressé à dresser un inventaire sur cette diversité malacologique au sein de quatre stations au niveau de la région de Tizi-Ouzou. 2. Matériels et Méthodes 2.1. Station d’étude Pour réaliser ce travail, 4 stations situées dans la wilaya de Tizi-Ouzou ont été choisies comme site d’étude. Ces 4 stations sont décrites du point de vue altitude et cortège floristique. La première station est celle de Tahchat, tandis que, la deuxième est celle de Taguemount, ces deux stations se situent dans la daïra d’Ouacif, la troisième station est représentée par le chef lieu de la commune de Boghni et la quatrième station est celle de Boumehni (Tableau I). 1 Tableau I : la présentation des quatre stations d’études Nom Altitude (m) Exposition Végétation Station 1 Tahchat 400 S-O Station 2 Tageument 800 S-O Station 3 Boghni 340 S-O Ceterach officinalis, Asplenium sp, Daucus carota, Eriobotrya japonica, Citrus reticulata,Urtica dioic, Rubus frucosus, Ficus carica. Pinus tumbergii, Ficus carica, Urtica dioic, Mentha viridis. Sanchus sp, Galactites tomentose Fraxinus angustifolia, Scholymus hispanica, Centaurea sp, Rumex sp, Daucus carotta, Geranium sp, Cichorium intybus Station 4 Boumehni 600 S-O Blakstonia perfoliata, Cardo comestible, Carex carica,Galactites tomentosa, Poirier ou Pommier, Rumex sp, Trefle, Oignon, Verbascum sineatum, Trifolium sp,Barago officinalis, Avena terilis, Citrus sinensis, Melissa officinalis, Daucus carota, Inula viscosa, Mentha viridis, Cichorium intybus 2.2. Méthode de prélèvement La chasse à vue est largement utilisée en malacologie. Elle consiste à observer directement les individus présents dans leur habitat, sur les troncs d’arbres, sous des chablis, sous des pierres, sur des vieux murs, etc… Cette méthode est très intéressante et permet de dresser rapidement une première liste ; néanmoins elle set moins précise, notamment pour les plus petites espèces. Le prélèvement s’est déroulé selon une surface de 100m2, dans chaque station. Des pièges sont utilisés afin de pouvoir récolter le plus d’individus, cette méthode consiste à mettre une planche de bois dans des endroits humides et fréquentés par les escargots. Trois à quatre jours plus tard cette planche et récupérée. 2.3. Traitements des données Sur le terrain, 12 prélèvements sont effectués dans chaque station durant la période s’étalant de Juin 2012 à Mai 2013. Les échantillons sont ramenés au laboratoire, où les individus sont identifiés et classés. Les caractères morphologiques et anatomiques n’ont pas la même importance du point de vue systématique. Cependant, nous avons tenu compte de la forme, de la taille, de la couleur et de l’ornementation de la coquille, autant de différences morphologiques pouvant aider dans la détermination. Par ailleurs, les caractères anatomiques notamment de l’appareil génital demeurent des critères déterminants pour l’identification des espèces. Pour le traitement des résultats de l’inventaire des gastéropodes pulmonés, nous avons utilisés les indices écologiques de composition (la fréquence d’occurrence, l’abondance relative et la densité) et les indices de structure(les indices de diversité de Shannon-Weaver et d’équitabilité). 2 3. Résultats Les escargots retrouvés sont établies en une liste comportant 16 espèces réparties en cinq familles (Helicidae, Hygromiidae, Subulinidae, Trissexodontidae, Gastrodontidae) (tableau II). Tableau II : Liste des espèces des gastéropodes terrestres recensés dans les quatre stations Familles Helicidae Espèces malacologiques Helix aspersa aspersa Müller, 1774 Helix aspersa maxima Müller, 1774 Hygromiidae Helix aperta Born,1778 Theba pisana Müller, 1774 Cernuella neglecta Dacosta, 1774 Cernuella virgata Dacosta, 1774 Cernuella aginnica Helicella itala Locard, 1882 Linnaeus, 1758 Helicella nubigena Trichia hispida Xerosecta cespitum Saulcy, 1852 Linnaeus, 1758 Draparnaud, 1801 Xerotricha conspurcata Draparnaud, 1801 Xerosecta introducta Draparnaud, 1801 Subulinidae Rumina decollata Linné, 1758 Trissexodontidae Caracollina lenticula Ferussac, 1821 Gastrodontidae Zonitoides nitidus Müller, 1774 3.1. Variation mensuelle de la richesse spécifique des gastéropodes terrestres La variation mensuelle de la richesse spécifique des gastéropodes pulmonés récoltés dans les quatre régions la d’étude est présentée dans la figure suivante : Figure 1 : La variation mensuelle de la richesse spécifique dans les quatre stations 3 3.3. Indices écologiques de composition 3.3.1. L’abondance relative et densité L’abondance relative et la densité nous renseigne sur l’écologie et la biologie des espèces. Helix aspersa maxima (fig.2) est l’espèce la plus abondante dans deux stations avec une abondance de 49,68 % et une densité 13,08 pour la station 1 et une abondance de 21,94% et une densité de 8,08 pour la station 2. En ce qui concerne la station 3 l’espèce la plus abondante est Xerosecta cespitum, avec une abondance de 17,67% et une densité de 13,91. Au niveau de la station 4 c’est l’espèce Rumina decollata qui est la plus abondante avec une valeur de 66,20% et une densité de 27,91. Figure 2: Helix aspersa (photo originale) 3.3.2. Fréquences d’occurrences Nous notons l’existence d’une seule espèce constante Helix aspersa aspersa avec une fréquence de 56,24%, une seule espèce régulière qu’est Helix aspersa maxima avec une fréquence de 47,91%, les espèces qualifiées d’accessoires sont au nombre de 05 espèces qui sont : Helix aperta, Rumina decollata, Zonitoides nitidus, Trichia hispida. Les espèces qualifiées d’accidentelles sont au nombre de 09 espèces qui sont : Theba pisana, Xerosecta cespitum, CernuelLa virgata, Carracollina centicula, Cernuella neglecta, Helicela itala, Xerotricha conspurcata, Xerolenta obvia, Helicela nubigena. 3.4. Indice écologique de structure 3.4.1. Variation mensuelle de l’indice de Shannon-Weaver La figure 3 montre la variation mensuelle de Shannon-Weaver. Figure 3 : Variation mensuelle de l’indice Shannon-Weaver dans les quatre stations. 3.4.2. L’indice d’equitabilité La variation mensuelle de l’indice d’équitabilité des gastéropodes pulmonés récoltés dans région la d’étude est présentée dans la figure suivante : 4 Figure 4: Variation saisonnière de l’indice d’équitabilité dans les quatre stations d’étude. 4. discussion et conclusion Au cours de notre étude nous avons récoltés 2209 individus appartenant à 16 espèces. Les espèces les plus dominantes sont : Helix aspersa , Rumina decollata, Cernuella , Xerosecta, Xerotricha. Alors que Damerdji (2008), dont le but de l’étude est de déterminer un profil écologique malacofaune de la zone sud de la région de Tlemcen, a évalué une richesse spécifique de 8 espèces seulement. Notre prélèvement s’est effectuer dans des stations de différentes altitudes, la plus basse altitude est de 344 m pour la station 3 (Boghni) qui présente une richesse spécifique la plus élevée, qui est de 12 espèces. L’altitude la plus élevée est de 800 m pour la station 2 (Taguemount), avec une richesse spécifique de 09 espèces. Pour les autres stations, situées à 400m pour la station 1 et environ 600m pour la station 4, le nombre d’espèces est de 06 espèces. La richesse spécifique ainsi marquée, diminue progressivement en allant de la plus basse à la plus haute altitude. La variation de l’altitude engendre les variations mensuelle et saisonnière des températures, humidité et d’éclairement. Cependant, la richesse spécifique des milieux suit exactement les mêmes fluctuations. Les données de Bonovita et al., (1962) confirment qu’une vie active n’est possible pour les mollusques méditerranéens que dans un intervalle assez restreint des variations de l’environnement qui, en condition naturelles correspondraient typiquement aux conditions de l’automne, d’une partie du printemps et de l’hiver ainsi que quelques nuits d’été. Dans le cadre de notre étude, la richesse spécifique est plus élevée au printemps et en hiver dans les différentes stations, cela est due au fait de la levée de dormance, ce qui peut s’expliquer par l’adoucissement des températures de l’hiver de l’année d’étude et bien évidemment au printemps. Les résultats soulignent que la structure du peuplement des gastéropodes terrestres de ces quatre stations est composée d’une espèce constante, 05 espèces accessoires ainsi que 09 accidentelles. La population est en équilibre dans la station 1, 2 et 3, par contre dans la station 4 la population est en déséquilibre, du fait de la dominance de Rumina decollata qui est un carnivore. Nos observations indiquent des richesses spécifiques différentes selon l’altitude et selon les conditions climatiques. Bien évidemment la présence des escargots est étroitement liée à ses exigences écologiques comme la température, l’humidité, le couvert végétal. En effet, en automne et lorsque la température moyenne devient inférieure à 15°C, les escargots déclenchent un processus de mise en repos ; l’hibernation est aussi une absence prolongée d’humidité avec une température supérieure à 15°C, elle provoque l’estivation. 5. Références bibliographiques DAMERDJI A. (2008). Contribution à l’étude de la malacofaune de la zone sud de la région de Tlemcen (Algérie). Université Abou bekr belkaid- Tlemcen, Algérie. PP 138-153. BONOVITA A., BONAVITA D. (1962). Contribution à l’étude écologique de l’Euparipha pisana Müller des rivages méditerranéens de la Provence, note préliminaire, publ. Statez. Zol. Napolie. PP 89-204. 5