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LES ÉPÎTRES PAULINIENNES INCROYABLES !
Réflexions d’un catho débranché ...
Jean-François CLAMET
Les épîtres
pauliennes
incroyables !
Éditions Bénévent
Éditions Bénévent, 2012
Envois de manuscrits :
Éditions Bénévent – B.P. 4049 – 06301 Nice Cedex 4
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de la propriété intellectuelle.
AVANT PROPOS
Saint Paul est pour beaucoup d’exégètes et de théologiens le véritable fondateur de la religion chrétienne, en effet à aucun moment
les évangélistes ne présentent Jésus comme le fondateur d’une
nouvelle religion, très respectueux de la Loi en général, il ne dit
jamais qu’il est un Dieu venu sur terre pour anéantir la religion de
ses ancêtres, il est « le Fils de David », selon la chair, le prophète ou
le Messie attendu depuis un millénaire par le peuple juif, un envoyé
de Dieu, transmetteur des volontés de Yahvé, il ne se présente jamais
comme son fils au sens divin. Il est le fils de Dieu comme tous les
hommes et comme Adam (Luc 3, 38), ses disciples le vénéraient, ils
ne l’adoraient pas. Par contre Paul, lorsqu’il présente sa christologie,
considère que Jésus est une personne « habitée par la plénitude de la
divinité » (Colossiens 2, 9), mais il ne le rattache pas à un Dieu trinitaire. Il va nous révéler le sens de sa venue sur terre : la rédemption
de l’humanité passée et à venir, Jésus, envoyé par son Père infiniment bon (ne lisez pas les écrits vétérotestamentaires, vous pourriez avoir des doutes…) pour racheter les péchés des hommes.
La christologie de Paul est donc novatrice, par contre à la lecture
de ses épîtres on constate que Paul ne dit pratiquement rien du
ministère public de Jésus, pas plus que de son enfance, seuls deux
ou trois épisodes sont mentionnés concernant l’Eucharistie, la
Résurrection, mais les apparitions qu’il cite après celle-ci sont
complètement différentes de celles présentées par les évangélistes.
Cette absence est vraiment étonnante compte tenu de l’importance
5
de la production littéraire de ses épîtres. Paul ne semble rien
connaître des nombreuses paraboles enseignées par Jésus. Il ne
connaît pas les apôtres, à l’exception de Pierre et Jean. Par contre,
comme Luc, il n’ignore pas le rôle éminent joué par Jacques, le frère
de Jésus, qui fut probablement le premier organisateur de l’église de
Jérusalem. Cette ignorance des faits et gestes de la vie publique de
Jésus est incompréhensible, surtout lorsqu’on sait que Marc
(Colossiens 4, 10) et Luc (Colossiens 4, 14) furent en relation avec
Paul, comment expliquer cette absence ? Car même si les évangiles
n’étaient pas encore écrits à cette époque, on ne comprend pas que
Paul n’ait pu connaître que deux ou trois épisodes de la vie de Jésus
alors qu’il était au contact du deuxième et du troisième évangéliste.
Il ignore complètement en particulier la naissance de Jésus, telle que
Luc nous la conte dans son évangile, et notamment cet attribut
extraordinaire : une naissance virginale ! Paul ne connaît qu’une
chose : la descendance davidique de Jésus, « descendance selon la
chair », il ne sait pas que la mère de Jésus est toujours vierge, en fait
il l’ignore complètement !* Lorsqu’il évoque Jacques « le frère du
Seigneur » (Galates 1, 19), qu’il rencontre plusieurs fois à
Jérusalem, il utilise le terme de frère dans un sens traditionnel, il ne
dit pas qu’il s’agit d’un cousin, alors qu’il sait très bien faire la différence entre les deux, par exemple lorsqu’il nous dit que Barnabé et
Marc étaient cousins (Colossiens 4, 10). Bien sûr, Paul n’est pas le
seul à ignorer la naissance virginale de Jésus puisque ni Marc, ni
Jean n’en disent un mot, mais pour celui que l’église considère
comme l’un de ses grands docteurs, cette lacune est assurément
incompréhensible ! Les épîtres de Paul sont les textes les plus
anciens du Nouveau Testament, depuis la première épître aux
Thessaloniciens, environ une vingtaine d’années après la mort de
Jésus, jusqu’à sa mort en 64 ou 67, et même jusqu’aux évangiles de
*Galates 4,4 : «Dieu a envoyé son fils, né d’une femme»
6
Matthieu et Luc, dans les années quatre-vingt, aucun écrit du
Nouveau Testament n’évoque la virginité de Marie !
Les épîtres pauliniennes, comme les évangiles, comme les actes
des apôtres, regorgent d’irrationalités et de contradictions dont on a
du mal à comprendre qu’elles n’attirent pas davantage l’attention
des exégètes. Comment admettre par exemple que Paul ait eu une
vision « ineffable » du troisième ciel (2 Corinthiens 12, 2), sans que
celui-ci nous dise en quoi cette vision a consisté, et surtout,
comment l’apôtre des gentils a-t-il su qu’il s’agissait du troisième et
non du deuxième ou du quatrième ? En quoi ce ciel se distingue-t-il
des autres ? Combien d’autres ciels a-t-il visités ? Certes, Paul nous
assure qu’il a eu de nombreuses visions nocturnes qui sont autant
d’adoubements du Seigneur envers lui-même, c’est du moins,
semble-t-il, l’un des messages que l’apôtre souhaite nous transmettre, le premier d’entre eux étant justement cette qualité d’apôtre
qu’il revendique dans l’adresse de la plupart de ses lettres1.
Paul présente à ses disciples une éthique rigoureuse, qu’il eut
sans doute des difficultés à faire admettre, il est aussi un grand
misogyne, imposant aux femmes la soumission à leur mari quelles
que soient les circonstances, tout comme il impose la soumission des
esclaves à leurs maîtres, autrement, nous dit-il (1 Timothée 6, 1)
« les critiques retomberaient sur le nom de Dieu et la doctrine. »
Croyant à la proximité de la parousie, il recommande aux hommes
de vivre comme s’ils n’avaient pas de femme : « c’est que le temps
est court ; que désormais ceux qui ont des femmes soient comme
n’en ayant pas » (1 Corinthiens 7, 29), d’ailleurs il n’hésite pas à
enfoncer le clou, toujours dans sa première épître aux Corinthiens
« je pense qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher de
1
Paul se présente comme « apôtre par la volonté de Dieu » dans l’adresse de toutes ses
lettres sauf celles aux Philippiens, aux Thessaloniciens et le billet à Philémon.
7
femme » nous dit-il (1 Corinthiens 7, 1) ou encore « La femme n’a
pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et pareillement, le mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est
la femme ». En relisant ce texte, outre la subordination éthique aussi
incohérente pour l’homme que pour la femme, on comprend mieux
l’opposition de l’Église aux mouvements féministes !
Enfin, comment les exégètes interprètent-ils ces paroles étranges
de Paul au chapitre 11 de sa première épître aux Corinthiens : « Je
veux cependant que vous sachiez que Christ est le chef de tout
homme, que l’homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef
de Christ ». Avouons que ces trois affirmations hiérarchiques ont de
quoi nous laisser perplexe, du moins pour les deux dernières, bien
sûr la misogynie de Paul est bien connue mais de là à affirmer
péremptoirement que l’homme est le chef de la femme, avouons
qu’il est heureux que Paul n’ait pas proclamé son évangile au début
du XXIe siècle ! Quant à la troisième, que Dieu est le chef du Christ
elle est tout simplement hérétique selon l’enseignement de l’église !
Le lecteur pourra constater par lui-même que ces quelques exemples
étonnants ne sont pas exceptionnels lorsqu’on examine attentivement les épîtres pauliniennes, elles sont vraiment incroyables !
Les épîtres de Paul répertoriées sont traditionnellement au
nombre de 13, sur les 27 documents canoniques du Nouveau
Testament, elles en sont donc la contribution la plus importante.
Jusqu’au XIXe siècle, leur authenticité ne faisait aucun doute, mais
depuis la critique moderne distingue parmi ces treize, trois catégories :
– celles considérées comme authentiques par les spécialistes, ce
sont : la première épître aux Thessaloniciens (de Corinthe en 51 ?),
L’épître aux Galates (d’Antioche en 54-56 ?), L’épître à Philémon
(de Rome en 60-62 ?), L’épître aux Philippiens, (de Rome en 6062 ?), L’épître aux Romains, (de Grèce (Corinthe ?) ou Macédoine en
57-58 ?), La première épître aux Corinthiens, (d’Éphèse au prin8
temps 55 ?), La seconde épître aux Corinthiens (d’Éphèse au printemps 55 ?).
– celles considérées comme pseudépigraphiques, qui auraient été
rédigées par « des compagnons » de Paul sans qu’on puisse les identifier : L’épître aux Colossiens serait considérée comme pseudépigraphique par 60 % des exégètes. L’épître aux Éphésiens serait
considérée comme pseudépigraphique par 80 % des exégètes. Pour
la deuxième épître aux Thessaloniciens, les avis sont partagés de
manière égale.
– celles dites pastorales : trois lettres qui seraient de « successeurs » de Paul : il est très généralement admis par les exégètes que
les épîtres « pastorales » sont des pseudépigraphes. Ce sont : La
première épître à Timothée, la seconde épître à Timothée, l’épître à
Tite.
La lecture des épîtres de Paul n’est pas aussi aisée que celle des
évangiles ou des actes des apôtres, le langage est souvent symbolique et obscur, ne nous dit-il pas lui-même qu’il est dépourvu de la
sagesse du langage ! (1 Corinthiens 1, 17). Ses lettres ne comportent
pas de description d’événements pittoresques et parfois hauts en
couleurs comme dans ces premiers écrits du Nouveau Testament. Sa
christologie est étrange, ne se vante-t-il pas d’être le seul à avoir
compris (1 Corinthiens 2, 7) « la sagesse de Dieu, mystérieuse et
cachée, que Dieu, avant les siècles, avait destinée pour notre
gloire », toute « sa course » est tendue vers le salut et les prescriptions morales qui s’y attachent.
Pour les nombreux chrétiens sincères et aux multiples qualités
humaines, je tiens à souligner que cette analyse des textes fondamentaux de la foi chrétienne a été effectuée en toute indépendance,
sans aucun a priori ni aucune influence, ce qui la distingue des
exégèses traditionnelles. Elle n’a pas d’autre but que de susciter une
9
réflexion personnelle qui soit elle aussi détachée de cet environnement dans lequel les chrétiens ont baigné depuis leur enfance.
Les traductions utilisées pour cette analyse sont tout d’abord la
Bible de Louis Segond (1910) qui a été reproduite comme texte de
référence pour des raisons pratiques. Les autres bibles consultées
sont celles de la Pléiade, de Jérusalem, la Bible des peuples et la
Bible Thompson.
Enfin, par nature, les épîtres de Paul s’adressent en général à des
interlocuteurs différents, aussi comportent-elles de nombreuses
répétitions, qui ont certainement entraîné par voie de conséquences
quelques répétitions dans les analyses effectuées, le lecteur voudra
bien nous les pardonner.
10
ÉPÎTRE AUX ROMAINS
Introduction à l’épître aux Romains
L’épître aux Romains figure en première place parmi les épîtres
de Paul en raison de son importance doctrinale et théologique. Le
dernier chapitre nous apprend qu’elle fut rédigée par un secrétaire de
Paul nommé Tertius (Romains 16, 22) que les exégètes pensent
originaire de Corinthe2. Ce nom qui signifie « le troisième » semble
avoir été utilisé pour cacher le nom patronymique de ce disciple qui
écrit sous la dictée de Paul, mentionnant un certain Quartus, « le
quatrième » (Romains 16, 23) qualifié de « notre frère », tout aussi
anonyme. Paul y exprime son désir de se rendre à Rome où il
connaît, du moins de réputation, de nombreux prosélytes, juifs ou
judéo-chrétiens revenus à Rome après l’expulsion des juifs
ordonnée par Claude vers l’an 50, et après l’arrivée au pouvoir de
Néron en 54. Il fait allusion à des éléments perturbateurs « qui créent
des divisions et des scandales en sortant de la doctrine qui leur a été
enseignée » (cf. verset 17 du chapitre 16), il est donc informé de la
situation à Rome mais il ne fait nulle mention de Pierre dans sa
lettre, pas plus que d’aucun autre dirigeant de la communauté judéochrétienne de Rome. Il agit donc d’autorité vis-à-vis des chrétiens de
Rome : judéo-chrétiens ou prosélytes païens convertis à la nouvelle
2
cf. Le « Dictionnaire de la Bible » deAndré-Marie Gérard, page 1328.
11
foi, leur enseignant le message évangélique comme il l’a fait en Asie
mineure, en Macédoine ou en Achaïe, affirmant même qu’il aurait
pénétré ou délégué quelque disciple jusqu’en Illyrie (verset 19 du
chapitre 15). Cette épître aurait été écrite de Corinthe, vers 57 ou 58,
à la fin de son troisième voyage, avant de se rendre à Jérusalem avec
les fonds recueillis en Macédoine et en Achaïe (versets 25 à 27 du
chapitre 15).
12
Romains 1
Paul s’adresse aux Romains de la part du Christ, il revendique sa qualité d’apôtre
1.1 Paul, serviteur de Jésus Christ, appelé à être apôtre, mis à part pour
annoncer l’Évangile de Dieu, 1.2 qui avait été promis auparavant de la part de
Dieu par ses prophètes dans les saintes Écritures, 1.3 et qui concerne son Fils
(né de la postérité de David, selon la chair, 1.4 et déclaré Fils de Dieu avec
puissance, selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection d’entre les morts),
Jésus Christ notre Seigneur, 1.5 par qui nous avons reçu la grâce et l’apostolat,
pour amener en son nom à l’obéissance de la foi tous les païens, 1.6 parmi
lesquels vous êtes aussi, vous qui avez été appelés par Jésus Christ- 1.7 à tous
ceux qui, à Rome, sont bien-aimés de Dieu, appelés à être saints : que la grâce
et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur
Jésus Christ !
Paul revendique d’amblée son statut d’apôtre, bien qu’il n’ait
jamais fréquenté Jésus, titre qui sera plus tard l’un des éléments qui
feront sa réputation. Paul est « l’apôtre » par excellence, et beaucoup
par la suite le nommeront sous ce titre prestigieux. Pourtant la liste
des douze était complète, c’est Pierre lui-même qui avait tenu à la
compléter par un douzième : Matthias, tiré au sort pour remplacer
Judas ! (Actes 1, 26), les douze trônes promis par Jésus à ses apôtres
étaient déjà pourvus ! (Luc 22, 30). Pourtant, il semble évident que
si Paul ne se voit pas affecter un treizième trône, il devra jouir en
toute justice au paradis d’un strapontin d’honneur, car les écritures
le démontrent : c’est lui qui a contribué de façon déterminante, et
bien davantage que les autres apôtres, au développement de la chrétienté. En toute justice, si Jésus ne lui confère pas le titre d’apôtre
qu’il s’attribue, il est certain qu’il sera l’invité d’honneur !
13
Depuis longtemps Paul désire rendre visite aux Romains,
mais il ignore la présence de Pierre à Rome
1.8 Je rends d’abord grâce à mon Dieu par Jésus Christ, au sujet de vous tous,
de ce que votre foi est renommée dans le monde entier. 1.9 Dieu, que je sers
en mon esprit dans l’Évangile de son Fils, m’est témoin que je fais sans cesse
mention de vous, 1.10 demandant continuellement dans mes prières d’avoir
enfin, par sa volonté, le bonheur d’aller vers vous. 1.11 Car je désire vous voir,
pour vous communiquer quelque don spirituel, afin que vous soyez affermis,
1.12 ou plutôt, afin que nous soyons encouragés ensemble au milieu de vous
par la foi qui nous est commune, à vous et à moi. 1.13 Je ne veux pas vous
laisser ignorer, frères, que j’ai souvent formé le projet d’aller vous voir, afin de
recueillir quelque fruit parmi vous, comme parmi les autres nations ; mais j’en
ai été empêché jusqu’ici. 1.14 Je me dois aux Grecs et aux barbares, aux
savants et aux ignorants. 1.15 Ainsi j’ai un vif désir de vous annoncer aussi
l’Évangile, à vous qui êtes à Rome.
Paul manifeste son profond désir de se rendre à Rome et de venir
voir les chrétiens de la cité éternelle, il pense constamment à eux
dans ses prières. Il souhaite aussi leur transmettre « quelque don
spirituel qui les affermisse ». Ce souhait de Paul est sans doute très
louable, mais il pose problème, en effet Paul exprime ici un prosélytisme personnel qui semble ignorer complètement la présence
d’aucune autorité chrétienne à Rome, rappelons que les exégètes
datent cette épître de 57 ou 58. Pourquoi Paul ne mentionne-t-il pas
la présence de Pierre alors qu’il semble connaître d’autres chrétiens
qui y résident ? Lorsqu’il se rend à Rome 3 ou 4 ans plus tard Pierre
n’est pas à Rome, puisque Paul, durant les deux années où il est
maintenu prisonnier sous le régime de la « custodia militaris » ne fait
à aucun moment allusion à sa présence. Alors quid de Pierre ? Il est
clair qu’aucun texte du Nouveau Testament ne mentionne l’existence d’une collaboration quelconque entre ces deux grandes figures
de la chrétienté dans la cité éternelle ! Les versets 13 et 15 nous
montrent que Paul a pleinement conscience de l’importance de
Rome dans sa stratégie d’évangélisation.
14
Habacuc révèle-t-il l’Évangile de Paul ?
1.16 Car je n’ai point honte de l’Évangile : c’est une puissance de Dieu pour le
salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec, 1.17 parce qu’en
lui est révélée la justice de Dieu par la foi et pour la foi, selon qu’il est écrit :
Le juste vivra par la foi.
Paul commence par se défendre d’avoir honte de l’évangile, au
contraire « c’est une puissance ou une force de Dieu » qui s’applique
non seulement aux juifs mais aussi aux grecs, en disant cela Paul veut
sans doute parler des « gentils » ces « craignant Dieu » qui peuvent
sans doute aussi parler la langue latine, on peut le supposer puisque
Paul s’adresse ici aux Romains. Pour renforcer son argumentation il
pense nécessaire de l’appuyer sur une citation de l’ancien testament :
Habacuc (2, 4) : « Voici : Celui qui vacille n’aura jamais ma faveur,
mais le juste par sa fidélité vivra. », bien sûr il n’est aucunement question ici de la foi en Jésus-Christ, mais elle est sous-entendue par Paul.
Tous doivent reconnaître leur misère. Les païens n’ont pas
d’excuse pour le mal qu’ils font
1.18 La colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice
des hommes qui retiennent injustement la vérité captive, 1.19 car ce qu’on peut
connaître de Dieu est manifeste pour eux, Dieu le leur ayant fait connaître.
1.20 En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa
divinité, se voient comme à l’œil, depuis la création du monde, quand on les
considère dans ses ouvrages. Ils sont donc inexcusables, 1.21 puisqu’ayant
connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu, et (ils) ne lui ont point
rendu grâces ; mais ils se sont égarés dans leurs pensées, et leur cœur sans
intelligence a été plongé dans les ténèbres. 1.22 Se vantant d’être sages, ils
sont devenus fous ; 1.23 et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en
images représentant l’homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes, et des
reptiles. 1.24 C’est pourquoi Dieu les a livrés à l’impureté, selon les convoitises de leurs cœurs ; en sorte qu’ils déshonorent eux-mêmes leurs propres
corps ; 1.25 eux qui ont changé la vérité de Dieu en mensonge, et qui ont adoré
et servi la créature au lieu du Créateur, qui est béni éternellement. Amen ! 1.26
C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes : car leurs femmes ont
changé l’usage naturel en celui qui est contre nature ; 1.27 et de même les
hommes, abandonnant l’usage naturel de la femme, se sont enflammés dans
15
leurs désirs les uns pour les autres, commettant homme avec homme des
choses infâmes, et recevant en eux-mêmes le salaire que méritait leur égarement. 1.28 Comme ils ne se sont pas souciés de connaître Dieu, Dieu les a
livrés à leur sens réprouvé, pour commettre des choses indignes, 1.29 étant
remplis de toute espèce d’injustice, de méchanceté, de cupidité, de malice ;
pleins d’envie, de meurtre, de querelle, de ruse, de malignité ; 1.30 rapporteurs,
médisants, impies, arrogants, hautains, fanfarons, ingénieux au mal, rebelles à
leurs parents, dépourvus d’intelligence, 1.31 de loyauté, d’affection naturelle,
de miséricorde. 1.32 Et, bien qu’ils connaissent le jugement de Dieu, déclarant
dignes de mort ceux qui commettent de telles choses, non seulement ils les
font, mais ils approuvent ceux qui les font.
Paul affirme que grâce à la création de l’univers, on connaît à
travers « ses œuvres » l’éternité de Dieu, sa puissance et sa divinité,
à partir du verset 20, Paul rassemble, sous le pronom personnel
« ils », l’ensemble des incrédules, en fait tous ceux qui ne sont pas
d’accord avec lui, et ils sont nombreux. Dans la Bible des peuples il
le répète 16 fois jusqu’au verset 32 ! « ils » ont tous les défauts :
injustice, perversité, avarice, méchanceté, pleins d’envie, de meurtres, de querelles, de tromperies, de mauvaise volonté, de médisances, de calomnies, ils sont orgueilleux, insolents, vantards,
habiles pour faire le mal, insoumis à leurs parents, mais ce qui
semble surnager au milieu de tous ces péchés humains divers et
variés, ce qui semble être une obsession dans la pensée de Paul, c’est
la perversité sexuelle, les passions honteuses, surtout des hommes
« qui brûlent de passion les uns pour les autres, abandonnant
l’usage naturel de la femme », toutes ces passions secrètes
auxquelles Dieu a livré l’homme (verset 24), en punition au fait que
les hommes « ont préféré adorer la créature plutôt que le créateur »
(verset 25). Pour punir l’homme de l’idolâtrie, Dieu l’a livré à la
perversité sexuelle, voilà le raisonnement et la justice de Dieu selon
Paul ! Dieu se venge d’une perversité humaine en livrant l’homme à
une autre perversité, nous dit l’apôtre des nations…
16
Romains 2
Il faut se repentir de ses péchés, sinon la punition sera sévère
« le jour de la colère »
2.1 O homme, qui que tu sois, toi qui juges, tu es donc inexcusable ; car, en
jugeant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque toi qui juges, tu fais les
mêmes choses. 2.2 Nous savons, en effet, que le jugement de Dieu contre ceux
qui commettent de telles choses est selon la vérité. 2.3 Et penses-tu, ô homme,
qui juges ceux qui commettent de telles choses, et qui les fais, que tu échapperas au jugement de Dieu ? 2.4 Ou méprises-tu les richesses de sa bonté, de
sa patience et de sa longanimité, ne reconnaissant pas que la bonté de Dieu te
pousse à la repentance ? 2.5 Mais, par ton endurcissement et par ton cœur
impénitent, tu t’amasses un trésor de colère pour le jour de la colère et de la
manifestation du juste jugement de Dieu, 2.6 qui rendra à chacun selon ses
œuvres ; 2.7 réservant la vie éternelle à ceux qui, par la persévérance à bien
faire, cherchent l’honneur, la gloire et l’immortalité ; 2.8 mais l’irritation et la
colère à ceux qui, par esprit de dispute, sont rebelles à la vérité et obéissent à
l’injustice.
Ici la morale de Paul se tourne vers « son ami » (selon la Bible
des peuples), ici le « tu » (ton ou toi) remplace le « ils », 13 fois en
5 versets ! Comme c’est un ami, la condamnation se transforme en
avertissement, si « tu critiques ton prochain » (on a vraiment l’impression que Paul ne l’a jamais fait !) tu te condamnes toi-même !
Évidemment Paul nous dit, avec une certaine logique, que la
condamnation des autres ne nous absous pas de nos propres péchés !
L’essentiel est de se repentir, sinon la punition sera sévère « le jour
de la colère » (verset 5). Il faut persévérer dans le bien pour obtenir
la gloire, l’honneur et l’immortalité ! (verset 7)
Les Juifs aussi doivent craindre le jugement de Dieu
2.9 Tribulation et angoisse sur toute âme d’homme qui fait le mal, sur le Juif
premièrement, puis sur le Grec ! 2.10 Gloire, honneur et paix pour quiconque
fait le bien, pour le Juif premièrement, puis pour le Grec ! 2.11 Car devant Dieu
il n’y a point d’acception de personnes. 2.12 Tous ceux qui ont péché sans la
loi périront aussi sans la loi, et tous ceux qui ont péché avec la loi seront jugés
17
par la loi. 2.13 Ce ne sont pas, en effet, ceux qui écoutent la loi qui sont justes
devant Dieu, mais ce sont ceux qui la mettent en pratique qui seront justifiés.
2.14 Quand les païens, qui n’ont point la loi, font naturellement ce que prescrit la loi, ils sont, eux qui n’ont point la loi, une loi pour eux-mêmes ; 2.15 ils
montrent que l’œuvre de la loi est écrite dans leurs cœurs, leur conscience en
rendant témoignage, et leurs pensées s’accusant ou se défendant tour à tour.
2.16 C’est ce qui paraîtra au jour où, selon mon Évangile, Dieu jugera par
Jésus Christ les actions secrètes des hommes. 2.17 Toi qui te donnes le nom de
Juif, qui te reposes sur la loi, qui te glorifies de Dieu, 2.18 qui connais sa
volonté, qui apprécies la différence des choses, étant instruit par la loi ; 2.19 toi
qui te flattes d’être le conducteur des aveugles, la lumière de ceux qui sont
dans les ténèbres, 2.20 le docteur des insensés, le maître des ignorants, parce
que tu as dans la loi la règle de la science et de la vérité ; 2.21 toi donc, qui
enseignes les autres, tu ne t’enseignes pas toi-même ! Toi qui prêches de ne pas
dérober, tu dérobes ! 2.22 Toi qui dis de ne pas commettre d’adultère, tu
commets l’adultère ! Toi qui as en abomination les idoles, tu commets des
sacrilèges ! 2.23 Toi qui te fais une gloire de la loi, tu déshonores Dieu par la
transgression de la loi ! 2.24 Car le nom de Dieu est à cause de vous blasphémé
parmi les païens, comme cela est écrit. 2.25 La circoncision est utile, si tu mets
en pratique la loi ; mais si tu transgresses la loi, ta circoncision devient incirconcision. 2.26 Si donc l’incirconcis observe les ordonnances de la loi, son
incirconcision ne sera-t-elle pas tenue pour circoncision ? 2.27 L’incirconcis de
nature, qui accomplit la loi, ne te condamnera-t-il pas, toi qui la transgresses,
tout en ayant la lettre de la loi et la circoncision ? 2.28 Le Juif, ce n’est pas
celui qui en a les dehors ; et la circoncision, ce n’est pas celle qui est visible
dans la chair. 2.29 Mais le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement ; et la
circoncision, c’est celle du cœur, selon l’esprit et non selon la lettre. La
louange de ce Juif ne vient pas des hommes, mais de Dieu.
Si Dieu ne fait pas de différence entre les hommes, pourquoi « les
juifs d’abord » ? Si Dieu ne fait pas de différence pourquoi ceux qui
ne connaissent pas la Loi iraient-ils à leur perte sans jugement « ils
périront sans la Loi » (verset 12) alors que les autres seront jugés
selon la Loi ? Les premiers seront jugés selon leur propre conscience
tandis que les seconds seront jugés selon la Loi et la connaissance
qu’ils en ont. Si les juifs n’appliquent pas la Loi « cela en est une
honte pour Dieu » (verset 23 de la Bible des peuples) ou « tu déshonores Dieu par la transgression de la Loi ». Paul cite ensuite Isaïe
18
(52, 5) : « Que ferai-je maintenant, dit Yahvé, quand mon peuple a
été enlevé sans que j’y gagne, quand ses maîtres poussent des cris
de triomphe et tout au long du jour mon nom est discrédité ? », il fait
ici allusion au séjour en Égypte et à l’oppression des Assyriens, ce
qui n’a rien à voir évidemment avec le non-respect de la Loi. À
partir du verset 25 Paul évoque le thème de la circoncision, symbole
de l’ancienne alliance, mais il fait bien remarquer que ce qui compte
n’est pas l’opération chirurgicale mais « la circoncision du cœur »,
« une œuvre de l’esprit, et non une affaire de lois », on ne voit pas
très bien à quoi cette circoncision du cœur correspond, tout est
symbole semble-t-il, et il vaut mieux ne pas chercher à en savoir
plus…
Romains 3
Quelle est l’utilité de la circoncision ?
3.1 Quel est donc l’avantage des Juifs, ou quelle est l’utilité de la circoncision ? 3.2 Il est grand de toute manière, et tout d’abord en ce que les oracles de
Dieu leur ont été confiés. 3.3 Eh quoi ! si quelques-uns n’ont pas cru, leur
incrédulité anéantira-t-elle la fidélité de Dieu ? 3.4 Loin de là ! Que Dieu, au
contraire, soit reconnu pour vrai, et tout homme pour menteur, selon qu’il est
écrit : Afin que tu sois trouvé juste dans tes paroles, Et que tu triomphes lorsqu’on te juge. 3.5 Mais si notre injustice établit la justice de Dieu, que dironsnous ? Dieu est-il injuste quand il déchaîne sa colère ? (Je parle à la manière
des hommes.) 3.6 Loin de là ! Autrement, comment Dieu jugerait-il le monde ?
3.7 Et si, par mon mensonge, la vérité de Dieu éclate davantage pour sa gloire,
pourquoi suis-je moi-même encore jugé comme pécheur ? 3.8 Et pourquoi ne
ferions-nous pas le mal afin qu’il en arrive du bien, comme quelques-uns, qui
nous calomnient, prétendent que nous le disons ? La condamnation de ces gens
est juste. 3.9 Quoi donc ! sommes-nous plus excellents ? Nullement. Car nous
avons déjà prouvé que tous, Juifs et Grecs, sont sous l’empire du péché.
Paul revient une fois de plus sur la circoncision, qui devait être à
cette époque le problème numéro un pour la conversion des
« gentils », pour étayer son argumentation concernant l’intérêt de la
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circoncision il nous dit que pour les juifs il s’agit d’un rapport avec
« les oracles de Dieu qui leur ont été confiés », comprenne qui
peut… Le verset 4 est paraît-il (selon la bible de la Pléiade) une allusion au Psaume (51, 6) : « Contre toi, toi seul, j’ai péché, ce qui est
mal à tes yeux je l’ai fait. Ainsi tu es juste dans ta sentence, nul ne
peut te critiquer lorsque tu juges. » il s’agit d’une confession du roi
David qui se repent devant le prophète Nathan, d’avoir convoité
Bethsabée, d’ailleurs il demande à Nathan, au verset 9 de ce même
psaume, de le blanchir de ce péché : « Fais sur moi l’aspersion et je
serai pur, lave-moi et je serai plus blanc que neige ! » C’est vraiment
étonnant la façon dont ces paroles ô combien suggestives sont
exploitées par l’apôtre des nations !
La Loi n’est pas faite pour sauver mais uniquement pour
nous faire prendre conscience de notre péché
3.10 selon qu’il est écrit : Il n’y a point de juste, Pas même un seul ; 3.11 Nul
n’est intelligent, Nul ne cherche Dieu ; Tous sont égarés, tous sont pervertis ;
3.12 Il n’en est aucun qui fasse le bien, Pas même un seul ; 3.13 Leur gosier
est un sépulcre ouvert ; Ils se servent de leurs langues pour tromper ; Ils ont
sous leurs lèvres un venin d’aspic ; 3.14 Leur bouche est pleine de malédiction
et d’amertume ; 3.15 Ils ont les pieds légers pour répandre le sang ; 3.16 La
destruction et le malheur sont sur leur route ; 3.17 Ils ne connaissent pas le
chemin de la paix ; 3.18 La crainte de Dieu n’est pas devant leurs yeux. 3.19
Or, nous savons que tout ce que dit la loi, elle le dit à ceux qui sont sous la loi,
afin que toute bouche soit fermée, et que tout le monde soit reconnu coupable
devant Dieu. 3.20 Car nul ne sera justifié devant lui par les œuvres de la loi,
puisque c’est par la loi que vient la connaissance du péché.
Aux versets 10-11 Paul fait ensuite référence au Psaume (14, 13) : « L’insensé l’a décidé : « Il n’y a pas de Dieu. » C’est la corruption, c’est l’immoralité : pas un qui fasse le bien. Du haut des cieux
le Seigneur se penche sur cette race d’Adam. Il cherche du regard
un homme qui vaille, quelqu’un qui recherche Dieu. Mais tous sont
dévoyés, également pervertis. Pas un qui fasse le bien, pas même un
seul. », ainsi selon ce psaume les théistes sont les seuls dépositaires
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