Ambiguïté arabe
Le Qatar, accusé de soutenir les groupes armés, l’Egypte, hostile à l’intervention, et une majori
de pays arabes, silencieuse : ce journal burkinabé dénonce une caution tacite du terrorisme.
—Le Pays Ouagadougou
Bientôt un an que l’agression contre le Mali perdure ! Sur la planète, les pays arabes
sont de ceux qui n’ont pas encore pris une position tranchée contre les terroristes islamistes
qui ont agressé le Mali voisin. Que veulent donc les partenaires arabes ? Lorsqu’ils ouvrent
la bouche, c’est pour dire des choses qui surprennent et irritent à la fois ! La dernière prise
de position qui amène à s’interroger est celle du président égyptien Morsi, visiblement amer
et très remonté contre la coalition franco- malienne qui a mis les agresseurs en déroute. En
dépit de la dure réalité, il désapprouve l’intervention armée et recommande le dialogue.
Pourtant, la preuve a été donnée que le dialogue ne débouche sur aucun résultat avec des
gens bornés, et surtout les djihadistes. Lorsqu’il s’agit des autres, on les pousse à négocier.
On n’hésite toutefois pas à mater lorsque le problème se trouve à l’intérieur de ses propres
frontières.
Le cas algérien est à cet égard éloquent. En matière de dialogue, Morsi lui-même n’est
pas un exemple. Dans son propre pays, discute-t-il avec les opposants ? Resterait-il les bras
croisés en cas d’agression de l’Egypte ?
En prenant ouvertement position contre l’intervention armée au Mali, il feint d’ignorer
l’importance de l’intangibilides frontières héritées de la colonisation. L’ensemble des Etats
membres de l’Union africaine (UA) reste pourtant attaché à ce sacro-saint principe défendu
depuis les indépendances des années i960 avec la funte Organisation de l’unité africaine
(OUA). Le tout nouveau chef de l’Etat égyptien préfère ignorer que toute l’Afrique applaudit
le juste combat mené pour bouter hors des frontières du Mali les agresseurs islamistes.
Devait-on, selon lui, laisser l’ennemi poursuivre sa sale besogne ? Peut-être trouve-t-il que
les terroristes n’ont pas suffisamment souillé l’islam en violant filles et femmes, en
dépouillant et massacrant des frères d’un pays à la population majoritairement musulmane
et qui n’aspire qu’à vivre en paix.
A croire que, sous sa gouverne, l’Egypte nouvelle aurait pactisé avec ces “fous de Dieu” !
On note que, contrairement à ses prédécesseurs, celui que les Frères musulmans ont porté
au trône pharaonique n’a toujours pas affiché un intérêt réel pour l’Afrique subsaharienne.
Ceux qui ont des comptes à régler avec la France ou l’Occident doivent éviter de
faire l’amalgame et de réduire comme peau de chagrin la lutte du peuple malien et de ses
alliés contre l’agression de terroristes se réclamant honteusement de l’islam. Les actes
racistes et barbares dont ces terroristes sont les auteurs montrent qu’ils nont rien à voir
avec l’islam tolérant et modéré dont l’Afrique noire a hérité du passé, au contact avec des
théologiens arabes. Jamais le continent ne se laissera ensorceler par des illuminés dont les
desseins sont aujourd’hui sans équivoque. Et tous ceux qui les soutiennent d’une manière
ou d’une autre, discrètement, matériellement, financièrement ou diplomatiquement,
porteront devant l’Histoire la responsabilité d’un éventuel retournement de situation dans la
coopération arabo- africaine.
Longtemps, l’Afrique noire a soutenu les pays arabes dans les tentatives de
résolution du conflit israélo-palestinien. Certes, en retour, elle a bénéficié de soutiens
multiformes. Mais que l’on ne s’y trompe point ! Jamais les peuples africains ne se laisseront
aliéner par des officines obscures, au service de causes tout aussi obscures. Dorénavant,
on y regardera par deux fois avant de s’ou- vrir à ces pays et à leurs ONG officiellement
engagés dans le combat contre la pauvreté, mais qui, de manière insidieuse, distillent des
idéologies qui font la promotion d’un islam à l’opposé des droits de l’homme, autant que de
la culture du pays hôte. Aucune culture n’est supérieure à une autre !
Et si, dans leur foi en Dieu, les hommes peuvent se retrouver, force est cependant de
reconnaître qu’ils peuvent connaître des différences dans leurs pratiques religieuses. A
preuve, d’un pays arabe à l’autre, le culte religieux n’est pas le même, s’agissant de la
religion musulmane en particulier. Ignorer la liberté de choix, les différences dues à
l’Histoire, propres au contexte et à la culture, c’est nier l’évidence et exposer l’humanité à
des confrontations inutiles. En cela, les prises de position de certains pays arabes “amis”
inquiètent sérieusement ! Par leurs propos et agissements hors contexte, des acteurs
politiques majeurs de ces pays sèment le trouble dans les esprits. En même temps, ils
prouvent qu’ils n’ont aucun intérêt à voir se développer la démocratie républicaine dans leur
milieu. De ceux-là l’Afrique subsaharienne finira par se démarquer tôt ou tard.
Face à l’agression des terroristes, on attend, avec empressement, que les outils de
solidarité se manifestent très rapidement. Les états- majors africains ont besoin de
financement pour mobiliser les troupes et disposer de moyens adéquats afin d’aller à
l’assaut de l’envahisseur. Qu’attend-on pour les appuyer ?
Les pays arabes désireux de poursuivre sincèrement leur coopération avec les pays
d’Afrique noire se doivent de les respecter, pour se faire respecter en retour. Ceux qui
cherchent à entreprendre des croisades, autrement dit une colonisation religieuse,
trouveront toujours les peuples africains en face. Mais il nous faut savoir faire la différence
entre religion et terrorisme, terrorisme islamiste et religion musulmane.
Aux exégètes de l’islam qui maîtrisent le saint Coran de savoir distiller la bonne nou-
velle et d’encadrer comme il se doit les fidèles jugés fragiles. Quoi qu’il en soit, l’agression
perpétrée par une bande de terroristes islamistes, la vigueur de l’intervention armée autant
que la solidarité agissante de la France et de nombreux pays de l’Afrique subsaharienne à
l’endroit du Mali marqueront assurément d’une pierre blanche les rapports entre les deux
mondes arabe et africain.
La tiédeur de certains pays arabes et les propos pleins de mépris et d’indifférence de
la part d’officiels arabes donnent inévitablement à penser que ceux-ci apportent un soutien
tacite au terrorisme religieux. La déception à ce niveau est si grande sur le continent que si
l’on n’y prend garde, la coopération arabo-africaine connaîtra, dans un futur pas si lointain,
des moments fort difficiles.—
La véritable implantation du salafisme a débuté par le financement systématique des
mosquées et des écoles
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