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Quoique d'origine macédonienne comme ses ancêtres, les Ptolémées, Cléopâtre n'en était pas moins très
appréciée en Égypte. Dans la Vie d'Antoine, l'historien et philosophe grec Plutarque (vers 50-125) raconte
qu'à l'opposé de ses prédécesseurs, qui ne connaissaient que le grec, la reine était polyglotte. Elle pouvait
répondre dans leur langue non seulement aux Égyptiens, mais aussi aux Éthiopiens, aux Troglodytes
(habitants de la côte occidentale du golfe arabique), aux Hébreux, aux Arabes, aux Syriens, aux Mèdes, aux
Parthes, et à bien d'autres peuples encore.
Comme beaucoup de souverains hellénistiques, elle manifestait un intérêt certain pour les sciences de son
temps et comptait dans son entourage plusieurs médecins, dont deux au moins nous sont connus : Dioscoride
Phakas et Olympos. La pharmacologie, et plus particulièrement les poisons, auraient retenu son attention, au
point qu'elle aurait fait procéder à des expériences sur des cobayes humains. Mais il s'agit là, peut-être, d'une
invention destinée à discréditer la reine dans l'opinion romaine.
Cléopâtre, auteur de livres de médecine ?
Dans son traité sur La composition des médicaments selon les lieux, le médecin grec Galien (129-216) donne
comme textuelles plusieurs citations d'un ouvrage intitulé Kosmètikon ayant Cléopâtre pour auteur. Ce sont
surtout des recettes contre l'alopécie, pour faire pousser les cheveux, les épaissir et les noircir, mais aussi des
remèdes contre des affections cutanées, comme la teigne, les ulcérations, les pellicules, la lepra (dermatose
mal identifiée qui ne correspond pas à notre lèpre) et les boutons1.
Avant Galien, Criton, médecin de l'empereur Trajan (règne de 98 à 117), avait rassemblé dans ses Kosmètika
(perdus) « quantité de médicaments d'Héraclide, de Cléopâtre et de beaucoup d'autres médecins qui leur
sont postérieurs », ce qui prouve que le Kosmètikon de Cléopâtre était déjà en circulation au premier siècle
de notre ère.
À la suite de Galien, d'autres médecins grecs beaucoup plus tardifs, comme Aetius d'Amida (milieu du VIe
siècle) et Paul d'Égine (VIIe siècle), citeront également des recettes de la reine, notamment pour boucler et
teindre les cheveux.
Photo © George Shuklin - Statue de Cléopâtre portant la corne d'abondance - Musée de l'Ermitage de Saint-
Pétersbourg