Bullen n° 23 2
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Mon cher Juan
Permettez-moi de vous le dire en toute ami-
tié, le rouge de ce ruban que vous porterez désor-
mais vous va très bien.
Le rouge est une des trois couleurs du dra-
peau de la République espagnole pour laquelle vous
avez pris les armes alors que vous n’aviez que 17
ans. Il fallait la défendre contre Franco.
Le rouge est une des trois couleurs du dra-
peau de la République française, pour laquelle vous
vous êtes engagé dans la Légion étrangère en
1939. Vous vouliez poursuivre le combat contre ceux
qui avaient aidé Franco, et massacré à Guernica.
Le rouge, c'était aussi la couleur du triangle
que portaient vos compagnons de déportation à
Mauthausen, et qui les signalait à la violence des
gardiens comme « politiques ».
C'est aussi la couleur de la passion, sans la-
quelle, comme le dit Hegel, « rien de grand ne s'ac-
complit ».
Une vie de passion, d'engagement contre le
fascisme : Franco et son coup d'état, Hitler et ses
camps.
Il était temps que cette histoire fût reconnue,
honorée.
Je m’en réjouis, avec tous vos amis de
l'Association des Amis de la Fondation pour la Mé-
moire de la Déportation qui prirent l'initiative d'une
conférence sur les Républicains espagnols déportés
à Mauthausen. Ici, à Aÿ, notre amie Huguette Balny
trouva un écho tout particulier parmi leurs descen-
dants.
Je m'en réjouis avec Patrick Sanchez qui, par
une belle exposition, retraça quelle fut la vie de ces
déportés arrivés à Aÿ à leur libération ; ils reçurent
un accueil chaleureux auprès d'Henri Giraud, ancien
de Buchenwald, et père de Claude qui nous reçoit
aujourd'hui.
Malgré votre modestie, vous pouvez porter
fièrement cette Légion d'Honneur, car elle met en
lumière aussi tous vos camarades qui ont péri dans
les combats que vous avez menés avec eux.
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