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Colloque
sUPPLEMENT JUIN 2010 4 Revue trimestrielle de l’Association EuropEenne contre les Leucodystrophies
familles ELA/Chercheurs
supplement
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27 et 28 mars 2010 à Paris
Pour la quatrième année consécutive, les familles de l’association et les
spécialistes mondiaux des leucodystrophies se sont retrouvés à Paris. Durant deux
jours, les chercheurs ont pu présenter leurs travaux de recherches, exposer leurs
résultats et répondre aux questions des familles.
Retrouvez dans ce supplément, le compte-rendu des ateliers scientifiques.
SUPPLÉMENT ELA INFOS N° 70 :
2 rue Mi-les-Vignes • BP 61024 • 54521 LAXOU CEDEX
Tél. 39 45 (0,34/mn) • Fax 03 83 30 00 68 • Courrier électronique :
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Conception et réalisation : Phonem Communication •
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annuel : 16 Numéro : 4
Commission paritaire : n°0111 H 84204 • Reproduction d’articles
ou d’extraits d’articles autorisée après accord
donné par la rédaction de la revue. Mention
obligatoire : “Extrait du bulletin d’information d’ELA,
Association Européenne contre les
Leucodystrophies”.
Sommaire
Supplément numéro 70 · juin 2010
Colloque Familles ELA/Chercheurs
ATELIERS scientifiques
> DEBAT “L’éthique médicale” • 3
> Atelier ALD/AMN et autres Leucodystrophies Peroxysomales • 3
> Atelier MLD & autres leucodystrophies lysosomales • 5
> Atelier Syndrome CACH - Maladie d’Alexander - MLC • 8
> Atelier PMD • 10
> Atelier Aicardi-Goutières-Canavan • 12
Lexique scientifique • 14
2
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3
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lllDEBAT
“L’éthique médicale”
Drs Grégoire Moutel et Nathalie
Duchange
Laboratoire d’éthique médicale,
Université Paris Descartes, France
Dr Ingrid Callies
Institut Pasteur, Paris, France
L’éthique fait partie intégrante du
paysage du soin et de la recherche
médicale. C’est à la fois une interface de
réflexion sur les pratiques et un
ensemble de règles visant à protéger les
droits des sujets participant à la
recherche. Elle peut parfois être perçue
comme contraignante dans certaines
situations, ou encore comme une
distance entre de grands principes et les
situations vécues. Il faut cependant
souligner que l’éthique est née suite à
des pratiques de recherche jugées
inacceptables, suscitant la mise en place
de procédures d’encadrement pour
garantir le respect de principes
fondamentaux.
La participation du laboratoire d’éthique
médicale (LEM) au projet LeukoTreat a
deux objectifs principaux. Le premier est
d’apporter un soutien aux professionnels
pour l’implémentation de procédures
favorables à la conduite du projet :
regroupement des données cliniques
issues de différents pays européens dans
une base unique favorisant la mise en
place d’essais thérapeutiques. Le
deuxième est de mieux cerner les enjeux
éthiques liés au projet en travaillant en
lien avec l’association ELA pour recueillir
les attentes des patients et des familles
en termes d’information, d’acceptabilité
des procédures et de participation à la
recherche.
Le site web “Ethique et Santé, Réseau
Rodin” www.ethique.inserm.fr permet
une large diffusion des travaux issus du
LEM.
lllAtelier ALD/AMN
et autres
Leucodystrophies
Peroxysomales
ALD/AMN
Les effets antioxydants de l’acide
valproïque dans l’adrénoleucodystrophie
liée à l’X
Dr Aurora Pujol
Institut d’Investigació Biomèdica de
Bellvitge, L’Hospitalet de Llobregat,
Espagne
L’adrénoleucodystrophie (ALD) est une
maladie génétique liée au chromosome X
qui peut débuter dans l’enfance (CCALD),
l’adolescence ou l’âge adulte (AMN). Elle
se caractérise par une démyélinisation
du système nerveux central et une
insuffisance surrénalienne. Dans ses
formes cérébrales (les plus graves), la
maladie débute entre 5 et 12 ans et
évolue rapidement vers un état
grabataire, puis la mort. Le défaut
biochimique est un déficit de l’oxydation
peroxysomale des acides gras à très
longue chaîne (AGTLC) qui s’accumulent
dans les tissus. Le gène muté dans la
maladie a été cloné dans les laboratoires
de Jean-Louis Mandel et Patrick
Aubourg, et code pour une protéine
(ALDP) de transport localisée dans la
membrane des peroxysomes. Il a été
montré que l’inactivation de ce gène
chez la souris ALDKO ne produit pas de
symptômes similaires à la forme précoce
(CCALD) mais à la forme adulte de la
maladie humaine. En effet, en effectuant
deux types de tests, nous avons identifié
des problèmes de coordination des
membres inférieurs et une hypoactivité à
partir de 15 mois. À 22 mois, plusieurs
phénomènes apparaissent dans la moelle
épinière de cette souris ALDKO comme
une astrocytose, une microgliose, une
dégénérescence de la myéline et un
problème de dégénérescence axonale.
Dans la moelle épinière, nous avons
trouvé des lésions dues au stress
oxydatif qui surviennent avant les
premiers symptômes neurologiques (12
mois) ce qui pourrait être l’une des
causes de la maladie. Ce stress oxydatif
est très probablement dû à
l’accumulation des AGTLC. Ces lésions
pourraient donc être utilisées comme
marqueur de la maladie et comme cible
thérapeutique. Une protéine très proche
de l’ALDP, appelée ALDRP, est également
localisée dans la membrane du
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Dr Grégoire Moutel
Dr Ingrid Callies
Dr Aurora Pujol
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
peroxysome. Nous avons démontré que
la surexpression de cette protéine
ALDRP chez les souris ALDKO permettait
la prévention de la maladie. Il n’y avait
par exemple plus de stress oxydatif chez
ces souris. Par conséquent, des produits
qui augmentent la quantité d’ALDRP
deviendraient des médicaments
potentiels. Nous avons ensuite montré
que l’acide valproïque (VPA) (calmant et
anticonvulsif) est capable d’induire
l’ALDRP dans les cellules de la peau de
patients X-ALD entraînant la diminution
du stress oxydatif. En outre, le VPA est
capable de diminuer les niveaux des
AGTLC monoinsaturés mais pas les
saturés. Cependant, notre étude a permis
de démontrer que les AGTLC
monoinsaturés, qui s’accumulent à des
niveaux pratiquement équivalents chez
les patients X-ALD, produisent beaucoup
plus de stress oxydatif que les AGTLC
saturés. Cela suggère que ces AGTLC
monoinsaturés sont plus toxiques que les
saturés. En collaboration avec Patrick
Aubourg, des patients X-ALD ont été
traités avec de l’acide valproïque et nous
avons observé que l’expression de
l’ALDRP est augmentée dans le sang des
patients X-ALD. De plus, une analyse du
sang de ces patients a révélé la
présence d’un stress oxydatif qui est
inhibé après un traitement avec du VPA
démontrant que ce dernier possèderait
une activité antioxydante. Enfin, la
présence de stress oxydatif dans le sang
des patients X-ALD est un résultat majeur
car il ouvre la possibilité de suivre très
facilement l’efficacité d’un traitement
chez ces patients.
Dépistage néonatal de
l’adrénoleucodystrophie liée à l’X et
d’autres maladies peroxysomales
Pr Gerald Raymond
Laboratoire des Maladies
Peroxysomales, Kennedy Krieger
Institute, Baltimore (MD), USA
L’adrénoleucodystrophie est une maladie
liée à l’X qui se manifeste de diverses
manières, notamment par une
insuffisance surrénale, une
démyélinisation inflammatoire du
cerveau et, chez l’adulte, par une
paraparésie spastique progressive.
Certaines interventions, si elles sont
effectuées avant l’apparition de la
maladie, peuvent sauver des vies,
notamment la surveillance de l’atteinte
surrénale et cérébrale, l’utilisation
précoce et appropriée du traitement par
cellules souches hématopoïétiques, la
thérapie génique et un traitement
expérimental associant un régime
alimentaire et l’huile de Lorenzo pour
réduire l’incidence de la pathologie
cérébrale chez l’enfant. En utilisant
l’anomalie biochimique caractérisée par
une concentration élevée en acides gras
à chaîne très longue, nous avons élaboré
une méthodologie de spectrométrie de
masse en tandem permettant de détecter
des élévations anormales des
lysophospholipides (Lyso PC). Cette
méthode peut être adaptée au dépistage
régional chez le nouveau-né déjà en
place dans de nombreuses zones du
monde offrant un diagnostic rapide et
une intervention précoce pour
l’adrénoleucodystrophie et d’autres
maladies peroxysomales. Nous avons
testé la sensibilité de ce test sur plus de
500 échantillons de sang provenant de
nouveau-nés pour lesquels le
pourcentage de sujets touchés était
connu et avons montré que c’est un test
diagnostique qui a identifié la totalité des
échantillons affectés. La phase suivante,
qui est actuellement en cours, consiste
en un essai sur le terrain, réalisé dans
l’État américain du Maryland sur 5 000
échantillons, et vise à confirmer la
sensibilité et la spécificité du test. Nous
avons analysé à ce jour plus de 3 000
échantillons sans trouver de sujets
touchés. Si nous atteignons nos objectifs,
nous aurons établi que ce test complète
de manière faisable le dépistage chez le
nouveau-né.
Une utilisation plus large de cette
méthode optimisée devrait offrir aux
familles un diagnostic plus rapide et la
mise en œuvre optimale des
interventions thérapeutiques les plus
récentes.
Thérapie génique de
l’adrénoleucodystrophie : premiers
résultats de l’essai thérapeutique
Dr Nathalie Cartier-Lacave
Inserm U-745, Paris, France
La greffe de cellules souches
hématopoïétiques de donneur est le seul
traitement efficace dans les formes
cérébrales d’ALD, lorsqu’elle est réalisée
à un stade précoce de l’évolution de la
maladie et qu’un donneur compatible (de
moelle osseuse ou de cordon ombilical)
est disponible. Dès que le gène a été
cloné, notre objectif a été de corriger les
propres cellules souches
hématopoïétiques des patients à l’aide
d’un vecteur viral pour proposer une
autogreffe de cellules corrigées. Le
développement des vecteurs lentiviraux
dérivés du virus du SIDA a rendu cette
stratégie beaucoup plus efficace et nos
résultats précliniques nous ont permis
d’obtenir l’autorisation de l’AFSSAPS de
traiter 5 enfants atteints d’ALD cérébrale
par thérapie génique. Leurs cellules
CD34+ sont prélevées et transduites avec
un vecteur HIV-ALD puis réinjectées
lorsque tous les tests sécuritaires sont
normaux. Trois enfants ont été traités. Le
scientifiques
4
Pr Gerald Raymond Dr Nathalie Cartier-Lacave
traitement a été parfaitement toléré. On
retrouve bien dans le sang des enfants
un pourcentage stable de globules
blancs exprimant la protéine ALD
normale. Tous les tests sécuritaires
réalisés à ce jour sont satisfaisants.
L’évolution clinique et radiologique avec
un recul allant jusqu’à 36 mois est
comparable à celle observée après
greffe de cellules normales de donneur.
Ces résultats sont très encourageants. Ils
démontrent que l’on peut, par thérapie
génique, stabiliser l’ALD cérébrale. C’est
la première fois que l’on obtient, par
thérapie génique un tel effet
thérapeutique pour une grave maladie
neurologique.
Notre objectif est de poursuivre cet essai
en incluant un autre patient, et de
l’étendre à un plus grand nombre
d’enfants et d’adultes atteints d’ALD
cérébrale (10 enfants et adultes en
France, 10 enfants aux Etats-Unis). La
production de vecteur de grade clinique
en quantité suffisante est aujourd’hui le
problème majeur, en terme de
disponibilité, qualité et coût. C’est notre
priorité. Parallèlement, notre objectif est
aussi de démontrer que la thérapie
génique pourrait être efficace pour
traiter l’AMN de l’adulte. Nous
complétons la démonstration préclinique
dans des modèles animaux afin de
demander, à moyen terme, une
autorisation de traitement à l’AFSSAPS.
Maladie de Refsum
Dr Pedro Brites
Instituto de Biologia Molecular e Celular,
Porto, Portugal
La maladie de Refsum est une maladie
autosomique récessive de surcharge des
lipides caractérisée par l’accumulation
d’acide phytanique, acide gras à chaîne
ramifiée (acide 3,7,11,15-
tétraméthylhexadécanoïque) dans les
tissus et les liquides de l’organisme des
patients. C’est une déficience en enzyme
peroxysomale phytanoyl-CoA
hydroxylase (PHYH) qui est responsable
des niveaux élevés d’acide phytanique.
La PHYH contient un signal spécifique
pour le peroxysome de type 2 (PTS2) qui
lui permet d’être importée dans les
peroxysomes après reconnaissance par
la peroxyne 7. La PHYH participe à la
première étape de la voie d’ α-oxydation
peroxysomale, à savoir la conversion du
phytanoyl-CoA en 2-hydroxy-phytanoyl-
CoA. Cette α-oxydation est nécessaire à
la dégradation de l’acide phytanique, qui
contient un groupe méthyle au niveau du
troisième atome de carbone de son
squelette et ne peut donc pas être
dégradé par β−oxydation. Suite à l’α-
oxydation, le groupe carboxyle terminal
de l’acide phytanique est libéré sous
forme de dioxyde de carbone, ce qui
produit de l’acide pristanique, un acide
gras 2-méthyle à chaîne ramifiée (acide
2,6,10,14-tétraméthylpentadécanoïque),
qui peut être dégradé par la machinerie
de β-oxydation peroxysomale.
La base moléculaire de la maladie de
Refsum est hétérogène mais la majorité
des patients présentent des mutations du
gène codant la PHYH. À ce jour, plus de
30 mutations ont été identifiées sur le
gène de la PHYH. Des mutations du gène
PEX7, qui code la peroxyne 7, ont aussi
été retrouvées dans un groupe plus
restreint de patients présentant toutes
les caractéristiques principales des
patients souffrant de la maladie de
Refsum. Dans ce groupe de patients, la
mutation de PEX7 affecte l’importation de
la PHYH dans les peroxysomes, ce qui
entraîne une déficience de l’activité
enzymatique de la PHYH et
l’accumulation d’acide phytanique.
Sur le plan clinique, la maladie de
Refsum se caractérise par une ataxie
cérébelleuse, une neuropathie multiple et
une rétinite pigmentaire progressive
menant à la cécité. L’âge de début des
symptômes varie de la petite enfance à la
troisième/quatrième décennie de la vie. Il
n’existe aucun traitement pour les
patients souffrant de la maladie de
Refsum ; cependant un régime
alimentaire contenant peu d’acide
phytanique leur est bénéfique. L’acide
phytanique provient exclusivement de
sources alimentaires. Lorsque l’on
maintient de faibles niveaux d’acide
phytanique par réduction alimentaire de
son apport, il est possible d’arrêter la
progression des symptômes. Bien que les
symptômes cliniques de la maladie de
Refsum soient bien connus, les données
post-mortem provenant de patients qui
en sont atteints sont limitées et la
pathogenèse de la maladie est mal
connue. Il est crucial d’en connaître plus
pour le développement de thérapies
potentielles. Afin d’étudier les
conséquences pathologiques de
l’accumulation d’acide phytanique, nous
avons créé un modèle de souris de la
maladie de Refsum par modification
ciblée du gène Phyh. La caractérisation
de ce modèle de souris a apporté un
éclairage sur cette pathologie médiée
par l’acide phytanique qui pourra être
pertinent pour la maladie en elle-même
et le développement/l’évaluation
d’interventions thérapeutiques.
lllAtelier MLD &
autres leucodystrophies
lysosomales
MLD
Vers la thérapie génique de la
leucodystrophie métachromatique par
transfert intracérébral du gène ARSA
Dr Caroline Sevin
Inserm U-745, Paris, France
Près de 60% des formes de
leucodystrophie métachromatique (MLD)
débutent entre 1 an et demi et 2 ans et
demi et ont une évolution très rapide en
l’absence de traitement efficace. Parmi
les stratégies thérapeutiques en cours
d’évaluation, le transfert direct du gène
ARSA dans les cellules du cerveau de
patients MLD pourrait avoir un effet
direct et rapide, permettant de plus de
sélectionner chez les patients les sites
d’injection en fonction de lésions
observées à l’imagerie cérébrale (IRM).
Nous avons démontré que l’injection
intracérébrale d’un vecteur AAV de
5

Dr Pedro Brites
Dr Caroline Sevin
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