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fait que l’Algérie reste un pays inconnu non-seulement par les étrangers, mais aussi par les
Algériens eux-mêmes, comme l’écrit explicitement Marc CÔTE dans son ouvrage dédié à
l’Algérie : « La richesse en paysages et en patrimoine de l’Algérie est exceptionnelle. Mais
cette richesse est négligée par les touristes, et souvent ignorés par les habitants eux-mêmes.
Les circuits classiques transportant rapidement des groupes d’hôtel en hôtel, ne font
qu’entrouvrir la porte. À côté des grands sites connus, combien de plages discrètes, de forêts
splendides, de vieux villages, de lieux chargés d’histoire, qui restent ignorés… »
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.
Pratiquer un loisir, signifie avoir du temps libre de tout engagement. Seulement, avec les
heures de travail professionnel en plus des activités extraprofessionnelles (tâches ménagères,
tâches familiales, transports, engagements sociopolitiques, …), dont les commodités ne sont
pas assurées, l’Algérien les accomplit avec beaucoup de difficultés, de nervosité, voire avec
agressivité. Toutes ces tâches lui prennent la quasi-totalité de son temps libre, ce qui induit
forcément qu’il ne pense pas aux loisirs puisqu’il ne jouit pas d’un temps réellement libre
pour y pratiquer des activités susceptibles de le détendre. Mais ce n’est pas la seule raison, le
facteur financier joue un très grand rôle dans la société algérienne. Elle est composée
essentiellement de catégories sociales à faibles et moyens revenus qui pensent d’abord aux
factures à payer à la fin du mois avant de penser aux loisirs, à partir en vacances ou à voyager
et découvrir d’autres horizons, d’autres contrées, d’autres cultures, d’autres peuples. Les
besoins en loisirs se trouvent par conséquent loin des besoins de se nourrir, se vêtir et se
loger. Les Algériens ne peuvent pas se permettre de pratiquer les loisirs de leur choix même
s’ils ont en l’envie ou les moyens. Jean-Jacques DELUZ, qui a vécu pendant longtemps en
Algérie et connait en l’occurrence le mode de vie de ce pays et de ses habitants, a écrit à ce
propos que : « Dans les classes moyennes (sans parler des plus pauvres), la part du budget
familial consacrée à l’alimentation dépasse 60%, celle des loisirs et de la culture, qui était de
4,4% en 1988 est passée à 0,6% en 1998 »
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. Cette baisse de la part du budget consacré aux
loisirs et à la culture est due à l’augmentation du niveau de vie et aux salaires bas qui
n’augmentent pas en parallèle.
Le temps est-il venu pour que le secteur touristique devienne un levier économique et
territorial pour l’Algérie ?
Malgré la baisse de la croissance démographique en Algérie, sa population reste très
importante. Cette situation induit des besoins en logements, en équipements sociaux, en
emplois, etc. Depuis plusieurs années, des actions sont entreprises avec l’adoption d’une
politique d’équipements structurants et une politique d’incitation au développement régional.
Ce qui s’avère assez difficile à réaliser dans un cadre socioéconomique particulier, caractérisé
par le passage d’une économie dirigée à une économie de marché et amplifié par un contexte
sécuritaire qui a paralysé le pays pendant plus de quinze ans. Par conséquent, les différents
programmes de relance économique, tels que le Plan de Soutien à la Relance Économique
(2001-2004), le Programme de Soutien à la Croissance Économique (2005-2009) et les
Programmes de Développement du Sud et des Hauts-Plateaux, initiés par le Président de la
République constituent une dynamique favorisant la croissance économique du pays. De plus,
étant donné leur transversalité, les retombées de ces programmes devraient favoriser l’essor
du secteur touristique, notamment en matière de réseaux d’infrastructures aéroportuaires et
routières déjà réalisés et ceux qui sont en cours de réalisation (autoroutes, pénétrantes,
rocades, …), d’hydraulique (barrages, stations d’épuration, alimentation en eau potable,
unités de dessalement d’eau de mer, transferts hydrauliques, assainissement, …), d’énergie,
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COTE M. (2006) Guide d’Algérie : Paysages et Patrimoine, Éd. Média-Plus, Constantine, p. 5
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DELUZ J.-J. (2001) Alger chronique urbaine, Éd. Bouchène, Paris, p. 221