Bactériophages et phagothérapie Les bactériophages (phages) sont des virus naturels présents partout dans notre environnement, sur notre peau, dans l’eau… Ils ne ciblent que les bactéries : ils sont inoffensifs pour les humains, les animaux, les plantes, les insectes... La phagothérapie est basée sur les bactériophages. En raison de leur action antibactérienne, l’usage thérapeutique des phages a commencé immédiatement après leur découverte au début du XXe siècle. Si la découverte des antibiotiques dans les années 40 et leur diffusion massive depuis lors ont entraîné le déclin de la phagothérapie, cette méthode a toutefois continué à être utilisée dans les pays à l’est du Rideau de Fer (dont l’accès aux antibiotiques était limité). Désormais, et notamment face à l’accroissement continu de la résistance bactérienne aux antibiotiques, la phagothérapie rencontre un important regain d’intérêt, du fait de son fort potentiel d’efficacité combiné à un profil de sécurité attractif. Les infections dues aux bactéries telles que Pseudomonas Les infections(P. dues aux bactéries aeruginosa aerugiaeruginosa aeruginosa) et Pseudomonas Escherichia coli (E. coli) (P. sont l’une nosa) et Escherichia coli (E. coli) sont l’une des principales causes de des principales causes de mortalité chez les patients brûlés. mortalité chez les patients brûlés. Combattre ces infections constitue dès lors un enjeu de santé publique PhagoBurn est un projet financé par la Commission européenne. Il se concentre sur une alternative prometteuse aux antibiotiques : La thérapie par les phages ou PHAGOTHÉRAPIE En dépit de ce renouveau et bien que la phagothérapie soit actuellement pratiquée dans certains pays (Géorgie, Pologne, Russie), en raison d’un usage historique scientifiquement mal documenté, très peu d’essais cliniques contrôlés et bien conçus ont testé son efficacité et sa sécurité. Mener de tels essais est donc une nécessité, d'autant que plusieurs gouvernements mettent actuellement en place des plans d'action spécifiques pour lutter contre la résistance aux antibiotiques et considèrent les phages comme un moyen potentiel pour combattre ces infections. Avec le lancement de l’essai clinique PhagoBurn en juillet 2015, les derniers obstacles réglementaires et de production pharmaceutique viennent d’être levés. Phage (microscope électronique) PhagoBurn a pour but d’évaluer l'efficacité et la sécurité de deux cocktails de phages thérapeutiques visant à traiter les infections aux bactéries E. coli ou P. aeruginosa • 1er patient inclus chez les patients le 22 juillet 2015 brûlés. Dans ce cadre, un essai clinique multicentrique combinant Phases I et II est en cours de réalisation en France, en Belgique et en Suisse. Le projet PHAGOBURN doit aussi contribuer à l’optimisation des recommandations réglementaires pharmaceutiques en matière de phagothérapie. • Durée prévue : 12 mois • Financement : Programme Santé du 7e PCRD • Site web : www.phagoburn.eu • YouTube : PhagoBurn Project Essai clinique PhagoBurn Le résumé de l’essai clinique Phagoburn est disponible en ligne : clinicaltrial.gov/ct2/show/study/NCT02116010?term=evaluation+of+phage+therapy&rank=1 Les principaux éléments à retenir sont les suivants : • Objectif : évaluer l’efficacité et la tolérance du traitement local par cocktails de bactériophages anti-E. coli et anti-P. aeruginosa chez les patients infectés suite à des brûlures • Etude : phase clinique I/II de sécurité et d’efficacité, interventionnelle, aléatoire, multicentrique, ouverte, contrôlée contre traitement standard et en simple aveugle • Critère principal : temps de réActeurs du projet : duction de la charge bactérienne comparé à celle d’un traitement • Hôpital Militaire Percy (Service de Santé antiseptique (durée : 7 jours) des Armées, FR) – Investigateur principal • Critères secondaires : évaluation • Pherecydes Pharma (PME française) – de la tolérance au traitement Promoteur (durée : 21 jours), impact sur la • Clean Cells (PME française) flore bactérienne de la plaie • Hôpital Militaire Reine Astrid – Académie (durée : 7 jours), évaluation de la Militaire Royale (BE) – Investigateur réaction immunitaire des patients • CHU de Liège (BE) – Investigateur au traitement (durée : 21 jours) • Grand-Hôpital Charleroi-Loverval (BE) – Investigateur • Centre des brûlés de Lausanne- CHU Vaudois (CH) – Investigateur • Hôpital St Joseph & St Luc (Lyon, FR) – Investigateur • CHU de Nantes (FR) – Investigateur • CHU de Bordeaux (FR) – Investigateur • CHR de Metz Thionville (FR) – Investigateur • HIA Saint-Anne Toulon (FR) – Investigateur • AP-HM (Marseille, FR) – Investigateur • Statitec (CRO, FR) • Laboratoires Brothier (FR), fournisseur des compresses Algostéril™ • France Europe Innovation (PME française) Cette étude inclut quatre branches : Principaux critères d’inclusion : • Homme ou femme âgé de 18 ans ou plus • Patients hospitalisés traités pour brûlures du 3ème degré dans une unité de soins aux brûlés • Brûlures (greffées ou non) ou zones de prélèvement de greffon présentant des signes locaux d’infection définie par les critères SFETB • Brûlures avec infection microbiologiquement documentée et préalablement traitée par polyvidone iodée • Consentement éclairé obtenu Principaux critères d’exclusion : • Femme enceinte ou en cours d'allaitement • Condition nécessitant un traitement qui pourrait interférer avec les résultats des analyses • Patient inclus dans un protocole de recherche avec intervention thérapeutique encore en cours ou patient ayant participé à des essais de médicaments anti-infectieux le mois précédent l’inclusion • Patients brûlés infectés par E. coli et traités par sulfadiazine d’argent (traitement standard) • Allergie à la sulfadiazine d’argent • Patients brûlés infectés par E. coli et traités par le cocktail de phages de Pherecydes Pharma L'étude PhagoBurn est contrôlée par un Comité de Surveillance indépendant et par les agences réglementaires : • Patients brûlés infectés par P. aeruginosa et traités par sulfadiazine d’argent (traitement standard) • Patients brûlés infectés par P. aeruginosa et traités par le cocktail de phages de Pherecydes Pharma • Patient considéré comme appartenant à une population vulnérable Institut suisse des produits thérapeutiques