Une ambition nécessaire : repenser la gestion de l'islam de France
musulmans”. “On ne fera pas l'impasse d'une entreprise culturelle de grande envergure
adossée à un discours idéologique”
, assène la sénatrice PS de Paris, Bariza Khiari. Mais
“la jeunesse qui a grandi avec le traumatisme du 11-Septembre aurait eu grand besoin de ne
pas être montrée du doigt mais incluse”
, estime Marc Cheb Sun, directeur de la revue
“D'ailleurs et d'ici”.
Pour un islam de France géré par des Français musulmans
Les attentats terroristes islamistes, comme tout séisme, ont le pouvoir d'entraîner des répliques
qui interrogent les sous-couches de la structure et de l'histoire d'un pays, en allant ainsi gratter
là où l'histoire fait mal, à savoir, en France, les “miasmes coloniaux” qui pèsent encore
sourdement sur l'esprit des orientations politiques. La sénatrice PS Bariza Khiari en est, comme
bien d'autres Français musulmans, très consciente, si la plupart des politiques ne parviennent
pas, eux, de leur côté, à se l'avouer, ou préfèrent se murer dans une culpabilisation en
demi-teinte plutôt que d'amener le pays à s'atteler énergiquement au travail structurant
d'inclusion. Or “c'est tout le
contraire qui s'est passé. Si ce qui fait votre colonne vertébrale, qui vous est si cher, est capturé
par des gens qui en font un crime et que la société française vous désigne comme le problème,
comment se construire
?”, interroge Marc Cheb Sun, directeur de la revue
“D'ailleurs et d'ici”.
L'inclusion est bien le seul rempart à dresser contre ceux qui profitent de la désolidarisation
desliens et des valeurs d'une société pour y introduire le ferment de la radicalisation. Or si le
fait d'inclure implique qu'il s'agit d'apprendre à reconnaître les siens, à établir la solidité des lien
d'appartenance à la nation, il se trouve que la France n'a jamais voulu d'un islam de France, et
s'était contenté de “sous-traiter” jusque-là la gestion du culte musulman aux Etats d'origine des
migrants installés en France, au premier rang desquels figurent par exemple l'Algérie, le Maroc
ou la Turquie. Elle l'a donc fait à travers l'institution du Conseil français du Culte musulman
(CFCM) qui de par son fonctionnement, délégué à des pays étrangers, demeure le signe
flagrant que l'islam obéit encore au statut d'une religion non incluse dans la République, alors
que les chiffres indiquent pourtant que l'islam est la deuxième religion de France.
“On nous dit: ces gens ne sont pas comme nous, ils n'arrivent pas à s'entendre, ils ont besoin
qu'on les organise”, estime March Cheb Sun, car en effet le CFCM est paralysé par divers
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