la competitivite des entreprises camerounaises par l`innovation

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LA COMPETITIVITE DES ENTREPRISES
CAMEROUNAISES PAR L’INNOVATION
Par : ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge
Economiste Public, Expert en Gestion
De la Politique Economique (GPE)
Chargé d’Etudes Assistant au Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation
Mai 2014
La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation SOMMAIRE
SOMMAIRE .............................................................................................................................. i RESUME EXECUTIF ............................................................................................................. ii LISTE DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES ............................................ iv INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................ 7 CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET REGLEMENTAIRE DE LA
COMPETITIVITE ................................................................................................................. 14 I.CADRE THEORIQUE DE LA COMPETITIVITE ....................................................................... 14 II. La compétitivité dans les entreprises camerounaises.................................................................... 18 CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX DE LA MISE EN ŒUVRE DE L’INNOVATION
AU CAMEROUN ................................................................................................................... 25 I.Cadre théorique ............................................................................................................................... 25 II. Cadre de mise en œuvre de l’innovation au Cameroun ................................................................ 27 CHAPITRE III : INNOVATION COMME FACTEUR DE COMPETITIVITE DES
ENTREPRISES AU CAMEROUN ...................................................................................... 35 I. EN QUOI L’INNOVATION PEUT-ELLE ETRE UN FACTEUR DE COMPETITIVITEDES
ENTREPRISES AU CAMEROUN ? ................................................................................................ 35 II. ANALYSE DE LA RELATION ENTRE L’INNOVATION ET LA COMPETITIVITE DES
ENTREPRISES ................................................................................................................................. 38 CONCLUSION ....................................................................................................................... 49 BIBLIOGRAPHIE : ............................................................................................................... 50 TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 52
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page i La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation RESUME EXECUTIF
La signature probable de l’Accord de Partenariat Economique (APE) entre le
Cameroun et l’Union Européenne d’ici le 1er octobre 2014 aura des impacts forts sur
l’économie camerounaise. Concrètement, selon le document produit par le MINEPAT,
d’après une étude du DSCE, « la simulation de l’impact de cet accord sans la mise en œuvre
de son volet développement et mise à niveau des entreprises locales montre des pertes
cumulées de recettes non pétrolières de 547,7 milliards sur la période 2010-2020, dont 459,6
milliards entre 2015 et 2020. Ce gap représenterait en moyenne 0,4% du PIB sur cette
dernière période, et cette situation aggraverait le besoin de financement de l’économie qui
passerait de 216,3 milliards en 2010, à 1 167,5 milliards en 2020 ». Le MINFI quant à lui,
évalue les pertes en termes de recettes fiscales à 1 330 milliards de perte cumulée en 2023 et
2470 milliards en 2030.
Le plan d’adaptation de l’économie camerounaise évalué à 2500 milliards, en
perspective à ces accords vise le renforcement du tissu économique à travers l’amélioration de
la compétitivité des entreprises camerounaises. En l’absence des recettes générées par les
droits de douanes, les pouvoirs publics sont dans la recherche de la solution la plus optimale,
c'est-à-dire celle qui permettra à l’Etat au mieux de maintenir le même niveau de recettes et de
poursuivre son plan d’investissement qui à terme, ferra du Cameroun un pays émergent à
l’Horizon 2035. Cette solution ne peut que résider soit dans l’élargissement de l’assiette
fiscale, soit dans l’agrandissement de la base fiscale. Toute chose restant égale par ailleurs.
La solution qui induira moins d’effets pervers est celle de l’élargissement de l’assiette
fiscale. Le secteur informel représente près de 80% de l’économie nationale. Si l’on veut
élargir l’assiette fiscale, il faudra à court et à moyen terme, faciliter la migration des 3 635
Unités de Production Informelles recensées lors de la deuxième Enquête sur l’Emploi et le
Secteur Informel (EESI 2 de 2010), vers le secteur formel. Mais la faible productivité et la
faible compétitivité des entreprises camerounaises (115e pays sur 148 au classement 2013 du
World Economic Forum ) ne peuvent pas leur permettre en l’état actuel de faire concurrence
avec les économies développées. Conséquence, si rien n’est fait dans le sens de renforcer cette
compétitivité, l’économie nationale sera paralysée et la croissance plombée du fait de
l’incapacité des entreprises nationales à créer plus de richesses et plus d’emplois.
Dans l’entreprise qui consiste pour les pouvoirs publics à renforcer la compétitivité
des entreprises camerounaises, l’une des solutions les plus optimales réside dans la culture de
l’innovation et son développement au sein des entreprises. L’innovation est un facteur de
compétitivité ; elle est un levier essentiel pour la croissance, l’emploi, l’investissement et la
consommation. L’innovation permet également d’enrayer l’intensification de la concurrence
par les prix, en mettant l’accent sur d’autres facteurs de différenciation. L’innovation est
l’arme de toute entreprise qui se lance dans la conquête des gains et de nouveaux marchés.
Une entreprise qui n’innove pas meurt. Tel pourrait être le sort réservé aux entreprises
camerounaises si elles ne se décident pas d’innover.
La pratique de l’innovation par les entreprises camerounaises n’est pas encore
développée, du fait non seulement de la faible culture de l’innovation au Cameroun, mais
aussi du fait des coûts élevés des activités de recherche-développement. D’après les résultats
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page ii La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation du recensement général des entreprises (RGE 2009), sur les 93 969 entreprises recensées au
Cameroun, 75% sont des Très Petites Entreprises (TPE), 19% des Petites Entreprises (PE),
5% des Moyennes Entreprises (ME), et 1% des Grandes Entreprises (GE)1. Lorsqu’on sait que
les pratiques des activités de recherche-développement au sein d’une entreprise sont fonction
de la taille de cette dernière et qu’au Cameroun 1% des entreprises sont dans la classe des
Grandes Entreprises, on peut comprendre aisément que la faible pratique de l’innovation par
les entreprises est due à la taille très petite de ces entreprises et donc ne disposent pas de
moyens pour mener la recherche-développement.
Si mener des activités de recherche-développement est coûteux pour les entreprises
camerounaises, on pourrait explorer une autre possibilité, celle d’exploiter les résultats de
recherche menées par les chercheurs camerounais qui à ce jour ont déjà mis en œuvre
plusieurs innovations qui pourraient de manière significative améliorer la compétitivité de ces
entreprises. D’après toujours le Recensement Général des Entreprises (RGE 2009), malgré
les efforts déployés par les pouvoirs publics pour vulgariser les résultats de la recherche, il
ressort que seulement 11% des chefs d’entreprises en font usage. Toutefois, l’agriculture est le
secteur qui vient en tête avec 76% des entreprises qui utilisent les résultats de la recherche.
Suivent l’extraction avec 30%, l’élevage avec 29%, l’électricité, gaz et eau avec 21% et les
industries alimentaires avec 17%. On voit bien là que ni la pratique de l’innovation au sein de
l’entreprise ou alors l’exploitation des innovations des chercheurs, rien ne semble
véritablement faire partir des habitudes des entrepreneurs camerounais. Il s’en suit donc une
faible productivité et par ricochet la faible compétitivité de ces entreprises qui mettent en mal
l’économie nationale et réduisent de ce fait les chances du pays d’atteindre les objectifs de
croissance.
Pourtant le rapport de l’étude sur la productivité du secteur informel menée par l’INS
en 2009 et qui portait sur 3 635 Unités de production Informelles, démontre à suffisance que
la productivité et la compétitivité des entreprises camerounaises réside dans leur capacité à
utiliser les résultats de la recherche. Les résultats de cette enquête montrent que le facteur
travail contribue de 47% dans la production, l’innovation de 31% et le capital seulement de
22%. Même si l’on note des légères différences, la situation est similaire dans les différents
secteurs ; la productivité globale des facteurs se situe au niveau de 10,5 c’est-à dire que, à
quantité égale de travail et de capital, les Unités de Production Informelle (UPI) qui utilisent
les innovations technologiques ont une production 10,5 fois supérieure. Une analyse par
secteur montre que ce niveau est deux fois plus élevé dans les secteurs du commerce et des
services (environ 20 fois)2. Preuve que la compétitivité d’une entreprise réside dans sa
capacité à innover.
En définitive, l’atteinte de l’émergence en 2035 réside dans la capacité du Cameroun à
faire de l’innovation le moteur de la compétitivité des entreprises et de l’économie nationale.
Ce n’est plus seulement un objectif stratégique, mais un impératif. Telle est la substance de
l’étude que nous avons menée. Au moment où toutes les forces nationales se mobilisent pour
l’amélioration de la compétitivité de l’économie camerounaise, nous espérons que ce travail
interpellateur, retiendra l’attention des pouvoirs publics.
1
2
INS, Recensement Général des Entreprises (RGE 2009)
EESI 2 2010
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page iii La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation LISTE DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES
APE:
APME :
AMD :
ANOR:
ANRP :
ACEFA :
Accord de Partenariat Economique
Agence des Petites et Moyennes Entreprises
Advanced Micro Device
Agence de Normes et de la Qualité
Agence Nationale de Radio Protection
Programme d’Amélioration de la Compétitivité des Exploitations
Familiale Agro-pastorales
BIT :
Bureau Internationale du Travail
BRICS :
Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud
CARBAP :
Centre Africain de Recherche sur le Bananier Plantain
CBF :
Cameroon Business Forum
CNE :
Centre National d’Education
CRRI :
Centre Régional de Recherche et d’Innovation
CR&D :
Centre de Recherche et Développement
DPAI :
Division de la Promotion et de l’Appui à l’Innovation
DSCE :
Document de stratégie pour la Croissance et l’Emploi
EESI 2 :
Deuxième Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel
ETI :
Enabling Trade Index
F CFA :
Franc de la Coopération Financière en Afrique
FFOM :
Forces/Faiblesses, Opportunités/Menaces
GE :
Grande Entreprise
IBM :
International Business Machines Corporation
IDE :
Investissement Direct Etranger
IIAG :
Indice IBRAHIM de la Gouvernance en Afrique
IPC DE TI :
Indice de Perception de la Corruption de Tranparency International
IMD:
Institute for Management Development
IMPM :
Institut de recherches Médicales et d’Etudes des Plantes Médicinales
INC :
Institut National de Cartographie
INS :
Institut National de la Statistique
IRAD :
Institut de Recherche Agricole pour le développement
IRD :
Institut de Recherche pour le Développement
IRGM :
Institut de Recherche Géologique et Minière
ME :
Moyenne Entreprise
MINEPAT :
Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du
Territoire.
MINFI :
Ministère des Finances
MINRESI :
Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation
MIPROMALO : Mission de Promotion des Matériaux Locaux
OAPI :
Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page iv La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation OCDE :
PACA :
PADMOD :
PE :
PASAPE :
PCFC :
PME :
PIB :
PNB :
PNG :
PNUD :
PPAMNQ :
PREBAP :
RGE :
R&D :
SIL :
TPE :
UE :
UPI :
WEF :
Organisation de Coopération et de Développement Economiques
Projet d’Amélioration de la Compétitivité Agricole
Programme d’Appui au Plan de Modernisation des Douanes
Petite Entreprise
Programme d’Appui et de Soutien aux APE
Programme d’Appui à la Compétitivité des Filières de Croissance
Petite et Moyenne Entreprise
Produit Intérieur Brut
Produit National Brut
Programme National de Gouvernance
Programme des Nations Unies pour le Développement
Programme Pilote d’Appui à la Mise à Niveau, la Normalisation et la
Qualité
Programme de Reconversion Economique de la Filière Banane Plantain
Recensement Général des Entreprises
Recherche et Développement
Société Internationale de Linguistique
Très Petite Entreprise
Union Européenne
Unité de Production Informelle
World Economic Forum
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page v La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
GRAPHIQUES
Graphique 1 : Evolution de la Balance commerciale du Cameroun entre 1997 et 2009 (en
millions de FCFA) .................................................................................................................... 20 Graphique 2 : Les principaux obstacles à l’entreprenariat (en % des opinions des Chefs
d’entreprises). ........................................................................................................................... 21 Graphique 3 : Répartition des Innovations de 2011 par domaine d’activité .......................... 31 Graphique 4 : Répartition des innovations de 2011 par région .............................................. 32 Graphique 5: les sources de l'innovation des produits/biens .................................................. 44 Graphique 6: les sources de l’innovation des procédés et d’organisation .............................. 44 Graphique 7 : les sources de financement choisies des entreprises innovantes ..................... 46 Graphique 8: modes de financement utilisés par les entreprises pendant la période 2008-2012
46 TABLEAUX
Tableau 1 : Quelques indicateurs de compétitivité ........................................................................ 15 Tableau 2 : Evolution du budget du MINRESI et du taux de croissance du Cameroun entre 2004 et
2013. .......................................................................................................................................... 29 Tableau 3 : Dépôts des brevets d’invention du Cameroun à l’OAPI de 1964 à 2004 ....................... 30 Tableau 4 : Statistiques des innovations issues du rapport annuel sur les innovations de l’année 2011
recues par la DPAI ...................................................................................................................... 31 Tableau 5 : Diagnostic de la mise en œuvre de l’ innovation au Cameroun..................................... 33 Tableau 6 : Contribution à la croissance des facteurs de production aux Etats-Unis, au Japon, en
Allemagne et en France. (Taux de croissance annuels sur la période en %) ..................................... 39 Tableau 7: Part des diverses dépenses dans le total des dépenses d’innovation. .............................. 40 Tableau8:R&D Expenditure and Productivity across Countries ..................................................... 41 Tableau 9: les caractéristiques spécifiques de l’échantillon ........................................................... 43 Tableau 10: les principales sources de financement des entreprises innovantes ............................... 45 Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page vi La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation INTRODUCTION GENERALE
Contexte et justification
L’Etat du Cameroun s’est fixé pour objectif d’être un pays émergent à l’horizon 2035.
Cette ambition de développement est consignée dans le Document « Cameroun vision
2035 »3, servant ainsi de balise pour l’atteinte de l’objectif. La vision du développement à
long terme est programmée sur trois périodes à savoir : l’étape 2010-2019 dont l’objectif est
de moderniser l’économie et d’accélérer la croissance (taux de croissance moyen de 5,5%);
l’étape 2020-2027 dont l’objectif est d’atteindre le niveau de pays à revenu intermédiaire
(revenu/hbt compris entre 3706 et 11455 $ en valeur de 2007 et un taux de croissance à deux
chiffres) ; et l’étape 2028-2035 dont l’objectif est de devenir un nouveau pays industrialisé et
un pays émergent (part du secteur secondaire à plus de 40% du PIB).
Pour atteindre l’émergence, le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi
(DSCE) qui est le tableau de bord des dix premières années de la vision à long terme, se
focalise sur l’accélération de la croissance, la création d’emplois formels et la réduction de la
pauvreté. Il vise en conséquence à porter la croissance à 5,5% en moyenne annuelle sur la
période 2010-2020, ramener le sous-emploi de 75,8% à moins de 50% en 2020 avec la
création de dizaines de milliers d’emplois formels par an dans les dix prochaines années, et
ramener le taux de pauvreté monétaire de 39,9% en 2007 à 28,7% en 20204.
Pour être émergent, le pays doit avoir une économie capable de créer plus de richesses
pour sa prospérité ; une économie capable aussi de faire face à la concurrence mondiale. C’est
à cette tâche que s’attellent les pouvoirs publics à travers des outils tels que le Comité de
Compétitivité, le projet de compétitivité des filières de croissance, le Cameroon Business
Forum, l’agence des petites et moyennes entreprises, la banque agricole… Mais au vu des
performances actuelles du pays en matière économique, cela semble insuffisant pour
permettre au Cameroun d’avoir une économie forte et compétitive, à même de créer une
valeur ajoutée importante pour son projet de société et surtout d’atteindre ses objectifs de
croissance.
Cette faible performance de l’économie camerounaise est confortée par le rapport sur
la compétitivité globale 2013-2014 du World Economic Forum (WEF), relayé par le Comité
de Compétitivité, qui classe le Cameroun 115e sur 148 pays. Les performances économiques
du pays depuis les trois dernières années, évoluent en dent de scie, reculant ainsi de trois
places sur le classement mondial des économies les plus compétitives, par rapport à 20122013. Sur la base des facteurs retenus par le WEF, l’économie nationale est classée au premier
stade ; celui où la croissance est impulsée par la mobilisation des facteurs de production avec
des travailleurs peu qualifiés, aux bas revenus et, de fait, une faible productivité5. Pourtant les
enjeux actuels de développement et la concurrence mondiale des économies obligent le
Cameroun à avoir un tissu économique fort et compétitif, capable de permettre au pays de
tirer profit des échanges internationaux et de s’assurer une croissance de long terme. De plus,
3
MINEPAT, Cameroun Vision 2035, Février 2009
DSCE, p.14
5
Cameroon Tribune, 19 Mars 2014
4
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 7 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation la forte probabilité pour le Cameroun de ratifier l’APE intérimaire avec l’Union Européenne
d’ici le 1er octobre 2014, soulève à nouveau la problématique de la compétitivité de
l’économie camerounaise face à la concurrence internationale. Cette problématique de la
ratification ou non de l’APE entre le Cameroun et l’UE soulève de nombreux débats qui pour
la plus part s’opposent.
Une bonne partie de la classe intellectuelle camerounaise pense que le pays n’est pas
prêt à affronter cette concurrence et qu’il faille prendre en compte les statistiques actuelles des
échanges du Cameroun avec l’extérieur. Lesquelles statistiques montrent une multiplicité des
partenaires commerciaux et une diminution de la part de l’UE dans les échanges avec le
Cameroun. Ce qui fait conclure à ces intellectuels que le Cameroun a plus à perdre qu’à
gagner dans cet accord. Ils ajoutent que les intérêts commerciaux du Cameroun sont ailleurs et
que le pays gagnerait à multiplier des partenariats et renforcer ceux existant, plutôt qu’à
hypothéquer son avenir à travers un accord compromettant.
Le politique, appuyé par une autre classe d’intellectuels estiment que l’APE n’a pas
que des inconvénients mais aussi des avantages que le pays pourrait en profiter. De toutes les
façons pensent ceux-là, compte tenu de la mondialisation des économies dans laquelle se
trouve le Cameroun et au vu des multiples conventions que le pays a ratifié avec l’extérieur,
l’on a presque l’obligation d’ouvrir ses frontières aux autres, quitte à ce que le pays face des
efforts pour s’arrimer à la nouvelle donne en modernisant son appareil de production afin de
le rendre fort et compétitif. De plus, des mesures d’adaptation de l’économie camerounaise en
perspective à ces accords sont prévues et un budget évalué à 2500 milliards a été alloué à cet
effet par le MINEPAT.
Le gouvernement a aussi engagé un vaste programme de transformation de tous les
secteurs productifs et l’assainissement du climat des affaires. Transformer l’appareil de
production revient surtout à renforcer la compétitivité des entreprises de manière à ce qu’elles
créent d’avantage de richesses indispensables à la croissance économique. L’économie
camerounaise même sans l’APE, doit se rivaliser aux autres économies pour tirer sa part belle
et garantir sa croissance. Bref la mise à niveau des entreprises reste un impératif pour exister
dans un monde en pleine globalisation. Pour cela, la compétitivité est l’élément fondamental
sur lequel les pouvoirs publics doivent davantage agir pour permettre aux entreprises de
résister à la concurrence et à l’économie, d’atteindre les objectifs attendus c'est-à-dire
l’émergence.
Parlant de compétitivité, elle désigne une aptitude à faire face à la concurrence. Elle
s’applique aux entreprises aussi bien qu’aux nations. La compétitivité traduit la capacité à
conserver ou à augmenter les parts de marché. Elle résulte des choix établis en matière de
technologie, de formation de la main d’œuvre, de gestion, etc6. Il existe donc deux types de
compétitivité : la compétitivité entre les Etats et la compétitivité entre les entreprises. Pour
certains auteurs comme P. Krugman (la mondialisation n’est pas coupable, 1998), la
compétitivité est une notion à manier avec précaution puisque la compétitivité entre Etats
n’est pas de la même manière que celle qui oppose les entreprises. La compétitivité au niveau
d’une nation est difficile à définir : une entreprise qui n’est pas compétitive risque la faillite,
6
Alain BEITONE, Antoine CAZORLA, Christine DOLLO, Anne-Mary DRAI ; Dictionnaire de science
économique, 3e édition revue et augmentée
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 8 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation ce qui n’est pas le cas d’un Etat. Au niveau microéconomique, la compétitivité d’une
entreprise désigne sa capacité à occuper une position forte sur un marché. L’évolution des
parts de marché de cette entreprise est dès lors fondamentale pour apprécier la compétitivité.
Au niveau macroéconomique, la compétitivité d’une économie nationale est la
capacité de son secteur productif à satisfaire la demande intérieure et étrangère, avec en
arrière-plan l’objectif de permettre une progression du niveau de vie des résidents du pays
concerné. La compétitivité (d’une entreprise ou d’une économie nationale) est classiquement
désignée de deux façons différentes selon l’origine des facteurs de cette compétitivité : « par
les prix » ou « par les coûts ». La recherche d’une compétitivité par les prix se réalisera en
général par une politique d’économies d’échelle ou encore le développement du progrès
technique ou de l’innovation, visant à réaliser des gains de productivité. L’innovation occupe
de ce fait une place prépondérante dans la recherche de la compétitivité d’un Etat ou d’une
entreprise.
Les résultats de la deuxième Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel (EESI 2)
menée par l’INS au Cameroun en 2009 montrent que le facteur travail contribue de 47% dans
la production, l’innovation de 31% et le capital de 22%. Même si l’on note des légères
différences, la situation est similaire dans les différents secteurs ; la productivité globale des
facteurs se situe au niveau de 10,5 c’est-à dire que, à quantité égale de travail et de capital, les
Unités de Production Informelle (UPI) qui utilisent les innovations technologiques ont une
production 10,5 fois supérieure. Une analyse par secteur montre que ce niveau est deux fois
plus élevé dans les secteurs du commerce et des services (environ 20fois)7.Ce qui montre fort
bien la part importante qui revient à l’Innovation dans la productivité d’une entreprise et par
delà, sa compétitivité. Le but de l’innovation réside majoritairement dans une amélioration de
la compétitivité structurelle. Une entreprise qui veut rester dans le marché et assurer sa
croissance doit innover.
Les résultats du dernier recensement général des entreprises de 2009 mené par l’INS
au Cameroun, montrent aussi que malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics pour
vulgariser les résultats de la recherche et de l’Innovation, ils sont très peu utilisés. Il ressort
que seulement 11% environ des chefs d’entreprises en font un usage. Toutefois, l’agriculture
est le secteur qui vient en tête avec 76% des entreprises qui utilisent les résultats de la
recherche. Suivent l’extraction avec 30%, l’élevage avec 29%, l’électricité, gaz et eau avec
21% et les industries alimentaires avec 17%8. Cette sous utilisation des résultats des
innovations se traduit par la faible productivité et la faible compétitivité des entreprises
camerounaises, d’autant plus que les 89% des entreprises n’exploitent pas les innovations, ou
encore moins ne mènent aucune activité de recherche-développement au sein de leurs
entreprises. Situation qui induit la baisse des performances économiques de notre pays qui
doit désormais faire face à la concurrence internationale pour garantir sa prospérité.
Il se pose donc là un problème d’incitation des entreprises camerounaises à
l’utilisation des résultats de la recherche et de l’innovation pour accroitre leur productivité et
être de ce fait compétitive. Ce d’autant plus que le contexte économique mondial s’y prête et
qu’en plus l’atteinte de l’émergence en 2035 passe nécessairement par une économie
7
8
EESI 2 2010
INS/RGE 2009
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 9 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation compétitive, aux produits à haute valeur ajoutée, capables d’impulser une croissance de long
terme et soutenue. Pour y parvenir, l’innovation est la voie la plus utilisée en ces temps de
globalisation. Les pays dits développés, émergents et surtout ceux de l’OCDE en ont
d’ailleurs fait la source principale de leur croissance9.
Dans l’entreprise qui consiste à moderniser l’appareil de production de l’économie
camerounaise, afin de le rendre fort et compétitif, notre analyse voudrait répondre à la
question de savoir comment amener les entreprises camerounaises à utiliser les résultats
de la recherche et de l’innovation pour accroitre leur productivité et améliorer leur
compétitivité. Cela devrait aussi nous amener à savoir quel impact l’innovation a sur la
compétitivité des entreprises et partant de l’économie nationale ?De manière spécifique, nous
voulons répondre aux questions ci-après : quel est l’état des lieux et le niveau de compétitivité
des entreprises camerounaises ?, ce niveau de compétitivité peut-il permettre au pays de faire
face à la concurrence internationale et de garantir sa croissance?, comment l’innovation peutelle être la base de cette compétitivité ?, l’état actuel du développement de l’innovation au
Cameroun permet-il d’atteindre cet objectif ?, si non, quelles peuvent être les mesures à
prendre ?, quelle place occupe réellement l’innovation dans la société camerounaise ?
La réponse à ces différentes interrogations qui fera office d’ossature de notre analyse
va consister dans un premier temps à définir le cadre théorique et réglementaire de la
compétitivité des entreprises camerounaises, ensuite, donner l’état des lieux de la mise en
œuvre de l’innovation au Cameroun et enfin analyser le lien de causalité qui existe entre la
mise en œuvre de l’innovation et la compétitivité d’une entreprise et par delà l’économie en
général.
Objectif Général
L’objectif général de l’étude est de montrer comment l’innovation peut contribuer à
augmenter la compétitivité d’une entreprise en particulier, et de l'économie camerounaise en
général.
Objectifs spécifiques
-
De manière spécifique, l’étude vise à :
Apprécier le niveau de compétitivité des entreprises camerounaises
Etablir une relation de cause à effet entre l’innovation et la compétitivité d’une
entreprise.
Hypothèses.
Comme hypothèses de recherche nous avons :
- Une entreprise qui n’innove pas a une faible productivité et n’est pas compétitive.
- Il existe une corrélation entre la mise en œuvre de l’innovation et la compétitivité
d’une entreprise.
9
Site internet de l’OCDE consulté le 07avril 2014
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 10 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation Méthodologie.
Pour atteindre les objectifs de cette étude, nous allons partir d’une revue de la
littérature, qui servira de base à notre analyse. Par la suite, nous aurons recours à une
méthodologie analytique de type SWOT, qui dégagera les forces et les faiblesses, les
opportunités et les menaces de l’innovation au Cameroun. Par ailleurs, l’analyse des résultats
du Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) et ceux de la deuxième Enquête sur
l’Emploi et le Secteur Informel (EESI 2), pourrait nous permettre de confronter nos
hypothèses. Enfin, la matrice SWOT et les résultats issus d’autres analyses comparatives
basées sur les différents classements mondiaux sur l’innovation d’une part, et sur la
compétitivité d’autre part, orienteront nos recommandations de politiques économiques visant
à terme, à contribuer à la compétitivité des entreprises par la mise en œuvre de l’innovation.
Pour réaliser ce travail, nous avons collecté et confronté entre le mois d’avril et le
mois de mai 2014, des informations des sources jugées fiables (données secondaires) et qui
sont entre autres : le MINRESI, l’INS, l’OAPI, l’ANOR, le site internet de l’OCDE, le site
internet de l’Union Européenne, de la Banque Mondiale, du WEF, du Doing Business, ...
Pour confirmer la véracité de certaines données collectées au niveau national, nous nous
sommes rapprochés de quelques entreprises camerounaises dont la taille de l’échantillon est
de 30 (données primaires).
En termes de bibliographie, outre les ouvrages traditionnels de sciences économiques
se rapportant au sujet et des documents rencontrés lors de nos recherches, nous nous sommes
fortement appuyés sur les travaux de l’économiste autrichien Joseph Aloïs SCHUMPETER et
de l’économiste français Dominique GUELLEC, qui ont suffisamment travaillé dans ce
domaine. Il faut tout aussi signaler les difficultés que nous avions eues à avoir des données et
informations concernant l’innovation et ses activités au Cameroun. Cela illustre fort bien le
faible intérêt accordé à l’innovation dans ce pays. Voilà pourquoi ce travail se veut beaucoup
plus une sorte d’alerte des pouvoirs publics pour comprendre que l’atteinte des objectifs de
développement au Cameroun est soumise à une endogéinisation du progrès technique et
partant de l’innovation.
Plan de Travail.
Le travail est structuré autour de trois Chapitres :
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA COMPETITIVITE. Ce Chapitre
va nous permettre de définir le cadre théorique et réglementaire dans lequel se meut la
compétitivité au Cameroun. Nous allons, à travers l’analyse des différents indicateurs de
compétitivité, déterminer le niveau de compétitivité de l’économie camerounaise. Nous
essayerons par la suite d’identifier les différents freins à cette compétitivité. Enfin, nous allons
décrire les mesures d’amélioration de la compétitivité mises en place par les pouvoirs publics,
pour constater que plus d’une décennie après pour la plus part, ce niveau de compétitivité est
plutôt en baisse. D’où la nécessité de se tourner vers l’instrument utilisé par toutes les
économies modernes ou qui y aspirent, pour rendre compétitif leur système de production. Cet
instrument est l’innovation.
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 11 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX DE LA MISE EN ŒUVRE DE
L’INNOVATION AU CAMEROUN. Il s’agit pour nous dans ce chapitre, de définir tout
d’abord la notion de l’innovation. Ensuite d’analyser le cadre de mise en œuvre de cette
notion au Cameroun. Nous verrons aussi les potentialités de l’innovation au Cameroun. La
méthode SWOT utilisée nous permettra de mieux comprendre les enjeux de l’innovation au
Cameroun, afin de déboucher sur la nécessité de la mettre aux côtes des entrepreneurs pour
régler de manière efficace, le problème de faible compétitivité des entreprises camerounaises.
CHAPITRE III : INNOVATION COMME FACTEUR DE COMPETITIVITE
DES ENTREPRISES. Ce Chapitre nous donnera l’occasion de répondre à la question du
comment l’innovation est un facteur de compétitivité. Ainsi, à travers une analyse
comparative du classement des pays les plus compétitifs du monde et des différents
indicateurs mondiaux de compétitivité, et, suite aux rapports du RGE 2009 au Cameroun et de
l’EESI 2, nous pourrons à coup sûr établir le lien de causalité qui existe entre la mise en
œuvre de l’innovation et la compétitivité d’une entreprise et partant, de l’économie en
général. De toutes ces analyses découleront des résultats qui seront la base de nos
recommandations de politiques économiques.
INTERET DE L’ETUDE
L’objectif que s’est fixé le Cameroun est de devenir un pays émergent à l’horizon
2035. Or un pays émergent est un pays en développement qui, dans le cadre d’une mutation
vers une économie ouverte, a amorcé une croissance forte du PIB par tête et une dynamique
d’exportation de produits manufacturés10. Le Cameroun lui dans sa vision 2035, compte sur
la période 2028-2035, devenir un nouveau pays industrialisé et un pays émergent avec un
secteur secondaire contribuant à plus de 40% au PIB. Mais dans une économie mondialisée,
tirer une part importante de ses richesses à partir des exportations n’est plus aisé. Ce sont
désormais les produits les plus compétitifs et à haute valeur ajoutée qui passent sur le marché.
Et depuis quelques décennies, les nouvelles théories économiques avec des auteurs tels que
Schumpeter, Solow, Guellec … ont pu démontrer le rôle important de l’innovation dans la
compétitivité des entreprises et partant de la croissance économique. La mise en œuvre de
l’innovation dans les pays développés, émergents et ceux de l’OCDE précisément est
corrélative à leur niveau de développement. Ceux de l’OCDE en ont carrément fait leur
source principale de croissance.
Le niveau de compétitivité de l’économie camerounaise est très faible (115e sur 148
en 2013 au classement du WEF) et cela se justifie en grande partie par la faible proportion des
entreprises camerounaises (11,2% d’après le RGE 2009) qui utilisent les résultats de la
recherche et des innovations. Cette situation se traduit par une faible performance de
l’économie et par ricochet un retard par rapport aux objectifs de croissance. Pourtant le
recensement général des entreprises de 2009 montre que 11,2% des entreprises utilisent les
innovations et l’EESI 2 montre que les UPI qui utilisent les innovations sont 10,5 à 20 fois
10
Alain BEITONE, Antoine CAZORLA, Christine DOLLO, Anne-Mary DRAI ; Dictionnaire de science
économique, 3e édition revue et augmentée
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 12 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation plus productive que celles n’utilisant pas. Une information suffisamment convaincante pour
que désormais les politiques soient orientées vers la recherche des stratégies d’innovation afin
d’en faire le moteur de la croissance au Cameroun. L’enjeu est d’autant plus actuel compte
tenu de la signature très probable de l’APE avec l’UE. Cet accord qui va accroitre la
concurrence entre les entreprises camerounaises et celles de l’UE, oblige plus que jamais les
pouvoirs publics camerounais à revoir leurs stratégies d’amélioration de la compétitivité des
entreprises. Pour y arriver, l’innovation est de fait le meilleur moyen. D’où l’intérêt de notre
étude qui vise à montrer aux décideurs la nécessité pour le Cameroun de faire de l’innovation
le facteur de compétitivité des entreprises camerounaises et par delà, la source principale de la
croissance.
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 13 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET
CHAPITRE
I : CADRE THEORIQUE
LA COMPETITIVITE
REGLEMENTAIRE
DE LADECOMPETITIVITE
I.CADRE THEORIQUE DE LA COMPETITIVITE
I.1. Définition
La compétitivité est l’aptitude pour une entreprise, un secteur ou l’ensemble des
entreprises d’une économie à faire face à la concurrence effective ou potentielle. Au niveau
microéconomique, la compétitivité d’une entreprise désigne sa capacité à occuper une
position forte sur un marché. L’évolution des parts de marché de cette entreprise est dès lors
fondamentale pour apprécier la compétitivité. Au niveau macroéconomique, la compétitivité
d’une économie nationale est la capacité de son secteur productif à satisfaire la demande
intérieure et étrangère, avec en arrière-plan l’objectif de permettre une progression du niveau
de vie des résidents du pays concerné. Les parts de marché d’une économie nationale peuvent
également être mesurées (exportations nationales rapportées à un total mondial ou limité à un
groupe de pays comparables) et elles constituent un bon indicateur de compétitivité. Mais à
moyen et long terme, une baisse des parts de marché d’un pays ne traduit pas nécessairement
un recul de sa compétitivité.
La compétitivité (d’une entreprise ou d’une économie nationale) est classiquement
désignée de deux façons différentes selon l’origine des facteurs de cette compétitivité : « par
les prix » ou « par les coûts ». La recherche d’une compétitivité par les prix se réalisera en
général par une politique d’économies d’échelle ou encore le développement du progrès
technique visant à réaliser des gains de productivité. La diminution des coûts de production
peut cependant se passer de gains de productivité (baisse du coût du travail ou baisse du coût
des matières premières), et une compétitivité par les coûts en résulte.
La compétitivité d’une économie nationale est aussi fonction du niveau d’imposition,
de la qualité de la production au sens large, du tissu de PME et de la nature des réseaux de
transports de l’économie concernée, etc. Il n'existe donc pas de définition unique de la
compétitivité parce que ce concept englobe différents aspects de la vie économique. Deux
notions sont toutefois traditionnellement distinguées : la compétitivité des entreprises et la
compétitivité de l'Etat dans lequel celles-ci sont installées.
La compétitivité d'une entreprise est généralement définie comme sa capacité à faire
face à la concurrence, c'est-à-dire à maintenir et à accroître ses parts de marché face à la
concurrence des autres entreprises nationales ou étrangères.
S'agissant de la compétitivité d'un État, celle-ci n'est pas, contrairement à une idée
largement répandue, synonyme de performance à l'exportation. L'Union européenne la définit
comme la capacité d'un Etat à améliorer durablement le niveau de vie de ses habitants et à
leur procurer un haut niveau d'emploi et de cohésion sociale dans un environnement de
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 14 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation qualité. Autrement dit, il s'agit de l'aptitude d'un territoire à maintenir et à attirer les activités
et investisseurs au service de l'amélioration durable du bien être des populations concernées11.
On distingue souvent deux types de compétitivité, tant pour les États que pour les entreprises :


la compétitivité-prix, basée sur la capacité à produire des biens et des services à des
prix inférieurs à ceux des concurrents avec une qualité identique ;
la compétitivité structurelle (ou hors-prix), basée sur la capacité à imposer ses
produits sur un marché non pas du fait de leur prix mais en raison de leur qualité, de
leur innovation, des services attachés, etc.
On peut de ce fait donner quelques indicateurs de compétitivité :
Tableau 1 : Quelques indicateurs de compétitivité
Pour une entreprise
Les parts de marché que l'entreprise
parvient à conserver ou à gagner par rapport
à ses concurrents.
La rentabilité : rapport entre les revenus
(gains) procurés par l'activité de l'entreprise
et les capitaux investis (fonds propres).
Pour un État
La part des exportations d'un État dans les
exportations mondiales ou dans une région
du monde.
Le prix comparé des exportations : rapport
entre les prix des produits et services
exportés par un pays et ceux des produits et
services importés par lui.
La productivité : rapport entre la quantité de Le taux de pénétration : rapport entre les
biens et services produits par l'entreprise et importations et le marché intérieur d'un pays.
les moyens mis en œuvre pour y parvenir C'est un indicateur de la dépendance d'un
(niveau de travail et de capital).
pays à l'extérieur.
Le taux de couverture : rapport entre la
valeur des exportations et la valeur des
importations entre deux pays ou deux zones.
I.2.Evolution du concept et modèle d’une entreprise compétitive
La notion de compétitivité dans l’histoire économique n’avait autant de valeur et
d’importance pour les entreprises et les Etats qu’elle a de nos jours. Au fil des temps, la
compétitivité est devenue une nécessité vitale pour les entreprises, d’où l’importance de
refonder la société et l’économie en s’intéressant sérieusement au modèle économique
récurrent de la compétitivité de tous les entrepreneurs qui sont couronnés de succès dans la
mondialisation. L’approche de ces entrepreneurs est fondée sur 7 leviers fondamentaux
centrés sur l’idée qu’un entrepreneur est avant tout un marchand.
Dans son livre intitulé « Stratégie de l’entreprise compétitive12 », Jean Supizet
présente les leviers du modèle économique des entreprises qui font l’histoire réussie de
l’économie marchande depuis dix siècles, c'est-à-dire le modèle culturel du libéralisme social
que les expériences socialistes n’ont pas réussi et ne réussiront pas à entraver. Ces leviers sont
11
Avis du Conseil économique, social et environnemental sur la compétitivité, octobre 2011
« Stratégie de l’entreprise compétitive », la cohérence du modèle de société, du modèle social, du modèle
économique de l’entreprise et des 30 choix stratégiques fondamentaux de la compétitivité pour progresser dans
le sens des vagues d’avenir de la mondialisation ; Jean Supizet, 2012
12
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 15 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation le reflet de l’âme des marchands qui ont laissé des traces dans l’histoire, l’expression du talent
des héros des affaires comme Thomas Edison, Nikola Tesla, Bill Gates, Steve Jobs, Bernard
Arnault, la dynamique des lauréats des prix de management par l’Excellence ainsi que
l’approche actuelle des entreprises de toutes tailles qui sont couronnées de succès dans la
mondialisation des grands groupes aux PME. Parmi ces leviers nous avons :
Levier n°1 : une entreprise compétitive se définit comme un ensemble de choix stratégiques
déterminants qui relèvent de la compétence des entrepreneurs afin d'optimiser le modèle
économique de l'entreprise, c'est-à-dire de construire des avantages sur les concurrents pour
transformer les besoins matériels et immatériels ainsi que les attentes rationnelles et
irrationnelles des clients en satisfactions financières et non financières pour toutes les parties
prenantes de l’entreprise, notamment la satisfaction des clients qui est à l'origine de la
satisfaction de toutes les autres (la satisfaction de l'entreprise elle-même pour assurer son
développement), la satisfaction des actionnaires pour conserver leur confiance, la satisfaction
du personnel pour assurer la cohérence économique, sociétale et sociale.
En somme, une entreprise compétitive développe les compétences managériales afin
d’optimiser le modèle économique de l’entreprise sur la base d’une vision stratégique orientée
vers le client.
Levier n° 2 : une entreprise compétitive clarifie sa vision stratégique orientée vers le client en
élaborant un plan stratégique à un horizon de 3 ans (ou un busines plan intelligent dépassant
l’approche
du
banquier)afin
de
définir
les
finalités
économiques/sociétales/sociales/environnementales de l’entreprise, positionner l'entreprise
sur des cibles de clientèles, définir les besoins et les attentes des clients ciblés, analyser
l'attractivité du marché au regard de l’offre des concurrents, identifier les avantages
concurrentiels potentiels de l’entreprise, définir une offre produits/services compétitive et
innovante, définir la stratégie d'innovation, clarifier les marques et les discours de marque,
optimiser la chaîne de valeur-client dont les 30 choix stratégiques déterminants de la
compétitivité, structurer et optimiser le réseau de processus opérationnels, élaborer les
comptes prévisionnels à 3 ans, résumer la vision stratégique par un tableau de bord stratégique
global, fixer les lignes directrices de l'organisation afin de déployer la vision stratégique.
En somme, une entreprise compétitive clarifie la vision stratégique de l’avenir de
l’entreprise à un horizon de 3 ans.
Levier n° 3 : une entreprise compétitive organise les ressources qui permettent de déployer le
plan stratégique prédéfini, notamment, ils organisent la structure juridique, la gouvernance de
l’entreprise, le financement des activités en tirant parti des aides et des subventions, la
dynamique de croissance externe, l’organisation de la structure opérationnelle afin de séparer
le flux des coûts du flux des revenus qui ne répondent pas à la même logique, le management
des compétences et des ressources humaines, l’encadrement des activités, le dispositif
d’Intelligence économique, l’organisation de la communication interne et externe.
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 16 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation En somme, une entreprise compétitive organise l’entreprise pour déployer la vision
stratégique de façon cohérente avec les opportunités de la mondialisation afin à la fois de
réduire les coûts et d’augmenter les revenus de l’entreprise.
Levier n° 4 : une entreprise compétitive optimise les processus qui vont de la conception
d’une offre produits/services compétitive et innovante jusqu’à sa mise sur le marché au
meilleur rapport besoins et aux attentes/fonctionnalités/performances/qualité/coût de revient.
L’entreprise compétitive conçoit une offre produits/services en 3 volets afin de réduire les
incertitudes du futur (existant, opportunités, avenir), fait un management méthodique du
programme d’innovation sur le fond et sur la forme dans tous les domaines matériels,
immatériels, rationnels et irrationnels qui forment la satisfaction des clients. L’entreprise
compétitive développe les projets d’innovation au regard des évolutions de l’environnement
concurrentiel. L’entreprise compétitive fait un management méthodique de la conception en
référence à l’analyse de la valeur-client afin de réduire les coûts dès la conception [la juste
fonction pour le juste besoin au juste coût]. L’entreprise compétitive organise son système de
production de façon cohérente avec le positionnement de son offre produits/services, avec sa
stratégie d’innovation, avec les opportunités d’optimiser son offre, notamment de réduire ses
coûts.
En somme, une entreprise compétitive optimise les processus allant de la conception
de l’offre produits/services jusqu’à la mise sur le marché.
Levier n° 5 : une entreprise compétitive optimise les processus de déploiement méthodique
de l’offre produits/services et de la relation client afin d’augmenter les ventes au niveau local,
régional, national, et international. L’entreprise compétitive tire parti des opportunités de
marché de la mondialisation. L’entreprise compétitive développe de nouvelles clientèles
ciblées avec un discours de marque adapté. L’entreprise compétitive déploie les nouvelles
technologies de l’information de la communication et de la distribution. L’entreprise
compétitive utilise les plateformes multimédias afin de personnaliser la relation client et
optimiser à la fois sa satisfaction et les revenus de l’entreprise.
En somme, une entreprise compétitive déploie méthodiquement l’offre
produits/services et le management de la relation client.
Levier n° 6 : une entreprise compétitive optimise le processus de management des résultats
afin de faire converger les intérêts particuliers des parties prenantes (l’entreprise elle-même,
actionnaires, les circuits d’influence, les partenaires, le personnel, les syndicats, etc.) vers un
intérêt général bien compris par tous.
En somme, une entreprise compétitive optimise le management des résultats avec
l’intelligence du compromis.
Levier n° 7 : une entreprise compétitive se développe en organisant son environnement
concurrentiel, en nouant des alliances et des partenariats, en réalisant les opportunités de
fusion lui assurant des synergies, des économies d’échelle et une croissance externe, en tirant
parti des opportunités.
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 17 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation En somme, une entreprise compétitive organise son environnement concurrentiel13.
II. LA COMPETITIVITE DANS LES ENTREPRISES CAMEROUNAISES
II.1. Le niveau de compétitivité des entreprises camerounaises
Le débat sur la compétitivité dans le monde est régulièrement relancé par des
classements publiés par diverses organisations internationales sur la base des indicateurs
synthétiques. Parmi ces organisations internationales nous pouvons citer: le World Economic
Forum (WEF), l’Institute for Management Development (IMD), et l’Heritage Foundation. Ces
résultats de classement, bien que contestés par certains économistes et certains hommes
politiques, sont très médiatisés et sont consultés par les investisseurs dans leurs décisions de
localisation d’activités économiques. L’approche de classement des pays, adoptée par le WEF
est celle qui a acquis la plus grande notoriété. Cette approche classe les pays en fonction de la
qualité globale de l’ensemble de l’environnement des affaires. Les données recueillies
proviennent de domaines très divers. Certaines sont issues des offices nationaux de
statistiques, d’autres sont issues de sondages d’opinions au sein des pays14.
Dans le classement de WEF 2013, le Cameroun a occupé la 115e place sur 148 pays
mis en compétition. Le pays a régressé de trois places par rapport au classement de 2012.
C’est dire que les performances économiques du pays ont baissé par rapport à l’année 2012 où
le Cameroun occupait le 112e rang. D’après ce rapport, l’économie nationale est classée au
premier stade ; celui où la croissance est impulsée par la mobilisation des facteurs de
production avec des travailleurs peu qualifiés, aux bas revenus et, de fait, une faible
productivité15. Plusieurs autres indicateurs permettent de mesurer le niveau de compétitivité
d’un pays. Nous avons entre autres :
- Le Doing Business de la Banque Mondiale. Il fournit une évaluation quantitative des
réglementations qui s’appliquent à la création d’entreprise, l’octroi de permis de
construire, le recrutement de personnel, le transfert de propriété, l’obtention de crédit,
la protection des investisseurs, le paiement des impôts, le commerce transfrontalier,
l’exécution des contrats et la fermeture de petites ou moyennes entreprises. Dans ce
classement, le Cameroun a occupé en 2013, la 161eplace sur 185 pays16 ;
- L’Enabling Trade Index (ETI). C’est un indicateur composite du rapport du WEF. Le
Cameroun en 2012 a occupé la 118e place sur 132 pays en compétition. Il perd ainsi
trois places par rapport au classement 2010 où il occupait la 115e position17.
- L’indice de perception de la corruption de transparency international(IPC) de TI. Il
classe les pays en fonction du degré de corruption perçue dans les administrations
publiques et la classe politique. C'est un indice composite, de sondages, faisant appel à
des données sur la corruption tirées de sondages d’experts réalisés par divers
organismes indépendants. Il reflète des points de vue du monde entier, dont celui des
13
« Stratégie de l’entreprise compétitive »,Jean Supizet, 2012
Site internet du World Economic Forum
15
« Cameroon tribune » du 19 mars 2014.
16
Site Internet de Doing Business, visité le 28 mai 2014
17
Site Internet de L’Enabling Trade Index (ETI), visité le 28 mai 2014
14
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 18 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation experts qui résident dans les pays évalués. Le Cameroun en 2013 a été classé 144e sur
175 pays18.
- L’attractivité des IDE. Ce sont des mouvements internationaux de capitaux réalisés en
vue de créer, développer ou maintenir une filiale à l’étranger et/ou d’exercer le
contrôle (ou une influence significative) sur la gestion d'une entreprise étrangère.
Élément moteur de la multinationalisation des entreprises, les IDE recouvrent aussi
bien les créations de filiales à l’étranger que les fusions-acquisitions transfrontières ou
les autres relations financières (notamment les prêts et emprunts intra-group. En 2011
le classement plaçait le Cameroun à la 129e sur 204 pays19.
- Le rapport sur le développement humain du PNUD. Ce rapport examine le
changement profond de la dynamique mondiale guidée par les puissances rapidement
émergentes du monde en développement et les conséquences importantes de ce
phénomène pour le développement humain. En 2012, le Cameroun était classé 150e
sur 186 pays20.
- L’indice de transformation de Bertelsmann, qui donne les informations sur les
changements sociétaux des pays en développement en faveur de la démocratie et de
l’économie. Le Cameroun au classement 2014, occupe le 98e rang sur 129 pays21.
- Indice IBRAHIM de la Gouvernance en Afrique 2013 (IIAG).l’objectif est d’inciter à
une meilleure gouvernance en Afrique. Il a en outre pour objectif de lancer le Prix Mo
Ibrahim pour le leadership d’excellence en Afrique récompensant, par un paiement
initial de 5 millions de dollars et un paiement annuel à vie d’un montant de 200 000
dollars, des chefs d’État ayant exceptionnellement amélioré la sécurité, la santé,
l’éducation, le développement économique et les droits politiques dans leurs pays, et
transféré démocratiquement leurs pouvoirs à leurs successeurs. En 2013, le Cameroun
dans ce classement africain, a occupé la 35e place sur 52 pays en compétition22.
Dans pratiquement tous ces classements, les rangs qu’occupe le Cameroun démontrent
à suffisance que le niveau de compétitivité du pays est faible et ne peut en l’état actuel des
choses garantir une croissance soutenue et surtout de permettre l’atteinte de l’émergence en
2035.
Certains économistes utilisent le concept de compétitivité dans un sens macroéconomique. Ils proposent comme indicateurs le solde de la balance commerciale, le taux de
couverture des importations, la propension d'un pays à importer, la propension d'un pays à
exporter, le degré d'ouverture et les parts de marchés. Selon cette approche, la compétitivité
correspond à la performance commerciale d’un pays. Un pays devient moins compétitif
lorsque ses exportations baissent ou lorsque ses importations augmentent. Selon Lafay (1976)
in Njikam (1996, P.68), « la compétitivité d’une économie nationale peut être définie comme
étant sa capacité d’affronter la concurrence mondiale ». D’après cette définition, la
compétitivité reflète la performance globale de l’économie et conditionne de ce fait son
équilibre extérieur à travers le taux de change réel, la balance commerciale, etc. Plus grandes
18
Site internet de Transparency International (TI), visité le 28 mai 2014.
www.nextafrique.com › Economie et Finance ›, visité le 27 mai 2014
20
Site Internet du PNUD, visité le 27 mai 2014
21
Site Internet Taiwan info, visité le 28 mai 2014
22
Site Internet de l’Indice IBRAHIM de la Gouvernance en Afrique, visité le 27 mai 2014
19
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 19 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation sont les capacités d’un pays à vendre les biens qu’il produit aussi bien sur les marchés
étrangers que sur son propre marché, plus forte sera la croissance permise avant que ne
survienne l’obstacle du déficit extérieur23. Le graphique ci-après donne l’évolution de la
balance commerciale du Cameroun entre 1997 et 2009.
Graphique 1 : Evolution de la Balance commerciale du Cameroun entre 1997 et 2009 (en
millions de FCFA)
D’autres économistes par contre considèrent la compétitivité comme un concept
micro-économique, applicable au niveau de la firme ou de l’industrie. Dans ce cas les
indicateurs sont fondés sur les prix, la qualité du produit, les coûts des facteurs, etc. Les
définitions microéconomiques sont fondées sur la productivité, les prix, les coûts, la part de
marché, la qualité de produit (Buckley, al et Markusen (1992)). La comparaison n’est possible
que pour les firmes ou les industries produisant le même bien. Un bien étant définit á l’aide de
ses caractéristiques physiques, du lieu, de la date à laquelle il est disponible et de l’état de la
nature qui conditionne sa livraison (Debreu, 1984). Que ce soit l’optique microéconomique ou
l’optique macroéconomique, l’économie camerounaise reste peu compétitive.
Tout compte fait, à la lumière du graphique 1 ci-dessus, l’on constate que depuis 1997,
la balance commerciale du Cameroun est en chute continue, signe sans doute que la
compétitivité de ses entreprises se dégrade. Même si dans les années 2000, 2003, 2006, elle a
été excédentaire, cela ne relève en rien la tendance baissière qu’elle a amorcée depuis 1997.
Cette situation montre la faible capacité des entreprises camerounaises à répondre à la
demande nationale. Ce qui traduit la faible compétitivité de l’économie qui a une tendance
extravertie.
Pourquoi donc ce faible niveau de compétitivité des entreprises ?, quels en sont les
freins?
II.2. Les freins à la compétitivité des entreprises camerounaises
L'étude menée en Juillet 2012 par le BIT auprès de 500 entreprises camerounaises,
révèle une constance quant à l'impact de certains facteurs exogènes freinant leurs activités et
leur compétitivité. Etaient concernées par cette étude, les petites, moyennes et grandes
23
Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises : Partie I, 2009
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 20 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation entreprises mais également le secteur primaire et industriel. Le rapport de l’étude souligne que
les délestages et coupures de courant, les tracasseries administratives et le difficile accès au
financement constituent les entraves majeures à la croissance des industries. D'autres facteurs
ont aussi été décelés. Il s'agit entre autres de la corruption, des dysfonctionnements du
système judiciaire, la fiscalité directe et indirecte, l'insécurité et la concurrence déloyale24.
Dans le Recensement Général des Entreprises (RGE) de 2009 au Cameroun, plusieurs
contraintes liées au déploiement des affaires ont été soulevées par les chefs d’entreprises. Les
opérateurs économiques dans leur grande majorité décrient l’environnement économique peu
favorable au développement de leurs activités au triple plan administratif, juridique et
financier. Les obstacles les plus cités par les entrepreneurs sont par ordre d’importance : la
fiscalité pour 58,8%, la corruption pour 50,6%, l’accès au crédit pour 37,6%, les formalités
administratives pour 35,2%, la concurrence déloyale pour 25,8%, les infrastructures pour
18,4% et enfin le coût du financement du crédit pour 18%. Les autres obstacles qui gênent la
bonne marche des affaires se rapportent à l’insuffisance du dialogue entre le secteur privé et
les pouvoirs publics, les pénuries de l’énergie électrique, le transport et le fonctionnement de
la justice.
Graphique 2 : Les principaux obstacles à l’entreprenariat (en % des opinions des Chefs
d’entreprises).
Ces appréciations fort défavorables proviennent principalement des nationaux (53,8%), des
chinois (57,9%), des nigérians (47,5%), des français (40,3%) et des américains (37%). Il
s’agit à 56% des dirigeants des très petites entreprises et à 54% de ceux des petites
24
Rapport de l’atelier sur l'évaluation de l'environnement favorable au développement de l'entreprise durable au
Cameroun, tenu le 10 mai 2013 à Douala.
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 21 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation entreprises. En effet, leur taille et sans doute leur surface financière les rendent plus
vulnérables25.
Pour pallier à toutes ces insuffisances et assainir le climat des affaires afin de rendre plus
compétitives les entreprises camerounaises, les pouvoirs publics ont mis en place une
panoplie de mesures visant à lever les contraintes liées au déploiement des affaires au
Cameroun et relancer l’activité économique. Parmi ces mesures, nous pouvons citer :
- Le comité de compétitivité dont l’objectif est de contribuer au renforcement de la
compétitivité de l’économie camerounaise par l’instauration d’un environnement des
affaires propice au développement des investissements privés productifs ;
- Le programme d’Appui à l’amélioration de la Compétitivité de l’Economie
Camerounaise (PACOM). D’un montant de 6,6 milliards de F CFA, le PACOM
devrait contribuer au renforcement de l'économie camerounais à travers l'amélioration
de la productivité et la progression qualitative nationale, permettant ainsi la mise en
œuvre des deux composantes de la stratégie commerciale souhaitée par l'Etat :
valorisation des avantages comparatifs des filières compétitives sur les marchés
d’exportation (régionaux et internationaux) et développement des entreprises
nationales sur le marché intérieur notamment sur l’axe de la sous-traitance.
- Le Cameroon Business Forum (CBF). Le Cameroon Business Forum (CBF) est un
mécanisme de dialogue public-privé mis en place pour œuvrer à l’amélioration du
climat des affaires. Il est initié conjointement par le gouvernement camerounais et IFC
(Société Financière Internationale) du groupe de la Banque Mondiale qui apporte son
appui technique à l’État pour une meilleure appropriation, à terme, de cette plateforme de concertation ;
- Le Programme d’Appui à la Compétitivité des Filières de Croissance (PCFC). Ce
programme vise à contribuer à une accélération de la croissance et de l’emploi par
l’amélioration de la compétitivité des filières non agricoles prioritaires non
répertoriées et validées par le gouvernement (filières bois, textile-confection, tourisme
et les technologies de l’information et de la communication), ce à travers la réduction
des coûts, l’amélioration du climat des affaires et de la qualité des infrastructures. Il
met en œuvre une masse critique d’interventions de nature à inciter les investissements
privés productifs et les exportations autour de ces filières ;
- Le Programme d’Appui à la Compétitivité Agricole (PACA). Le PACA porte sur le
développement des agro-industries, celles-ci constituant un débouché important pour
la production agricole et un puissant facteur d’intensification des activités et de
transformation des produits du monde rural. Il vise en outre l’accroissement de la
compétitivité des petits producteurs agricoles à travers l’amélioration de la
productivité et de la qualité des produits, et l’intensification de la commercialisation.
Le projet est concentré sur un nombre limité de filières agro-pastorales reconnues
comme porteuses de croissance (riz, maïs, porcs, bovins, volailles, bananes plantain et
palmier à huile) ;
- Le Programme d’Amélioration de la Compétitivité des Exploitations Familiale Agropastorales (ACEFA). Ce programme vise à permettre aux exploitants de mieux
maîtriser leur gestion technique et économique, d’avoir un meilleur accès aux intrants
25
Rapport final du recensement général des entreprises au Cameroun, 2009.
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 22 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation et de mieux commercialiser leurs produits à travers un développement des
organisations professionnelles de deuxième niveau, d’être appuyés dans l’élaboration
et la mise en œuvre de leurs projets productifs et le financement de leurs
investissements (appui direct aux exploitations) ;
- Le programme Agropole. Ce Programme agropoles vise le soutien et la mise en
cohérence, en étroite collaboration et parfaite synergie, des interventions des
ministères sectoriels, des institutions publiques et privées concernées par la promotion
des entreprises agro-syvio–pastorales de moyenne et de grande importance sur
l’étendue du territoire ;
- Le projet d’amélioration de la productivité et de la compétitivité de la filière palmier à
huile ;
- L’Agence des Petites et Moyennes Entreprises (APME). l'Agence est chargée de la
mise en œuvre de la stratégie sectorielle en matière de promotion et de développement
des Pme; la facilitation des formalités de création d'entreprises; l'encadrement des
entreprises dans la mise en place d'outils de gestion adaptés à leurs besoins
organisationnels, techniques, financiers, commerciaux et technologiques; la
facilitation de l'accès des Pme au financement de leurs activités, la facilitation des
relations de partenariat entre les Pme et les grandes entreprises; la promotion des
structures publiques d'incubation des Pme, entre autres ;
- La Banque Agricole.
- Le Programme de Reconversion Economique de la Filière Banane Plantain
(PREBAP) ;
- Le Programme Pilote d’Appui à la Mise à Niveau, la Normalisation et la Qualité au
Cameroun (PPAMNQ) ;
- Le Programme d’Appui au Plan de Modernisation des Douanes (PADMOD). Ce
programme vise à : simplifier les procédures et rationaliser les contrôles, améliorer le
système de suivi et de contrôle des exonérations et des régimes suspensifs, moderniser
les services et les systèmes informatiques, assurer la protection de l'espace
économique, définir une politique de recrutement, de formation et de déploiement du
personnel, apporter des améliorations à l'environnement de travail et à l'éthique
professionnelle du personnel, étudier la mise en place des moyens efficaces de lutte
contre la fraude et la contrebande;
- Le Programme d’Appui et de Soutien aux APE(PASAPE) (2003) dont le but est de
permettre aux entreprises d’être plus compétitives. Ce programme vise le
renforcement de la compétitivité, de la mise à niveau des entreprises et le
renforcement des systèmes normalisation et de qualité ;
- Le Programme National de Gouvernance (PNG). Il contribue aussi au renforcement de
la compétitivité à travers la promotion du partenariat public-privé, la culture de
responsabilité dans la gestion des affaires publiques ainsi que l’efficience
institutionnelle ; Etc.
La panoplie de mesures dont certaines ont ci-dessus été citées, et mise en place par les
pouvoirs publics et les partenaires au développement, vise à lever les entraves à la
compétitivité des entreprises camerounaises. Mais force est de constater que plus d’une
décennie après pour la plus part, le niveau de compétitivité des entreprises camerounaises
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 23 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation reste toujours faible. Les classements du WEF et du Doing Business en 2013 en sont une
preuve. On peut donc s’apercevoir que les pouvoirs publics ont actionné sur quasiment
tous les instruments et leviers de compétitivité, sauf sur celui de l’innovation qui est
justement le plus utilisé par les pays développés et émergents qui occupent les premiers
rangs dans les classements des meilleurs Etats compétitifs. L’innovation, associée à
toutes les mesures prises par les pouvoirs publics, aboutirait forcément à une
amélioration considérable du niveau de compétitivité des entreprises et de l’économie
camerounaise en général.
Comment la mise en œuvre de l’innovation pourrait-elle contribuer à améliorer la
compétitivité des entreprises ?, et avant d’y arriver, qu’est ce que l’innovation ? Comment se
pratique t-elle au Cameroun ?, le Cameroun peut-il innover pour ses entreprises?
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 24 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX DE LA MISE EN
ŒUVRE DE L’INNOVATION AU CAMEROUN
I.
CADRE THEORIQUE
I.1. Définition de l’innovation
L’innovation peut se définir comme une nouvelle combinaison des facteurs dans la
fonction de production. Elle se traduit selon la classification de J. A. Schumpeter (1883-1950)
par :
- de nouvelles techniques de production (innovation de procédés) ;
- de nouveaux biens destinés à la clientèle (innovation de produits) ;
- de nouvelles sources de matières premières ;
- de nouveaux débouchés économiques (nouveaux moyens de transport, nouvelle
méthode de distribution) ;
- de nouvelles formes de gestion des entreprises, par exemple des formes de
concentration nouvelles (l’émergence des trusts) ou de délocalisation, etc.
Selon Schumpeter, la dynamique de l’innovation résulte au niveau microéconomique
de l’activité de l’entrepreneur qui reçoit en contrepartie un profit lié à la prise de risque et à sa
fonction de direction. Au niveau macroéconomique, l’innovation détourne des facteurs de
production de leur emploi habituel et conduit à un processus de destruction créatrice. La
dimension discontinue des innovations (grappe d’innovations) donne à la croissance
économique une allure cyclique d’autant plus marquée que l’innovation est plus importante et
qu’elle conduit à une expansion monétaire cumulative à base de crédit26.
Au cours des dernières décennies, de nouvelles technologies, de nouvelles industries et
de nouveaux modèles économiques ont été à l’origine d’une croissance remarquable de la
productivité et du PIB. De nombreuses études ont pu démontrer que la RechercheDéveloppement, concept rendant compte de l’Innovation au sens strict, a produit un effet
sensible sur la croissance du PIB réel par habitant. Mais l’Innovation va au-delà de la
Recherche-développement et peut être définie comme la mise en œuvre d’un produit (bien ou
service) ou d’un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de
commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques de
l’entreprise, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures27. En d’autres termes,
l’innovation est tout ce qui est nouveau et qui concourt à améliorer un produit ou un procédé
nouveau.
De fait, loin de se limiter aux laboratoires de recherche et aux expérimentations
diverses, le champ de l’Innovation englobe l’ensemble des utilisateurs, des fournisseurs et des
26
Alain BEITONE, Antoine CAZORLA, Christine DOLLO, Anne-Mary DRAI ; Dictionnaire de science
économique, 3e édition revue et augmentée
27
Manuel d’Oslo, 3e édition, OCDE 2005
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 25 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation consommateurs. Que ce soit dans les administrations publiques, les entreprises ou les
organismes à but non lucratif, elle transcende les frontières entre pays, secteurs et institutions.
Ce qui place l’Innovation au centre de l’activité économique, génératrice d’emplois et de
richesses. Le manuel d’Oslo distingue à cet effet quatre types d’Innovation :
‐ l’Innovation de produit. Elle est l’introduction d’un bien ou d’un service nouveau.
Cette définition inclut les améliorations sensibles des spécifications techniques, des
composantes et des matières, du logiciel intégré, de la convivialité ou autres
caractéristiques fonctionnelles ;
‐ l’innovation de procédé. C’est la mise en œuvre d’une méthode de production ou de
distribution nouvelle ou sensiblement améliorée. Cette notion implique des
changements significatifs dans les techniques, le matériel et le logiciel ;
‐ l’Innovation de commercialisation. Elle est la mise en œuvre d’une nouvelle
méthode de commercialisation impliquant des changements significatifs de la
conception ou du conditionnement, du placement, de la promotion ou de la tarification
d’un produit ;
‐ L’Innovation d’organisation. C’est la mise en œuvre d’une nouvelle méthode
organisationnelle dans les pratiques, l’organisation du lieu de travail ou les relations
extérieures de la firme28.
Dans l’actuel contexte de concurrence internationale acharnée, l’innovation se place au
cœur de l’activité économique et devient chaque jour davantage un instrument incontournable
de politique économique pour tout Etat qui aspire à la prospérité et à la modernité. Tout au
moins a-t-elle été identifiée comme la source principale de la croissance des pays de l’OCDE
et des pays dits émergents.
I.2. Schumpeter et les nouveaux modèles de croissance endogène
Pour l’économiste autrichien Joseph Aloïs Schumpeter, le fondement et le ressort de la
dynamique de l'économie sont l'innovation et le progrès technique. L'histoire du capitalisme
est une mue permanente. La technologie évolue, se transforme poussant des pans entiers de
l'activité économique à s'étioler puis à disparaître après avoir été dominants. Le changement
est structurel avant d'être quantitatif.
Joseph Schumpeter expliquait dans Le cycle des affaires, publié en 1939, les cycles
économiques par l'innovation et en particulier par les « grappes d'innovation ». Selon lui, le
progrès technique est au cœur de l'économie et elles apparaissent en grappes ou essaims :
après une innovation majeure, souvent une innovation de rupture due à un progrès technique,
voire scientifique (par exemple : la vapeur, les circuits intégrés, l'informatique, l'internet, les
nanotechnologies, ...) d'autres innovations sont portées par ces découvertes. On constate alors
des cycles industriels où, après une innovation majeure, l'économie entre dans une phase de
croissance (créatrice d'emplois), suivie d'une phase de dépression, où les innovations chassent
28
Manuel d’Oslo, (3e édition, OCDE 2005)
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 26 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation les entreprises "dépassées" et provoquent une destruction d'emplois29.Au cœur du système
capitaliste se trouve, pour Schumpeter, l'entrepreneur qui réalise des innovations (de produits,
de procédés, de marchés, etc.). En conséquence, la croissance est un processus permanent de
création, de destruction et de restructuration des activités économiques. La « destruction
créatrice » est donc la caractéristique du système capitaliste qui résulte du caractère discontinu
des innovations.
Schumpeter met en avant le rôle majeur des innovations dans l'impulsion, la mise en
mouvement de l'économie sous l'action de l'entrepreneur. C'est par la fabrication de produits
nouveaux, l'adoption de procédés et de techniques inédits, l'utilisation de nouvelles matières
premières ou l'ouverture de nouveaux débouchés que les structures finissent par changer.
Schumpeter met en évidence le rôle déterminant de l'innovation dans l'impulsion du système
économique. Il prend comme point de départ la modélisation d'une économie stationnaire,
nommé circuit économique, et dont les différents éléments structurels se reproduisent à
l'identique. Il s'agit d'une représentation simplifiée de la vie économique et des relations qui se
nouent entre les agents économiques. La logique de ce circuit économique est celle de
l'équilibre général : les mouvements adaptatifs des prix assurent l'adéquation entre les
différentes variables économiques, et chaque facteur de production est rémunéré à son prix.
Ce circuit économique est caractérisé par la libre concurrence, la propriété privée et la
division du travail entre les agents. Ces derniers, qui agissent en fonction de leur expérience
passée, n'introduisent aucune rupture fondamentale dans leurs comportements et les relations
économiques en place. Les méthodes de production et les pratiques de consommation restent
stables, l'offre devient égale à la demande par le jeu des prix, de sorte que l'allocation des
ressources est efficiente. Les comportements routiniers et les mécanismes adaptatifs
conduisent alors à un état stationnaire.
Or, selon Schumpeter, cette routine est brisée par l'entrepreneur et ses innovations.
Ainsi, l'évolution ne peut pas venir d'une modification quantitative (hausse de la production
ou du capital), mais de la transformation qualitative du système de production. Schumpeter
montre que le facteur déterminant de cette évolution est l'innovation : celle-ci est au cœur non
seulement du processus de croissance, mais aussi de transformations structurelles plus
importantes.
II. CADRE DE MISE EN ŒUVRE DE L’INNOVATION AU CAMEROUN
Le cadre législatif et réglementaire du sous-secteur innovation camerounais est
encadré par le décret N°2012/393 du 14 Septembre 2012 portant organisation du Ministère de
la Recherche Scientifique et de l’Innovation(MINRESI);
D’autres textes, que nous n’évoquerons pas ici, confèrent une partie des attributs de
l’innovation à certains autres départements ministériels.
La politique générale du sous-secteur de l’innovation au Cameroun est définie par le
Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation(MINRESI) qui est responsable de
29
J. A. Schumpeter, « Capitalisme, socialisme et démocratie », Petite Bibliothèque Payot, 1974, pp. 119-125
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 27 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation l’élaboration et de la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière de Recherche
Scientifique et d’Innovation. Il s’appuie en la matière sur des instituts publics et parapublics
(IRAD, IMPM, IRGM, INC, ANRP, MIPROMALO, CNE, CARBAP, SIL, IRD) qui sont
sous sa tutelle administrative.
II.1. Diagnostic du cadre de mise en œuvre de l’innovation
i) Potentiel d’innovation camerounais
Le Cameroun dispose d’un potentiel d’innovation indéniable et exploitable du fait du
grand nombre d’instituts publics qui sont sous la tutelle du ministère et surtout du fait des
résultats et produits de la recherche que l’on découvre très souvent lors des foires et
expositions organisées tant au niveau régional qu’au niveau national. Le fichier des experts et
chercheurs indépendants encours de construction à la Division de la Promotion et de l’Appui
à l’Innovation(DPAI), qui comprend à cette date un peu plus de 300 experts montre combien
les camerounais sont ingénieux. Cette ingéniosité pourrait accroitre de manière substantielle
la valeur ajoutée de ses produits et rendre notre économie plus compétitive. La qualité des
innovations issues chaque année des rapports régionaux sur l’innovation démontre à
suffisance ce potentiel qui demande juste qu’à être exploité et orienté vers le développement
et surtout vers la résolution des problèmes urgents à l’instar de la lutte contre la pauvreté et la
promotion d’une santé pour tous.
ii) Faible vulgarisation des innovations
Dans la banque des premières données sur les innovations déjà collectées, plusieurs
d’entre elles peuvent de manière significative résoudre les problèmes auxquels font face au
quotidien les camerounais et qui sont des préoccupations majeures des pouvoirs publics
(santé, alimentation, électricité, changements climatiques, logement…). Dans de nombreux
domaines, la recherche camerounaise a proposé des solutions et des résultats sont disponibles.
Le gros problème réside au niveau de la vulgarisation de ces innovations. Pourtant il ne fait
aucun doute que la demande en innovation est forte et concerne l’ensemble des utilisateurs,
des fournisseurs et des consommateurs.
En effet, que ce soit dans les administrations publiques, les entreprises ou les
organismes à but non lucratif, l’innovation transcende les secteurs, les institutions et même les
frontières inters étatiques. Or au Cameroun cette dernière reste malheureusement dans les
tiroirs et n’est pas mis à contribution pour le développement du pays. Toutefois, il convient de
relever que le Chef de l’Etat lors du comice agropastoral d’Ebolowa, au sortir de la visite des
stands du MINRESI, a instruit à Mme le MINRESI après s’être émerveillé par le génie
inventeur des chercheurs camerounais, de « faire connaitre toutes ces innovations ».
L’absence des statistiques en matière d’innovation au Cameroun ne permet pas de
donner de manière exacte le niveau d’accès aux innovations. De manière globale, l’on
pourrait dire qu’au vu des résultats de quelques sondages menés en 2012 par les cadres de la
DPAI auprès des potentiels utilisateurs des innovations agropastorales et médicinales, le taux
d’accès à ces innovations tournerait autour de 10%. Il est néanmoins important de souligner
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 28 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation que ce taux d’accès, grâce aux actions entreprises par le MINRESI en collaboration avec les
instituts sous-tutelle, a quelque peu augmenté.
La DPAI, chargée de l’administration de l’innovation n’a pas suffisamment de moyens
pour encadrer et accompagner les innovateurs. Ce manque d’encadrement des innovateurs est
un motif qui décourage les chercheurs et du coup, ne déclarent pas leurs résultats. Certains
chercheurs institutionnels utilisent les moyens de l’Etat pour des recherches dont les pouvoirs
publics ne sont jamais informés des résultats. Conséquence, ces derniers s’accumulent et ne
sont transmis qu’en compte gouttes aux entreprises censées les développer et créer des
richesses. D’où le syndrome, de plus en plus décrié par le MINRESI, de « privatisation des
résultats de la recherche publique ».
iii)
Faible financement de l’innovation au Cameroun
D’années en années – et ce, depuis plus de 10 ans – le financement alloué au
MINRESI ne cesse de croître sans que la part réservée à l’innovation ne s’en ressente
significativement. L’absence d’une politique nationale d’innovation et le faible financement
de l’innovation au Cameroun ne peuvent que se solder par une faible pratique des activités de
recherche et d’innovation au Cameroun. Une situation préjudiciable à la compétitivité de
notre économie qui doit innover pour tirer une part importante des échanges internationaux et
garantir sa croissance. La contribution du MINRESI à la croissance et à l’amélioration des
conditions de vie des populations est donc inéluctablement très faible. Certainement parce que
les financements n’atteignent pas encore le niveau minimum (au moins 1% du PNB) pour
impacter positivement sur l’activité économique et aussi le management de l’innovation au
Cameroun est inefficient. Pourtant c’est justement dans ce secteur que le Cameroun devrait
fournir des efforts pour mieux faire face à la concurrence mondiale des économies et garantir
sa croissance. Le tableau ci-après retrace l’évolution du budget du MINRESI de 2004 à 2013.
Tableau 2 : Evolution du budget du MINRESI et du taux de croissance du Cameroun entre
2004 et 2013.
Années Budget MINRESI Budget total Taux de croissance Cameroun Pourcentage par rapport au Budget total 2004 2005 2006 2007
2008
2009
2010
2011 2012 2013
6 052 1 617 000 6 196,8 10 447
2 251 000
11 855
12 586
12 257
7 825 8 793 11 731
1 721 000 6 501 1 861 000 2 276 000
2 301 400
2 570 000
2 571 000 2 800 000 3 236 000
3,5% 2,8 3,2 % 3,3% 2,6% 2,0% 3,2% 4,1% 4,6% 4,8% 0,37 0,36 0,34 0,46
0,52
0,54
0,47
0,3 0,31 0,36
Source : Lois des finances des différentes années
Il ressort de ce tableau que, bien qu’étant en augmentation intermittente, le budget du
MINRESI demeure très faible par rapport aux besoins et aux défis que l’innovation est
appelée à relever. La part prise dans le budget national reste en tous cas en deçà du 1% du
PNB qui est le seuil censé permettre un impact économique significatif du secteur recherche
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 29 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation et innovation. La relation de causalité entre le financement du MINRESI et la croissance
économique est très faible au Cameroun. A titre d’illustration, en 2004 le budget du
MINRESI était de 6 052 millions et le taux de croissance était de 3,5%. Par contre en 2009, le
budget du MINRESI s’élevait à 12 586 millions, plus du double du budget de 2004. Mais le
taux de croissance cette année là était le plus faible de la décennie (2,0%). Cette illustration
démontre bien qu’au Cameroun, la recherche et l’innovation ne constituent pas encore des
instruments de politique économique sur lesquels les pouvoirs publics peuvent agir pour
atteindre les objectifs de croissance et de réduction de la pauvreté.
Cette faible culture de l’innovation se confirme par le nombre réduit des brevets
déposés par le Cameroun en 40 ans à l’OAPI (Cf. Tableau 3). Le nombre des dépôts des
brevets d’invention étant un indicateur du niveau d’inventivité d’un pays.
Tableau 3 : Dépôts des brevets d’invention du Cameroun à l’OAPI de 1964 à 2004
N°
01
02
03
04
05
Total
Institutions
MINRESI et Instituts
Universités et Grandes Ecoles
Sociétés privées
Chercheurs isolés
Autres Ministères
Nombre total de brevets de 1964 à 2004
02
02
19
99
04
126
Source : OAPI
Les résultats de ce tableau laissent transparaître que la valorisation des résultats des
recherches menées par les chercheurs du MINRESI en termes de brevets n’a pas été
fructueuse. Il s’explique aussi par le fait que très peu de chercheurs sont informés des
questions de propriété intellectuelle, ou ont mené des activités de recherche. Situation qu’on
pourrait imputer à la démotivation due à la période de déclin et de relâchement des activités
de recherche au Cameroun dans la décennie (1980-1990).
iv) Quelques résultats des innovations
L’éventail des innovations mises en œuvre par les chercheurs camerounais est large.
Ainsi, on peut noter au vu des rapports régionaux sur les innovations reçus chaque année, que
les chercheurs s’activent sur plusieurs domaines. Pour une meilleure lisibilité, ces
innovations ont été réparties en quatre grands domaines à savoir :
- la santé et l’alimentation ;
- l’élevage ;
- l’agriculture, la protection et l’embellissement de la nature ;
- la technologie et l’art.
Le tableau ci-après donne une idée des statistiques des innovations enregistrées en
2011 au Cameroun et recensées par les CRRI.
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 30 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation Tableau 4 : STATISTIQUES DES INNOVATIONS ISSUES DU RAPPORT ANNUEL
SUR LES INNOVATIONS DE L’ANNEE 2011 RECUES PAR LA DPAI
Régions
Santé et
Alimentation
Elevage
Agriculture,
protection de
la Nature
02
01
Technologie
et Art
Total
Pourcentage
Centre
15
17
Littoral
07
03
11
Sud
03
03
06
Est
07
07
Ouest
04
02
09
15
Sud-ouest
03
02
04
09
Nord-ouest
04
02
01
14
21
Nord
02
02
Extrême01
01
12
14
Nord
Total
46
04
07
45
102
Source : Rapport National annuel sur l’innovation de l’année 2011, et nos calculs
16,66%
10,78%
5,88%
6,86%
14,70%
8,82%
20,58%
1,96%
13,72%
100%
Après traitement de ces données, l’on a pu déterminer la proportion des innovations
pour chaque domaine et pour chaque région. Les graphiques ci-après en précisent la
répartition.
Graphique 3 : Répartition des Innovations de 2011 par domaine d’activité
Technologie et Art; 44%
Agriculture et protection de la nature; 7%
Santé et Alimentation
; 45%
Elevage; 4%
Source : Rapport National annuel sur l’innovation de l’année 2011, et nos calculs
Par rapport aux régions on a :
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 31 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation Graphique 4 : Répartition des innovations de 2011 par région
Nord‐
ouest; 20%
Répartition des Innovations par Région
Centre, Sud, Est; 30%
Littoral
Ouest; 14%
Nord, Extrême‐
Nord; 16%
Centre, Sud, Est
Sud‐ouest
Sud‐
ouest; 9%
Littoral; 11%
Nord, Extrême‐Nord
Ouest
Source : Rapport National annuel sur l’innovation de l’année 2011, et nos calculs
Ces statistiques ne sauraient en aucun cas épuiser la réalité camerounaise en matière
d’innovation d’autant plus que le ministère n’a pas encore mis en place un outil de collecte
efficace et fiable des innovations à l’échelle nationale. Il n’empêche que s’en dégage la réalité
d’un potentiel innovant peu impactant parce qu’insuffisamment exploité.
v) Insuffisance des compétences en administration d’innovation
Le personnel administratif affecté à la Division de la Promotion et de l’Appui à
l’Innovation (DPAI), n’a véritablement pas des compétences en administration de
l’innovation. Ce qui constitue un gros handicap pour l’élaboration et la mise en œuvre des
politiques d’innovation. Des mesures sont déjà prises pour que les cadres de la DPAI suivent
des formations auprès des institutions et organisations offrant ce type d’enseignement. .
II.2. Analyse de la mise en œuvre de l’innovation au Cameroun
Analyse SWOT
L’analyse choisie pour mieux ressortir les enjeux de la mise en œuvre de l’innovation au
Cameroun est l’analyse SWOT qui consiste à donner les Forces/Faiblesses,
Opportunités/Menaces (FFOM) de l’innovation au Cameroun.
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 32 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation Tableau 5 : Diagnostic de la mise en œuvre de l’innovation au Cameroun
Environnements
Interne
Effets sur l’atteinte des objectifs de
Effets sur l’atteinte des objectifs de
développement de l’innovation :
développement de l’innovation : Négatifs
Positifs
Forces:
Faiblesses:
- Fort potentiel d’innovation ;
- Chercheurs compétents dans tous
les domaines de la science et de la
technologie ;
-Importantes
innovations
disponibles et exploitables ;
-Population réceptive et favorable
aux nouveaux produits ;
- Personnel administratif dévoué à
la tâche ;
- Environnement Institutionnel en
cours d’implémentation ;
-Des infrastructures relativement
appropriées.
‐ Absence d’une politique nationale
d’innovation;
‐ Absence d’une loi d’orientation de la
recherche scientifique et de l’innovation
au Cameroun ;
‐ Absence d’une stratégie de promotion
et d’appui à l’innovation ;
‐ Faible financement de l’innovation;
‐ Faible vulgarisation des résultats de la
recherche et des innovations ;
‐ Faible taux d’accès aux innovations ;
‐ Insuffisance de compétences en
administration de l’innovation ;
‐ Faible implication de la DPAI dans
l’exécution des projets d’innovation ;
‐ Manque de coordination entre les
acteurs de l’innovation;
‐ Défaut de compétences camerounaises
dans les domaines de pointe ;
‐ Non concrétisation de la prise en
compte de l’innovation dans la
programmation du développement du
Cameroun ;
‐ Absence d’un encadrement des
innovateurs ;
‐ Faible transfert des résultats de la
recherche vers les entreprises ;
‐ Déficit d’innovation collaborative ;
‐ Faible maillage territorial des pôles de
compétitivité ;
‐ Absence de la structuration de la
gestion de l’innovation dans les
instituts ;
‐ Absence de critères de détection des
résultats innovants de la recherche ;
‐ Absence de moyens de consolidation de
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 33 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation la propriété intellectuelle.
Externe
Opportunités:
‐ La politique de développement
actuelle du Cameroun repose sur
l’amélioration de l’offre et de
l’accès au plus grand nombre de
produits ;
‐ La création de tout un Ministère
en charge de la recherche
scientifique et de l’innovation ;
‐ Révision du DSCE. Dans cette
révision, il est prévu la prise en
compte de l’innovation comme
outil de compétitivité des
entreprises et de l’économie en
général ;
‐ APE Cameroun-UE. Cet APE va
contraindre le pays à innover pour
mieux faire face à la concurrence
internationale ;
‐ Un personnel administratif
essentiellement jeune et dévoué ;
‐ Un engouement significatif de
tous les partenaires sectoriels en
faveur des pôles de compétitivité.
Menaces:
- L’innovation comme simple mode et
non un sujet véritablement politique ;
- La non prise en compte par les
pouvoirs publics des mesures
préconisées par les observateurs et les
décideurs ;
- APE Cameroun-UE. La signature de
cet accord avant l’implémentation
d’une culture de l’innovation pourrait
plomber la croissance du fait de la
faible compétitivité actuelle des
entreprises camerounaises ;
- L’absence de ressources pour accroitre
le financement de l’innovation ;
- Mauvaise exécution des projets
d’innovation ;
- Intérêts égoïstes de certains acteurs ;
- Les résistances au changement d’une
bonne partie de responsables du
MINRESI sceptiques à l’innovation ;
- Le manque de motivation des
chercheurs.
En définitive, au vu de cette présentation de la pratique de l’innovation au Cameroun,
l’on pourrait sans risque de se tromper dire que son impact sur la croissance et l’amélioration
des conditions de vie des populations est très peu perceptible. Pourtant cette innovation est
attendue sur le champ de la compétitivité de notre économie qui a du mal à se mettre sur le
chemin de l’expansion. D’où toute la « batterie » de mesures de politique économique
entreprises depuis 2010 avec la mise en œuvre du DSCE pour relancer la croissance et créer
de milliers d’emplois. Face à ce défi, quel peut être l’apport de l’innovation ?, En quoi
l’innovation est un facteur de compétitivité ?, Que peut donc l’innovation pour améliorer la
productivité et la compétitivité des entreprises camerounaises ?
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 34 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation CHAPITRE III : INNOVATION COMME FACTEUR DE
COMPETITIVITE DES ENTREPRISES AU CAMEROUN
I. EN QUOI L’INNOVATION PEUT-ELLE ETRE UN FACTEUR DE
COMPETITIVITEDES ENTREPRISES AU CAMEROUN ?
Dans une économie de marché, les entreprises font permanemment face à la
concurrence. Elles cherchent donc à améliorer leur capacité à y faire face, c’est-à-dire leur
compétitivité. On distingue habituellement la « compétitivité prix », qui découle de la capacité
à vendre moins cher que la concurrence, et la « compétitivité hors prix », encore appelée
« compétitivité produit » ou « structurelle », qui résulte de la réputation ou de la qualité
particulière des produits. Le problème se pose également à l’échelle des Etats, car les
entreprises d’un territoire peuvent être plus ou moins compétitives par rapport à celles des
autres pays, selon l’environnement juridique, matériel et social qui contribuent à leur créer les
décisions de politique gouvernementale.
En Afrique en général, les Etats n’ont véritablement pas encore développé
l’innovation. Au Cameroun par exemple, plusieurs initiatives sont mises en place par les
pouvoirs publics dans le but d’améliorer la compétitivité de l’économie camerounaise.
Pourtant en France en Europe et dans les pays émergents, les pouvoirs publics affichent leur
ferme volonté de favoriser l’innovation afin d’améliorer la compétitivité de leurs entreprises.
Et les mesures visant à améliorer la compétitivité des entreprises dans ces pays sont d’abord
dirigées vers l’innovation. Le résultat de cette volonté politique est le niveau de
développement de ces Etats. L’innovation permet ainsi d’améliorer la compétitivité-prix et la
compétitivité structurelle.
I.1. L’innovation est un moyen d’améliorer la compétitivité-prix
I.1.a) Les innovations de procédés permettent de réduire les coûts grâce aux gains de
productivité
La mise en œuvre de nouvelles techniques de production, grâce à l’utilisation de
machines nouvelles ou de nouveaux équipements, permet en général aux entreprises
d’accroître leur productivité, c’est-à-dire le rapport entre les quantités produites et les
quantités de travail ou de capital utilisées. Chaque unité produite revient ainsi moins cher à
réaliser, ce qui permet de la vendre à un prix inférieur tout en continuant à faire des bénéfices.
D’où une meilleure compétitivité-prix.
Ce raisonnement peut être illustré par le classement du WEF 2013 des cinq premiers
pays les plus compétitifs, à savoir : la Suisse, Singapour, la Finlande, l'Allemagne et les EtatsUnis. En Afrique, l’île Maurice, l’Afrique du Sud, le Rwanda, le Botswana et le Maroc sont
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 35 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation les cinq premiers. Le Cameroun occupe la seizième place. Les Etats-Unis sont le pays où la
productivité par salarié est la plus forte. Et cette productivité remarquable peut elle-même
s’interpréter comme la conséquence d’un haut degré d’innovation: le nombre de brevets
déposés par rapport au nombre d’habitants est près de 40% plus élevé aux Etats-Unis qu’en
France, et près du double en Suède et en Suisse. Au Cameroun, en 40 ans (1964-2004), le
Cameroun n’a pu déposer que 126 demandes de brevets à l’Organisation Africaine de la
Propriété Intellectuelle (OAPI). Cela démontre à suffisance de la faible activité de recherche
et d’innovation menée par le pays et qui se traduit malheureusement par ses faibles
performances économiques.
I.1.b) les innovations organisationnelles contribuent aussi à faire baisser les prix
L’augmentation de la productivité, favorable à la compétitivité-prix, peut également
résulter d’innovations dans l’organisation du travail. Ainsi le taylorisme30, grâce à la division
verticale et horizontale du travail, a permis de quadrupler la production des entreprises
concernées à la fin du XIXème siècle, tout en divisant le nombre d'ouvriers par quatre. Puis le
fordisme31, au début du XXème siècle, a permis d’augmenter encore la productivité et de faire
ainsi baisser davantage les prix, grâce au convoyage automatique des produits en cours
d’élaboration entre les postes de travail. Entre 1910 et 1925, le prix d’une automobile Ford a
été divisé presque par 10. Le toyotisme32, qui s’est développé à partir des années 60 au Japon
et s’est ensuite répandu sur toute la planète, a visé les mêmes objectifs de hausse de la
productivité et donc d’augmentation de la compétitivité-prix, à un moment où le modèle
taylorien-fordien commençait à atteindre ses limites partout dans le monde. Cette méthode
d’organisation du travail imaginée par Taichi Ohno33 cherche à favoriser la réactivité de
l'entreprise, afin de diminuer les coûts liés aux stocks et aux incertitudes sur l’évolution de
l’environnement. Cela conduit à mettre l’accent, notamment, sur la polyvalence et l’esprit
d’initiative des salariés.
Au Cameroun, des innovations organisationnelles observées au niveau de certaines de
nos administrations en l’occurrence le service des impôts, des douanes et certaines grandes
sociétés leur ont permis d’augmenter leur productivité et d’avoir un avantage concurrentiel.
30
Méthode de travail dans l'industrie mise au point par Frederick Winslow Taylor (1856-1915). Elle consiste en
une organisation rationnelle dutravail qui est divisé en tâches élémentaires, simples et répétitives, confiées à des
travailleursspécialisés. L'objectif du taylorisme est d'obtenir la meilleure productivité possible des agents au
travail et une moindre fatigue.
31
Le Fordisme, modèle d’organisation que l’on doit à Henry Ford, est basé sur une production standardisée de
masse. La réussite du modèle Ford est liée aux deux ingrédients symboliques, la Ford T et l’usine de River
Rouge qui l’a produite. C’est dans cette usine que les matières premières se présentaient sur la ligne
d’assemblage pour ressortir en voitures achevées à l’autre extrémité.
32
Le toyotismedésigne une organisation du travail élaborée dans les années 1960 par l'ingénieur japonais Taiichi
Ono et mise en place au sein de l'entreprise Toyota. Le toyotisme se veut d'abord une amélioration du taylorisme
et du fordisme considérés comme insuffisants pour assurer une adaptation rapide des entreprises aux marchés. Il
est basé sur une plus grande responsabilisation des travailleurs qui voient leurs tâches enrichies, qui deviennent
polyvalentset qui doivent s'impliquer dans leur équipe. Leurs avis sont pris en considération ; ils participent au
diagnostic des problèmes et à leur résolution.
33
Ingénieur allergique aux idées reçues, Taiichi Ohno a mis en place chez Toyota un modèle organisationnel
novateur. Fondé sur le juste-à-temps et sur de nouvelles règles de management, celui-ci a peu à voir avec le
taylorisme et le fordisme.
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 36 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation L’utilisation optimale des TIC par ces organisations34 leur a permis de moderniser leur service
et d’accroitre la qualité de leur produit. Cette avancée induit un accroissement des
consommateurs du produit et une assurance du client.
I.2. L’innovation est aussi un facteur de compétitivité structurelle
I.2.a) Les innovations de produits améliorent la compétitivité hors prix
I.2.b) La compétitivité structurelle bénéficie aussi des innovations de procédés ou
organisationnelles
Les innovations de produits correspondent à la mise sur le marché soit de produits
complètements nouveaux (« innovations radicales »), soit de produits nettement améliorés par
rapport aux versions précédentes ou vis-à-vis de la concurrence (« innovations incrémentales
»)35. Dans un cas comme dans l’autre, les entreprises concernées peuvent parvenir à une
situation de quasi-monopole, car elles se retrouvent seules ou presque à vendre un produit
avec des caractéristiques très particulières. Le fait qu’elles puissent par conséquent fixer leur
prix presque sans contraintes, conduit à évoquer à leur propos une « compétitivité hors-prix
». Bon nombre d’entreprises fondent ainsi leur stratégie sur la différenciation des produits,
dans le but de gagner en compétitivité structurelle ce qu’elles ne pourraient pas gagner en
compétitivité prix. Il peut suffire par exemple de présenter une version du produit plus
respectueuse de l’environnement. Dans certains domaines d’activité, en particulier dans le cas
des produits de haute technologie, pour lesquels les connaissances applicables évoluent
rapidement, cette compétitivité produit est plus déterminante que la compétitivité prix.
L’innovation est alors une question de survie, comme certaines firmes informatiques en ont
fait l’amère expérience (IBM...).
Les innovations de procédé permettent aussi de gagner en compétitivité structurelle
lorsqu’elles améliorent la qualité des produits. Ainsi, la performance des microprocesseurs, en
termes de rapidité de calcul, de consommation électrique, et de diffusion de chaleur, dépend
notamment de la finesse de gravure de leurs circuits imprimés. Par conséquent dans la
compétition entre Intel36 et AMD37 sur le marché des microprocesseurs, la capacité d’Intel à
34
L'organisation est une structure suivant une logique propre pour atteindre un but précis. On parle alors de la
société dans sa globalité ou de l'organisation d'une partie de l'effectif de la société visant la résolution d'un
problème ou l'accomplissement d'une tâche.
35
une innovation qui ne modifie pas profondément les modalités de fonctionnement existant au moment de son
apparition. Elle ne remplace pas la technologie dominante, et n’a d’ailleurs généralement pas été conçue pour
cela. Si elle apporte une amélioration pour que l’on puisse parler d’innovation, celle-ci est souvent graduelle. «
Dans le cas d’une innovation incrémentale, il s’agit généralement d’une petite amélioration technique ou
organisationnelle, voire d’une adaptation du modèle économique.
36
Integrated ELectronics. Fondeur de puces électroniques, et plus particulièrement de processeurs centraux, en
plus des Chipsets et des coprocesseurs. Ses puces les plus connues sont la série des i80x86, le Pentium et le
Pentium Pro. Intel a été fondé en 1968 par Bob Noyce et Gordon Moore.
37
Advandced Micro Device. Fondeur de puces, en particulier de clones des processeurs d'Intel. AMD est entré en
fanfare dans le monde des producteurs de puces, en surprenant Intel avec un 386DX40 plus puissant et moins
cher que les puces du concurrent. AMD a aussi été la première société à commercialiser un processeur de un
GHz.
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 37 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation fabriquer des circuits avec une finesse de gravure de 45 nanomètres au début de l’année 2008,
plusieurs mois avant son concurrent, a représenté une innovation de procédé très favorable à
sa compétitivité hors-prix.
En matière de qualité, l’organisation du travail est également un facteur important.
Pour cette raison, les innovations organisationnelles peuvent largement contribuer à la
compétitivité hors prix d’une entreprise. La responsabilisation des salariés est un des principes
importants du modèle toyotiste d’organisation de la production, qui prône le « zéro défaut ».
Et il ne fait guère de doute que la réputation de qualité et de fiabilité des véhicules d’un
constructeur automobile, par exemple, peut lui permettre de bien vendre ses produits malgré
des prix plus élevés que ceux de la concurrence…
II.
ANALYSE DE LA RELATION ENTRE L’INNOVATION ET LA
COMPETITIVITE DES ENTREPRISES
II.1. Analyse comparative des modèles de compétitivité par l’innovation
II.1.a) Cas des pays de l’OCDE
La compétitivité d'une nation est un thème récurrent du débat de politique
économique. En tant que mesure de l'insertion des entreprises d'un pays dans le commerce
international, c'est évidemment un indicateur clé et un instrument de croissance des nations.
Dans l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE),
l’innovation occupe une place de choix. Elle est d’après Angel Gurria38, la principale source
de croissance des pays membres de l’OCDE. Cela est d’autant plus vrai que dans le
classement mondial des pays les plus innovants, les pays membres de l’OCDE se taillent la
part belle. Les dix premiers du classement sont la Suisse (inchangé depuis trois ans), la Suède
(inchangé), le Royaume Uni (qui progresse de 2 places par rapport à 2012), les Pays Bas
(progressent de 2 places) et les Etats Unis (progressent de 5 places), la Finlande, Hong-Kong
(Chine), Singapour, Danemark, et l’Irlande39. Le Cameroun dans ce classement occupe le
125e rang sur 142 pays en compétition. Cela démontre à suffisance son faible niveau
développement de l’innovation.
Le niveau de développement de l’innovation des pays membres de l’OCDE qui
occupent les dix premières places de l’Indice Global de l’Innovation 2013, leur permet d’être
hissé aux rangs des pays les plus compétitifs. Dans le classement 2013 du WEF, les dix
premières places sont occupées par : la Suisse, Singapour, Finlande, Allemagne, Etats-Unis,
Suède, Hong-Kong, les Pays-Bas, le Japon et le Royaume Uni. Seul le Japon qui occupe la
22e place dans l’indice global de l’innovation 2013, se retrouve parmi les dix premiers pays
les plus compétitifs du monde. Tout compte fait, le lien de causalité entre le développement
de l’innovation et la compétitivité d’un pays est établi. De plus, en explorant le rapport du
Doing Business 2013, c’est quasiment les mêmes pays innovants qui occupent pratiquement
38
Allocution d’ouverture de M. Angel Gurría, Secrétaire Général de l’OCDE, prononcée au Forum économique
international des Amériques le 8 juin 2009 à Montréal, Canada.
39
The Global innovation index 2013
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 38 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation les premiers rangs : Singapour, Hong-Kong, Nouvelle Zélande, Etats Unis, Danemark,
Norvège, Royaume Unis, République de Corée, Géorgie, Australie, Finlande, Malaisie,
Suède, Islande, Irlande, …
Pour ces classements du WEF 2013 et du Doing Business 2013, si l’on fait une
parallèle avec le Cameroun, on constate que son rang de 115e sur 148 pour le WEF et de 161e
sur 185 pour le Doing Business, justifient clairement les difficultés qu’éprouve actuellement
le pays à relancer son économie. Le pays a du mal à mettre en place un climat des affaires
favorable au développement des entreprises. Cette faiblesse du tissu économique s’agrandit
d’années en années du fait de l’absence d’une politique ambitieuse de l’innovation.
Dans certains pays de l’OCDE tels que les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne et la
France, le rôle de l’innovation est fondamental dans la mesure où, le résidu qui représente en
quelque sorte l’innovation (progrès technique) est le facteur qui contribue le plus à la
croissance économique. Le tableau ci-après donne les différentes contributions à la croissance
des facteurs de production dans ces quatre pays.
Tableau 6 : Contribution à la croissance des facteurs de production aux Etats-Unis, au Japon,
en Allemagne et en France.(Taux de croissance annuels sur la période en %)
Etats‐Unis Japon 1960‐ 1973‐ 1990‐ 1960‐
1973 1990 2025 1973 Facteur Travail Facteur Capital PIB Résidu (Innovation) Allemagne 1973‐
1990 1990‐
2025 1960‐
1973 France 1973‐ 1990‐ 1960‐ 1973‐
1990 2025 1973 1990 1990‐
2025 1,0 1,0 0,2 0,4
0,3
‐0,2
0,0
‐0,3
‐0,5 0,3 ‐0,4
0,0
1,1 1,1 1,4 3,5
2,0
1,9
1,9
1,1
0,9 1,6 1,1
0,4
3,8 2,5 2,0 9,5
4,0
3,4
4,3
2,2
1,8 5,9 2,4
2,1
1,7 0,4 0,4 5,6
1,7
1,7
2,4
1,4
1,4 4 1,7
1,7
Source : Virginie COUDERT, « Croissance et démographie dans les pays industrialisés », Economie prospective
internationale, 4e trimestre, 1992.
Au regard de tableau ci-dessus, il apparait que sur la période 1960-2025, la croissance
de tous ces pays est portée par l’innovation. Pour chaque sous-période, la contribution de
l’innovation à la croissance est la somme de la contribution des facteurs travail et capital,
parfois plus. On peut donc comprendre pourquoi la majorité des pays de l’OCDE consacrent
une part importante de leurs revenus au financement de l’innovation. L’innovation est le
levier de leurs économies. Le tableau suivant montre le niveau de dépenses liées à
l’innovation faites par dix pays membres de l’OCDE. Ces dépenses sont beaucoup plus
extensives que les seules dépenses de Recherche et Développement (R&D).
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 39 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation Tableau 7:Part des diverses dépenses dans le total des dépenses d’innovation.
Allemag
part de Italie ne Belgique Royaume‐
Uni Pays‐ Danem
Bas ark Norvège Irlande Espagne Portugal R&D 32,9 27,1
44,7 32,6
45,6
40,1
32,8
22,2 36,4 22,9
Brevets et licences 6,0 3,4
1,5 2,7
6,1
5,3
4,2
4,3 8,0 4,1
31,9 27,8
11,3 28,4
7,6
15,8
14,2
5,3 6,1
6,6 8,9
19,8
8,2
5,5
38,5 8,8 5,4
29,2
21,2 15,9
20,2
9,0
17,6
20,4 6,3 16,8
Design Analyse du marché Autres dépenses 22 24,5
Source : OCDE, 1997 : an empirical comparison of National Innovation Systems, P 15.
A la lumière de ce tableau, on constate que les dépenses de Recherche et
Développement sont pratiquement les plus importantes. Ce niveau de financement de
l’innovation par ces pays se traduit par le niveau de développement et de compétitivité de ces
économies.
Au regard de ce qui précède et à la lumière des exemples des pays membres de
l’OCDE, l’on pourrait dire que la relation de causalité entre le niveau de développement
de l’innovation et la compétitivité d’une économie nous permet de conclure qu’une
entreprise qui n’innove pas a une faible compétitivité (hypothèse 1 vérifiée). L’innovation
est donc comme une « poudre magique » capable de transformer nos villes et nos campagnes
en des lieux attrayants, où il fait bon vivre. La garantie d’une croissance forte et soutenue
réside en la capacité d’un Etat à innover.
II.1.b) Cas des pays émergents et des pays en voie de développement
D’années en années, les performances économiques engrangées par les pays innovants
ont fini par persuader beaucoup de gouvernements à se tourner vers le développement de
l’innovation. A ce sujet, une nouvelle classe de pays dits Nouveaux Pays Industrialisés et
Pays Emergents est née. Ces pays sont pour la plus part des pays d’Asie, d’Amérique du
Nord, de l’Europe de l’Est… Par définition, un pays émergent est un pays en développement
qui, dans le cadre d’une mutation vers une économie ouverte, a amorcé une croissance forte
du PIB par tête et une dynamique d’exportation de produits manufacturés40.
Une course à la compétitivité par l’innovation est engagée dans le monde. La France,
5e puissance économique mondiale, ne ressort que 23e dans le classement du World
Economic Forum (WEF) sur la compétitivité 2013 et 20e au titre de l’innovation. Les pays
émergents, qui captent depuis quelques temps près de deux tiers de la croissance mondiale,
ont intégré les enjeux de la croissance par l’immatériel : les BRICS (Brésil, Russie, Inde,
40
Alain BEITONE, Antoine CAZORLA, Christine DOLLO, Anne-Mary DRAI ; Dictionnaire de science
économique, 3e édition revue et augmentée
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 40 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation Chine, Afrique du Sud) enregistrent la plus forte corrélation entre l’investissement immatériel
et le PIB. La Chine est devenue en 2011 le premier pays dépositaire de brevets d’invention
dans le monde, passant du « Made in China » au « Designed in China »41.
Le rapport 2013 du classement des pays les plus innovants du monde souligne les
progrès d'un groupe de pays dynamiques à faibles et moyens revenus, comprenant notamment
la Chine, le Costa Rica, l'Inde et le Sénégal. Ces pays occupent respectivement la 35e, 39e, 66e
et la 96e places. Les dix premiers pays les plus innovants d’Afrique sont donc : l’Afrique du
Sud (58e), la Tunisie (70e), l’Ouganda (89e), le Botswana (91e), le Maroc (92e), le Ghana
(94e), le Sénégal (96e), le Kenya (99e), le Cap Vert (103e), le Swaziland (104e)42. Lorsqu’on
observe maintenant le classement africain des pays les plus compétitifs pour l’année 2013, on
constate aussi que ce sont presque les mêmes Etats qui occupent les premières places, à
l’exception de quelques un qui ont reculé de deux ou trois places au trop. On a donc comme
dix premiers Etats africains les plus compétitifs : l’Ile Maurice (45e), l’Afrique du Sud (53e),
le Rwanda (66e), le Botswana (74e), le Maroc (77e), les Seychelles (80e), la Tunisie (83e), la
Namibie (90e), la Zambie (93e) et le Kenya (96e)43. Tout compte fait, les pays les plus
innovants du monde sont aussi les pays les plus compétitifs.
La Chine et l’Inde grâce à l’innovation sont entrées dans la cour des grands pays
producteurs des produits à haute valeur ajouté à l’exemple des produits manufacturiers. Entre
1997 et 2007, les dépenses en recherche développement de certains grands tel que la Chine,
l’Inde, l’Allemagne, le Japon, la Corée, et les Etats-Unis, ont fait accroitre de manière
exponentielle, la productivité industrielle dans ces différents pays.
Tableau 8: R&D Expenditure and Productivity across Countries China India
Total expenditure on R&D 1997 (% of GDP)
Total expenditure on R&D 2007 (% of GDP)
Business expenditure on R&D 1997 (% of GDP)
Business expenditure on R&D 2007 (% of GDP)
Business expenditure on R&D 1997 (USD Billion)
Business expenditure on R&D 2007 (USD Billion)
GDP per capita 1997 (USD) GDP per capita 2007 (USD) Productivity in industry 2000 (PPP, USD)
Productivity in industry 2008 (PPP, USD)
0,64
1,44
Germany Japan Korea USA
0,7
0,83
2,24
2,53 2,87
3,44 0,3 0,16
1,04 2,83 0,67
35,25 771
437
2560
965
8512 6349
18196 9656
1,51 1,77 32,75 58,91 26445 40430 57902 84601 2,07 2,68 88,08 117,5 33776 34262 52086 70709 2,48
3,21
2,56
2,65
1,8
1,87
2,45
1,91
9,3 155,41
25,68 269,27
11237 31038
21655 46680
35106 69507
64169 120118
Source: IMD, World Competitiveness Yearbook, online database.
41
Gouvernance de l’innovation : Quels enjeux de compétitivité ?, par Marie-Ange ANDRIEUX et Dominique
FERNANDEZ POISSON, ECHANGES Juillet-Août 2012, pp 30-32
42
The global innovation index 2013
43
The global competitiveness report 2013-2014
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 41 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation Les dépenses totales en recherche-développement dans ces pays par rapport à l’année
1997, ont considérablement augmenté dix ans après. On note aussi que dans les entreprises,
ces dépenses en R&D ont augmenté. Ce financement de la R&D s’est traduit par
l’augmentation plus que proportionnelle de la productivité industrielle. Ce qui a permis à ces
pays de consolider leur position de leader mondial en matière de compétitivité.
II.2. Analyse de la relation entre l’innovation et la compétitivité des entreprises
camerounaises et recommandations
II.2.a) Cas de la pratique de l’innovation par les entreprises camerounaises
La pratique de l’innovation par les entreprises camerounaises n’est pas encore
développée, du fait non seulement de la faible culture de l’innovation au Cameroun, mais
aussi du fait des coûts élevés des activités de recherche-développement. D’après les résultats
du recensement général des entreprises (RGE 2009), sur les 93 969 entreprises recensées au
Cameroun, 75% sont des Très Petites Entreprises (TPE), 19% des Petites Entreprises (PE),
5% des Moyennes Entreprises (ME), et 1% des Grandes Entreprises (GE)44. Lorsqu’on sait
que la pratique des activités de recherche-développement au sein d’une entreprise est fonction
de la taille de cette dernière et qu’au Cameroun 1% des entreprises sont dans la classe des
Grandes Entreprises, on peut comprendre aisément que la faible pratique de l’innovation par
les entreprises est due à la taille très petite des entreprises et donc ne disposent pas de moyens
pour mener de telles activités.
Une enquête menée dans le cadre du financement des entreprises innovantes au
Cameroun en 2013 et qui portait sur un échantillon de 30 entreprises a permis d’expliquer en
quelque sorte les contraintes du financement des entreprises innovantes au Cameroun. Le
tableau suivant donne les caractéristiques spécifiques de l’échantillon collecté.
44
INS, Recensement Général des Entreprises (RGE 2009)
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 42 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation Tableau9: les caractéristiques spécifiques de l’échantillon
Effectifs
1
Fréquences (%)
3
SAU
2
7
SARL
10
33
SARLU
6
20
Entreprise
11
37
Total
30
100
Très petite
1
3
Petite
7
23
Moyenne
22
74
Grande
0
0
Total
30
100
Industries
3
10
Agriculture
3
10
commerce
8
27
service
5
16
Agroalimentaires
11
37
Autres
0
0
Total
30
100
SA
Forme juridique de
l’entreprise
individuelle
Taille de l’entreprise
Branche d’activité
Source : Financement des entreprises innovantes au Cameroun, 2013 Il ressort du tableau que les entreprises enquêtées sont pour la plus part des entreprises
individuelles (37%), qu’elles font pour la plus part partie de la branche agroalimentaire
(37%) et sont en générale des entreprises de taille moyenne (74%).
 Les caractéristiques spécifiques des projets innovants des entreprises d’après
l’enquête.
Contenu innovant
 Innovation de biens/services
Entre 2009 et 2013, près de la moitié des entreprises enquêtées ont incorporé
une nouveauté dans un produit existant, le contenu innovant qui est l’une des caractéristiques
des projets innovants est faible. Conséquence, le nombre d’entreprises ayant amélioré un
produit déjà existant est important. Au cours de cette période, ce sont au total 27 biens ou
services nouveaux qui ont été introduits sur le marché soit une moyenne de deux
biens/services par entreprise. Il est important de mentionner que ces innovations sont à plus de
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 43 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation 33% le fait de l’entreprise elle-même. Ici, pas besoin d’acheter une licence ou d’utiliser les
résultats des centres de recherche.
Graphique 5: les sources de l'innovation des produits/biens
Source : Financement des entreprises innovantes au Cameroun, 2013
 Innovation de procédés et d’organisation
Entre 2009 et 2013, le secteur informatique a été le plus touché par le
changement, avec plus de 56% d’entreprises qui ont innové dans ce domaine. Les activités de
maintenance sont celles pour lesquelles les entreprises innovent plus. Seulement le quart des
entreprises enquêtées ont innové dans ce domaine entre 2009 et 2013.
 Innovation de procédés et d’organisation
Graphique 6: les sources de l’innovation des procédés et d’organisation
Source : Financement des entreprises innovantes au Cameroun, 2013
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 44 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation Tout comme les innovations de biens et services, les innovations de procédés et
d’organisation sont dues à près de 34% aux seules entreprises. Les CR&D (privés ou publics)
pris isolement sont faiblement à l’origine d’une innovation de procédés/organisation.
 Les sources de financement favorables
projets innovants
aux chefs d’entreprises détenant des
Tableau10: les principales sources de financement des entreprises innovantes
Mode de financement
Autofinancement
Business angels
Banque
Société de capital risque
Aide publique
Entreprises favorables
5
0
9
0
16
Source : Financement des entreprises innovantes au Cameroun, 2013
Plus de la moitié des chefs d’entreprise interrogés pense que l’aide publique est le
mode de financement le plus adapté pour leurs projets innovants. L’autofinancement apparait
comme un dernier recours puisque seulement 5 chefs d’entreprise (soit 16% des interrogés)
lui sont favorables. Ceci s’expliquerait soit par le fait qu’à priori personne n’aimerait toucher
à ses fonds propres pour financer un projet dont la rentabilité n’est pas garantie, soit parce que
l’innovation coûte chère et donc une subvention de l’Etat serait la bienvenue. Les Business
angels45 et les Sociétés de capital-risque46 ne font pas partie des modes de financement des
patrons camerounais.
45
On appelle "business angels" des particuliers qui investissent dans des sociétés innovantes. Ces investisseurs
privés, souvent issus du monde des affaires, financent des projets à fort potentiel dans la perspective d’une
revente très lucrative de leur participation. En plus de son soutien financier, le business angel accompagne
l'entrepreneur et lui fait profiter gratuitement de ses compétences, de son expérience, de ses réseaux relationnels
et d’une partie de son temps.
46
Le capital risque (venture capital ou VC) est une prise de participation par un ou des
investisseurs, généralement minoritaire, au capital de sociétés non cotées. L'objectif de l'investisseur est de
participer financièrement au développement d'entreprises innovantes à fort potentiel de croissance et de réaliser
une plus-value substantielle lors de la cession de ses titres.
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 45 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation Graphique 7: les sources de financement choisies des entreprises innovantes
Source : Financement des entreprises innovantes au Cameroun, 2013
 Les modes de financement utilisés entre 2009 et 2013 par les entreprises pour
financer leurs projets
Il est aussi intéressant de voir vers quels modes de financement les entreprises
innovantes se sont tournées entre 2009 et 2013. Car, on peut à partir de là confirmer ou
infirmer si les caractéristiques des projets innovants influencent leur accessibilité au
financement externe.
Graphique 8:modes de financement utilisés par les entreprises pendant la période 2009-2013
% d'entreprises par mode de financement
20%
3%
77%
Autofinancement
Banque
Aide publique
Source :Financement des entreprises innovantes au Cameroun, 2013. Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 46 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation Bien que la moitié des chefs d’entreprises souhaitent être financés par l’Etat, très peu
obtiennent cette aide. En effet, une seule entreprise de notre échantillon a eu accès à l’aide
publique pour financer ses projets innovants ces dix dernières années, soit seulement 3% des
entreprises enquêtées. Le mode de financement le plus utilisé demeure l’autofinancement à
hauteur de 77%. C’est dire que les entreprises rencontrent de réelles difficultés d’accès au
crédit, puisque l’autofinancement est le dernier recours de ces entreprises. Il faut donc à ce
titre que l’Etat prenne ses responsabilités en mettant une politique et des moyens visant à
encourager et soutenir la création et le développement des entreprises innovantes au
Cameroun.
Si mener soi même des activités de recherche-développement est coûteux pour les
entreprises camerounaises, on pourrait explorer une autre possibilité, celle d’exploiter les
résultats de recherche menés par les chercheurs camerounais qui à ce jour ont déjà mis en
œuvre plusieurs innovations qui pourraient de manière significative améliorer la compétitivité
de ces entreprises. D’après toujours le Recensement Général des Entreprises (RGE 2009),
malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics pour vulgariser les résultats de la
recherche, il ressort que seulement 11% des chefs d’entreprises en font usage. Toutefois,
l’agriculture est le secteur qui vient en tête avec 76% des entreprises qui utilisent les résultats
de la recherche. Suivent l’extraction avec 30%, l’élevage avec 29%, l’électricité, gaz et eau
avec 21% et les industries alimentaires avec 17%. On voit bien là que ni la pratique de
l’innovation au sein de l’entreprise ou alors l’exploitation des innovations des chercheurs, ne
semble véritablement faire partir des habitudes des entrepreneurs camerounais. Il s’en suit
donc une faible productivité et par ricochet la faible compétitivité de ces entreprises qui
mettent en mal l’économie nationale et réduisent de ce fait les chances du pays d’atteindre les
objectifs de croissance.
Pourtant le rapport de l’étude sur la productivité du secteur informel menée par l’INS
en 2009 et qui portait sur 3 635 Unités de production Informelle, démontre à suffisance que la
productivité et la compétitivité des entreprises camerounaises réside dans leur capacité à
utiliser les résultats de la recherche et donc à innover. Les résultats de la deuxième Enquête
sur l’Emploi et le Secteur Informel (EESI 2) menée par l’INS au Cameroun en 2009 montrent
que le facteur travail contribue de 47% dans la production, l’innovation de 31% et le capital
de 22%. Même si l’on note des légères différences, la situation est similaire dans les différents
secteurs ; la productivité globale des facteurs se situe au niveau de 10,5 c’est-à dire que, à
quantité égale de travail et de capital, les Unités de Production Informelle (UPI) qui utilisent
les innovations technologiques ont une production 10,5 fois supérieure. Une analyse par
secteur montre que ce niveau est deux fois plus élevé dans les secteurs du commerce et des
services (environ 20 fois)47. Preuve que la compétitivité d’une entreprise réside dans sa
capacité à innover.
Ces résultats de l’EESI 2 nous permettent de conclure qu’il existe une corrélation
entre la mise en œuvre de l’innovation et la compétitivité d’une entreprise (hypothèse 2
vérifiée). Les entreprises camerounaises, appuyées par l’Etat, doivent donc fournir des efforts
47
EESI 2 2010
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 47 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation pour innover surtout si celles-ci voudraient gagner une part importante dans les échanges
internationaux.
II.2.b) Recommandations
Compte tenu de l’urgence pour le Cameroun de mettre l’innovation au service des
entreprises et du développement économique et social, nos recommandations de politique
économique sont pour le court et le moyen terme.
 Pour le court terme
 La recherche scientifique étant l’affaire des scientifiques et l’innovation celle des
entrepreneurs, il serait urgent pour le Cameroun de mettre l’innovation au service du
développement des entreprises camerounaises et de la compétitivité de l’économie
nationale. Cela doit se matérialiser par la mise en place des partenariats recherche,
universités et entreprises, la mise à la disposition des entreprises et du grand public,
des innovations existantes pour leur exploitation. Ce travail va cependant nécessiter
une forte mobilisation des acteurs pour promouvoir et transférer ces innovations.
 La mise en place au MINRESI d’un Hôtel d’incubation des entreprises innovantes. Cet
Hôtel d’entreprises aura pour vocation de faciliter, d’appuyer et d’accompagner la
création et le développement d’entreprises innovantes au Cameroun. Ainsi, les
porteurs d’idées et de projets d’entreprises trouveront la solution à leur problème. De
même celles des entreprises qui éprouvent des difficultés à fonctionner pourront
recevoir des appuis multiformes sous l’encadrement bien entendu d’un texte législatif.
 Pour le moyen terme
 La mise en œuvre de la stratégie de développement de l’innovation au Cameroun.
Cette stratégie devra changer le visage et les mentalités camerounaises concernant
l’innovation. L’innovation ne devient plus un effet de mode ou expression vulgaire,
mais apparait comme le moteur de compétitivité de l’économie camerounaise.
 La mise en place d’une agence nationale de développement de l’innovation. Cette
agence sera l’instance coordinatrice des activités d’innovation au Cameroun, ceci pour
permettre au pays d’être dans une dynamique de développement de l’innovation, gage
de la prospérité économique.
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 48 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation CONCLUSION
L’exercice auquel nous nous sommes livrés au cours de cette étude, consistait à
montrer comment à travers le développement de l’innovation, le Cameroun pourrait trouver la
solution au problème de la faible compétitivité de ses entreprises.
Pour y arriver, nous avons présenté le cadre théorique et réglementaire de la notion de
compétitivité et celle de l’innovation au Cameroun. De cette présentation, s’est déduit le lien
étroit entre les deux notions. En fait, autant la compétitivité n’est possible sans l’innovation,
autant l’innovation si elle ne conduit pas à la compétitivité ne sert à rien. D’où la nécessité de
mettre l’innovation aux côtés des entreprises camerounaises pour rendre plus compétitive
l’économie nationale.
L’analyse de la relation entre l’innovation et la compétitivité au Cameroun, a permis
grâce à l’étude comparée avec les pays membres de l’OCDE et de ceux dits émergents, d’une
part, et des données collectées dans le cadre de notre étude auprès des entreprises innovantes
camerounaises, d’autre part, de comprendre que la faible pratique de l’innovation par les
entreprises camerounaises, est due au financement élevés des activités de recherchedéveloppement et à la faible vulgarisation des innovations. Il s’agit non seulement pour l’Etat
de prendre les devants à travers un financement conséquent, et une politique d’impulsion du
développement de l’innovation, mais aussi et surtout de susciter une culture nationale de
l’innovation.
Pour ce faire et compte tenu de l’urgence de renforcer la compétitivité des entreprises
camerounaises, les pouvoirs publics devraient mener des actions à court et à moyen terme.
A court terme, il va falloir :
 mettre les innovations existantes au service du développement des
entreprises ;
 mettre en place un hôtel d’incubation des entreprises innovantes.
A moyen terme, il faudra :
 mettre en œuvre la stratégie nationale de développement de l’innovation ;
 mettre en place une agence nationale de développement de l’innovation.
En tout état de cause, le développement de l’innovation s’impose désormais à tous les
Etats et le Cameroun n’est pas en reste. Donc, plus tôt le Cameroun prendra conscience de
cette situation et se résoudra à développer l’innovation, plus tôt aussi les problèmes de
développement du pays seront résolus. Telle est la substance du message qui se dégage de
cette étude.
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 49 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation BIBLIOGRAPHIE :
Décrets et documents stratégiques
-République du Cameroun, « Stratégie Nationale de Développement de l’Innovation », Mai
2014, 24 P ;
- République du Cameroun, « Décret N°2012/393 du 14 Septembre 2012 portant Organisation
du Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation », 58 P;
‐ République du Cameroun, « Cameroun Vision 2035 », 2009, 66P ;
‐ République du Cameroun, « Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi
(DSCE) », 2009, 174 P ;
Ouvrages, articles et rapports
- Alain BEITONE, Antoine CAZORLA, Christine DOLLO, Anne-Mary DRAI ; Dictionnaire
de science économique, 3e édition revue et augmentée, Septembre 2012, 585 P ;
- Cameroon Tribune, 19 Mars 2014 ;
- Deuxième Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel (EESI 2), 2010 ;
- Dominique GUELLEC, « Innovation et compétitivité », INSEE-METHODES, Economica,
1994, 257 P ;
- Dominique GUELLEC, « Economie de l’Innovation », Edition la Découverte, Paris, 1999,
259 P;
-INS, Synthèse du Recensement Général des Entreprises 2009, 8 P ;
- INS, Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises, partie I,
2009, 51 P;
- Jacques MAIRESSE, Pierre MOHNEN, Yanyun ZHAO, Feng ZHEN, “ Globalization,
Innovation and Productivity in Manufacturing Firms: A Study of Four Sectors of China”, June
2012, 34 P;
- Jean SUPIZET, « Stratégie de l’entreprise compétitive »,2012 ;
- Joseph SCHUMPETER « Théorie de l’évolution économique », 1926 ;
- JosephSCHUMPETER« Capitalisme, socialisme et démocratie », Petite Bibliothèque Payot,
1974, pp. 119-125 ;
- Marie-Ange ANDRIEUX et Dominique FERNANDEZ POISSON, Echanges Juillet-Août
2012, pp 30-32 ;
-OCDE, 1997: an empirical comparison of National Innovation Systems, P 15;
- OCDE, Manuel d’Oslo, (3e édition, OCDE 2005) ;
‐ OCDE, « Stratégie de l’OCDE pour l’innovation », 2010, 255 P ;
‐ Virginie COUDERT, « Croissance et démographie dans les pays industrialisés », Economie
prospective internationale, 4e trimestre, 1992.
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 50 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation Conférences
- Allocution d’ouverture de M. Angel Gurría, Secrétaire Général de l’OCDE, prononcée au
Forum économique international des Amériques à Montréal, Canada le 8 juin 2009 ;
-Avis du Conseil économique, social et environnemental sur la compétitivité, octobre 2011 ;
- Rapport de l’atelier sur l'évaluation de l'environnement favorable au développement de
l'entreprise durable au Cameroun, tenu le 10 mai 2013 à Douala.
Webographie
-Site Internet de Doing Business, visité le 28 mai 2014 ;
- Site Internet de L’Enabling Trade Index (ETI), visité le 28 mai 2014 ;
- Site Internet de l’Indice IBRAHIM de la Gouvernance en Afrique, visité le 27 mai 2014 ;
- Site internet de Transparency International (TI), visité le 28 mai 2014 ;
- www.nextafrique.com › Economie et Finance ›, visité le 27 mai 2014 ;
-www.cbfcameroun.org ;
- Site Internet du PNUD, visité le 27 mai 2014 ;
- Site Internet Taiwan info, visité le 28 mai 2014 ;
‐ Site internet de l’OCDE consulté le 07avril 2014;
‐ The Global innovation index 2013 ;
‐ www.statistics-cameroon.org (Site internet de l’Institut National de la Statistique) consulté
le 08 mai 2014.
Photo de couverture :
-Site internet « photos des innovations » ;
- Photo des innovations camerounaises, issues du rapport national annuel sur l’innovation de
2011.
Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 51 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE .............................................................................................................................. i RESUME EXECUTIF ............................................................................................................. ii LISTE DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES ............................................ iv INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................ 7 CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET REGLEMENTAIRE DE
LA
COMPETITIVITE ................................................................................................................. 14 I.CADRE THEORIQUE DE LA COMPETITIVITE ....................................................................... 14 I.1. Définition .................................................................................................................... 14 I.2. Evolution du concept et modèle d’une entreprise compétitive ................................... 15 II. LA COMPETITIVITE DANS LES ENTREPRISES CAMEROUNAISES ................................ 18 II.1. Le niveau de compétitivité des entreprises camerounaises ....................................... 18 II.2. Les freins à la compétitivité des entreprises camerounaises .................................... 20 CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX DE LA MISE EN ŒUVRE DE L’INNOVATION
AU CAMEROUN ................................................................................................................... 25 I.CADRE THEORIQUE ................................................................................................................... 25 I.1. Définition de l’innovation ........................................................................................... 25 I.2. Schumpeter et les nouveaux modèles de croissance endogène .................................. 26 II. CADRE DE MISE EN ŒUVRE DE L’INNOVATION AU CAMEROUN ............................... 27 II.1. Diagnostic du cadre de mise en œuvre de l’innovation ............................................ 28 i)Potentiel d’innovation camerounais............................................................................... 28 ii)Faible vulgarisation des innovations ............................................................................ 28 iii)Faible financement de l’innovation au Cameroun ....................................................... 29 iv)Quelques résultats des innovations .............................................................................. 30 v) Insuffisance des compétences en administration d’innovation..................................... 32 II.2. Analyse de la mise en œuvre de l’innovation au Cameroun ..................................... 32 CHAPITRE III : INNOVATION COMME FACTEUR DE COMPETITIVITE DES
ENTREPRISES AU CAMEROUN ...................................................................................... 35 I. EN QUOI L’INNOVATION PEUT-ELLE ETRE UN FACTEUR DE COMPETITIVITEDES
ENTREPRISES AU CAMEROUN ? ................................................................................................ 35 I.1. L’innovation est un moyen d’améliorer la compétitivité-prix .................................... 35 I.1.a) Les innovations de procédés permettent de réduire les coûts grâce aux gains de
productivité ....................................................................................................................... 35 I.1.b) les innovations organisationnelles contribuent aussi à faire baisser les prix ........ 36 Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 52 La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation I.2. L’innovation est aussi un facteur de compétitivité structurelle .................................. 37 I.2.a) Les innovations de produits améliorent la compétitivité hors prix ......................... 37 I.2.b) La compétitivité structurelle bénéficie aussi des innovations de procédés ou
organisationnelles ............................................................................................................. 37 II.ANALYSE DE LA RELATION ENTRE L’INNOVATION ET LA COMPETITIVITE DES
ENTREPRISES ................................................................................................................................. 38 II.1. Analyse comparative des modèles de compétitivité par l’innovation ....................... 38 II.1.a) Cas des pays de l’OCDE........................................................................................ 38 II.1.b) Cas des pays émergents et des pays en voie de développement ............................ 40 II.2. Analyse de la relation entre l’innovation et la compétitivité des entreprises
camerounaises et recommandations ................................................................................. 42 II.2.a) Cas de la pratique de l’innovation par les entreprises camerounaises ................. 42 II.2.b) Recommandations .................................................................................................. 48 CONCLUSION ....................................................................................................................... 49 BIBLIOGRAPHIE : ............................................................................................................... 50 TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 52 Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Page 53 
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