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LAlliance de la Jeunesse Française
Recherche et synthèse par
Jacques Loiseau
30 juin 2016
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1°) Présentation
Depuis la Libération, différents auteurs ont souhaité rendre hommage à l’Alliance de la
Jeunesse Française, un groupe d’irréductibles que l’armistice ne pouvait satisfaire. Ils s’étaient
découverts dès juin 1940 dans la jeunesse bordelaise, alors que la Résistance n’existait pas encore,
mais s’esquissait déjà. Ces filles et ces garçons, dans les tous premiers, se lançant dans l’illégalité,
annonçaient sa naissance dans les esprits, dans les cœurs et, bientôt, dans les actes. Dès juin 1940
apparaissait le nom de l’Alliance de la Jeunesse Française. Elle se cherchait maladroitement, face à
une Gestapo et une Police Spéciale, que l’on disait française, mais dont les responsables, devançant
déjà la Collaboration, apportaient un vigoureux et efficace soutien aux polices allemandes.
L’Alliance de la Jeunesse Français était connue très rapidement par les services allemands.
Son parcours fut court, mais il fut actif, pratiquement étalé, sur une année. C’est alors que, par sa
jeunesse, ses maladresses et la dénonciation, elle tombait entre les mains de l’équipe à Poinsot qui
en venait à bout. Par contre si l’on connaît la grande valeur de l’AJF et de celui qui en fut l’âme,
André Bergez, un gamin de dix-sept ans, on se perd dans les propositions qui nous sont faites :
Alliance de la Jeunesse Française (AJF), groupe Bergez, groupe Auriac-Bergez, mais aussi dans
l’amalgame engendré par la proche similitude du sigle AJF et celui des auberges de Jeunesse, même
si l’on constate la présence d’ajistes parmi les participants. Par ailleurs, certains donnent pour
évidente l’implication de l’Intelligence Service alors que, pour d’autres le débouché était sur le CND
Castille, rattaché au BCRA.
Ce dossier revint d’actualité lorsque l’un des fondateurs de l’AJF se présenta, le 1er juillet
2010, pratiquement soixante-dix ans plus tard, pour apporter les précisions qui faisaient alors
défaut. Soixante dix ans de procrastination, pris dans le tourbillon journalier. Grâce à l’aide que le
docteur Pierre Pascarel voulut ainsi proposer mais aussi par la documentation existant aux
Archives Départementales de la Gironde, nous espérons nous rapprocher de la réalité qui
reconnaîtra, enfin, le talent d’organisateur, la qualité de chef, l’incroyable courage d’un gamin qui
n’avait pas vingt ans : André Bergez.1
1 Patronyme relevé sur acte de naissance
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2° Le témoignage du docteur Pierre Pascarel
Avant de découvrir le témoignage d’un garçon qui, en juin 1940, avait dix-sept ans, il parait
indispensable de rappeler ce qu’était l’environnement dans lequel lui et ses amis devaient
vivre. Outre le désastre militaire constaté et, pour beaucoup, l’attente dans l’inquiétude de
l’occupant vainqueur, l’agglomération bordelaise devenait un lieu difficile à vivre pour sa
population qui était passée de 400.000 habitants, en temps normal, à 1.800.000 par l’afflux
des réfugiés. Les problèmes d’alimentation se présentaient ainsi que des difficultés
d’hébergement. La France, le 15 juin 1940, devenait capitale de la France et, s’ajoutant à la
noria de l’exode, se remarquait l’arrivée du gouvernement et de son personnel. Pour ceux-
on réquisitionnait châteaux et hôtels ; d’autres couchaient dans leur voiture, sur des lits
de fortune… Un tohu-bohu accablant s’imposait sur la ville. Et puis, l’idée d’un armistice,
soulevée à Cangey, le 13 juin, se profilait, se confirmait et s’affirmait le 17 par la voix du
maréchal Pétain. Avec l’armistice c’était l’occupation, c’était le joug du vainqueur. Avant
que de connaître les clauses de la convention d’armistice2, la « Charte de l’occupation »,
proclamée le 20 juin, précisait déjà qu’elles seraient les interdictions imposées à chacun.
L’occupant vainqueur muselait le vaincu ! Le drapeau français disparaissait des façades
officielles laissant la place aux emblèmes nazis. Les libertés individuelles se trouvaient
annulées ; on peut comprendre le désarroi français et de la jeunesse, en particulier, qui ne
retrouvait plus le panache, cette défense de l’honneur que l’on avait voulu leur insuffler par
la présentation d’un film comme « Trois de Saint-Cyr »
Juin 1940 c’est, à la fois, la demande de cessez-le-feu, l’appel de Charles Tillon, l’appel à la
Résistance de Charles de Gaulle, l’armistice et le début de l’occupation ; le 28 juin, le
général von Faber du Faur prenait possession de l’hôtel de commandement de la région
abandonnée par l’état-major.
Le docteur Pierre Pascarel nous confirmait ce désarroi :3
« En juin 1940, nous ne supportions pas la présence des Allemands dans notre pays et dans
notre ville. Nous étions tous très jeunes et tout à fait inconscients. Notre premier acte de
révolte, dont je me souviens, fut de parcourir toute la rue Sainte-Catherine, avec mes
meilleurs amis, en marchant au pas et en hurlant la seule chanson que nous connaissions :
« It’s a long way to tipperary. »
Ils étaient quatre amis :
Roger Blanc né le 07/06/1921 19 ans
Guy Fournié né le le plus jeune des quatre
Georges Loosdregt né le 11/07/1923 17 ans
Pierre Pascarel né le 08/02/1923 17 ans
2 Signée le 22 juin 1940 et applicable le 25 suivant
3 Témoignage du 1° juillet 2010
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