Populations, peuplements et communautés - Croissance et dynamique des populations - Interactions entre populations : compétition interspécifiques, niche écologique, relations prédateurs - proies et hôtes - parasites, approche qualitative du formalisme de Lotka-Volterra, conception évolutive des interactions durables - Notion de peuplement (guildes), succession écologique (peuplements pionniers et climaciques, zonation) Écologie fonctionnelle, écosystèmes - Zonation écologique au niveau de la planète (biomes terrestres et océaniques) - Le sol et ses composants - Flux d'énergie, réseaux et pyramides trophiques, étude d'un écosystème et comparaison avec un agrosystème - Participation des êtres vivants aux cycles de l'eau, du carbone et de l'azote, Biodiversité et biologie de la conservation - Définition et portée du concept de biodiversité. Échelles (génétique, spécifique, écologique) - Dynamique de la biodiversité (maintien, extinction d'origine anthropique) - Biologie de la conservation et gestion durable des populations Un nénuphar, Victoria regia, double de surface tous les 9 jours. Après 3 mois, un seul nénuphar a couvert entièrement la moitié d’une pièce d’eau. Combien faudra-t-il de temps pour couvrir l’autre moitié ? Croissance d’une population N0 = 1 N1 = R.N0 N2 = R.N1 = R.R.N0 = R2.N0 N3 = R.N2 = R.R.R.N0 = R3.N0 N4 = R.N3 = R.R.R.R.N0 = R4.N0 N5 = R.N4 = R.R.R.R.R.N0 = R5.N0 …… c’est une croissance exponentielle 10000 Nt = Rt.N0 5000 Effectif Nt = ert.N0 avec R=er Temps 0 0 5 10 15 20 25 30 N = N 0e rt en posant N0 = 1, on a : ln N = rt ou : en se rappelant que on a : N =e rt d (ln N ) 1 dN = dt N dt 1 dN =r N dt ou : dN = rN dt Cela revient à dire qu’en l’absence de facteur limitant, une population s’accroît de façon exponentielle Croissance d’une population En l’absence de facteur limitant, le taux d’accroissement reste constant par unité de temps Quand )t tend vers 0, R tend vers r. Cela exprime le potentiel biotique d’une espèce, c’est à dire la fécondité maximale dont elle peut faire preuve en l’absence de facteurs limitants. La vitesse d’accroissement des effectifs de la population est donc : ( N − N 0) ∆N = R= N (t − t 0) N∆t dN r= N . dt dN V= = rN dt Remarque : ce taux dN/dt ne possède pas de maximum. dN r= N . dt Soit, en intégrant : Avec t = 0 : peut s ’écrire aussi : dN = rN . dt N = N 0e r ( t − t N = N 0e 0 ) rt Cela revient à dire qu’en l’absence de facteur limitant, une population s’accroît de façon exponentielle Taux d’accroissement, de mortalité, de natalité Si b = taux de natalité et m = taux de mortalité, on a : r =b−m En présence de facteurs limitants, le taux de natalité va diminuer et le taux de mortalité augmenter. La croissance de la population n ’est plus exponentielle, mais tend vers une limite; la courbe est en forme de « S » ou sigmoïde. Cela revient à dire que le rapport dN/dt atteint un maximum au-delà duquel il décroît et tend vers 0 (b = m). L’effectif de la population atteindra un maximum, une valeur asymptotique. C’est l’effectif maximal que peut supporter le milieu considéré = capacité limite du milieu = K Dans le cas d’une croissance en présence de facteurs limitants, le mathématicien Verhulst a proposé en 1938 le formalisme suivant : le taux de croissance R va décroître de façon linéaire en fonction de l’effectif N N R = r (1 − ) K Au début, N # 0, donc R # r A la fin, N # K, donc R # 0 donc : dN N = RN = r (1 − ) N dt K K N= − rt 1 + c. e L’intégration de cette formule donne : où K − N0 c= N0 10000 C’est l’équation de la courbe logistique. 5000 La différence entre la courbe bleue Effectif (exponentielle = pas de facteur limitant) correspond à la résistance du milieu Temps 0 0 5 10 15 20 25 30 Sur une courbe logistique, le taux d’accroissement est maximal pour N = K/2. Dans une population se développant en présence de facteurs limitants, la vitesse maximale d’accroissement des effectifs est atteinte lorsque ces derniers ont une valeur égale à la moitié de la capacité limite du milieu, puis elle décroît et tend à s’annuler au fur et à mesure que l’on s ’approche de K. Entre une croissance exponentielle et une croissance logistique, avec les mêmes valeurs initiales, au départ, les différences sont faibles. L ’écart se creuse progressivement; c’est la résistance du milieu (= 1-N/K) Ce type de croissance est théorique car aucune interaction (intra ou interspécifique) n’est prise en compte. Cela s’observe généralement en conditions expérimentales ou dans quelques cas particuliers, comme la croissance humaine entre la fin du 17° et l’époque actuelle. Quels sont les principaux facteurs (écologiques) contrôlant le développement d’une espèce ? • la disponibilité en habitat • la disponibilité en nourriture Si l’un ou l’autre vient à manquer (habitat ou nourriture), des facteurs physiologiques, biologiques, … interviennent pour limiter la croissance de la population. Il n’y a qu’une exception … ? Relations Interspécifiques Interactions interspécifiques peuvent être caractérisées comme : négatives, c’est à dire qu’il existe des conflits ou positives. Interactions positives Commensalisme, Inquilinisme, Phorésie, Mutualisme, Symbiose Attention : La terminologie employée varie souvent entre les ouvrages et/ou entre les auteurs de langue anglo-saxone et française. Ce qu’il faut retenir c’est l’existence d’une graduation entre les différents niveaux. L’attribution d’une interaction positive à l’un ou à l’autre niveau est parfois délicate ou impossible. Commensalisme : exploitation non parasitaire d’une espèce vivante par une autre espèce. - colonies d’insectes sociaux : de nombreuses espèces commensales vivent souvent des résidus de la nourriture de ces derniers (nids de guêpes avec des larves de diverses espèces de Diptères Syrphides se nourrissant en saprophage des détritus) - certaines espèces de crabes vivant à la base de la couronne de tentacules des anémones de mer : Inachus et Anemonia. - associations requins et poissons pilotes Inquilinisme : type de commensalisme pour lequel une espèce ne demande à son hôte qu’un abri sans prélever à ses dépends aucun aliment - crustacés et salpes Attention les espèces épiphytes ou épizoïtes (=épizoaires) sont un cas particulier de commensalisme ou d'inquilinisme (épibiontes = épiphytes ou épizoaires). Phronime, Crustacé Amphipode, vivant dans une salpe (Tunicier) Phorésie : phénomène par lequel un invertébré peut se faire transporter par une espèce dépourvue de toute affinité systématique avec son passager. La phorésie est très répandue chez les Acariens mais existe aussi chez les Insectes, les Nématodes et les Pseudoscorpions. Selon son côté obligatoire ou non, la phorésie relève du mutualisme ou de la symbiose. Le phorétique recherche activement son hôte et se fixe sur ses téguments pour se faire transporter d'un lieu à un autre pour assurer sa dissémination. Pendant son voyage, le phorétique entre en quiescence. L'activité et la reproduction ne reprendront que lorsqu'il aura atteint un site convenable. La phorésie est donc un processus actif qui s'oppose à la zoochorie (transport de végétaux par les animaux) et à l'anémochorie (transport par le vent de graines et semences) qui sont des modes passifs de transport, tributaires du hasard. Zoochorie : un cas particulier de relations animaux-végétaux Pris dans son sens le plus large, la zoochorie peut intéresser des Bactéries et des Champignons. - Nématodes contribuant à la dispersion de bactéries en les transportant généralement collées sur leur corps (transport passif, les bactéries ne recherchent pas un nématode hôte pour être transportées). - Insectes transportant souvent de nombreux champignons pathogènes et pouvant servir de vecteur de prolifération. - Vertébrés : (i) consommation de fruits et rejet des pépins avec les excréments (ex : la grive et le gui), (ii) collecte de fruits secs perdus en cours de transport ou oubliés dans des cachettes (ex : écureuils et nombreuses graines), (iii) transports involontaires de semences adhérents aux pattes, au pelage ou aux plumes (on parle d'épizoochorie). Mutualisme : phénomène d'association bénéfique mais non obligatoire entre deux espèces vivantes. Symbiose : forme la plus évoluée des associations entre espèces, la symbiose constitue un phénomène d'association obligatoire pour les organismes qui la pratique et se traduit par un bénéfice réciproque. Les exemples de relations ci-dessous relèvent soit de la symbiose, soit du mutualisme - entre algues et champignons : les lichens sont des cryptogames qui constituent un autre exemple de symbiose d'importance écologique considérable. - entre une algue et un animal : c'est le cas des zooxanthelles symbiotiques de madréporaires (ex - Dinoflagellés Gymnodinium microadriaticum). Apport aux polypes de diverses substances produites par photosynthèse (glucides, acides aminés). - entre un champignon et un animal : chez les termites et les fourmis existent des espèces champignonnistes. - entre micro-organismes et végétaux : un des cas les plus connu est celui des bactéries fixatrices de l'azote du genre Rhizobium qui sont associées aux Légumineuses vivant dans des nodosités se formant sur les racines de ces plantes. - entre champignons et végétaux : ce type d'association intervient probablement dans plus de 20 à 30 % des espèces herbacées. Dans la sous-famille des Pooideae (famille Poacae) par exemple, cette association est systématique. Les bénéfices sont nombreux pour la plante et le champignon. C'est une véritable symbiose qui n'est connue et bien comprise que depuis peu de temps (Rudgers et al., 2004). Le champignon produit des mycotoxines (généralement des alcaloïdes) qui peuvent : - augmenter la résistance vis à vis des herbivores Le champignon endosymbiotique peut également : - augmenter la résistance de la plante à la sécheresse - augmenter l'absorption de nutriments - augmenter la compétitivité de la plante hôte, même en absence d'herbivore En échange, la plante-hôte offre une structure de soutien et d'abri pour la croissance des hyphes du champignon symbiotique et leur nutrition dans l'espace intracellulaire. La plante est également un moyen de dissémination quand les hyphes du champignon croissent et infectent les graines. Ces champignons symbiotiques sont également utilisés comme nourriture par la microfaune du sol (arthropodes principalement). Récemment (2001), lors d'une étude de routine en microcosme des relations entre cette micro-faune du sol et les ectomycorhizes d’un pin (Pinus strobus), deux chercheurs canadiens, Klironomos et Hart, ont découvert qu'après deux semaines de contact avec des ectomycorhizes (Laccaria bicolor), moins de 5% des arthropodes (Folsomia candida) avait survécu. Tous les animaux morts étaient envahis par des hyphes de champignons. En contact avec d'autres champignons (non symbiotiques), les arthropodes survivaient. Ces chercheurs ont pu montré que le champignon symbiotique agissait comme un prédateur sur ces arthropodes. Le champignon produit une toxine qui immobilise l'arthropode avant de l'envahir avec ses hyphes. Afin de déterminer le devenir de l'azote des arthropodes, les chercheurs ont marqué les animaux avec du 15N (test avec des animaux morts et des animaux vivants) : 25% de l'azote du pin dérive de celui des arthropodes en présence d'ectomycorhizes. (d'après Klironomos et Hart, 2001. Nature, 410) Lb et Cg : deux champignons formant des ectomycorhizes, Laccaria bicolore et Cenococcum geophilum, toutes les deux avec le pin Pinnus strobus; Ch et Ep : deux autres champignons; Control : pas de champignon Barre rouge : nombre d'animaux (arthropode) vivants; Barre bleue : nombre d'animaux morts même lettre : pas de différence statistique (test post-hoc de Tukey, p<0.05) - entre végétaux et animaux : - de très nombreuses espèces d’insectes vivent en symbiose avec une plante supérieure dont ils assurent la pollinisation (entomogamie). Exemple : les Hyménoptères et les Orchidées On parle de fleurs entomophiles dans ce cas, mais il existe aussi des fleurs malacophiles : pollinisation par des limaces ou d’autres mollusques Exemple : une petite Saxifragacée d’Europe, la Dorine, Chrysosplenium alternifolium, avec les escargots. Il y a aussi des fleurs ornithophiles : pollinisation par des oiseaux Exemple : les colibris et de nombreuses fleurs, dont le fameux Strelitzia reginae Enfin, il y a des fleurs cheiroptérophiles : pollinisation par les chauves-souris Exemple : les fleurs du baobab, Adansonia digitata fécondées par chauvessouris Relations Interspécifiques Interactions interspécifiques peuvent être caractérisées comme négatives, c’est à dire qu’il existence des conflits ou positives. Existence de conflits : Interactions négatives Conflits pour l’espace Relations Interspécifiques Interactions interspécifiques peuvent être caractérisées comme négatives, c’est à dire qu’il existence des conflits ou positives. Existence de conflits : Interactions négatives Conflits pour l’espace Conflits pour la nourriture = Compétition pour l’accès à une ressource exploitée de façon simultanée Ce sont les relations proies-prédateurs dans le sens le plus large. Trois niveaux : Prédation sur espèces vivantes Régimes saprophage (animal se nourrissant sur du matériel mort) et saprophyte (végétal qui tire des nutriments de sols riches en matières organiques). Parasitisme Dans les relations proies-prédateurs, il convient de distinguer : (i) les réponses du prédateur vis à vis d’une proie, (ii) les effets de la prédation sur les populations de proies et (iii) les rôles de la prédation Réponses d’un prédateur aux variations d’abondance d’une proie On peut distinguer avec Holling 2 types de réponses : - réponse fonctionnelle : augmentation du nombre de proies consommées lorsque la densité de la proie augmente; - réponse(s) numérique(s) : changement de densité du prédateur lorsque le nombre de proie augmente. Cela revient à dire que le nombre de proies disponibles augmente, un prédateur peut d’abord réagir en modifiant son taux de prédation (réponse fonctionnelle) et ensuite augmenter ses effectifs (réponse numérique). 4 types de réponses fonctionnelles sont reconnus : - nombre de proies est rapidement constant (Thompson) - ex. Crustacés; - nombre de proies augmente proportionnellement (Nicholson et Bailey) - ex. Insectes parasites; - nombre de proies augmente puis se stabilise (curvilinéaire - Holling) - ex. la plupart des Arthropodes étudiés; - réponse sigmoïde - prédation importante audelà d’un certain seuil, puis stabilisation - ex. Vertébrés et Insectes parasites. Cette réponse implique souvent un changement de comportement du prédateur vis à vis de la proie. (d’après Dajoz, 1974, p. 160) Autre type de réaction fonctionnelle Intervenir des proies secondaires - Effet de bascule ou Switching : si une proie n’est pas fortement disponible, une proie secondaire est préférée Consommation de Proies = C1 et C2 Nombre de Proies = N1 et N2 Absence de Switching : C1/C2 = N1/N2 En cas de Switching : C1/C2 = p N1/N2 avec p variable : p = f(N1, N2) (d’après Barbault, 1993) 100 Janvier 90 Posidonia oceanica 80 70 60 Caulerpa taxifolia 50 40 30 20 10 0 Benthos Plancton Indéterminé 100 Mai 90 80 Posidonia oceanica 70 Caulerpa taxifolia 60 50 40 30 20 10 0 Benthos Plancton Indéterminé Effet de bascule dans le régime alimentaire du poissons Labridé Symphodus ocellatus dans un herbier de posidonie (Posidonia oceanica) et dans une prairie de caulerpe (Caulerpa taxifolia) Autre type de réponse du prédateur à la densité des proies Réponse agrégative (voir Barbault, 1993, page 125) Ce type de réponse n'est pas toujours mentionné dans les autres livres classiques d'écologie (en français). S'apparente à la théorie anglaise très en vogue, celle de l'optimal foraging. Quand les proies ont une distribution groupée, les prédateurs sélectionnent de préférence les zones où la densité des proies est maximale (réponse agrégative). La théorie de l'optimal foraging, complète cette réponse en lui associant une notion énergétique : le prédateur doit optimiser son gain d'énergie (nourriture) en fonction de ses dépenses (ex : trajets réalisés sans se nourrir, pour aller chercher de la nourriture). Ce type de comportement subit les pressions de sélection et le comportement optimal est sélectionné. Sélection de mouches par la bergeronnette Motacilla alba yarrellii : les proies ne sont pas consommées en fonction de leur disponibilité (mode 8 mm), mais en fonction de leur profitabilité (mode 7 mm). (d’après Davies, 1977, in Campan & Scapini, 2002, p. 398) Distribution en pourcentage de la taille des grains de sédiments ingérés par le Crustacé Callianassa subterranea (Décapode - Reptantia - Macrura - Thalassinidea - Callianassidae). Les grains les plus abondants dans le milieu (>70 µm) ne sont que peu ingérés. Par contre, il existe une sélection des grains de sédiment (30 à 12 µm). Entre ces deux classes, le rapport Surface/Volume augmente d’un facteur 7 à 8. La sélection de grains plus petits (plus fort rapport S/V) permet d’augmenter la quantité de matière organique ingérée (celle fixée à la surface des grains de sédiment). Cette expérience (Stamhuis et al., 1998. J. exp. mar. Biol. Ecol., 228: 197-208) est en accord avec le modèle généralement admis de l’optimal foraging pour les deposit feeders (Taghon et al., 1978. Limnol. Oceanogr., 23: 752-759). Réponses d'un prédateur aux variations d'abondance d'une proie On peut distinguer avec Holling 2 types de réponses : - réponse fonctionnelle : augmentation du nombre de proies consommées lorsque la densité de la proie augmente; - réponse(s) numérique(s) : changement de densité du prédateur lorsque le nombre de proie augmente. Réponses numériques : En réponse aux variations d'abondance des proies, la population de prédateur peut voir ses effectifs variés. Il n'y a pas une réponse numérique et une seule, mais plusieurs éléments peuvent être modifiés pour déclencher une augmentation numérique de l'abondance de prédateurs : - variations du taux de croissance individuel - variations de la durée de développement - variations de la fécondité (taille des pontes ou fréquence de la reproduction) - variations des taux de mortalité - variations des taux d'émigration ou d'immigration. La réponse fonctionnelle est un phénomène complexe et elle est souvent la résultante de plusieurs facteurs différents. Parfois, une réponse simple est trouvée. Variations de la fécondité Le lézard déserticole d’Arizona Xanthusia vigilis : La quantité de pluie règle la croissance des plantes annuelles et donc indirectement des insectes qui en dépendent. Ces insectes servent de proies au lézard. La hulotte Strix aluco : plus les proies sont abondantes, plus le pourcentage de couples reproducteurs augmente. (d’après Barbault, 1981) Effets de la prédation sur les populations de proies Si on prend en compte simultanément les réponses fonctionnelles et numériques, on peut décrire l’évolution simultanée des populations de proies et de prédateurs. De façon classique, on considère un système simple, avec une proie et un prédateur. Cela ne se rencontre que dans les systèmes avec monophagie. Cela décrit donc rarement la réalité. Le modèle le plus classique : modèle de Alfred Lotka et Vito Volterra Système à deux équations différentielles décrivant l’évolution dans le temps de la densité de proie et de la densité de prédateur. Le modèle le plus classique : modèle de Alfred Lotka (un biophysicien américain, mais né en Ukraine; 1880-1949) et Vito Volterra (un mathématicien italien; 1860-1940) Système à deux équations différentielles décrivant l’évolution dans le temps de la densité de proie et de la densité de prédateur. Lotka, A. J. 1925. Elements of physical biology. Baltimore: Williams & Wilkins Co. Volterra, V. 1926. Variazioni e fluttuazioni del numero d'individui in specie animali conviventi. Mem. R. Accad. Naz. dei Lincei. Ser. VI, vol. 2. Croissance de la population de proies (N) en cas d’absence de prédateurs (P): en présence de prédateurs (P): (k1 mesure l’habileté des proies à échapper aux prédateurs) Croissance de la population de prédateurs (N) en cas d’absence de proies (P): en présence de proies (P): (k2 mesure l’habileté des prédateurs à attraper des proies) dN = r1 N dt dN = ( r1 − k1 P ) N dt dP = − r2 P dt dP = ( − r2 + k 2 N ) P dt Le couple « prédateur-proies » sera en équilibre quand les densités de proies ET les densités de prédateurs seront constantes. Constance : dérivée = 0 dN = ( r1 − k1 P ) N dt dP = ( − r2 + k 2 N ) P dt donc r1 Peq = k1 donc r2 = k2 N eq Chaque équation représente une isocline, pour les prédateurs et pour les proies. L’équilibre est atteint à l’intersection des deux. Prédateurs N eq Proies diminuent Prédateurs diminuent Proies augmentent Prédateurs diminuent r2 = k2 Proies diminuent Prédateurs augmentent Proies augmentent Prédateurs augmentent r1 Peq = k1 Proies Résolution numérique de ce système de différentielles : les densités des deux populations évoluent de façon périodique et décalée dans le temps Un système Proies-Prédateurs peut alors montrer 3 évolutions possibles ; Oscillations entretenues indéfiniment avec une amplitude constate Oscillations amorties aboutissant à un équilibre Oscillations amplifiées aboutissant tôt ou tard à la disparition d’un partenaire ou l ’autre Autres mode de représentation assez usité : • les variations respectives sont portées sur un plan, avec densité de proie en abscisse et densité de prédateur en ordonnée • l’état du système est décrit par un point • au cours du temps le point décrit une trajectoire orientée Modèle de Lotka-Volterra : des conditions initiales non réalistes • Simplification Environnementale – Constance dans le temps – Espace uniforme • Simplification Biologique – Individus identiques et constants dans le temps – Croissance exponentielle des proies – Proies limitées uniquement par la prédation – Croissance des prédateurs ne dépend que de la prédation • Simplification Écologique – Proies et Prédateurs se rencontrent au hasard, proportionnellement à la densité – Pas de saturation pour les prédateurs – Régime alimentaire unique et invariable Exemple : Évolution d’un régime planctonophage vers un régime herbivore puis mésophage chez de nombreux poissons Sparidae. Pagrus auriga de 110 mm (1), 142 mm (2), 187 mm (3), 215 mm (4) et 255 mm (5). rond clair : canine; noir : molaire Pagrus caeruleostictus de 63 mm (1), 88 mm (2), 160 mm (3), 190 mm (4), 235 mm (5) et 380 mm (6). (d’après Bianchi, 1984) Par la suite, de nombreux biologistes ont essayé d’appliquer ce modèle aux données de laboratoire. À partir de 1930 : expériences du biologiste russe G.F. Gause avec les protozoaires Paramecium caudatum (proie) et Didinium nasutum (prédateur) • pas de cycle constaté • le prédateur tue toutes les proies et ensuite meurt en peu de temps • Inconsistant avec le modèle de Lotka-Volterra La stabilité du système et l’observation de « cycle » ne sont possibles qu’avec des ensemencements réguliers en proies. Mais ce n’est pas en accord avec le modèle L-V car la population de proies n’est pas gouvernée que par le prédateur. 1958 : Expériences de C.B. Huffaker avec les acariens Eotetranychus sexmaculatus (phytophage élevés sur des oranges - trait violet) et Typhlodromus occidentalis (prédateur du précédent - trait orange). La stabilité du système sur 70 semaines a été atteinte en introduisant une hétérogénéité spatiale et en manipulant les possibilités de dispersion des prédateurs et des proies. Portée et limite du modèle Proie-Prédateur de Lotka-Volterra Fonctionne assez bien en laboratoire si on manipule les densités (ensemencement) ou l’hétérogénéité spatiale. Peu d’accord avec les fluctuations naturelles. Exception pour des systèmes “simples” comme le lynx et le lapin avec le classique exemple des données issues de la Hudson Bay Compagny qui faisait commerce des fourrures aux USA et au Canada dans les années 1800. Variantes au modèle Proie-Prédateur de Lotka-Volterra Les deux équations différentielles ont été établies à l’aide du modèle de croissance exponentielle. La même démarche peut être faite sur un modèle logistique pour les proies N et en tenant compte de la réponse fonctionnelle du prédateur P (on enlève les indices pour simplifier) dN = bN − aNP dt dP = rNP − mP dt devient devient dN N = bN (1 − ) − aNP dt K dP rNP = − mP dt g+N Les isoclines : verticale pour les proies (dP/dt)=0, droite pour les prédateurs (dN/dt=0). Péq = (1-N/K).b/a et Néq = mg/(r-m) Variantes au modèle Proie-Prédateur de Lotka-Volterra On peut aussi inclure une réponse fonctionnelle dans l’évolution des proies. dN N = bN (1 − ) − aNP dt K devient dN N cNP = bN (1 − ) − dt K g+N L’isocline pour les prédateurs (dN/dt=0) est complexe (fonction quadratique) et prend l’allure d’une parabole à concavité tournée vers le bas. b g 1 Peq = g + (1 − ) N − N ² c K K Prédateurs Isocline des Proies Isocline des Prédateurs K proies Proies Le système peut encore être complexifié (graphiquement) : introduction d’une capacité maximale, K, et d’un effet Allee Prédateurs K préd. Effet Allee K proies Proies Selon la position de l’isocline Prédateur à droite ou à gauche de la « bosse », l’évolution peut être différente III II I IV Il peut y avoir disparition de la population de proies II III I IV Il peut y avoir coexistence des deux populations Applications actuelles de ces modèles « Proie-Prédateur » Malgré ses limites, ce type de modèle Proie-Prédateur de Lotka-Volterra (et ses variantes) est souvent utilisé en lutte biologique : Utilisation d’un agent biologique (prédateur ou parasite) pour lutter contre l’extension d’une espèce Postulat : L’agent biologique introduit peut contrôler l’extension de la population visée Certains modèles (Nicholson & Bailey, Hassel & Varley) introduisent la notion d’espace : espace de recherche des proies; peut être constant ou dépendre des interactions entre espèces. Actuellement les modèles informatiques développés reposent tous sur cette notion d’influence spatiale et de comportement spatial des individus. Application en particulier à la lutte biologique (INRA; modèle Simcity Limace/Caulerpa) Les modèles Lotka-Volterra et variantes • Ces modèles déterministes (les évolutions sont déterminées par des équations) sont difficilement généralisables : ils ne sont valables que dans une gamme de valeurs précises (celles qui ont servies à son établissement) • Excepté dans les cas de monophagie, la proie n’est pas unique et le prédateur non plus ! •Les interactions entre niveaux trophiques sont parfois indirectes : contrôle top-down ou bottom-up, effet cascade Attention : ces théories de contrôle bottom-up et top-down sont très en vogue pour expliquer le contrôle des écosystèmes par les chaînes trophiques (Lévêque, 2001). Ici, elles sont citées car elles ne permettent pas une modélisation simple par équation différentielle. Théories du top bottom et bottom up Les réseaux trophiques sont considérés comme des chaînes linéaires Les éléments nutritifs vont y circuler à sens unique Compte tenu de la structure verticale et de la compétition inter-spécifique, il résulte que : La compétition entre producteur primaires pour l’utilisation des éléments nutritifs doit jouer un rôle majeur dans la régulation des populations C’est la théorie du contrôle des communautés par les ressources, ou contrôle bottom - up Autrement dit, les ressources disponibles, régulées par les facteurs physicochimiques, contrôlent les chaînes trophiques depuis les producteurs jusqu’aux prédateurs Exemple : le rôle du phosphore, à la fois limitant vis à vis de la production primaire et stimulant dans les problèmes d’eutrophisation Exemple : Relation entre la distribution des phosphates (courbe noire), celle du plancton (histogramme hachuré) et les captures de poissons pélagiques, du nord au sud de l’océan Pacifique (d’après Nikolsky, 1963, in Sacchi & Testard, 1971). Un effet inverse existe également : Le fonctionnement d’un écosystème est fortement contraint par la prédation exercée par les niveaux supérieurs sur les niveaux trophiques inférieurs. C’est le contrôle top - down Dans les réseaux trophiques, on parle de Cascade trophique Exemples : • loutre, oursins et kelp (USA, Pacifique) • des oiseaux, leurs prédateurs (renard gris d’Amérique, moufette rayée, raton laveur, chat domestique) et un super-prédateur, le coyote : aux USA, en Californie du sud, à cause de la fragmentation de l’habitat, disparition du coyote et en contre partie, disparition de plus de 75 espèces d’oiseaux au cours du dernier siècle (Crooks & Soulé, 1999) • au Canada, prédateurs (loup, puma), herbivores (caribou, orignal, cerf) et plantes : en présence de loup et d ’herbivores, biomasse herbivore = 62 kg/km², en absence de loup, 299 kg/km² et pression très importante sur les plantes (Crête, 1999) Importance relative des deux types de contrôle Pendant un certain temps, il y a eu les partisans de l’un ou de l’autre contrôle. Actuellement, un consensus se dégage pour penser que les deux interviennent simultanément et peuvent être complémentaires. Toutefois, ces deux types de contrôle ne permettent pas toujours d’expliquer les fluctuations de populations. Les modifications par l’homme d’un niveau trophique peuvent amplifier l’un ou l’autre : - augmentation des ressources en nutriment (pollution) : amplification du bottom - up control exemple : les phénomènes d’eutrophisation - diminution d’abondance d’un prédateur de haut niveau (chasse, pêche) : amplification du top - dow control exemple : l’alternance des faciès algaux en Méditerranée occidentale Alternance des peuplements algaux en Méditerranée (d’après Sala, 1996) : Données tirées de Post et al. 1999. Parc national Isle Royale, USA a - En réponse aux hivers plus neigeux (NAO index négatif); la taille des groupes de loups (Canis lupus) augmente. b - Plus la taille des bandes de loups augmente, plus ils tuent d’orignaux (Alces alces). c - La taille des bandes de loups de l’année précédente influence la densité d’orignaux. d - Les orignaux (herbivores) consomment du sapin baumier (Abies balsamea). Une plus faible densité d’orignaux à la suite d’hiver neigeux entraîne une plus forte croissance des sapins baumiers. http://www.atmosphere.mpg.de/enid/1vs.html Données tirées de Post et al. 1999. Parc national Isle Royale, USA a - En réponse aux hivers plus neigeux (NAO index négatif); la taille des groupes de loups (Canis lupus) augmente. b - Plus la taille des bandes de loups augmente, plus ils tuent d’orignaux (Alces alces). c - La taille des bandes de loups de l’année précédente influence la densité d’orignaux. d - Les orignaux (herbivores) consomment du sapin baumier (Abies balsamea). Une plus faible densité d’orignaux à la suite d’hiver neigeux entraîne une plus forte croissance des sapins baumiers. Une variation climatique, en relation avec les activités humaines ou non (effet de serre), peut modifier le comportement d’animaux ayant une structure sociale complexe et avoir, par cascade, une influence sur la structure et le fonctionnement de l’écosystème. Relations « Proies-Prédateurs » : Extensions des données précédentes Tout ce qui vient d’être dit l’a été pour 2 espèces. Les modèles mathématiques développés, à base d’équations différentielles, sont souvent difficiles à résoudre et nécessitent de nombreuses approximations (= simplifications). Quand on passe à 3 ou plus espèces, cela devient impossible à réaliser mathématiquement avec le même système d’équations différentielles. On a eu recours à la théorie de l’information et à la théorie des systèmes. Actuellement une branche de l’écologie théorique en très fort développement (voir le cours sur le contrôle des populations). A quoi sert la prédation ? Rôles de la Prédation Essentiellement la nutrition d’un prédateur aux dépends de proies, mais il existe aussi d’autres rôles : - élimination des animaux malades : - ils sont les plus faciles à capturer (exemple avec trématodes parasites des podias d’oursins); - maintien de l’état sanitaire des populations de proies; - peut enrayer des épidémies - prédation sélective : peut induire une sélection de certains individus et une évolution (spéciation); exemple des papillons, Biston betularia, atteint de mélanisme lors période de forte pollution en Angleterre au XIX - organisation des peuplements : la prédation favorise une diversité élevée en maintenant les populations à un faible niveau et en empêchant certaines espèces de monopoliser les ressources disponibles à leur seul profit (Paine, 1966). 3 réseaux trophiques de la zone intertidale aux USA (études de Paine) : Basse Californie - 45 espèces, dont 2 super-prédateurs, une étoile de mer (Heliaster) et un gastéropode (Muricanthus). Heliaster consomme Muricanthus et procurent ainsi de la place aux autres espèces. (d’après Paine, 1966 in Dajoz, 1996) NW des USA : le réseau trophique comprend 11 espèces; super-prédateur = étoile de mer Pisaster. Par manipulation, l’enlèvement de Pisaster a entraîné une diminution, du nombre d’espèces au profit des moules qui tendent à envahir le peuplement. Costa Rica : pas de prédateur de second ordre et le réseau trophique est réduit à 8 espèces seulement. Attention : Une prédation spécialisée peut donc entretenir la biodiversité. Mais une prédation non spécialisée aura pour effet de favoriser l’espèce qui met le moins de temps à reconstituer ses effectifs. A terme la diversité baisse. Exemple : végétation soumise à une consommation peu différenciée (chèvres, criquets), une augmentation de la consommation entraîne une diminution de la diversité végétale. Seules les espèces à grande vitesse de repousse ou de multiplication seront sélectionnées et domineront rapidement le tapis végétal. Steppe du sud-tunisien Recouvrement (%) Production primaire (kg.ha-1.an-1) Pâturage faible et en bon état 52 1069 Pâturage médiocre Charge moyenne 8 614 Zone surpâturée Forte charge 4 415 (d’après Le Houérou, 1979 in Ramade, 1981, p. 281) En quoi les interactions (durables), entre espèces ou au sein d’une espèce peuvent influencer ou participer à la sélection naturelle et à l’évolution des espèces ? La sélection naturelle suppose que l’on a : • reproduction (sexuée) • variabilité individuelle (pas de clone) • hérédité (transmission d’un patrimoine génétique) • avantages sélectifs Les interactions durables peuvent assurer un avantage adaptatifs au niveau : • gain au niveau de la nutrition • gain au niveau de la reproduction • gain au niveau de la protection • gain au niveau de l’habitat Gains au niveau de la Nutrition • Co-adaptation : relations interspécifiques fourmis/chenilles La fourmi Formica fusca absorbe un miellat exsudé par un organe spécialisé de la chenille du papillon Lycénide Glaucopsyche lygdamus, l’organe de Newcomer, dont la seule fonction semble être de nourrir les fourmis de cette manière (à gauche). Formica fusca défend une chenille de G. lygdamus contre une guêpe parasite de la famille des Braconides (à droite). Gains au niveau de la Nutrition • Co-adaptation : relations interspécifiques fourmis/chenilles • Nodosités, actinorhizes (symbiose) • Colonies, partage de la nourriture : Cnidaires, Fourmis • Prédation plus efficace : chasse en groupe, cerveaux plus développés, etc. Évolution au Cénozoïque de la taille relative des cerveaux (coefficients d’encéphalisation) d’Ongulés (proies) et de Carnivores (prédateurs). Gains au niveau de la Reproduction • Coopération interspécifiques Orchidés/insectes; Plantes/Oiseaux Variabilité du succès reproductif chez 4 espèces d’orchidées. Les courbes représentent les pourcentages cumulés de descendants produits par les plantes individuelles; celles-ci étant rangées par fertilité croissante. L’espèce Oeceoclades maculata (Om) pratique l’autofécondation; Encyclia cordigera (Ec) dépend exclusivement des insectes pollinisateurs et les deux autres espèces (Lw et Ex) dépendent partiellement de l’autofécondation et partiellement des insectes (d’après Calvo, 1990 in Ridley, 1997). Si tous les individus étaient fertiles, la droite serait inclinée à 45°. Le décalage à droite indique une proportion élevée d’individus stériles. Ec possède de nombreuses fleurs stériles (80%) à cause de la présence de fleurs tricheuses (pollen et fécondation possible, mais pas de nectar = attraction des insectes). Malgré cela, la fécondation est assurée par quelques individus. Le brassage génétique est meilleur que par autofécondation. Gains au niveau de la Reproduction • Coopération interspécifiques Orchidés/insectes; Plantes/Oiseaux • Coopération intraspécifique Oiseaux, Mammifères marins, terrestres Succès reproducteur des couples chez le geai de Floride, Aphelocoma coerulescens, mesuré en nombre de jeunes emplumés produits annuellement par des couples reproducteurs novices, mixtes (un des reproducteurs est novice) et expérimentés dans la reproduction, en présence ou en absence d’assistants (souvent des fils adultes). Nb de Jeunes Reproducteurs novices Reproducteurs mixtes Reproducteurs expérimentés Moyenne Absence Présence d'assistant d'assistants 1.24 2.20 1.45 1.34 2.47 1.86 1.80 2.38 2.17 1.58 2.39 2.04 Moyenne Gains au niveau de la Reproduction • Coopération interspécifiques Orchidés/insectes; Plantes/Oiseaux • Coopération intraspécifique Oiseaux, Mammifères marins, terrestres • Diminution de la mortalité juvéniles : soins aux jeunes (stratégies r - K) Gains au niveau de la Protection • Diminution du taux de parasitisme par mutualisme/coopération Chenilles sans fourmis Localités % parasitées N site 1 42 38 site 2 48 27 Chenilles avec fourmis % parasitées N 18 57 23 39 Pourcentages d’infestation des chenilles du papillon Lycénide Glaucopsyche lygdamus par une guêpe parasite Braconide, en présence ou en absence de fourmis (N: nombre total d’observation). Gains au niveau de la Protection • Diminution du taux de parasitisme par mutualisme/coopération • Diminution du taux de prédation par comportement : cris d ’alarmes, formation de bancs, etc Nombre de cris d’alarme émis par des femelles de l’écureuil de terrier, Spermophilus beldingi, en fonction de leur corrélation génétique avec les individus à proximité. Par exemple, la présence de cousines ou de nièces n’a pas d’effet sur la probabilité qu’a une femelle d’émettre un cri d’alarme. Gains au niveau de la Protection • Diminution du taux de parasitisme par mutualisme/coopération • Diminution du taux de prédation par comportement : cris d ’alarmes, formation de bancs, etc • Diminution du taux de prédation par évitement des prédateurs : capacités de fuite, « spéciation » (avec parfois co-évolution), etc. Phylogénies comparées de parasites (17 espèces) et de leurs hôtes (14 espèces de rongeurs Geomyidae). Il y a réellement co-évolution (« la course aux armements ») La passiflore a développé une association très complexe avec les insectes. Le papillon Heliconius pond ses oeufs sur ses feuilles qui seront mangées par les chenilles. Mais le papillon ne pond pas lorsqu’il voit le petit point jaune d’un oeuf déjà pondu. Les passiflores ont réagi en produisant une imitation de l’œuf jaune du papillon au bout des stipules. Ces “contrefaçons” empêchent le papillon de pondre. Mais la passiflore a également développé une production de nectar sur les tiges des feuilles. Ces aliments attirent les fourmis qui attaquent et tuent toutes les chenilles qu’elles trouvent sur leur passage pendant qu’elles récoltent les substances nutritives sécrétées par les nectaires. Gains au niveau de la Protection • Diminution du taux de parasitisme par mutualisme/coopération • Diminution du taux de prédation par comportement : cris d ’alarmes, formation de bancs, etc • Diminution du taux de prédation par évitement des prédateurs : capacités de fuite, « spéciation » (avec parfois co-évolution), etc. • Diminution de la compétition intraspécifique : formation de colonies (sociobiologie) Déterminisme de la caste chez les fourmis Plagiolepis pygmaea. La sexualisation d’une larve dépend de facteurs sociaux (présence ou absence de reine), trophiques (les larves de 3e stade sont suralimentées) et environnementaux (seules e les larves de 3 stade sortant d’hibernation sont aptes à se sexualiser). Gains au niveau de l’Habitat • Diminution de la compétition intraspécifique : colonies, etc. • Augmentation du pouvoir de colonisation de nouveaux milieux Par exemple la quantité d’azote fixé au niveau des nodules est assez importante pour permettre à Alnus tenuifolia de devenir rapidement dominant sur certains sols de l’Alaska libérés par les glaces (814 mg N/g de nodule sec). De même, Myrica asplenifolia tend à coloniser les aires qui ont subi un stress écologique (420 mg N/g de nodule sec). Coévolution - Evolution séquentielle La coadaptation suggère une coévolution mais n ’en constitue pas à elle seule une preuve. Exemple : les relations fourmis Formica fusca et chenilles des papillons lycènes. Les caractères coadaptés peuvent être apparus de façon fortuite, indépendamment de la présence de l’autre espèce. Pour démontrer qu ’il y a eu coévolution, il faut monter l’existence d’une coadaptation et montrer aussi que les ancêtres ont évolués de façon coordonnée, sous le contrôle d’une influence mutuelle. Chaque lignée exerce une influence réciproque sur leur évolution. Les modifications évolutives (a) et la spéciation (b) se produisent de façon coordonnée. Coévolution - Evolution séquentielle Dans le cas des plantes et des insectes, la situation est complexe. Les insectes phytophages par exemple se nourrissent sur un nombre réduit de plantes, essentiellement sélectionnées sur des critères biochimiques (alcaloïdes). Quand l’insecte devient « résistant » à un alcaloïde, il peut consommer toute une série de nouvelles espèces végétales. En retour, celles-ci peuvent modifier leurs alcaloïdes pour résister. Cela force à son tour l’insecte à évoluer. Il pourrait donc y avoir une vraie coévolution. Toutefois, certains penchent plutôt vers une hypothèse d’évolution séquentielle : Les plantes influencent l’évolution des insectes, mais ceux-ci ont moins d’impact sur l’évolution végétale : beaucoup d’insectes se nourrissent d’une seule plante, alors que les plantes servent de nourriture à de nombreux insectes. L’évolution d ’une plante à un fort impact sur les insectes, mais inversement l’évolution d’un insecte sera moins importante pour la plante. Coévolution - Evolution séquentielle Coévolution Évolution séquentielle