Comprendre la complexité du monde vivant est l’une des grandes préoccupations des scien-
tifiques, alors même que la prise de conscience collective de sa fragilité s’opère à la fin des
années 1980, période à laquelle apparaît le mot « biodiversité » (1992). L’écologie a permis
de mettre en évidence les diversités de ce patrimoine naturel reconnu vital pour les sociétés
humaines, dont les activités le menacent de plus en plus.
Les organismes vivants, dans leur diversité, s’adaptent et évoluent en réponse aux variations à
court terme et aux changements à long terme de leurs environnements. Le croisement d’infor-
mations d’origines multiples, comme les archives naturelles et historiques portant sur des
milieux diversement anthropisés ou encore la modélisation, conduit à estimer que la biosphère
est aujourd’hui confrontée à des changements importants et rapides, dont le déterminisme est
avant tout anthropique. Si la vitesse et l’ampleur des processus et leurs mécanismes restent
à définir, de nombreux signes témoignent d’une sixième crise majeure de la biodiversité :
extinctions d’espèces, changements d’aires de distribution, invasions, évolution d’agents
pathogènes, dégradation de la qualité des ressources et des paysages. La lutte contre l’érosion
de la biodiversité, dont les services sont indispensables à la survie des sociétés humaines,
constitue l’un des enjeux écologiques et socio-économiques majeurs pour les années à venir.
Le CNRS (Mission pour l’interdisciplinarité (MI), Institut écologie et environnement (INEE),
Institut des sciences humaines et sociales (INSHS), Institut des sciences de l’univers (INSU)) a
lancé en 2012 un appel à projets commun dans le domaine du droit et de l’économie de l’envi-
ronnement et de la biodiversité, favorisant une approche globale et transversale pour répondre
à la complexité de ces enjeux. Il s’agit des Projets exploratoires premier soutien (PEPS) qui
visent à faire émerger de nouveaux questionnements, fruits d’une réflexion interdisciplinaire,
pour répondre aux défis liés à la perte de la biodiversité.
Cette première étape a mis en évidence le besoin de poursuivre et d’approfondir une réflexion
collective et interdisciplinaire associant des écologues, des économistes et des juristes pour
répondre à l’un des défis actuels qui consiste à évaluer la biodiversité et ses fonctions comme
ressource et services, à analyser ses capacités de résiliences ou encore s’interroger sur les
questions de justice environnementale. Compte tenu des enjeux écologiques et socio-écono-
miques liés à la dégradation de la biodiversité, le CNRS a organisé un colloque de prospective
sur l’économie et le droit de la biodiversité en mobilisant ses équipes et leurs compétences
scientifiques. Un collectif d’une quarantaine de chercheurs s’est réuni du 2 au 5 avril 2013
à Oléron.
AVANT-PROPOS
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biodiversité
droit, écologie
biodiversité
Prospective
PROSPECTIVE DU CNRS