l'Occupation. Et, en fait, le danger reviendra avec les combats de la Libération. Et la Direction des
musées nationaux, et Jacques Jauger notamment, transmettra aux Alliés l'emplacement des
différents lieux d'évacuation pour éviter les malheureux bombardements. Les évacuations de 1939
et de 1940 se sont étonnamment bien passées dans cette France à la dérive de la Drôle de guerre.
Les conditions matérielles étaient pourtant loin d'être évidentes. Mais la préparation couplée à
l'expérience des évacuations de 1870 et de 1914 a sûrement joué à plein son rôle.
En effet, le 29 août 1870, alors que se profile le désastre de Sedan, le comte de
Nieuwerkerke, surintendant des musées impériaux, est convoqué aux Tuileries. L'Impératrice
désire le voir de suite. Donc ça c'est le mot qui est conservé aux archives des musées nationaux.
Donc les archives qui sont Cour Carrée du Louvre et qui sont un véritable trésor continu pour toute
personne voulant travailler sur l'histoire des musées. C'est vraiment à chaque fois un bonheur de
s'y plonger. Donc lors de cette entrevue, la décision d'évacuer une partie des collections du Louvre
est prise. Le lendemain, le maréchal Vaillant informe Napoléon III, dans une lettre absolument
confidentielle, qu'on retirerait des musées impériaux pour les mettre en lieu sûr les tableaux les
plus précieux. Une décision alors exceptionnelle, la mise à l'abri des collections les plus précieuses
d'une nation dans le cadre d'un conflit armé vient d'être prise dans les derniers jours du Second
Empire. La peur de saisie prussienne en réponse aux spoliations révolutionnaires et impériales du
début du siècle est sans doute la première explication à cette évacuation. Cette peur, qui n'est
d'ailleurs jamais clairement énoncée dans les archives, de voir l'ennemi agir comme avait pu agir la
France à une autre époque a sons doute amené à cette décision de même que le bombardement
et la disparition dans les flammes des collections du musée de Strasbourg le 24 août 1870. Seul le
Louvre est concerné par cette première évacuation. On décide d'abriter en priorité des collections
de tableaux et de dessins. Le lieu de dépôt des œuvres retenu est l'Arsenal militaire de Brest. Ce
choix en fait permet de profiter de la protection de la Marine, tout en offrant la possibilité
d'évacuer les collections par la mer si jamais les Prussiens venaient à assiéger la ville. Le préfet
maritime pense que ce qu'il y a de mieux à faire, c'est de n'agir trop en cachette : on débarquera
les wagons de suite dans un chaland ; ils seront ensuite hébergés sur l'Hermione, un bateau de
guerre. Cela ne passera pas par les magasins. Il faudrait que les caisses portassent en grosses
lettres : « Envoi au Gabon ». Napoléon III choisit pour cette mission délicate Pierre-Paul de Tauzia,
attaché au département des peintures, pour accompagner le premier convoi, accueillir les suivants
en gare de Brest, et garder les tableaux tant que durerait la guerre.