Libérer l’Islam
Amine
Zaoui
Les religions ne descendent pas du ciel uniquement. Elles sont aussi les créations culturelles des humains et,
par conséquent, elles sont confrontées aux changements, menacées par les métamorphoses et par la boue de
la vie quotidienne. La religion, une fois sur terre, révélation close, une fois partagée par les femmes et les
hommes, elle devient chose politique, chose culturelle.
Une production temporelle historique ! La religion, une fois les racines dans la terre, elle est installée, malgré
elle, dans le discours, dans la politique, hantée par la politique. Les croyants, même en priant Dieu, se
servirent d’elle pour plus de pouvoir, d’argent ou de prestige social. Entre les hommes et les femmes, la religion
se constitue comme “capital symbolique” commun ! Commun entre les humains, par la foi, par la culture, par
héritage, par la tradition, par la naïveté, par le suivisme, par la morale, par la guerre, par la négation ou par la
laïcité.
Comment peut-on libérer l’islam d’une mort programmée par la main des extrémistes religieux, par la
politisation hypocrite, par le charlatanisme scientifique ? Comment peut-on libérer l’islam d’un suicide arrangé,
annoncé par le siens ? Préparé minutieusement par les musulmans eux-mêmes, pas tous ? Comment peut-on
libérer l’islam du jeu politique qui l’étouffe, qui le rend une sorte de carte partisane, une sorte de produit bon
marché ?
Comment peut-on libérer l’islam de son espace idéologique violent et haineux dans lequel il a été enfermé,
poussé dos au mur par la main musulmane ?
Comment peut-on libérer l’islam de la colère et de l’ignorance qui le rongent?
Seules les cultures des lumières peuvent sauver ce qui reste de l’image de l’islam des lumières.
Pour libérer l’islam, il faut le rendre aux philosophes rationnels, si philosophes existent, les héritiers d’Ibn Ruchd
Averroès, Al Razi, Ibn Sina, Ibn Al-Rawandi, Ibn Miskawayh... Pour libérer l’islam, il faut le rendre à la culture,
aux poètes visionnaires afin d’écrire des textes à l’image de ceux de Bachar Ibn Bourd, Omar Ibn Abi Rabia, El-
Mutanabbi, Al-Charif Al-radhi...
… Il faut rendre l’islam aux musiciens, ceux qui par leur voix, par les instruments redonnent le sens spirituel à la
méditation, ceux qui nous invitent aux voyages vers les quatre coins du monde sans frontières, sans haine et