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culturematch/théâtre
ALEXANDRE
ASTER
COMIQUE
D'UNE
AUTRE
PLANETE
Le créateur de la série culte
«Kaamelott» revient avec un
nouveau one-man-show
extra... terrestre. Rencontre du
troisième type.
INTERVIEW SACHA REINS
Paris Match. Votre dernier spectacle
mettait en scène Jean-Sébastien Bach.
Quel est le thème de celui-ci, au nom
étrange d'"Exoconference"?
Alexandre Astier. Il parle de civilisa-
tions extraterrestres, de la possibilité de
leur existence, de ce que les gens en
pensent, des clichés qui circulent, des
erreurs, des positions scientifique et philo-
sophique vis-à-vis de ces phénomènes.
Tout cela tente d être rigolo, en plus
Vous affectionnez le one-man-show.
N'êtes-vous pas tenté par un spec-
tacle avec votre troupe, familiale, de
"Kaamelott"?
Les spectacles sont des pauses pour
moi, entre télévision et cinéma "Kaame-
lott" a souvent eu l'aspect d'une troupe,
maîs je suis trop solitaire dans ma façon de
travailler. Je m'amuse bien seul J'écris
seul, je ne prends pas de conseils On ne
répète pas ensemble, on ne se voit que sur
le tournage
Savez-vous déléguer?
Je suis habitué à faire, pas à expliquer
comment faire.
Ne deviez-vous pas devenir musicien ?
Absolument Quand jetais jeune,
seule la musique m'intéressait. Je suis
entré au Conservatoire à 6 ans, à 15 ans
j'y ai eu un prix, à 20 ans je ne faisais que
composer et jouer C'est à ce moment-
là, lorsque j'ai commencé à faire des rem-
placements au théâtre, que je me suis
mis à écrire, sans jamais abandonner la
musique puisque je fais celle de mes
films Ma mère ma fait jouer du Labiche
et cela rn a beaucoup inspire pour
"Kaamelott".
De quelle manière?
Tout le monde se vouvoie, ça
vient de Labiche ll y a une
élégance distante entre les
personnages, un anachro-
nisme entre le langage et la
situation. "Kaamelott" se veut
le contre-pied de ces block-
buster américains, comme
"Alexandre', faits à la chaîne,
IL PREPARE
POUR CANAL* UNE SÉRIE
QUI MET EN SCÈNE
DES IMMIGRÉS ITALIENS DANS
LA FRANCE DE
• L'ENTRE-DEUX-GUERRES.
avec des héros impalpables,
des types qui ne discutent
qu'en séquences de livre au
langage étudié. On ne soup-
çonne aucun quotidien chez
ces gens-là "Kaamelott", c'est
l'envie déjouer normalement
un truc qu'on fait avec beau-
coup de grandiloquence.
Essayez-vous de prendre vos
distances pour ne pas rester
"monsieur Kaamelott" le
restant de votre vie?
La distance se fait un peu
toute seule actuellement, car
je me bagarre avec mes
producteurs pour des ques-
tions de droits. Je voudrais les
récupérer pour être plus
tranquille sur la création Maîs j ai
toujours considéré que je ferais Kaame-
lott ' et autre chose en même temps.
Mon travail est de ne pas être là où
m'attendent mes fans
A quel âge vous êtes-vous rendu
compte que vous étiez drôle?
Sincèrement, je nal pas l'impression
de I être. Pour moi, cest plus une forme
de cynisme, de retrait. J aime les
situations et la langue J admire Audiard,
et François Rollin est mon maître.
Ecrivez-vous dans la sérénité?
Non, je n écris que dans
I urgence et la douleur Et je n aime
pas avoir fini Tant que ce n est
pas fmi, ça reste en vie, ça
gonfle. Le jour où cest écrit,
cest terminé. Donc j écris
tout au dernier moment. •
«L'exoconfërence ^jusqu'au
lg octobre, Théâtre du Rond-
Point, Paris lll f