EUROPE DES GRANDS FELINS LIBRES DANS UNE NATURE RESTAUREE INITIATIVE POUR UNE RENAISSANCE ECOLOGIQUE, SOCIALE ET CULTURELLE Le présent travail est d’abord et avant tout une mise en lumière de ce que fut et ce que pourra être la Civilisation Européenne dans sa relation à la Nature Sauvage. Sur un plan plus conjoncturel, elle est aussi une contribution au travail à venir des autorités européennes, exécutives comme législatives. La Commission Européenne a voté, le 15 Octobre 2008, la loi dite FLEGT (« Forest Law Enforcement, Governance and Trade »). Il s’agit d’un projet de réglementation forestière, qui se veut ambitieux, et qui doit contribuer à en finir avec l’exploitation illégale, à protéger les forêts dans le monde (notamment les sylves primaires) ainsi que la biodiversité, et réduire les effets des modifications climatiques. Le sommet de Poznan qui s’est achevé le 13 Décembre 2008 n’ayant pas débouché sur des progrès substantiels en matière de protection des forêts, la richesse, la qualité et l’amplitude de FLEGT dans sa version définitive dépendra du degré de prise en compte par les commissaires et les parlementaires de documents tels que celui – ci dans les tout prochains mois. La forêt des Ardennes, surtout dans sa partie centrale, garda pendant des siècles son aspect formidable… On la dépeignait comme le repaire de bêtes féroces étrangères à notre climat, lions, tigres, léopards. (Maury 1994) Cette avancée des milieux forestiers a certainement porté le tigre vers la Sibérie au Nord, vers les îles de la Sonde au Sud, de l’autre côté de l’équateur, et jusqu’aux portes de l’Europe à l’Ouest, partout où on les observait il y a encore à peine un demi – siècle. (Picq & Savigny 2004 .p 45) Le totem le plus important des Samraïs est un arbre doté de tous les pouvoirs, le Krovain. Cet arbre magique fut apporté aux hommes par un tigre. En remerciement, les guerriers Samraïs renoncèrent à chasser le félin. Tigres et Samraïs vivent encore dans les collines de l’Ouest du Tonlé Sap, un affluent du Mékong (Lou – Matignon 2004, p. 62) « Tuez l’Ours et vous êtes mort. » (Salingue 1997 dans Boulmier 2008) « Ossements desséchés… Je ferai croître sur vous de la chair, je vous couvrirai de peau, je mettrai en vous un esprit, et vous vivrez. » Ezechiel 37 FORÊT, STEPPE, FELINS GEANTS : L’ÂME DE L’EUROPE, DE L’OUBLI A LA RESURRECTION SOMMAIRE INTRODUCTION 1.DES GRANDS FELINS OUBLIES 1A. UNE PRESENCE SPECTACULAIRE, DE LA PREHISTOIRE AU 16ème SIECLE Moyen – Âge : forêt massacrée à l’Ouest, Est sauvé par la steppe 15ème siècle : l’Europe chrétienne sauvée par la forêt 1B. DEPUIS LE 16ème SIECLE : DECLIN PUIS EFFACEMENT 1C. QUELQUES ELEMENTS SUR LE PARCOURS HISTORIQUE DE 5 PREDATEURS EUROPEENS OUBLIES 2. UNE SOURCE TRIFIDE POUR LA CULTURE EUROPEENNE PROLONGEMENTS 1. La culture de l’ours, des Pyrénées à la Corée 2. Culture de l’ours et culture scythe : une version syncrétique en Asie centrale 2bis : Puissance, sophistication et influence de la culture scythe de la Mer Noire au Fleuve Jaune CONCLUSION L’APOCALYPSE EST AUSSI UNE REVELATION BIBLIOGRAPHIE INTRODUCTION L’Europe, petite péninsule au carrefour de l’Asie et de l’Afrique, a bénéficié des apports faunistiques croisés de ces deux continents. De très nombreuses espèces sont eurasiennes, l’endémisme européen étant un fait exceptionnel (Spalacidae danubiens, lynx ibérique). Genette, mangouste, porc – épic du sud – ouest de l’Europe, et magots de Gibraltar sont tous originellement africains. Le lièvre « ibérique » et le chacal des Balkans sont tous deux afro – asiatiques (Hainard 1987/1989). Cette biodiversité exubérante a assuré, dans un premier temps, la mise en place d’une culture équilibrée et harmonieuse (Daraki 1994) Lors de l’époque historique, l’Europe a hébergé, sur son territoire, au moins quatorze grands carnivores terrestres dont cinq ne sont jamais mentionnés dans les répertoires de la faune européenne. Aux côtés du loup, du renard roux et du chacal, des ours brun et blanc, du blaireau et du glouton, des lynx boréal et ibérique, devraient être aussi mentionnés quatre grands félins, le lion, le tigre, le léopard et le guépard, et une hyène, la hyène rayée. La présence de ces derniers fut certes variable selon les époques et les espèces concernées, mais elle fut pour la plupart d’entre elles significative jusqu’au 16ème siècle. Elle déclina par la suite puis devint carrément élusive au cours des dernières décennies, en concomitance à la destruction de leurs milieux de vie. Ce phénomène récent est assez comparable, de fait, à ce que fut l’histoire du loup en France au cours du XXème siècle, celle d’une absence à peu près complète, persillée d’une présence épisodique, ponctuelle, et d’une extrême discrétion. Cette histoire fut une simple parenthèse. Une famille de loups s’installa dans les Alpes françaises en automne 1992, profitant de la reconstitution d’un couvert forestier continu qui avait été rompu au cours du 19ème siècle du fait d’un élevage ovin et caprin écologiquement destructeur.Même si leur nombre total reste modeste, ces animaux ont étendu leur distribution en territoire français depuis lors. Ces animaux, encore présents pour la plupart en Asie occidentale ou centrale, sont en rapport intime avec la culture européenne de l’Antiquité à nos jours. La civilisation européenne a ses racines dans cette région. La mythologie grecque a pour points d'orgue l'enlèvement d'Europe par le "taureau" Zeus sur les côtes libanaises, et celle d'Alphésibée par le tigre Dionysos sur le fleuve Stollax, qui changera d'hydronyme à cette occasion pour prendre le nom de l'animal. Simultanément, les Scythes nomades d’Europe orientale vouent un culte total aux prédateurs sauvages qu’ils expriment dans un art à la puissance et l’originalité inégalées. Ces racines sont conservées vivantes dans l'Empire byzantin d'une part , et dans l'Empire des steppes d'Asie centrale d'autre part. La fondation du royaume de Moldavie (1351) par le transsylvain Dragos, sous l'emblême de l'Aurochs, est probablement à la confluence de ces deux courants culturels. C’est la Russie qui finira par reprendre à son compte l'héritage byzantin, mais qui portera aussi un terrible coup d’arrêt à la civilisation nomade européenne. Aujourd’hui, l'Europe a la formidable opportunité de refonder sa culture originelle en ouvrant ses espaces comme surent le faire les scythes en leur temps. Une audacieuse politique de restauration de vastes zones naturelles forestières, steppiques et marécageuses peuplées en particulier de grands félins constitue assurément un projet catalytique pour une nouvelle jeunesse d’une civilisation aujourd’hui alanguie et perplexe. 1. DES GRANDS FELINS OUBLIES L’affirmation récurrente selon laquelle 5 grands carnivores – ours, loup, lynx eurasien, lynx pardelle et glouton - ont survécu en Europe après la fin de la dernière glaciation (Linnell et Salvatori 2008) sont clairement démentis par les faits. De ce point de vue, les monographies que Robert Hainard consacra aux mammifères sauvages d’Europe dans l’ouvrage du même nom méritent d’être complétées par celles du lion, du tigre, du léopard, du guépard et de la hyène rayée. 1A. UNE PRESENCE SPECTACULAIRE, DE LA PREHISTOIRE AU 16ème SIECLE La grande faune européenne fut particulièrement riche au cours de la préhistoire. Lors de certains maxima interglaciaires, les îles britanniques hébergeaient des aurochs, des bisons et même des hippopotames. Dans le même temps, des tigres étaient vraisemblablement présents en Europe occidentale (Kitchener et Dugmore 2000). Au Pleistocène supérieur, l’espace européen dans son ensemble abritait une faune de grands prédateurs impressionnante : 2 espèces (respectivement) d’ours, de hyènes, et de lynx, aux côtés du glouton, du loup, mais aussi du lion, du tigre, du léopard et du guépard. Cette grande richesse faunistique était assurée par la qualité du milieu dans lequel ces animaux évoluaient : une gigantesque sylve caducifoliée occupait une partie de l’Europe, de l’Angleterre et la Galice jusqu’à Moscou, et du Sud de la Suède jusqu’à l’Aquitaine. Les espèces décidues couvraient également, en Asie orientale, une vaste contrée comprenant une partie de la Mandchourie, de la Corée et du Japon. De plus, on trouvait, sur une large bande mal délimitée située entre les immenses steppes d’Asie centrale et la taïga nordique, une frange que les biogéographes appellent la steppe arborée. Celle – ci, sur certaines parcelles, était presque exclusivement composée de maigres bouleaux et de saules (dans Kister, sans date). Les rives inondables de certains fleuves pouvaient être d’une largeur considérable. Elles étaient recouvertes d’un complexe végétatif très riche et extrêmement dense graminées de plus de 3 mètres de hauteur, phragmites de 6 à 8 mètres – qui abritaient d’immenses troupeaux de sangliers et de fortes populations de tigres (Berg 1941, Chegodaev 2008). Même aux confins du désert de Gobi, la steppe était parsemée de petits lacs (Farale 2006). Ainsi, l’aire de distribution de l’Aurochs, du rhinocéros laineux et du daim à large ramure pouvait – elle s’étendre de la Mandchourie à l’Angleterre. La fin de la dernière période glaciaire n’entraîne pas la disparition des grands félins d’Europe, pas plus que celle de très grands herbivores. L’optimum humide néolithique qui intervient il y a 8000 ans doit être considéré, sur le plan climatique, comme le dernier maximum interglaciaire en date : il permet une expansion importante des hardes de sangliers et de cerfs, et une augmentation des populations de lions, de léopards et de tigres dans le sud de l’Europe, entre mer noire et Méditerranée. Les tigres atteignent à cette époque leur distribution la plus vaste (qui se réduira aux abords du réseau hydrographique d’Europe orientale à partir de l’aride post néolithique). Vers 480 avant J.C., Hérodote, Aristide et Pausanias parlent du nombre considérable de lions en Macédoine, Thrace (actuelle Roumanie), Thessalie (Grèce). Au Nord – Ouest , quelques siècles plus tard, la gigantesque chênaie – hêtraie abritant une faune extraordinairement riche impressionne Jules César mais le recul de celle – ci est déjà nettement perceptible. L’homme politique romain évoque, dans ses « Commentaires » « le bois impénétrable qui s’étendait au Nord des Alpes et formait un ensemble sauvage et mystérieux sur les terres des barbares (comprendre : les chasseurs – cueilleurs), où précisément, sont établies aujourd’hui les populations humaines les plus favorisées (comprendre : les sédentaires agriculteurs et citadins). » Mais une énorme forêt primaire est toujours en place jusqu’en Europe orientale. Citons encore Jules César : « Il faut neuf journées de voyage pour traverser la forêt hercynienne dans sa largeur. Elle commence aux confins du territoire des Helvètes… et s’étend, en suivant le cours du Danube, aux possessions des Daces. De là, partant du fleuve vers la gauche, elle couvre une infinité de provinces différentes… personne ne peut prétendre avoir découvert l’endroit où elle se termine. » (dans Kister, sans date). Dans ce refuge encore intact vivaient des bisons, des aurochs, des ours et vraisemblablement des léopards (dont la chasse était encore très prisée par le prince kiévien Vladimir au 10ème siècle) aux côtés de peuplades de chasseurs. Au 7ème siècle, la France de Dagobert compte des zones marécageuses immenses. L’essentiel de l’Auvergne, de la Brie, de l’Alsace et de la Lorraine, est méconnu, ici laissé dans un état quasi sauvage (comme aussi la Sologne) et là dominé par la forêt à peine pénétrée. Tout le monde admet l’existence d’une énorme forêt primitive, qui couvrait à peu près tout le sol, peuplée d’animaux et d’hommes sauvages (Bouvier – Ajam 2000). Moyen – Âge : forêt massacrée à l’Ouest, Est sauvé par la steppe La forêt caducifoliée est mise à mal en Europe occidentale au Moyen Âge : la nature est dévastée, les agriculteurs et citadins portent un coup fatal aux chasseurs – cueilleurs. Ours et chênes géants subissent de véritables campagnes d’extermination sous Charlemagne, car objet de vénération des Saxons forestiers (Pastoureau 2007). En Angleterre, les félins sont détruits dès le début de cette période, suivis par l’ours au 11ème siècle et le loup au 15ème siècle (Planhol 2004). Par contre, l’Europe centrale et surtout orientale conserve un complexe forestier et steppo – lacustre quasi intact jusqu’au 16ème siècle, conséquence directe de l’émergence de la civilisation scythe dans cette région pendant l’Antiquité : ces populations originaires d’Asie centrale renoncèrent à la sédentarité et optèrent pour une vie de pasteurs nomades, ayant une compréhension très fine des équilibres naturels. Leur rôle et leur influence fut décisive pendant plus d’un millénaire. La Hongrie est à cette époque essentiellement constituée d’une plaine herbeuse, la puszta, la zone carpatique est quasiment inviolée par les sédentaires. Les princes valaques et moldaves des 14ème et 15ème siècles évoquent plus des cavaliers scythes que les monarques d’une civilisation sédentaire. En 1351, le transsylvain Dragos fonde le royaume de Moldavie à l’issue de la poursuite d’un aurochs, qu’il prend comme emblême du nouveau royaume. Les graminées de la steppe ukrainienne sont si hautes que les nomades sur leurs petits chevaux n’ont aucun mal à s’y dissimuler entièrement dans leurs manœuvres d’approche des communautés villageoises qu’ils razzient. Plus à l’Est, dans les immenses plaines kazakhs et kirghizes, il n’est même pas exclu que le daim à large ramure ait survécu jusqu à l’ère chrétienne, et le rhinocéros laineux au moins jusqu’au 10ème siècle ( Planhol 2004). Les populations de tigres et léopards y sont importantes, parfois considérables. Les guépards, utilisés massivement comme auxiliaires de chasse, y sont quelque peu préservés. Parmi les espèces sociales, les loups et les hyènes tendent à occuper progressivement les niches de lions en déclin, ces animaux souffrant beaucoup plus que les autres des interventions humaines directes (et notamment la chasse de prestige pratiquée à très grande échelle du Nil à l’Indus). 15ème siècle : l’Europe chrétienne sauvée par la forêt Les régions de la Mer Noire et des Carpathes danubiennes avaient conservé, au sein de leurs populations, des manières d’être proches de celle des Scythes de l’Antiquité et des huns d’Europe du début du Moyen – Âge, notamment certains de leurs dirigeants politiques.. On peut notamment citer, au 14ème siècle, le transsylvain Dragos, fondateur du royaume de Moldavie en 1351 à l’issue, selon la légende, d’une chasse à l’aurochs, et, au 15ème siècle, le hongrois Etienne Bathory, le moldave Etienne et le valaque Vlad Dracula (Cazacu 2004). Le troisième jouera un rôle de premier plan dans la résistance à l’invasion turque. Ce combat de la « chrétienté » contre « l’islam » est en fait la continuation de celle des chasseurs pasteurs contre les citadins. Après l’entrée à Constantinople de Mehmet II en 1453, le conquérant ottoman poursuit son offensive à l’ouest et rien ni personne ne semble pouvoir l’arrêter. La Valachie constitue à cette époque un véritable verrou forestier qui protège l’occident. Mehmet va devoir y affronter un guerrier émérite, Vlad Dracula, qui lui infligera de terribles défaites. En 1458, à l’issue d’un revers aussi cinglant qu’inattendu, les turcs fuient en Anatolie, laissant Constantinople à la merci des vénitiens, qui ne saisissent pas cette occasion inespérée. En 1462, Vlad disloque les populations alliées aux ottomans, et Mehmet échappe d’un cheveu à la mort dans son propre camp à la suite d’une opération nocturne particulièrement audacieuse de son adversaire. A chaque fois, les populations civiles valaques sont protégées des turcs parce que cachées méthodiquement dans les forêts impénétrables. Ces derniers subiront de nouveaux et cinglants revers à la fin du 16ème et au début du 17ème siècles. Deux siècles plus tard (1655), un boyard valaque expliquait : « Nous remercions Dieu Tout Puissant de ne pas avoir de châteaux forts dans notre pays… Nous avons ces montagnes et ces forêts qu’aucun ennemi ne peut vaincre. Si nous avions eu des châteaux, voici longtemps que les Turcs nous en auraient chassés. A cause de cela, il est certain que les Turcs n’ont jamais eu la force de conquérir la Valachie ou d’y rester » (Cazacu 2004). 1B. DEPUIS LE 16ème SIECLE : DECLIN PUIS EFFACEMENT A partir du 16ème siècle, l’Eurasie connaît une deuxième rupture écologique, sociale et culturelle : après l’éradication des chasseurs cueilleurs forestiers dans l’Occident médiéval, la civilisation pastorale subit un déclin vertigineux sous la pression de l’artillerie du nouvel état russe, et plus encore de ses propres divisions internes exploitées par ce dernier. Les « kazaks » (mot turc signifiant « fugitifs ») rebaptisés « cosaques » par les russes deviennent le fer de lance nomade de la conquête de l’Asie centrale par la Moscovie (Roux 1993). Grands félins et hyène rayée subissent cette révolution de plein fouet : leurs populations déclinent progressivement, puis plus rapidement à partir de la deuxième moitié du 19ème siècle. Un siècle plus tard, la présence de certains d’entre eux (tigre, lion), était au mieux élusive. 1C. QUELQUES ELEMENTS SUR LE PARCOURS HISTORIQUE DE 5 PREDATEURS EUROPEENS OUBLIES LE LION Panthera leo europaea (P.l.persica) Dominance préhistorique multicontinentale : Afrique, Eurasie (y compris Europe occidentale), Amérique du Nord, Amérique du sud – Ouest jusqu’au Pérou (Verescagin 1969) Présent en populations énormes de l’Europe du Sud à l’Inde au début de l’époque historique. Mentionné comme présent « en nombre considérable en Macédoine, Thrace et Thessalie » par Hérodote, Pausanias et Aristide, au 5ème siècle avant J.C. Extinction officielle en Europe du sud ouest : 1er siècle de notre ère Présence dans le Caucase au moins jusqu’au 10ème siècle, et même, en Asie centrale russe, jusqu’au 19ème siècle ( Boule 1906, Planhol 2004) notamment dans les « jungles ripuaires de l’Amou – Daria ». L’identité d’au moins une partie de ces derniers est toutefois douteuse. Il s’agit peut – être, en effet, de tigres de la Caspienne (dont le pelage apparaït gris dans la tugaï). Extinction officielle en Turquie : 1890, en Irak : 1942, en Iran : 1944. LE TIGRE Panthera tigris virgata Ce tigre et celui de Sibérie constituent une seule souche, le premier étant simplement le produit de l’essaimage vers l’ouest du second. La séparation s’effectua à partir de l’aride post néolithique. Les connections génétiques entre les deux populations furent ensuite ténues mais ne furent probablement jamais complètement interrompues jusqu’au 19ème siècle.. Des documents comme la carte de distribution des uns et des autres publiée par Jackson (1996) et les éléments fournis par Prynn (1980) se complètent parfaitement, telles les pièces d’un puzzle soigneusement ajustées. Le tigre du Lop-Nor est considéré par Prynn comme un « intermédiaire » génétique entre les deux variétés, ce qu’il est aussi sur le plan géographique. Les travaux du généticien Carlos Driscoll (Driscoll 2008, Driscoll & al.2009) confirment le fait et vont plus loin: sur le plan évolutif, un assez récent essaimage vers l’Est de population de tigres d’Eurasie occidentale serait à l’origine des populations actuelles de tigres de l’Amour (carte particulièrement éclairante). Présent jusque dans l’Arctique européen lors des maxima interglaciaires du Pléistocène supérieur et de l’optimum humide néolithique (de même vraisemblablement qu ‘en région danubienne dans le dernier cas). Boule (1906) évoque la présence du tigre en Europe septentrionale et orientale. Il tient au préalable à se démarquer nettement de nombre de ses collègues qui situent le tigre en Europe centrale et occidentale, ce qu’il réfute, comme le feront ses successeurs , à l’exception de l’allemand Groiss (1996). Tchersky (cité par Boule 1906) qui a décrit et figuré les ossements de tigres en Sibérie orientale, retrouve des restes identiques en Sibérie occidentale (cavernes de l’Altaï), dans les bassins de la Volga et de l’Oural. Les projections cartographiques sur les maxima interglaciaires publiées par Kitchener et Dugmore (2000) vont dans le même sens. La forêt caducifoliée constituait le milieu naturel de ces animaux. Elle s’étendait à cette époque (et jusqu’au début de l’époque médiévale), du Japon septentrional (où les tigres étaient d’ailleurs présents) aux régions les plus occidentales de l’Europe. Panthera tigris virgata est vraisemblablement présent en Europe du Sud et de l’Est - jusqu’en Hongrie – pendant les périodes de domination des pasteurs dans cette zone (dans certains contes, le roi des Scythes est figuré à cheval sur un tigre gigantesque). Il reste bien implanté entre l’Anatolie et la Mer d’Aral jusqu’au siècle dernier. L’animal est détruit sciemment en Russie avant que son milieu ne subisse le même sort : lors de l’achèvement du chemin de fer transcaspien en 1906, est lancé un très vaste programme de transformation de la steppe d’Asie centrale en champs de coton. L’armée est alors chargée d’exterminer au préalable les tigres vivant dans ces régions. Le massacre est systématique pendant un quart de siècle (les changements dans l’agriculture ne commençant à prendre effet que dans les années 30, puis, à beaucoup plus grande échelle, dans les années 60. En 1934, tigres eurasiens et tigres de Sibérie ne sont plus représentés que par quelques dizaines d’individus. On ouvre des réserves naturelles pour sauvegarder les survivants mais ce qui sera un succès pour les tigres de Sibérie s’avèrera vain pour leurs congénères occidentaux (Prynn 2003). Au Tadjikistan, les tigres se réfugient en grand nombre dans les gorges de rivières de montagne. Une réserve naturelle , « le ravin du tigre » (Tigrovaya Balka) est créée à leur intention en 1938 (Cagnat com.pers.). Une dernière et impressionnante migration de ces animaux suivant les troupeaux de sangliers intervient dans région aralienne en Novembre 1945. L’animal disparaît en Iran presque en même temps qu’en Russie (fin des années 50 / début des années 60), Officiellement disparu du Tadjikistan depuis 1954, il continue pourtant à être objet d’attention pendant les années 60, pendant lesquelles l’amende pour braconnage le concernant est portée à 1000 roubles, ainsi que l’explique un article d’un ouvrage en langue russe sur les espèces menacées de ce pays, « Le livre rouge du Tadjikistan 1988, Cagnat com.pers.). Il survit tardivement en Anatolie orientale, vraisemblablement au moins jusqu’ au début des années 90 ( in Sennepin 2008a). Une présence élusive de l’animal dans l’Ouest des monts Zagros n’est pas à exclure totalement (témoignage présenté en 2001 à Can et Lise 2004). L’animal aurait également été vu au Kazakhstan à la fin des années 80 (Kashkarov communication personnelle). Cet individu fut abattu sur les flancs du mont Elbourz, en Iran. Sa peau est conservée au British Museum, à Londres. Ses stries étaient rousses (Burton & Burton 1969). LES LEOPARDS Panthera pardus saxicolor + P.p. tulliana Le léopard préhistorique est présent dans de nombreuses régions en Afrique et en Eurasie (Europe occidentale incluse). La situation est complexifiée par le fait que léopard et jaguar sont très proches sur le plan évolutif, et se sont séparés à partir d’une souche commune née en Asie centrale (on connaît au moins un jaguar préhistorique européen (Turner & Anton 1997). Le léopard se maintient en Europe occidentale vraisemblablement jusqu’au début de l’époque médiévale et le reflux de la forêt caducifoliée sous la hache des sédentaires. Il se maintient encore pendant des siècles en Europe orientale et méridionale. Le prince kiévien Vladimir (10ème siècle) apprécie la chasse au léopard et la fait illustrer sur des tapisseries. P.p. saxicolor est toujours présent aujourd’hui dans plusieurs pays d’Asie centrale (Jackson 1996) dont l’Iran (Abdoli & al.2008, Ghoddousi & al. 2008). P.p.tulliana est officiellement disparu en Turquie orientale depuis 1974, mais les interrogations concernant une présence élusive dans la région sont les mêmes que celles concernant le tigre (Can et Lise 2004). Un spécimen a été aperçu à l’ouest d’Ankara en 1989 et le biologiste Tansu Gurpinar qu’une dizaine de représentants de cette variété habitent les montagnes côtières de l’ouest de la Mer Noire dans la partie nord de la Turquie et au sud des montagnes Toros. Un guide nommé Vedat Palendoken affirme que huit ou dix léopards sont vus du côté de Hakkari, des chasseurs en ont repéré près de Mugla et au Nord de Marmaris, et des gens en ont aperçu sur la péninsulke de Dilek, en face de l’île grecque de Samos toute proche, soit à quelques encâblures du territoire de l’Union européenne (Christen 2000). Il resterait encore aujourd’hui 10 à 15 individus dans les monts Taurus. LE GUEPARD Acinonyx jubatus venaticus Le guépard préhistorique était présent dans de très nombreuses régions d’Afrique et d’Eurasie, Europe occidentale incluse. La situation est complexifiée par le fait que guépard et puma sont proches sur le plan évolutif et dérivent d’une souche commune des steppes d’Asie centrale (on connaît l’existence d’au moins deux guépards américains (Turner & Anton 1997)). Utilisé pour la chasse au Moyen Orient et en Asie centrale, - il fut importé dès la plus haute antiquité par des princes arméniens -, le guépard asiatique, plus grand que son congénère africain, a la fourrure plus longue et plus sombre, a été, de ce fait, à la fois préservé et détruit de cette manière, jusqu’au 19ème siècle. L’empereur moghol Akbar le Grand avait 1000 guépards dans ses écuries de chasse et en aurait capturé 9000 à l’état sauvage pour entretenir sa collection (Jackson & al. 1996). Il a disparu de Russie méridionale au début des années 40 (Kashkarov & al. 2008) et d’Asie centrale (officiellement) au cours des années 60 et 70 (Jackson & al. 1996). Il en resterait encore quelques dizaines en Iran (Jowkar & al. 2008). Des guépards africains ont déjà été importés (comme auxiliaires de chasse). Certains se sont échappés et des croisements avec leur congénère asiatique se sont peut – être déjà produits. Des introductions destinés à renforcer numériquement les guépards iraniens sont à l’ordre du jour, et la question fait controverse parmi les naturalistes. Au Kazakhstan, le guépard, officiellement disparu dans les années 70 (Jackson & al. 1996), a été observé à plusieurs reprises au cours des années 80 et 90. Dans le dernier cas, il s’agissait d’une mère et de ses deux enfants vus par de nombreux passagers d’un bus à côté de la Mer Caspienne (Péninsule de Buzachi) (Kashkarov, communication personnelle). Considéré officiellement comme éteint en Afghanistan depuis les années 50, le guépard y a peut être survécu en très petit nombre, dans des zones reculées, jusqu’à aujourd’hui (Manatu & Nogge 2008). LA HYENE (Hyaena hyaena) La hyène, animal social et ubiquiste, est présente en Europe (notamment) depuis la préhistoire, où elle était représentée par plusieurs espèces. Même si sa présence s’est faite plus discrète pendant la période historique, elle n’a peut être jamais complètement disparu du territoire européen et circum - européen, y compris récemment.. Elle est encore présente, notamment, en Turquie (plusieurs centaines d’individus fractionnés géographiquement en 3 ou 4 groupes, Can & Lise 2004). Un individu fut abattu le 9 janvier 2006 à Hathay (Can &Lise 2006). Individu abattu en 2001dans le Sud – est de la Turquie ( Can & Lise 2006). Par contre, les observations faisant état de la présence de la hyène striéé en 2002 dans des gorges de la chaïne des Rhodopes, au Sud – ouest de la Bulgarie,n’ étaient peut – être liées qu’à un animal enfui d’un cirque ambulant passant dans la région deux semaines avant la découverte de son corps écrasé sur une route (Berthoud com.pers). Deux autres grands carnivores sont toujours présents dans l’espace russe : L’Once (léopard des neiges) Le Dhôle (loup rouge) 2. UNE SOURCE TRIFIDE POUR LA CULTURE EUROPEENNE EUROPE DU NORD ET DE L’EST : CULTURE DE L’OURS ET DE LA FORÊT (chasseurs – cueilleurs) Depuis la préhistoire, le culte de l’ours est présent dans l’Europe forestière et montagnarde, c’est à dire sur l’essentiel de l’espace européen jusqu’à l’antiquité (Pastoureau 2007). Il reste très prégnant chez les germano – scandinaves jusqu’au Moyen Âge, (où il est officiellement détruit par Charlemagne, qui soumet les Saxons et organise des battues d’extermination des ours en 773 et 785), en Europe orientale et dans les régions montagneuses d’Europe occidentale et centrale, jusqu’au siècle dernier, voire jusqu’à aujourd’hui dans certaines régions, où son influence culturelle est explicite (Pyrénées, Carpathes…) STEPPES D’EUROPE ORIENTALE : LA PREDATOLATRIE (pasteurs) Au 7ème avant J.C. des populations sédentaires d’Asie centrale, les Scythes, choisissent le nomadisme, donnant naissance à une civilisation originale, des plateaux de l’Altaï à la mer Noire et la putszta (prairie) hongroise. Ils vouent un culte particulier à la Nature dans ce qu’elle a de plus sauvage c’est à dire de plus libre (Schiltz 1994, Lebedynsky 2001, Sennepin 2007b) et notamment au cerf et aux grands félins (lion, léopard, tigre). Leurs réalisations artistiques, d’une beauté à couper le souffle, illustrent parfaitement cette intimité mentale avec les prédateurs (Schiltz 1994). Les Huns d’Europe marquent directement l’Europe occidentale de cette influence civilisationnelle aux 4ème et 5ème siècles (Escher & Lebedynsky 2007). Au Moyen Âge, Les empires des steppes d’Asie centrale assument cet extraordinaire héritage (Chuvin 1999, Farale 2006, Jiang Rong 2007) jusqu’au 16ème siècle. La stratégie guerrière de ceux – ci, qui leur permit de bâtir en quelques décennies le plus grand Empire de tous les temps, était directement inspiré des techniques chasseresses des hordes de loups (Jiang Rong 2007). L’abondance de grands carnivores en Eurasie occidentale jusqu’au 16ème siècle est directement liée à la domination des descendants de la civilisation scythe dans cette région. Une mosaïque de grands prédateurs terrestres d’une richesse inouïe constituait en effet l’environnement quotidien des nomades des steppes. Cet assemblage extraordinaire s’est maintenu en Russie méridionale jusque dans les années 40 (Berg 1941) à l’exception du lion, vraisemblablement disparu dans cette région quelques décennies plus tôt (Boule 1906). Il s’agissait de cinq grands félidés : lion, tigre, léopard, guépard, lynx, de quatre grands canidés : loup gris, dhôle, chacal, renard roux, de trois grands mustélidés : blaireau, glouton, ratel, d’un ursidé : ours brun, et d’un hyénidé : hyène rayée. Les huns d’Europe sacralisaient le glouton mâle pour ses vertus combattantes. Les mongols s’inspiraient des loups pour leurs opérations guerrières (Jiang Rong 2007). Il est fort possible qu’ils fussent également fort impressionnés par celles des dhôles (ou loups rouges) dont les groupes dépassaient 100 individus… REGION MEDITERRANEENNE : CULTURE DU TIGRE ET DU TAUREAU (agriculteurs et citadins) On réduit souvent, à tort, les racines de la Civilisation Européenne à ce que nous imaginons «être la « Culture grecque », négligeant les civilisations nomades des chasseurs - cueilleurs et des pasteurs. Qui plus est, la Civilisation Grecque repose sur une dialectique mal connue dont est évacuée la plupart du temps une dimension essentielle. En effet, en Grèce comme ailleurs, le passage d’une société basée sur le culte rendu à une Nature généreuse à celui d’un pillage ostensible de celle – ci sur le mode guerrier fut violent et douloureux. Le Prométhéisme écrasant un symbolisme biodiversitaire préexistant provoqua une déchirure, qui fut à l’origine de la Tragédie Grecque, ce qui’a été magnifiquement démontré par Maria Daraki (1994). Son ouvrage « Dionysos et la Déesse Terre » est particulièrement éclairant sur ce que fut « la Pensée sauvage grecque », aux antipodes des « lois de la Cité ». Il apporte aussi une explication historique passionnante au renforcement du culte de Dionysos à l’âge classique, logique compensatoire qui constitue une véritable revanche institutionnelle d’une représentation fine, complexe et harmonieuse du Monde, de la Mort, du Temps et de l’Espace , que l’idéologie sédentaire avait profondément meurtrie. Dionysos est associé à des plantes et des animaux dont la plupart n’ont rien à voir avec une éventuelle utilité immédiate pour les êtres humains. Son régime alimentaire est essentiellement végétarien. Il n’est pas immortel. Il meurt plusieurs fois, souvent dans des conditions atroces. Il ressuscite toujours. Cerbère combat Héraklès avec l’énergie du désespoir, alors qu’il vient spontanément lécher les pieds de Dionysos. La » Culture Grecque » ne fut donc pas l’expression du triomphe de la Raison (que représente Athéna). « Il y a deux enfants, et deux seulement, que Zeus prit la peine d’engendrer seul : Athéna, déesse de la Raison, et Dionysos, dieu de la Folie » (Daraki 1994). De plus, c’est l’Asie occidentale qui est le véritable berceau de la branche de la culture européenne dont les représentants et porteurs triompheront sur la scène de l’Histoire à partir du 16ème siècle. En effet, la civilisation grecque est fondamentalement tourné vers l’Est. C’est sur les plages de Sidon (dans l’actuel Liban) que le taureau Zeus enlève Europe et plonge dans la Méditerranée en lui servant de monture. Et c’est sur le mont Caucase que le roi des Dieux punira Prométhée. En Mésopotamie orientale, Dionysos prend l’apparence d’un tigre pour s’emparer de la nymphe Alphésibée. Il agit avec elle pour traverser le fleuve Stollax de la même manière que le fit Zeus avec Europe en Méditerranée. Par la suite, le fleuve mésopotamien change d’hydronyme et prend le nom de l’animal (Grimal 1963). Homère (selon Raoul Schrott), est un assyrien de Cilicie, qui a écrit l’Iliade et l’Odyssée à Karatepe. Les argonautes de Jason poursuivent leur quête de la Toison d’Or sur la mer noire et dans la dépression de Colchide (région qui comptera historiquement des colonies grecques permanentes). La première pièce de théâtre du monde, écrite par Eschyle, est intitulée « Les Perses » où l’auteur, dans une approche originale, fait s’exprimer les vaincus après les guerres médiques. Alexandre le Grand finalise cette tendance en créant un Empire eurasien où ils cherchent à faire fusionner les peuples grecs et perses (Dauxois 2008). L’Empire Romain, plus excentré, impose sa main mise sur une large partie de l’Europe occidentale, tout en maintenant son influence en Orient. Le fractionnement de l’Empire entraîne une prise en charge de l’héritage ponto caspien par l’Empire byzantin (solennisée et institutionnalisée par le thrace Justinien) que délaisse la frange extrême occidentale de l’Europe. La séparation est lourde des conflits médiévaux ultérieurs (schisme de 1054, destruction de Constantinople par Venise 1204). Dans les régions d’Europe orientale où la Nature (et notamment la Sylve originelle) est préservée, un syncrétisme culturel important prend corps chez les sédentaires dominants, qui acceptent largement les influences culturelles issues des communautés de chasseurs cueilleurs d’une part, des civilisations nomades qui dominaient la région dans l’antiquité d’autre part. Le transsylvain Dragos qui, poursuivant un aurochs lors d’une chasse, est entraîné par ce dernier jusqu’en Moldavie, et fonde le premier royaume moldave en 1351 en représentant l’animal sur ses armoiries, apparaît comme une synthèse du chasseur « préhistorique, du cavalier pasteur et du monarque sédentaire. 1439 : le valaque Vlad Dracul fait fixer sur la tour d’entrée de l’enceinte de l’église métropolitaine de Curtea de Arges une plaque sculptée représentant un dragon terrassant un animal ressemblant à un lion, à une époque où l’on peut circuler du Danube en Transsylvanie sans quitter la sylve, « cette mer de verdure » (Cazacu 2004). A partir du 16ème siècle, c’est la Russie qui assume l’héritage de la civilisation byzantine, politiquement détruite en 1453. Ainsi, une des régions originelles du culte de l’ours revêt les oripeaux du taureau, après une longue et aléatoire maturation historique. La Russie est baptisée dans la deuxième moitié du 10ème siècle sous le règne de Vladimir « le Soleil rouge » (féru de battues au léopard européen). Son fils, Iaroslav le Sage, est appelé par les historiens « Le grand – père de l’Europe ». Ses 9 enfants ont en effet épousé des souverains (ou souveraines) européens. C’est notamment le cas d’Anne de Kiev avec Henri 1er, roi des francs et petit fils d’Hugues Capet…(Dauxois 2008). Après 1240 et la destruction de Kiev par les nomades de la Horde d’Or, le siège dépositaire de la culture européenne est Novgorod, dirigée par Alexandre Nevski. Celui – ci permet à sa cité de survivre en se soumettant aux khans et en résistant victorieusement aux chevaliers occidentaux. Alexandre le russe est le symétrique du macédonien. Les deux regardent vers l’Est, contraint et forcé dans un cas, en conquérant dans l’autre. Du 13ème au 15ème siècle, la Russie sous le joug mongol est ainsi le laboratoire de l’Europe moderne : l’église orthodoxe, laissée libre par des mongols religieusement tolérants, occupe tout l’espace institutionnel, ce qui eût été impossible sans la présence impérieuse des guerriers nomades. Le cadre d’une future et puissante nation s’édifie ainsi sous leur protection. La fin du Moyen Âge est marquée par des séismes historiques prodigieux : à l’ouest, les débuts de l’Europe américaine ; à l’est, la fin de la prééminence de la civilisation nomade (sous le feu de l’artillerie d’Ivan le Terrible) et les débuts de l’Asie européenne… Prolongements 1 : La culture de l’ours, des Pyrénées à la Corée La culture historique de l'ours s'étend des Pyrénées (éléments multiples et foisonnants, Jean de l’Ours…) à la Corée (Tangun le premier coréen et la dialectique ourse / tigresse, Fabre 1988) , en passant par l’Europe orientale (les Huns d’Europe sacralisaient l’Ourse en tant que mère exemplaire), la Roumanie ("les hommes – ours » dans Voiculescu 2008 ) la Russie, l'Asie centrale (Ouzbekistan: Yekovoy, le fils de l'ourse), et la Sibérie orientale et ses prolongements pacifiques (Ghiliaks, Aïnous). L’aire d’expression de cette culture coïncide avec la distribution originelle de la forêt caducifoliée eurasienne. L’ours et le tigre sont associés dans le Caucase, en Asie centrale, en Sibérie et en Corée. Pour les Ghiliaks sibériens, hommes, ours et tigres constituent une triade indissociable dont les éléments sont interchangeables (Darmangeat 2006, Lou - Matignon 2004). Sandrine Boulmier, docteur en Anthropologie, a intitulé sa thèse : « L’Ours, héros socialisateur des européens. De l’enfance à l’âge adulte, de la préhistoire à nos jours » (Boulmier 2008). Cette belle formulation vaut aussi pour le tigre Panthera tigris virgata (Sennepin 2008a). L’exemple coréen est significatif ; Le fondateur du pays, Tangun est le fils du roi célèste et d’une ourse qui s’était métamorphosée en femme. Elle avait au préalable fait cette demande auprès du roi en compagnie d’une tigresse,. Ce dernier leur avait imposé des épreuves que seule l’ourse accepta d’endurer jusqu’au bout. Après plus de 1500 de règne, Tangun « entre en dormition » et devient « l’Esprit de la Montagne ». C’est aussi ce qui se produit pour le tigre en Corée, Mandchourie, Bouriatie (Baïkov 2002). Fils de l’ourse humanisée pendant sa vie, Tangun devient celui de la tigresse sauvage après sa mort… 2 : Culture de l’ours et culture scythe : une version syncrétique en Asie centrale « Yekovoy » OUZBEKISTAN (Tichy 1987) (Conte emblématique de la culture ponto – caspio – aralienne comme résumé syncrétique des différentes cultures des Carpathes au Fleuve Jaune). Le Khan de Tachkent perd son fils Yekovoy lors d’une chasse (une ourse gigantesque l’a enlevé). L’animal emporte l’enfant dans sa tanière, en prend soin, l’éduque, lui apprend tout. Ils vont chasser ensemble. Bien des années plus tard, le Khan tue l’ours, que Yekovoy considère comme sa mère, lors d’une chasse. Yekovoy, revêtu d’une peau de tigre, veut venger la mort de celle qui lui a tout appris et avec qui il a vécu heureux depuis tant d’années. Son père biologique lui explique la situation, et le ramène au palais. Yekovoy refuse de vivre dans un endroit où il étouffe et se noie dans son chagrin. Il retourne dans la forêt. Son père, effrayé par les projets de vengeance de son fils, l’envoie conquérir une ville, Chimkent, pour son compte. Yekovoy remplit sa mission mais fait de la cité conquise un royaume indépendant. Il doit ensuite soumettre deux géants (qu’il finira par tuer à la fin de l’histoire), détruire 7 sorcières, tuer un dragon… Il sauve les oisillons du Simourg en tuant le dragon sur le point de s’emparer d’eux (ceux – ci, de la taille d’un chameau de Bactriane adulte, piaulaient avec effroi en voyant le dragon ailé s’abattre sur eux). Les oisillons expliquent la situation à leur mère qui, au lieu de le dévorer comme elle en avait l’intention dans un tout premier temps, remercie Yekovoy, et lui sert de monture jusqu’à Chimkent, où elle le dépose délicatement dans la cour du Palais sous les hourras de son peuple. A l’appel de son père, dont la cité est tombée entre les mains du Shah de Kyzillbash, il libère Tachkent à la tête d’une armée de 1000 tigres, 1000 ours et 1000 loups. 2bis : Puissance, sophistication et influence de la culture scythe de la Mer Noire au Fleuve Jaune : Félin absolu, Oiseau et Reptile géants, expressions interchangeables du principe de prédation Le prédateur qui assure le passage vers l’au delà a une dimension archétypale. Il peut concentrer en un seul individu les caractéristiques de plusieurs espèces. Certains félins de l’art scythe tiennent à la fois du lion, du léopard et du tigre. Il est généralement associé à un oiseau géant (aigle européen, oiseau rukh mésopotamien, symorgh persan, griffon scythe, garuda indien, phoenix chinois, oiseau tonnerre nord – américain) qui est son ascendant. Les félins ailés évoquent cette parenté, de même que les griffons quadrupèdes. Certains résument des écosystèmes entiers (lion scythe archer, muni d’une queue de scorpion et dont les ailes sont des poissons (Schiltz 1994), griffon arménien composite (Donabédian & Thierry 1987)). Un reptile (serpent, dragon) associé au monde souterrain, aquatique ou marin, est le frère du félin, associé au monde terrestre. En Chine, le Phoenix, oiseau divin se réservant l’espace aérien, enfante à la fois le dragon et le tigre. Les deux peuvent donc être ailés. Au Musée Guimet, à Paris, on peut observer un Phoenix en bois laqué et sculpté de 11 cm, à propos duquel l’influence de la culture scythe est particulièrement visible. L’oiseau transporte un tigre dans ses serres. Ses ailes comme les plumes de sa queue sont, en fait , des bois de cerf (Dada 2008). Sur le portail de la madrasa Chir Dor (Registan, Samarkand), deux félins hybrides (tigres / lions) poursuivent des biches blanches. Le positionnement solaire illustrant la scène indique que celle – ci se déroule à l’aube. A Boukhara, la madrasa Divan Degi possède un portail de même facture que le précédent. Ici, les biches sont enlevées dans les serres de deux symorghs ; il est midi. A Samarkand et Boukhara, a été illustré le même principe à l’œuvre. Tigre léonin initiateur à l’aube, symorgh résoluteur au zénith, c’est le même animal qui agit, par delà les temps. Au monastère arménien Geghard, les deux tigres encadrent un aigle tenant un agneau dans ses serres… La culture européenne fut vivante et dynamique tant qu’elle put bénéficier des influences croisées des civilisations respectives des chasseurs – cueilleurs, des pasteurs nomades et des agriculteurs et citadins. Cette synthèse était et reste plus que jamais l’indispensable alchimie pour une culture vivante, forte et porteuse d’espoir. LES RACINES DE LA CIVILISATION EUROPEENNE (D’après une illustration dans Baïkov 1938, p.51) CONCLUSION L’APOCALYPSE EST AUSSI UNE REVELATION La résurrection de vastes espaces naturels et de leur grande faune originelle peut constituer une formidable opportunité pour l’Europe, et ce à plusieurs niveaux. Une initiative telle que celle – ci est écologiquement exemplaire et peut s’avérer un projet phare aux yeux du monde, en ce 21ème siècle où le renforcement des défenses immunitaires de la biosphère relève de l’urgence absolue. C’est un projet fédérateur, qui peut être le moteur d’une nouvelle dynamique politique, aujourd’hui encalminée. Réouvrir des espaces forestiers, steppo – lacustres, fluvio – marécageux, c’est régénérer non seulement la Nature mais aussi la Culture, en permettant le retissage d’un syncrétisme civilisationnel tel qu’il existait en Europe occidentale jusqu’au Moyen Âge et en Europe orientale jusqu’au 16ème siècle. Ce nouvel élan social et humain possède une puissance résolutrice naturelle dans nombre d’abcès de fixation artificiels de la société sédentaire technobie . Le cas des 10 millions de Roms dans l’espace européen est de ce point de vue emblématique. Il peut, plus largement, hâter un basculement des perspectives, vers une approche de « vie en biodiversité totale » (selon le concept développé par Galhano – Alves - 2000 - ) beaucoup plus facilement accessible pour tous ceux qui aspirent à un mode de vie harmonieux et équilibré. Quant à la présence de 4 très grands félins et d’une hyène à l’état sauvage dans l’espace européen, elle est aussi naturelle que celle du loup en France. Ceux ci comme celui - là furent dominants puis réduits à (presque)rien. Le canidé a profité de la reconstitution d’espaces forestiers alpins pour réintégrer une partie de son domaine passé. D’ailleurs, Il y a désormais probabilité que le loup n’ait jamais totalement déserté le massif central au cours du XXème siècle… Des plans de réadaptation à la vie sauvage sont à élaborer parmi les populations de grands félins captifs européens. Celles - ci subissent jusqu’à aujourd’hui un véritable « massacre des innocents » qui est aussi la dilapidation hallucinante d’un capital biologique tragiquement sous estimé (Sennepin 2008b). La forêt îlienne de Letea, dans le Delta du Danube, où vivent pélicans et chevaux sauvages, est constituée d’essences coïncidant aux préférences écologiques du tigre européen (qui hanta ces milieux autrefois) : peupliers blanc et noir, orme, aulne, chêne, frêne, extrême diversité en arbustes… Or, en Septembre 2008, le parlement roumain a lancé le projet d’ouvrir 13 parcs nationaux à la chasse commerciale, de façon à éliminer la faune sauvage de ces zones, première étape du démantèlement des parcs et de leur transformation en zones d’exploitation agricole (source Wikipedia « Letea forest »). Les autorités de ce pays s’inscrivent ainsi dans une démarche homologue à celle du gouvernement russe il y a un siècle, qui avait décidé l’extermination, par l’armée, des tigres, léopards guépards ainsi que les quelques lions relictuels de Russie méridionale préalablement à la mise en culture intensive de celle – ci. L’entrée de la Roumanie dans l’Union Européenne en 2007 avait entraîné le doublement des populations ursines sur le territoire de cette dernière… POUR L’EUROPE, EST VENUE L’HEURE DE VERITE. Alain SENNEPIN. février 2009 Responsable du site : 4 continents pour les tigres http://www.avenir-tigres.com Version anglaise : 4 continents for tigers http://www.adventure-tigers.com [email protected] DIONYSOS (dans Daraki 1994) BIBLIOGRAPHIE ABDOLI (A) & al. 2008. First evidence of persian leopard from Khaeez area, southern Iran. Cat News 48, Spring 2008, 17. ARSENIEV (V.K.). 1996. Dersou Ouzala. La Taïga de l’Oussouri. Pocket eds. BAÏKOV (N). 1938. Le Grand Van. La vie d’un tigre de Mandchourie. Traduit du russe par le Prince Pierre P. Wolkonsky. Eds. Payot. BAÏKOV (N). 2002. Des tigres et des hommes. « Le Grand Van » et autres nouvelles. Payot eds. BAÏKOV (N). 2004. Dans les collines de Mandchourie. Payot eds. BERG (L). 1941. Les régions naturelles de l’URSS. Payot eds. 382p. 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