INTRODUCTION
L’Europe, petite péninsule au carrefour de l’Asie et de l’Afrique, a bénéficié des
apports faunistiques croisés de ces deux continents.
De très nombreuses espèces sont eurasiennes, l’endémisme européen étant un fait
exceptionnel (Spalacidae danubiens, lynx ibérique).
Genette, mangouste, porc – épic du sud – ouest de l’Europe, et magots de Gibraltar
sont tous originellement africains.
Le lièvre « ibérique » et le chacal des Balkans sont tous deux afro – asiatiques
(Hainard 1987/1989).
Cette biodiversité exubérante a assuré, dans un premier temps, la mise en place
d’une culture équilibrée et harmonieuse (Daraki 1994)
Lors de l’époque historique, l’Europe a hébergé, sur son territoire, au moins quatorze
grands carnivores terrestres dont cinq ne sont jamais mentionnés dans les
répertoires de la faune européenne.
Aux côtés du loup, du renard roux et du chacal, des ours brun et blanc, du blaireau et
du glouton, des lynx boréal et ibérique, devraient être aussi mentionnés
quatre grands félins, le lion, le tigre, le léopard et le guépard, et une hyène, la
hyène rayée.
La présence de ces derniers fut certes variable selon les époques et les espèces
concernées, mais elle fut pour la plupart d’entre elles significative jusqu’au 16ème
siècle.
Elle déclina par la suite puis devint carrément élusive au cours des dernières
décennies, en concomitance à la destruction de leurs milieux de vie.
Ce phénomène récent est assez comparable, de fait, à ce que fut l’histoire du loup en France au
cours du XXème siècle, celle d’une absence à peu près complète, persillée d’une présence
épisodique, ponctuelle, et d’une extrême discrétion.
Cette histoire fut une simple parenthèse. Une famille de loups s’installa dans les Alpes françaises en
automne 1992, profitant de la reconstitution d’un couvert forestier continu qui avait été rompu au cours
du 19ème siècle du fait d’un élevage ovin et caprin écologiquement destructeur.Même si leur nombre
total reste modeste, ces animaux ont étendu leur distribution en territoire français depuis lors.
Ces animaux, encore présents pour la plupart en Asie occidentale ou centrale, sont
en rapport intime avec la culture européenne de l’Antiquité à nos jours.
La civilisation européenne a ses racines dans cette région.
La mythologie grecque a pour points d'orgue l'enlèvement d'Europe par le "taureau"
Zeus sur les côtes libanaises, et celle d'Alphésibée par le tigre Dionysos sur le fleuve
Stollax, qui changera d'hydronyme à cette occasion pour prendre le nom de l'animal.
Simultanément, les Scythes nomades d’Europe orientale vouent un culte total aux
prédateurs sauvages qu’ils expriment dans un art à la puissance et l’originalité
inégalées.
Ces racines sont conservées vivantes dans l'Empire byzantin d'une part , et dans
l'Empire des steppes d'Asie centrale d'autre part.
La fondation du royaume de Moldavie (1351) par le transsylvain Dragos, sous
l'emblême de l'Aurochs, est probablement à la confluence de ces deux courants
culturels.
C’est la Russie qui finira par reprendre à son compte l'héritage byzantin, mais qui
portera aussi un terrible coup d’arrêt à la civilisation nomade européenne.
Aujourd’hui, l'Europe a la formidable opportunité de refonder sa culture originelle en