PHARMACODYNAMIE IFSI Dreux 2016-2017 Eric SANTINI Plan 2 1. Introduction 2. Aspects qualitatifs 3. Aspects quantitatifs 4. Facteurs influant sur la pharmacodynamie 5. Effet placebo 6. Notion de tolérance et de dépendance 7. Interactions et incompatibilités 8. Effets nocifs INTRODUCTION IFSI Dreux 2016-2017 Pharmacodynamie 1. Introduction 4 • Médicament : Article L5111-1 du CSP • « On entend par médicament toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l'égard des maladies humaines ou animales, ainsi que toute substance ou composition pouvant être utilisée chez l'homme ou chez l'animal ou pouvant leur être administrée, en vue d'établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions physiologiques en exerçant une action pharmacologique, immunologique ou métabolique. » 1. Introduction 5 • Pharmacodynamie : étymologie - « pharmakon » : remède, poison, médicament - « dynamis » : force, action • Branche de la pharmacologie qui étudie les effets sur les êtres vivants, de toute molécule chimique, quelle qu’en soit l’origine (naturelle et synthétique) • On appelle effet pharmacodynamique une modification mesurable et reproductible, fonctionnelle ou organique, provoquée par un médicament dans un système biologique (effecteur) 1. Introduction 6 Pharmacocinétique Système Biologique Médicament Pharmacodynamie 1. Introduction 7 PA Administré Bactéries, virus, parasites, champignons DISPARITION DEVELOPPEMENT A D Concentration plasmatique Concentration biophase Interaction molécule-récepteur M,E Actions cellulaires PHARMACOCINETIQUE EFFET THERAPEUTIQUE PHARMACODYNAMIE 1. Introduction 8 • Un médicament peut provoquer un ou plusieurs effets pharmacodynamiques, pour des doses qui peuvent être différentes • Un médicament possède : - un effet principal : utilisé en thérapeutique - des effets secondaires : qui sont utiles, indifférents, gênants ou nuisibles • Un même effet pharmacodynamique peut être provoqué par plusieurs médicaments (famille pharmacologique) 1. Introduction 9 EFFET E1 PRINCIPAL FAMILLE PHARMACOLOGIQUE EFFETS SECONDAIRES M1 E2 M2 E3 M3 M4 E4 1. Introduction 10 • Mécanismes d’action : • Les structures sur lesquelles les médicaments agissent sont appelées des cibles • Les médicaments agissent par des mécanismes spécifiques ou non spécifiques • Action par fixation spécifique : - fixation sur une protéine : récepteurs, enzymes, transporteurs, canaux ioniques, protéines de structure cellulaire - fixation sur le génome : ADN, ARN, protéines associées - autres sites : lipides membranaires… 1. Introduction 11 • Action sans fixation spécifique : - sans fixation dans l’organisme : le médicament agit grâce à ses propriétés physico-chimiques (pouvoir osmotique, pouvoir tampon…) - action sur des organismes étrangers : sur des organismes pathogènes (bactéries, virus, parasites, champignons) • Etude qualitative : cibles pharmacologiques, spécificité, sélectivité • Etude quantitative : relation dose/effet MECANISMES D’ACTION ASPECTS QUALITATIFS IFSI Dreux 2016-2017 Pharmacodynamie 2. Aspects qualitatifs 13 A. Action non spécifique : • La molécule agit en quantité massive, sans processus d’amplification • Molécules très variées dont le mode d’action repose sur leurs propriétés physico-chimiques 1. Interaction physique • Absorbants - agents de protection : les molécules sont des substances inertes et agissent en tapissant la paroi (charbon actif, pansements gastriques, topiques à effet tampon…) 2. Aspects qualitatifs 14 • Produits de contraste - radioéléments : molécules avec des atomes d’iode, ou sulfate de baryum comme opacifiant (agent de contraste radiologique). Utilisation de substance avec des atomes radioactifs, dans un but diagnostique (IRM, TEP…) • Modificateurs des caractéristiques du milieu : - agents osmotiques : molécules inertes, introduites en grande quantité dans l’organisme et modifiant la situation osmotique (laxatifs…) - agents tensio-actifs : action antiseptique par rupture des membranes plasmiques des bactéries 2. Aspects qualitatifs 15 2. Interaction chimique • Effet acido-basique : molécules à effet alcalinisant dans les pathologies digestives de la sécrétion acide ou en cas d’acidose diabétique • Activité redox : action antiseptique par exemple (H2O2), processus d’oxydation toxique pour les agents pathogènes • Action orientée à spécificité limitée : agents chélatants (intoxications aux métaux lourds), intercalants (cancérologie)… 2. Aspects qualitatifs 16 B. Action spécifique - notion de récepteur : • Interaction précise du médicament avec une cible bien définie • Cibles en quantités limitées, action avec de faibles concentrations de PA et par une adéquation entre la molécule et sa cible (relation structure-activité) • L’emploi de faibles concentrations va limiter les risques d’effets secondaires • Mise en jeu de mécanismes d’amplification pour accroître l’efficacité de la réponse 2. Aspects qualitatifs 17 SIGNAL D’ENTREE TRANSDUCTION AMPLIFICATION MODULATION PA RECEPTEUR AMPLIFICATEUR EFFECTEUR SIGNAL DE SORTIE REPONSES REPONSES ACTION SUR LES CAUSES OU SUR LES SYMPTOMES EFFETS THERAPEUTIQUES 2. Aspects qualitatifs 18 1. Récepteur • Définition : macromolécule de nature, le plus souvent, protéique qui appartient à la structure cellulaire et qui possède une configuration spatiale lui permettant de fixer un médiateur naturel endogène (ligand) pour produire une action biologique (activité intrinsèque) • Un récepteur est donc activé par des messagers extracellulaires pour produire un effet biologique au niveau de la cellule 2. Aspects qualitatifs 19 • Les protéines réceptrices peuvent être localisées au niveau de la membrane plasmatique, du cytoplasme ou du noyau • Les récepteurs ont deux fonctions principales : - la reconnaissance du ligand : affinité et spécificité - la transduction du signal : transformation de l’interaction ligand-récepteur en un signal se traduisant par une réponse biologique • Diversités des cibles médicamenteuses 2. Aspects qualitatifs 20 RECEPTEURS CANAUX IONIQUES TRANSPORTEURS ENZYMES 2. Aspects qualitatifs 21 • La notion de récepteur est généralisable à toute substance pharmacologique, physiologique ou xénobiotique qui se fixe sur une structure fonctionnelle de l’organisme. • Ces substances sont des ligands, et les médicaments en sont un cas particulier • Le médicament est donc porteur d’une information qu’il transmet au récepteur qui déclenche l’effet cellulaire • Un récepteur reçoit, traite et transmet l’information du ligand 2. Aspects qualitatifs 22 SIGNAL Affinité Milieu extracellulaire RECEPTEUR TRANSDUCTEUR (Protéines G) Spécificité EFFECTEUR (Enzyme) Précurseur Milieu intracellulaire Second messager Effecteur interne Réponse cellulaire Amplification 2. Aspects qualitatifs 23 • Stimulus et effet : en se fixant sur le récepteur, le ligand modifie le récepteur (stimulus) • Entre le stimulus et l’effet pharmacodynamique il y a le processus de transduction ou couplage • Les substances qui se lient sur un récepteur et le stimulent sont des agonistes de ce récepteur • Inversement les antagonistes bloquent l’action physiologique du récepteur Effet pharmacodynamique Récepteur Médicament Couplage Fixation Stimulus 2. Aspects qualitatifs 24 • Liaison et site actif : liaison entre agoniste et récepteur due à des forces de faibles intensités (liaisons hydrogène, VDW…), donc liaisons réversibles • Au niveau d’une partie particulière du récepteur, le site actif • Les configurations (structures, fonctions chimiques, charges électriques) de l’agoniste et du récepteur se correspondent (spécificité de la fixation) 2. Aspects qualitatifs 25 MEDICAMENT + - RECEPTEUR R1-COOH + Site Actif R2-NH2 - 2. Aspects qualitatifs 26 • La fixation entraîne une modification de la structure du récepteur = le stimulus RECEPTEUR Couplage PA SA Stimulus INITIATION DU PROCESSUS BIOCHIMIQUE 2. Aspects qualitatifs 27 • Critères liaison ligand-récepteur : - saturabilité : on peut déterminer le nombre de récepteurs en utilisant des concentrations croissantes de ligands radiomarqués (3H, 14C, 125I…) - stéréosélectivité : capacités de liaison et de déplacement pour des stéréoisomères biologiquement actifs - sensibilité pH et température : liaison spécifique optimale au pH physiologique et entre 25-37°C - linéarité : entre liaison spécifique et concentration tissulaire - pharmacologie : in vivo et in vitro, un PA doit déplacer une liaison spécifique avec le ligand endogène (et inversement) 2. Aspects qualitatifs 28 2. Structure et classification des récepteurs • Les récepteurs sont des protéines sur lesquelles se fixent des ligands (endogènes et/ou médicaments) pour induire un effet (physiologique, agoniste, antagoniste) • Les récepteurs font partie des systèmes de communication chimique de l’organisme • On peut distinguer 4 types de récepteurs qui différent : - en terme de structure moléculaire - en terme de mécanisme de transduction du stimulus 2. Aspects qualitatifs 29 Type 1 2 3 4 Localisation membrane membrane membrane noyau canal enzyme ou canal enzyme transcription de gène Couplage direct protéine G direct via ADN Exemples MEDIATEURS RAPIDES R nicotiniques R GABA MEDIATEURS LENTS R muscaniriques R adrénergiques FACTEURS DE CROISSANCE R insuline R cytokines HORMONES R des stéroïdes H thyroïdiennes Vitamine D Effecteur 2. Aspects qualitatifs 30 • • • • a. Récepteurs canaux Situés sur la face externe de la membrane cellulaire Les agonistes physiologiques sont des médiateurs rapides (action en millisecondes) Les récepteurs sont couplés directement à un canal ionique situé dans la membrane cellulaire La stimulation du récepteur entraîne la dépolarisation ou l’hyperpolarisation de la membrane 2. Aspects qualitatifs 31 Site de liaison M M Na+ Na+ M Extracellulaire Na+ M Intracellulaire Canal fermé Na+ Canal ouvert 2. Aspects qualitatifs 32 • Passage sélectif de certains ions (Na+, K+, Ca2+, Cl-) suivant un gradient électrochimique • Perméable à un ou plusieurs ions • Les canaux peuvent être ouverts ou fermés • Ouverture provoquée par un ligand ou un potentiel d’action • Effets physiologiques possibles : - naissance ou propagation d’un potentiel d’action - contraction cellulaire (muscles) - sécrétion (hormones…) 2. Aspects qualitatifs 33 • Canaux liés aux récepteurs des neurotransmetteurs : • Fixation d’un neurotransmetteur excitateur (acétylcholine, GABA, sérotonine…) induit l’ouverture du canal, perméabilité aux ions Na+ et K+, dépolarisation de la membrane et naissance d’un potentiel d’action • Mécanisme de propagation du potentiel d’action des neurones • En pharmacologie, il existe des agonistes, antagonistes et régulateurs allostériques de ces récepteurs 2. Aspects qualitatifs 34 • Canaux voltage-dépendant : • Ouverture activée par les potentiels d’action (dépolarisation de la membrane cellulaire) • Ils sont spécifiques d’un ion et peuvent être bloqués par des antagonistes : - canaux calcium : au niveau des muscles lisses, utilisation des médicaments inhibiteurs calciques comme vasodilatateurs - canaux sodium : au niveau fibre nerveuse, cœur, rein, utilisation des anesthésiques locaux, anti-arythmiques, diurétiques 2. Aspects qualitatifs 35 • Canaux ATP-dépendant et Ca2+-dépendant : • Le taux intracellulaire régule le fonctionnement du canal • L’ouverture du canal entraîne une dépolarisation ou une hyperpolarisation de la membrane • En pharmacologie il existe des agonistes (nicorandil) et des antagonistes (sulfamides hypoglycémiants) 2. Aspects qualitatifs 36 • • • • • b. Récepteurs couplés aux protéines G Intervention de protéines appelées protéines G Ces récepteurs sont aussi appelés métabotropiques Récepteurs à 7 domaines transmembranaires Les agonistes induisent un changement de conformation du récepteur qui entre en contact avec une protéine G (couplage) Les antagonistes n’induisent pas de modification de conformation du récepteur 2. Aspects qualitatifs 37 NH2 Extracellulaire Intracellulaire COOH 2. Aspects qualitatifs 38 • Couplage : le couplage est indirect • Le récepteur est situé sur la face externe de la membrane cytoplasmique • Une protéine G, située dans la membrane cellulaire, s’interpose entre le récepteur et l’effecteur (enzyme ou canal ionique) - l’activation du récepteur entraîne une modification de la protéine G - la protéine G modifiée agit sur sa cible (effecteur) - la protéine G revient à l’état initial après hydrolyse 2. Aspects qualitatifs 39 Effecteur Récepteur 1. Etat au repos 5. Activité GTPase intrinsèque de la sous-unité α α Groupement phosphoryle Récepteur-ligand Protéine G 2. Activation du récepteur Récepteur-ligand Effecteur α 4. Régulation de l’activité des effecteurs GDP β γ β γ α Effecteur β GTP GTP 3. Activation de la sous-unité α GDP γ Protéine G 2. Aspects qualitatifs 40 • L’échelle des temps est de l’ordre des secondes • Il s’agit d’un système amplificateur - 1 récepteur - lié à 1 ou plusieurs protéines G - chacune activant plusieurs effecteurs • Système très complexe • La réponse enregistrée est l’intégration par la cellule des stimuli qu’elle reçoit • Signaux externes (goût, odeurs…) • Signaux internes (hormones, neurotransmetteurs…) 2. Aspects qualitatifs 41 • Effecteurs : trois types différents sont à distinguer • Système Adénylcyclase AMP cyclique : • Action des protéines G sur une enzyme (inhibition ou stimulation) • L’enzyme transforme l’ATP en AMPc (second messager) qui peut activer des protéines kinases : - division ou différentiation cellulaire transports ioniques modification de l’excitabilité neuronale contractilité musculaire métabolisme cellulaire… 2. Aspects qualitatifs 42 • L’échelle des temps est de l’ordre de la minute • L’AMPc peut être inactivée par transformation en AMP grâce des phosphodiestérases • Système phospolipase C/inositol phosphate : • Action des protéines G sur des enzymes agissant sur des phospholipides membranaires - phospholipase C : second messager IP3, libération de calcium intracellulaire (contraction muscle lisse, myocarde, secrétions exocrines ou hormonales…) 2. Aspects qualitatifs 43 - phospholipase C : second messager DAG, activation protéines kinases, libération ou inhibition d’hormones ou de neuromédiateurs, contraction ou relâchement musculaire… - phospholipase A2 : second messager GMPc, formation d’hormones locales éicosanoïdes (mécanisme de l’inflammation) • Canaux ioniques : • Action directe sur un canal sans l’intermédiaire d’un second messager • Ouverture de canaux et hyperpolarisation ou dépolarisation de la cellule 2. Aspects qualitatifs 44 • • • • c. Récepteurs-enzymes Situés sur la face externe de la membrane cellulaire Associés à une enzyme intracellulaire à travers la membrane La fixation d’un agoniste entraîne une réaction enzymatique (récepteurs catalytiques) Exemple : tyrosine-kinase, elle phosphoryle des protéines cibles sur des résidus tyrosine. Elles interviennent dans la croissance, dans la différenciation cellulaire et dans la régulation de la transcription des gènes (insuline, facteurs de croissance) 2. Aspects qualitatifs 45 Ligand Extracellulaire Récepteur Intracellulaire EFFETS Tyrosine-kinase PROTEINE Protéine PROTEINE P Protéine phosphorylée 2. Aspects qualitatifs 46 • • • • • • d. Récepteur intranucléaire Le récepteur est une protéine intranucléaire Le ligand doit pénétrer dans la cellule et dans le noyau Stimulation induit transcription de gènes, synthèse de protéines (modulation ou inhibition) Effet lent de l’ordre de quelques heures Exemple : hormones stéroïdiennes, thyroïdiennes, vitamine D… Synthèse des CYP450 dans le processus d’induction enzymatique 2. Aspects qualitatifs 47 CELLULE NOYAU ADN EFFETS PROT ARNm PRINCIPE ACTIF EFFETS 2. Aspects qualitatifs 48 3. Protéines de perméabilité membranaire • Les pompes ioniques et les canaux ioniques Na+ ATP K+ ADP H+ ATP K+ ADP Ca2+ ATP K+ ADP 2. Aspects qualitatifs 49 Cibles Médicaments Pompe à proton (H+/K+ ATPase) Oméprazole Pompe à sodium (Na+/K+ ATPase) Digitaliques Echangeur Na+/H+ Amiloride Co-transport Na+/K+/Cl- Furosémide 2. Aspects qualitatifs 50 4. Les enzymes Faux Substrat Substrat Produit Enzyme Enzyme Inhibiteur Compétitif Substrat Enzyme Produit Inactif 2. Aspects qualitatifs 51 C. Spécificité - Sélectivité : 1. Spécificité • On dit qu’une molécule est spécifiquement active quand l’effet thérapeutique est du à un seul mécanisme d’action • Ce type de liaison est donc saturable • Le médicament idéal devrait avoir une action spécifique et induire uniquement l’effet thérapeutique 2. Aspects qualitatifs 52 • Lorsqu’il y a interaction entre le médicament et des entités cellulaires ou moléculaires diverses, on parle d’action non spécifique • Les effets thérapeutiques sont favorables mais souvent responsables d’effets indésirables • Ce type de liaison est insaturable • Certains effets secondaires sont directement liés à l’action spécifique, ils sont donc prévisibles 2. Aspects qualitatifs 53 Liaison d’un radioligand Liaison totale Liaison spécifique Liaison non spécifique Concentration en radioligand 2. Aspects qualitatifs 54 2. Sélectivité • Une molécule n’a pas de spécificité absolue, le plus souvent, pour un seul mécanisme biologique • Son activité s’étend à différents récepteurs, avec des affinités différentes • La molécule est donc sélective pour tel ou tel récepteur • La sélectivité des PA peut être réalisée au niveau moléculaire, cellulaire, tissulaire ou organique MECANISMES D’ACTION ASPECTS QUANTITATIFS IFSI Dreux 2016-2017 Pharmacodynamie 3. Aspects quantitatifs 56 A. Liaison ligand-récepteur : • La liaison du médicament sur des cibles est le plus souvent réversible à tout moment (liaisons faibles) • On peut donc appliquer le principe de la loi d’action de masse, qui régit toutes les réactions chimiques réversibles, à cette liaison [R] : nombre total de récepteurs [RL] : récepteurs libres [RA] : récepteurs occupés par le PA [A] : concentration PA dans la biophase 3. Aspects quantitatifs 57 • Constante d’équilibre : KA est caractéristique du médicament et du récepteur • Elle correspond à la concentration du médicament nécessaire pour occuper 50% des récepteurs • Affinité : 1/KA, plus elle est importante et plus l’aptitude du médicament à se fixer sur le récepteur est grande et plus l’équation est déplacée vers la droite • Le nombre de récepteurs occupés dépend donc de la concentration du médicament dans la biophase et de son affinité pour ce type de récepteur 3. Aspects quantitatifs 58 • Efficacité : on part du principe que l’intensité de l’effet est proportionnelle au nombre de récepteurs occupés {E } [RA] = {E max } [R] {E} : intensité de l’effet {Emax} : Intensité maximale de l’effet 3. Aspects quantitatifs 59 • Si on a un médicament A’ agoniste du même récepteur, qui entraîne le même effet E mais avec une intensité qui peut être différente { } = [RA ] {E } [R] E ' ' max ' 3. Aspects quantitatifs 60 • Si on suppose que l’intensité de l’effet provoquée par le médicament A ne peut pas être dépassée, on aura : {E } =α . {E} ' • Avec : 0 < α < 1 (α est l’efficacité) • Si α=1 : on a un agoniste parfait (médicament A) • Si α<1 : on a un agoniste partiel (médicament A’) 3. Aspects quantitatifs 61 % effet 100 {Emax} 75 {E’max} 50 40 Log de la dose CE50=CE50 3. Aspects quantitatifs 62 B. Relation effet-dose : • Indispensable pour quantifier l’importance de l’effet pharmacologique pour une molécule et pour comparer entre elles différentes molécules • Il s’agit d’une asymptote qui peut être transformée, mathématiquement, en sigmoïde en utilisant des coordonnées semi-logarithmiques • On exprime la dose en abscisses et l’effet en ordonnées 3. Aspects quantitatifs 63 • La CE50 (dose efficace 50), est la dose qui permet d’obtenir 50% de l’effet maximum • Elle caractérise la puissance d’un médicament, plus elle est faible et plus le médicament est puissant % effet % effet 100 100 50 50 Dose Log de la dose 3. Aspects quantitatifs 64 • Permet de déterminer deux paramètres importants : - dose seuil : dose à partir de laquelle l’effet apparaît - dose max : à partir de laquelle l’effet max est atteint • En pharmacologie clinique permet de d’établir la relation entre : - posologie et effet thérapeutique - posologie et effets indésirables 3. Aspects quantitatifs 65 % Effet 100 Emax A : Dose seuil B : Dose à partir de laquelle l’effet maximal est atteint AB : Zone de relation linéaire dose-réponse 50 A DE50 B Log Dose 3. Aspects quantitatifs 66 % Effet 100 Effet thérapeutique 50 Effets indésirables Log Dose 3. Aspects quantitatifs 67 C. Agoniste - antagoniste : 1. Agoniste • Efficacité : • L’effet est comparable à celui du ligand endogène après sa liaison au récepteur • L’effet pharmacologique maximal obtenu est variable • Un agoniste entier produit l’effet maximal • Un agoniste partiel produit un effet inférieur à l’effet maximal 3. Aspects quantitatifs 68 % effet 100 75 {Emax} Agoniste entier {E’max} Agoniste partiel 50 40 Log de la dose CE50=CE50 3. Aspects quantitatifs 69 LIGAND EFFET AGONISTE 3. Aspects quantitatifs 70 % Effet 100 Agoniste entier Agoniste partiel 50 Agoniste partiel Log Dose 3. Aspects quantitatifs 71 • Puissance d’un agoniste : • Plus la concentration pour obtenir l’effet pharmacologique est faible, plus le ligand a d’affinité pour le récepteur % Effet 100 A 50 B C Puissance A > Puissance B > Puissance C Log Dose 3. Aspects quantitatifs 72 2. Antagoniste • Substance qui se lie à un récepteur spécifique sans provoquer d’effet physiologique • Bloque l’action du ligand endogène • Deux types d’antagonistes : - antagoniste compétitif : se lie sur le même site que le ligand endogène - antagoniste non compétitif : se lie sur un autre site du récepteur 3. Aspects quantitatifs 73 LIGAND PAS D’EFFET ANTAGONISTE COMPETITF 3. Aspects quantitatifs 74 • Antagoniste compétitif : • Compétition entre l’agoniste et l’antagoniste pour la liaison sur le même site du récepteur • Il y a donc une diminution de l’affinité du récepteur pour l’agoniste • On pourra obtenir l’effet maximal à des concentrations plus élevées (liaisons réversibles) • Ce type d’antagonisme est donc réversible et surmontable 3. Aspects quantitatifs 75 % Effet 100 Agoniste entier L’antagonisme déplace la courbe effet-dose vers la droite 50 Log Dose Antagoniste compétitif 3. Aspects quantitatifs 76 LIGAND DIMINUTION EFFET ou PAS D’EFFET ANTAGONISTE NON COMPETITF 3. Aspects quantitatifs 77 • Antagoniste non compétitif : • Liaison au niveau du récepteur, mais sur un autre site d’action que l’agoniste • Diminution de l’effet maximal • Diminution de l’efficacité • Antagonisme insurmontable 3. Aspects quantitatifs 78 % Effet 100 Agoniste entier 50 Antagoniste non compétitif Log Dose 3. Aspects quantitatifs 79 D. Notion de marge thérapeutique : • La gamme de concentrations thérapeutiques est l’intervalle de [PA], dans le milieu biologique, pour lequel la balance bénéfice/risque est favorable par rapport aux effets indésirables • Marge thérapeutique : c’est la différence entre la concentration plasmatique maximale d’un PA (seuil de tolérance ou de toxicité) et la concentration plasmatique minimale (seuil d’efficacité) 3. Aspects quantitatifs 80 % Effet B 100 IT Zone Toxique 50 B : effet maximal DA50 : dose active qui produit 50% effet DT50 : dose toxique qui produit 50% effet A C DA50 Zone Thérapeutique A : effet minimal DT50 Log Dose FACTEURS INFLUANT SUR LA PHARMACODYNAMIE IFSI Dreux 2016-2017 Pharmacodynamie 4. Variabilité pharmacodynamie 82 PA Salbutamol Cible cellulaire Mécanisme de signalisation Agoniste des récepteurs β2 adrénergiques Diminution du Ca2+ intracellulaire Réponse cellulaire Modification d’une fonction de l’organisme Bronchodilatation Traitement de la crise d’asthme Modification du fonctionnement d’un organe Relaxation des cellules musculaires lisses 4. Variabilité pharmacodynamie 83 • L’interaction entre le médicament et son site d’action produit l’effet pharmacologique et les effets indésirables • Ces effets dépendent de l’affinité du PA pour sa cible et aussi de la variabilité interindividuelle • Il y aura donc des conséquences : - sur les délais d’apparition de l’effet (action spécifique ou non spécifique) - sur la durée des effets (PK de la molécule et fonction du patient) 4. Variabilité pharmacodynamie 84 • Causes de variabilité : - pharmacogénétique état physiologique (âge, grossesse…) état pathologique (IR, IH) interactions médicamenteuses sensibilité réceptorielle individuelle effets propres du médicament (tolérance, dépendance) 4. Variabilité pharmacodynamie 85 A. Pharmacogénétique : • Polymorphisme génétique : variabilité de la réponse à l’effet d’un médicament - variabilité PK : gènes impliqués dans la métabolisation - pharmacodynamique : gènes codant pour des récepteurs • Modification de l’effet thérapeutique (bénéfique ou néfaste) et survenue éventuelle d’effets indésirables ou toxiques 4. Variabilité pharmacodynamie 86 B. Etats pathologiques : • Insuffisance rénale : toxicité rénale de certains médicaments • Diminution de l’élimination en cas d’IR donc modifications PK et pharmacodynamiques • Insuffisance hépatique : - diminution de la synthèse enzymatique - diminution de la synthèse des protéines plasmatiques - diminution du métabolisme 4. Variabilité pharmacodynamie 87 • Conséquences : - effet de 1er passage hépatique diminué augmentation de Cmax et de la fraction libre du PA augmentation de t1/2 élimination risque accru pour les médicaments à IT étroit 4. Variabilité pharmacodynamie 88 C. Etats physiologiques : • Grossesse : le fœtus n’a pas ou peu de capacité métabolique et BFP très perméable • Modifications chez la femme enceinte : - diminution du temps de vidange gastrique - augmentation du Vd - augmentation de l’élimination rénale • Les risques sont différents en fonction du stade de la grossesse 4. Variabilité pharmacodynamie 89 • Enfant : immaturité de l’organe cible (nombre de récepteur et altération couplage récepteureffecteur) • Adaptation des posologies en fonction de l’âge et de la surface corporelle (plus fiable chez l’enfant) • Personne âgée : - altération de certains organes et systèmes de régulation de l’homéostasie (barorécepteur, parasympathique…) - altération des récepteurs et des voies de signalisation EFFET PLACEBO IFSI Dreux 2016-2017 Pharmacodynamie 5. Effet Placebo 91 A. Définition : • Les médicaments entraînent deux sortes de réponses Effet pharmacodynamique Effet placebo Réponse indépendante de la nature de la Réponse organique ou fonctionnelle dépendant substance et de ses propriétés physicode la nature de la substance chimiques Lié à une interaction physique ou chimique Intervention de phénomènes psychiques (individuels) Reproductible Non reproductible (aléatoire) Spécifique Non Spécifique Dose-dépendant Dose-indépendant 5. Effet Placebo 92 • Ne s’observe que chez un individu et pas dans un système biologique • L’effet placebo est une réponse pharmacologique ou thérapeutique de l’individu • Le placebo, en tant que substance dépourvue de tout effet pharmacodynamique, est un objet • L’effet placebo, en tant que réponse clinique, peut être favorable et/ou défavorable 5. Effet Placebo 93 • Effet placebo favorable : se manifeste par une amélioration de troubles morbides de caractère psychique ou subjectif - sensations : douleur, faim, fatigue… - perturbations de l’humeur : morosité, anxiété… - troubles psychosomatiques : asthme, UGD… • Il peut se traduire par un état de bien être ou d’euphorie 5. Effet Placebo 94 • Effet placebo défavorable : à l’inverse, l’effet nocebo, se manifeste par l’apparition de troubles morbides • Sa fréquence est élevée (20 à 25% des patients) mais il est rarement grave - somnolence, fatigue, troubles digestifs, céphalées… - phénomènes psychosomatiques (asthme…) • Il peut en revanche avoir des conséquences graves en influençant l’observance du traitement 5. Effet Placebo 95 • Mécanisme : l’effet placebo est lié à l’administration du médicament et non au médicament lui-même • C’est le fait d’administrer le médicament qui compte • Il s’agit de mécanismes psychiques inconscients d’explications multiples 5. Effet Placebo 96 B. Facteurs conditionnants : • Personnalité : sujet placebo-sensible et placeborésistant, c’est la personnalité du malade qui conditionne sa réceptivité • Confiance dans le médicament : plus le malade est persuadé qu’il s’agit du bon médicament, plus l’effet placebo est fort et inversement avec les effets secondaires • Confiance en son médecin : sa qualité est primordiale 5. Effet Placebo 97 • Confiance du médecin dans sa prescription : la bonne connaissance des propriétés d’une substance entraîne de l’assurance et de l’efficacité et la crainte inconsciente des effets secondaires peut être perçue par le malade • La voie d’administration : meilleurs résultats des voies parentérales par rapport à une prise orale • La nouveauté du traitement : répétition des administrations, le malade s’habitue à son traitement, l’effet placebo diminue 5. Effet Placebo 98 C. Conclusion : • La réponse thérapeutique résulte à la fois des effets pharmacodynamiques et des effets placebo • En pratique médicale courante, l’effet placebo est omniprésent • Le médecin doit favoriser et utiliser au mieux l’effet placebo et prévenir ou limiter l’effet nocebo NOTION DE TOLERANCE ET DE DEPENDANCE IFSI Dreux 2016-2017 Pharmacodynamie 6. Tolérance et dépendance 100 • Sources de variabilité pharmacodynamiques : - Etat physiologique et pathologique (liés au patient) - Pharmacogénétique (polymorphisme génétique pharmacocinétique et/ou pharmacodynamique) - Interactions médicamenteuses - Effets propres du médicament (tolérance et dépendance) 6. Tolérance et dépendance 101 • La tolérance : diminution de l’effet pharmacologique d’une dose de médicament lors de l’administration répétée de cette même dose • Nécessité d’augmenter la dose administrée pour retrouver l’effet pharmacologique initial • Tachyphylaxie : tolérance dès les premières doses • Tolérance pour un médicament donné peut entraîner une tolérance aux médicaments de la même classe pharmacologique (tolérance croisée) 6. Tolérance et dépendance 102 • La tolérance peut se développer pour tous les effets d’un médicaments ou pour certains seulement (tolérance partielle) • Principales classes entraînant une tolérance : - analgésiques opioïdes benzodiazépines α1 agoniste (pseudoéphédrine…) β2 agoniste (salbutamol…) dérivés nitrés 6. Tolérance et dépendance 103 • Mécanisme impliqué : désensibilisation des récepteurs liée à : - diminution du nombre des récepteurs (« down regulation ») par internalisation ou diminution de synthèse - découplage entre le récepteur et l’effecteur (protéine G par exemple) 6. Tolérance et dépendance 104 • Pharmacodépendance : définition de l’OMS • « usage répété, compulsif d’un médicament ou d’un produit non médicamenteux pour le plaisir chimique qu’il procure ou pour éviter les effets désagréables de sa suppression (syndrome de sevrage) » • Dépendance physique et psychique • Dépendance physique : apparition de troubles physiques lors du sevrage du médicament ou lors de l’administration d’un antagoniste du médicament 6. Tolérance et dépendance 105 • Dépendance psychique : apparition d’un état compulsif poussant à prendre le médicament pour avoir des sensations de plaisir • Médicaments du SNC entraînant une dépendance : - Analgésiques opioïdes - barbituriques - benzodiazépines • Il faut distinguer la pharmacodépendance induite par un traitement chronique et l’addiction 6. Tolérance et dépendance 106 • Addiction : c’est une forme extrême de pharmacodépendance, besoin irrépressible de prendre la substance associé à une perte totale du contrôle de la consommation de la substance • Sevrage : - pharmacodépendance : diminution progressive des doses pour éviter le syndrome de sevrage - addiction : mise en place d’un traitement substitutif avant diminution des doses INTERACTIONS ET INCOMPATIBILITES IFSI Dreux 2016-2017 Pharmacodynamie 7. Interactions et incompatibilités 108 A. Interactions : 1. Définition • Effets liés à co-administration de plusieurs substances • Interactions de type : - médicaments/médicaments médicaments/aliments médicaments/xénobiotiques médicaments/substances endogènes 7. Interactions et incompatibilités 109 2. Types d’interactions médicamenteuses • Soit un effet E, d’intensité {E} • On peut les obtenir par administration d’une substance A à la dose [A] • On observe ce qu’il se produit en cas de coadministration d’une substance B à la dose [B] • Deux possibilités : - B ne provoque pas l’effet E - B provoque l’effet E 7. Interactions et incompatibilités 110 • B ne provoque pas l’effet E : • Soit la dose [A’] de A qui donne l’effet E avec la même intensité {E} que A administrée seule • [A] {E} et [A’]+[B] {E} • Soit R=[A’]/[A] • Indépendance : si R=1 donc [A’]=[A] • Aucune interférence entre A et B, leurs effets ne sont pas modifier par l’association 7. Interactions et incompatibilités 111 • Potentialisation : si R<1 donc [A’]<[A] • Effet non réciproque • Pour obtenir le même effet, la dose nécessaire de A est plus faible • On dit que B a potentialisé A (augmente la rapidité, la durée ou l’intensité des effets) • Potentialisation non réciproque car A ne peut pas accroître les effets de B 7. Interactions et incompatibilités 112 • Antagonisme : si R>1 donc [A’]>[A] • Pour obtenir le même effet, il faut une dose de A supérieure • Antagonisme parfait : B diminue ou supprime tous les effets de A • Antagonisme imparfait : B diminue ou supprime une partie seulement des effets de A • On dit que B antagonise A (diminue la rapidité, durée ou intensité de ses effets) • Cas particulier antidotisme : pour les substances qui s’opposent aux effets des produits toxiques 7. Interactions et incompatibilités 113 • • • • • • • • B provoque l’effet E : Les deux substances A et B entraînent l’effet E [A] {EA} [B] {EB} [A]+[B] {EAB} Additivité : {EAB}={EA}+{EB} Les effets des 2 substances s’ajoutent Pas d’interaction, B ne modifie pas l’effet de A et réciproquement • La même efficacité peut donc être obtenue avec des doses moindres de chaque constituants (améliore la tolérance) 7. Interactions et incompatibilités 114 • Synergie : {EAB}>{EA}+{EB} • Effet réciproque • Efficacité de l’association supérieure à celle de chacun des constituants pris séparément • Amélioration de l’effet thérapeutique sans augmenter, même parfois en diminuant, les doses • Antagonisme : {EAB}<{EA}+{EB} • Efficacité de l’association inférieure aux effets séparés • Administration séparée des médicaments, ou non associés 7. Interactions et incompatibilités 115 3. Mécanismes des interactions • Interactions chimiques : • Combinaison chimique, neutralisation des substances • Exemple : héparine (A) et protamine (B) A R A B A EFFET R B AB R EFFET 7. Interactions et incompatibilités 116 • Interactions physiologiques : • Les 2 substances A et B agissent sur des fonctions physiologiques différentes dont les effets s’ajoutent ou se contrarient • Potentialisation physiologique : • B supprime une fonction physiologique qui contrarie les effets de A • Exemple : l’adrénaline (A) entraîne une hypertension limitée par un réflexe vagal (bradycardie). L’atropine (B) bloque le nerf vague donc augmentation de l’hypertension et potentialisation de l’action de l’adrénaline 7. Interactions et incompatibilités 117 • Antagonisme physiologique : • B inhibe une fonction physiologique, ce qui empêche A de manifester ses effets • Exemple : la strychnine (A) provoque des convulsions en agissant sur la moelle épinière. Les curares (B) suppriment les convulsions en paralysant les muscles striés 7. Interactions et incompatibilités 118 • Interactions cinétiques : • B modifie la pharmacocinétique de A - absorption (biodisponibilité, Cmax, Tmax) - fixation aux protéines plasmatiques - Vd (lieux de stockage), t1/2 et clairance • Variations immédiates ou plus ou moins retardées (induction ou inhibition) • Les interactions par induction ou inhibition enzymatique constituent 30 à 50% des interactions médicamenteuses 7. Interactions et incompatibilités 119 • Interactions pharmacodynamiques : • Interaction au niveau des récepteurs et/ou du couplage • Interactions compétitives : - antagonisme compétitif total - antagonisme compétitif partiel • Interaction par blocage irréversible des récepteurs : • Liaisons fortes (covalentes) irréversibles • Interaction non compétitive 7. Interactions et incompatibilités 120 • Interactions allostériques : • A et B ont une affinité pour le même récepteur au niveau de sites actifs différents • La fixation de B induit une modification moléculaire - potentialisation - antagonisme non compétitif • Interactions fonctionnelles : • A la différence des interactions physiologiques, les interactions fonctionnelles concernent des substances agissant sur la même fonction physiologique 7. Interactions et incompatibilités 121 • Inversion d’action : • Le médicament A utilisé seul donne l’effet {E} • Administré après la substance B, A produit l’effet opposé - {E} • Existence de 2 populations de récepteurs pour A donnant des effets opposés • Exemple : vasoconstriction/vasodilatation 7. Interactions et incompatibilités 122 B. Incompatibilités : • Il y a incompatibilité entre les composants (PA et excipients) d’une préparation quand elle est inadministrable, inefficace ou dangereuse - dans l’industrie : pas d’incompatibilités - à l’officine : a éviter dans les préparations magistrales - chez le patient : mélange impromptu de médicaments par déconditionnement - médecin ou infirmière : prescription ou administration de substances incompatibles (tableaux de compatibilités et incompatibilités) EFFETS NOCIFS EFFETS INDESIRABLES IFSI Dreux 2016-2017 Pharmacodynamie 8. Effets nocifs et indésirables 124 A. Introduction : • Pathologie iatrogène médicamenteuse • La prise de tout médicament comporte un risque • On appelle effets toxiques les manifestations nocives résultant d’un excès de médicament • Un toxique est une substance étrangère à l’organisme susceptible de provoquer des effets toxiques, voire mortels • Tout médicament se transforme en toxique lorsqu’il est absorbé en quantité excessive • C’est la dose qui fait le poison 8. Effets nocifs et indésirables 125 B. Effets toxiques : • Toxicité aiguë : • Résulte de l’absorption en une seule fois d’une quantité excessive de toxiques • Ce sont des intoxications médicamenteuses aiguës • Surdosages : • La répétition des administrations conduit à la présence dans l’organisme de quantités de médicaments suffisantes pour provoquer des effets toxiques - intolérance relative : population 8. Effets nocifs et indésirables 126 - posologie mal adaptée - accumulation : administration plus rapide que l’élimination - déficit d’élimination ou de métabolisation (état pathologique, physiologique, pharmacogénétique) • Thésaurismose : • Fixation irréversible d’un médicament dans un tissu • Intoxications par les métaux lourds par exemple 8. Effets nocifs et indésirables 127 • Toxicité chronique : • La répétition des administrations est suivie de lésions tissulaires caractéristiques du produit • Dose-dépendante et la fréquence augmente avec la durée du traitement • Lésions diminuent plus ou moins vite à l’arrêt du traitement • Toxicité cumulative : • Chaque administration provoque une lésion élémentaire irréversible • Manifestations cliniques quand une dose seuil est atteinte 8. Effets nocifs et indésirables 128 C. Effets indésirables : • Ce sont les effets nocifs survenant dans les conditions usuelles d’emploi • Effet indésirable : réaction nocive et non voulue, aux posologies normalement utilisées chez l’homme • Effet indésirable grave : effet indésirable létal ou susceptible de mettre la vie en danger ou entraînant une invalidité ou une incapacité importante ou durable 8. Effets nocifs et indésirables 129 • Effet indésirable inattendu : effet indésirable dont la nature, la sévérité ou l’évolution ne correspondent pas aux informations contenues dans le RCP • Mésusage : utilisation non conforme aux recommandations du RCP • Effets indésirables pharmacodynamiques : • Ceux dus à l’effet principal sont inévitables • Ceux dus aux effets secondaires peuvent être minimisés en changeant de forme galénique ou en modifiant la molécule 8. Effets nocifs et indésirables 130 • Effets nocebo : • Liés à la prise du médicament et non à la nature ou aux effets pharmacodynamiques • De nature psychique et non biologique • Souvent bénins mais peuvent perturber l’observance • Effets indésirables immunologiques : • Allergie médicamenteuse due à des réactions immunitaires liées à la répétition des administrations • Mécanisme habituel de l’allergie 8. Effets nocifs et indésirables 131 • Effets indésirables anaphylactoïdes : • Manifestations nocives proches des manifestations immunologiques liées aux IgE (urticaire, bronchospasme, choc) • Mais mécanisme différent, habituellement libération massive et brutale d’histamine • Effets indésirables pharmacogénétiques : • N’intéressent que certains individus mais sont constants chez eux 8. Effets nocifs et indésirables 132 • Effets indésirables inexpliqués : • Le plus souvent la survenue d’un effet indésirable et sa fréquence sont connues • Mais l’apparition chez un malade particulier (particularité génétique) de manière inattendue, imprévisible et inexpliquée s’appelle l’idiosyncrasie • Il s’agit en général d’effets dose-dépendants 8. Effets nocifs et indésirables 133 D. Effets mutagènes et cancérigènes : • Ces effets sont systématiquement recherchés avant la mise sur le marché d’un médicament • Cette règle n’est cependant pas absolue • Certains médicaments sont sûrement cancérigènes (anticancéreux, hormones…) dans certaines circonstances mais sont indispensables et irremplaçables • Il faut considérer la gravité de l’affection traitée, le bénéfice escompté et l’importance du risque POUR TOUTES QUESTIONS [email protected] IFSI Dreux 2016-2017 Eric SANTINI