La Lettre du Cardiologue - n° 348 - octobre 2001
32
des parois antérieure, latérale et apicale, sont enfin détectés de
façon fiable et autorisent un contour reproductible. Le réglage,
par l’ajustement des gains, est une étape préliminaire indispen-
sable afin d’obtenir, en AQ, une courbe optimisée de la zone
d’intérêt.
Il est de ce fait irréaliste de vouloir travailler en CK sans ima-
gerie harmonique. Ce progrès permet actuellement d’utiliser AQ
et CK en routine chez la plupart des patients.
Une autre limite réside dans le fait que CK s’intéresse non pas à
l’épaississement de l’endocarde, mais à sa cinétique ; on peut
cependant habituellement considérer que, si le mouvement de
l’épicarde est minime et qu’il n’y a pas de mouvement de trans-
lation cardiaque excessif, le mouvement de l’endocarde est cor-
rélé à son épaississement. Comme l’ensemble des méthodes ana-
lysant l’excursion de l’endocarde, CK est affectée par la translation
et/ou la rotation cardiaque.
L’ACQUISITION DES IMAGES EN CK EST-ELLE
DIFFICILE ?
L’acquisition des images en CK repose sur un contour “irrépro-
chable” de l’endocarde et l’optimisation de ces images passe par
une réelle courbe d’apprentissage. L’étape initiale est donc d’ob-
tenir un contour adéquat en AQ avant l’utilisation du module CK ;
il est d’ailleurs nécessaire de confronter en permanence le contour
de l’endocarde reconnu par l’opérateur à celui reconnu par la
machine en switchant de l’image en échelle de gris à l’image en
CK. Un réglage soigneux des gains permet d’effacer une recon-
naissance inadéquate au niveau d’un cordage aberrant ou de bruit
acoustique intracavitaire. Ces réglages, en cas d’épreuve phar-
macologique, peuvent être mémorisés pour chaque incidence ;
cela confère des conditions d’enregistrement superposables et
reproductibles au cours d’une échographie de stress.
Le repère de l’ECG est également indispensable pour le codage
couleur, le logiciel commençant son contour après le début des
QRS. Pour la diastole, il est d’ailleurs possible de modifier le
moment du codage couleur par rapport à l’ECG, afin d’indiquer
le début effectif de la diastole.
QUEL EST L’AVANTAGE CLINIQUE DES IMAGES
EN CK ?
L’application clinique la plus évidente est la détection des ano-
malies de la cinétique régionale (3, 4). L’épaisseur totale de la
bande de couleur reflète l’amplitude de la cinétique de l’endo-
carde dans chaque territoire et dans chaque incidence ; il est alors
possible de définir un segment comme normokinétique, hypo-
kinétique, akinétique ou dyskinétique. Les résultats obtenus par
CK ont été largement corrélés aux interprétations convention-
nelles en imagerie bidimensionnelle. Les images télésystoliques
déterminent également l’étendue spatiale des anomalies de la
cinétique dans les différents territoires coronariens avec une excel-
lente définition de l’étendue de la dysfonction régionale.
LES OUTILS DE QUANTIFICATION CK
Un logiciel récemment développé par l’équipe de l’université de
Chicago permet une approche quantitative automatisée des ano-
malies segmentaires (5, 6) ; il est ainsi possible d’appréhender
non seulement l’amplitude du mouvement de l’endocarde, mais
également le timing de la cinétique régionale, c’est-à-dire le
moment du déplacement de l’endocarde de façon régionale ; cette
approche temporelle permet le diagnostic de retard de contrac-
tion ou de relaxation d’une paroi par rapport à une autre. Diffé-
rents territoires d’analyse sont divisés dans chaque incidence
selon la segmentation recommandée par l’American Society of
Echocardiography (figures 1 et 2).
MISE AU POINT
Figure 1. Gauche : infarctus intéressant les deux tiers du septum moyen et apical, la pointe et la paroi latérale dans ses portions apicale et moyenne.
Hyperkinésie compensatrice de la base latérale. Droite : histogramme d’amplitude du déplacement régional. Incidence 4 cavités.