« Mieux comprendre les conséquences du changement climatique à l’échelle régionale, spécialement
dans les pays en développement » : telle est l’orientation majeure que veut donner au GIEC,
l’économiste du climat et de l’énergie Hoesung Lee[1]. Premier économiste à prendre la tête du GIEC
depuis sa création en 1988, il a expliqué lors de son passage à Paris le 15 octobre qu’il fallait mieux
informer sur « les choix possibles permettant de prévenir le changement climatique et de s’y adapter
».
Pour communiquer de façon plus compréhensible[2] sur les travaux à venir et développer l’égalité
hommes-femmes au sein du GIEC, il compte sur la climatologue française Valérie Masson-Delmotte.
Celle-ci vient d’être élue co-présidente du groupe 1 dont le rôle est « d’étudier et d’estimer
scientifiquement les causes et les évolutions du changement climatique ». Des ateliers régionaux
vont être organisés dans les prochaines années et Hoesung Lee souhaite que davantage de
scientifiques issus des pays en développement collaborent avec le GIEC.
Donner un vrai prix au carbone
Si la connaissance de la « machine climatique » reste prioritaire, le président fraîchement élu du GIEC
considère que les problèmes liés au réchauffement sont désormais bien identifiés et qu’il faut étudier
de plus près « les conséquences et les solutions d’atténuation et d’adaptation dans une approche
intégrée ». Des rapports thématiques (océans, désertification, sécurité alimentaire, biodiversité) ou
consacrés spécialement à une région pourraient aussi être publiés avant le 6ème rapport général
d’expertise prévu dans cinq ans. A condition que les financements suivent.
Interrogé sur ce qu’il attendait de la COP21 (la 21ème Conférence des parties à la Convention sur le
climat des Nations unies) qui réunira 195 pays à Paris en décembre, Hoesung Lee a insisté à plusieurs
reprises sur la « neutralité » du GIEC vis-à-vis des politiques, ajoutant tout de même que si les
négociateurs de la COP basaient leurs décisions sur les conclusions du GIEC, « celles-ci seront bonnes
». La plus importante étant, à ses yeux, de donner un vrai prix au carbone.
Qu’on ne s’attende donc pas à voir ce président taper du poing sur la table et réveiller les politiques,
dont les ambitions sont d’ores et déjà jugées insuffisantes pour espérer maintenir le réchauffement
planétaire sous la barre des 3 degrés Celsius et non plus des 2 degrés incantatoires de la COP, où la
communauté scientifique est d’ailleurs absente. Mais l’évolution impulsée par le nouveau président
du GIEC pourrait lui permettre aussi de s’attaquer à des sujets (telle l’adaptation au réchauffement)
laissés aux politiques et aux autorités locales, accrochés en priorité à leur réélection dans les
démocraties ou à leur maintien au pouvoir dans les régimes autoritaires.
Valérie Masson-Delmotte sur les traces de Jean Jouzel
Directrice de recherche au LSCE (Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement), la paléo-
climatologue française Valérie Masson-Delmotte[3] est devenue le 7 octobre co-présidente du groupe
du GIEC chargé des éléments scientifiques pour l’analyse du changement climatique en compagnie
du Chinois Panmao Zhai (China Academy of Meteorological Sciences).
Elle succède ainsi, au même poste, au glaciologue et paléo-climatologue Jean Jouzel, toujours très
impliqué pour expliquer les enjeux de la COP 21, censée déboucher sur un accord permettant de
limiter le réchauffement planétaire. C’est d’ailleurs à la suite d’une rencontre avec Jean Jouzel en
1995 qu’elle est entrée au LSCE. En 2010, elle a succédé au même Jean Jouzel à la tête du groupe