1684 Revue Médicale Suisse
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5 septembre 2012
actualité, info
Nouvelle forme de sida en Asie.
West Nile virus au Texas
L’affaire vient d’être exposée dans le New
England Journal of Medicine.1 Elle a aussi fait
l’objet de plusieurs dépêches d’agences de
presse : une entité pathologique inconnue
jusqu’ici a été identifiée chez des personnes
originaires de Taiwan et de Thaïlande. Elle
apparaît comme un syndrome d’immuno-
déficience acquise (sida) à cette nuance – de
taille – près qu’elle ne semble pas transmis-
sible par voies sanguine et sexuelle. Son ori-
gine précise est pour l’heure inconnue. De
manière rétrospective, on fixe à 2004 l’ori-
gine des premiers cas.
Tout a commencé avec la découverte de
l’existence d’autoanticorps dirigés contre l’in-
terféron γ associés à des infections opportu-
nistes graves. Dirigés par le Dr Sarah Browne,
les auteurs (chercheurs aux National Insti-
tutes of Health) expliquent avoir pu au total
recruter deux cent trois personnes adultes
originaires de Thaïlande et de Taiwan. Ces
personnes ont été classées en cinq groupes :
cinquante-deux patients atteints d’une in-
fection mycobactérienne non tuberculeuse ;
quarante-cinq porteurs d’une autre infection
opportuniste associée ou non à une infection
mycobactérienne non tubercu-
leuse ; neuf patients atteints de
tuberculose disséminée et qua-
rante-neuf patients atteints de
tuberculose pulmonaire. Un groupe de qua-
rante-huit témoins sains a aussi été constitué.
Au terme des diverses analyses pratiquées,
des anticorps neutralisants anti-interféron γ
ont été détectés chez 88% des patients.
Les investigations menées n’ont pas per-
mis de retrouver de clusters familiaux ou
d’éléments en faveur d’une possible conta-
gion de cette entité nouvelle, qui semble
n’apparaître qu’autour de la cinquantaine.
Certains patients sont morts d’infections fou-
droyantes, y compris certaines personnes
d’origine asiatique vivant maintenant aux
Etats-Unis. La cause première de l’apparition
des anticorps neutralisants anti-interféron γ
n’a pas encore pu être identifiée. Les parts
respectives de la génétique et de l’environ-
nement restent notamment à préciser, tout
comme la prévalence de cette nouvelle entité
dans les pays asiatiques là où la tuberculose
et diverses infections, qui pourraient être
opportunistes, sont fréquentes.
Le West Nile virus sévit désormais
au Texas
Le virus du Nil occidental continue sa pro-
gression sur le sol des Etats-Unis. Il frappe
aujourd’hui tout particulièrement le Texas
où, selon les Centers for Disease Control
and Prevention d’Atlanta, plusieurs per-
sonnes sont décédées de l’infection par ce
pathogène transmis via des moustiques.2
Les victimes sont en général des personnes
âgées de plus de 50 ans et de santé fragile.
Toutefois, les services de santé américains
ont aussi recensé des cas de person nes jeunes
et jusqu’alors en parfaite santé. Depuis 1999,
plus de 13 000 cas ont été of ficiellement re-
censés aux Etats-Unis, dont 1200 mortels.
Si l’on se borne à l’histoire récente, ce virus
a aujourd’hui 75 ans : il a été isolé pour la
première fois chez un être humain en 1937
dans la région du Nil Occidental de l’Ougan-
da. D’où son nom à consonance exotique.
Ce virus pathogène véhiculé par des mous-
tiques du genre Culex est responsable, chez
l’homme, d’une infection qui se caractérise
par une fièvre intense accompagnée de maux
de tête, de douleurs dorsales et musculaires,
d’une toux, de gonflements ganglionnaires
au niveau du cou, ainsi que d’éruption cuta-
née, de nausées et de douleurs abdominales.
On estime que, dans près de 10% des cas, des
complications infectieuses sévères (encépha-
lites, hépatites, pancréatites ou myocardi tes)
peuvent survenir, dont l’évolution peut être
mortelle. Aucun vaccin ou traitement mé-
dicamenteux spécifique n’est, à ce jour, dis-
ponible.
Après l’Ouganda, on a retrouvé succes-
sivement sa trace sérologique en Afrique
centrale (Congo, Soudan), en Egypte ou en
Israël. On sait aujourd’hui que le West Nile
a progressé vers l’est et l’ouest du continent
africain sur lequel il sévit de manière plus
ou moins endémique avec des poussées
épidémiques. Il a aussi été à l’origine d’une
série de petites épidémies en Roumanie et
en République tchèque, ainsi que dans plu-
sieurs pays du pourtour méditerranéen et
du Moyen-Orient.
avancée thérapeutique
… Aucun vaccin ou traitement médicamenteux
spécifique n’est, à ce jour, disponible …
Cette méta
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Ces épidémies étaient alors généralement
observées dans les zones géographiques fré-
quentées habituellement par les oiseaux
migrateurs porteurs du virus, ces derniers
ayant alors contaminé des moustiques. Ces
vecteurs sont susceptibles de contaminer,
outre l’homme, des chevaux et des chiens.
Longtemps, les spécialistes de virologie re-
doutèrent que ce virus «trouve les moyens»
de franchir l’Atlantique. Ce fut chose faite
en octobre 1999, lorsque le système de veille
sanitaire américain recensa, à New York,
trente-sept cas a priori inexplicables d’encé-
phalites, parmi lesquels quatre décès.
«L’aire de dispersion géographique de ce
virus est considérable, comprenant de nom-
breux foyers reliés par les mouvements des
oiseaux migrateurs de l’Ancien Monde. Elle
s’étend de l’Europe du Centre et du Sud à
l’Afrique du Nord, au Moyen-Orient, à l’Asie
centrale, à l’Inde et à toute l’Afrique tropi-
cale, écrivait, dans le numéro daté de juillet-
août 2000 de la revue Virologie, le professeur
Claude Chastel (CHU de Brest). A cause des
avions modernes, des moustiques infectés
ou des malades contagieux peuvent rapide-
ment voyager entre le Moyen-Orient et New
York : le virus en a profité pour coloniser un
nouvel écosystème et, aux Etats-Unis, des
oiseaux infectés sont d’ores et déjà parvenus
à diffuser cette maladie jusque dans le Con-
necticut.» Depuis le virus a été signalé par-
tout aux Etats-Unis, au Canada, au Mexique,
aux Caraïbes et en Amérique centrale.
Août 2012. Michael Rawlings, maire de
Dallas (neuviè me ville des Etats-
Unis ; 1,19 million d’ha-
bitants) a pris la décision
de recourir à des opéra-
tions quotidien nes d’épan-
dage aérien d’insecticide au-
dessus de l’agglomération,
une première depuis 1970
au Texas. «Je prends la res-
ponsabilité de cette déci-
sion, a tranché Raw lings. Je
ne veux plus avoir d’autres
morts sur la cons cience.» On
épand ainsi un insecticide à
base de pyréthrine ciblant
le système nerveux des in-
sectes. Cette substance se
décompose, à la lumière et
à l’air, dans les vingt-quatre heures qui sui-
vent son application. Son utilisation a néan-
moins soulevé une vague d’inquiétude, bien
que l’Agence américaine de protection de
l’environnement (EPA) ait confirmé son in-
nocuité (à l’exception de la faune aquati que).
«L’épandage est un outil sûr et efficace,
mais il ne remplace pas les mesures de pré-
cautions indispensables» soulignent les res-
ponsables des services de santé de Dallas.
Les messages diffusés en boucle à la télévi-
sion rappellent aux Texans la nécessité de se
badigeonner de répulsif anti-moustiques, de
porter des vêtements couvrants (si possibles
amples et légèrement colorés), d’éviter de
s’exposer au dehors à l’aube et au crépus-
cule et de se couvrir la nuit (autant que faire
se peut, actuellement, au Texas). Aucune ex-
plication satisfaisante n’a pour le moment
été avancée pour expliquer l’ampleur du
phénomène ; à l’exception peut-être d’un hi-
ver 2011-2012 clément et assorti d’épisodes
pluvieux importants. Selon les experts, la si-
tuation d’urgence devrait se prolonger en
septembre.
Jean-Yves Nau
jeanyves.nau@gmail.com
1 Browne SK, Burbelo PD, Chetchotisakd P, et al. Adult-
onset immunodeficiency in Thailand and Taiwan. N Engl
J Med 2012;367:725-734. www.nejm.org/doi/pdf/10.
10 5 6/ N E J M o a11111 6 0
2 www.cdc.gov/ncidod/dvbid/westnile/index.htm
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