taines complications à type de myélite antérieure, de myocar-
dite ou de pancréatite ont été rapportées. La principale mani-
festation biologique est une leucopénie.
Aucun traitement antiviral n’est disponible actuellement.
Cependant, quelques études ont montré que :
#La ribavirine à dose élevée (200 µM) inhibait la réplication
et la cytopathogénicité du virus sur les cellules nerveuses
humaines (34) ; il semble que la ribavirine puisse prévenir
l’infection virale, mais que son effet sur des cellules infectées
soit beaucoup plus faible (35).
#L’interféron alpha pourrait avoir un effet prophylactique et
thérapeutique sur un modèle sur cellules Vero (35) ; ces résul-
tats restent à confirmer sur modèle expérimental animal, comme
celui décrit par l’équipe du Dr Tesh à l’université du Texas à
Galveston (36, 37).
#Les concentrés d’immunoglobulines polyvalentes d’Israël
(pays où la circulation du virus WN est endémique) contien-
nent des titres d’anticorps spécifiques à des titres de l’ordre de
1/1 600 ; l’utilisation de ces immunoglobulines n’a pour l’ins-
tant été rapportée que pour un patient, et il est nécessaire d’éva-
luer plus largement cette approche thérapeutique (38). Les
concentrés collectés aux États-Unis ne contiennent pas d’anti-
corps spécifiques du virus WN.
#La protection conférée par la souche vaccinale (SA 14-2-8)
du virus de l’encéphalite japonaise protège le hamster contre
l’infection par le virus WN (37) ; ces résultats sont à confir-
mer avec le vaccin JE-VAX. Ils ouvrent des perspectives inté-
ressantes pour la protection des sujets à risque (sujets âgés,
personnel de laboratoire, vétérinaires…), mais également pour
tenter d’enrayer et/ou de faire diminuer la circulation du virus
WN aux États-Unis par vaccination massive des hôtes ampli-
ficateurs.
LA MALADIE CHEZ LES ANIMAUX
La caractéristique la plus surprenante de l’épidémie de New
York (1999) fut la mortalité très élevée chez les oiseaux infec-
tés. Le corbeau (Corvus brachyrhynchos) a été l’espèce la plus
touchée, mais des infections ont été décrites chez environ
75 autres espèces aviaires. Les raisons expliquant cette morta-
lité très élevée ne sont pas élucidées. Parallèlement à l’épidé-
mie de New York (1999-2000), une épizootie équine a été iden-
tifiée, avec plus de 80 cas confirmés. Il semble que tous les
chevaux ayant présenté des manifestations neurologiques aient
été adultes, avec un âge moyen largement plus élevé que les
chevaux infectés n’ayant présenté que des formes non neuro-
logiques. Pendant la même période, des cas isolés d’infections
fatales ont été rapportés chez un chat, un putois, un écureuil,
un lapin, ainsi que des cas chez des chauves-souris et un ours
brun. Avant 1999, les seuls animaux chez lesquels une patho-
logie associée au virus WN avait été démontrée sont les che-
vaux (Égypte, 1959 ; France, 1965). De nombreuses espèces
de mammifères et d’oiseaux ont été infectées expérimentale-
ment, mais ces données doivent être interprétées avec prudence
en raison des modalités d’administration du virus ne pouvant
être assimilées à une exposition naturelle.
FACTEURS DE RISQUE
L’étude des épidémies de 1952-1954 en Égypte a retrouvé une
transmission du virus WN plus intense pendant les mois d’été
de juin à septembre. La moitié des enfants de 4 ans et plus de
90 % des sujets de moins de 20 ans avaient des cicatrices séro-
logiques. Parmi les facteurs favorisant la circulation du virus,
ont été identifiées une forte densité de population, une irriga-
tion et une densité importantes de vecteur. Les épidémies d’Is-
raël sont survenues en été, dans une région anciennement recou-
verte de marécages et avec une irrigation importante. Les
caractéristiques associées aux épidémies de Roumanie et
d’Afrique du Sud étaient des précipitations anormalement
importantes, une forte densité en vecteur, des températures très
élevées.
Les épidémies décrites depuis 1996 ont comme caractéristiques
communes : des zones urbaines à haute densité de population ;
la proximité de larges rivières créant un habitat humide favo-
rable à une densité aviaire importante ; la présence du vecteur
C. pipiens ; un nombre anormalement élevé de formes neuro-
logiques sévères.
Parmi les facteurs de risque, on note la présence de moustiques
dans et/ou autour de l’habitation, un environnement humide,
un grand nombre de piqûres de moustique chaque jour et des
activités extérieures.
LA SITUATION EN FRANCE
Tous les cas décrits étaient localisés dans la région de la
Camargue. Il existe des données concernant des épizooties
équines en 1942, 1962, 1964-65 et 2000. La description
clinique des cas humains établie depuis 1935 rapporte des
“syndromes grippaux estivaux d’évolution courte et bénigne”
avec asthénie profonde durable (44), ainsi que des épisodes
épidémiques caractérisés par une fièvre d’apparition brutale de
3-4 jours avec céphalées, courbatures, injection conjonctivale
et syndrome méningé modéré. Les études des années 60 ont
identifié C. modestus comme le principal vecteur du virus WN
en Camargue. Treize cas humains ont été rapportés entre 1962
et 1964 (40).
Au cours de l’été 2000, une épidémie d’encéphalite équine à
virus WN a été identifiée. La mise en place immédiate d’une
surveillance des cas équins et humains a permis d’identifier un
total de 76 chevaux présentant des manifestations cliniques et
une séroprévalence de 8,3 % sur un total de 5 133 chevaux tes-
tés ; dans la même période, aucun cas humain n’a été recensé
(41). Une étude réalisée sur des patients hospitalisés à Mar-
seille pour méningo-encéphalite ou encéphalite entre 1997 et
2000 n’a pas permis d’incriminer le virus WN comme agent
étiologique (42). Néanmoins, une étude sérologique réalisée
entre septembre et novembre 2000 dans deux groupes de don-
neurs de sang [un groupe de sujets vivant en Camargue
(n=1104) et un groupe de sujets vivant à l’est de Marseille
(n = 1 053)] a démontré que les sujets de Camargue étaient plus
fréquemment (0,7 % versus 0 % ; p < 0,005) porteurs d’anti-
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XVIII - n° 1 - janvier-février 2003
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