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NOTE DETAILLÉE
Les Français, l’Islam et la République
Enquête réalisée en ligne du 13 au 15 septembre 2016. Échantillon de 1 001 personnes, représentatif des Français âgés de
18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie
socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
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À l’issue d’un été 2016 marqué par les nombreux débats autour de la place de l’islam dans la société française,
M6 a demandé à Harris Interactive d’interroger les Français afin de cerner leurs représentations et leurs
attentes à l’égard de la religion musulmane.
Alors que des responsables politiques s’étaient régulièrement exprimés en faveur d’un encadrement spécifique
de l’islam par rapport aux autres religions, ce sondage Harris Interactive a cherché à croiser les regards à l’égard
des trois principaux monothéismes présents dans la société française : non seulement l’islam, mais aussi le
christianisme (qu’il soit catholique, protestant ou orthodoxe) et le judaïsme. Il s’agissait notamment de
contextualiser les éventuelles critiques à l’égard de la religion musulmane, en déterminant si celles-ci visaient
exclusivement l’islam, ou s’inscrivaient dans une forme de défiance plus générale à l’égard des religions.
©2016 Harris Interactive SAS. Tous droits réservés.
Que retenir de cette enquête ?
 Les Français émettent des opinions globalement plus critiques sur l’islam que pour les
autres monothéismes : ils y associent spontanément des évocations négatives (terrorisme,
intolérance, intégrisme), alors que le christianisme et le judaïsme sont perçus avec
davantage de neutralité voire de bienveillance.
 Une nette majorité des Français attribue aux musulmans une ambition normative à l’égard
de la société française (88%) ainsi qu’un certain dédain pour les lois de la République (63%
estiment que les musulmans accordent davantage d’importance à leur religion), alors que
ces deux reproches sont nettement moins prononcés à l’égard des autres monothéismes
(15% pour le judaïsme, 8% pour le christianisme).
 La plupart des Français souhaitent que l’État n’apporte pas de soutien financier aux
institutions musulmanes, que ce soit en matière d’enseignement privé (69% opposés) ou
concernant les lieux de culte (environ 80% y sont opposés, aussi bien pour leur
construction que leur entretien).
 En revanche, les Français attendent de l’État qu’il restreigne certaines conditions d’exercice
de la religion musulmane, à la fois pour réduire l’influence étrangère dans les mosquées
françaises (au moins 2/3 favorables à différentes interdictions) et pour interdire le port du
voile à l’université (66% favorables).
 De façon transversale, les avis critiques à l’égard de l’islam sont particulièrement partagés
par les hommes, les personnes âgées de 65 ans et plus, les sympathisants de Droite et du
Front National ainsi que par les catholiques.
 La polémique du « burkini » au cœur de l’été a été perçue comme excessive par les
Français (80% d’accord), et ceux-ci adhèrent à des affirmations ambivalentes sur les
femmes portant ce vêtement de bain : 66% y voient une démarche ostentatoire, 59% la
conséquence d’une pression sociale de leur environnement.
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Dans le détail :

Les Français émettent des opinions globalement plus critiques sur l’islam que pour les autres
monothéismes : ils y associent spontanément des évocations négatives, alors que le christianisme et
le judaïsme sont perçus avec davantage de neutralité voire de bienveillance
Appelés à citer spontanément ce que leur évoque chacun des trois principaux monothéismes, les Français
utilisent surtout des termes péjoratifs pour qualifier l’islam (auquel sont associés les mots « terrorisme »,
« intégrisme », « extrémisme » ou « intolérance »), et sont moins nombreux à mobiliser des aspects purement
factuels (« Coran », « mosquée », « ramadan »). À l’inverse, le christianisme est principalement perçu par le
prisme des caractéristiques intrinsèques du catholicisme (« Église », « Jésus », « pape ») ou par les valeurs
positives qui lui sont associées (« tolérance », « amour »), même si quelques critiques affleurent toutefois
(« secte », « hypocrisie », etc.). Le judaïsme est très largement associé à l’État d’« Israël », ainsi qu’à la
« Shoah », mais aussi à des citations descriptives (« kippa », « synagogue », etc.).

Une nette majorité des Français attribue aux musulmans une ambition normative ainsi qu’un certain
dédain pour les lois de la République, alors que ces reproches sont nettement moins prononcés à
l’égard des autres monothéismes
Cette divergence d’appréciation au détriment de l’islam se manifeste à nouveau lorsque les Français sont
interrogés sur les intentions qu’ils attribuent aux fidèles des différentes religions. Ainsi, près de neuf personnes
sur dix (88%) ont le sentiment qu’au moins une partie des musulmans cherchent à imposer leurs valeurs et
leurs pratiques à l’ensemble de la société française. La moitié des Français (48%) a même le sentiment que
c’est une majorité de musulmans qui poursuit cette ambition prosélyte, tandis que 40% estiment qu’il s’agit
uniquement d’une petite minorité des fidèles de l’islam. Chez certaines catégories de population, le diagnostic
est quasi-unanime : 95% des personnes les plus âgées (65 ans et plus) jugent que les musulmans cherchent à
imposer leurs valeurs et leurs pratiques, pour 93% chez les sympathisants de Droite, 99% chez les sympathisants
du Front National et 93% parmi les personnes se déclarant elles-mêmes catholiques.
Le christianisme et surtout le judaïsme sont sensiblement moins soupçonnés par les Français de chercher à
imposer leurs règles à l’ensemble de la société : seule une personne sur dix attribue cette ambition à la majorité
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des fidèles chrétiens (11%) ou juifs (9%). Toutefois, en prenant en compte les répondants qui identifient cette
volonté chez une partie des pratiquants, ce sont trois Français sur dix (30%) qui estiment que toutes les
religions cherchent à imposer leurs règles à la société française. Ces avis globalement critiques à l’égard des
religions sont plus fréquemment répandus parmi les sympathisants de Gauche (41%) et chez les personnes
déclarant ne se reconnaître dans aucune religion (40%).
L’islam fait également l’objet de jugements plus critiques que les autres religions quant à l’importance que ses
fidèles attribueraient aux lois de la République française : selon 63% des personnes interrogées, les musulmans
accorderaient davantage d’importance à leurs valeurs religieuses qu’aux lois de la République. 9% estiment au
contraire que les pratiquants de l’islam accordent davantage d’importance à la loi, tandis que 25% estiment que
ces deux sources normatives se valent à leurs yeux. Une nouvelle fois, il s’agit de représentations fortes
spécifiquement associées à l’islam : symétriquement, seuls 15% des Français considèrent que les juifs accordent
plus d’importance à leur religion qu’aux lois, quand cette proportion est de 8% concernant le christianisme.
Quand bien même la question ne portait pas sur un éventuel « conflit de loyauté » entre religion musulmane et
lois de la République, les réponses des Français esquissent une représentation de l’islam comme une religion
essentiellement « politique », tout particulièrement aux yeux des personnes âgées, des sympathisants de la
Droite et surtout du Front National, mais aussi du point de vue des catholiques.

La plupart des Français souhaitent que l’État n’apporte pas de soutien financier aux institutions
musulmanes, que ce soit en matière d’enseignement privé ou concernant les lieux de culte
Cette perception globalement négative de l’islam, notamment par rapport aux autres monothéismes, nourrit
chez les Français une double attente à l’égard de l’État. Première attente : que les pouvoirs publics n’apportent
pas de soutien financier aux institutions musulmanes.
Ainsi, seuls 29% des Français se déclarent favorables à ce que l’État finance les dépenses de fonctionnement
des écoles privées musulmanes, quand 69% y sont opposés – alors qu’il s’agit de la règle en vigueur pour les
établissements privés sous contrat. Ajoutons toutefois que les avis sont loin d’être unanimement positifs pour
les écoles privées de confession juive (38% favorables, 59% opposés) ou chrétienne (47% favorables, 50%
opposés). Au total, près d’un Français sur deux (49%) se déclare opposé à ce que l’État finance les dépenses de
fonctionnement des écoles privées religieuses, quelle que soit la religion concernée. Cette réserve à l’égard de
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l’enseignement privé confessionnel est même nettement majoritaire parmi les membres des catégories
supérieures (56%), les salariés du secteur public (58%) et les sympathisants du Front de Gauche (69%).
De même, la plupart des Français souhaitent que les frais associés aux mosquées ne soient pris en charge ni par
l’État, ni par les municipalités concernées, mais par les fidèles eux-mêmes : environ 80% des personnes
interrogées jugent que la construction (79%) et l’entretien (85%) des mosquées doivent être à la charge des
fidèles (quand moins de 20% privilégient une intervention des pouvoirs publics). Même si de façon moins
prononcée, une courte majorité (52%) de Français estime également que la sécurité des mosquées doit relever
de la responsabilité des fidèles, de même que le fait d’assurer le respect de la loi en leur sein (52% également).
Sur ces deux dimensions, soulignons toutefois que plus de quatre Français sur dix souhaitent une intervention
des pouvoirs publics, et principalement de l’État. Au total, 37% des Français estiment qu’aucune de ces
responsabilités ne doit être endossée par les pouvoirs publics, un jugement plus fréquent que la moyenne
parmi les sympathisants frontistes (51%) et les catholiques (42%).

En revanche, les Français attendent de l’État qu’il restreigne certaines conditions d’exercice de la
religion musulmane, à la fois pour réduire l’influence étrangère dans les mosquées françaises et pour
interdire le port du voile à l’université
Seconde attente structurante des Français à l’égard de l’État sur l’islam : que celui-ci intervienne davantage pour
interdire certaines pratiques religieuses jugées comme excessives. En particulier les Français se déclarent très
majoritairement favorables à différentes mesures visant à réduire les éventuelles influences étrangères au
sein des mosquées : au moins deux Français sur trois souhaitent voir interdire la formation des imams de France
dans un pays étranger (76%), le financement des mosquées par des pays étrangers (75%), les prêches tenus dans
une autre langue que le français (69%) ou par un imam de nationalité étrangère (67%). Rappelons que ces
différentes propositions réglementaires ont été formulées par des responsables politiques pour la religion
musulmane en particulier, en précisant rarement les éventuelles conséquences pour les autres religions. Les
personnes se déclarant catholiques sont d’ailleurs particulièrement favorables à ces différentes interdictions
dans les mosquées : elles ne se projettent sans doute pas dans une situation où la loi serait appliquée à
l’identique dans tous les lieux de culte.
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De même, deux Français sur trois (66%) souhaitent interdire le port du voile musulman « hijab » à l’université
publique. Rappelons que le port du hjiab, qui masque les cheveux mais laisse le visage découvert, est
aujourd’hui interdit à l’école, dans le cadre de la loi de mars 2004 sur le port des signes religieux ostensibles à
l’école, mais qu’il est autorisé à l’université et bien sûr dans l’espace public, contrairement au voile intégral
comme le niqab ou la burqa. Une nouvelle fois, les personnes catholiques adhèrent à une proposition
d’interdiction concernant la religion musulmane (75% souhaitent l’interdiction du voile à l’université), quand
bien même une telle interdiction frapperait sans doute l’ensemble des signes religieux ostensibles. Au-delà
des catholiques, l’interdiction du voile est particulièrement attendue par les sympathisants de la Droite (74%) et
surtout du Front National (99%).
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La polémique du « burkini » au cœur de l’été a été perçue comme excessive par les Français, et ceux-ci
adhèrent à des affirmations ambivalentes sur les femmes portant ce vêtement de bain
Alors que l’actualité estivale a notamment été marquée par les arrêtés municipaux pris par des communes
balnéaires pour interdire le port du « burkini » à la plage, les jugements des Français sont contrastés au sujet de
ce vêtement religieux de bain, dissimulant le torse ainsi qu’une partie des membres et de la tête. Tout d’abord,
80% des Français sont d’accord pour affirmer que cette thématique a occupé une place trop importance dans
les discours des politiques et dans les médias, et 55% se déclarent même « tout à fait d’accord » pour en
regretter le caractère excessif. Cette polémique semble donc avoir suscité une certaine lassitude, tout
particulièrement chez les sympathisants de Gauche (90%), du MoDem (91%) et parmi les personnes se déclarant
sans religion (87%).
Toutefois, une nette majorité de Français adhère également à deux affirmations critiques sur le port de ce
vêtement par certaines femmes musulmanes, affirmations qui pourraient pourtant paraître contradictoires :
d’une part, 66% des personnes interrogées estiment que le port du burkini relève d’une volonté d’afficher
ostentatoirement sa religion ; d’autre part, 59% des Français jugent que ces femmes ont agi sous la pression de
leur environnement, notamment familial. En dépit de la tension existante entre ces deux affirmations
(militantisme individuel / pression extérieure subie), les mêmes catégories de populations y adhèrent : ce sont
celles qui se déclarent de façon générale plus critiques à l’égard de l’islam, à savoir les hommes, les personnes
les plus âgées, proches de la Droite ou du Front National et de confession catholique.
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Enfin, 58% des Français adhèrent à l’idée que ces femmes portent le burkini pour pouvoir se baigner sans se
dénuder plus qu’elles ne le souhaitent. Cette affirmation relativement neutre rencontre plus d’adhésion que la
moyenne parmi les jeunes, les cadres et professions libérales ainsi que les sympathisants de Gauche.
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que : la méthode d'enquête, les dates de réalisation, le nom de l'institut – Harris Interactive –, la
taille de l'échantillon.
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