
Nigeria Décembre 2012
28 economic-research.bnpparibas.com
classe moyenne, essentiellement composée de jeunes (70 %
des Nigérians ont moins de 40 ans), futurs consommateurs de
biens d’équipement.
Défis économiques et institutionnels à moyen
terme
La croissance du PIB devrait rester dynamique en 2013,
soutenue par les investissements publics et la mise en
exploitation de nouveaux gisements pétroliers en eaux
profondes. La croissance du PIB s’établira probablement
autour de 6,5 % en moyenne sur la période 2013-2017. Il
faudrait néanmoins un taux de croissance à deux chiffres pour
que la population nigériane connaisse une réelle amélioration
de son niveau de vie (estimation du PIB par habitant en 2012 :
USD1650). Le secteur informel occupe toujours une place
importante dans l’économie et, dans le secteur formel, le
chômage est élevé, aux environs de 24 %. Pour garantir une
croissance économique plus créatrice d’emplois et augmenter
le revenu par habitant, le Nigéria devra, dans les prochaines
années, surmonter un ensemble de problèmes d’ordre
économique et institutionnel.
• Faible compétitivité
Jusqu’à présent, les recettes considérables que le Nigéria tire
de ses ressources minières n’ont guère été affectées au
renforcement de sa structure industrielle. Aussi, ses capacités
à produire et exporter des produits manufacturés restent-elles
très limitées. Sa compétitivité est également l’une des plus
faibles au monde ; le Nigéria se classe en effet à la 127ème
place sur les 142 pays inclus dans le rapport sur la
compétitivité du Forum économique mondial. Pour progresser
dans ce domaine, le Nigéria devra améliorer l’environnement
institutionnel et le climat des affaires, moderniser ses
infrastructures et faciliter l’offre de services financiers. Il lui
faudra en particulier finaliser la réglementation de l’industrie
pétrolière pour pouvoir compter sur de solides
investissements directs étrangers à l’avenir.
2 Indicateurs de gouvernance
Classement en percentiles par rapport à l’ensemble des pays,
allant du meilleur (100) au pire (0).
▬ Nigeria 2010 ▬ Ghana 2010 ▬ Nigeria 1996
0
20
40
60
80
100
Etre à l'écoute et
rendre compte
Stabilité politique
Efficacité des
pouvoirs publics
Qualité de la
réglementation
Etat de droit
Maîtrise de la
corruption
Source : Banque Mondiale
• Gouvernance et risque politique
Selon la Banque mondiale, la qualité de la réglementation et
de la participation citoyenne a un peu progressé depuis
1998 (graphique 2) mais sur 213 pays étudiés, seuls 4 %
présentaient un niveau de stabilité politique pire que le Nigéria
en 2010 (derniers chiffres disponibles). Les tensions
ethniques et religieuses se sont aggravées, comme en
témoignent les attaques terroristes du groupe Boko Haram en
2011 et 2012. Avec celles du Delta du Niger, ces tensions
constituent un facteur d’insécurité (déstabilisation politique) et
de perturbation économique (baisses de la production
pétrolière, destruction des infrastructures) sur le court à
moyen terme.
• Corruption
Le Nigéria figure parmi les pays les plus corrompus au
monde : il se situe à la 139ème place dans l’Indice 2012 de
perception de la corruption publié par Transparency
International, indice qui couvre 176 pays, faisant ainsi mieux
que l’Angola (157ème) mais moins bien que l’Ethiopie (113ème).
Malgré les enquêtes lancées par le Président Jonathan depuis
son élection en avril 2011, aucune poursuite pour corruption
de haut niveau n’a encore été engagée. La situation ne
devrait guère s’améliorer avant la prochaine élection
présidentielle de 2015.
• Un climat des affaires difficile
De sérieux risques politiques, une mauvaise gouvernance et
une corruption généralisée sont autant de facteurs qui
contribuent à créer un climat des affaires difficile. Dans
l’enquête « Doing Business 2013 » de la Banque mondiale sur
la facilité à faire des affaires, le Nigéria est 131ème sur 185
pays. Un classement meilleur que celui de la moyenne des
pays d’Afrique subsaharienne (140ème place) mais pire que
celui du Ghana (64ème) et du Kenya (121ème). Les goulets
d’étranglement infrastructurels (ex : l’alimentation en
électricité) et les problèmes liés à la réglementation
(enregistrement de la propriété, paiement des impôts,
transactions transfrontalières) entravent aussi le
développement économique du Nigéria.
Jean-Loïc Guièze
Synthèse des prévisions
2011 2012f 2013f 2014f
PIB réel, v ariation annuelle, % 7,4 6,5 6,6 6,8
Inflation, IPC, v ar. annuelle, % 10,9 11,4 10,5 9,5
Solde budgétaire, % du PIB -3,0 -2,8 -2,5 -2,8
Dette des adm. publiques, % du PIB 17,9 17,5 17,7 18,0
Balance courante, % du PIB 6,2 7,3 5,3 4,5
Dette ex terne, % du PIB 4,4 4,2 4,6 4,5
Réserv es de change, mds USD 33 41 43
45
Réserv es de change, en mois d'imports 4,0 4,5 4,6 4,6
Taux de change NGN/USD (fin d'année) 162 155 158 162
Sources : FMI, sources nationales, BNP Paribas
f : prévisions BNP Paribas