PHYSICA Université des Sciences et de la Technologie Houari Boumediene USTHB PHYSICA Magazine Numéro 1 Avril 2017 LA RUÉE VERS L’ÉNERGIE SOLAIRE Quelles perspectives pour l’Algérie ? DOSSIER ORIENTATION Tout sur les spécialités de Physique UN ORDINATEUR QUANTIQUE Entre l’illusion et la réalité L’ÉNIGMATIQUE ANTIMATIÈRE nous dévoile ses secrets LES EXOPLANÈTES De la fiction à la réalité PHYSICA STORIES Dans toute communauté estudiantine, le rôle des associations et des clubs est primordial. En effet ces espaces permettent aux étudiants de s’organiser à la tenue d’activités intra-universitaires, la participation de telles structures est incontestablement une richesse pour toute université. Dans cette optique, au courant de l’année universitaire 2016-2017, un groupe d’étudiants passionnés par la physique et ayant de grandes ambitions, voulant apporter leur contribution au développement de leur nation et de facto de leur université et soutenus par une large communauté d’étudiants; ont décidé d’entamer les démarches afin de fonder un club qui servira de base à la concrétisation de tout nos objectifs. Nous sommes un groupe d’étudiants passionnés par la physique, notre nombre aujourd’hui dépasse les 70 adhérents de différentes spécialités, nous aspirons à créer un espace où règne harmonie et qui favoriserait l’esprit d’initiative et encouragerait les étudiants à dévoiler leur créativité et différents talents, et où nous pouvons partager notre amour pour la science et le transmettre à l’ensemble de notre communauté universitaire. Nous avons également pour but de démystifier la physique dans le milieu estudiantin ainsi qu’auprès de la population. Notre club ambitionne de donner une culture scientifique aux étudiants suivant un cursus en physique et cela à travers plusieurs activités qui complémenteraient la formation pédagogique Parce que la et cela conformément au système LMD. physique est bien plus qu’une science, Président du PHYSICA CLUB c’est une passion qui se vit Youcef Samir KADIK et se partage. Au Physica Club, cette passion se déline sous divers Ateliers, activités: expériences et travaux pratiques Présentation scientifiques et conférences Séances d’entraide estudientine et de tutorat Vulgarisation scientifique et animation de journées portes ouvertes et évènements à thèmes Sorties pédagogiques Projection de documentaires et films scientifiques Réalisation de vidéos podcasts scientifiques et éducatifs L’ÉDITO ‘Ne perdez jamais une sainte curiosité’ Albert Einstein. L ’amour de la physique et le désir de partager cette passion sont ce qui nous a poussés à créer Physica Club, et ce sont ces mêmes motivations qui ont permis à Physica Magazine de voir le jour. Animés par une volonté inébranlable de comprendre le monde qui les entoure et une soiffe intarissable de connaitre les secrets de notre univers, les rédacteurs ont fait preuve d’une créativité débordante. Ces quelques modestes pages n’ont pas pu englober tout le fruit de leur enthousiasme infatigable. Enthousiasme qui, nous en somme convaincus, produira bien plus, pour le plus grand bonheur de nos lecteurs, mais aussi de nos rédacteurs. Car même si la conception d’une revue peut s’avérer être ardue, ce n’est en rien comparable au plaisir éprouvé en s’adonnant à cet exercice qui s’est révélé des plus enrichissants. L’immersion dans le monde de la physique peut être enivrant, mais notre plus grand plaisir consiste à partager cette expérience autour de nous, à échanger avec d’autres passionnés ou à prendre par la main les spectateurs de notre monde et de les mener vers les coulisses, en leur dévoilant les quelques rouages dont nous avons la naïveté de prétendre comprendre. Cette revue s’adresse donc à tous ceux qui ne sont pas insensibles au monde dans lequel ils évoluent, qu’ils soient spécialisés en physique ou de simples curieux. Nous avons veillé lors de la conception de ce premier numéro à balayer tout le spectre de la physique, à aborder une majeure partie de ses domaines tout en essayent d’équilibrer entre vulgarisation et rigueur scientifique. Mais Physica n’est pas seulement de la physique. C’est avant tout un club estudiantin, et une revue élaborée par et pour les étudiants. c’est dans cette optique qu’on a intégré des rubriques telles que l’orientation et Physica Stories ; pour que cet ouvrage puisse guider certains et inspirer d’autres, en veillant à puiser au maximum de l’expériences et des savoir-faire mis à notre disposition, afin de promouvoir une culture scientifique et contribuer à faire évoluer l’université Algérienne. Nos aspirations sont grandes mais tout à fait réalisables grâce à l’ardeur de nos adhérents, de nos rédacteurs, et au concours de nos professeurs, parrains et marraines qui nous encouragent dans notre entreprise. Pour finir, un seul mot d’ordre, croyez en vos passions et vivez les pleinement : Per aspera ad Astra... Rédactrice en chef Djamila Sarah HARROUZ SOMMAIRE Rédactrice en chef Djamila Sarah HARROUZ Rédacteurs Karina ABDESSLAM Faycel BENDEBICH - Maria BOUMBAR Yacer BOUMECHTA - Assia BOUZID Tamaâzouzt CHENNIT Djamila Sarah HARROUZ - Asma MANSOURI Sarra Asma ROUABHIA - Mohamed Slimane TATAOUI Équipe du design Oussama Korichi - Idris KOUADRI BOUDJELTHIADjamila Sarah HARROUZ Photographes Yaakoub MATI - Salaheddine GUESSOUM Artiste Maya KHELIF Ont Participé Avec Nous Seddik Mohamed OUACEL - Youcef Samir KADIK - Rokia BELGACEM Nous remercions pour leur contribution Mme L. AMIROUCHE - Pr. A. BENDIB - Pr. M. BOUDJEMA Mlle. L. BOUZAR - Pr. A.C. CHAMI - Pr. H. DJELOUAH Pr. M. HAMHAMI - Mme. A.H. HAMICI - Pr. A. KELLOU Pr. A. RAHAL - Pr. Y. SALHI ACTUALITÉ La ruée vers l’énergie solaire...................................................................................... P06 L’énigmatique antimatière nous dévoile ses secrets........................................... P10 Les métamatériaux : Des propriétés hos du commun......................................... P13 Les ondes gravitationnelles........................................................................................ P18 L’ordinateur quantique :Entre l’illusion et la réalité.......................................... P22 Les exoplanètes : De la fiction à la réalité.............................................................. P28 ORIENTATION........................................................................................................... P32 MATHS Les mathématiques et la physique, une histoire d’amour ?.............................. P40 The Gauss’s Law of Electrostatics.......................................................................... P43 Solution of the Brachistochrone problem............................................................. P45 PHYSICA STORIES................................................................................................... P49 HISTOIRE Congrès de Solvay 1927 : Un choc entre deux Colosses.................................... P58 L’intrication Quantique............................................................................................. P60 Piotr Léonidovitch Kapitsa: À travers les ruelles du passé il a existé…......... P62 JEUX............................................................................................................................... P64 PHYSICA DAY............................................................................................................. P67 ACTU Physica Magazine La ruée vers l’énergie solaire Karina ABDESSLAM Au cœur de l’actualité énergétique et élément phare des recherches d’aujourd’hui, les panneaux solaires ne cesseront jamais de nous éblouir. Du silicium monocristallin jusqu’aux boites quantiques, en passant par les cellules du silicium amorphe, les recherches se poursuivent essayant tant bien que mal de lier rendement satisfaisant, normes sanitaires et économie. Le silicium polycristallin : Alors que les cellules d’un panneau solaire monocristallin sont constituées d’un seul cristal de silicium de grande taille, les cellules du panneau solaire polycristallin sont issues de la fonte de chutes de silicium monocristallin. Les morceaux sont chauffés, fondus puis refroidis et assemblés pour créer une cellule. L’ensemble des cellules rassemblées forme un panneau polycristallin. La cellule est constituée d’une fine couche formée d’une multitude de petits cristaux de silicium, de couleur gris bleutée,de tailles et d’orientations variées.Le rendement des panneaux solaires polycristallins varie de 11 à 15 %. Leur montant est également moins élevé en raison d’une fabrication plus simple.On peut les poser sur tous types de toitures, du toit fortement incliné au toit-terrasse. Le silicium Amorphe a-Si : Le silicium intégré dans les cellules a-Si n’a pas fait l’objet d’une cristallisation. Ses atomes sont donc agencés sans réelle organisation, ce qui leur permet de mieux capter la lumière (par rapport au silicium cristallin). Problème : les charges générées ont plus de difficulté pour se déplacer à cause de la désorganisation de la matière, ce qui se traduit par un mauvais coefficient de conversion. Par conséquent, leur rendement est faible soit 13,4 % en laboratoire. 6 Les boites quantiques : Le domaine des nanotechnologies bat son plein. Les boîtes quantiques sont des nanocristaux semiconducteurs mesurant moins de 10 nm. Ces boîtes présentent deux caractéristiques importantes: elles captent la lumière à différentes longueurs d’onde, et sont faciles à produire à moindre coût. Les cellules à boîtes quantiques se composent d’une plaque de verre qui est recouverte par de l’oxyde d’étain dopé au fluor. Un matériau semi-conducteur, comme le dioxyde de titane ou l’oxyde de zinc, est alors posé sur cette couche, avant d’être lui-même recouvert par les boîtes quantiques. L’épaisseur totale du dispositif est d’environ 1,5 µm. Un rendement record de 7 % est actuellement détenu par des chercheurs de l’université de Toronto, au Canada. Cependant, il serait théoriquement possible d’atteindre des valeurs de 60 à 83 %. 7 ACTU Physica Magazine Des algues pour le photovoltaïque ?! Quelles perspectives pour l’Algérie ? La consistance du programme en énergies renouvelables à réaliser pour les besoins du marché national sur la période 2015-2030 est de 22 000 MW, dont plus de 4500 MW seront réalisés d’ici 2020. Visant à promouvoir essentiellement les énergies renouvelables notamment l’énergie solaire. Accord algéro-japonais Sahara Solar Breeder (SSB) : Dans le cadre de la coopération algéro-japonaise dédié au développement des technologies solaires, l’Université des sciences et de la technologie d’Oran Mohamed-Boudiaf (USTO-MB) a bénéficié de l’acquisition d’un four à induction, équipement de pointe pour la production de silicium à un niveau inégalé de pureté entré en exploitation en juin 2015. Cette opération hisse l’USTO-MB au rang de“premier établissement universitaire algérien producteur de silicium”, produit essentiel dans la composante des cellules photovoltaïques. “Le succès obtenu aux premiers tests du four à induction permet d’envisager, à terme, la création d’une usine de fabrication de silicium dans le cadre du partenariat avec le secteur industriel”, s’est félicité le directeur du Laboratoire de microscopie électronique de l’USTO-MB, Pr Saad Hamzaoui. 8 Le principe de fonctionnement de cette machine réside dans le traitement de la Silice contenue dans le sable saharien ou la diatomée (roche dont le gisement est situé à Sig dans la wilaya de Mascara, la réserve de silicium est estimée à 06 millions de tonnes). Mélangée au carbone, la silice est introduite dans le four où le chauffage provoquera l’extraction de l’oxygène, afin d’obtenir le produit recherché, le silicium qui servira à la fabrication des cellules de panneaux photovoltaïques. Lancé en 2011, SSB (Sahara Solar breeder, ou élevage de fermes solaires) a donné lieu à l’étude de faisabilité d’un projet d’envergure de production électrique à partir du Sahara en vue de son acheminement vers le nord du pays, via les câbles supraconducteurs. Les diatomées sont des algues unicellulaires qui se parent d’une coque de silice appelée frustule,véritable rempart naturel contre le broutage, la mobilité, la flottabilité et régulateur de l’activité photosynthétique.Les frustules de certaines diatomées présentent des propriétés de cristal photonique. Les pores y sont distribués de façon régulière sur la paroi de silice formant un réseau bi ou tridimensionnelle de symétrie hexagonale ou tétragonale. Les frustules de silice focalisent la lumière aussi et se comportent comme des lentilles qui modifient le rayonnement solaire pour optimiser les processus de photosynthèse. Ces micro-algues très facilement cultivables en laboratoire peuvent avoir des applications potentielles en nanotechnologie pour la réalisation de cellules solaires telles que les concentrateurs solaires luminescents par exemple. Il est également possible de modifier chimiquement les frustules de silice sans changer leur forme en introduisant des éléments étrangers dans le milieu de culture. Des objectifs à en devenir optimiste ? Malgré les inconvénients que posent les panneaux solaires de part leur rendement faible ainsi que le stockage nécessaire, l’investissement dans cette source énergétique est devenue incontournable de nos jours. L’exploitation des gisements de Diatomée en grande quantité se trouvant le long du littoral ouest du pays évaluée à 6 millions de tonnes, soit une quantité pouvant couvrir une production photovoltaïque d’une centaine de gigawatts, serait une alternative non négligeable. Le SSB est “le plus ambitieux de tous les programmes internationaux, pouvant à lui seul fournir jusqu’à 50% de l’énergie dont la planète Sources : * Analyse structural de la diatomée algérienne1Iron a besoin”, soutient Pr Amine Boudghene and SteelAppliedReseach Unit-Welding and Control Stambouli, manager scientifique et Center, URASM-CSC, technique du projet. De quoi devenir * Portail Algérien Des Energies Renouvelables optimiste quant à l’avenir de la situation * Futura Science économique et écologique algérienne. * Diatoms, BiomineralizationProcesses and Genomics. Mark Hildebrand, Chem. Rev. 2008, 108, 4855-4874.Diatoms as living photoniccrystals, Fuhrmannet al.,App. Phys. B, 2004, 78, 257-260. 9 ACTU Physica Magazine l’énigmatique antimatière nous dévoile ses secrets Djamila Sarah HARROUZ Les physiciens de l’équipe ALPHA au CERN ont reporté décembre dernier avoir effectué pour la première fois la mesure du spectre optique d’un atome d’antihydrogène, ceci couronne 20 ans de recherche sur l’antimatière dans les laboratoires du CERN dont le but est d’expliquer l’asymétrie matière-antimatière de l’Univers. Paul Dirac (1902-1984) Qu’est-ce que l’antimatière ? Les atomes sont formés d’électrons qui gravitent autour d’un noyau selon des orbites définies, lorsqu’un électron change d’orbite il émet ou absorbe des photons d’une longueur d’onde spécifique à chaque transition électronique ; chaque élément à un spectre unique. Ceci fait de la spectroscopie un outil fondamental dans la détermination des caractéristiques de la matière,et est utilisée dans plusieurs domaines de la physique, l’astronomie et la chimie. Par exemple: la spéctroscopie permet aux astrophysiciens de déterminer la composition d’une étoile située à plusieurs centaines d’année lumières de la Terre. Composé d’un électron unique orbitant autourd’un seul proton, l’hydrogène est l’élément le plus abondant de l’univers, l’étude de son spectre a fait l’objet de recherches de grande précision. D’un autre coté, l’antihydrogène reste encore méconnu, car il se trouve que l’univers est essentiellement constitué de ce qu’on appelle matière “ordinaire” et l’antimatière s’y trouve en proportions très infimes. 10 En 1928, le physicien Britannique Paul Dirac combina la mécanique quantique et la relativité restreinte en une équation décrivant le mouvement d’un électron relativiste. Cette équation, qui lui a valu le prix Nobel de Physique en 1933, posa un problème : elle admet deux solutions distinctes (tout comme l’équation x²=4 admet x=2 et x=-2 comme solutions) l’une correspondant à un électron d’énergie positive, et l’autre pour un électron d’énergie négative. La seconde n’a pas de sens physique car l’énergie d’une particule (libre) doit toujours être positive ! Dirac alors eu la brillante idée de supposer que pour chaque particule correspond une “antiparticule” identique en tout point sauf qu’elle porte une charge opposée. L’antiélectron (chargé positivement) est donc la particule qui correspond à la seconde solution de l’équation de Dirac. En 1932 Carl Anderson, un jeune professeur de Caltech (Californie Institute of Technologie) étudiait les traces des particules cosmiques dans une chambre à brouillard Carl Anderson(1905-1991) et a remarqué une trajectoire correspondant à une particule portant la masse de l’électron mais chargée positivement. Ce fut l’observation expérimentale de l’antiélectron, qui sera baptisé également positron. Cette découverte vaudra à Anderson le Prix Nobel de Physique de 1936 conjointement avec Victor Hess. Les rayonnements cosmiques ont été durant plusieurs années la seule source d’antiparticules, et ont permis la découverte de l’antiproton 22 ans après celle du positron. Le développement des cyclotrons et des accélérateursde particules a permis plus tard la découverte deplusieurs autres antiparticules. L’asymétrie matière-antimatière Selon la théorie du Big Bang, ce dernier aurait vu se créer de la matière et de l’antimatière à des proportions égales. Les particules de matière et d’antimatière sont toujours produites par paire et, lorsqu’elles entrent en contact l’une avec l’autre, elles s’annihilent mutuellement, ne laissant derrière elles que de l’énergie pure. Au cours des premières fractions de seconde qui ont suivi le Big Bang, des paires particule-antiparticule ne cessaient d’apparaître et de disparaître. Si la matière et l’antimatière sont créées et détruites ensemble, l’Univers ne devrait contenir que de l’énergie résiduelle. Mais notre Univers est fait essentiellement de matière. L’un des plus grands défis de la physique moderne est d’expliquer cette asymétrie.. L’antimatière artificielle : Les premiers atomes d’antihydrogène ont été créés au CERN en 1995 en assemblant un antiélectron avec un antiproton grâce à un processus extrêmement délicat, car tout contact avec la matière implique une annihilation de l’échantillon. L’antimatière créée est emprisonnée dans un champ magnétique particulier. Le caractère magnétique de l’atome d’antihydrogène augmente la complexité du processus. En 2011, la collaboration ALPHA est parvenue à capturer des atomes d’antihydrogène dans un champ magnétique pendant 1000 secondes dans une expérience réalisée au Décélérateur d’antiprotons du CERN. Spectroscopie de l’antimatière Les avancés technologiques dans la création, la capture et la canalisation des atomes d’antihydrogène ont permis d’exposer un échantillon à un faisceau laser permettant une transition électronique. L’observation de la raie spectrale de la transition 1S-2S de l’antihydrogène a permis de comparer pour la première fois les spectres de la matière et de l’antimatière. Cette dernière ne montre aucune différence entre la raie détectée et son équivalente de l’hydrogène, ce qui est consistant avec ce que prédit le Modèle Standard de la physique des particules. 11 ACTU D’autres champs d’investigation L’antimatière fait l’objet de plusieurs autres études et projets expérimentaux visant à mieux la comprendre et à traquer la moindre différence avec la matière aussi subtile soit elle. Plusieurs équipes de recherche au sein de CERN notamment mènent les investigations suivant différents fronts. L’expérience AEGIS (Antihydrogen Experiment: Gravity, Interferometer, Spectroscopy) tante d’effectuer une mesure du champ gravitationnel terrestre agissant sur un échantillon d’antihydrogène. La gravité est aussi l’axe de recherche du projet GBAR (Gravitational Behaviour of Antihydrogen at rest). En juin 2014, l’équipe ALPHA Antihydrogen Laser PHysics Apparatus) a pu mesurer la charge électrique de l’antihydrogène. Les résultats ont montré que ce dernier était neutre, tout comme l’hydrogène. Physica Magazine Pas plus tard que janvier 2017, la collaboration BASE (Baryon Antibaryon Symmetry Experiment) à pu mesurer avec une précision de 0.8/1000000 le moment magnétique de l’antiproton, qui est identiquement opposé à celui du proton Ces équipes de recherche travaillent à améliorer la précision avec laquelle sont effectuées les mesures afin de tester au plus loin la validité du modèle standard et d’en déduire les indices qui permettraient d’expliquer l’asymétrie. Sources: CERN American Physical Society First Spectrum of an Antiatom February 2017 (Volume 26, Number 2) Nature 541 (26 January 2017) Published online 19 December 2016 LES MÉTAMATÉRIAUX Des propriétés hos du commun U Asma MANSOURI n revêtement phonique ultra-performant fin comme du papier à cigarette,une échographie avec une résolution au-delà de la limite actuelle, des installations capables de protéger des bâtiments contre les séismes ou des installations portuaires contre les tsunamis ? La solution à l’ensemble de ces problématiques porte désormais un nom : métamatériaux. Vous savez, ces matériaux rendus populaires car ils offrent la possibilité, du moins en principe, de réaliser la cape d’invisibilité de Harry Potter. Plus prosaïquement, de se jouer des lois classiques de propagation de la lumière et, par conséquent, de manipuler cette dernière à « l’infini ». Or les équations qui régissent le comportement ondes lumineuses sont sensiblement les mêmes que celles auxquelles obéissent les ondes mécaniques. Ainsi, ce qui est vrai pour la lumière l’est également pour les ondes acoustiques, sismiques ou hydrodynamiques. Réalité à l’origine d’avancées spectaculaires auxquelles participent activement les chercheurs. 12 13 ACTU Un métamatériau est un matériau composite artificiel qui présente des propriétés électromagnétiques qu’on ne retrouve pas dans un matériau naturel. Il s’agit en général de structures périodiques,diélectriques ou métalliques, qui se comportent comme un matériau homogène n’existant pas à l’état naturel. Il existe plusieurs types de méta-matériaux en électromagnétisme, les plus connus étant ceux susceptibles de présenter à la fois une permittivité et une perméabilité négatives. Mais il en existe d’autres : milieux d’impédance infinie, milieu à permittivité relative inférieure à 1, etc. En réalité les métamatériaux sont très anciens, puisqu’on peut considérer par exemple les verres colorés utilisés dans les vitraux des cathédrales comme des métamatériaux optiques. De même on peut considérer les cristaux photoniques comme des métamatériaux. Les métamatériaux, comme leur nom l’indique, sont des matériaux artificiels ayant des propriétés physiques supérieures aux matériaux naturels. « Meta » est un préfixe grec signifiant « au-delà » ou « un niveau au-dessus », comme dans métaphysique ou métalogique.Les métamatériaux sont donc des matériaux ayant des propriétés « au-delà » de ce que l’on peut espérer observer dans des matériaux naturels. Ce concept peut se décliner dans tous les domaines de la Physique. Plus précisément, en électromagnétisme et en optique, les métamatériaux présentent de propriétés nouvelles susceptibles d’exciter l’imagination des chercheurs et des ingénieurs comme un indice optique négatif ou un effet Doppler inversé, par exemple. Ces matériaux ont vu leur développement intervenir à partir de 1980 et sont actuellement des sujets d’étude en plein développement. 14 Physica Magazine Suite à la démonstration de Veselago en 1968 qu’un indice de réfraction optique peut être négatif, un nouveau domaine s’est ouvert pour la propagation des ondes électromagnétiques et acoustiques. Pour atteindre ces propriétés « non conventionnelles », et obtenir des applications innovantes, on propose des nouveaux matériaux à partir d’un assemblage de 55 matériaux conventionnels. Une super lentille à base de Dioxide de Titane : Depuis quelques années, les chercheurs espèrent mettre au point une lentille capable de dépasser la résolution spatiale d’un système optique classique. Comment? En s’appuyant sur les propriétés surprenantes des métamatériaux. Et dans le dernier numéro de Science, des chercheurs de la SEAS (Harvard John A. PaulsonSchool of Engineering and Applied Sciences) annoncent avoir touché au but. Ils ont conçu une lentille plane agissant sur toute la gamme du spectre visible et dont la résolution (la distance minimale entre deux points distinguables) est inférieure à la longueur d’onde de la lumière visible. Rappelons que les lentilles classiques présentent une forme incurvée et qu’il est parfois nécessaire d’en empiler plusieurs pour réduire les distorsions et produire des images nettes et claires. Résultat :des instruments lourds, encombrants et délicats à fabriquer. L’idéal serait de les remplacer par des superlentilles, planes et ultraminces, construites à partir de métamatériaux. Pour focaliser aussi bien la lumière rouge que la lumière bleue ou verte, les auteurs de cette étude ont cherché un matériau qui n’absorberait ni ne diffuserait cette lumière, qui la concentrerait fortement, avec un indice de réfraction élevé. Et pour que leur technologie ne reste pas confinée au laboratoire, ils se sont tournés vers un matériau déjà largement utilisé dans l’industrie : le dioxyde de titane. On le trouve en effet un peu partout, de la peinture aux crèmes solaires. L’équipe est parvenue à mettre au point un réseau de nanostructures - déposées sur un substrat en verre - capable de résoudre des images plus petites que la longueur d’onde de la lumière, de l’ordre de 400 nanomètres. Une prouesse que l’on pensait, jusqu’à récemment, interdite par la limite de diffraction. Le principe longtemps admis veut qu’un système optique ne puisse visualiser des détails dont les dimensions sont inférieures à la longueur d’onde de la lumière avec laquelle on les observe. Un écran antisismique L’idée ? Mettre des bâtiments à l’abri des séismes en les plaçant au centre d’un métamatériau façonné dans le sol même. Comment ? En y forant des trous de plusieurs mètres, disposés en anneaux concentriques autour de la zone à protéger. Ainsi, les scientifiques ont réalisé un essai grandeur nature en collaboration avec l’équipe de Stéphane Brûlé, de la Société Ménard, spécialisée dans les fondations et le traitement des sols sur un terrain de 5 000 m2 sur lequel ils ont déclenché un microséisme en y lâchant une masse de 17 tonnes depuis une hauteur de 20 mètres ! Résultat : Le métamatériau géant a agi comme une cape d’invisibilité en déviant les ondes sismiques de part et d’autre de la zone centrale à protéger. A Grenoble, on travaille sur un projet de protection sismique non pas en structurant le sol,mais en utilisant les forêts. De même, les scientifiques ont récemment démontré, dans le canal à houle de 17 mètres de Centrale Marseille, que des poteaux verticaux savamment disposés agissaient telle une cape d’invisibilité vis-à-vis de la houle. Mais, dans la théorie, cette limite peut être franchie, en partie grâce à l’indice deréfraction négatif que présentent les métamatériaux.La superlentille qu’ils ont développée présente en plus l’avantage d’être facile à produire grâce à de simples méthodes de lithographie. Et elle est particulièrement légère et peu encombrante. Elle serait même « plus mince qu’une feuille de papier », se vantent les chercheurs de la SEAS. De quoi l’utiliser pour la conception de casques de réalité virtuelle ou de réalité augmentée mais aussi pour les lentilles de contact, les téléphones ou les futurs télescopes spatiaux. 15 ACTU Une cape d’invisibilité acoustique: Un film élastomère de quelques millimètres d’épaisseur criblé de micro-bulles et doté d’uncoefficient d’absorption voisin de 100 % ! En jouant sur la distance entre les bulles et la viscosité de l’élastomère, on peut parvenir à absorber dansnotre matériau jusqu’à 50 % de l’énergie d’une onde incidente. L’onde retour peut même être totalement annulée en profitant de l’interférence destructive entre l’onde réfléchie par le méta-matériau et l’onde réfléchie à la surfacede l’objet protégé par cet écran. L’application la plus évidente serait un « méta- écran » susceptible de rendre invisible aux sonars un objet immergé qui en serait recouvert. Mais les scientifiques ont également d’autres idées en tête, tel le pilotage de micro-bulles circulant dans des circuits microfluidiques élaborés dans le métamatériau. Comment ? En envoyant certains sons sur les bulles piégées dans l’élastomère dans lequel le circuit est fabriqué, on crée des résonances susceptibles d’engendrer des forces attractives ou répulsives sur les bulles circulant dans le micro-circuit. Preuve que les métamatériaux acoustiques n’ont pas fini de nous surprendre ! Des lentilles pour l’échographie Ce métamatériau a été mis au point grâce à la mise en œuvre de procédés empruntés à la physique de la matière molle et de la microfluidique, soit l’art de manipuler les fluides aux échelles micrométriques. Il se présente sous la forme de microbilles poreuses – fabriquées au Centre de recherche Paul-Pascal du CNRS, dans l’équipe d’Olivier Mondain-Monval – mises en suspension dans une matrice aqueuse. Le procédé est adaptable à différentes tailles de billes et donc à différentes longueurs d’onde. 16 Physica Magazine Mais surtout, c’est le premier qui permette de réaliser un métamatériau acoustique tridimensionnel, c’est-àdire auquel on puisse donner la forme que l’on souhaite, et à indice de réfraction négatif. Microbilles de silicone poreux © CNRS Interdite par les lois de l’optique conventionnelle,cette dernière propriété permet d’envisager des lentilles acoustiques – l’équivalent visà-vis des ondes sonores des lentilles de l’optique – dites parfaites, soit des dispositifs capables de résoudre une image au-delà de la limite de diffraction, ce dont aucune lentille standard n’est capable. Avec, par exemple, de possibles applications dans le secteur de l’échographie médicale. Modélisation des Métamatériaux: Les métamatériaux sont exploités par de nombreuses technologies de pointe comme les lentilles parfaites ou les antennes et les systèmes térahertz. Vu que leur champ d’application ’étend, il devient de plus en plus crucial de pouvoir les modéliser, tâche difficile en raison de leur nature peu conventionnelle et de leurs propriétés délicates. Le Journal of Computational Physics annonce cependant qu’une équipe de l’EPFL en suisse a réussi à créer des modèles de calcul applicablesà un large spectre de métamatériaux. La conception de nouveauxmétamatériaux adaptés aux exigencestechnologiques requiert une compréhension grandissante de leurs possibilités structurelles. La meilleure manière de prédire l’ensemble de leurs propriétés reste la modélisation informatique, qui nécessite un certain degré d’abstraction mathématique. Les concepteurs de métamatériaux doivent donc trouver des solutions pour développer des outilsprécis et efficaces afin de modéliser ces matériaux non standard. Une équipe de recherche menée par Jan S. Hesthaven de l’EPFL a conçu une approche de calcul afin de résoudre ce problème au moyen de la méthode de Galerkin discontinue, une classe de méthodes numériques de résolution des équations différentielles – soit des équations qui traduisent le changement d’une variable en fonction d’une autre, p.ex. la vitesse d’une voiture avec le temps. La modélisation des métamatériaux implique un ensemble d’équations différentielles connues sous le nom d’équations de Maxwell, qui décrivent la façon dont les ondes électromagnétiques se propagent dans le temps et l’espace, ainsi que des modèles détaillés de réaction des métamatériaux aux ondes électromagnétiques. Ces équations se présentent toutefois sous la forme de fonctionscontinues et doivent être transcrites en fonctions discrètes ou discontinues pour que le modèle informatique fonctionne – un détail pour les matériaux conventionnels, une gageure dans le cas précis. Grâce à leurs travaux antérieurs, les chercheurs de l’EPFL ont pu développer une technique sur mesure pour résoudre les équations de Maxwell nécessaires aux métamatériaux. Les scientifiques ont ensuite testé cette méthode et montré qu’elle pouvait être appliquée à certains modèles de étamatériaux aux structures différentes. Ils ont obtenu un résultat qui semble imiter le modèle continu, puis ont utilisé les mathématiques pour démontrer que ce modèle résoudrait effectivement l’équation continue si l’on avait à l’utiliser en suivant le protocole d’usage. Cette nouvelle méthode est susceptible d’améliorer grandement la modélisation informatique des métamatériaux, ce qui va permettre d’en découvrir, concevoir et fabriquer avec de nouvelles formes et structures à des vitesses accrues. La demande de ce type de matière non conventionnelle étant en plein essor, cette approche promet d’avoir un impact étendu sur l’avenir des métamatériaux. Conclusion Quel que soit le domaine d’application, un métamatériau permet de développer des propriétés inaccessibles avec des matériaux conventionnels.Toutefois des limites sont inhérentes à la construction de ces méta-matériaux.L’interaction d’un méta-matériau avec une onde(électromagnétique ou acoustique) produit des propriétés intéressantes pour des bandes de fréquences souvent restreintes au voisinage de fréquences de résonance. Ces fréquences étant directement reliées à la taille de la structure périodique du matériau, les limites actuelles sont imposées par les techniques de fabrication. Pour travailler dans le domaine du visible (environ 400 à 800 nm de longueur d’onde), il faut des structures avec une périodicité d’environ 50 nm, ce qui est difficilement accessible avec les techniques classiques d’usinage ou d’assemblage. Les laboratoires doivent donc développer la nano-ingénierie qui va privilégier des techniques d’auto-assemblage et de croissance cristalline dirigée plutôt que des fabrications mésoscopiques traditionnelles. Les méta-matériaux sont au centre d’un domaine de recherche en pleine expansion, car soumis à une demande croissante en technologies révolutionnaires. Les avions militaires furtifs – donc invisibles au radar – en sont un exemple type, mais ces matières sont également utilisées ans des systèmes intelligents d’énergie solaire, en optoélectronique et nanoscience. Les métamatériaux sont en fait composés de pièces microscopiques de substances usuelles comme le métal ou le plastique, qui leur confèrent leurs propriétés exotiques en étant répartis selon des schémas répétitifs précis. Lorsque ces schémas sont conçus à des taillesinférieures aux longueurs d’onde, ils peuvent par exemple influencer la lumière et les ondes sonores et permettent de les manipuler de façon surprenante. Sources: * Métamatériaux: l’invisibilité réinventée Mathieu Grousson CNRS le journal 18.02.2015 * Modéliser les métamatériaux et leurs propriétés étonnantes EPFL 10.01.14 * Métamatériaux et invisibilité. Institut Fresnel https://fr.wikipedia.org/wiki/Métamatériau 17 ACTU Physica Magazine LES ONDES GRAVITATIONNELLES Cent ans après la prédiction d’Albert Einstein, l’existence des ondes gravitationnelles a enfin été confirmée. C’est le plus bel hommage qui aurait pu être rendu à l’un des physiciens qui a révolutionné la science. Rédigé par Maria BOUMBAR Corrigé par Lila BOUZAR Einstein et les ondes gravitationnelles. Au cours de l’année 1920, A. Einstein rencontra à de multiples reprises Paul Valéry. Un jour, le penseurpoète, persuadé que le père de la théorie de la relativité produisait des idées à grand nombre, osa lui poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis longtemps : « Lorsqu’une idée vous vient, comment faites-vous pour la recueillir ? Un carnet de notes, un bout de papier… ? » La réponse le déçut sans doute, le physicien se Que se passe-t-il lorsqu’un corps plus petit passe à contentant de lancer : « Oh ! Une idée, vous savez, c’est proximité de l’étoile ? Faisons rouler une bille sur le tissu : la trajectoire est d’abord une simple ligne droite, si rare ! »1 mais lorsque la bille passe à proximité de la pierre, elle La modestie du grand Einstein n’estompe en rien le fait pénètre légèrement dans la dépression. Elle est alors que des idées, il en a bien eu, et plus d’une ! C’est en déviée de sa ligne droite et sa trajectoire se courbe. Sur 1907, alors qu’il était à Berne, qu’il eût celle qui sera par ce tissu élastique, le mouvement de la bille n’est pas la suite la pièce maîtresse de sa théorie de la relativité dicté par une force mais par la forme de l’espace ou générale. « J’étais assis sur ma chaise au Bureau plus précisément, par la courbure de celui-ci. fédéral de Berne, racontera-t-il. Je compris soudain que si une personne est en chute libre, elle ne sentira pas son C’est en 1916, alors malade, qu’Einstein avait propre poids. J’en ai été saisi. Cette pensée me fit une commencé à se demander si une masse en mouvement grande impression. Elle me poussa vers une nouvelle accéléré pouvait rayonner des « ondes gravitationnelles », de la même façon qu’une charge électrique qu’on théorie de la gravitation. »1 accélère rayonne des ondes électromagnétiques. Il avait Ce qu’Einstein venait là de comprendre, c’est que découvert rapidement des solutions à ses équations lorsque nous tombons en chute libre, tout ce qui correspondant à des ondulations de l’espace-temps, se est proche de nous, tombe comme nous puisque propageant à la vitesse de la lumière. Au cours de leur l’accélération de chute des objets est la même pour trajet, elles devraient secouer l’espace-temps. tous. Nous avons donc l’impression que la pesanteur a disparu dans notre voisinage alors même que nous sommes en train de subir sa loi. N’est-ce pas étrange ? Tout se passe comme si l’accélération produite par la chute effaçait le champ de gravitation local… Einstein postula qu’il y aurait une sorte d’identité formelle entre accélération et gravitation : si une accélération peut effacer un champ gravitationnel réel, alors elle doit pouvoir aussi créer l’apparence d’un champ gravitationnel là où il n’y en a pas. C’est ce qui sera par la suite appelé « principe d’équivalence » 1 En 1913, Einstein étudia avec l’aide de Marcel Grossmann la géométrie des espaces courbes. Dans un article rédigé à quatre mains, ils avancèrent l’idée 18 que la gravitation n’est pas une véritable force, mais une manifestation locale de la courbure de l’espacetemps. Mais en fait, l’espace temps qu’est ce que c’est ? Pour mieux comprendre cette idée, faisons appel à une analogie à deux dimensions. L’espace, en relativité générale, peut être comparé à une sorte de tissu élastique. La présence d’une étoile peut être simulée en posant une pierre sur ce tissu. Celle-ci s’enfonce dans le tissu, le déforme. Simulation numérique d’ondes gravitationnelles © (Max Planck Institute for Gravitational Physics) 19 ACTU Physica Magazine Comment et quand ces ondes sont-elles détectées? La détection des ondes a été précédée d’une première étape, franchie en 1975 avec la découverte du pulsar binaire PSR B1913+16. Russell A. Hulse et Joseph H. Taylor, en mesurant l’évolution de sa période orbitale, ont mis en évidence une courbe de décroissance de cette Comment ces ondes sont-elles période correspondant précisément à ce que prévoit la relativité générale en considérant que ce système perd créées? son énergie par émission gravitationnelle. Comme un caillou jeté dans un lac, il faut apporter de Ce premier indice, indirect, en faveur de l’existence l’énergie dans un système pour y créer un changement des ondes gravitationnelles valut aux deux chercheurs local des conditions d’équilibre. Dans le cas de américains le prix Nobel de physique en 1993. 1 l’univers, le caillou doit être gigantesque pour pouvoir en détecter les effets. Par exemple : des étoiles qui explosent en supernova, des collisions de galaxies ou encore des trous noirs spiralant l’un autour de l’autre, ce qui est, en astrophysique, appelé un « binaire ». Les propriétés des ondes, amplitude et fréquence, créées par ces objets, permettent d’en déterminer les masses et les distances. Détecteurs Américains d’ondes gravitationnelles LIGO, situé à Hanford (état de Washington) © Un trou noir est un objet céleste très massif (sa masse peut aller de quelques dizaines de fois la masse solaire jusqu’à des dizaines de millions de fois cette dernière). De tels objets ne peuvent ni émettre, ni diffuser la lumière et sont donc noirs. Cela est dû au fait que l’intensité de leur champ gravitationnel empêche toute forme de matière ou de rayonnement de s’en échapper. 3 20 Les ondes gravitationnelles ont été réellement détectées pour la première fois le 14 Septembre 2015 par l’expérience LIGO (Laser Interferometer GravitationalWave Observatory) dotée de deux interféromètres dont l’un est situé à Washington Image de synthèse d’un trou noir et le second en Louisiane. Les signaux détectés correspondent avec une grande précision à la simulation, par supercalculateurs, de la coalescence de deux trous noirs d’environ 30 masses solaires chacun et situés à une distance d’environ 1,3 milliard d’annéeslumière. Lors de la coalescence, l’équivalent de trois masses solaires a été converti en ondes gravitationnelles. C’est le rapprochement d’une simulation arbitraire (parmi de nombreuses autres) avec les courbes réelles enregistrées qui permet aux scientifiques, là aussi avec un grand niveau de confiance, de fournir les détails du scénario à l’origine de l’onde détectée.3 Finalement, on peut dire que la découverte des ondes gravitationnelles est le début d’une nouvelle ère pour la cosmologie, elle laisse néanmoins en suspens la question de l’existence du graviton.2 Référence : (1) Journal Le Monde “ Les ondes gravitationnelles détectées un siècle après avoir été prédites” 17 février 2016 (2) Wikipédia (https:// fr.wikipedia.org/wiki/ Onde_gravitationnelle, Dernière modification de cette page le 6 février 2017) (3)Revue Nature (http:// www.nature.com/news/einstein-s-gravitational-waves-found-atlast-1.19361) 21 ACTU Physica Magazine D L’ORDINATEUR QUANTIQUE ENTRE L’ILLUSION ET LA RÉALITÉ Tamaâzouzt CHENNIT “In natural science, nature has given us a world and we’re just to discover its laws. In computers, we can stuff laws into it and create a world.” Alan Kay epuis la nuit des temps, l’homme ne cesse d’améliorer ses connaissances et d’appréhender le monde qui l’entoure. Pour ce faire, il part à la recherche de sciences nouvelles, lui permettant aujourd’hui de résoudre toute sorte de problèmes exponentiellement plus vite qu’hier. C’est alors là qu’il élève deux géants qui, grâce auxquels le monde dans lequel nous vivons ne saurait exister. Le premier c’est l’informatique, qui dit informatique dit forcément intelligence artificielle, science de l’économie, révolution industrielle, piratage, sécurité et enfin le monde des bits. Le second, c’est la physique, qui dit physique dit forces fondamentales, bigbang, rayonnements, exploration de l’espace et enfin le monde quantique, et si la fusion de ces deux géants était enfin possible, que pourrait devenir notre future ? Qu’est-ce que l’informatique ? Qu’est-ce que la mécanique quantique ? “Computer programming is an art form, like the creation of poetry or music” Donald Knuth “Quantum mechanics: real black magic calculus” Albert Einstein L’informatique est décrite comme le traitement automatique de l’information. Ce dernier est régi par des machines qui jouent à la fois le rôle d’un fournisseur de données et d’un récepteur de l’information traitée automatiquement. Les ordinateurs classiques représentent un ensemble de transformations logiques par un processus physique, qui manipulent des éléments d’information élémentaires ; les bits, pouvant avoir deux valeurs distinctes 0 ou 1, vrai ou faux, qui représentent plus concrètement une quantité électrique, courant ou tension. « S’il y a passage d’électron alors il y a courant et tension, la machine signale 1 vrai, si dans le cas contraire il n’y a pas de passage d’électrons, la machine signale faux ce qui est associé à 0». Des fonctions élémentaires de la logique classique sont réalisées grâce à un réseau de portes fondé sur des transistors. Le progrès des ordinateurs classiques dans le monde de l’informatique, la médecine, l’économie et bien plus encore est d’une importance indéniable. Il existe néanmoins des problèmes difficiles auxquels ils ne peuvent pas répondre efficacement. La mécanique quantique à son tour, permet de décrire la physique, à l’échelle des molécules, atomes et des particules élémentaires. Ses pères fondateurs sont M. Planck, M. Born, L. de Boglie, W. Pauli. N. Bohr , W. Heisenberg , E. Schrödinger et P. Dirac. C’est une science qui permet d’expliquer les collisions à hautes énergie au C.E.R.N, les réactions nucléaires, la structure de la matière, les propriétés de conduction des matériaux et bien plus encore ainsi que les origines de l’univers. La mécanique quantique a permis des avancées technologiques considérables au XXème siècle, partant des transistors, les diodes, les lasers, les circuits intégrés, l’imagerie par résonance magnétique, arrivant aux systèmes de navigation GPS et aux horloges atomiques. Cette théorie est régie par des phénomènes bien étranges tel l’intrication quantique, la superposition, l’effet tunnel, le double caractère des particules qui peuvent être à la fois des ondes et des corpuscules. Ces derniers malgré leurs étrangeté permettent enfin de donner une explication morphologique des phénomènes macroscopiques. « …les équations de la mécanique quantique permettaient de prévoir le comportement des systèmes microphysiques avec une précision excellente et même avec une précision totale si l’en renonçait à tout espoir de retour vers une ontologie matérielle. »(M. Houellebecq, les particules élémentaires, Flammarion 1998). 22 23 ACTU Physica Magazine Limites d’un ordinateur classique : Les performances des ordinateurs classiques sont limitées, cela se manifeste par la dissipation excessive de chaleur dans l’environnement et le fait qu’ils répondent au schéma de la machine de Turing classique. Ils effectuent leurs calculs en séquences ce qui donne résultat à une impuissance à démêler, dans un temps raisonnable, un grand nombre de problèmes. En outre, le temps d’exécution d’un calcul facile varie en fonction de bits comme un polynôme, la factorisation est en revanche difficile, le temps de calcul du meilleur algorithme classique connu, augmente en exp(n^(1⁄3)) avec le nombre de bits. 24 De ce pas, les idées autour de la possibilité d’utiliser la mécanique quantique pour effectuer des calculs sont de plus en plus abordées au sein de la communauté scientifique. Dans les années 1980 Richard Feynman, propose d’utiliser les éléments quantiques, c’est ainsi que l’idée révolutionnaire des ordinateurs quantiques apparut, les lois auxquelles ces machines obéiraient seraient des lois quantiques ! Qu’est-ce qu’un ordinateur quantique ? Défis à relever ! Un ordinateur quantique est une machine, généralement décrite par en ensemble de qubits (Quantum Bits) sur lesquels on agit par des transformations unitaires appelées portes quantiques. Il s’agit d’un produit de matrices unitaires élémentaires agissant sur un ou deux qubits au lieu des bits. Les qubits sont des éléments quantiques qui pourraient se trouver soit dans l’état 0, soit dans l’état 1 comme les bits, soit dans un état de superposition. En effet, l’état Afin de pouvoir partir à la quête de construction d’un ordinateur quantique il faut passer par quatre épreuves initiales : - Concevoir des systèmes qui auront le pouvoir de réaliser des qubits. - Construire des portes logiques. - Mettre au point un algorithme quantique. - Concevoir des méthodes pour éviter la décohérence « la pertes des propriétés quantiques et le retour au classique.»Portes logiques et concrétisation d’un qubit : est considéré comme un autre état possible du qubit. Un photon est par exemple, polarisé soit verticalement soit horizontalement soit dans la superposition linéaire des deux états. Cependant, dès qu’un observateur entre en contact avec le système la superposition disparait et un état est fixé. Un qubit est alors un élément pouvant être dans une multitude d’états, cet élément ne peut être que quantique car la mécanique quantique est la seule théorie qui peut décrire des étrangetés pareilles, il est possible d’utiliser toutes les propriétés de la mécanique quantique car à aucun moment la physique ne les a interdites. L’utilisation d’états non séparables appelés états intriqués a vu son application dans un ordinateur quantique. Ces états à deux qubits, ne se mettent pas sousforme de produit d’états individuels de chaque qubit mais il s’agit d’une liaison assez étrange entre eux. Toute mesure réalisée sur une particule de la paire, agit sur l’état de l’autre. Il est néanmoins nécessaire de concevoir des algorithmes quantiques judicieux, tel que l’algorithme de Shor (1994) qui est sans doute le plus frappant. Il permet de factoriser les nombres aussi efficacement qu’on les multiplie. Si les bits de la mémoire d’un ordinateur classique sont manipulés par un algorithme classique, pareil pour un ordinateur quantique, un algorithme quantique servira à contrôler les opérations entre les qubits qui, à leurs tours utiliseront leurs étrangetés pour effectuer des taches le plus rapidement et le plus efficacement possible.Une recherche très active a été déclenchée pour déterminer l’architecture de l’ordinateur quantique et la construction de portes logiques, ces dernières auront pour but d’agir sur les qubits. Les avancées expérimentales, sont très en retard par rapport aux propositions théoriques, on ne connait que quelques systèmes qui pourraient servir de qubits. L’un des premiers est la polarisation d’un photon, or un deuxième problème surgit, c’est qu’on ne connait pas encore des portes quantiques efficaces couplant les états des deux photons ce qui empêche la manipulation directe de leur intrication. Nous allons cependant découvrir les trois premiers systèmes physiques ayant réalisés des qubits, des portes logiques quantiques et les manipulations élémentaires d’information qui ont pu mettre en œuvre le premier ordinateur quantique. 1/Résonance magnétique nucléaire : Un spin nucléaire forme un qubit idéal, son état peut être manipulé par la résonance magnétique en combinant deux types de champs, le premier statique, le second oscillant. Dans une molécule les fréquences de résonance des noyaux sont légèrement différentes, deux spins voisins peuvent donc être intriqués, la fréquence de transition d’un spin dépend de l’état quantique du voisin, ces couplages sont les ingrédients de portes logiques quantiques. L’algorithme de Shor a pu être enfin vérifié grâce au spectromètre R.M.N en trouvant que 5*3=15 cela a fallu 7 qubits et une dizaine de portes logiques variées. 25 ACTU 2/ Ions piégés : La première porte logique a été réalisée entre les niveaux internes et de vibration d’un ion unique, idée spectaculaire qui a valu le prix Nobel au chercheur français Serge Haroche du laboratoire Kastler Brossel à Paris en 2012. Un qubit est alors fourni par un ion piégé codé sur les états (zéro) et (un quantum de vibration phonon), un refroidissement par laser ou par le condensat de Bose Einstein permet d’attribuer à l’ion l’état zéro, ce qui est caractérisé par zéro phonon. 3/ Atomes et cavités : L’électrodynamique quantique permet le couplage rayonnement-matière. Un atome contenu dans la cavité est couplé avec un champ électrique, l’interaction cohérente atome/champ domine la décohérence et peut donc être générée pour créer de l’intrication. Malgré ses performances spectaculaires, un ordinateur quantique reste néanmoins sujet à des phénomènes qui le rendent moins apprivoisable tels que la décohérence, pouvant être le résultat d’un champ parasite perturbant le qubit ou bien un chauffage qui résulte de la vibration des photons ou des ions. Le risque de la décohérence augmente de plus en plus que le nombre de qubits augmente, cependant les chercheurs font appel à la supraconductivité qui aura pour but de refroidir l’installation d’un ordinateur quantique ainsi que les qubits pour améliorer leur interaction et par-dessus tout permettre le phénomène d’intrication. Physica Magazine adéquate d’amplitude et de fréquence sur des temps assez courts de quelques dizaines de femto seconde comparables au périodes de vibration propres de la molécule avec laquelle on veut déclencher une réaction chimique. L’imagerie par résonance magnétique (I.R.M), cet outil qui a permis d’aboutir à des diagnostics très précis, pourrait s’améliorer avec les ordinateurs quantiques. L’I.R.M fonctionne sur le principe de la résonance magnétique comme son nom l’indique, des atomes placés dans ce champ absorberaient une énergie qui dépend du champ dans lequel ils sont plongés, en mesurant la fréquence de résonance, on peut remonter à la position de l’atome et déterminer sa position dans l’espace ce qui nous permettrait d’obtenir une image des tissus et des organes. Avec un ordinateur quantique il est possible de déterminer le profil du champ magnétique à appliquer pour obtenir le meilleur contraste possible d’une image. La naissance des ordinateurs quantiques ouvre des perspectives intéressantes ces dernières permettraient d’élever une nouvelle ère de la logique, en réalisant de nouvelles fonctions de transmission, la cryptographie et la téléportation sont déjà réalisées et sont fondées sur des échanges de paires intriquées, cependant des répéteurs quantiques pour des transmissions de clés cryptographiques à grandes distances peuvent être établis. Crypter ou décrypter, nos boites e-mails seront enfin en sécurité ? Ou bien faudrait-il faire attention aux codes de nos cartes bancaires? Une décision pareille, repose sur la conscience des hommes de science, inventer pour bâtir ou bien détruire, une question philosophique sur laquelle des générations, bien avant la nôtre, n’ont pas su répondre. Les prouesses des ordinateurs quantiques, ne sont qu’à leurs débuts, leurs mystères, leurs faces cachées et les différents obstacles qu’ils peuvent surmonter, leurs attribuent une attention remarquable de la part de la communauté scientifique. Un tel exploit couronnera plusieurs années de sacrifice et triomphera dans les clairs-obscurs de nos parcours, en tant que physiciens, ingénieurs, informaticiens, et mathématiciens mais avant tout autre personne, en tant que scientifique cherchant toujours ses origines, les propriétés de ce qui l’entoure, les mystères et les secrets que lui cachent le monde dans lequel il respire. “…The quantum computer is the Philosopher’s Stone of our century…Matter will do wonderful things if asked to, but we must first understand its language…” Chris Fuchs, Perimeter Institute for Theoretical Physics Sources -Bourdet, Julien. 2015. « les promesses du contrôle quantique ». CNRS le journal, 09 septembre - Michael A. Nielsen, Isaac L. Chuang.2010. « Quantum computation and quantum information ». Cambridge University Press. -Article proposé par, Laboratoire Kastler-Brossel, CNRS/ENS. - Stefanie Barz, Joseph F. Fitzsimons, ElhamKashefi& Philip Walther. 2013. Nature Physics,no9, p.727-731 Les promesses de l’ordinateur quantique ? L’ordinateur quantique bouleversera certainement le quotidien de nos petites habitudes, avec ses promesses de révolutionner le monde de l’informatique, la biologie, la médecine, la recherche fondamentale et l’exploration de l’espace. Un ordinateur quantique permettra en aéronautique militaire d’optimiser les trajectoires de montée en altitude des avions de chasse et de trouver celles qui minimiseraient le plus possible la consommation de carburant. Pour les chimistes, les ordinateurs quantiques sont d’une importance irréfutable, des simulations numériques sur des ordinateurs quantiques permettraient d’identifier l’onde 26 27 ACTU LES EXOPLANÈTES De la fiction à la réalité Sarra Asma ROUABHIA 28 29 ACTU Physica Magazine LES EXOPLANÈTES De la fiction à la réalité La Nasa a annoncé le 22 février dernier la découverte du système Trappist–1 situé à 39 années-lumière de la Terre. Trois des sept planètes qui le composent sont dans une zone dite “d’habitabilité”, pouvant accueillir la vie Qu’est-ce qu’une exoplanète? Les exoplanètes ou planètes extrasolaires sont des planètes qui ne font pas partie de notre système solaire ; en d’autres termes, qui n’orbitent pas autour de notre soleil mais autour d’une autre étoile. Il ya environs 20 ans de cela, la potentielle existence de ces exoplanètes n’était qu’un pur scénario de film de science fiction, jusqu’au jour où les chercheurs ont réellement commencé à s’intéresser à cette hypothèse et à la question suivante : la terre est-elle unique ? Comment les détecter ? Ce n’est qu’en 1995 que les astronomes découvrent une planète géante gazeuse appelée 51-Pégasi B. Elle ressemble à Jupiter mais elle se trouve à 50 années lumière de la Terre. Cette planète qui orbite autour d’une étoile lointaine est la toute première exoplanète que l’homme a découvert, grâce à des méthodes directes et indirectes.Comme la méthode des vitesses radiales consistant à mesurer la variation de la vitesse radiale de l’étoile causée par le léger mouvement de recule de 30 celle-ci par sa planète. . Néanmoins cette méthode très efficace avec les géantes gazeuses, les petites planètes de nature rocheuse comme la Terre sont plus difficiles à détecter et c’est à ce moment qu’intervient la méthode du transit qui identifie une planète lorsque celle-ci passe devant son étoile en mesurant l’affaiblissement de l’intensité lumineuse de l’astre. Cette méthode permet non seulement de repérer les planètes mais aussi leurs diamètres, les périodes de révolution et de calculer le rayon de son orbite, pour savoir si elle se situe dans une zone habitable ou non . Il existe aussi de nombreux projets à venir concernant des télescopes spatiaux et terrestres ultra précis, qui permettront aux chercheurs de non seulement découvrir des planètes plus facilement mais aussi connaitre les caractéristiques chimiques et thermiques de chacune d’elles. Les Zones Habitables : Grâce à d’impressionnantes avancées technologiques les scientifiques ont enfin réussi à percer l’un des secrets de la galaxie, la Terre n’est pas unique, des dizaines de milliers de planètes potentiellement habitables sont éparpillées dans toute la galaxie. Dans chaque système solaire, il ya une zone habitable où la quantité d’énergie reçue par la planète permet à l’eau d’exister sous forme liquide. la planète sur son axe car en l’absence de cette Étant donné que l’eau est stabilisation la planète rencontrera d’importantes considérée comme un élément variations physicochimiques de l’environnement, qui indispensable a un écosystème compliquera l’apparition de la vie. viable, la taille et la position de la zone d’habitabilité dépendent L’homme sur une exo planète ? naturellement de la puissance de l’étoile qui Jusqu’à nos jours l’homme n’a pas encore la émet le rayonnement lumineux. technologie nécessaire pour effectuer un voyage vers Si l’étoile est petite, la zone d’habitabilité sera beaucoup une exoplanète, les raisons principales étant la distance plus proche que s’il s’agissait d’une étoile géante. Mais qui sépare la Terre de ces systèmes extrasolaires. cela ne signifie pas que les planètes qui se trouvent dans Sachant que la plus proche planète habitable est à 4,2 cette zone sont habitables. Suffit-il qu’une planète se années lumières, le voyage durerait au moins 5 ans si la trouve dans une zone habitable pour pouvoir abriter la fusée se déplace à la vitesse de la lumière irréalisable. vie ? Le manque de carburant et le risque de trouver une Le fait qu’une planète soit située en zone habitable est planète hostile n’encourage pas les scientifiques à une condition nécessaire à l’apparition de la vie, mais envisager un tel voyage. Mais lorsque la vie dans elle est loin d’être suffisante. Par exemple, la planète notre système solaire deviendra impossible, quand doit avoir une taille suffisante pour pouvoir retenir l’hydrogène ,commencera à diminuer dans notre une atmosphère, car elle joue un rôle considérable soleil et que ce dernier deviendra une géante rouge dans le changement de température de la planète. Si engloutissant tout sur son passage, ces exoplanètes l’atmosphère de celle-ci est riche en CO2, un effet de seront alors un espoir pour l’humanité et sa survie. serre va alors augmenter la température à sa surface de plusieurs degrés. Autre élément indispensable pour maintenir une atmosphère est la présence d’un champ magnétique qui la protège des vents solaires et agit Sources: comme un bouclier sur la planète contre les particules Nasa exoplanets exploration https://exoplanets.nasa. chargées émises par le soleil. Dernier élément moins gov indispensable que les autres : la présence d’une lune Wikipedia méthodes de détection des exoplanètes autour de cette exoplanète pourrait être un facteur favorable à l’apparition de la vie stabilisant ainsi 31 ORIENTATION Physica Magazine ORIENTATION Djamila Sarah HARROUZ Asma MANSOURI Rokia BELGACEM Pourquoi choisir la physique ? Quelle spécialité me conviendrait le mieux ? Quelles sont les perspectives professionnelles avec un diplôme en Physique ? Tant de questions que se posent les étudiants quand vient le moment de choisir sa voie. Pour les aider à y voir plus clair, nous avons réuni et résumé dans ce dossier Orientation les informations essentielles à avoir entre les mains pour tracer son projet d’études. Qu’est-ce que la physique? La physique est l’une des sciences fondamentales pour appréhender le monde qui nous entoure. Son champ d’investigation touche l’univers tout entier. Observer et décrire de manière quantitative et conceptuelle les composants de la matière, leurs propriétés, les forces qui les gouvernent et leurs effets, c’est ce qui passionne le physicien et la physicienne. Mais la physique c’est aussi découvrir de nouveaux phénomènes naturels et prédire le comportement de composants jusqu’ici inconnus. Aidé des mathématiques, le physicien cherche à élaborer les modèles qui permettent d’expliquer ce qui se cache aux confins de la matière, de l’espace et du temps. 32 La physique est, avec les mathématiques, à la base de toute formation en ingénierie. Elle joue donc un rôle clé dans l’amélioration de la qualité de vie. Beaucoup de domaines, tels que la science des matériaux, la microtechnique ou encore les biotechnologies dépendent de manière croissante de la compréhension des phénomènes physiques. Le développement de nouvelles sources d’énergie est lui aussi étroitement lié à la recherche fondamentale en physique, utilisant et développant des moyens expérimentaux modernes et les connaissances théoriques les plus avancées. Quelle spécialité de licence pour la L3 ? La deuxième année de Licence de Physique est un tronc commun qui permet aux étudiants d’aborder toutes les disciplines majeures de la physique, de telle sorte que l’étudiant ait une idée générale mais non moins claire sur les spécialités proposées en L3 et plus tard en Master. La licence Physique fondamentale La licence énergétique est une formation académique qui couvre toute la Physique de base qu’un Licencié devrait connaître après trois années d’études. Elle a pour objectif de faire acquérir des connaissances fondamentales dans des domaines principaux de la Physique, à travers ses aspects à la fois théoriques et expérimentaux. Cette licence permettra à son titulaire d’exercer comme enseignent(e) dans le moyen, intégrer le secteur économique ou encore poursuivre un Master au sein de la faculté de physique (Physique des matériaux, Physique théoriques, rayonnement...) ou d’autres facultés (Faculté d’Électronique et d’Informatique, Faculté de Génie Mécanique). quant à elle permet d’acquérir des connaissances fondamentales dans les domaines de l’Énergétique et de la Mécanique des Fluides, tant sur le plan théorique qu’expérimental. A l’issue de sa formation, les connaissances acquises peuvent permettre au licencié d’intégrer le secteur industriel (pharmaceutique, agroalimentaire, hydraulique, hydrocarbure…) Les Masters de la faculté de physique qui sont en adéquation avec cette licence sont le master Dynamique des fluides et énergétique, Sciences et Techniques des Hydrocarbures et Sécurité Nucléaire. Des passerelles vers les spécialités Énergies renouvelables et nouvelles, Génie Mécanique, Génie Civil et Génie des Procédés sont possibles. 33 ORIENTATION Physica Magazine Master Matériaux et Composants Master Physique théorique Si pendant très longtemps, l’homme s’est contenté d’une exploitation directe et simple des matériaux mis à sa disposition par la nature, les progrès scientifiques et technologiques ont considérablement modifié son approche. Que ce soit pour le sport, la médecine, l’industrie automobile, les vêtements ou encore les composants électroniques, les matériaux jouent aujourd’hui un rôle prépondérant. Il y a fort à parier que le futur verra la prolifération des matériaux dits « intelligents », à savoir capables de modifier leurs propriétés en fonction de leurs conditions d’utilisation. L’étude des matériaux est très variée puisqu’elle porte sur des domaines aussi divers que les métaux et alliages, les matériaux optiques et électroniques, les composites ou les matériaux du vivant. L’approche moderne de la science des matériaux, repose sur la compréhension des questions fondamentales relatives à la mise en œuvre, à la structure, aux propriétés et aux performances communes à l’ensemble des matériaux qui sont à la base d’une utilisation intelligente. Le domaine des matériaux est la discipline-clé qui permet à tous les autres secteurs de l’ingénierie de se développer. Conditions d’accès : Les licences SM Physique Matériaux diélectriques & Semi-conducteurs Métallurgie physique & Ultrasons compréhension des dispositifs électroniques et optoélectroniques modernes : composants, cellules solaires, câbles de haute tension, huiles de transformteurs, condensateurs, couches minces de passivation... élaboration et mise en forme des matériaux, traitements thermomécaniques, évolution et stabilité, étude des propriétés élastiques et viscoélastiques des matériaux, la maîtrise des techniques du contrôle non destructif. techniques ultrasonores en diagnostic et en thérapie médicale PERSPECTIVES D’AVENIR Recherche fondamentale ou appliquée Laboratoires universitaires 34 Centres de recherches : CRTI, CRTSE, CDTA. Milieu industriel Ingénieur R&D R&T Ingénieur d’études Ingénieur en production L’aspect théorique et les formalismes mathématiques font partie intégrante du monde de la physique, ce qui a donné lieu à la branche Physique théorique, Elle constitue un champ d’études intermédiaire entre la physique expérimentale et les mathématiques, et a souvent contribué au développement de l’une comme de l’autre. C’est dans ce domaine que l’on crée les théories, les équations et les constantes Théorie en rapport avec la physique. La physique théorique essaie de de la structure nucléaire décrire le monde en réalisant des modèles de la réalité, utilisé afin de rationaliser, d’expliquer et de prédire des phénomènes L’étude des modèles microscopiques physiques à travers une « théorie physique ». De la particule appliqués aux noyaux atomiques, de à la galaxie, du monde quantique à la relativité générale, la leur comportement, la nature des physique théorique s’intéresse à tout le spectre de la physique. interactions et les propriétés résultantes Conditions d’accès : Licence en physique ou en telles que la Supraconductivité dans mathématiques appliquées les nanograins métalliques, l’étude des Théorie probabilités de transition bêta ou et modélisation encore les équations du gap en physique des plasmas dépendant de la Information température Étude de la dynamique des plasmas, et évolution quantique des plasmas complexes ou encore de fusion. Cette spécialité est en plein Mesure Quantique moyennant essor vu les applications diverses des le formalisme des intégrales plasmas dans l’industrie et l’ingénierie, de chemin et la théorie et les thèmes de recherche qui y sont de la diffusion. Initiation à dédiés, notamment dans la maitrise l’informatique quantique. Les des processus de fusion thermo phénomènes quantiques nucléaire abordés sont essentiellement Théorie l’intrication quantique et la du solide superposition, Étude de la physique des surfaces et des interfaces, l’interaction rayonnement-matière, le comportement de nouvelles structures de matériaux et les théorie qui ont PERSPECTIVES trait aux propriétés de la matière D’AVENIR solide. C’est une spécialité qui vise à modéliser les différentes propriétés de la matière en corrélation Recherche fondamentale ou appliquée Milieu industriel avec sa microstructure. Laboratoires universitaires Laboratoire de développement en grandes entreprises ingénieur d’études 35 ORIENTATION Physica Magazine Master Physique des Rayonnements Master Physique medicale L’énergie et sa propagation est sans doute l’un des thèmes phares de la physique. La Physique des rayonnements est justement l’étude des processus d’émission ou de propagation d’énergie et de quantité de mouvement. Les sciences nucléaires font partie intégrante de cette discipline. La physique des rayonnements a pour principal sujet d’étude les noyaux nucléaires et les différentes interactions qui s’y trouvent, ainsi que les interactions entre rayonnements ou encore avec la matière. Elle s’intéresse également à la physique des lasers et la photonique. Elle assure les connaissances théoriques et expérimentales essentielles aux domaines technologiques de pointe tels que l’exploitation de l’énergie issue des réactions nucléaires, les lasers et leurs nombreuses applications dans la recherche et l’industrie. La physique est une science qui s’applique dans d’innombrables À l’issue de cette domaines, et la médecine n’est pas en reste. La présence de formation les candidats physiciens médicaux dans les services de santé utilisant les auront assimilé les connaissances rayonnements ionisants à des fins diagnostiques ou en physique des thérapeutiques est incontestable de nos jours. Le physicien essentielles appliquées en médical assure la protection du patient par la réalisation rayonnements radiothérapie, médecine nucléaire, de mesures physiques nécessaires au bon déroulement du diagnostique et pour garantir une qualité de traitement radioprotection et dosimétrie. Quelques aux standards internationaux. Par ailleurs, l’Algérie s’est notions de bases en anatomie, physiologie sont également lancée dans la réalisation dans un vaste programme de et radiobiologie dispensées mise en place de centres anti-cancer qui ne peuvent fonctionner sans l’apport de physiciens formés. Sciences Nucléaires Conditions d’accès : Licence en physique fondamentale. Interactions rayonnement matière Mécanismes d’interaction des différents types de rayonnement corpusculaire (ions, électrons...) ou électromagnétiques (rayons X) avec la matière inerte ou vivante. Connaissances approfondies des noyaux atomiques et leurs Laser Atomes constituants (neutrons, protons Photonique quarks) et de leurs interactions Formation spécialisée couvrant les domaines de permettant d’aborder des recherches en physique physique atomique et moléculaire, scientifiques technologie des lasers ainsi que subatomique (physique nucléaire et physique des particules) l’optique et la photonique. elle vise à former de futurs chercheurs et experts en spectroscopie atomique et moléculaire et dans le domaine des lasers PERSPECTIVES D’AVENIR Recherche fondamentale ou appliquée Laboratoires universitaires Centres de recherches nucléaire : (CRNA,CRND,CRNB° CDTA. Milieu industriel 36 Milieu hospitalier Recherche fondamentale Laboratoires universitaires Connaissances nécessaires en physique atomique et nucléaire et en rayonnement ainsi que des méthodes d’analyse de données statistiques et de simulation d’événements pour assurer au mieux la protection des installations radiatives. La formation est complétée par un large ensemble d’enseignements concernant les aspects techniques, juridiques, HSE, organisationnels et réglementaires de la fonction de spécialiste en sécurité Production Concervation d’énergie dans les d’aliments réacteurs et centrales et amélioration de leur nucléaires qualité Les télécommunications PERSPECTIVES D’AVENIR Conditions d’accès : Licence en physique Installations génératrices ou utilisatrices de rayonnements ionisants Médecine Centres de recherches nucléaire CRNA Médecine nucléaire service de radiothérapie Imagerie medicale Master Sécurité Nucléaire La sécurité nucléaire est l’ensemble des activités et techniques ayant trait au maintien de l’intégrité des mécanismes, processus, outils ou instruments contenant de la matière radioactive, permettant de garantir l’absence de risques liés à la fabrication, le transport, le stockage, l’utilisation et l’élimination de sources de rayonnements ionisants sur les individus et l’environnement. Conditions d’accès : licence scientifique ou équivalent (physique, chimie, géophysique, biologie,électronique,…) PERSPECTIVES D’AVENIR controle gestion et prévention Géologie Agriculture Centre Pierre et Marie Curie. CHU de Mustafa CHU de Bab el Oued Générateur et centrales nucléaires Domaines militaires Centres de recherche nucléaire Commissariat à l’energie atomique COMENA 37 ORIENTATION Physica Magazine Master Dynamique des fluides et énergétique La mécanique des fluides et les transferts thermiques sont au cœur de nombreux métiers en lien direct avec les grands défis sociétaux d’efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables. Ces défis sont présents dans le domaine des transports (aéronautique, automobile), de l’exploitation des énergies fossiles (pétrole) et renouvelables (éoliennes, hydroliennes), du bâtiment ou encore des procédés industriels (agro-alimentaires). Au-delà de ces enjeux, la mécanique des fluides constitue un domaine de recherche fondamentale très actif pour les sciences de la terre, l’astrophysique ou les sciences du vivant. Le point fort de cette spécialité est l’équilibre entre approche expérimentale, numérique et théorique, en parfaite adéquation avec les activités de recherche et le secteur de l’industrie. Conditions d’accès : Licence ou équivalent dans les spécialités suivantes : Licence en physique énergétique ou Licence en physique pour le domaine Sciences de la matière (SM) ou encore une Licence en mécanique – énergétique pour le domaine Sciences et Techniques (ST) Énergétique Modélisations en énergétique et transferts (combustion, changements de phase liquide-vapeur, physique du rayonnement, turbulences et mélanges). Mener l’analyse critique des hypothèses d’un modèle de systèmes mécaniques et énergétiques, ou en développer un nouveau et de proposer des méthodes d’analyse de données numériques. Laboratoires universitaires LMFTA et LTSE Laboratoires de grandes entreprises SONATRACH La formation dans les domaines pétroliers et gaziers s’est imposée d’elle même vu la richesse du sol Algérien en hydrocarbures. L’exploration, l’exploitation, le raffinage, le transport et la commercialisation des hydrocarbures ont leur part du lion dans l’économie et l’industrie Algérienne. Mais l’exploitation prolongée de certains champs et puits ont fait que les pressions ont baissées et qu’il faut mettre en œuvres de nouvelles techniques pour récupérer les hydrocarbures restants. L’objectif de cette spécialité est de mettre en adéquation la formation proposée avec les problèmes rencontrés dans l’industrie pétrolière et de répondre aux impératifs dictés par l’évolution technologique et scientifique dans ce type d’industrie. Conditions d’accès : Licence ou équivalent dans les spécialités suivantes : Licence en physique énergétique ou Licence en physique pour le domaine Sciences de la matière (SM) Mécanique des fluides Connaissances en Dynamique des écoulements pulsés, Modélisation en Mécanique des Fluides et notamment des écoulements Turbulents. Modéliser et simuler des systèmes fluides utilisant les outils de calcul scientifique. Sélectionner, tester et développer le cas échéant les techniques de métrologie PERSPECTIVES D’AVENIR Recherche fondamentale ou appliquée Master Sciences et Techniques des Hydrocarbures : Récupération assistée des Hydrocarbures PERSPECTIVES D’AVENIR Recherche et développement Milieu industriel Connaissances dans quelques domaines scientifiques et techniques relevant des problèmes de l’industrie pétrolière, à savoir : Écoulements dans les milieux poreux, écoulements polyphasiques (incluant les problèmes d’interface gaz/liquide ou liquide / solide dans les systèmes nanométriques), modélisations mathématiques et méthodes de simulation adaptées pour ces écoulements ; chimie des polymères; récupération assistée des hydrocarbures, hygiène Sécurité et Environnement (HSE) Entreprise pétrolieire (ex: SONATRACH) Transports fluides (pétrole,gaz hydrocarbures) Les industries agro-alimentaires Traitement des eaux et l’hydrolique Retrouvez plus de détails sur ces spécialités, les modules enseignés et autres informations sur le site de la Faculté de Physique de l’U.S.T.H.B Froid et cryogénie 38 39 mathS Physica Magazine LES MATHÉMATIQUES ET LA PHYSIQUE, UNE HISTOIRE D’AMOUR ? Karina ABDESSLAM Les mathématiques et la physique ont depuis toujours été étroitement liées. Il y a entre ces deux disciplines une grande complémentarité. Cela peut sembler insensé que deux sciences qui sont à priori totalement différentes puissent être en vrai aussi proches. Les mathématiques sont connues pour être la science de l’abstrait tandis que la physique est celle du concret par excellence. Un rapport parfois compliqué S’armer d’équations pour décrire le monde ou bien le recréer grâce à elles. Faire usage de notions de base et en déduire des absurdités. Théories indémontrables par la science, incomplétudes et incertitudes sont à l’honneur dans cette liste qui énumère et associe tragédies scientifiques et rationalismes mathématiques. Au cœur de la turbulence des fluides : Les équations de Navier-Stokes modélisent un fluide comme un milieu continu, c’est à dire caractérisé par des grandeurs physiques définies en tout point de l’espace et à tout instant. Censé décrire l’écoulement de fluide, des simulations numériques s’appuient sur ces équations notamment pour déterminer les caractéristiques aérodynamiques d’une automobile, train, avion etc. Cependant cette classe d’équations soulève une difficulté majeure. Car la description d’un fluide est fondée sur des fonctions de deux variables au moins : la position décrite par une ou plusieurs coordonnées, et le temps. En plus des dérivées par rapport au temps qui proviennent, de la deuxième loi de Newton, on a des dérivées par rapport aux coordonnées de position, car l’état d’un fluide dépend de l’état au point voisin, soit la notion de dérivées partielles. Ces équations sont quasiment impossibles à résoudre si le fluide présente de fortes perturbations (viscosité faible, compressibilité variable) et si son état à l’instant initial n’est pas suffisamment proche du repos. Cette situation correspondrait à une concentration de l’énergie du système au voisinage d’un seul point, la densité d’énergie tendant ainsi vers l’infini soit un Blowup (explosion). Cette dernière notion signifie qu’à un certain instant ultérieur, une des composantes de la vitesse va devenir plus grande que n’importe quel nombre donné à l’avance (on parle de singularité du champ de vitesse). Cela peut paraître physiquement peu concevable. La signification physique de ce fait est simplement qu’à partir d’un certain instant, la vitesse du fluide devient très grande et en particulier dépasse la vitesse du son. Mais alors l’hypothèse d’incompressibilité du fluide ne peut plus être satisfaite, et il faudra changer de modèle. D’un point de vue physique, de telles solutions « explosives » sont donc une indication que le modèle mathématique choisi cesse d’être valable. D’une grande abstraction ce problème fait partie des ‘sept problèmes du millénaire’, proposés par l’institut Clay en l’an 2000. Paradoxe de Banach-Tarski : Prenez une sphère parfaitement ordinaire. Découpez-la en 5 morceaux selon un plan bien défini. Réassemblez Par ailleurs la solution trouvée par Max Planck remit de les morceaux, et vous obtenez deux sphères de même l’ordre en supposant que l’échange d’énergie entre le rayonnement et la cavité est discontinu. La plus petite volume que la sphère initiale. Irrationnel ? quantité d’énergie (le quantum d’énergie) échangée par un rayonnement de fréquence donnée est liée à celle-ci par la relation : Des considérations de découpages permettent des transformations de figures paradoxales. Ainsi, on peut démontrer mathématiquement qu’il est possible de découper une boule en un nombre fini de morceaux et de réorganiser ceux-ci - sans déformation - pour reconstituer deux boules parfaitement identiques à la première ! Ce résultat est connu sous l’appellation de paradoxe de Banach-Tarski, il a été découvert au début du XXe siècle. Ce découpage, qui est incompatible avec la notion intuitive de volume, est impossible à réaliser en pratique. La catastrophe Ultraviolette : En 1900, Rayleigh proposa d’analyser les propriétés d’absorption et d’émission à l’intérieur du corps noir en le modélisant par un ensemble d’oscillateurs harmoniques pouvant absorber ou émettre la lumière pour toutes les fréquences du rayonnement. Basés sur la thermodynamique classique, les résultats furent aberrants quant à l’énergie infinie des corps émettant de basses longueurs d’onde. Divergence ahurissante face aux résultats expérimentaux. Où U : Densité d’énergie émise par unité de longueur d’onde T : Température k : Constante de Boltzmann 40 41 mathS Physica Magazine Une complémentarité indéfectible d’apprendre certaines notions mathématiques de façon autodidacte, ce qui n’est certainement pas facile et cela On peut citer de nombreux domaines où physique et reste tout de même un travail qui nécessite beaucoup de mathématiques sont confondues, et où la frontière patience. entre ces deux sciences est quasi inexistante, et on peut constater cela même au niveau des scientifiques eux Il est aussi intéressant de savoir que l’un des théorème mêmes. Newton a été celui qui a élaboré le calcul différentiel les plus basiques des mathématiques, le théorème de dans son livre «Philosophiæ Naturalis Principia Pythagore, a une démonstration physique très élégante. Mathematica» et cela a énormément contribué Cette dernière est simple : il suffit de prendre une boite au développement des mathématiques même si de la forme d’un prisme de base d’un triangle rectangle initialement cet ouvrage était dédié à la physique. et on la rempli d’eau. En la posant sur une surface Newton avait tout d’un excellent mathématicien, et parfaitement lisse (frottements nuls) on remarque pourtant si vous demandez à une personne qu’était alors que la boite reste immobile. Elle ne tourne ni Newton il vous répondra sans hésitation « Un physicien ne glisse car la pression exercée sur les parois de la boîte est équivalente à une force perpendiculaire à la » et un physicien seulement. paroi, s’exerçant au centre. Cela est vrai pour les trois parois. Puisque la boîte ne tourne pas autour de l’axe correspondant au point P, c’est que les moments de ces trois forces vis-à-vis de cet axe s’annulent. THE GAUSS’S LAW OF ELECTROSTATIC Where ε0 is the permittivity of free space and is the unit vector oriented from q to q’( from the source to the test charge). Eq.(1), may be rewritten as follows, Written by Yacer BOUMECHTA Reviewed by Pr R.ANNOU Where, Eq. (3) defines what is called the electric field,vector that represents the effect of a charge q on the free space itself. In This article the gauss’s law of electrostatics is derived. It was first formulated by Joseph Louis Lagrange in 1773 , and after by Carl Friedrich Gauss in 1813, it also represents one of the Maxwell’s four equations in its integral form . For several point charges, say, q1,q2…qi…qn at corresponding distances, r1,r2…ri…rn, from a point M, the electric field in this point will be the sum of all individual electric fields produced by each point charge in the same point. It is the superposition principle, cast as: It is worthwhile recalling however, the basic ideas Nous pouvons aussi observer le phénomène inverse, comme le cas de David Hilbert, qui était un grand mathématicien. Il a aidé à l’évolution de la Topologie, une des branches les plus importantes des mathématiques modernes. Et pourtant bons nombres de Il vous sera plus facile maintenant de théories physiques ne fonctionnent que dans un espace constater que ces deux disciplines si dit de Hilbert, qui est un espace Topologique. distinctes n’en forment plus qu’une et of electrostatics before we proceed. Indeed, the electrostatics is the field of physics that deals with interactions between electric charges at rest. For instance, let be in free space two point charges q and q’ at rest with respect to each other, separated by a distance r. According to the coulomb’s law of electrostatics q exerts a force on q’, which also exerts in return an equal in magnitude and opposite in sense force on q by virtue of Newton’s third law. In order not to lose in generality while deriving Gauss’s law, we shall not discuss the continuous charge distribution, which is a particular case of the discrete distribution, from mathematical point of view. The Gauss’s law: The elementary flux dΦ of a an elementary oriented surface is defined by: vector through avancent ensemble pour faire évoluer Il est évident que pour exceller en physique il faut la science et aider l’homme à percer les aussi exceller en mathématiques, plusieurs professeurs mystères de l’univers. et chercheurs en physique déplorent la négligence de la formation mathématique des jeunes étudiants, ce qui pourra leur poser certains problèmes au cours de leur carrière professionnelle. La plupart étant obligé 42 where is the normal unit vector of The force exerted on q’ by q is giving by: 43 mathS So the total flux through S is: Physica Magazine Ultimately one obtains: Now let be a closed surface( no matter if it’s real or not), inside this surface rest a charge distribution; let’s calculate the flux of generated by the charge’s But what does dΣ represent ? it’s an element of surface of course, which has a particular property, i.e., it’s distribution through the closed surface (S). that is a radial unit vector; hence, is oriented along always radially oriented. The only surface which has such property is the sphere. Hence, is an element of a sphere’s surface. If we chose the point where the charge qi is situated as the origin of coordinates, e.g., in spherical coordinates, an element of a sphere’s surface is given by: Consequently, where, θ Varies from 0 to π, and φ varies from 0 to 2π (we have a closed surface) Using Eq. (3) one finds: We can permute the sign of the surface integral with the sum sign because the integral of the sum is the sum of integrals That leads to: Finally: qi should get out of the surface integral (it’s a constant number) so: and in terms of the field theorem, namely: Let α be the angle between cast as: and , one has the Gauss , the flux may be Suppose we have (dΣ) an elementary surface oriented The flux of an electric field through any along a projection of ds on the plane containing dΣ closed surface equals the sum of all electric gives, dΣ=ds.cosα charges inside this surface 44 SOLUTION OF THE BRACHISTOCHONE PROBLEM 2. Brachistochrone problem : by Fayçal BENDEBICHE (Student in undergraduate cycle, Bachelor in fondamental Physics, USTHB) 1. Introduction : Classical mechanics experienced a remarkable development during the 17th and 18th centuries. Many physicists contributed to its development. Newton was one of the principal contributors in establishing the fundamental laws of classical mechanics, which in particular made it possible to explain the Kepler Laws. Then Bernoulli, Lagrange, Euler and Hamilton contributed to the development of classical mechanics by a radically different approach based on the principle of least action. Instead of determining the position and velocity of a particle with the use of force laws and initial conditions, it is rather the determination of the trajectory between two points which is used with this approach. The aim of this work is to present the principle of least action which represents one of the most relevant and powerful results of physics. For this we have chosen to present this principle through the famous application of the brachistochrone. This principle was established by Maupertuis in 1744. It is based on the determination of the particle trajectory between two points by minimizing the circulation of the momentum along this trajectory, This approach is motivated by the Fermat principle of least time or “natural economy” applied to geometric optics. Lagrange and Euler, then Hamilton formalized this concept in principle of least action defined by the minimization of the Lagrangian integral where x is here the generalized coordinate. In this work the solution of the brachistochrone problem using the principle of least action and the Beltrami identity is presented. In Section 2 we define the brachistochrone problem and section 3 is devoted to its mathematical solution. Finally we give in a last section the concluding remarks. First we should start defining the brachistochrone problem. The complicated word Brachistochone comes from two Greek words namely, brachistos (the shortest) and chrone(time). It refers to a question that have been posed by one of the Bernoulli brothers (Johann Bernoulli): If you imagine like a chute and there is a particle moving down that chute, being pulled by gravity without any initial velocity, what is the path of the chute that connects two points and minimizes the time? In other words, what’s the shortest path from two endpointsA to B in term of time? (see Fig. 1) So we are not looking for the shortest distance (which obviously is the straight line) but we want the object to travel fast within a specific curve. Instinctively, people assume that the shortest path in term of distance would give the shortest time; actually as we will see it is not true. .Beside to be very attractive the brachistochrone problem has led to new developments in mathematics and classical mechanics. Let us first let’s talk about the story behind this mathematical physical problem, as mentioned above, Johann Bernoulli posed this problem in 1696 and he posed it as a challenge to mathematicians that time, in particular he meant showing that he was the smartest mathematician, better than his brother Jacob, and even better than Leibnitz and Newton.The story says that Newton was shown the problem and was not pleased to be challenged, especially by someone he considered beneath him. He solved the problem in one night and sent it anonymously to the Philosophical Transactions journal. Johann Bernoulli took two weeks to solve it, and upon seeing, this anonymous solution said: “I recognize the lion by his claw”. 45 mathS Bernoulli created a harder version of the Brachistochone Problem and developed new methods to solve it. These methods were refined by Euler into what it was later called (1766) “The calculus of variations” that we use below to present the analytical solution of this problem. 3.3-The condition for obtaining an extremum for S[y] : The functional S[y] must have a stationary value for the correct path relative to any neighboring path, thus the difference between the correct path and a set of neighboring paths is labeled by an infinitesimal parameter α. Such a set of paths can be denoted by y(x,α) 3. Solution of the problem : Before moving to the mathematical solution, we should with y(x,0) representing the correct path. We consider that y(x) together with its first and second derivative are firstly define some notions we are going to use. well behaved (continuous and non singular in [x1;x2]. For a set of parametric curves, Eq. (1) becomes 3.1-Notion of functional: A functional is a generalization of the notion of function, instead of depending on one or several variables; a functional depends on one or several functions. In other words; it’s a function of functions. For the present As known in the familiar differential calculus, a function problem we define the functional as the following has a stationary value if its derivative is equal to zero, hence the condition for obtaining a stationary point integral Notice that Eq. (1) is in one-dimensional form, f(y,y’,x) Differentiating under the integral, we obtain: is defined on a path y=y(x) between two values x1,x2, and y’ is the first derivation of ywith respect to x. Variational calculus will allow us tofind the path y(x) such that the functional S[y] has an extremum with y(x1) and y(x2) fixed whatever the path y(x). We shall prove in the next paragraph that y(x) obeys to the following condition for a stationary value of S[y] 3.2-Beltrami identity If the function f doesn’t depend explicitly on the spatial variable x, i.e., ∂f/∂x=0, Beltrami has shown that the Euler-Lagrange equation can be greatly simplified and he obtained the following identity Physica Magazine Integrating by part,the second integral in Eq. (5) Now we use the condition that all the curves must pass by the points x1,y1 and x2,y2, hence the partial derivative The problem now is to find a minimum of the integral of y at x1 and y2 with respect to alpha must vanish, thus Equation (5) can be recast as 46 where Energy conservation theorem gives The condition (4) is therefore equivalent to The expression of the time becomes We aregoing to use a famous lemma called The function under the integral does not depend by”fundamental lemma of the calculus variations” explicitly on x thus we can use Beltrami identity which says if instead of solving differential equation (8) with h(x) continuous in [x1,x2] and for every continuously Thus: differentiable h(x) in [x1,x2] we have h(x1)=0 and h(x2)=0 then u(x)=0 for x [x1,x2]. Such function h(x) satisfying those conditions is called “test function” in mathematics (function with compact support) where u(x) in Eq. (8) is and h(x) is where c is a constant. Now this equation is a first order differential equation which is clearly simpler than the Euler-Lagrange equation and it will be used to solve the brachistochrone problem. 3.4- Application to the Brachistochone: Let v be the speed along the curve, the time required to fall an arc length dl is hence satisfying the conditions mentioned above. It therefore follows that S[y] can have a stationary value only if Eq. (8) is fulfilled requiring that y(x) satisfies the differential equation (2) 47 mathS Putting y=Bsin2 θ we readily find 4.Discussion and conclusion : In this work we presented the well-known application of the brachistochrone which was the subject of a scientific challenge between physicists of the time that are mainly J. Bernoulli, Newton, Lagrange and Euler. The result obtained is rather unexpected since the trajectory which makes possible a minimum time between any two points is not carried by a straight line but rather by a cycloid. This theoretical result has been successfully checked experimentally. It’s the equation of an inverted cycloid The scientific interest of this application is a reliable verification of the principle of least action in classical Finally we found that the path that any particle take mechanics. This principle is of central importance in to travel fast in a gravitational field from a higher fixed physics. Indeed, it is a generalization of the Fermat point to a lower one, is a cycloid given parametrically principle in optics, to the classical mechanics by using by the minimum action concept. Let us note that the analogy with the Fermat principle is very striking since the light also propagates in inhomogeneous medium following a curved trajectory that can be determined by the principle of least time. PHYSICA STORIES This principle then became a fundamental principle of physics by its generalization to many areas of physics. In particular, it was used by Feynman to revisit the formulation of quantum mechanics using the path integral formalism. This new approach made it possible to recover the well-known Schrödinger equation. Figure -3References : [1]Lecture notes on “Analytical Mechanics” by A. Bendib, USTHB (2016). [2] H. Goldstein, C.P. Poole, Jr. and J. L.Safko, Classical Mechanics, Addison-Wesley(2001). [3] D. T. Whiteside,Newton the Mathematician, Springer (1982). Figure -4We give in Fig. 3 the set up used to prove experimentally the brachistochrone problem and in Fig. 4 the cycloid path . 48 Acknowledgments: The author would like to acknowledge Pr. A. Bendib (Faculty of Physics, USTHB) for reading the manuscript. 49 PHYSICA STORIES En passant par les couloirs de la faculté de Physique de l’USTHB, on ne peut s’empêcher de lire les noms de ses nombreux et divers laboratoires. On y croise nos enseignants, qui se donnent à fond dans les deux axes principaux de leur métier : L’enseignement et la recherche scientifique.En tant qu’enseignants, ils transmettent les connaissances issues des recherches conduites dans leurs domaines de spécialisation aux étudiants, encadrent les travaux de préparation des thèses des doctorants et assure le suivi des mémoires des étudiants en Master. Ils participent à la diffusion des connaissances scientifiques en publiant leurs travaux et en participant à des conférences et des colloques. À partir de leurs lectures et de leurs recherches, ils s’interrogent, émettent des hypothèses, conduisent des expériences, analysent, interprètent et exploitent les résultats. Ils font le travail dont plusieurs d’entre nous en rêvent, et ils ont travaillé très durs pour en arriver là. Nous avons rarement le temps ou l’occasion d’aborder ces sujets avec eux. C’est pour cette raison, qu’une équipe au sein du Physica club a activement travaillé à la réalisation de cette rubrique. Ces enseignants ont aimablement accepté de nous recevoir pour répondre à toutes nos questions. Nous avons passé un agréable moment avec chacun d’entre eux et nous les en remercions infiniment. Voici donc les interviews, qui nous l’espérons, apporteront des réponses à vos questionnements, vous inspireront, et vous motiveront pour le reste de votre parcours. 50 Physica Magazine FROM THE EXPERIMENTAL STRUGGLE TO THE THEORETICAL ONE, I BREATHED PHYSICS... From the experimental struggle to the theoretical one, I breathed physics... Mrs. Lynda AMIROUCHE Interviewed by Tamaazouzt CHENNIT SONACOM in Rouiba, the University of Blida for the experimental works’ hard ware, I spent 06 or 07 years Her fascination for stars, planets and instead of 03 years for my magister thesis, I lost some the mysteries of our galaxy since her years but it was a great experience. Then I decided to switch to theoretical physics. I managed to publish and childhood pushed her to investigate I had to wait until 2007 in order to get my doctorate more, to explore the world of the matter. es-science. Now I’m trying to supervise PhD students, she lets her inspiration leads her work, their back ground is poor in physics, English and the most important thing for her when French, that’s why I have chosen to teach English by she’s with her students is honesty and teaching this latter I hope I’m teaching so many things. sharing, she shares her passion and her 2/After getting your magister thesis which was ambition... a purely experimental one, you decided to 1/Madam AMIROUCHE teacher researcher at the University Science and technology Houari Boumediene, can you please describe to us, your trip in the USTHB from the student you were, to the amazing teacher you are? I get out from high school in 1983, 34 years ago, and then I went to the university. I had my first year of common studies between mathematics, chemistry and physics, I had chosen physics, then I decided to go to teach mathematics at the high school, it was a very nice experience with teenagers. After that, I took an exam here at the U.S.T.H.B I succeeded in it then I started teaching here. There were so many things to do, from teaching mathematics in the high school, studying physics for my magister thesis, teaching physics in the university and finally teaching physics to some teenagers when I go back home, but unfortunately I was not allowed to teach in two places in the same while so I quitted teaching in the high school. Since I have chosen to study experimental physics, I had to perform some experimental work and go to many places like present your doctorate es-science in 2007 in theoretical investigations in material science. Why this switch? I wanted to study the theoretical aspect of my experimental work and it is so difficult to perform experimental works in Algeria, because we have to go to different laboratories and so many places for the experimental work hard ware, in some cases they can collaborate with us, but in other cases they don’t. 3/Madam, you have 19 publications “until now” all in material science. What do you think in publishing articles, what are its advantages for a teacher researcher and even for students? The first thing you do by publishing is that you share your work with the scientific community and even with the large public, a researcher is always proud and honored to publish, beside they get to be corrected by some specialized scientists, they share their opinion with you and you may learn so many things from them. 51 PHYSICA STORIES Physica Magazine aimer le métier d’enseignant, . L’enseignement est une vocation. À mon avis la meilleure façon d’apprendre est de discuter avec les collègues plus âgés. À l’USTHB on a la chance d’avoir plusieurs générations d’enseignants qui se côtoient , les jeunes enseignants ont toute la latitude de bénéficier de l’expérience de leurs aînés. 4/Being a physicist, was it your dream since your childhood? When I was a child, my father used to explore space with his telescope and teaches us at that time in weekends, the way the stars move, the name of the planets we were observing like Jupiter or Saturn. I was fascinated by this world, so I said maybe the only way to explore space and discover more is by studying physics. After graduation from high school, I had some friends who had chosen to study architecture, they asked me to go with them but my father said no, and he asked me to follow what I love the most. I really love art, painting specially but I went chasing for my dreams by following physics. 5/Madam have you been inspired by one of your teachers or professors? I was inspired by a German colleague, Mathis PLAPP he is a physicist as well, when we work together we breath and we speak only physics, there is also my quantum mechanics’ teacher in 1984 Mr. BONNEVIEILLE from France, thanks to him I liked quantum mechanics. secrets of being a great teacher-researcher, according to the organization of your time, between your home duties and your work ones? I’m always late (laugh) I never manage to be on time, I missed several flights in my life, but you should know something, I believe in relativity in the sense of Baraka, this is my own idea and I’m so pleased to share it with my students. If you pray on time, if you spend the required time with you creator, there will be some Baraka in time. We take some science and energy when we pray, human beings are programmed to know any science and any language, we just have to look clearly in our brains, and there is going to be some light in all what we do. 8/Have you noticed any changes in students level in the U.S.T.H.B? I started teaching in 1988 and the level of the students is decreasing because of the L.M.D system, I was against that, this L.M.D system has been tried in Germany for example but there, the high school is correct, the lectures they give are complete this is why students can 6/What are the required qualities to be a good work on their own, here in Algeria unfortunately during these recent years students are victims of this system of teacher researcher? In order to be a good teacher, you should be patient “Ataba”. and honest with your students, you should prepare you lectures and be sure of yourself when you meet your 9/What are your advices to the students in students. To be a good researcher, you have to read physics “future physicists”? a lot and the most important thing is to select your I advice them to don’t be dishonest, they should spend readings in order to be able to determine if there are less time with internet, and try to read books, hard copies of books not electronic versions, they should be any divergences between scientists. very patient and give the required time for what they 7/ From teaching vibrations, quantum love and work in a honest way. I advice them to use mechanics,science computer to English and the energies that are present during the night, there is since you are a woman, please tell us your some secret energies and science that can be discovered during this period of time, this is also Baraka. 52 QUAND L’ENSEIGNEMENT EST UNE PASSION M. Hakim DJELOUAH Interviewé par Djamila Sarah HARROUZ Quand et comment vous êtes vous intéressé à la physique ? Dès le lycée, j’avais une certaine curiosité pour les phénomènes physiques attisée par la lecture des revues de vulgarisation (Science & Vie, ....), Cette prédisposition a été encouragées par les professeurs de grande qualité que j’ai eu la chance d’avoir au lycée technique de Dellys où on nous a inculqué l’amour du travail et des études. Au début je me voyais bien comme professeur de physique au lycée, ; pour cette raison j’avais choisi de faire une licence de physique à la faculté d’Alger. Certaines circonstances ont fait qu’après la licence j’ai fait une thèse de Doctorat qui m’a permis d’enseigner à l’université. Avec le temps et après avoir côtoyé plusieurs générations d’étudiants je me dis que, finalement je n’aurais pas pu faire un autre métier. Voir une lueur d’intérêt dans les yeux des étudiants et me rendre compte que j’ai réussi à leur expliquer des notions de physique fondamentale est encore ce qu’il y a de plus motivant dans ma carrière. Mis à part l’enseignement, sur quel projet de recherche travaillez vous ? Après la licence j’avais envie de tout faire, : la physique nucléaire, la mécanique des fluides... Un concours de circonstances a fait que je m’inscrive au DEA de Physique Acoustique qui venait d’ouvrir à la Faculté d’Alger. Puis je me suis spécialisé dans les Ultrasons. Mes premiers travaux de recherche ont porté sur l’atténuation et la vitesse de propagation des ultrasons dans les cristaux moléculaires , Par la suite je me suis intéressé à l’étude des phénomènes de diffraction d’impulsions ultrasonores de courte durée et à l’application de l’acoustique ultrasonore dans l’industrie (contrôle non destructif) et en imagerie médicale. Avez-vous constaté un changement par rapport aux étudiants au fil du temps ? Comparativement aux générations précédentes, l’étudiant d’aujourd’hui accumule plusieurs lacunes résultant des méthodes de travail acquises au lycée mais également à cause de la diminution du volume horaire des matières fondamentales imposée par le système LMD. La philosophie du LMD est d’inciter l’étudiant à travailler seul pour acquérir une certaine autonomie intellectuelle. Malheureusement les conditions pour l’inciter à effectuer ce travail personnel et à le contrôler n’ont pas été mises en place. Il faudrait que l’étudiant soit dès la licence, incité à fournir un travail Justement tous vos étudiants attestent personnel pour acquérir les aptitudes que vous êtes un pédagogue hors pair, qui lui permettraient de réussir dans quels conseils donneriez-vous aux futurs sa carrière professionnelle. enseignants pour transmettre au mieux les connaissances ? Il faut aimer ou du moins faire l’effort d’apprendre à 53 PHYSICA STORIES Physica Magazine Que veut-on dire par “information quantique” ? Est-ce une théorie purement abstraite ? L’information quantique c’est principalement le traitement de l’information en utilisant le formalisme quantique, les états quantiques, car il y’a des effets qui apparaissent au niveau de la mécanique quantique qui n’existent pas en classique, par exemple le principe de superposition, l’intrication …ect , qui va permettre d’aboutir en exploitant ces effets à des algorithmes de calculs plus rapides. Non, la recherche est principalement orientée vers l’application sur l’ordinateur quantique ‘quantum computer’ . L’ENTHOUSIASME EST LA SOLUTION DE L’ÉQUATION Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui seront les physiciens de demain ? D’abord et avant tout, il faut apprendre à aimer la physique. Il faut bien sûr de la motivation, mais ce n’est pas suffisant, il faut également avoir les aptitudes nécessaires. La maîtrise de l’outil mathématique est fondamentale. L’outil informatique est aussi incontournable il faut connaitre au moins deux langages, un pour le calcul numérique et un autre pour le calcul symbolique. Enfin la connaissance de la langue anglaise est absolument indispensable. Avec la curiosité, la motivation et le développement de ses aptitudes personnelles on peut aller aussi loin que l’on veut Comment la physique influence-t-elle votre quotidien ? La physique nous apprend à aborder les problèmes en les décomposant en problèmes élémentaires. J’applique cette méthodologie à tous les aspects de ma vie quotidienne. Après plusieurs années d’enseignement on acquiert bien sûr une certaine déformation professionnelle et on a tendance à vouloir tout expliquer à ses interlocuteurs. Avec le temps un physicien développe une grande rigueur scientifique accompagnée toutefois de beaucoup d’humilité et tolérance. Je lis quotidiennement le livre d’électromagnétisme de Feynman depuis plus de 40 ans et je découvre à chaque fois de nouvelles choses et je me rends compte que j’avais peut-être mal compris certaines notions, alors je ne peux qu’être tolérant avec un étudiant quand il se trompe (rire). 54 Mme Amal Hiba HAMICI Interviewée par Seddik Mohamed OUACEL et Asma MANSOURI Quel a été votre parcours académique ? J’ai fait un DES en physique des rayonnements, puis un magistère en physique théorique, pour terminer sur un doctorat en physique théorique toujours. . Comment vous est venue votre passion pour la physique ? Alors là, ça a été il me semble durant les deux dernières années de lycée. C’est mon professeur de Français paradoxalement qui m’a donné le goût de la physique. C’était quelqu’un qui nous incitait beaucoup à faire ce qu’on voulait. Il nous a parlé de l’aspect très attractif et prometteur qu’a la physique nucléaire surtout avec l’avènement des énergies renouvelables. J’ai donc fait une branche mathématique pour ça justement. Au fur et à mesure de mon évolution à l’université, j’ai commencé un peu à militer style Green Peace : Non au nucléaire. Donc j’ai opté pour la physique théorique, parce que j’aime tout ce qui est mathématique. Avez vu déjà été inspirée par l’un de vos enseignants ? Oui par la suite, pendant mon parcours à l’USTHB, il y a eu pas mal d’enseignants notamment monsieur Taleb. Je n’ai pas eu la chance de travailler avec Mr Chami, ou Mr Djelouah. Il y a aussi madame Ighzou pour le goût de la physique. Je me souviens aussi avoir eu un enseignant vietnamien qui est venu durant un semestre nous enseigner la mécanique analytique et la mécanique quantique, et là c’était l’illumination pour la physique théorique : « C’es bon, c’est ce que je veux faire ! » Sur quel projet de recherche travaillez-vous en ce moment ? Ça fait déjà 4 ans que je fais partie d’une équipe de recherche qui travaille sur tout ce qui est liée à l’information quantique. Moi en particulier j’essaye de travailler sur ce qu’on appelle le clonage quantique. Il y a un théorème en mécanique quantique qui interdit de « photocopier » un état quantique, vous prenez un état quantique (un ket l ψ > ) le théorème dit que vous ne pourrez pas à l’aide d’une transformation unitaire avoir deux même état à la ‘ sortie ‘. ça fonctionne comme le principe de la photocopieuse, vous avez un ket, une feuille, vous faite une photocopie mais par contre à la sortie vous n’aurez pas exactement le même Ket. C’est comme si vous faites une photocopie de votre carte d’identité mais à la place vous trouverez la photo de quelqu’un d’autre. Donc le but est de chercher une opération unitaire qui approcherait le plus possible de l’état initial mais pas identique puisque c’est interdit par le théorème (théorème d’impossibilité du clonage quantique). Quels conseils donneriez-vous aux étudiants, les futurs physiciens de demain ? Premier conseil : travailler, travailler, travailler. Là c’est l’enseignante qui ressort. Et deuxièmement : c’est de garder en quelque sorte son âme de jeune, je ne sais pas si j’arrive à me faire comprendre. Gardez votre enthousiasme, et surtout faites ce que vous aimez. Ça c’est primordiale dans la vie en général, et surtout pour les étudiants qui font physique parce que ça devient quelque chose de difficile au fur et à mesure qu’on étudie et on se rend compte que finalement on ne sait toujours rien même quand on avance de plus en plus. Donc il faut surtout et j’insiste garder l’enthousiasme que l’on a et l’envie de travailler jusqu’au bout. Il y a beaucoup d’inertie, on est dans un environnement qui ne facilite pas la recherche. Et puis c’est vrai qu’en étant enseignant-chercheur on privilégie l’enseignement parfois. On a des étudiants devant nous qui sont demandeurs, donc on est là, on doit leur donner quelque chose le plus correctement possible on espère. Donc vous verrez un jour si vous avez l’occasion de faire de l’enseignement et de la recherche, que l’enseignement se fait au détriment de la recherche. Je parle pour moi, je ne sais pas si pour d’autres collègues qui ont des collaborations, ça se passe différemment. Mais malheureusement, on ne fait pas assez de recherche à mon gout par rapport ce qu’on aimerait faire. Mais si c’était à refaire, je sais que je referai la même chose. 55 PHYSICA STO- Labor omnia vicit improbus* M Ahmed Chafik CHAMI Interviewé par Maria BOUMBAR Asma MANSOURI et Assia Bouzid Quel a été, en résumé, votre parcours scolaire ? J’ai fait mes études au lycée Emir Abdelkader, à Beb El Oued de l’année 1962 à 1969. Je suivais un parcours littéraire jusqu’en seconde pour me tourner par la suite vers une filière scientifique. J’ai intégré l’université d’Alger en 1962, où j’ai obtenu un DEA en physique nucléaire. J’ai par la suite été à Grenoble où j’ai obtenu un doctorat de 3éme cycle. J’ai eu un autre doctorat, après être rentré en Algérie. Comment vous-êtes vous intéressé à la physique ? Après avoir étudié le latin jusqu’en seconde, j’ai été attiré par des expériences d’électricité qui m’ont fait pencher vers les sciences ; et qui m’ont poussé à abandonner ma vocation littéraire pour me tourner vers une formation scientifique. J’ai ensuite hésité entre les maths et la physique pour finalement me tourner vers une carrière de physicien. Quelles sont pour vous les qualités requises pour être un bon physicien/chercheur ? Tout d’abord, il faut aimer ce que l’on fait car ce domaine présente plus d’un inconvénient. C’est un choix parmi d’autres qu’il faut assumer (ça demande beaucoup de sacrifices par exemple). Aussi, il ne faut 56 Physica Magazine jamais se décourager car le parcours d’un physicien est long et difficile. Y a-t’il des personnes qui vous ont particulièrement inspiré ? Mon enseignant au lycée, grâce à qui je me suis tourné vers la physique. Ainsi que des personnes avec qui j’ai collaboré, j’en citerai Monsieur Bonnevieille et Monsieur Mentalecheta, premier docteur d’état Algérien. Sur quoi travaillez-vous en ce moment ? Je travaillais au début dans le domaine nucléaire, je me suis ensuite tourné vers la physique du solide puis en ce moment je me retrouve dans la physique médicale (physique des rayonnements) Quels conseils donneriez-vous aux étudiants d’aujourd’hui, physiciens de demain ? Ne jamais se décourager car la physique est peut être le domaine le moins simple à étudier, lire, toujours rester motivé et avoir un niveau de travail élevé à un rythme rigoureux. * Le travail opiniâtre vient à bout de tout. GANBARU!* Mlle Lila BOUZAR Interviewée par Maria BOUMBAR Quel a été votre parcours scolaire ? J’ai eu une formation scientifique au lycée, j’ai obtenu un bac en 2007. J’ai ensuite hésité entre la physique et les mathématiques. J’adorais la beauté des maths, mais je voulais aussi faire de la physique, car depuis toute petite je lisais des revues de vulgarisation et je trouvais ça tellement passionnant que j’ai fini par opter pour une carrière de physicienne. J’ai obtenu ma licence à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou en 2010, puis mon master en physique théorique à l’université des sciences et de la technologie Houari Boumediene. J’ai finalement obtenu mon doctorat en 2016 à l’USTHB, ma Quelles sont les qualités requises pour être un bon physicien/ chercheur ? Je pense qu’il faut être passionné pour donner un sens à ce que l’on fait. La première qualité que doit avoir un chercheur à mon avis est la conviction que ce qu’il étudie est important, a un sens. Une fois qu’on est persuadé que ce que l’on cherche en vaut la peine, que notre contribution aussi petite soit-elle fait avancer la science, on ne ménage plus ses efforts, on peut travailler sans relâche jours et nuits. Je pense que ce n’est qu’ainsi qu’on peut espérer avoir des résultats de bonne qualité. Y a t-il des personnes qui vous ont particulièrement marquée ? Inspirée ? Alors tout d’abord, il y a eu mon père, qui m’a inspirée depuis toute petite, étant lui-même un physicien. J’ai ensuite eu l’occasion de travailler avec un autre doctorant qui m’a initié à la recherche, j’ai beaucoup appris de ses méthodes de travail et ça m’a permis de retrouver ma vraie passion pour la physique. Enfin, il y a eu mon directeur de thèse, le docteur Martin Müller, qui m’a appris à aller au bout de mes idées sans avoir peur d’échouer. En ce qui concerne votre choix de spécialité ? Mon rêve a toujours été de devenir une chercheuse hybride, c’est à dire que si j’ai une problématique donnée, je devrais être capable de développer une modélisation théorique, d’élaborer un programme de calcul numérique ou de simulation et de monter une manipulation pour confirmer ou ajuster le modèle. Pour mon master, je me suis tournée vers la physique théorique en voulant me former d’abord pour devenir une bonne théoricienne. Ma thèse a ensuite comporté des développements de modèles théoriques avec des calculs analytiques et numériques. Maintenant que j’ai terminé ma thèse, j’essaie de m’initier à la physique expérimentale pour enfin effectuer des recherches hybrides entre théorie et expérience au sein de l’équipe Diélectriques (du Laboratoire de Physique des Matériaux), équipe qui développe justement ce genre de recherches. Quels sont vos projets en cours ? Je travaille actuellement sur l’étude des propriétés statistiques et diélectriques de certains bio-matériaux sous la direction du Professeur Nadia Saidi ainsi que de mon directeur de thèse le Docteur Martin Müller. J’étudie en parallèle deux types de structures, les membranes lipidiques, ce sont les bi-couches de phospholipides qui s’agencent en films quasi-fluides, et les polymères en hélice, ce sont les longues chaînes de monomères où chaque monomère est lui même une molécule complexe. Pour les membranes lipidiques, j’étudie actuellement comment celles-ci sont les médiatrices d’interactions entre les molécules qui y sont incluses. Pour les polymères, j’étudie les corrélations des mouvements entre les différents monomères. Avez-vous eu à faire face à des difficultés, déceptions qui vous ont à un moment ou à un autre découragée ? J’étais toujours très stressée durant la période des examens ou des interrogations. C’était très difficile à supporter, mais je me disais que ça allait passer. Quels conseils donneriez-vous aux étudiants d’aujourd’hui ? Je leur conseillerai de suivre ce qu’ils aiment et de donner le meilleur d’eux même. Il faut garder en tête que vous êtes actuellement en train de recevoir l’héritage de l’humanité dans le domaine de la physique, vous devez faire de votre mieux pour en prendre soin et l’enrichir à votre tour ! *verbe fréquemment utilisé au japon pour exprimer la motivation et le courage 57 histoire Physica Magazine CONGRÈS DE SOLVAY 1927 : UN CHOC ENTRE DEUX COLOSSES Med. Slimane TATAOUI Qu’est-ce que le congrès de Solvay ? Pourquoi celui de 1927 est-il aussi important que ça ? Que s’est-il passé entre Einstein et Bohr dans ce congrès-là ? Tout un tas de questions auxquelles nous répondrons dans ce qui suit de notre article. Les Congrès Solvay (connu aussi comme conseils Solvay et conférences Solvay) sont des comités scientifiques en physique et en chimie organisés par Mr Ernest Solvay, un chimiste et industriel belge et cela depuis 1911 à Bruxelles en Belgique. Du début du XXe siècle, ces conseils, réunissant les plus grands cerveaux de la planète de l’époque, permirent des avancées importantes en mécanique quantique. C’est en octobre de l’année 1927, que le 5e Congrès Solvay se tint à Bruxelles sur le thème “ Électrons et Photons“. La conférence accueillit cette année-là 29 physiciens parmi lesquels se trouvaient Albert Einstein, Marie Curie, Hendrik Antoon Lorentz… Le sujet principal ? La mécanique quantique. La rencontre fut immortalisée par une photo qui allait devenir l’une des plus célèbres de l’histoire de la physique. Parmi ces 29 scientifiques, 17 étaient ou devinrent prix Nobel. Cette conférence fut caractérisée aussi par la présence de deux courants de pensée opposés. 58 Le premier est ceux de l’école de Copenhague «Bohr, Heisenberg, Ehrenfest…» physiciens probabilistes et statisticiens, et de l’autre côté les physiciens partisans de l’idée que la physique quantique a un caractère déterministe «Einstein, Schrodinger, De Broglie...». Ce congrès est connu comme le bouleversement du monde de la physique avec ce qu’il a apporté comme nouveaux concepts. Dualité Onde Corpuscule- principe d’incertitude 1926. Bohr et Heisenberg se posent la question : comment la lumière peut-elle à la fois onde et matière? Est-il possible que la nature soit aussi absurde qu’elle semble l’être ? Cette dernière question donne le principe d’incertitude d’Heisenberg qui stipule qu’on ne peut connaître simultanément la position et la vitesse d’une particule avec une précision supérieure à un seuil limite. Pour Bohr, ce principe d’incertitude est la manifestation d’un principe plus fondamental, celui de complémentarité. Un objet quantique ne peut manifester simultanément des caractéristiques d’onde et de particule. Or la position est liée à la notion de particule tandis que la longueur d’onde (à laquelle on peut associer une vitesse, ou une quantité de mouvement) est un aspect ondulatoire. Pour un relativiste classique comme Albert Einstein la mécanique quantique heurtait tous les principes de la physique, il n’aima guère le caractère probabiliste et donc rejeta en bloc cette théorie. Durant plusieurs années l’Allemand et le Danois confronteront leurs points de vue sur cette nouvelle vision du monde microscopique dans des discussions restées célèbres. « Dieu ne joue pas aux dés », observa Einstein, pour marquer son opposition à l’interprétation probabiliste de la physique quantique. « Qui êtes-vous, Albert Einstein, pour dire à Dieu ce qu’il doit faire ? ». Répondit Niels Bohr. Einstein, n’étant pas convaincu de la validité du principe de complémentarité, essaye de le mettre en défaut en reprenant l’idée de l’expérience de Young. Il imagine qu’une des fentes est mobile et rattachée à un ressort. Quand une particule passe par la fente, elle la touche et change de direction avant d’atteindre l’écran, lui transmettant ainsi un peu de sa quantité de mouvement (avec ou sans le dispositif mobile) Pour Einstein, ce dispositif est le détecteur de passage le plus subtil possible, qui mesure seulement la quantité de mouvement transférée mais n’altère pas par ailleurs la particule et donc n’influe pas sur son évolution future. Einstein suggère donc que dans ce dispositif, la figure d’interférence serait toujours présente. Une telle mesure était cependant irréalisable avec les moyens techniques de l’époque. Quelques années plus tard John Stewart Bell proposa les inégalités qui portent son nom « Inégalités de Bell » et c’est les relations que devraient respecter les mesures sur des états intriqués dans l’hypothèse et la supposition d’une théorie déterministe locale à variables cachées. Ceci en revanche ouvre un autre débat : le Paradoxe EPR et le problème de la mesure quantique. 59 histoire Physica Magazine L’INTRICATION QUANTIQUE : AUTRE SUJET DE CONTROVERSE ENTRE EINSTEIN ET BOHR Assia BOUZID Le paradoxe EPR, abréviation de Einstein-Podolsky-Rosen, est une expérience de pensée, élaborée par ces derniers, dont le but premier était de réfuter l’interprétation de Copenhague qui s’oppose à l’existence d’un quelconque état d’un système quantique avant toute mesure. Qu’est-ce qu’un état quantique ? En physique quantique l’état d’une particule est décrit par une fonction d’onde. Cette fonction est la superposition de tous les états dans lesquels peut se trouver la particule. A chacun de ces états possibles, la fonction d’onde nous donne quelle est la probabilité d’y trouver la particule à l’issue d’une mesure. Par exemple, dans des expériences d’optique, des photons sont émis avec deux polarisations possibles verticale et horizontale. Si la fonction d’onde du photon avant la mesure nous dit que la polarisation est à 50 % verticale et à 50 % horizontale, lors de la mesure, la fonction d’onde est réduite car juste après la mesure la polarisation prend l’une des deux valeurs, elle est soit verticale à 100 %, soit horizontale à 100 %, selon l’orientation du polariseur. Qu’est-ce que l’intrication quantique ? L’intrication, est lorsque les états des particules sont liés, et qu’on ne peut décrire le système que par une fonction d’onde du système dans son ensemble sans pouvoir séparer la fonction d’onde de la particule 1 et de la particule 2. Par exemple, dans les expériences comme celle d’Alain Aspect, une source émet des pairs de photons intriquées décrits par la fonction d’onde qui dit : « les deux photons ont des polarisations à 50 % verticales toutes les deux, et à 50 % horizontales toutes les deux ». En mesurant la polarisation de l’une on l’oblige à choisir une seule valeur possible et ça affecte la polarisation de la deuxième particule instantanément qui prendra la valeur égale à celle de la première particule. Peu importe la distance qui sépare deux particules intriquées, la transmission de l’information se fera instantanément, ce qui signifie qu’elle se fait à une vitesse dépassant la vitesse de la lumière, une idée qu’Albert Einstein ne pouvait que réprouver car rien ne peut dépasser la vitesse de la lumière. D’après lui, il devrait y avoir des variables cachées qui prédisent à l’ avance l’état du système lors d’une mesure, comme en physique classique. A quoi Niels Bohr rétorqua que les deux particules formaient en elles-mêmes un système a part entier, qu’elles ne pourraient être décrites séparément, donc le phénomène d’intrications est un phénomène non local qui ne dépend pas de la position des particules dans l’espace-temps , mais ceci va a l’encontre du fondement même de la théorie de la relativité restreinte. 60 Qui avait raison ? En 1964 John Bell propose le principe d’une expérience qui prouvera que les inégalités de Bell sont respectées en mécanique quantique, sachant qu’elles sont toujours respectées en mécanique classique, et confirmera par la suite le principe de localité et l’existence des variables cachées. Cette expérience a été réalisée pour la première fois en 1982 par l’équipe d’Alain Aspect, de l’institut d’optique, à Orsay, qui a mis au point un dispositif qui utilise la polarisation des photons. Elle a montré que les inégalités de Bell étaient violées, ce qui implique que l’hypothèse des variables cachées d’Einstein est fausse et que Bohr avait raison à propos de la non-localité de la mécanique quantique, ce qui a valu à Alain aspect la médaille Albert Einstein. D’autres expériences plus élaborées ont été réalisées par la suite, et elles n’ont fait que confirmer le résultat déjà trouvé. Alain Aspect 2012 © Société Albert-Einstein 61 histoire Physica Magazine PIOTR LÉONIDOVITCH KAPITSA À travers les ruelles du passé il a existé… Tamaâzouzt CHENNIT Piotr Léonidovitch Kapitsa est un savant universel, éminent physicien et ingénieur de génie. Il est considéré parmi les élites de son domaine grâce à sa façon d’organiser la science, son ingéniosité et les méthodes industrielles et équipements modernes qu’il utilisait pour ses recherches scientifiques. Qui est ce physicien ? Piotr Léonidovitch Kapitsa naquit le 09 juillet 1894 à Kronstadt. Après avoir terminé l’école primaire supérieure où il y manifesta un intérêt particulier pour la physique, Kapitsa entra à l’institut polytechnique de Saint-Pétersbourg. En 1916 avant même d’avoir terminé ses études, la revue de la société physico-chimique russe publia le 1er article scientifique de Kapitsa, intitulé « La fabrication de fils de wallastonite », il inventa un procédé fondamentalement nouveau de fabrication de fils de quartz extrêmement fins utilisés dans les instruments de mesure physiques. Kapitsa devint l’un des premiers chercheurs de l’institut physico-technique Ioffé de l’académie des sciences de l’U.R.S.S fondé suite à la révolution d’octobre. Il fut nommé professeur de physique et de mécanique à l’institut polytechnique en 1919. , Lorsque l’ingéniosité règne… En 1921, le gouvernement soviétique prit la décision d’envoyer à l’étranger plusieurs savants parmi eux P. Kapitsa, il arriva en Angleterre et fut accueilli par Rutherford à Cambridge en qualité d’étudiant chercheur. Dans cet établissement de nombreux jeunes chercheurs étudiaient les particules alpha découvertes au début du siècle par Rutherford, Kapitsa s’occupa de mesurer l’impulsion de ces particules, pour ce faire il fallait les faire dévier de leurs trajectoires et cela nécessitait un champ magnétique extrêmement intense bien supérieur à celui dont se servait Rutherford dans ses recherches. À l’époque on pouvait à l’aide d’un électroaimant créer un champ magnétique atteignant 25000 (tesla) valeur limite de l’intensité du champ magnétique quelle que soit l’intensité du courant d’alimentation, cela est dû la saturation du noyau de fer contenu dans l’électroaimant. P. Kapitsa pensa alors (afin d’éliminer le problème de saturation) à utiliser un solénoïde (bobine sans noyau de fer), grâce laquelle l’intensité du champ magnétique augmente avec le courant électrique ‘pas de saturation cette fois-ci’. Mais un énorme obstacle apparait encore une autre fois: l’accroissement thermique faisait fondre le solénoïde. Kapitsa résolut le problème d’une manière simple et originale, il décida d’utiliser le même solénoïde et faisait passer un intense courant électrique durant un laps de temps assez bref qui n’excédait pas un centième de seconde, il choisit donc la méthode des champs impulsifs intenses. 62 Pour le laboratoire Cavendish, les installations de Kapitsa furent comme un tournant décisif, elles inaugurèrent une nouvelle ère dans son histoire. Le problème du champ magnétique résolu, Kapitsa mesura l’impulsion des particules alpha et étudia le comportement des métaux et des semi-conducteurs, il établit que la résistance électrique de la plupart des métaux augmentait linéairement à mesure que croissait l’intensité du champ magnétique. (Loi linéaire de Kapitsa). Du magnétisme à la supraconductivité… En 1923 il obtint le prix Maxwell et l’année suivante il fut nommé adjoint du directeur du laboratoire Cavendish pour les recherches magnétiques. Kapitsa aborde le problème de l’élaboration des procédés de liquéfaction de l’hydrogène et de l’hélium et construisit un appareil de liquéfaction, fonctionnant à basses températures (10’K), lui permettant par la suite la découverte du phénomène de superfluidité. Les travaux de Kapitsa lui ont valu une renommée universelle et fut élu membre titulaire de la société royale de Londres. En été 1934 Kapitsa rentra en U.R.S.S, Il s’intéressa ensuite à l’électronique de grande puissance et à la formation des plasmas et travailla dessus durant une période de plus de dix ans. En janvier 1965, l’union des ingénieurs du Danemark décerna à Kapitsa la médaille Niels Bohr. il obtint cinq fois l’ordre Lénine, deux prix d’état et deux fois le titre de Héros du travail socialiste après d’avoir risqué sa propre liberté pour libérer son ami Landau emprisonné pour espionnage. En 1978 il fut nommé lauréat de la moitié du prix Nobel pour ses découvertes dans le domaine de la physique à basses températures et ses innovations qui ont secoué le monde de la recherche scientifique. Il s’éclipse le 8 avril 1984 a l’âge de 89 ans. Piotr Léonidovitch Kapitsa a inauguré une nouvelle ère industrielle grâce à ses énormes installations et outils de mesure sans lesquelles plusieurs de nos découvertes aujourd’hui n’auraient pas su exister, maintenant on se demande comment l’histoire a-t-elle pu plier la mémoire de Piotr Léonidovitch Kapitsa dans les archives de l’omission. 63 jeux Physica Magazine QUI EST CE PHYSICIEN ? QUI EST CE PHYSICIEN ? Physicien, mathématicien et ingénieur grec né vers 287 av J.C. Spécialisé en hydrostatique et en mécanique statique. Il est reconnu pour avoir mis au point plusieurs méthodes de calcul et outils innovants comme le Vis qui porte son nom, le levier.. Il dit dans ce contexte: «Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde » pour illustrer le principe de fonctionnement de ce dernier. La légende raconte qu’il a découvert le principe portant son nom en répondant à la demande du roi Hieron II qui voulait s’assurer si sa couronne était en Or massif. Réfléchissant à ce problème dans sa baignoire, il a eu l’idée lumineuse de son principe. Très excité, il serait sorti nu dans la rue en criant « Eurêka ! » (J’ai trouvé !) Physicien soviétique, né en 1908. Dans les années 1920, lors de son séjour avec Niels Bohr a Copenhague, il a pu tirer le rideau sur plusieurs idées, mais il avait vocation beaucoup plus pour la théorie des matériaux à très basses températures, il donna des explications sur le superfluidité et pouvait enfin déduire les propriétés de l’hélium ce qui lui a valu le prix Nobel en 1962, il établit alors la première théorie de la supraconductivité. Ce qui est le plus surprenant c’est qu’aujourd’hui encore les mêmes formules que celles qu’il imagina, il y a fort longtemps dans un domaine tout autre ont servi de repères principaux sur la voie qui a conduit les chercheurs du C.E.R.N à la découverte du boson de Higgs. Il est connu par les étudiants du monde entier pour son cours de physique en dix volumes. Après un grave accident de voiture en 1962 qui a détruit sa personnalité et sa capacité à continuer de faire ce qu’il aime faire le plus, il s’éclipse en 1968. Mots Mêlés 1. Peut être restreinte ou générale 3. Assemblage d’étoiles, de gaz, de poussières 6. Savant ayant donné son nom à l’unité de l’activité radioactive 8. Composant qui à 3 pattes 64 Solutions Qui est ce physicien? Lev Davidovitch Landau Archimède de Syracuse Vertical: 6. Becquerel 7. Adiabatique 8. Transistor 9. Quark 10. Heisenberg 2. Les 4 équations de... 4. Animal de Schrödinger 5. Enrichi, il devient 235 7. Transformation sans transfert de chaleur 9. Charmant ou étrange, haut ou bas... 10. Le principe d’incertitude porte son nom Mots Croisés 1. Relativité 2. Maxwell 3. Galaxie 4. Chat 5. Uranium Horizontal: Mendeleïev Interférences Newton Potentiel Lagrange Propagation Fermion Acoustique Plasma Supraconductivité Boltzmann Pression Diffraction Bohr Énergie Einstein Superposition Hydrogène Dirac Quantique Solide Laser Andromède Bernoulli 65 humour Physica Magazine PHYSICA DAY Le 9 mars 2017 a eu lieu à la faculté de physique l’évènement organisé par notre club: Le Physica Pay, une journée consacrée à la découverte, et même la redécouverte pour certain, de la physique sous toutes des coutures. La matinée fut consacrée à la tenue de 2 conférences présentées par des professeurs de la faculté de Physique. La première sur la photonique et ses applications, présentée par Pr. Kellou qui nous a fait prendre conscience de l’impact du développement du laser sur la technologie et les différents aspects du quotidien. Suivie par un Voyage de l’infiniment grand à l’infiniment petit où nous a menés M.Benchouk. Nous faisant passer de l’immensité du cosmos jusqu’aux particules élémentaires. Les conférences furent ponctuées par des quiz savamment présentés par Salim Zenini avec sa pointe d’humour et Tamâzouzt Chennit avec son dynamisme. La journée s’est enchainée sur les ateliers : Les participants ont pu admirer les sublimes figures d’interférences au laboratoire d’optique avec M. Terniche, détecter des muons venus droits du cosmos avec M. Benchouk, écouter de la lumière avec M .Kellou, ou se sont décoiffés par la plus grande soufflerie d’Algérie en compagnie de M. Salhi. 66 67 INFORMATIONS Université des Sciences et de la Technologie Houari Boumediene Sous Direction des Activités Culturelles et Sportives