Retour sur le Dôme du Rocher

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Loïc Lesvignes CM Histoire de l’art islamique 19.10.2010 L3AA13 Rappel : Les mosquées Grand merci à Alexandra pour sa prise de notes. Les mosquées (suite)   D’où est parti le plan des 1ères mosquées ? Ds quelle direction a‐t‐il évolué ? Selon un ou plusieurs 
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chemins ? = va‐t‐il y a avoir un « dogme » architectural concernant les mosquées ? Pas de principes d’organisation des lieux de cultes ni dans le Coran, dans les hadîths ou dans la sunna = on va se demander si on va créer des règles spécifiques par la suite. Peu à peu, une architecture du sacré se crée : c’est avec la dynastie omeyyade, héritière de trad antéislamiques et judaïques (entre autres) que se développe cette architecture du sacré rôle primordial d’ ‘Abd‐al‐Malik (685‐705) et d’Al‐Walid (705‐715) qui st les bâtisseurs des 1er gds monuments islamiques connus  ils jettent les bases des futurs préceptes de l’architecture religieuse en terre d’Islam. La capitale du monde islamique est Damas sous les Omeyyades, ce qui implique un fort héritage antique et des liens avec Byzance. Retour sur le Dôme du Rocher 
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Le lieu en soi est porteur d’une signification chargée : haut lieu du judaïsme, lieu qui a aussi un passé antique… Le bâtiment montre que dès les débuts de l’Islam, il y eut formes d’architecture religieuse que la mosquée, puisque ce dôme n’est pas un lieu adapté à la prière collective en direction de la Mecque. Ce bâtiment a un rapport direct avec la Ka’ba : c’est un lieu de pèlerinage construit pour favoriser les déambulations cf. les 3 espaces de déambulation, 1 extérieur et 2 intérieurs. Au niveau des décors ce monument fait le lien avec l’ornementation des mosquées omeyyades postérieures = on va avoir des liens forts avec les décors de la gde mosquée de Damas surtt ds l’utilisation de la pâte de verre. C’est un monument qui se réclame de traditions antérieures : le plan circulaire surmonté d’une coupole se retrouve ds l’architecture romaine + selon certains historiens musulmans du 8e et du 1
Loïc Lesvignes CM Histoire de l’art islamique 
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19.10.2010 L3AA13 9e s, le Dôme du Rocher aurait été construit pr rivaliser av le St Sépulcre : plan circulaire av un anneau central, un espace de déambulation et un mûr délimitant intérieur et extérieur du monument  c’est exactement ce qu’on retrouve ds le St‐Sépulcre. Nouveauté dans le décor : utilisation d’une frise épigraphique dorée, à la base du tambour. Cette inscription est illisible depuis le sol + elle est constituée de passages coraniques, et certains passages font référence au Christ + utilisation d’une calligraphie angulaire ou coufique caractéristique des écritures de cette période. C’est l’exemple le plus ancien d’écriture épigraphique (et aussi d’écriture soignée : les 1er manuscrits sont postérieurs au 8e s) : on est ds les 1er exemples de l’utilisation de l’écriture en tant qu’élément essentiel de l’art islamique. L’écriture va devenir un des moyens d’expression artistique les plus caractéristiques des arts de l’islam : cet art va se développer pendant les siècles suivants pr atteindre son apogée aux 15e –
16e s avec les gds maîtres safavides et ottomans... Mais ce goût pr la calligraphie remonte aux 1ères manifestations de l’art islamique. L’architecture omeyyade doit être considérée comme tjs en lien avec ce qui a précédé et ce qui lui a succédé : c’est une architecture de transition. Mosquée al‐Aqsa 
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Al‐Aqsa doit être citée qd on parle des 1ère mosquées de l’Islam, ms cette mosquée a été très restaurée et il ne reste presque rien de la période omeyyade : o 1ère phase avec une forme rectangulaire allongée + un mur de qibla se trouvant dans la largeur. Néanmoins cette 1ère phase est une restitution controversée. o 2ème phase : division en travées, en nefs (= tjs qqch qui renvoie à la basilique chrétienne) + coupole au‐dessus du mihrab à l’époque abbasside + nefs perpendiculaires au mur de qibla ce qui n’est pas le cas à Damas + tjs une mosquée hypostyle (sous colonnade). Il ne nous resterait que des panneaux de bois pr l’époque omeyyade : décors floraux ms absence de représentations d’êtres animés = décors qui rappellent les mosaïques du Dôme du Rocher + motifs décoratifs associés au pouvoir. 2
Loïc Lesvignes CM Histoire de l’art islamique 19.10.2010 L3AA13 La grande mosquée de Damas 
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Mosquée édifiée en 706 ds la vieille ville romaine de Damas, près croisement du cardo et du decumanus, donc près des axes principaux de la vieille ville. Une fois encore, le plan rappelle qqch, tt comme les matériaux et les décors mais les lieux, même ds l’urbanisme, ne st pas dénués de sens. Cette mosquée est dc ds le centre stratégique de la ville romaine et a été construite sur l’église St‐Jean‐Baptiste datant du 4e s, elle‐même sur l’emplacement du templum1 romain dédié à Jupiter. La gde mosquée va occuper tout l’ancien espace romain et déborde sur certains gds axes. Dimensions : 385 m Est/Ouest et 305 m Nord/Sud ; la mosquée conserve les entrées, certains axes, certaines parties du mur du templum romain (en en rehaussant certaines parties), elle conserve même les propylées2 de la partie Est, mais aussi certaines tours aux angles qui vont être réutilisées comme minarets = ces réutilisations expliquent la forme de la mosquée. En revanche, si les Omeyyades ont racheté la basilique St‐Jean‐Baptiste, c’était bel et bien pour la raser entièrement. Cette gde mosquée se situait très près du gd palais des Omeyyades, comme pour le complexe du Dôme du Rocher. La Gde mosquée de Damas a subi bcp de dégâts (notamment des incendies) ms les restaurations ont conservé l’esprit d’origine du bâtiment. 1
= temenos en grec et ‫ ﺣﺮم‬en arabe : espace sacré délimité par un tracé ou une enceinte.
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Pro = « à l’avant » + pylées = « portes »  porte d’entrée monumentale du sanctuaire.
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19.10.2010 L3AA13 Composition du bâtiment : o
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L’espace est divisé entre le sahm (la cour) bordée d’un portique sur 3 côtés et une salle de prière de très gdes dimensions qui occupe près de la ½ de l’espace de la mosquée et qui est divisée en 3 nefs parallèles au mur de qibla (alors qu’à al‐Aqsa les nefs st perpendiculaires au mur de qibla). La salle de prière mesure 157 / 100 m : elle est lgtps restée le plus gd édifice du monde islamique. Les entrées Est et Ouest du temple romain sont récupérées. On ajoute une entrée au N, qui est située sur l’emplacement de la porte romaine, mais elle a été entièrement reconstruite. Au S, dans l’axe de l’entrée N, il y avait une entrée ds l’Antiquité = cette entrée est murée car il y a le mur de qibla : à la place on a construit une entrée bcp plus petite, qui flanque la nef axiale et qui était directement reliée au palais, accès privé du calife. Ds l’angle N‐O de la cour : un petit édicule octogonal, supporté par des colonnes est en général appelé le « trésor de la mosquée de Damas » = on ne sait pas s’il contenait effectivement le trésor de la communauté musulmane ou s’il symbolisait ce trésor. 3 minarets : 2 se trouvent à l’emplacement des tours carrées romaines, càd aux angles du mur de qibla et un qui se trouve au milieu de la façade opposée. La tour de l’angle S‐O a été relativement bien préservée depuis la période antique : la base et une gde partie de la tour datent de la période romaine + elle est surmontée d’un minaret qui ne date pas de la période omeyyade  minaret mamelouk de la fin du 15e s. Les deux minarets du mur de qibla devaient exister à la période omeyyade : ils ont été reconstruits, agrandis… ms ils existaient dès le départ de la mosquée  cela prouve l’utilisation de minarets dès les 1ère mosquées. Les deux tours nord ont disparu alors qu’elles avaient probablement été conservées par les omeyyades = elles ont été remplacées par la tour centrale. Le minaret du mur N a été construit avant le 10e s (mentionné par une source), ms on ne sait pas de qd il date exactement (construit à l’époque abbasside). 3 nefs coupées en leur milieu par une travée centrée perpendiculaire à la qibla et aux 3 nefs : cette allée centrale est aujourd’hui surmontée d’un dôme restauré face au mihrab dont les fondations sont anciennes mais dateraient du 10e s (on voit dc qu’il y a des modes qui sont introduites petit à petit comme celle de marquer le mihrab par une coupole). La combinaison du dôme et du mihrab existe avant l’Islam ds l’Arabie préislamique, mais il semble que cette combinaison ait été reprise pour la 1ère fois dans la gde mosquée de Médine = cet élément va devenir de plus en plus courant durant la période omeyyade. Les 3 nefs parallèles sont de dimensions égales (ce qui n’est pas le cas ds les plans chrétiens) Aujourd’hui il y a 4 mihrabs dans le mur de qibla (c’est courant de nos jours) : l’un d’entre eux est moderne. En revanche, la datation des 3 autres pose pb : on pense qu’il y avait un mihrab dès la mosquée de Médine par al‐Walid = il ne serait dc pas étonnant qu’on ait reproduit un mihrab dans la mosquée de Damas (parallèlement à l’analogie avec les niches dans lesquelles étaient disposés les rouleaux de la Torah ou des idoles païennes…)  ds l’architecture d’al‐Walid, on voit dc déjà le développement de cette forme qui va devenir indissociable de la mosquée. Dans la cour : alternance de piliers et de colonnes. On ne retrouve pas cette alternance dans la salle de prière où l’on a une forêt de colonnes remployées de monuments romains (colonnes et chapiteaux proviennent des portiques romains qui étaient à proximité) + les colonnes de la salle de prière supportent une arcature1 surmontée d’un étage en clairevoie av une colonnade miniature, ce qui Série d'arcades de petites dimensions.
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19.10.2010 L3AA13 permet d’ajourer le support mais également de rehausser le plafond et de donner plus de hauteur à la mosquée  c’est le même procédé que celui utilisé à al‐Aqsa et que l’on retrouve aussi à Cordoue. Le mur de qibla est percé de petites fenêtres permettant à la lumière de pénétrer dans la salle de prière. Toit en bâtière1 (ou à double‐pente) : charpente qui soutient un toit en bâtière en 3 parties qui mettent en évidence l’existence des 3 nefs principales. 
Les décors o
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Parallèle évident avec le Dôme du Rocher : présence de mosaïques en pâte de verre ; voire avec, selon les sources, la mosquée al‐Aqsa et la mosquée de Médine, lors de leur restauration par al‐Walid, qui ont également été ornées de mosaïques de pâte de verre dont il ne reste plus rien aujourd’hui. A l’origine les mosaïques recouvraient :  les façades des portiques  une gde partie de la cour  une gde partie de l’intérieur de la mosquée  le minaret Nord o
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A l’intérieur de la mosquée, les mosaïques commençaient à être utilisées à une hauteur de 6 m (en dessous, il y avait des panneaux de marbre) pour aller jusqu’au toit à 15 m au‐
dessus du sol. La partie N extérieure de la nef axiale conserve les décors, tt comme les arcades de la travée occidentale et sur les murs du vestibule + la plus belle mosaïque, « le panorama de la rivière Barada », mesure 34 m de long et 7 m de hauteur et se trouve sur le mur arrière du portique occidental. On est ds une figuration plus concrète que le Dôme du Rocher : on n’est pas seulement dans le symbolique, il y a des représentations d’architectures très différentes les unes des autres  répertoires iconographiques provenant de traditions distinctes dont on comprend encore mal l’objectif. Il n’y a aucune représentation animée. 2 interprétations :  Une représentation paradisiaque, une cité idéale où seraient regroupés ts les plus beaux palais du monde, ce qui expliquerait le fond doré de ces fresques et l’aspect éclectique, le mélange des styles architecturaux.  Il pourrait s’agir d’une représentation des villes conquises par les armées musulmanes et dc de la volonté de mettre en images de manière symbolique le nouvel ordre du monde où domine la nouvelle civilisation islamique  cette idée est retrouvée ds d’autres lieux, ce qui la rend plausible (cf. Qusayr al‐Amra). o
Cpdt, rien ds les txt ne nous confirme ces interprétations : ds les arts de l’Islam, on a tjs cherché à interpréter symboliquement  il faut donc se méfier des interprétations trop hâtives quant au message qui, forcément, sous‐tend les ouvrages. Point sur les abbassides 
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Dynastie qui a régné de 750 à 1258 qui marque l’arrivée au pouvoir de dynasties turco‐mongoles avec des origines orientales = marque un apport oriental massif ds l’art islamique. 1258 : al‐Musta’sil a été assassiné par le mongol Hülegü. 1258 : une branche abbasside est accueillie par les Mamelouks du Caire. Toit à deux versants inclinés formant les côtés d'un bât et posé entre deux murs pignons.
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19.10.2010 L3AA13 744‐750 : Marwân II, dernier calife omeyyade, est confronté à l’hostilité des kharijites et des abbassides : il est mis à mort avec ts les Omeyyades (sauf Abd al‐Rahmân qui part fonder la dynastie Omeyyade d’Espagne). Les Abbassides sont des descendants de ‘Abbas, oncle du prophète = ils appartiennent aux Banû Hashîm, c'est‐à‐dire au clan du prophète = ils ont une légitimité qui manquait aux Omeyyades. 1ère capitale : Bagdad = transfert du centre du pouvoir depuis Damas. Dès le 10e s le califat abbasside connait des défaites répétées = petit à petit les territoires du calife se réduisent face à d’autres dynasties : o 756‐1031 : Afrique du N et Espagne sous domination omeyyade. o 868‐905 : Tulunides en Egypte = dynastie complètement autonome. o Emergence de gouvernorats locaux en Perse qui prennent de plus en plus d’importance : ex de la dynastie Samanide qui paie un tribut mais qui reste autonome. o 969‐1171 : prise de pv en Egypte par les Fatimides : fondation d’al‐Qahîra. o 945 : prise du pouvoir à Bagdad par les Bouyides. o déclin progressif des Abbassides. 12e s : Renaissance abbasside qui se sent au niveau artistique, mais élan fauché par l’arrivée des Mongols. 6
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