INVASIONS D'INSECTES XYLOPHAGES
DANS LES PEUPLEMENTS RÉSINEUX
DES VOSGES ALSACIENNES
Par E. HIIBAIILT
INSPECTEUR ADJOINT
DES EAUX ET
FORETS
ASSISTANT A LA TROISIEME SECTION DE LA STATION DE
RECHERCHES
ET EXPERIENCES FORESTIERES
INVASIONS
D'INSECTES XYLOPHAGES
DANS LES PEUPLEMENTS RÉSINEUX
DES VOSGES
ALSACIENNES
I. -
CAUSES
GÉNÉRALES
DES INVASIONS
La ligne de feu qui a parcouru les forêts des Vosges, pendant
la guerre de
1914-1918,
a été marquée jusqu'ici et le sera peut-
être encore l'été prochain sur toute l'étendue de la zone des tirs
d'artillerie et des camps de repos, par de violentes invasions
d' Insectes xylophages. Les arbres atteints par les obus, rongés
par les chevaux et les mulets, abattus ou simplement entaillés
sans aucun motif par les hommes, ont fourni des aliments tout
indiqués aux Insectes parasites des bois, toujours à l'état endé-
mique dans les grandes forêts.
En temps ordinaire, la pullulation est enrayée par la rareté
de la nourriture, les conditions climatériques défavorables, l'at-
tention constante de l'homme et les parasites entomophages.
Quant à l'été de
1921,
nous lui attribuons la mort et le dépé-
rissement d'un grand nombre d'arbres. Le corollaire immédiat
fut de nouvelles invasions. Les ravages dus à la sécheresse attei-
gnirent principalement les massifs défavorisés pour une cause
quelconque : mauvais sols, expositions chaudes, peuplements
trop serrés, essences aux limites inférieures de leurs aires.
Durant trois années consécutives, nous étudiâmes la marche
de ces invasions dans la vallée de Munster (Haut-Rhin). Nos
recherches portèrent surtout sur la biologie des parasites et des
prédateurs dont le nombre était naturellement en rapport avec
celui des xylophages. La région présentait pour nos travaux
plusieurs avantages; les trois principales essences résineuses
IIO
INVASIONS D'INSECTES XYLOPHAGES
étaient attaquées : Épicéa, Sapin pectiné, Pin sylvestre. Les vio-
lents combats de juillet, août et septembre 1915, au Linge, au
Schratzmännele, au Barrenkopf et au Reichackerkopf, avaient
été la cause d'accumulations de troupes et de bombardements
tels que nous étions sûrs de rencontrer des invasions en pleine
vigueur et embrassant de notables surfaces. Enfin des circons-
tances particulières avaient encore aggravé la situation et rendu
la lutte difficile contre le fléau.
Les habitants avaient fui leurs villages écrasés par l'artillerie,
et chacun, en revenant, se souciait moins de la forêt que de la
maison à reconstruire, des champs à remettre en valeur. Dès
lors, le Service des Eaux et Forêts disposait de peu de main-
d'oeuvre.
Les forêts communales de Stosswihr, de Munster et de Soult-
zern souffrirent cruellement de la guerre. Les bombardements
épargnèrent celle de Soultzbach, située loin des lignes, plus bas
dans la vallée, mais l'été de 1921 y affecta durement certains
massifs de pins sylvestres et de sapins pectinés.
De l'étude de ces différents centres proviennent les renseigne-
ments qui vont suivre (1). Des arbres soigneusement repérés et
ceinturés, debout ou abattus, déjà attaqués ou encore indemnes
nous ont permis de suivre pas à pas, jour par jour parfois, le
développement des espèces les plus intéressantes.
II.
— LES XYLOPHAGES : Coléoptères, Hyménoptères
Sur
l'Épicéa
:
Coléoptères
Scolytides. —
Ips
typo
graphus L.
Pityo genes chalcographus
L.
Ips curvidens
Germ.
Dryocoetes
auto
graphus
Ratz.
Xyloterus lineatus
Oliv.
Crypturgus pusillus
Gyll.
(r)
Nous remercions sincèrement M. l'inspecteur chef du groupe forestier de Colmar
ainsi que son personnel, de la complaisance avec laquelle chacun se mit à notre disposi-
tion pour faciliter nos travaux.
DANS LES PEUPLEMENTS RÉSINEUX
III
Coléoptères Scolytides. —
Polygraphus poligraphus
L.
Hylastes cunicularius
Erichs.
Hylurgops palliatus
Gyll.
— Cérambycides. —
Tetropium luridum
L.
Hyménoptères Siricides. —
Sirex gigas
L.
Sirex spectrum
L.
Dans la majeure partie des cas, principalement sur
1ps
typo-
graphus,
nous avons pu constater l'exactitude de l'observation
de Chewyreuw, reproduite par Barbey : « Nous pouvons for-
muler la règle suivante en ce qui
concerne la direction du couloir
d'entrée des bostrichts de l'écorce.
,--
Sur l'arbre debout, tous les ca-
naux d'entrée sont creusés ver-
ticalement, et
de
bas en haut,
avec une inclinaison plus ou
moins prononcée vers le centre
de l'arbre. Par contre, sur un
tronc â terre. ces mêmes galeries
sont disposées transversalement. »
Quelques colonies
d'Ips
curvi-
LARVE DE
Tomicus typographus
LINN.
PARASITÉE PAR UNE LARVE DE
Ptero-
dens
étaient installées dens des
malus Spinolae
RATZ. (Hymen. Chal-
bûches d'Épicéa empilées le long
cidide.)
des chemins de
vidange, non écor-
cées
et présentant encore
une région cambiale vivante (lac de
Soultzern, juillet
1921).
C'est sur des bois de chauffage encore verts que nous avons
rencontré également
Dryecoetes autographus.
Les exemplaires
d'Hylurgops palliatus
que nous avons recueil-
lis, se trouvaient
dans l'écorce d'arbres morts depuis un certain
temps déjà.
Les
Sirex, Sirex spectrum
en particulier,
abondaient. Par
temps chauds et ensoleillés, mâles et femelles volaient de tous
côtés.
Nous avons pu assister sans difficulté
à
la ponte des femelles.
L'Insecte, l'abdomen relevé, parcourt la pièce de bois, va,
vient, monte, descend d'une allure saccadée et zigzagante. Les
antennes flexibles et frémissantes fouillent les interstices. Enfin,
Fig. I.
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