Nouvelle théorie sur le rêve

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Nouvelle théorie sur le rêve
Soumis par Fabrice Pastor
Le rêve... Dans l'Antiquité, il est prophétique, le message mystérieux des Dieux, empreint d’espoirs mais aussi
de menaces. Par la suite, on l’enfouit dans l’oubli, comme quelqu'un qu’on ne parvient pas à cerner,
comme quelqu'un de trop énigmatique. Puis l’archéologue de l’esprit, Sigmund Freud, le révèle,
expliquant qu’il est l’expression inconsciente de nos désirs les plus secrets. Enfin, au milieu du siècle
dernier, il n’est plus le propre de l’Homme. Michel Jouvet montre que les animaux à sang chaud semblent
également rêver. Aujourd’hui, le rêve est le sujet de toutes sortes de controverses. Qu’en est-il de la
Clé des Songes… ?
Le vecteur des rêves : le sommeilLe sommeil se définit principalement par les 4 critères que sont l’activité
motrice et musculaire réduite, la perte de conscience des stimuli extérieurs, la posture couchée avec les yeux fermés
et la réversibilité relativement facile (le dormeur pouvant être réveillé).
Le sommeil peut être décomposé en cycles, c'est-à-dire en périodes qui se répètent d’une certaine manière tout
au long de la nuit. Après une période de somnolence où le moindre bruit peut nous réveiller, les premiers stades du
sommeil se caractérisent par un ralentissement de l'activité cérébrale ainsi qu'une désorganisation visible à
l’électroencéphalogramme. Au bout d’environ 2 heures, le dormeur entre dans une phase de sommeil
très particulière…
C’est en 1953 qu’Aserinsky et Kleitmann se rendent compte que les yeux des enfants pendant la sieste
bougent. En concommitence avec ces mouvements rapides des yeux (ou phase REM – Rapid Eye Movement), il
existe une activité cérébrale intense, très proche de l’activité d’une personne éveillée. Néanmoins, le
corps du dormeur est totalement immobile, comme mort… et c’est ce paradoxe entre activité électrique
cérébrale et immobilité corporelle qui a donné son nom au « sommeil paradoxal ».
Michel Jouvet, en 1959, fait l’hypothèse selon laquelle c’est durant cette période que les rêves pourraient
apparaître. Comme les ondes cérébrales observées durant le sommeil paradoxal ressemblent à celles observées chez
le sujet éveillé, il semblerait qu’il soit en train de « penser ». De plus, si l’on réveille le dormeur au
moment de cette phase, celui-ci peut raconter un rêve. Jouvet confirme enfin sa théorie chez le chat, en détruisant les
motoneurones de la moelle épinière sous l'influence d'un groupe de neurones, appelé Locus Coeruleus. Les animaux
ne sont alors plus paralysés pendant leur sommeil et commencent à se lever, à marcher, à jouer, bref à vivre comme
s’ils étaient éveillés.
Une évidence s’impose alors au professeur Jouvet : la phase de sommeil paradoxal est la période durant
laquelle le dormeur est en train de rêver.
Aujourd’hui, cette hypothèse est le consensus largement répandu et enseigné… mais remis en question.
Parmi les nouvelles interprétations, il en existe une tout à fait originale proposée par Jean-Pol Tassin, directeur de
recherches à l’INSERM au Collège de France à Paris.
Rêver éveilléDe nouvelles expérimentations montrent que si l’on réveille un dormeur alors qu’il
n’est pas en phase de sommeil paradoxal, il va aussi raconter un rêve. Rêverait-on donc toute la nuit ?
Cette idée parait dénuée de sens. Personne n’a jamais raconté avoir eu l’impression de rêver durant
des heures, seules quelques dizaines de minutes. De plus, si vous êtes réveillé par un bruit dans la rue ou par une
lumière, cet événement devient en général la chute de votre rêve… Mais alors, comment cet élément qui vous
réveille est-il intégré dans votre rêve, si ce même rêve est censé durer toute la nuit ?
Selon J.P. Tassin et ses collaborateurs, le rêve aurait lieu durant le temps infime qui suit l’événement qui a
provoqué le réveil. Durant le sommeil, la conscience s’évanouit, les neurones sérotoninergiques et
noradrénergiques cessent de fonctionner, l’information nerveuse ne peut être maintenue au-delà de quelques
millisecondes dans le cerveau. Sans l’activation de ces neurones, la vision du paysage et les émotions
associées à cette expérience sont tellement éphémères qu’elles ne peuvent être perçues de manière consciente,
ce sont des images subliminales inclues dans le rêve. Seulement pour qu’il y ait rêve, il faut qu’il y ait
conscience, et même si le cerveau est actif, il n’y a ni conscience ni rêve…
Le bruit dans la rue va provoquer le réveil, et les neurones nécessaires à la conscience se remettent alors brutalement
en action, amenant la prise de conscience de ces images subliminales générées durant notre sommeil. Le rêve
pourrait donc se produire en un éclair…
Mais alors comment expliquer l’impression que l’on a tous d’avoir rêvé durant la nuit ? Lors d'une
nuit de sommeil classique, on peut se réveiller plus de dix fois. Ce sont des micro-réveils, le cerveau est en état
d’éveil durant un très court instant, si court qu’il est rare de s’en rappeler au matin. Nous pourrions
alors nous souvenir d’un rêve sans avoir le souvenir de nous être éveillé. Pour J. P. Tassin, le rêve
apparaîtrait donc dans ces phases de micro-réveil, il serait finalement dépendant du sommeil puisqu’il faut
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qu’il y ait eu sommeil pour qu’il y ait réveil.
Alors à quoi servirait la phase paradoxale ? Durant cette phase, les ondes cérébrales issues du cerveau profond se
propagent dans le cortex frontal, réactivant ce que nous avons appris dans la journée, et consolidant souvenirs et
gestes. Tout ceci est inconscient, et le rêve serait au plus, la prise de conscience fugace de ces mécanismes. Le chat
cérébrolésé par M. Jouvet ne faisait que reproduire les gestes appris dans la journée, peux-t-on réellement affirmer
qu'il rêvait?
Et Freud dans tout ça ? Le cerveau est capable de produire des dizaines d’images en moins d’une
seconde, et cette dizaine d’images traitée consciemment suffit à raconter une histoire paraissant durer quelques
minutes. Mais qu’en est-il de la cohérence de cette histoire ? Le rêve entre en jeu, créant des scénarii irréel et
illogiques, mais aussi « non censurés » comme l’a noté Freud. Ces récits viennent de l’expérience
diurne du rêveur, suscitant des images inconscientes qui seraient remises bout à bout pendant les quelques microréveils de la nuit.
« Si vous voulez vraiment rêver, réveillez-vous… » Daniel Pennac, Au Bonheur des Ogres, 1985.
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