10/04/11 20:24 - LE_SOIR du 11/04/11 - p. 12
ENTRETIEN
H
afida Draoui est musulmane prati-
quante. Elle ne porte pas le voile et
s’inquiète de l’évolution de l’islam à
Bruxelles. Conseillère communale PS à Jette,
elle évoque la responsabilité des politiques, y
compris au sein de son parti. Une confession
sans tabous.
Y a-t-il une évolution dans la pratique de
l’islam à Bruxelles ?
Oui, il y a une régression au niveau des com-
portements. Moi, j’ai 44 ans. Quand je vois les
copines de mon âge, dans mon entourage, cet-
te régression est assez frappante. Alors que les
femmes ont tout en main pour sortir de cet en-
fermement que certains essayent d’imposer en
se basant sur le Coran. Le problème avec le Co-
ran, c’est l’interprétation. Moi, je suis née musul-
mane et je mourrai musulmane. Mais je ne
veux pas que l’on me dise ce qu’il faut faire, Al-
lah est dans mon cœur et c’est tout. Je pensais
que c’était le cas de la majorité de femmes de
ma génération… Et je ne sais pas ce qui s’est
passé… Est-ce que c’est l’actualité internationa-
le ? Est-ce le matraquage de la presse par rap-
port au foulard ?
Je pense que dans le cas des femmes, et sur-
tout des jeunes en difficulté, on obtient l’effet
inverse… Il n’y a pas de cadre légal, mais sur-
tout pas de guide. J’ai lu récemment le livre de
Tareq Obrou, l’imam de Bordeaux ; il explique
que des jeunes viennent lui poser des ques-
tions. Une jeune fille qui fait un drame parce
qu’elle n’est plus vierge, par exemple. Il lui ré-
pond que ce n’est pas une obligation. Même
moi, qui suis née à Bruxelles, de par l’éducation
que j’ai eue, j’étais persuadée que je devais être
vierge à mon mariage… Je l’étais ! Je me suis
mariée à 25 ans, je n’ai pas honte de le dire.
Avec le recul, je me rends compte que c’était
une connerie. Nous-mêmes, on n’a pas de con-
naissance de la religion. La seule que l’on a,
c’est via l’éducation. Mais mes parents ne sa-
vent pas plus que nous. Ce qu’on peut faire et
ce que l’on ne peut pas faire, cela se limite à
quoi ? Au ramadan, au jeûne. La prière, on ne
m’a jamais obligée à la fai-
re. Quand j’étais enfant, il
y avait des saucisses Bi-Fi
dans mon cartable pour
que je ne sois pas différen-
te des petits Belges.
Je suis issue d’une fa-
mille de huit enfants, trois filles puis cinq gar-
çons. On a grandi dans un quartier quand mê-
me assez pourri, à Saint-Josse. Les copains de
mes frères, c’étaient des dealers, des camés…
Ce n’était pas toujours facile. On a grandi dans
un quartier de prostitution, rue de la Prairie, de
l’Ascension. Chapeau à mes parents qui ont tra-
vaillé pour nous permettre d’être scolarisés…
J’entends aujourd’hui des polémiques sur le
fait de ne pas aller à la piscine parce que c’est
mixte. Mais c’est de la folie, c’est n’importe
quoi, tant par rapport à ce qui est dit dans les
textes que par rapport à ce que mes parents di-
saient. Les jeunes de la deuxième génération
ont tout aujourd’hui, mais une bonne partie
préfère casser des bagnoles, c’est une caricatu-
re mais c’est la réalité. Les prisons de Saint-Gil-
les, de Forest sont bondées de jeunes d’origine
marocaine, c’est triste. J’ai été l’objet d’un sac-
jacking. J’ai été à la police de Molenbeek, on
m’a sorti des albums photos pour reconnaître
les trois ou quatre jeunes. J’étais triste, effarée,
de me rendre compte que c’étaient tous des Ma-
rocains. J’étais malade. Et le commissaire rigo-
lait, il me disait « Madame, ce n’est pas tout, le
plus gros des albums est au siège central. » Des
volumes et des volumes… Je lui ai dit : « Ecou-
tez, je ne saurais pas les reconnaître. » Ce n’est
pas un cliché, c’est la réalité !
La nouvelle génération revendique un is-
lam moderne, mais réclame qu’il soit très
visible…
C’est un choc pour moi de voir toutes ces jeu-
nes filles voilées. Je suis persuadée que, pour un
certain nombre, c’est un choix personnel, spiri-
tuel, il y en a d’autres pour qui c’est imposé…
Ce sont des modes aussi. Ou une affirmation
identitaire. J’ai une cousine sourde-muette que
l’on a inscrite dans une école à Molenbeek et,
peu de temps après, elle portait le foulard. Je lui
ai dit : « Ah, tu mets le foulard, maintenant,
pourquoi ? » Elle m’a répondu : « On m’a dit à
l’école que je devais mettre le foulard et que,
comme ça, je me marierais plus facilement ! »
Je lui ai répondu qu’elle était folle, que c’est
n’importe quoi. Mais on lui avait dit et c’était
comme ça. J’en entends de plus en plus, des jeu-
nes filles de 15 à 18 ans qui portent le foulard,
qui veulent se marier… C’est une façon de s’en-
fermer. Alors que la bouée de secours pour
ces femmes, ce sont les études supérieures.
Sans diplôme, tu acceptes d’être dépendan-
te de ton mari. Pour moi, c’est difficile à ac-
cepter… Cela me choque.
Cela vient d’où ?
Cela peut venir des mosquées, via les frè-
res. Le vendredi, il y a plein de choses qui se
disent. On sait bien qu’il y a des discours
conservateurs qui s’expriment. C’est assez
effrayant de se rendre compte de cela, alors
que l’islam est une religion merveilleuse.
Mais il y a un raidissement, qui se cris-
tallise dans des quartiers…
C’est vrai. Je ne suis pas à l’aise dans cer-
tains quartiers de Molenbeek.
Pourquoi ?
Parce qu’il y a des jeunes et moins jeunes
qui ont une vision fermée de l’islam. Or, je
suis pour un islam moderniste, ouvert.
Cela s’exprime comment ?
Le regard. Je me sens mal à l’aise, oui. Je
peux être en jupe, en talons, mais j’ai peur
de les provoquer. Je trouve cela dommage
parce que nous sommes d’une même fa-
mille, mais on ne se reconnaît pas. Si déjà
entre nous, on a ce sentiment, comment le
Belge de souche pourrait… ? C’est la peur,
la peur de l’autre… Ce n’est quand même
pas normal que des Belges doivent déména-
ger ou fermer des commerces parce qu’il y
a trop de Marocains, que l’on appelle cer-
tains quartiers les « petits Marrakech ».
Cela devrait être une richesse.
Politiquement, y a-t-il des responsabili-
tés ?
Il y a beaucoup d’hypocrisie !
On pourrait citer le cas de Philippe
Moureaux à Molenbeek ?
C’est un bel exemple. Il ne les aide pas.
C’est continuer à se voiler la face devant
ces réalités… Oui, il a fait beaucoup de cho-
ses, mais il les a beaucoup trop assistés.
Une forme de paternalisme ?
Oui, voilà. Ce n’est pas de cela dont les
jeunes ont besoin. Je suis assistante sociale
de formation et je ne conçois pas mon rôle
comme ça. Il faut être ferme, parfois. Il faut
cesser ce discours misérabiliste. Mais il faut
leur faire quoi, à ces jeunes ? Des parcs ma-
roco-marocains ? Il ne manquerait plus
que ça. Il y a toute une série d’aides, de mai-
sons de jeunes, mais cela ne sert à rien du
tout. Quoi ? Ils fument du shit dans la mai-
son plutôt que dans la rue ?
Il y a une forme de clientélisme ?
Clairement ! Au PS, c’est comme n’impor-
te quel autre parti, cela ramène des voix,
c’est clair. C’est scandaleux de voir certai-
nes choses ! Il y a des Belges d’origine maro-
caine qui se retrouvent sur les listes à Mo-
lenbeek ou ailleurs et qui sont pratique-
ment analphabètes ! Ils représentent qui ?
On ne sait même pas ce qu’ils font là. Ils ont
un salaire de 4.000 euros, c’est la politique
pour le fric, alors ? Il faut un peu recadrer
cela, ce n’est plus possible !
Il faudrait que chacun balaie devant sa
porte, en somme. Que les partis ces-
sent ces pratiques ? Que l’Exécutif des
musulmans soit un guide ?
Il faut un guide spirituel, oui. C’est diffici-
le parce que, dans l’islam, il n’y a pas de cler-
gé. Le Coran est une quête spirituelle per-
sonnelle. Mais il faut des balises.
Cela dit, il y a trop de matraquage, on de-
vrait montrer d’autres choses. Je ne suis
pas la seule à avoir fait des études ! Il y en a
heureusement de plus en plus. Mais on n’en
parle pas, de celles-là ! C’est cela qui fait
que l’image reste figée. La majorité des
étrangers à Bruxelles, ce sont des Maro-
cains, ils ne sont pas en burqa. On brouille
la carte avec les amalgames… Bruxelles
ville musulmane ? Cela m’énerve !
Propos recueillis par
OLIVIER MOUTON
B
ruxelles, ville musulmane ? La
question, polémique, fait ra-
ge depuis quelque temps,
avec son lot de reportages et de
couvertures de magazines. Une
question sensible, qui cristallise un
imaginaire marqué par la présence
de plus en plus visible de l’islam
dans la ville.
En toile de fond, il y a ce chiffre :
un Bruxellois sur cinq est musul-
man, aujourd’hui. Et un Bruxellois
sur trois pourrait l’être dans vingt
ans en tenant compte des perspecti-
ves démographiques. Deux experts
évoquent ces clichés tenaces qui
tendent les relations communautai-
res.
La visibilité de l’islam en ville. «Il
y a certainement un problème, mais
un problème de perception, souligne
Farid El Asri, docteur en anthropolo-
gie de l’UCL. On assiste aujourd’hui
à un processus affirmé de visibilisa-
tion de l’islam sous différentes occur-
rences. D’une part assumé, dans l’af-
firmation identitaire de soi par le
biais de phénomènes comme les phé-
nomènes de foulards textiles, de fou-
lard capillaires que sont les barbes et
ceux de pierre que sont les minarets.
Cela questionne deux choses. D’une
part la visibilité forte de l’islam dans
le paysage européen remet en ques-
tion l’identité collective. Si ces musul-
mans qui se disent aujourd’hui bel-
ges et européens sont ce qu’ils sont,
mais au fond, qui sommes-nous ?
C’est presque une forme de repli iden-
titaire de la majorité. D’autre part, si
on les voit de plus en plus, c’est qu’ils
sont de plus en plus nombreux. Le jeu
des chiffres, qui est parfois utilisé de
façon incendiaire par certains, inquiè-
te et est au cœur de l’identité collecti-
ve des Belges de façon générale. »
Le port du voile. C’est « le » débat
symbolique sur lequel on épingle la
visibilité de l’islam dans la ville. Les
foulards se multiplient, ils prennent
différentes formes et ils heurtent les
principes de laïcité, de neutralité de
l’espace public. Le débat sur la né-
cessité de légiférer fait rage. « On as-
siste à une individualisation du croi-
re, insiste Corinne Torrekens, cher-
cheuse à l’ULB, spécialiste de l’islam
à Bruxelles. De plus en plus, les pro-
fils s’individualisent : elle va porter le
voile, l’autre pas, elle va considérer
que c’est obligatoire, l’autre non…
De plus en plus de croyants considè-
rent qu’ils sont responsables de leur
croyance devant Allah, devant Dieu.
C’est intéressant. On parle toujours
de l’islam comme une religion com-
munautaire, comme une religion de
groupe, alors qu’il y a de plus en plus
ce profilage individuel. L’individuali-
sation, c’est une dimension de la sécu-
larisation, c’est hyper important. »
Les mosquées. Elles sont aujour-
d’hui une petite cinquantaine dans
la ville. Visibles, parfois, comme à
Molenbeek ou au Cinquantenaire,
mais souvent discrètement instal-
lées dans des immeubles. « Cela re-
joint ce besoin de reconnaissance
fort, dit Corinne Torrekens. J’ai étu-
dié les dossiers d’installation des mos-
quées à Bruxelles, à Molenbeek et à
Schaerbeek ? Que se passe-t-il ? Jus-
que dans les années 2000, pour tou-
tes les mosquées qui demandent un
permis de bâtir c’est “refus”, “vous
êtes là mais faites surtout en sorte
que l’on ne vous voit pas”, c’est “vous
ne touchez pas à la façade”, c’est une
insonorisation forcée du bâtiment
“que l’on ne vous entende pas”, c’est
une interdiction des rassemblements
sur les trottoirs… Ce sont de terribles
injonctions de discrétion. A Molen-
beek, on les reconnaît en tant que…
commerces. »
« Ce n’est pas un processus d’islami-
sation, c’est un processus d’ancrage
dans la société, estime Farid El Asri.
Plus ils s’affirment, plus ils se sentent
bien ici, plus ils sont enracinés…
C’est ça tout le paradoxe. Les premiè-
res générations disaient “soyez dis-
crets, travaillez bien à l’école parce
que bientôt on rentre chez nous”. Là,
le fait que les mosquées s’embellis-
sent, les gens se sentent ici, ils ont dé-
posé leurs bagages. Cela s’enracine
jusque dans la mort, on a de plus en
plus de cimetières, de parcelles concé-
dées… »
Les mouvements radicaux. Les
« barbus » sont présents dans la vil-
le, ils mettent certains quartiers
sous pression et induisent des vi-
sions très fermées de l’islam. Ils ex-
ploitent aussi le désarroi d’une jeu-
nesse en décrochage. « Aucun angé-
lisme de ma part : il y a des courants
qui sont hyper problématiques com-
me le salafisme, le wahhabisme…,re-
connaît Torrekens Forcément, ils
trouvent une certaine empreinte ici.
Comment peut-on réguler cela ? C’est
difficile car cela relève de la liberté de
religion qui est une liberté fondamen-
tale. Et on ne peut intervenir que s’il y
a trouble à l’ordre public, c’est tout. Je
n’ai aucune sympathie pour ces cou-
rants, soyons clairs. Mais il faut aussi
faire la différence entre ce qui relève
de l’intégrisme dans le sens du conser-
vatisme, en ce qui concerne les
mœurs, que l’on ne peut pas partager
mais qui relève de la liberté d’expres-
sion… Et l’intégrisme politique qui
est lié au terrorisme, qui est absolu-
ment inacceptable ! »
« Ce sont eux qui bénéficient du pri-
vilège de la couverture médiatique,
ce sont eux qui vendent du papier,
souligne quant à lui Farid El Asri.
Une jeune cadre de 28 ans qui travail-
le dans une banque viendrait parler
de son islam, c’est beaucoup moins
rentable qu’un barbu à la barbe rous-
se qui vient annoncer la création d’un
parti musulman pour imposer pro-
gressivement la charia en Belgique.
On sait que c’est du foin, mais cela
vend, médiatiquement, c’est du spec-
taculaire. »
Le vide du pouvoir. « L’un des pro-
blèmes fondamentaux de l’islam,
c’est qu’il n’y a pas de clergé, souli-
gne Corinne Torrekens. Il n’y a pas
d’autorité religieuse. Il n’y a pas un pa-
pe qui donne la vérité même si le pa-
pe est aujourd’hui controversé dans
la religion catholique. Il n’empêche, il
n’y a pas l’équivalent dans l’islam. Il y
a des tas de petites autorités. Certai-
nes sont plus réputées que d’autres
parce qu’elles ont un charisme, pour
le côté fondé de leur décision, mais ce-
la reste aléatoire. En Belgique, cela va
mener à une lutte pour asseoir un lea-
dership, une respectabilité, des ten-
sions très fortes, avec l’intervention
des Etats étrangers, en plus. »
Ol.M.
C’est la visibilité de l’islam qui gêne
Le nombre de musulmans à Bruxelles se situe entre
17 % et 22 %, suivant les études, souligne Corinne Torrekens,
chercheuse à l’ULB. Le sociologue Jan Hertogen parle, lui, de
22 %. En 2008, un baromètre du religieux évoquait même …
30 %. « La population issue d’un pays dont l’islam est la religion do-
minante, la seule donnée sûre dont on dispose, est concentrée dans
cinq communes, complète Corinne Torrekens : Bruxelles-Ville, An-
derlecht, Saint-Josse, Molenbeek et Schaerbeek. L’associatif musul-
man est concentré dans ces mêmes lieux. Il y a une forme de tension
parce que la population musulmane n’est pas étendue dans la Ré-
gion bruxelloise, elle est concentrée dans certains quartiers, et que
ceux-ci se situent en plein centre-ville ! Il suffit d’aller chaussée de
Gand, à Molenbeek, pour se rendre compte de la symbolique urbaine
forte que revêt cette affirmation de l’identité. » Une étude récente
de Jan Hertongen affirmait, en tenant compte de la poussée dé-
mographique bruxelloise, que cette proportion pourrait grimper
à 30 ou 33 % d’ici 2030 avant de se stabiliser. OL.M.
Bruxelles, ville
musulmane ?
Notre enquête se prolonge
sur www.lesoir.be/
Deux débats, inédits.
-« On ne voit que le mau-
vais côté de l’islam ». Isabel-
le Praile (photo à gauche),
vice-présidente de l’Exécu-
tif des musulmans est in-
terrogée par Larissa Van
Halst (photo à droite),
jeune militante laïque.
-« Au fond, il y a beaucoup
qui nous rassemble. » Con-
versation animée entre La-
rissa Van Halst, militante
laïque, et Hakima El Bouri
(photo au milieu), jeune
musulmane voilée.
Hakima. A découvrir sur
http ://blog.lesoir.be/let-
trescapitales/
La parole à deux experts.
-« Je n’ose plus dire que je
travaille sur l’islam », avoue
Corinne Torrekens,
chercheuse à l’ULB.
-« C’est la visibilité croissan-
te de l’islam qui pose problè-
me », estime Farid El Asri,
anthropologue de l’UCL.
A lire sur
http ://blog.lesoir.be /let-
trescapitales/
Chattez avec Hafida
Draoui Ce lundi, à 12 heu-
res, sur www.lesoir.be
Bruxelles,
ville sale ?
Dès ce lundi, participez à
notre troisième sondage.
Sur http ://blog.lesoir.be/
lettrescapitales/
9 avril
Bruxelles, ville de
chômeurs ?
11 avril
Bruxelles, ville mu-
sulmane ?
12 avril
Bruxelles, ville sale ?
13 avril
Bruxelles, ville dange-
reuse ?
14 avril
Bruxelles, ville franco-
phone ?
15 avril
Bruxelles, ville em-
bouteillée ?
16 avril
Bruxelles, ville com-
pliquée ?
18 avril
Les dix remèdes pour
Bruxelles.
« Il y a un avant et un après 11 septembre »
Le téléphone du Centre culturel et islamique de
Bruxelles, au Cinquantenaire, sonnait dans le vi-
de depuis plusieurs jours, malgré ce répondeur
qui renvoie – depuis peu en français, aussi – aux
différents services proposés. « Pour obtenir un
rendez-vous, il vaut mieux se rendre sur place »,
conseille un connaisseur des lieux. Ce matin, le
responsable de la fatwa et le porte-parole de la
mosquée accueille la presse avec un sourire cris-
pé. Un rendez-vous ? Pas possible. « Vous com-
prenez, nous attendons notre nouveau directeur
qui arrivera bientôt d’Arabie Saoudite. Nous ne
pouvons prendre aucune initiative sans qu’il soit là.
Et nous avons eu trop de mauvaises expériences
avec la presse. Il y a un avant et un après 11 sep-
tembre. » La situation, crispée, ils disent la vivre
au quotidien. Mais n’est-ce pas précisément im-
portant que ce haut-lieu symbolique de l’islam à
Bruxelles s’ouvre un peu, précisément ? La dis-
cussion dure plus d’une heure, mais c’est tou-
jours la même fin de non-recevoir. Et même si le
directeur était là, une demande écrite très préci-
se devrait être envoyée.
La mosquée du Cinquantenaire véhicule à Bru-
xelles la pensée d’un courant conservateur de
l’islam, le wahhabisme, qui vient d’Arabie Saou-
dite. L’un de ceux qui pose problème avec le sa-
lafisme, souligne Corinne Torrekens, chercheu-
se à l’ULB. « Le Cinquantenaire est connu pour ses
positions irréalistes au sein de la communauté mu-
sulmane, dit-elle. Mais sa position privilégiée, elle
la tient d’où ? Des pouvoirs publics belges ! » OL.M.
Bruxelles,
ville musulmane ?
Oui : 77 %
Non : 23 %
13.120 votes exprimés. A lire
sur http ://blog.lesoir.be/let-
trescapitales/
LE CHIFFRE
22%
SÉRIE 2/7, L’IMMIGRATION
UN BRUXELLOIS
SUR CINQ EST
MUSULMAN.
Mais dans certains
quartiers, l’islam est
tellement visible
qu’il fait peur, et
pas seulement aux
Belges de souche.
Ainsi Hafida
Draoui, conseillère
communale à
Jette : la
radicalisation
islamique et le
comportement de la
seconde génération
l’inquiètent et la
désolent.
l’actu
Bruxelles, une ville musulmane ?
LE PROGRAMME
l’actu
AU CENTRE CULTUREL ET ISLAMIQUE
Ce n’est quand même pas normal
que des Belges doivent déménager
parce qu’il y a trop de Marocains. »
HAFIDA DRAOUI : « C’est un choc, pour moi,
toutes ces jeunes filles voilées. » © SYLVAIN PIRAUX.
« On brouille les cartes avec les amalgames »
FARID EL ASRI : « Les mosquées, c’est un processus d’ancrage dans la société. »
CORINNE TORREKENS : « L’un des problèmes fondamentaux de l’islam, c’est
qu’il n’y a pas de clergé. » © SYLVAIN PIRAUX.
Dossier Bruxelles
Les clichés capitaux
7
faux
plutôt
L’intégralité de l’entretien sur
http://blog.lesoir.be/lettrescapitales/
Le Soir Lundi 11 avril 2011 Le Soir Lundi 11 avril 2011
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