Modèles de l'Attention
Soumis par Stephane Desbrosses
Modèles de l'Attention
1. Le modèle de Broadbent (1958)Cet auteur fut un des premiers à proposer un essai de représentation, du
fonctionnement de l'attention. Son modèle se basait sur trois lois vérifiées empiriquement auparavant :
- le traitement attentionnel a une capacité limitée : on ne peut tout simplement pas faire attention à tout à la fois.
- la focalisation de l’attention (sur l'information jugée pertinente) améliore le traitement de cette information
pertinente.
- les informations non « focalisées » sont altérées : l'attention sélective ne permet pas de retenir les caractéristiques
autres que superficielles, de l'information n'ayant pas fait l'objet de cette focalisation.
Broadbent déduisit de ces constats, que l’attention agit en goulot d'étranglement, qui bloquerait les informations
non pertinentes très tôt dans le traitement, à un moment où seules les caractéristiques superficielles ont été traitées,
puisque les sujets ne se souviennent pas du sens des mots "non focalisés". Pour cet auteur, l’attention
détermine les priorités du traitement : l’information prioritaire capte toutes les ressources attentionnelles et
cognitives, alors que l’information non pertinente serait stoppée dans la mémoire sensorielle (dans le cas
d'information auditive, dans la mémore échoïque).
2. Le devenir des informations non focaliséesElles ne sont pas traitées selon le modèle de Broadbent, mais
disparaissent-elles?
C'est à cette question qu'a souhaité répondre Hernandez-Peon en 1952, lorsqu'il plaçat des électrodes sur les cellules
cérébrales de chats. Les cellules choisies étaient celles qui réagissent au son en déclenchant des potentiels
d’action, répérables sur les tracées électro-encéphalographiques, par des pics caractéristiques d'une activité
neuronale brève et intense.
Alors que ces cellules réagissaient nettement lorsque l’on émettait un bruit pendant que les chats se reposaient,
on ne discernait aucun potentiel d'action spécifique, si une souris était présente dans le champ de vision des chats.
Broadbent en avait conclu que les informations n'étaient même pas traitées, que l’information sélectionnée
captait effectivement l'ensemble des ressources attentionnelles...
Pourtant, la focalisation n’épuise pas les capacités du sujet : un message sonore accéléré reste
compréhensible, par exemple.3. Phénomènes d’amorçageVous l'aurez peut etre remarqué, il n'est pas rare
qu'une parole, vous fasse songer tout à coup à un événement, ou une idée, qui lui est reliée. Il s'agit généralement d'un
des phénomènes les plus étudiés de l'attention : le phénomène d'amorçage. On le définit souvent comme "la
préactivation de certaines représentations potentiellement pertinentes en fonction du contexte" : par exemple, si on
présente le mot « bateau » à un sujet, il aura tendance à reconnaître plus facilement ou plus rapidement le mot « voile »
présenté ensuite.
Il s'agit là d'expériences classiques dans lesquelles on mesure le temps de réaction : des séquences de lettres sont
présentées à un sujet, qui doit appuyer sur une touche, si la séquence présentée constitue un mot, une autre touche s'il
ne s'agit pas d'un mot (c'est un exemple seulement, d'autres types d'expériences similaires utilisent ce principe). Le
principe de cette expérience veut qu'un mot facilement traité et reconnu, entraîne une réponse plus rapide qu'un mot
plus difficilement traité.
Ce type d'expérience a notamment montré qu'un mot pouvant avoir plusieurs significations selon le contexte, est traité
plus rapidement si un amorçage permet d'orienter le contexte vers une signification unique de ce mot : entendre le mot
"escroc" avant d'entendre le mot "pigeon", peut faire revêtir au second mot une toute autre signification que celle
habituellement associée, à savoir, l'oiseau, terreur de nos voitures en stationnement, où le naïf sujet victime d'un vilain
pair.
Le phénomène d’amorçage va ainsi désambiguïser le sens des mots cibles. Un exemple : « They were throwing
stones toward the bank » (Bank peut signifier « rive » ou « banque »). Si on présente le mot River ou le mot Money en
tant qu'amorce, alors Bank prendra spontanément le sens qui correspond à cette amorce, dans l'esprit des sujets. Une
expérience réalisée sur ce modèle démontra dans ces cas là que la reconnaissance de la phrase et du mot cible "Bank"
est à la fois plus rapide et plus directe, le sujet hésitant moins à donner le sens qu'il perçoit.
Un autre exemple plus délicat et interessant : lors d'une étude sur l'attention auditive, on présenta dans l’oreille
attentive, à la suite, les mots "girafe", "vouloir", "carton" puis "Vert/verre/vers" (comme il s'agit d'un son, ce sont tous les
mots homophones dont il pouvait revêtir le sens).
Si on ne présentait rien de spécial dans l’oreille inattentive, les sujets comprenaient le dernier mot dans
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