Quel rapport existe-t-il entre ces deux
sciences et la métaphysique? Selon
nombre d’aristotéliciens, parmi lesquels
Buonamici, le rôle de la métaphysique
n’est pas d’établir les fondements des
mathématiques, ni les bases de la philoso-
phie naturelle. Ces deux dernières, dans
leur autonomie, sont des sciences pré-
cieuses pour guider le savant vers la vérité, laquelle reste toutefois, pensent-ils,
non réductible aux démonstrations géométriques ou à la connaissance par les
sens. La vérité n’est extraite que de la connaissance des causes, des substances
universelles et de Dieu. Buonamici respecte l’autonomie des sciences propre-
ment dites par rapport à la métaphysique : il admet l’objectivité des savoirs
fondés sur les mathématiques et sur l’expérience sensible. Cependant, il place
la métaphysique au sommet de la connaissance.
Incompatibilité de la vérité et de la métaphysique
Il est dès lors facile d’identifier, dans les polémiques de 1604 autour de la
«nouvelle étoile», la raison de la querelle. L’existence de cette étoile ne remet-
tait pas en cause la primauté de l’expérience, bien ancrée dans les idées des
aristotéliciens les plus éclairés. En revanche, l’interprétation de l’existence de
la nouvelle étoile et la recherche de la vérité étaient incompatibles avec les
dogmes de la métaphysique.
Galilée, mathématicien et philosophe naturaliste, montre, par l’expérience
et par des mesures, qu’il existe dans le ciel une étoile variable, contraire au
concept métaphysique de l’intangibilité de l’essence des corps célestes ; dans sa
recherche de la vérité, Galilée s’attaque à la métaphysique. Selon lui, le méta-
physicien n’a pas l’apanage de la connaissance du monde, puisque le problème
métaphysique de l’essence est dénué de toute importance. Dans le Dialogo de
Cecco, il est dit que, pour mesurer la position d’un corps lumineux et détermi-
ner sa nature, étoile ou phénomène météorologique, l’astronome ne se soucie
pas de savoir si l’objet est d’essence céleste ou fait de vulgaire farine.
Étudions avec attention le problème posé. Matteo, l’un des personnages du
Dialogo de Cecco, n’enfreint aucune règle d’or lorsqu’il défend l’autonomie du
scientifique par rapport à la métaphysique. Cependant, il les enfreint toutes en
disant que, si le mathématicien démontre qu’il s’agit bien d’une étoile, alors
© POUR LA SCIENCE
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Le Théâtre anatomique
C
et amphithéâtre, construit à l’intérieur
du
Palazzo del Bo
(représenté ici
avant sa restauration), était utilisé, du
temps de Galilée, pour les cours d’anato-
mie. Les sciences médicales y étaient à
l’honneur, et de grands anatomistes, tels
Girolamo Fabrici d’Acquapendente, y
professèrent quelques années avant que
Galilée n’entreprenne ses études de
mécanique et d’astronomie. Padoue
accueillit également les enseignements du
Flamand André Vésale, auteur du célèbre
traité
De humani corporis fabrica
(1543) ;
durant la période où Galilée était à
Padoue, le physiologiste anglais William
Harvey y recueillit les connaissances bio-
logiques et médicales qui le conduisirent,
quelques années plus tard, à découvrir la
double circulation du sang.
Cortesia centro di Cinematografia Scientifica dell’Università di Padova