strictement régulée afin que ces cellules soient efficaces sans être dangereuses pour l’hôte. La
reconnaissance des cellules cibles infectées/stressées repose sur un système de détection qui est
composé de récepteurs inhibiteurs et activateurs (Fig. 3).
Les récepteurs inhibiteurs des cellules NK interagissent
avec les molécules du complexe majeur d’histocompatibilité
de classe I (CMH-I) qui sont constitutivement exprimé par
les tissus sains mais leur expression peut être diminuée à la
suite du stress causé par l’infection mais aussi à cause de
l’agent infectieux lui-même qui interfère avec le système de
présentation antigénique afin d’échapper à une
reconnaissance par les cellules T. Cette diminution du
nombre des molécules du CMH-I augmente le nombre de
récepteurs inhibiteurs non engagés ce qui diminue les
signaux inhibiteurs délivrés aux cellules NK et entraîne leur
activation. Les cellules NK expriment aussi divers
récepteurs activateurs comme les Killer cell immunoglobuline-like receptors (KIR) activateurs (KIR-S)
chez l’homme et les récepteurs Ly49 chez la souris, les récepteurs NKG2D et CD16 et les NCR
décrits précédemment. L’engagement de ces récepteurs fourni des signaux positifs aux cellules NK
et stimule leur activation (Fig. 3). Afin de mieux comprendre la régulation de la réactivité des cellules
NK, nous avons cherché à générer des souris mutantes qui présenteraient des défauts d’activation
des cellules NK lors d’une stimulation par des cellules tumorales. Pour cela, nous avons induit des
mutations de manière aléatoire à la suite de l’injection dans des souris d’un agent mutagène
chimique, le N-nitroso-N-éthylurée (ENU).
Résultats
Nous avons identifié une souris, appelée Noé, chez laquelle les cellules NK sont plus réactives face
à des cellules tumorales in vitro. Ce phénotype est intrinsèque aux cellules NK de la souris Noé et
nous avons montré que l’hyperréactivité de ces cellules permet une meilleure résistance des souris
lors d’infections virales. Le séquençage du génome complet de la souris Noé a révélé une mutation
dans le gène codant pour le récepteur NKp46. Cette mutation prévient l’expression de NKp46 à la
surface des cellules. Comme NKp46 était décrit comme étant un récepteur activateur des cellules NK
matures chez l'homme et chez la souris, il était surprenant d’observer que l’absence d’expression
d’un récepteur activateur à la surface des cellules NK puisse être responsable de leur
hyperréactivité. Cependant, grâce à une complémentation génétique des souris Noé par un
transgène NKp46 humain, nous avons pu démontrer que l’expression de NKp46 est nécessaire à la
calibration du seuil de réactivité des cellules NK. Nous avons ensuite montré que cette régulation
s’opère par l'intermédiaire de la baisse d’expression de Helios, un facteur de transcription (FT) de la
famille Ikaros connue pour réguler le seuil de
réactivité des lymphocytes T et B
(Fig. 4).
La régulation de l’expression de Helios par le
récepteur activateur NKp46 n’est pas sans
rappeler la régulation des FTs de la famille
Ikaros par le pre-TCR et le pre-BCR,
suggérant que le lignage lymphoïde utilise
des mécanismes similaires pour assurer leur
différentiation. Nous avons ensuite mis en
évidence que la régulation de l’activité des
cellules NK est cruciale pour le
développement ultérieur de la réponse
adaptative antimicrobienne primaire et la
génération de LT mémoires protecteurs.
Fig. 3: Balance des signaux inhibiteurs et
activateurs pour l’activation des cellules NK.
Fig. 4: L’engagement de NKp46 diminue l’expression de Helios et
calibre le seuil de réactivité des cellules NK.