
Enfin nous tenterons de caractériser, avant de conclure, la nature des pouvoirs qui anime
les Etats à l’exemple de l’Algérie qui est loin d’être un cas singulier (sauf éventuellement par
rapport aux ressources dont disposent le pays ) pour montrer en quoi le développement
socioéconomiques bute sur la réforme de l’Etat et du pouvoir politique et en déduire par voie
de conséquence les objectifs qui devraient présider à une authentique démocratisation des
régimes politiques en Algérie et au-delà en Afrique.
I / les fondements des reformes de l’Etat et du pouvoir :
la quête de la bonne gouvernance
1 – 1 / le nouveau paradigme du développement :
« Le développement humain durable »
Les échecs des politiques de développement Etatistes et de celles de l’ajustement
structurel, ainsi que le passage à l’économie de marché et la libéralisation des échanges
extérieurs (6) dans le cadre des contraintes de la mondialisation, expliqueraient
incontestablement l’exigence d’un nouveau paradigme du développement, accordant « la
priorité absolue à le réduction de la pauvreté, aux emplois productifs, à l’intégration sociale,
et à la régénération de l’environnement » (7).
La matrice de ce nouveau paradigme de développement ne peut être (8) que la
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui énonce que « Toute personne a droit à un
niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien être et ceux de sa famille, notamment
pour l’alimentation, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux
nécessaires : elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage
et de vieillesse ; ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de
circonstances indépendantes de sa volonté,… toute personne a droit à l’éducation. » (9) Il
s’agit de ce que traduit le concept de développement humain durable . Ce concept,
pluridimensionnel, englobe et dépasse toutes ces visées comme le souligne H.Bartoli « Il
analyse toutes les questions relatives à la société - croissance économique, échanges, emploi,
libertés politiques, valeurs culturelles, etc – du point de vue des individus. Il se concentre
donc sur l’élargissement des possibilités de choix et s’applique de la même manière aux pays
en développement et aux pays industrialisés » (10). Ce concept de développement humain
semble ainsi « comporter tous les éléments nécessaires à la substitution d’un nouveau
paradigme au néolibéralisme économique : démocratie, droits civiles et politiques, droits
économiques et sociaux, obligation pour l’Etat de mettre en valeur la ressource humaine,
équité, et, par l’accent qu’il met sur les priorités humaines, fournit un cadre de référence pour
tous les objectifs du développement économique »(11)
Cette conception impliquerait l’existence d’un dialogue social véritable, ouvert à
toutes les forces économiques et sociales ; ce dialogue étant lui-même l’une des garanties de
la « bonne gouvernance » qui est au principe de cette approche de développement
(6) K. BOUTALEB : « Du mythe socialiste à l’illusion libérale » EL-Wattan du 22/01/1992.
(7) « Rapport mondial sur le développement humain 1994. Economica ; Paris 1994, p.4 »
(8) Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : Art. 25/26
(9) H.BARTOLI : « Repenser le Développement » Economica (unesco) Paris 1999, p.2
(10) H.BARTOLI : « Repenser le Développement » p.3
(11) R.JOLLY cité par H.BARTOLLI : op. cité ; p.46