PRESSE AUDIOVISUELLE France Inter, 7 juin 2013 à 23h15 Studio théâtre Laure Adler invite Georges Lavaudant, à l’occasion de la création de Cyrano de Bergerac aux Nuits de Fourvière. FRANCE 3 ÎLE-DE-FRANCE, 3 octobre 2013 à 13h JT 12/13 Reportage Cyrano de Bergerac avec image de la capatation aux Nuits de Fourvière et entretien avec Georges Lavaudant. TV5 MONDE, 5 octobre 2013 à 16h JT Estelle Martin invite Georges Lavaudant. FRANCE CULTURE, 10 octobre 2013 à 12h La Grande Table Caroline Broué invite Georges Lavaudant à l’occasion de la mise en scène de Cyrano de Bergerac à la MC93, aux côtés de Jacques Weber auteur de Cyrano ma vie dans la sienne. FRANCE 2, 11 octobre 2013 à 13h JT Dans Si on sortait, Youssef Bouchikhi annonce Cyrano de Bergerac à la MC93. FRANCE CULTURE, 14 octobre 2013 à 21h La Dispute Joëlle Gayot et René Solis débattent autour de Cyrano de Bergerac. LCI, 16 octobre 2013 à 17h45 5à7 Michel Field invite Georges Lavaudant. FRANCE INTER, 16 octobre 2013 à 18h20 Jour de Fred Frédéric Mitterrand mène un long entretien avec Georges Lavaudant, autour de Cyrano de Bergerac et son parcours de metteur en scène. Europe 1, 17 octobre 2013 à 21h Social Club Frédéric Taddéi reçoit Marcela Lacub, Georges Lavaudant et Didier Pleux. France Inter, 18 octobre 2013 à 18h15 La Chronique de Stéphane Capron Critique et annonce de Cyrano de Bergerac. DÉPÊCHE Date : 07/06/2013 Pays : FRANCE Edition : Fil Gen Périodicité : Quotidien Surface : 53 % Mots : 359 Trois "Cyrano de Bergerac" sur les planches Paris, 7 juin 2013 (AFP) Trois "Cyrano de Bergerac", la pièce savoureuse d'Edmond Rostand, s'offrent dans les salles de théâtre cette saison, dont le seul point commun est évidemment le fameux nez qui orne le visage du personnage, incarné par trois acteurs de haut vol, Philippe Torreton, Patrick Pineau et Michel Vuillermoz. Crâne rasé et moustache tombante, Philippe Torreton s'est rendu méconnaissable pour interpréter le héros d'Edmond Rostand, à ses yeux "l'un des rôles les plus massifs" et "démesurés" du répertoire français, dans la pièce mise en scène par Dominique Pitoiset créée en février à Rennes avant une tournée qui l'amènera en mai 2014 au théâtre de L'Odéon à Paris. Le "Cyrano" de Pitoiset évacue tout contexte historique et plante son décor dans une salle d'hôpital psychiatrique. Néons, carrelage immaculé, mobilier fonctionnel. Dans un coin, un juke-box diffuse de la musique : Elton John, Queen, Alain Bashung, quelques morceaux classiques... Cyrano, vêtu d'un marcel et d'un bas de jogging, n'apparaît costumé qu'à la fin de la pièce, pour mourir. La scène Cyrano souffle à Christian les mots qui enflamment Roxane, est transposée à l'époque du du balcon, celle virtuel, webcam et écran géant en prime. A Lyon, au festival des Nuits de Fourvière, Georges Lavaudant propose pour sa part une lecture classique et très trône un bosquet. Ce "Cyrano" sous les étoiles, dans le cadre poétique de la pièce, campée dans un jardin magique des Théâtres romains de Fourvière, passe par tous les registres de la pièce, de la comédie au drame, avec une grande élégance. La pièce voyagera ensuite à Montpellier et sera reprise à la MC93 Bobigny à l'automne. Costumes de mousquetaire et humour bravache: le "Cyrano" incarné par Michel Vuillermoz est un succès phénoménal depuis sa création en 2006 à la Comédie-Française par Denis Poldalydès, pour qui la pièce est "un rêve de théâtre total, un mélange des arts et des genres: opéra-bouffe, tragédie, drame romantique, poésie symboliste, farce moliéresque". La création, récompensée par six Molières en 2007, est reprise à partir du 28 juin Salle Richelieu. mpf/fa/bg Afp le 07 juin 13 à 12 08. TX-PAR-EIB74 Date : 03/09/2013 Pays : FRANCE Edition : Fil Gen Périodicité : Quotidien Surface : 97 % Mots : 658 Une rentrée théâtrale pétillante sous le signe d'"Anna" et de Gainsbourg Paris, 3 sept. 2013 (AFP) Cécile de La fraîcheur pop des années 60 donne le "la" de la rentrée théâtrale, avec "Anna", une pièce musicale France tient le rôle tenu par Anna Karina dans un téléfilm de 1967 à la bande originale signée Gainsbourg. Aussi blonde qu'Anna était brune, Cécile de France est "absolument libre dans son jeu, absolument entière et franche", s'extasie le metteur en scène Emmanuel Daumas. Elle entonnera le 5 septembre "Sous le soleil exactement" au Théâtre du Rond-Point (puis en tournée en France, Belgique et Luxembourg). Daniel Auteuil tient la vedette avec Richard Berry au Théâtre de Paris dans la comédie "Nos femmes". L'heureux réalisateur de "Marius" et "Fanny" au cinéma rêvait d'une pièce avec Richard Berry. Eric Assous a écrit "sur mesure" cette histoire d'amitié entre Max et Paul, bousculée par un troisième ami qui leur annonce qu'il a tué sa femme. Toujours au Théâtre de Paris, "La société des loisirs" narre une soirée qui dérape entre un couple modèle et son s'illustre pour la première fois au théâtre l'humoriste Stéphane Guillon, avec Cristiana Reali. ami fêtard, Est-ce pour rattraper une année 2012 morose ? Le théâtre privé rivalise de comédies: dans "Nina", Mathilde Seigner fait tourner en bourrique mari et amant (Théâtre Edouard VII). Dominique Blanc est "La locandiera", la belle aubergiste de la pièce la plus enlevée de Goldoni (1752) au Théâtre de l'Atelier. Au Théâtre Saint-Georges, Pierre Palmade donne une suite au "Comique" avec "Le Fils du comique", et Amanda Lear sera forcément divine dans "Divina" aux Variétés. Le théâtre raffole de personnages historiques, tels le couple mythique de Zelda (Sara Giraudeau) et Scott (Julien Boisselier) Fitzgerald, au Théâtre La Bruyère, ou encore Sacha Guitry et Yvonne Printemps, dont Eric-Emmanuel Schmitt raconte les amours orageuses dans "The Guitry's" (Théâtre Rive Gauche). La grande histoire s'invite dans "Mensonges d'Etats" (Théâtre de la Madeleine), sur l'opération "Fortitude" qui devait faire croire à Hitler que le débarquement du 6 juin 44 n'était qu'une diversion. Le petit garçon sage des "Choristes", Jean-Baptiste Maunier, a déjà 23 ans: il incarne un interné psychiatrique manipulateur dans "La chanson de l'éléphant" au Petit Montparnasse. Du panache, parbleu !"Cyrano de Bergerac" mis en scène par Georges Lavaudant, qui a triomphé aux Nuits de Fourvière en juin, fait sa rentrée à la MC93 Bobigny (4-22 octobre), avant une tournée à Milan et dans toute la France. A la Comédie-Française, on attend avec impatience Hamlet incarné par Denis Podalydès (7 octobre au 12 janvier) et avec gourmandise "Le système Ribadier" de Feydeau (13 novembre au Vieux-Colombier). Le théâtre contemporain est à la fête avec trois pièces de Joël Pommerat, un des auteurs et metteurs en scène les plus créatifs de la scène française: "Au monde" et "Les Marchands" sont donnés en septembre à l'Odéon, et "La grande et fabuleuse histoire du commerce" aux Bouffes du Nord (9 octobre au 16 novembre puis en tournée). Le Festival d'Avignon débarque à Paris, avec "Par les villages", le beau texte de Peter Handke sur le monde ouvrier, porté à la scène par Stanislas Nordey avec Jeanne Balibar et Emmanuelle Devos (Théâtre de la Colline en novembre). D'autres créations d'Avignon sont reprises grâce au foisonnant Festival d'automne à Paris (13 septembre-12 janvier). L'énergie et le désespoir de l'Espagnole Angelica Liddell irradient dans "Todo el cielo sobre la tierra" (Odéon, 20 novembre). L'étrange et drôlatique "Swamp Club" de Philippe Quesne investit le Théâtre de Genevilliers en novembre. Parmi les pépites du Festival d'Automne, "Letzte tage" de Christoph Marthaler (25 septembre au théâtre de la se décida la Première Guerre mondiale. Un "portrait" Ville) met en scène la séance du Parlement de Vienne Bob Wilson propose une création ("The Old Woman") et deux reprises, le féérique "Peter Pan" et le mythique opéra de Philip Glass "Einstein on the Beach", créé en 1976. TX-PAR-MLU75 6 octobre 2013 «CYRANO DE BERGERAC» MIS EN SCÈNE PAR LAVAUDANT À BOBIGNY ET SCEAUX Patrick Pineau campe un Cyrano de Bergerac à la fois truculent, tendre et fier dans la version très poétique que donne Georges Lavaudant de la pièce mythique d’Edmond Rostand, à Bobigny jusqu’au 22 octobre, puis aux Gémeaux de Sceaux du 4 au 15 décembre. Sur scène, un bosquet magique se transforme à volonté en Tour de Nesle - où Cyrano vainc tout seul 100 vilains -, en balcon des amoureux ou en fortin où les fameux Gascons attendent l’assaut final. Un bosquet où l’on entend les cigales, les oiseaux, et qui rappelle le théâtre de plein air où le spectacle enchanteur de Lavaudant a été créé l’été dernier, au festival des Nuits de Fourvière. À Bobigny, le public, où figuraient de nombreux lycéens de cette banlieue populaire, était sous le charme pour les premières représentations ce week-end. Pas un alexandrin qui soit inaudible dans cette version classique sans être ennuyeuse une seconde, où on goûte chaque bon mot, chaque duel à fleuret moucheté, réel ou figuré. Lavaudant n’a pas cherché à transposer la pièce, à la sortir de son contexte. «Si je monte Cyrano, je dois accepter de me confronter à un texte populaire», explique-t-il. «Le brio, les mousquetaires, les duels, il y a un plaisir enfantin à cela», reconnaît-il. Et quel plaisir de voir virevolter les petits marquis, embrochés par un Cyrano plein de verve. Mais quelle tristesse dans ce coeur blessé, à jamais inconsolable d’être laid, et généreux au point de prêter son esprit à son rival, Christian, pour rendre heureuse la belle Roxane. Car «Cyrano» est une pièce triste, émouvante à pleurer, et Patrick Pineau est parfait dans le rôle du bravache qui cache ses larmes sous le «panache». Tous les rôles sont parfaitement tenus, de Roxane (Marie Kauffmann) à Christian (Frédéric Borie), et la troupe est toute entière au diapason. Une autre version, moderne celle-là, de «Cyrano de Bergerac», créée par Dominique Pitoiset en février dernier au Théâtre national de Bretagne, va reprendre en tournée à partir du 13 janvier à Bordeaux et dans toute la France, avant sa venue au Théâtre de l’Odéon à Paris du 7 mai au 28 juin 2014. Crâne rasé et moustache tombante, Philippe Torreton y incarne un Cyrano en marcel et jogging, dans un décor d’hôpital psychiatrique. Mais à la fin, c’est costumé que Cyrano apparaît pour mourir, «panache» oblige. PRESSE QUOTIDIENNE 2 juin 2013 Date : 07/06/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 33 Rubrique : Loisirs etSpectacles Diffusion : (190688) Périodicité : Quotidien Surface : 26 % Date : 11/06/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 29-30 Rubrique : L'événement Diffusion : 338618 Périodicité : Quotidien Surface : 81 % Date : 11/06/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 29-30 Rubrique : L'événement Diffusion : 338618 Périodicité : Quotidien Surface : 81 % Date : 11/06/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 29-30 Rubrique : L'événement Diffusion : 338618 Périodicité : Quotidien Surface : 81 % Date : 02/09/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 13 Rubrique : IDEES et DEBATS Diffusion : (121630) Périodicité : Quotidien Surface : 26 % Date : 05/09/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 28 Rubrique : L'événement Diffusion : 338618 Périodicité : Quotidien Surface : 15 % Date : 10/09/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 1-21 Rubrique : Culture Diffusion : 96262 Périodicité : Quotidien Surface : 93 % Date : 10/09/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 1-21 Rubrique : Culture Diffusion : 96262 Périodicité : Quotidien Surface : 93 % Date : 10/09/2013 Pays : FRANCE Suppl. : suppl. Page(s) : 7 Diffusion : (137831) Périodicité : Quotidien Surface : 8 % 3 octobre 2013 CYRANO PREND SES QUARTIERS À LA MC93 DE BOBIGNY Jusqu’au 22 octobre, la Maison de la Culture propose le classique d’Edmond Rostand incarné par l’épatant Patrick Pineau. L’occasion de (re)découvrir cette histoire d’amour impossible. On se souvient tous de Depardieu en Cyrano de Bergerac inégalable sur grand écran. Ou encore de Jacques Weber, qui campa sur scène mieux que personne le personnage tragicomique d’Edmond Rostand. Il faudra désormais compter avec Patrick Pineau. « Quand j’ai imaginé monter Cyrano avec Patrick Sommier, le directeur de la MC93 à Bobigny, j’ai tout de suite pensé le faire avec Patrick Pineau », raconte Georges Lavaudant, le metteur en scène. Et grand bien lui a pris. La pièce a déjà reçu un triomphe en juin dernier devant le public lyonnais à l’occasion des Nuits de Fourvière. Le spectacle alors joué à ciel ouvert a été transposé sur la scène de la Maison de la Culture du 93 avec brio. « J’ai voulu recréer en intérieur la poésie qu’offre le plein air », précise l’artiste également concepteur des jeux de lumière. Ambiance feutrée, propice aux jeux d’ombre et à la lecture de lettres d’amour sans que l’auteur ne soit reconnaissable. Le décor simple accueille un arbre en son centre qui deviendra balcon au coeur de la pièce, au-dessous duquel Christian — interprété par Frédéric Borie — dira les mots doux de Cyrano. Ou bien est-ce le contraire? Pineau fait vibrionner ses 1 600 alexandrins Sur scène, dix-sept comédiens se donnent les répliques connues, souvent drôles, parfois tristes aux larmes, telles la scène finale où Roxane comprend l’incroyable supercherie. Las, trop tard. Patrick Pineau qui porte à lui seul les deux tiers du texte — réduit par le metteur en scène à seulement 2 heures et demie de spectacle — fait vibrionner ses 1600 alexandrins. Affublé d’un nez magistral, tour à tour frondeur et polisson, Patrick Pineau a des accents de Belmondo dans « Le Guignolo ». Face à lui, Marie Kauffmann, en Roxane, ne dépareille pas. À la gouaille gasconne, elle répond tendresse et force de caractère. Nombres sont les trouvailles de jeux d’acteur amusantes. Parmi elles, ces deux sots de petits marquis à la perruque orange qui reviennent en fil conducteur tout au long du spectacle. Ils prêtent souvent à sourire et permettent ainsi de dédramatiser quand l’intrigue de cette histoire d’amour impossible devient trop difficile, lorsque « décembre entre à pas de loup dans la chambre » de Cyrano, confie-t-il sa solitude à sa Roxane, trop tard, la camarde étant déjà passée.` Marie-Pierre Bologna Date : 05/10/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 45 Rubrique : Guide culture Périodicité : Hebdomadaire Surface : 12 % Libération Week-end 9 octobre 2013 CYRANO DE BERGERAC AVEC TOUT SON PANACHE À BOBIGNY ET À SCEAUX CULTURE – Cyrano de Bergerac sera tout l’automne sur les planches d’Ile de France dans une mise en scène de Georges Lavaudant déjà présentée à Lyon… «Si je voulais, je pourrais remplir la salle Richelieu en proposant Cyrano de Bergerac pendant six mois, mais cela n’honorerait pas mon souci pédagogique et culturel », déclarait Muriel Mayette, administratrice de la Comédie Française à La Croix en 2007. La pièce ne restera pas à l’affiche six mois à la Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis à Bobigny mais elle y est jusqu’au 22 octobre. Dans une mise en scène de Georges Lavaudant, l’ex directeur du théâtre de l’Odéon. Elle sera ensuite jouée au théâtre des Gémeaux à Sceaux du mercredi 4 au dimanche 15 décembre. On y retrouve un Cyrano qui fait autant rire que pleurer incarné par Patrick Pineau. Georges Lavaudant explique à 20 minutes pourquoi Cyrano, joué pour la première fois au public en 1897 plait toujours autant. Cyrano est trop connu pour qu’il y ait encore des spectateurs qui découvrent la pièce sur scène, non ? A 90% ils savent qu’il y a un personnage avec un grand nez et une tirade sur ce nez. Mais l’histoire est moins connue même si le film de Jean-Claude Rappeneau l’a vraiment repopularisé. On croit la connaitre mais il y a toujours des détails qu’on découvre. Pourquoi Cyrano a-t-il autant de succès ? C’est une pièce brillante, belle, le langage est très riche, et le personnage extravagant. C’est le personnage qui est central ? Une pièce c’est souvent un grand personnage. Le Cid, Hamlet, Lorenzaccio. Il faut un personnage qui fascine. Mais au-delà l’histoire est aussi très romanesque, c’est une histoire d’amour, de mensonges. Cela tombe bien parce que le public est plutôt jeune à Bobigny ? Cyrano est un texte populaire. Il y a des mousquetaires, des duels , qui provoquent un plaisir enfantin. Vous avez choisi Patrick Pineau. C’est capital pour une pièce comme ça le choix de l’acteur? C’est un peu comme pour Hamlet. Chaque metteur en scène se projette et choisit son Cyrano. Il y en eu quand même quatre ou cinq, de très, très haut niveau. Philippe Torreton, Gérard Depardieu, Jacques Weber. La pièce a souvent été magistralement interprétée. Et le nez, comment choisit-on sa forme, sa longueur? Ah, désormais on part du vrai nez de l’acteur et on se dit voilà s’il avait un nez plus grand ce que ça donnerait. Mais à l’origine Cyrano avait toujours un nez en trompette. Lorsque j’ai monté la pièce en Russie, ils tenaient à ce que Cyrano ait ce grand nez en trompette, ils voulaient conserver la tradition ! Alice CoffiN 14 octobre 2013 LE NEZ AU VENT DE LA MÉMOIRE La chronique théâtre de Jean-Pierre Léonardini Georges Lavaudant s’est attaqué à Cyrano de Bergerac, le fameux drame héroïque en cinq actes et en vers d’Edmond Rostand (1868-1918) qui revient en force (1). Signe des temps. L’œuvre n’est-elle pas depuis sa création, en 1897, le gage sûr d’un succès populaire ? On s’use la mémoire à répertorier ceux qui, depuis Coquelin, ont chaussé le nez pléthorique du héros (derniers en date, Michel Vuillermoz au Français sous la houlette de Denis Podalydès et Philippe Torreton chez Dominique Pitoiset), sans compter le cinéma, où Depardieu a doté le rôle de toute son âme poétique et de tout son poids de viande humaine. Aujourd’hui, c’est Patrick Pineau, dans une version textuelle allégée par Lavaudant et Daniel Loayza (dramaturgie), au sein d’un décor de Jean-Pierre Vergier. Inauguré en plein air aux dernières Nuits de Fourvière, le spectacle, en ce décor, porte la trace d’une économie de grand vent. Des murs à mi-hauteur cernent le plateau vaste, nanti en son centre d’un promontoire d’aspect rocheux et végétal, à la fois belvédère, balcon pour amants et tour de guet. C’est très simple. Les costumes (Vergier encore), de bonne coupe, ont de l’allure. Quant à l’esprit de l’entreprise, il semble bien procéder d’une méfiance certaine envers la rhétorique flamboyante de Rostand, cocardière, hâbleuse, truffée d’effets faciles. De l’Hugo, rayon en dessous. Dès l’origine, les nasardes n’ont pas manqué. Rémy de Gourmont n’a-t-il pas parlé des « plus mauvais vers dont s’afflige la langue française » ? L’étonnant est que Jules Renard, expert en laconisme, ait pu écrire : « Rostand est bien le seul à qui je reconnaisse une supériorité rayonnante. Il a des ailes, et nous rampons. » À Mauriac, plus tard, revint le dernier mot : « Rostand parfois se hausse jusqu’à tenir avec convenance l’emploi d’interprète officiel de la nation. Il fut un très suffisant poète de circonstance. » Il est clair que les défauts de la pièce (la galéjade, l’enthousiasme troupier…) gênent Lavaudant. D’où l’amincissement de la fable, le tour dansant et chaplinesque du jeu de Pineau, les petits ballets ici et là. Faut-il avoir un peu honte de donner à voir, entendre, ici et maintenant, ce roulement de tambour de passions grandiloquentes (l’amour par procuration, la bonté et le courage absolus, l’héroïsme entonné au clairon métaphorique) ? Ne vaut-il pas mieux porter à l’excès le panache requis en son entier, sans se priver de l’émotion, fût-elle d’ordre sensiblement mélodramatique ? C’est affaire de goût. Gilles Arbona très bon en de Guiche, changeant à souhait. Olivier Cruveiller fait un Ragueneau savoureux. L’année qui vient est celle du centenaire de la naissance de Marguerite Duras. On doit s’attendre à un déferlement de manifestations à son sujet. La comédienne Claire Deluca, qui a joué sous sa direction plusieurs de ses pièces, a réuni des extraits de ses textes dramatiques sous le titre Duras la vie qui va (2). Elle les livre avec Jean-Marie Lehec, tous deux signant la mise en scène dans le plus simple appareil (deux chaises hautes). Ce sont des petits riens inspirés de la vie quotidienne, dont Duras sut tirer tout le sel. Quelque chose à la fin des Diablogues de Dubillard ; autant d’incursions malignes sur un territoire d’absurdie, contées avec gourmandise. (1) MC93 de Bobigny jusqu’au 22 octobre, grosse tournée ensuite, jusqu’au 14 février 2014, via Milan, Nantes, Forbach, Chalon-sur-Saône, Sceaux, Sénart, Perpignan, Marseille, Amiens, Châlons-en-Champagne, Théâtres en Dracénie (Var), Béziers et Mulhouse. (2) Théâtre de Poche Montparnasse (à 19 h 30, 15 h 30 dimanche) jusqu’au 10 novembre. Date : 16/10/2013 Pays : FRANCE Suppl. : Figaro Scope Page(s) : 31 Rubrique : THEATRE Diffusion : 338618 Périodicité : Quotidien Surface : 71 % Date : 20/10/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 37 Diffusion : (267144) Périodicité : Hebdomadaire Surface : 4 % PRESSE HEBDOMADAIRE Date : 03/01/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 84-88 Rubrique : Arts Spectacles Diffusion : (535604) Périodicité : Hebdomadaire 0274F8645C204F0870331699270A15860A706128F1573D8B2A7F545 Date : 03/01/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 89 Rubrique : Arts-spectacles Diffusion : (535604) Périodicité : Hebdomadaire Date : 07/02/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 106-108 Rubrique : Arts-spectacles Diffusion : (535604) Périodicité : Hebdomadaire Date : 07/02/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 106-108 Rubrique : Arts-spectacles Diffusion : (535604) Périodicité : Hebdomadaire Date : 07/02/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 106-108 Rubrique : Arts-spectacles Diffusion : (535604) Périodicité : Hebdomadaire Date : 11/09/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 56 Rubrique : rentrée scènes Diffusion : 39112 Périodicité : Hebdomadaire Surface : 54 % Date : 26/09/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 13 Rubrique : Culture Périodicité : Hebdomadaire Surface : 47 % Date : 27/09/2013 Pays : FRANCE Suppl. : Bougez Page(s) : 19 Rubrique : Du côté de la seine saint denis Diffusion : (4592139) Périodicité : Hebdomadaire Surface : 20 % 12 octobre 2013 Date : 16/10/2013 Pays : FRANCE Suppl. : sortir Page(s) : 20 Diffusion : 642647 Périodicité : Hebdomadaire Surface : 10 % PRESSE MENSUELLE Date : 01/10/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 36 Diffusion : (76300) Périodicité : Mensuel Surface : 31 % Date : 01/10/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 36 Diffusion : (76300) Périodicité : Mensuel Surface : 31 % Date : 01/09/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 19 Diffusion : (76300) Périodicité : Mensuel Surface : 14 % Date : 05/09/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 14 Périodicité : Trihebdomadaire Surface : 57 % WEBZINE 7 juin 2013 AVEC PANACHE ! Beau lancement des Nuits de Fourvière avec un Cyrano de Bergerac sensible et juste monté par Georges Lavaudant, qui fait ici démonstration de son exigence artistique. Et Patrick Pineau est magnifique dans le rôle-titre. Le temps était (miracle !) de la partie : le ciel était étoilé et la température se prêtait au théâtre en plein air… Le décor du petit amphithéâtre, L’Odéon, se prête de plus fort bien aux aventures chevaleresques, aux duels et autres embuscades dans la nature des cadets de Gascogne… À l’intérieur de ce décor naturel magnifique, celui imaginé par Jean-Pierre Vergier, plutôt minimal, est d’une grande efficacité. Georges Lavaudant, aux lumières, sa passion de toujours, le transforme, avec une pointe d’ironie, à chaque changement d’acte, en palais féerique façon Disneyland… Plusieurs Cyrano de Bergerac rivalisent sur les planches ces temps-ci. Aussi était-on fort curieux de savoir ce qu’allait donner celui-ci… D’autant que, par le passé, de nombreuses interprétations ont marqué les mémoires. Et que le personnage, tout comme la pièce qui porte son nom, est devenu un mythe dont on connaît les répliques fameuses : la tirade du « nez » est en effet un exercice redouté et celle des « non merci » qui lui succède un morceau de bravoure, une déclaration romantique que n’auraient désavouée ni Ruy Blas ni Don Quichotte… Car Cyrano est d’abord un héros romantique. Desservi par un physique (et surtout par un nez) si ingrat que cet homme courageux pour ne pas dire téméraire, fier pour ne pas dire ombrageux, portant sur les petitesses du monde un regard sans complaisance, tremble comme un enfant devant le regard de celle qu’il aime, devient faible au point de céder à tous ses désirs et naïf… Un héros romantique, alliant grotesque et grandeur Ce vaillant et rude soldat est en effet amoureux en secret et sans espoir de Roxane, qui va le choisir pour confident de ses propres amours pour un jeune homme charmant, mais de si peu d’épaisseur… qu’il va demander à Cyrano d’écrire ses lettres à sa dulcinée en son nom. Et voilà comment le personnage devient l’intermédiaire indispensable aux deux tourtereaux, tissant son propre échec, mais aussi trouvant là exutoire à ses épanchements… Le drôle est que Roxane va finir par aimer l’auteur des missives sans savoir qui il est. La mort de Christian cèlera la supercherie. Et notre héros mourra dans les bras de sa bien-aimée aux yeux enfin mais trop tard dessillés. L’interprétation de Patrick Pineau, quelque peu déconcertante au début, fait de Cyrano un personnage de comédie qui fait rire de lui-même pour éviter qu’on s’apitoie. Cyrano joue la grande gueule, cultive son style décalé, toujours prêt à en découdre pour l’honneur, mais se moquant de lui-même d’abord avant de devenir l’objet de moqueries… Dans le même temps, sous cette carapace de clown gueulard, se cache une âme généreuse, un naïf, un Don Quichotte qui croit encore aux rêves et vit de chimères. Patrick Pineau en fait un héros attachant et complexe, et sa prestation, constamment juste, suit les grandes transformations à l’œuvre chez son personnage qui font de l’histrion du départ un personnage tragique. Toute la distribution, très homogène, est d’ailleurs remarquable. Et le mérite en revient à Georges Lavaudant qui, tout en signant ici une mise en scène somme toute assez classique, montre son habileté à diriger les acteurs ainsi qu’à imposer à la pièce un rythme qui fait qu’on ne s’ennuie pas un instant. On vibre au contraire à cette histoire, et surtout l’on se délecte d’entendre aussi bien dite la belle langue d’Edmond Rostand. ¶ Trina Mounier Tournée : – Du 15 juin au 17 juin 2013 : Printemps des comédiens à Montpellier – Du 4 octobre au 22 octobre 2013 : M.C.93 à Bobigny Date : 07/06/2013 Pays : FRANCE Surface : 110 % Mots : 741 > Lire cet article sur le site web Nuits de Fourvière à Lyon : Cyrano, ce zéro magnifique Après Michel Vuillermoz et Philippe Torreton, Patrick Pineau fait des prouesses avec le pif de Cyrano. Une mise en scène de Georges Lavaudant qui ouvre avec panache le festival des Nuits de Fourvière. Des Cyrano comme s´il en pleuvait. La pièce d´Edmond Rostand, jouée pour la première fois en 1897, n´en finit plus de retrouver une nouvelle jeunesse sur les plateaux de France. la fin du mois de juin, Michel Vuillermoz enfile à nouveau le nez du Gascon pour fouler la Salle Richelieu de la Comédie-Française - la mise en scène de Denis Podalydès fait salle comble depuis sa création en 2006. Au début de l´année, c´est Philippe Torreton, cr'ne rasé et moustache tombante, qui partait en tournée sous la direction de Dominique Pitoiset, en Cyrano moderne, pensionnaire d´un asile de fous. Aujourd´hui, le metteur en scène Georges Lavaudant et l´acteur Patrick Pineau relèvent le défi à l´Odéon, thé'tre romain à ciel ouvert, en haut des collines de Fourvière qui surplombent Lyon. Grande gueule et fine lame Comme s´il n´y avait déjà pas de quoi se casser les dents sur ce gros morceau (pas moins de 1600 vers pour le rôle titre), le comédien se coltine le plein air. Les répétitions, sous les trombes d´eau d´un printemps pourri, n´ont rien eu d´une partie de plaisir. Heureusement, mardi 4 juin, le soir de la première, la nuit est douce et étoilée. Les trois coups résonnent et le piètre acteur Monfleury peut déclamer ses vers de mirliton à l´Hôtel de Bourgogne. Cyrano n´est alors qu´une voix tonitruante, en coulisses. Pineau a du coffre et de la gouaille. Son Cyrano de l´acte I est truculent, grande gueule et fine lame. Et bien entouré. La distribution est homogène, chacun, dans sa partie, tire son épingle du jeu. Roxane (Marie Kauffman), Gilles Arbona (De Guiche), Frédéric Borie (Christian), Olivier Cruveiller (Ragueneau) ou encore François Caron (Le Bret), tous suivent dans l´aventure un Lavaudant qui ne prend pas la « comédie héroïque en cinq actes » de Rostand avec des pincettes. Bruitages, musique hollywoodienne, projections vidéo au sol... Et malgré la quasi absence de décor (le balcon est bien là), le site de Fourvière fait le reste : Cyrano est une pièce à grand spectacle et son héros, comme son nez, n´admet pas la médiocrité ni la petitesse. Esprit français, es-tu là ? Mais Cyrano, justement, n´est pas qu´un bretteur h'bleur. Un costume sombre ne suffit pas à montrer son côté obscur, il revient au comédien de faire sentir les nuances du personnage. Patrick Pineau a le talent et la palette pour jouer ses fêlures . Le coeur blessé de l´amoureux malheureux. La mélancolie du seul contre tous qui confine à la misanthropie - la superbe tirade des « non merci » montre à quel point Cyrano est un cousin d´Alceste. Le perdant magnifique, le panache de celui « qui fut tout et qui ne fut rien ». C´est ce cocktail qui en fait l´incarnation de l´ « esprit français », un esprit qui échappe à toute définition univoque. Et qui fait triompher Cyrano, valeur refuge autant que héros en crise, sur les scènes françaises en 2013. Aux Nuits de Fourvière , jusqu'au 12 juin. En tournée : 15 au 17 juin : Le Printemps des Comédiens, Montpellier / 4 au 22 octobre : MC93, Bobigny / 26 au 31 octobre : Piccolo Teatro, Milan (Italie) / 7 au 16 novembre : Le Grand T, Scène conventionnée Loire-Atlantique, Nantes / 27 au 30 novembre : l´Espace des Arts, Scène nationale de Chalon-sur-Saône / 4 au 15 décembre : aux Gémeaux, Scène Nationale, Sceaux / 17 au 20 décembre : Scène nationale de Sénart / 9 au 11 janvier 2014 : Thé'tre de l´Archipel, Scène nationale de Perpignan / 15 au 18 janvier : La Criée, Thé'tre national de Marseille / 22 au 24 janvier : Maison de la Culture d´Amiens / 6 au 9 février : Sortie Ouest, Béziers / 12 au 14 février : La Filature, Scène nationale de Mulhouse. « Nuits de Fourvière à Lyon : Cyrano, ce zéro magnifique » Soyez le premier à ajouter cet article à vos favoris Ajouter à mes favoris Votre espace personnel sur Evene.fr vous permet de découvrir du contenu culturel qui vous correspond. Accédez à votre espace personnel L'espace personnel, c'est un moteur de recommandations selon vos Ajouter à mes favoris 0 Twitter <h2 . http://www.evene.fr/theatre/actualite/nuits-de-fourviere-a-lyon-cyrano-ce-zero-magnifique-2100276.php 30 septembre 2013 CYRANO M’ÉTAIT CONTÉ Georges Lavaudant s’empare de la pièce d’Edmond Rostand avec une finesse qui fait mouche, réussissant une de ses meilleures mises en scène. Du grand art servi par un Patrick Pineau impeccable dans le rôle du héros au grand nez. Il y a des textes tellement célèbres que leur réputation les précède. Un peu comme le nez de Cyrano, que lui-même compare à un monument, la pièce d’Edmond Rostand évoque ces sites pittoresques indiqués dans les guides touristiques avec la mention “vaut le détour”. Mettre en scène Cyrano de Bergerac consiste en quelque sorte à visiter un paysage connu. Suivez le guide. Surtout quand celui-ci s’appelle Georges Lavaudant et que visiblement le Gascon l’inspire comme on a pu s’en rendre compte lors de la création de ce spectacle en juin dernier au festival des Nuits de Fourvière. Le premier danger avec ce genre de texte au style coloré, c’est d’en faire trop en se laissant emporter par l’emphase. Un écueil que Patrick Pineau dans le rôle de Cyrano évite soigneusement, dosant son jeu à la façon d’un chanteur qui ne donne jamais toute sa voix mais la module au contraire. Cette légère retenue accentue du coup le côté chevaleresque du personnage. Poète au cœur tendre ? sang chaud ? susceptible ? excessif ? oui ; mais jamais ridicule. Car le ridicule est pour les autres, les opposants, l’entourage, le contexte. Lavaudant les montre compassés, empesés, précieux avec juste la bonne touche. Il construit un tableau d’ensemble où chacun joue impeccablement sa partition. L’œil peut glisser de l’un à l’autre, c’est une galerie vivante très réussie. Pas un détail n’est laissé au hasard. Il se dégage du coup une dynamique collective faite d’interactions qui fonctionnent à tous les niveaux. Jusqu’au décor en forme de mur végétal avec au centre un buisson de cyprès à l’italienne dont l’aspect tordu a quelque chose de comique. La parodie est partout dans Cyrano, le vers et la rime y sont à la fois utilisés avec le brio que l’on sait et moqués. Les poètes s’empiffrent de pâtisserie et parlent la bouche pleine. Tandis que le héros a “des fourmis dans son épée”. Le temps a sans doute ajouté à ce côté parodique tout en accentuant la dimension sentimentale. La pièce est devenue une mascotte. Le coq gaulois au grand cœur, prompt à tirer l’épée, mais capable d’une abnégation à la limite du masochisme y titille un goût de l’autodérision peut-être typiquement latin. La scène, célèbre entre toutes, du balcon où Cyrano se fait le ventriloque de son rival au lieu de le combattre lui accordant ainsi les faveurs de Roxane produit un sentiment mitigé. En triomphant, Cyrano perd l’objet de sa victoire. L’imaginaire foisonnant du poète dont témoigne le merveilleux récit du voyage dans la Lune est contrebalancé par son échec amoureux. Dans l’excellente préface de l’édition Folio, Patrick Besnier écrit : “Aux rimes extravagantes, aux rythmes déchiquetés, Rostand ajoute les scènes d’ensemble, d’une écriture quasi musicale et qui semblent irréalisables à la scène (Cyrano est largement une pièce à lire).” On ne saurait trop recommander à ce spécialiste d’Alfred Jarry et de Raymond Roussel d’aller voir la mise en scène de Georges Lavaudant. Cela lui fera certainement changer d’avis. Hugues Le Tanneur Date : 04/10/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 4 Périodicité : Quotidien Surface : 3 % Date : 04/10/2013 Pays : FRANCE Surface : 14 % Mots : 96 > Lire cet article sur le site web Tendre Cyrano Tendre Cyrano, Théâtre, Musique, DanseIl est drôle, attendrissant, querelleur et violemment sympathique... Patrick Pineau endosse avec brio les habits de Cyrano de Bergerac. Le spectacle créé cet été à Lyon (Nuits de Fourvière) par Georges Lavaudant est de facture classique, mais il tire la pièce d'Edmond Rostand vers la poésie ? Bobigny, MC93 (01 41 60 72 72) du 4 et la féerie. Reprise de ce joyau du répertoire à Bobigny et à Sceaux. au 22 octobre. Sceaux, du 4 au 15 déc. Web : retrouvez la critique à la création sur lesechos.fr/lifestyle Date : 04/10/2013 Pays : FRANCE Surface : 68 % Mots : 460 > Lire cet article sur le site web Reprise: Cyrano dans les étoiles Cyrano dans les étoiles, Théâtre, Musique, DanseDeux « Cyrano» dans la même saison : Pitoiset-Torreton versus a pas deux spectacles plus différents et Lavaudant-Pineau ! On évitera le jeu des comparaisons. Parce parce que les deux comédiens incarnant le fier Gascon sont également époustouflants. Les théâtreux qui avaient plébiscité la version radicalement décalée (dans un hôpital psy) de Dominique Pitoiset, à Rennes et à Bordeaux, la lecture plus classique, mais poétique et fine, de Georges Lavaudant aux Nuits de devraient aussi Rostand démarre sur les chapeaux de roue. La fameuse scène du nez vient Fourvière, à Lyon.La pièce va assister ou non à un grand « Cyrano ». Sous les étoiles de la nuit très tôt et on sait tout de suite si appendice au cordeau, brille dès ses premiers mots. En une tirade, il est lyonnaise, Patrick Pineau, affublé tout Cyrano. Drôle, attendrissant, querelleur et violemment sympathique : le panache incarné - étalé avec ardeur et fou, le poète ivre de vers, tour à tour truculent et timide. A sa mort, clarté. Il sera le soldat et le galant, au dernier acte, il bouleverse sans cabotiner ou hausser la voix. Héroïque parce que profondément humain.Georges Lavaudant réinvente la pièce de Rostand comme un rêve. Un conte et légende bravache traité sur le mode quasi fantastique. On est dans un monde-jardin, féerique, façon Tim Burton. Au beau milieu, un drôle de bosquet en forme de flamme figure théâtre de verdure, maison de princesse (Roxane), tour de guet et arbre Lumières et vidéos-lanternes magiques barbouillent odéon de rayons de lune, flash entre les actes, sur fond de musique de de Paris et de champs de bataille. Les reliefs du décor se frangent esprit de liberté, et française flotte sur ce spectacle, au-delà de la film de cape et à fond dans ce délire romantique, entourant convention. Vêtue de costumes chatoyants, toute la troupe avec allégresse leur héros de Bergerac. Roxane (Marie Kauffmann) est douce et forte, Christian (Frédéric Borie), vif et touchant, De Guiche (Gilles Arbona), atrocement noir et drôle... Les alexandrins sonnent comme du de Rostand, même des vers oubliés dits par les seconds rôles. La vif-argent. On entend tout de fluidité de la mise en scène qui passe subtilement de la comédie au drame rend le classique aérien, céleste... La impossible, la droiture sans faille, le courage sans fin : apprivoisé par Patrick Pineau, solitude assumée, Rostand. Mise en scène de Georges Cyrano devient accessible étoile. CYRANO DE BERGERAC 22 octobre. Sceaux, Les Gémeaux (01 46 61 36 67), du 4 Lavaudant. Bobigny, MC93, (01 41 60 72 72) au 15 décembre. Durée : 2h30. Date : 06/10/2013 Pays : FRANCE Surface : 48 % Mots : 321 > Lire cet article sur le site web Cyrano de Bergerac Fidèle à sa réputation de faiseurs d'images, Georges Lavaudant met en scène un Cyrano de Bergerac aussi visuel qu'iconoclaste. Jusqu'au 22 octobre à la MC 93, puis aux Gémeaux du 4 au 15 décembre. uel défi pour un metteur en scène de s'emparer de Cyrano ! Il en faut du coffre pour faire vivre ce monstre sacré. 2 600 vers (dont 1 600 pour le rôle-titre) pour explorer le personnage, servir une langue sublime, déployer des tirades archi-célèbres, le tout sans tomber dans le déjà-vu. Georges Lavaudant et ses comédiens y parviennent haut-la-main.Cyrano de Bergerac, c'est d'abord une énorme machine. Une foule de comédiens, des décors à foison. Lavaudant contourne habilement l'obstacle. Tout se passe autour d'un texte resserré et d'un arbre magistral, tour à tour scène de théâtre, balcon au baiser, tour de guet. Le plateau, lui, est épuré, plongé dans un clair-obscur baigne l'ambiguïté fondamentale de Cyrano. Le comédien Patrick Pineau part à l'assaut de ce personnage virevoltant, au panache si français. Il compose un poète provocateur, une bête virile, une âme sensible. Moqueur véhément, excessif, brutal et cultivé, finalement si unique et si grandiose, voilà Cyrano qui s'incarne sur scène. Et même si parfois, l'énergie du jeu est trop vite changeante, on s'incline devant la ferveur et l'engagement du comédien. Face à lui, Marie Kauffmann est une Roxane espiègle et charmante, à l'opposée de la trop précieuse Anne Brochet dans le Cyrano de Rappeneau. Tout en sensualité mutine, Marie Kauffmann porte à merveille cette robe qui passe dans la vie d'un homme défiguré.Dans la salle, le public hétéroclite de Bobigny est ravi. Il y a beaucoup de jeunes et d'enfants. Chacun rit, s'emballe et pleure devant ce spectacle pourtant exigeant. Là est sans doute la grande réussite de Lavaudant. Il a ramené une pièce devenue un classique à sa vocation populaire, sans rien lui faire perdre de sa grâce et de sa majesté. 6 octobre 2013 CYRANO DE BERGERAC Tragi-comédie de Edmond Rostand, mise en scène de Georges Lavaudant, avec Gilles Arbona, Astrid Bas, Frédéric Borie, Marina Boudra, David Burrsztzin, François Caron, Olivier Cruveiller, Stéphane Czopek, (Laurent Manzoni en alternance), Maxime Dambrin, Loïc-Emmanuel Deneuvy, Marie Kauffmann, Patrick Pineau, Emmanuelle Reymond, Julien Testard, Bernard Vergne, Pierre Yvon et Alexandre Zeff. Comédie héroïque constituant un des morceaux de bravoure du Répertoire auquel nombre de metteurs en scène et de comédiens versés dans «le classique» veut se confronter, «Cyrano de Bergerac», ressortit de la commedia dell’arte, de la comédie de cape et d’épée et du drame romantique. Son auteur, Edmond Rostand, enfilant la robe de chambre de Molière, la redingote de Victor Hugo et le gilet de Théophile Gautier, a créé un personnage syncrétique «monstrueux» qui tient du héros picaresque au complexe de Quasimodo et du flamboyant Capitaine Fracasse, un Don Cesar de Bazan grotesque et sublime doublé d’un bretteur gascon irascible et d’un amant romantique transi qui vivra par procuration son amour pour une précieuse. Aussi faut-il du souffle pour monter cette pièce fleuve en cinq actes, aux lieux multiples et au nombre pléthorique de personnages. Georges Lavaudant, avec la collaboration de Daniel Loayza pour la dramaturgie, réussit l’opération avec dix-huit acteurs sur scène et livre un grand spectacle ressortissant du «son et lumières», un spectacle tous publics idéal pour les représentations estivales en plein air dans le jardin des châteaux les soirs d’été. Sur le plateau encadré de palissades recouvertes de fausse pelouse, Jean-Pierre Vergier, qui signe également, en pratiquant le mélange des époques, les costumes particulièrement soignés, a créé une «machinerie» simple et ingénieuse consistant en un élément central tournant, un buisson de cyprès à la forme de château végétal qui, au fil de l’action, transforme la scène en jardin, en champ de bataille et en clôitre transforme au gré de l’action s scènes en château de la belle, en tour de guet ou eehuet et Toute la partition repose - et s’articule - autour du comédien interprétant le rôle-titre soutenu par le jeu choral des autres officiants parmi lesquels se démarquent Gilles Arbona dans le rôle du rival le comte de Guiche et Olivier Cruveiller dans celui du restaurateur Ragueneau. Frédéric Borie est parfait dans le rôle du sot et bel amoureux et la blonde Roxane est interprétée par la brune Marie Kauffmann. Dans le rôle de Cyrano, Patrick Pineau, qui, même si parfois le texte pâtit de sa volubilité pour déjouer les pièges de la rime, assure, en évitant tout numéro d’acteur, une belle prestation pour incarner un personnage quasiment parodique et lui insuffler une réelle humanité. MM 7 octobre 2013 “CYRANO DE BERGERAC” : LA PROFONDEUR DE LA SURFACE Ses bons mots enchantent l’oreille et ravissent l’esprit : interprété par Patrick Pineau dans une mise en scène de Georges Lavaudant, Cyrano de Bergerac charme avec ses tirades, sur la scène à la MC93, à Bobigny. Une représentation lyrique et amusée de « l’esprit français ». Galant affublé d’un nez grotesque, séducteur sans beauté, Cyrano le Gascon masque sa blessure derrière l’éclat d’une langue déliée. Avocat de la beauté du geste, monstre baroque vivant de bons mots, bretteur et poète, Cyrano, sans cesse en représentation, incarne un trait de « l’esprit français » : panache au service de la forme, pour la beauté du geste car il en est convaincu: « on ne se bat pas dans l’espoir du succès ! Non ! non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile ! » Georges Lavaudant et Patrick Pineau l’ont bien compris. Ce dernier cultive un jeu tout en tension, pris entre le spectacle et la retenu. Il incarne ce rôle ardu avec vigueur, et s’il peut s’essoufler au fil des tirades, il parvient à exprimer puissamment la fragilité qui parcourt les morceaux de bravoure du Gascon, découvrant derrière ces excès drolatiques la pesanteur de l’existence, cachant sa pudeur sous « un masque d’obscénité ». Georges Lavaudant, épaulé de Jean-Pierre Vergier, dépouille le décor et la scénographie pour ne garder de ce théâtre dans le théâtre, de cette représentation représentée, qu’un bosquet-balcon, servant autant de petite scène que de promontoire amoureux, et des haies taillées à la française, ceinturant la scène. Les lumières, au cordeau comme toujours, font le reste, détachant subtilement les atmosphères, mettant en valeur les acteurs de ce drame romantique, vêtus de costumes très théâtraux, exacerbant les effets de style dans des fantaisies bouffantes. Patrick Pineau dans le rôle de Cyrano, donc – avec 1600 vers des quelques 2600 que compte la pièce –, mais aussi Frédéric Borie dans celui de Christian – l’un l’éloquence, l’autre son interprète, ils sont, selon le vœu de Rostand, à eux deux le plus beau monstre romantique qui soit – et Marie Kauffmann dans celui de Roxane, pour les rôles-titres. À leurs côtés, ils sont quinze (une joie!) ; aucun ne démérite. Quel est-il ce « panache » exposé sous les feux de la rampe : « Le panache n’est pas la grandeur, mais quelque chose qui s’ajoute à la grandeur, et qui bouge au-dessus d’elle. C’est quelque chose de voltigeant, d’excessif, — et d’un peu frisé. [...] Le panache est alors la pudeur de l’héroïsme, comme un sourire par lequel on s’excuse d’être sublime », une grâce frivole de « l’esprit qui voltige », « belle victoire sur la carcasse qui tremble » selon Edmond Rostand (1868-1918) dans son Discours de réception à l’Académie française en 1903. Ou « la profondeur de la surface », selon Emil Cioran, incarnation du « phénomène en soi », un goût du style et de la forme, typique du « génie français ». Le philosophe en donne cette définition inspirée dans Sur la France, description lucide, aimante et féroce de son pays d’accueil : « La France, dans sa totalité, est plus profonde qu’elle ne paraît. Parmi tous les grands pays, aucun ne donne l’impression – à première vue – de plus de superficialité. Ceci parce qu’elle a cultivé les apparences. Mais elle les a cultivées en profondeur ; elle les a soignées ; elle a jardiné. Elle n’a pas le sens des mondes souterrains et elle n’est pas poursuivie par les essences, mais elle est le pays du phénomène en soi. » Le Cyrano, interprété par Patrick Pineau, dans la mise en scène de l’esthète Georges Lavaudant en livre une illustration en acte, donnant son lustre aux artifices de la forme, à la beauté du style et à la gratuité du geste, à ce « délicat refus de se prendre au tragique ». Représentation superficelle en ce sens, et si profonde. Un paradoxe aussi philosophique que théâtral. Par CÉDRIC ENJALBERT 8 octobre 2013 EN CYRANO, PARICK PINEAU A DU NEZ (ROUGE) ET NE MANQUE PAS DE PANACHE... Créé en juin dernier aux Nuits de Fourvière, en tournée jusqu’en février prochain, le Cyrano de Georges Lavaudant s’arrête à Bobigny pour trois petites semaines. Sa mise en scène évidente, légère, enlevée, épurée, fait toute la place aux vers sublimes d’Edmond Rostand, servis par une distribution investie et surtout un Patrick Pineau aussi truculent que poignant dans le rôle titre. Joli moment. Tout le monde connaît l’histoire du gascon poète au long nez, volontiers bagarreur, secrètement amoureux de sa cousine Roxane, éprise du charmant Christian. Prêtant sa plume, ses attentions, ses ardeurs au jeune homme afin qu’il entretienne la flamme de la belle, Cyrano vivra une passion par procuration, sans jamais rien avouer de ses sentiments, pas même après la mort de Christian au combat. Et jusqu’à la sienne quinze ans plus tard… Œuvre flamboyante, épique, lyrique, romantique, drolatique, spectaculaire, la pièce de Rostand est un bijou de théâtre populaire dont chaque personnage, jusqu’au plus petit rôle, est dessiné avec un soin extrême, dont quasiment chaque scène, chaque réplique est attendue avec une impatience gourmande par le public. Tirade des “nez“, des “non merci“, “A la fin de l’envoi je touche“, scène du balcon, des Cadets, de la guerre, de la mort de Christian ou de Cyrano… Un ouvrage majestueux élevant la langue française et l’art dramatique à leur paroxysme. Pour représenter la chose, la débauche de moyens est souvent tentante, mais trop de poudre aux yeux peut parfois masquer son essence sans pour autant renforcer son efficacité. Georges Lavaudant l’a bien compris, et sur un plateau quasi nu dont les contours forment une haie de buis (rappelons que le spectacle fut créé en extérieur), un bosquet de cyprès en son centre (tour à tour scène de Montfleury, balcon de Roxane…), ses acteurs évoluent, accessoirisés au minimum, leur talent et le texte pour seules armes de séduction massive. La sincérité dont ils feront preuve associée à leur délicate fantaisie permettront que le charme opère. Patrick Pineau est un Cyrano heureusement singulier, profondément terrien, qui n’hésite pas à explorer la veine comique, presque clownesque du héros. Mais il n’oublie pas les fêlures de celui qui s’interdit l’amour, le jugeant impossible. A mesure que le spectacle avance, il laisse transparaître une sensibilité extrême et la douleur d’une solitude insupportable. Il est superbe. A ses côtés, nonobstant quelques maladresses, le couple d’amants ne fonctionne pas trop mal. Marie Kauffmann est une Roxane justement pleine de vie et d’amour que l’on apprécierait cependant moins braillarde et gesticulante. Peut-être pourrait-elle transmettre un peu de sa fougue à Frédéric Borie que nous avons trouvé, à l’opposé, un brin falot. On ne pourra tous les citer mais la quinzaine d’acteurs qui les entoure assure avec talent les dizaines de rôles restants, de l’odieux Comte De Guiche (parfait Gilles Arbona) à la Duègne friande de petits choux (amusante Astrid Bas). Jusqu’au 22 octobre. Àvoir. 8 octobre 2013 Critique Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, mise en scène de Georges Lavaudant ƒƒƒ Critique Denis Sanglard « A La fin de l’envoi, je touche. » C’est une version épurée, débarrassée de ses scories, de ses boursouflures, que présente Georges Lavaudant. Une mise en scène légère, vive et grave tout à la fois. Georges Lavaudant épouse le pas de Cyrano, toujours en mouvement et dont le cœur ne s’arrête qu’à l’évocation de Roxane. Sans rien ôter de ce qui fait la popularité de cette pièce, le côté « cape-et-épée-trois mousquetaires », cela n’est ici qu’un arrière plan. Expédiées – avec brio- les scènes de bravoures attendues, tout se concentre autour du drame qui se noue entre Cyrano, Roxane et où alors le temps semble comme suspendu, le pas de Cyrano plus hésitant. C’est une tragédie intime qui se joue, une formidable histoire d’amour ratée. Plus encore, l’histoire d’un homme. Georges Lavaudant creuse de ce côté là et privilégiant ce versant rend toute sa complexité aux personnages… « Oui, ma vie ce fut d’être celui qui souffle et qu’on oublie ! » Roxane est loin d’être la précieuse attendue mais une jeune fille résolue, volontaire et têtue, naïve et qui s’ouvre à l’amour, s’illusionne avant d’être décillée. Marie Kaufmann est ainsi étonnante dans sa composition, « délabyrinthant » avec délicatesse les sentiments de son personnage. Cyrano n’est plus seulement ce héros bravache, matamore désillusionné, lucide et libre sinon libertaire, c’est un être blessé de se trouver laid, amoureux certes mais qui s’empare et se pare de la langue comme d’un autre masque pour couvrir ce nez qui « en tout lieu le précède ». Patrick Pineau est un Cyrano profondément mélancolique. Osons le dire, lunaire et tout à la fois terre à terre. C’est un être déchiré, contradictoire, qui porte son nez en sautoir comme un accessoire indispensable pour dissimuler une blessure, une fêlure plus profonde. Un être inquiet que trahit ce mouvement perpétuel, cette fébrilité permanente que lui donne Patrick Pineau. Il semble fuir toujours sans pour autant vouloir se dérober. C’est un ours funambule sur une corde prête à rompre. Il y a chez Patrick Pineau quelque chose de singulier, une intranquillité permanente, lequel s’empare des scènes de bravoure, d’action comme si cela n’était qu’un jeu, la vérité de son personnage étant ailleurs. Tout cela n’est que panache, épate pour la galerie. Cyrano joue à Cyrano puisque c’est-ce qu’on attend de lui. Mais le cœur n’y est pas vraiment, le cœur n’y est plus, son cœur est ailleurs. Cyrano est un acteur, celui de sa propre vie mais égaré dans un rôle qui n’est pas le bon, dans une pièce qui n’est pas la bonne. Alors il cabotine, perdant magnifique. On rit beaucoup de tant de fanfaronnade mais l’émotion affleure devant tant de mensonge. On pleure franchement quand sous le balcon de Roxane, le visage à nu, la parole libre enfin, le masque ôté, il reste pour jamais dans l’ombre. Et qu’un autre recueille le fruit de son amour. Patrick Pineau donne ainsi à son rôle une part d’humanité terrifiante et tragique. Dont l’élégance et la délicatesse ultime est de mourir sans bruit, lui le bravache « qui fut tout et qui ne fut rien ». « Mon panache. » Et c’est autour de ce « tout et rien » que tourne la mise en scène de Georges Lavaudant. Il fait de Cyrano un personnage héroïque qui se refuse à cet héroïsme. Perdu entre son personnage public et sa vérité profonde, Cyrano ne peut être dans cette contradiction, ce mensonge, un héros. Cyrano c’est l’histoire d’un malentendu. Georges Lavaudant joue sur ces emboitements successifs, du théâtre dans le théâtre, du vrai, du faux, de l’illusion, que souligne la scénographie, ce jardin clos comme unique décor à transformations. Cyrano met en scène sa vie, Cyrano joue son rôle, souffle à Christian le sien et souffre. Et meurt. Ultime mise en scène. La vie est un théâtre, il n’y a de vérité et de mensonge toujours – avers et envers d’une même face, d‘une même farce - que sur la scène. Cyrano est le personnage théâtral par excellence qui n’a de vérité que sur une scène. C’est cette contradiction cruelle et magnifique à la fois que Patrick Pineau dévoile peu à peu et porte au plus haut: Cyrano est sa propre invention, l’invention de soi jusqu’au vertige. « être tout et n’être rien. » 9 octobre 2013 CYRANO À BOBIGNY Une soirée au théâtre, c’est un peu comme une séance chez le psy : on y va moins pour faire de grandes découvertes que pour entendre résonner des mots familiers dans un dispositif qui permet d’en prendre conscience autrement. Au théâtre, ce petit miracle d’attention et d’écoute se produit de façon d’autant plus intense que la pièce est connue. C’est pour cela qu’on peut, sans perdre son temps, voir et revoir des œuvres comme Cyrano de Bergerac, monument archi fameux d’Edmond Rostand (1868-1918), dont Georges Lavaudant a créé cet été une nouvelle version pour les Nuits de Fourvière. Cette mise en scène à la fois sobre et fougueuse, où l’impeccable Patrick Pineau joue le rôletitre, va tourner dans une quinzaine de lieux tout au long de la saison. Actuellement, la troupe est à la MC93, principal co-producteur du spectacle. Est-ce parce que Lavaudant a habilement raccourci le texte pour en offrir une version plus intense et percutante, ou parce qu’on est dans le grand et beau théâtre de Bobigny, avec son public joyeusement varié ? Toujours est-il que la pièce se donne ici à voir et à entendre sous un nouveau jour : bien mieux que dans d’autres versions, on sent la prouesse qui consiste à concilier, dans un même mouvement, la plus généreuse des séductions et l’élitisme le plus intransigeant. Tout en ayant les attributs d’une œuvre absolument populaire (souffrance amoureuse, pathos et quiproquo), Cyrano n’est autre, en effet, qu’un appel radical à l’exigence intellectuelle : un hommage au texte, à la langue et à la poésie. Tous les personnages importants, du cadet Bergerac à la précieuse Roxane en passant par le pâtisser Ragueneau, n’ont-ils pas en effet cette obsession qui ne va pourtant pas de soi : placer le beau langage au-dessus de tout ? Lorsqu’on y songe, c’est à la fois beau, étonnant et audacieux, une « pièce-à-succès » qui prône ainsi l’ambition poétique comme idéal absolu. En voyant le jeune et joli Christian se faire railler par Roxane parce qu’il ne sait lui parler d’amour autrement qu’en disant simplement « je t’aime », on devrait tous se demander ce que nous pourrions dire, à sa place, face à un ordre si sévère d’énoncer de belles choses. La réponse ne va pas de soi. Et pourtant, quoique pas spécialement BCBG, les lycéens assis à côté de moi semblaient trouver la chose amusante et, en quelque sorte, évidente. Qu’importent la vraie vie, les messages électroniques envoyés à longueur de journée sans le moindre souci d’orthographe, ou les fautes de syntaxe que chacun fait au quotidien : le temps de cette scène, ne pas bien s’exprimer est une tare ridicule. La pièce d’Edmond Rostand sait imposer cette idée le plus naturellement du monde, tout en parvenant à faire rire et pleurer presque tous les publics, que ce soit au cinéma (avec Gérard Depardieu dans le rôle titre), à la Comédie Française (où la mise en scène de Denis Podalydès est régulièrement reprise depuis huit ans), ou encore ailleurs, notamment dans le récente mise en scène de Dominique Pitoiset avec Philippe Torreton. De fait, dans sa forme même, Cyrano de Bergerac démontre que ses ambitions sont aussi hautes qu’accessibles. Car quoi qu’écrite en vers, elle s’insinue dans les esprits comme une chanson populaire dont aucune rime ne veut avoir de secret. On se surprend à finir les phrases des personnages, à deviner leurs mots, à sourire intérieurement quand un marquis ose une rime trop plate… Certains veulent voir dans cette gymnastique une facilité méprisable. Mais qu’importent les faiblesses ou les boursouflures de certains vers, dès lors que l’ensemble stimule les oreilles et apporte la preuve, s’il en fallait une, que la beauté de la langue nous concerne tous. JUDITH SIBONY 9 octobre 2013 CYRANO DE BERGERAC C’est un jour pour … aller voir Cyrano de Bergerac mis en scène par Georges Lavaudant Je rêvais depuis longtemps de voir sur scène ce pic, ce cap, cette péninsule. L’histoire est connue de tous : le Gascon Cyrano de Bergerac est amoureux depuis toujours de sa cousine Roxane. Mais il n’a jamais osé lui avouer, trop complexé par son nez. Il vivra cet amour par procuration en soufflant ses répliques à Christian, celui que sa cousine aime, et ne révélera cette imposture que des années plus tard, mais bien trop tard… Une tragi-comédie fidèle à sa promesse, dans laquelle on passe des rires aux larmes, du burlesque à l’émotion, des jeux de mots aux maux d’amour. La pièce démarre fort, et présente un Cyrano vif et piquant incarné par Patrick Pineau. Le décor est un jardin féérique où les lumières se croisent. Un bosquet au milieu de la scène sera tour à tour arbre, demeure ou champ de bataille. Roxane et Christian s’y retrouvent, Cyrano s’y éteint. Georges Lavaudant a créé une mise en scène poétique qui revisite Cyrano avec brio. Querelleur et moqueur, le personnage principal enchaîne les rimes dans une fluidité étonnante. J’en oublierais les alexandrins, tant le texte est bien mené. Roxanne est pleine de fraîcheur, et chaque personnage brillamment interprété. Tout me rappelle que les vers de l’auteur sont parfaitement trouvés. Les répliques fusent, pleines d’humour, puis se révèlent peu à peu plus graves. Jusqu’au dernier souffle, le ton est juste. On bascule dans le dernier acte sans maladresse, sans phrasé larmoyant : chaque réplique est soufflée avec délicatesse. Le « panache » final de Cyrano retentit, j’applaudis fort, en tentant de dissimuler mes yeux humides. Bravo. Cyrano de Bergerac est au MC93 (Bobigny) jusqu’au 22 octobre, et je ne peux que vous conseiller d’aller voir ce classique, porté par une très bonne mise en scène et des acteurs talentueux. Elise Iwasinta 10 octobre 2013 CYRANO DE BERGERAC Créé au printemps dernier au Festival des Nuits de Fourvières, après des semaines de répétition dans le vent et la pluie, ce spectacle bien rodé nous arrive avec tout son panache, porté comme un navire amiral par ses 18 comédiens sur le grand plateau de la MC 93. Et c’est véritablement un régal, des yeux, des oreilles et du cœur, tant la troupe, dirigée par l’ancien directeur de l’Odéon Georges Lavaudant, est tout entière tendue vers un but unique : nous faire partager ce texte flamboyant, cette histoire d’amour et de chevalerie ultra romanesque, cette comédie tragique et si tendre où un héros au grand cœur, mais affublé d’un appendice nasal qui le défigure, va permettre à son rival de séduire la femme qu’ils aiment tous les deux. Roxane (Marie Kauffmann, jeune, sensuelle et intense) reçoit donc les poèmes et les lettres quotidiennes de Christian, le jeune et beau soldat incapable de les composer (Frédéric Borie, précis et juste), écrits de la main de Cyrano, prince des poètes, qui peut ainsi participer, à moitié, à l’idylle conjugale. La pièce de Rostand s’inspire du personnage réel de Cyrano, combattant la préciosité outrancière du 17° siècle. Par sa scénographie (Jean-Pierre Vergier), Georges Lavaudant va à l’essentiel. La scène est dépouillée, bordée dans le fond par un muret où sont projetées des ombres. Au centre, une sculpture végétale se métamorphose tour à tour en théâtre, en maison de Roxane avec son balcon, en tour de garde pour les soldats. Des effets spéciaux, lors des changements d’actes, viennent colorer ce décor simplissime et lui donnent des allures à la Disney, avec les violons de la bande son. Dans le rôle titre, Patrick Pineau y va de sa gouaille et de son franc parler, avec une énergie hallucinante, ne ménageant ni son épée ni sa langue, vif, direct dans ses répliques, mais aussi tendre, sentimental et humble comme le personnage. Durant plus de deux heures, sur une partition littéraire qui enchaîne des centaines d’alexandrins, l’acteur se démène, fulmine, dirige son monde, fait le fier, écrit ou dicte, se bat, court, pour sauver l’honneur, l’amitié, l’amour ou la poésie. Le comédien n’interprète pas le rôle en grand seigneur, hautain et précieux. Il y met sa simplicité, sa fougue et sa férocité de jouisseur de la vie, ses meurtrissures d’homme blessé et d’amoureux éconduit, tout un concentré de vitalité et d’amour de la langue dont il projette les mots à la vitesse du son. Cela va donc très vite, sans temps morts, comme on se parlerait aujourd’hui. Et même si l’on perd certaines finales de vers, on se réjouit de la réussite de ce spectacle qui s’achève en une scène déchirante, aussi tragique qu’était comique la première scène. Un pur bonheur. Hélène Kuttner Date : 14/10/2013 Pays : FRANCE Surface : 56 % Mots : 379 > Lire cet article sur le site web Cyrano , le coffre et la gouaille Bruitages, musique hollywoodienne, projections vidéo au sol... Ce Cyrano est un grand spectacle et toujours un feu d'artifice verbal. Crédits photo: Christophe RAYNAUD DE LAGE/WikiSpectacle Source Figaroscope Créé en juin dernier au festival des Nuits de Fourvière à Lyon, en plein air et dans un cadre splendide, ce Cyrano n'a rien à craindre de la «boîte noire» des théâtres qui l'accueillent cet automne. Le piètre acteur Monfleury, lui, peut trembler après avoir déclamé ses vers de mirliton à l'hôtel de Bourgogne. Cyrano n'est alors qu'une voix tonitruante, en coulisses. Patrick Pineau a du coffre et de la gouaille. Son Cyrano de l'acte I est truculent, grande gueule et fine lame. Et bien entouré. La distribution est homogène; chacun, dans sa partie, tire son épingle du jeu.Roxane (Marie Kauffman), Gilles Arbona (De Guiche), Frédéric Borie (Christian), Olivier Cruveiller (Ragueneau) ou encore François Caron (Le Bret), tous suivent dans l'aventure un Lavaudant qui ne prend pas la «comédie héroïque en cinq actes» de Rostand avec des pincettes. Bruitages, musique hollywoodienne, projections vidéo au sol... Et malgré la quasi-absence de décor (le balcon est bien là), ce Cyrano est bien une pièce à grand spectacle et son héros, comme son nez, n'admet ni la médiocrité ni la petitesse.Mais Cyrano n'est pas qu'un bretteur hâbleur. Un costume sombre ne suffit pas à montrer son côté obscur, il revient au comédien de faire sentir les nuances du personnage. Pineau a le talent et la palette pour jouer ses fêlures. Le blessé de l'amoureux malheureux. La mélancolie du seul contre tous qui confine à la misanthropie - la superbe tirade des «non merci» montre à quel point Cyrano est un cousin d'Alceste. Le perdant magnifique, le panache de celui «qui fut tout et qui ne fut rien». C'est ce cocktail qui en fait l'incarnation de l'«esprit français». Et qui fait triompher Cyrano, valeur refuge autant que héros en crise, sur les scènes françaises en 2013.Cyrno de Bergerac à la MC 93, 9, boulevard Lénine, 93000 Bobigny. Tél.: 01 41 60 72 72. Horaires: lun., ven., et sam. à 20 h 30; mar. à 19 h 30; dim. à 15 h 30. Relâche mer. et jeu. Places: de 9 à 29euro. Durée: 2 h 20, jusqu'au 22 octobre. 21 octobre 2013 LE PANACHE DE CYRANO *** Entre comédie et tragédie, l’une des plus grandes et belles histoires d’amour du théâtre français, Cyrano de Bergerac, conserve un pouvoir d’émotion toujours renouvelé. La preuve encore avec cette mise en scène de Georges Lavaudant, placée sous le signe de la grâce et du rythme. Allégée, la pièce ne perd rien de sa flamboyance, dans une vision moins romantique que mélancolique qui ne revendique jamais le spectaculaire. Les morceaux de bravoure se jouent en retrait, dans un décor ouvert composé d’un élément central, tour à tour théâtre, boutique, balcon, camp, cour de couvent, sous des lumières habilement façonnées. L’homme au panache, c’est Patrick Pineau, Cyrano malicieux, gouailleur et truculent, à la douleur enfermée. Dans la vaillance ou la tristesse, son énergie est inépuisable, à l’instar de celle de toute la troupe : Marie Kauffmann (Roxane), Gilles Arbona, Frédéric Borie, François Caron, Olivier Cruveiller,… Annie Chénieux, sur le blog Fauteuil d’orchestre 22 octobre 2013 CYRANO DE BERGERAC Vous avez certainement vécu ça, avec les Doors, les Pink Floyd, Britney Spears / Musset, Kafka, Hugo, Kerouac … Ces moments où vous découvrez que l’amour s’invente, se trahit, se cache à mots ouverts et que le monde d’un seul texte vous devient plus doux ou simplement invivable. C’est un peu le deal de Cyrano, magicien qui ouvre avec ses vers à douze pieds, des portes que le réel commun verrouille. La poésie, tour de force et de subversion qui transforme et reconfigure l’espace du deux, pose un entre deux qui devient un espace autant de résistance que d’entrée dans le réel. Passons aux choses sérieuses, le scénario est le suivant : Cyrano aime Roxane qui aime Christian de Neuvillette. Quoi de plus évident -tout un chacun ferait de même- que de considérer le manque accru d’inventivité de l’amant et de se mettre à écrire à sa place les lettres à l’aimée. Littéralement, elle se meurt d’amour – la petite mort, la seconde- à la lecture, se met à aimer l’âme –donc Cyrano. Pour alambiqué que soit le canevas il n’en est pas moins exemplaire de ce qu’il est possible de faire avec amour/pour l’amour avec la langue. Il faut être précis pour ne pas en rester à la vague épico-romantique. Car ça n’est pas une vague, c’est du concret. Tout le monde fait ça : on aura en tête les fameuses phrases qui commencent par : « tu n’as qu’à lui dire que … » ; « je peux lui en parler si tu veux ». Ces phrases qui nous conduisent à l’antichambre du désir, qui nous permettent d’avoir accès, ne serait-ce que par le trou de la serrure à l’aimé. On a tous nos trucs, nos ruses, nos bombes pour faire lever le portail. Chez Cyrano on est à l’endroit de l’aristocratie régnante, très proche du pouvoir à la fois politique et religieux. Il se joue de ces instances, qu’il réécrit en les saisissant par ce qu’elles ont de plus ingrat : attaque d’homme à homme. Qu’on se rassure devant tant de violence et d’entrain, ce n’est pas la mise en scène qui passe en ce moment à la MC93 qui vous fera décoller. Le décor bride la langue, ambiance Disney, joli conte d’hiver. Tout est rôdé et rien ne bouge, surtout pas les acteurs dont les corps sont figés dans des mouvements chorégraphiés de quatre sous. Non décidément ce ne sont pas les 3h que vous passerez ou pas dans la salle, qui vous ouvriront des portes. On y voit tout ce que l’on ne fait que voir : l’esthétique qui spritualise l’action, qui lui ôte toute consistance en la condamnant d’avance à un régime de formes convenues. C’est un raté aussi d’un point de vue politique sur l’amour et les stratégies pour s’aimer, qui ont été réduites dans les débats récents à une pure anatomie du droit à l’amour. Surtout quand on voit à quel état/ jeu de stupidité en est réduite l’amoureuse en question, ainsi que les rôles de femmes impliquées. Si aujourd’hui on a plus en tête les coups d’un soir, les combinaisons toujours plus hardies vs l’amour prude de bonne famille, Le Cyrano de la MC93 ne nous propose en rien une alternative. Tantôt nous passons au romantisme du balcon, puis à la fièvre guerrière féminine puis à l’amour dévot sans qu’aucun de ces rapports existent sur scène. Tout fonctionne par jeux de symboles tantôt exacerbés, tantôt parodiés mais jamais assumés, vécus, partagés. Le spectacle prend la forme d’une synthèse creuse, où tout va finalement pour le mieux pour tous et pour tout le monde. Ici nous sommes au convenu : rien n’est questionné, tout va de soi. Aucune tension dramatique, aucun drame : non vous n’êtes plus au théâtre, là on est à Disney. Curieuse impression. Oui, parce que l’argument ici ne passe pas le cap du divertissement. Pourtant, avant la représentation un homme prend soin de sensibiliser le public au sérieux de mise au théâtre : « dernier lieu où l’on peut réfléchir » dit-il. Alors tout le monde fait silence, et pourtant Dieu sait que la conversation amoureuse la plus simple, dans toute sa maladresse, dans ce qu’elle tente de dire, de taire aurait été plus jouissive que l’histoire mille fois entendue de la belle et de son fauxlaid. par Elvira Hsissou 22 octobre 2013 CYRANO DE BERGERAC Il y a une femme mutine assise au milieu d’une troupe de soldats bariolés. N’est-ce pas La fille du régiment de Donizetti ? Non, c’est le Cyrano de Rostand. Il y a un couple d’amoureux aux deux points d’un balcon et un abbé qui traverse la scène. N’est-ce pas Roméo et Juliette de Shakespeare ? Non, c’est le Cyrano de Rostand. Il y a un homme, « grand risposteur du tac au tac », fanatique de l’esprit libre qui vomit les puissants et les flatteurs. N’est-ce pas Le Misanthrope de Molière ? Non, c’est le Cyrano de Rostand. Mais alors qui est ce Cyrano de Bergerac ? « Philosophe, physicien / Rimeur, bretteur, musicien / Et voyageur aérien / Grand risposteur du tac au tac / Amant aussi – pas pour son bien ! / Ci-gît Hercule-Savinien / De Cyrano de Bergerac / Qui fut tout, et qui ne fut rien ». Le dernier vers résume tout l’esprit de la pièce. Car au fond il n’y a rien dans Cyrano qu’une citation de toute l’histoire du théâtre portée par une intrigue qui met en abyme son art propre. Pour la citation, c’est évident. De Guiche connaît Don Quichotte, Ragueneau évoque Malherbe et Cyrano cite textuellement en se reprenant le « Mais que diable allait-il faire en cette galère ? » des Fourberies de Scapin. Molière est en effet la première référence de Rostand dans sa pièce. Il en situe l’action à son époque, 1640 et parodie la première scène du Misanthrope à l’acte II scène VIII quand Cyrano, en Alceste encore plus radical que son aîné, déclame sa misanthropie libertaire à coup de « Non merci ! ». Il y a aussi l’autre grand du théâtre moderne, Shakespeare, dont la célèbre scène du balcon de Vérone devient le nœud parodique de la pièce (texte qui, à des fins satiriques ou comiques, imite en la tournant en ridicule une œuvre sérieuse connue). Et jusqu’au personnage de Cyrano lui-même, écrivain du Grand Siècle bien réel – ne serait-ce pas d’ailleurs une des premières pièces du théâtre français à ne plus s’inspirer d’un personnage mythique, antique ou politique mais d’un artiste ? Voilà pour le tout. Mais pour le rien, il y a autre chose. Deux choses même. D’abord, la signification de tout ce système de références : c’est qu’entre le Grand Siècle et le XIXème finissant où Rostand écrit sa pièce, beaucoup de choses ont changé : l’abbé qui dans Shakespeare était fin stratège est devenu un complet nigaud ; le misanthrope qui semblait éternel meurt pourtant, mais sans se renier ; le ton est plus léger et la prose moins riche. Jusqu’à la folie dernière du héros si bouffi de citations qu’il en vient à croire que Molière l’a plagié par anticipation : ”- Oui, Monsieur, le fameux “Que diable allait-il faire ?”… – Molière te l’a pris ! – Chut ! chut ! Il a bien fait !…”. En somme, si Cyrano reprend comme un collage toute l’histoire du théâtre et subsume ce que d’aucuns appellent l’esprit français c’est avant tout pour en écrire le tombeau, revenu de toute illusion mais en toute lucidité. C’est d’ailleurs cette lucidité, cette autodérision qui doit s’appeler le panache, maître mot de la pièce, et d’ailleurs le dernier, cette « bravoure plus ou moins gratuite » qui permet aux personnages de ne pas être aussi sérieux ni aussi vrais qu’il y a trois siècles et de se savoir joueurs et absurdes cinquante ans avant le théâtre du même nom. Conscient qu’il n’est pas Molière mais qu’il peut à loisir en tirer le fil, Rostand entrelace le badinage et les duels avec une mise en abyme du théâtre même, dont la scène du balcon est exemplaire. Acte III, scène VII : le soldat Christian est beau, il aime Roxane et est aimé d’elle. Son seul défaut est sa sottise. Pour la séduire tout entier, Cyrano, qui aime aussi Roxane, lui propose d’être son esprit : Christian se dressera sous le balcon de Roxane et Cyrano lui soufflera les mots doux à dire pour troubler le cœur de la belle. Cette scène surréelle est à elle seule le théâtre : Roxane devient la spectatrice du – mauvais – comédien Christian qui récite le texte de Cyrano poète soufflé par l’auteur. Tout est dévoilé au vrai spectateur qui ne peut plus être trompé : l’artifice du théâtre implose ; on ne peut sans doute plus en faire comme avant. On n’en fera d’ailleurs plus de la même façon. Comme Rostand a assimilé Molière, Georges Lavaudant a assimilé le spectacle moderne et c’est toute l’intelligence de sa mise en scène que de pousser le parti-pris de la parodie jusque dans les costumes bariolés, les décors expressionnistes et les lumières suggestives. Il y a des précieux ridicules et invertis, des soldats arc en ciel, un comédien tout peinturé qui force sa méthode de jeu – est-ce d’ailleurs un hasard si les hommes sont ici plus bouffons que les femmes ? Lavaudant met en scène en l’accentuant d’un siècle le recul historique que Rostand avait déjà sur la cour royale et son étiquette avec toute la dérision et la caricature que la distance permet. Et monter cet effort sur une scène si vaste, cela veut dire faire feu de toutes les images : Disney bien sûr – son château, ses petits personnages rondouillards, sa musique saturée d’émotion – mais aussi l’opéra et le cinéma – on songe au Ridicule de Patrice Leconte. C’est sans doute que là encore on ne peut plus monter Cyrano littéralement à son époque – celle de l’intrigue comme celle de son écriture d’ailleurs. De la même manière que le texte de Rostand est un collage de références théâtrales, il impose peut-être à la mise en scène de se faire le miroir – plus ou moins flatteur mais sombre en tout cas – d’un XXème parodique. Jusque dans la diction aussi, mais c’est là son défaut majeur : fallait-il, pour (se) jouer de la ritournelle des alexandrins et en casser la litanie – déjà présente dans le texte original si moderne en cela – faire que Patrick Pineau, Cyrano très juste dans ce ton mais dont la voix manque de puissance, mange les mots de son personnage au point de les rendre souvent incompréhensibles ? Fallait-il, sous couvert de grandiose, désosser la mécanique de la pièce au point de lui sacrifier parfois un texte certes très inégal mais dont certains passages, et toute la dernière scène, sont proprement lumineux. Comme une certaine face de la Lune à qui Cyrano sourit, qu’il fait apparaître et qui le prend. Comme la poudre d’astres, poils de planète et cheveux de comètes qui avec humilité mais non sans vaillance imprime jusqu’à en devenir une la traînée des grandes étoiles. Hugo Martin