PRESSE_Cyrano - Théâtre Louis Aragon

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PRESSE AUDIOVISUELLE
France Inter, 7 juin 2013 à 23h15
Studio théâtre
Laure Adler invite Georges Lavaudant, à l’occasion de la création de Cyrano de Bergerac aux
Nuits de Fourvière.
FRANCE 3 ÎLE-DE-FRANCE, 3 octobre 2013 à 13h
JT 12/13
Reportage Cyrano de Bergerac avec image de la capatation aux Nuits de Fourvière et entretien
avec Georges Lavaudant.
TV5 MONDE, 5 octobre 2013 à 16h
JT
Estelle Martin invite Georges Lavaudant.
FRANCE CULTURE, 10 octobre 2013 à 12h
La Grande Table
Caroline Broué invite Georges Lavaudant à l’occasion de la mise en scène de Cyrano de Bergerac
à la MC93, aux côtés de Jacques Weber auteur de Cyrano ma vie dans la sienne.
FRANCE 2, 11 octobre 2013 à 13h
JT
Dans Si on sortait, Youssef Bouchikhi annonce Cyrano de Bergerac à la MC93.
FRANCE CULTURE, 14 octobre 2013 à 21h
La Dispute
Joëlle Gayot et René Solis débattent autour de Cyrano de Bergerac.
LCI, 16 octobre 2013 à 17h45
5à7
Michel Field invite Georges Lavaudant.
FRANCE INTER, 16 octobre 2013 à 18h20
Jour de Fred
Frédéric Mitterrand mène un long entretien avec Georges Lavaudant, autour de Cyrano de
Bergerac et son parcours de metteur en scène.
Europe 1, 17 octobre 2013 à 21h
Social Club
Frédéric Taddéi reçoit Marcela Lacub, Georges Lavaudant et Didier Pleux.
France Inter, 18 octobre 2013 à 18h15
La Chronique de Stéphane Capron
Critique et annonce de Cyrano de Bergerac.
DÉPÊCHE
Date : 07/06/2013
Pays : FRANCE
Edition : Fil Gen
Périodicité : Quotidien
Surface : 53 %
Mots : 359
Trois "Cyrano de Bergerac" sur les planches
Paris, 7 juin 2013 (AFP) Trois "Cyrano de Bergerac", la pièce savoureuse d'Edmond Rostand, s'offrent dans les salles de théâtre cette
saison, dont le seul point commun est évidemment le fameux nez qui orne le visage du personnage, incarné par
trois acteurs de haut vol, Philippe Torreton, Patrick Pineau et Michel Vuillermoz.
Crâne rasé et moustache tombante, Philippe Torreton s'est rendu méconnaissable pour interpréter le héros
d'Edmond Rostand, à ses yeux "l'un des rôles les plus massifs" et "démesurés" du répertoire français, dans la pièce
mise en scène par Dominique Pitoiset créée en février à Rennes avant une tournée qui l'amènera en mai 2014 au
théâtre de L'Odéon à Paris.
Le "Cyrano" de Pitoiset évacue tout contexte historique et plante son décor dans une salle d'hôpital psychiatrique.
Néons, carrelage immaculé, mobilier fonctionnel. Dans un coin, un juke-box diffuse de la musique : Elton John,
Queen, Alain Bashung, quelques morceaux classiques...
Cyrano, vêtu d'un marcel et d'un bas de jogging, n'apparaît costumé qu'à la fin de la pièce, pour mourir. La scène
Cyrano souffle à Christian les mots qui enflamment Roxane, est transposée à l'époque du
du balcon, celle
virtuel, webcam et écran géant en prime.
A Lyon, au festival des Nuits de Fourvière, Georges Lavaudant propose pour sa part une lecture classique et très
trône un bosquet. Ce "Cyrano" sous les étoiles, dans le cadre
poétique de la pièce, campée dans un jardin
magique des Théâtres romains de Fourvière, passe par tous les registres de la pièce, de la comédie au drame, avec
une grande élégance. La pièce voyagera ensuite à Montpellier et sera reprise à la MC93 Bobigny à l'automne.
Costumes de mousquetaire et humour bravache: le "Cyrano" incarné par Michel Vuillermoz est un succès
phénoménal depuis sa création en 2006 à la Comédie-Française par Denis Poldalydès, pour qui la pièce est "un
rêve de théâtre total, un mélange des arts et des genres: opéra-bouffe, tragédie, drame romantique, poésie
symboliste, farce moliéresque".
La création, récompensée par six Molières en 2007, est reprise à partir du 28 juin Salle Richelieu.
mpf/fa/bg
Afp le 07 juin 13 à 12 08.
TX-PAR-EIB74
Date : 03/09/2013
Pays : FRANCE
Edition : Fil Gen
Périodicité : Quotidien
Surface : 97 %
Mots : 658
Une rentrée théâtrale pétillante sous le signe d'"Anna" et
de Gainsbourg
Paris, 3 sept. 2013 (AFP) Cécile de
La fraîcheur pop des années 60 donne le "la" de la rentrée théâtrale, avec "Anna", une pièce musicale
France tient le rôle tenu par Anna Karina dans un téléfilm de 1967 à la bande originale signée Gainsbourg.
Aussi blonde qu'Anna était brune, Cécile de France est "absolument libre dans son jeu, absolument entière et
franche", s'extasie le metteur en scène Emmanuel Daumas. Elle entonnera le 5 septembre "Sous le soleil
exactement" au Théâtre du Rond-Point (puis en tournée en France, Belgique et Luxembourg).
Daniel Auteuil tient la vedette avec Richard Berry au Théâtre de Paris dans la comédie "Nos femmes". L'heureux
réalisateur de "Marius" et "Fanny" au cinéma rêvait d'une pièce avec Richard Berry. Eric Assous a écrit "sur
mesure" cette histoire d'amitié entre Max et Paul, bousculée par un troisième ami qui leur annonce qu'il a tué sa
femme.
Toujours au Théâtre de Paris, "La société des loisirs" narre une soirée qui dérape entre un couple modèle et son
s'illustre pour la première fois au théâtre l'humoriste Stéphane Guillon, avec Cristiana Reali.
ami fêtard,
Est-ce pour rattraper une année 2012 morose ? Le théâtre privé rivalise de comédies: dans "Nina", Mathilde
Seigner fait tourner en bourrique mari et amant (Théâtre Edouard VII). Dominique Blanc est "La locandiera", la
belle aubergiste de la pièce la plus enlevée de Goldoni (1752) au Théâtre de l'Atelier.
Au Théâtre Saint-Georges, Pierre Palmade donne une suite au "Comique" avec "Le Fils du comique", et Amanda
Lear sera forcément divine dans "Divina" aux Variétés.
Le théâtre raffole de personnages historiques, tels le couple mythique de Zelda (Sara Giraudeau) et Scott (Julien
Boisselier) Fitzgerald, au Théâtre La Bruyère, ou encore Sacha Guitry et Yvonne Printemps, dont Eric-Emmanuel
Schmitt raconte les amours orageuses dans "The Guitry's" (Théâtre Rive Gauche).
La grande histoire s'invite dans "Mensonges d'Etats" (Théâtre de la Madeleine), sur l'opération "Fortitude" qui
devait faire croire à Hitler que le débarquement du 6 juin 44 n'était qu'une diversion.
Le petit garçon sage des "Choristes", Jean-Baptiste Maunier, a déjà 23 ans: il incarne un interné psychiatrique
manipulateur dans "La chanson de l'éléphant" au Petit Montparnasse.
Du panache, parbleu !"Cyrano de Bergerac" mis en scène par Georges Lavaudant, qui a triomphé aux Nuits de
Fourvière en juin, fait sa rentrée à la MC93 Bobigny (4-22 octobre), avant une tournée à Milan et dans toute la
France.
A la Comédie-Française, on attend avec impatience Hamlet incarné par Denis Podalydès (7 octobre au 12 janvier)
et avec gourmandise "Le système Ribadier" de Feydeau (13 novembre au Vieux-Colombier).
Le théâtre contemporain est à la fête avec trois pièces de Joël Pommerat, un des auteurs et metteurs en scène les
plus créatifs de la scène française: "Au monde" et "Les Marchands" sont donnés en septembre à l'Odéon, et "La
grande et fabuleuse histoire du commerce" aux Bouffes du Nord (9 octobre au 16 novembre puis en tournée).
Le Festival d'Avignon débarque à Paris, avec "Par les villages", le beau texte de Peter Handke sur le monde
ouvrier, porté à la scène par Stanislas Nordey avec Jeanne Balibar et Emmanuelle Devos (Théâtre de la Colline en
novembre).
D'autres créations d'Avignon sont reprises grâce au foisonnant Festival d'automne à Paris (13 septembre-12
janvier). L'énergie et le désespoir de l'Espagnole Angelica Liddell irradient dans "Todo el cielo sobre la tierra"
(Odéon, 20 novembre). L'étrange et drôlatique "Swamp Club" de Philippe Quesne investit le Théâtre de
Genevilliers en novembre.
Parmi les pépites du Festival d'Automne, "Letzte tage" de Christoph Marthaler (25 septembre au théâtre de la
se décida la Première Guerre mondiale. Un "portrait"
Ville) met en scène la séance du Parlement de Vienne
Bob Wilson propose une création ("The Old Woman") et deux reprises, le féérique "Peter Pan" et le mythique
opéra de Philip Glass "Einstein on the Beach", créé en 1976.
TX-PAR-MLU75
6 octobre 2013
«CYRANO DE BERGERAC» MIS EN SCÈNE PAR LAVAUDANT À BOBIGNY ET SCEAUX
Patrick Pineau campe un Cyrano de
Bergerac à la fois truculent, tendre
et fier dans la version très poétique
que donne Georges Lavaudant de la
pièce mythique d’Edmond Rostand,
à Bobigny jusqu’au 22 octobre, puis
aux Gémeaux de Sceaux du 4 au 15
décembre.
Sur scène, un bosquet magique se
transforme à volonté en Tour de Nesle - où Cyrano vainc tout seul 100 vilains -, en balcon des
amoureux ou en fortin où les fameux Gascons attendent l’assaut final.
Un bosquet où l’on entend les cigales, les oiseaux, et qui rappelle le théâtre de plein air où le
spectacle enchanteur de Lavaudant a été créé l’été dernier, au festival des Nuits de Fourvière.
À Bobigny, le public, où figuraient de nombreux lycéens de cette banlieue populaire, était sous le
charme pour les premières représentations ce week-end.
Pas un alexandrin qui soit inaudible dans cette version classique sans être ennuyeuse une
seconde, où on goûte chaque bon mot, chaque duel à fleuret moucheté, réel ou figuré.
Lavaudant n’a pas cherché à transposer la pièce, à la sortir de son contexte. «Si je monte
Cyrano, je dois accepter de me confronter à un texte populaire», explique-t-il. «Le brio, les
mousquetaires, les duels, il y a un plaisir enfantin à cela», reconnaît-il.
Et quel plaisir de voir virevolter les petits marquis, embrochés par un Cyrano plein de verve.
Mais quelle tristesse dans ce coeur blessé, à jamais inconsolable d’être laid, et généreux au
point de prêter son esprit à son rival, Christian, pour rendre heureuse la belle Roxane.
Car «Cyrano» est une pièce triste, émouvante à pleurer, et Patrick Pineau est parfait dans le
rôle du bravache qui cache ses larmes sous le «panache».
Tous les rôles sont parfaitement tenus, de Roxane (Marie Kauffmann) à Christian (Frédéric Borie),
et la troupe est toute entière au diapason.
Une autre version, moderne celle-là, de «Cyrano de Bergerac», créée par Dominique Pitoiset en
février dernier au Théâtre national de Bretagne, va reprendre en tournée à partir du 13 janvier à
Bordeaux et dans toute la France, avant sa venue au Théâtre de l’Odéon à Paris du 7 mai au 28
juin 2014. Crâne rasé et moustache tombante, Philippe Torreton y incarne un Cyrano en marcel et
jogging, dans un décor d’hôpital psychiatrique. Mais à la fin, c’est costumé que Cyrano apparaît
pour mourir, «panache» oblige.
PRESSE QUOTIDIENNE
2 juin 2013
Date : 07/06/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 33
Rubrique : Loisirs etSpectacles
Diffusion : (190688)
Périodicité : Quotidien
Surface : 26 %
Date : 11/06/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 29-30
Rubrique : L'événement
Diffusion : 338618
Périodicité : Quotidien
Surface : 81 %
Date : 11/06/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 29-30
Rubrique : L'événement
Diffusion : 338618
Périodicité : Quotidien
Surface : 81 %
Date : 11/06/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 29-30
Rubrique : L'événement
Diffusion : 338618
Périodicité : Quotidien
Surface : 81 %
Date : 02/09/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 13
Rubrique : IDEES et DEBATS
Diffusion : (121630)
Périodicité : Quotidien
Surface : 26 %
Date : 05/09/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 28
Rubrique : L'événement
Diffusion : 338618
Périodicité : Quotidien
Surface : 15 %
Date : 10/09/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 1-21
Rubrique : Culture
Diffusion : 96262
Périodicité : Quotidien
Surface : 93 %
Date : 10/09/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 1-21
Rubrique : Culture
Diffusion : 96262
Périodicité : Quotidien
Surface : 93 %
Date : 10/09/2013
Pays : FRANCE
Suppl. : suppl.
Page(s) : 7
Diffusion : (137831)
Périodicité : Quotidien
Surface : 8 %
3 octobre 2013
CYRANO PREND SES QUARTIERS À LA MC93 DE BOBIGNY
Jusqu’au 22 octobre, la Maison de la Culture propose le classique d’Edmond Rostand incarné par
l’épatant Patrick Pineau. L’occasion de (re)découvrir cette histoire d’amour impossible.
On se souvient tous de Depardieu en Cyrano
de Bergerac inégalable sur grand écran. Ou
encore de Jacques Weber, qui campa sur
scène mieux que personne le personnage
tragicomique d’Edmond Rostand. Il faudra
désormais compter avec Patrick Pineau.
« Quand j’ai imaginé monter Cyrano avec
Patrick Sommier, le directeur de la MC93
à Bobigny, j’ai tout de suite pensé le faire
avec Patrick Pineau », raconte Georges
Lavaudant, le metteur en scène. Et grand
bien lui a pris.
La pièce a déjà reçu un triomphe en juin dernier devant le public lyonnais à l’occasion des Nuits
de Fourvière. Le spectacle alors joué à ciel ouvert a été transposé sur la scène de la Maison
de la Culture du 93 avec brio. « J’ai voulu recréer en intérieur la poésie qu’offre le plein air »,
précise l’artiste également concepteur des jeux de lumière.
Ambiance feutrée, propice aux jeux d’ombre et à la lecture de lettres d’amour sans que l’auteur
ne soit reconnaissable. Le décor simple accueille un arbre en son centre qui deviendra balcon
au coeur de la pièce, au-dessous duquel Christian — interprété par Frédéric Borie — dira les
mots doux de Cyrano. Ou bien est-ce le contraire?
Pineau fait vibrionner ses 1 600 alexandrins
Sur scène, dix-sept comédiens se donnent les répliques connues, souvent drôles, parfois tristes
aux larmes, telles la scène finale où Roxane comprend l’incroyable supercherie. Las, trop tard.
Patrick Pineau qui porte à lui seul les deux tiers du texte — réduit par le metteur en scène à
seulement 2 heures et demie de spectacle — fait vibrionner ses 1600 alexandrins. Affublé d’un
nez magistral, tour à tour frondeur et polisson, Patrick Pineau a des accents de Belmondo dans
« Le Guignolo ».
Face à lui, Marie Kauffmann, en Roxane, ne dépareille pas. À la gouaille gasconne, elle répond
tendresse et force de caractère. Nombres sont les trouvailles de jeux d’acteur amusantes. Parmi
elles, ces deux sots de petits marquis à la perruque orange qui reviennent en fil conducteur tout
au long du spectacle. Ils prêtent souvent à sourire et permettent ainsi de dédramatiser quand
l’intrigue de cette histoire d’amour impossible devient trop difficile, lorsque « décembre entre
à pas de loup dans la chambre » de Cyrano, confie-t-il sa solitude à sa Roxane, trop tard, la
camarde étant déjà passée.`
Marie-Pierre Bologna
Date : 05/10/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 45
Rubrique : Guide culture
Périodicité : Hebdomadaire
Surface : 12 %
Libération Week-end
9 octobre 2013
CYRANO DE BERGERAC AVEC TOUT SON PANACHE À BOBIGNY ET À SCEAUX
CULTURE – Cyrano de Bergerac sera tout l’automne sur les planches d’Ile de France dans une mise en
scène de Georges Lavaudant déjà présentée à Lyon…
«Si je voulais, je pourrais remplir la salle Richelieu en
proposant Cyrano de Bergerac pendant six mois, mais cela
n’honorerait pas mon souci pédagogique et culturel », déclarait
Muriel Mayette, administratrice de la Comédie Française à La
Croix en 2007. La pièce ne restera pas à l’affiche six mois à la
Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis à Bobigny mais elle
y est jusqu’au 22 octobre. Dans une mise en scène de Georges
Lavaudant, l’ex directeur du théâtre de l’Odéon. Elle sera
ensuite jouée au théâtre des Gémeaux à Sceaux du mercredi
4 au dimanche 15 décembre. On y retrouve un Cyrano qui fait
autant rire que pleurer incarné par Patrick Pineau.
Georges Lavaudant explique à 20 minutes pourquoi Cyrano, joué pour la première fois au public en 1897
plait toujours autant.
Cyrano est trop connu pour qu’il y ait encore des spectateurs qui découvrent la pièce sur scène, non ?
A 90% ils savent qu’il y a un personnage avec un grand nez et une tirade sur ce nez. Mais l’histoire est
moins connue même si le film de Jean-Claude Rappeneau l’a vraiment repopularisé. On croit la connaitre
mais il y a toujours des détails qu’on découvre.
Pourquoi Cyrano a-t-il autant de succès ?
C’est une pièce brillante, belle, le langage est très riche, et le personnage extravagant.
C’est le personnage qui est central ?
Une pièce c’est souvent un grand personnage. Le Cid, Hamlet, Lorenzaccio. Il faut un personnage qui
fascine. Mais au-delà l’histoire est aussi très romanesque, c’est une histoire d’amour, de mensonges.
Cela tombe bien parce que le public est plutôt jeune à Bobigny ?
Cyrano est un texte populaire. Il y a des mousquetaires, des duels , qui provoquent un plaisir enfantin.
Vous avez choisi Patrick Pineau. C’est capital pour une pièce comme ça le choix de l’acteur?
C’est un peu comme pour Hamlet. Chaque metteur en scène se projette et choisit son Cyrano. Il y en
eu quand même quatre ou cinq, de très, très haut niveau. Philippe Torreton, Gérard Depardieu, Jacques
Weber. La pièce a souvent été magistralement interprétée.
Et le nez, comment choisit-on sa forme, sa longueur?
Ah, désormais on part du vrai nez de l’acteur et on se dit voilà s’il avait un nez plus grand ce que ça
donnerait. Mais à l’origine Cyrano avait toujours un nez en trompette. Lorsque j’ai monté la pièce en
Russie, ils tenaient à ce que Cyrano ait ce grand nez en trompette, ils voulaient conserver la tradition !
Alice CoffiN
14 octobre 2013
LE NEZ AU VENT DE LA MÉMOIRE
La chronique théâtre de Jean-Pierre Léonardini
Georges Lavaudant s’est attaqué à Cyrano de Bergerac, le fameux drame héroïque en cinq actes et en
vers d’Edmond Rostand (1868-1918) qui revient en force (1). Signe des temps. L’œuvre n’est-elle pas
depuis sa création, en 1897, le gage sûr d’un succès populaire ? On s’use la mémoire à répertorier ceux
qui, depuis Coquelin, ont chaussé le nez pléthorique du héros (derniers en date, Michel Vuillermoz au
Français sous la houlette de Denis Podalydès et Philippe Torreton chez Dominique Pitoiset), sans compter
le cinéma, où Depardieu a doté le rôle de toute son âme poétique et de tout son poids de viande
humaine. Aujourd’hui, c’est Patrick Pineau, dans une version textuelle allégée par Lavaudant et Daniel
Loayza (dramaturgie), au sein d’un décor de Jean-Pierre Vergier. Inauguré en plein air aux dernières
Nuits de Fourvière, le spectacle, en ce décor, porte la trace d’une économie de grand vent. Des murs à
mi-hauteur cernent le plateau vaste, nanti en son centre d’un promontoire d’aspect rocheux et végétal, à
la fois belvédère, balcon pour amants et tour de guet. C’est très simple. Les costumes (Vergier encore),
de bonne coupe, ont de l’allure.
Quant à l’esprit de l’entreprise, il semble bien procéder d’une méfiance certaine envers la rhétorique
flamboyante de Rostand, cocardière, hâbleuse, truffée d’effets faciles. De l’Hugo, rayon en dessous. Dès
l’origine, les nasardes n’ont pas manqué. Rémy de Gourmont n’a-t-il pas parlé des « plus mauvais
vers dont s’afflige la langue française » ? L’étonnant est que Jules Renard, expert en laconisme, ait pu
écrire : « Rostand est bien le seul à qui je reconnaisse une supériorité rayonnante. Il a des ailes, et nous
rampons. » À Mauriac, plus tard, revint le dernier mot : « Rostand parfois se hausse jusqu’à tenir avec
convenance l’emploi d’interprète officiel de la nation. Il fut un très suffisant poète de circonstance. »
Il est clair que les défauts de la pièce (la galéjade, l’enthousiasme troupier…) gênent Lavaudant. D’où
l’amincissement de la fable, le tour dansant et chaplinesque du jeu de Pineau, les petits ballets ici et
là. Faut-il avoir un peu honte de donner à voir, entendre, ici et maintenant, ce roulement de tambour de
passions grandiloquentes (l’amour par procuration, la bonté et le courage absolus, l’héroïsme entonné au
clairon métaphorique) ? Ne vaut-il pas mieux porter à l’excès le panache requis en son entier, sans se
priver de l’émotion, fût-elle d’ordre sensiblement mélodramatique ? C’est affaire de goût. Gilles Arbona
très bon en de Guiche, changeant à souhait. Olivier Cruveiller fait un Ragueneau savoureux.
L’année qui vient est celle du centenaire de la naissance de Marguerite Duras. On doit s’attendre à un
déferlement de manifestations à son sujet. La comédienne Claire Deluca, qui a joué sous sa direction
plusieurs de ses pièces, a réuni des extraits de ses textes dramatiques sous le titre Duras la vie qui
va (2). Elle les livre avec Jean-Marie Lehec, tous deux signant la mise en scène dans le plus simple
appareil (deux chaises hautes). Ce sont des petits riens inspirés de la vie quotidienne, dont Duras sut
tirer tout le sel. Quelque chose à la fin des Diablogues de Dubillard ; autant d’incursions malignes sur un
territoire d’absurdie, contées avec gourmandise.
(1) MC93 de Bobigny jusqu’au 22 octobre, grosse tournée ensuite, jusqu’au 14 février 2014, via Milan, Nantes, Forbach,
Chalon-sur-Saône, Sceaux, Sénart, Perpignan, Marseille, Amiens, Châlons-en-Champagne, Théâtres en Dracénie (Var), Béziers et
Mulhouse.
(2) Théâtre de Poche Montparnasse (à 19 h 30, 15 h 30 dimanche) jusqu’au 10 novembre.
Date : 16/10/2013
Pays : FRANCE
Suppl. : Figaro Scope
Page(s) : 31
Rubrique : THEATRE
Diffusion : 338618
Périodicité : Quotidien
Surface : 71 %
Date : 20/10/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 37
Diffusion : (267144)
Périodicité : Hebdomadaire
Surface : 4 %
PRESSE HEBDOMADAIRE
Date : 03/01/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 84-88
Rubrique : Arts Spectacles
Diffusion : (535604)
Périodicité : Hebdomadaire
0274F8645C204F0870331699270A15860A706128F1573D8B2A7F545
Date : 03/01/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 89
Rubrique : Arts-spectacles
Diffusion : (535604)
Périodicité : Hebdomadaire
Date : 07/02/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 106-108
Rubrique : Arts-spectacles
Diffusion : (535604)
Périodicité : Hebdomadaire
Date : 07/02/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 106-108
Rubrique : Arts-spectacles
Diffusion : (535604)
Périodicité : Hebdomadaire
Date : 07/02/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 106-108
Rubrique : Arts-spectacles
Diffusion : (535604)
Périodicité : Hebdomadaire
Date : 11/09/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 56
Rubrique : rentrée scènes
Diffusion : 39112
Périodicité : Hebdomadaire
Surface : 54 %
Date : 26/09/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 13
Rubrique : Culture
Périodicité : Hebdomadaire
Surface : 47 %
Date : 27/09/2013
Pays : FRANCE
Suppl. : Bougez
Page(s) : 19
Rubrique : Du côté de la seine saint denis
Diffusion : (4592139)
Périodicité : Hebdomadaire
Surface : 20 %
12 octobre 2013
Date : 16/10/2013
Pays : FRANCE
Suppl. : sortir
Page(s) : 20
Diffusion : 642647
Périodicité : Hebdomadaire
Surface : 10 %
PRESSE MENSUELLE
Date : 01/10/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 36
Diffusion : (76300)
Périodicité : Mensuel
Surface : 31 %
Date : 01/10/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 36
Diffusion : (76300)
Périodicité : Mensuel
Surface : 31 %
Date : 01/09/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 19
Diffusion : (76300)
Périodicité : Mensuel
Surface : 14 %
Date : 05/09/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 14
Périodicité : Trihebdomadaire
Surface : 57 %
WEBZINE
7 juin 2013
AVEC PANACHE !
Beau lancement des Nuits de Fourvière avec un Cyrano de Bergerac sensible et juste monté par Georges
Lavaudant, qui fait ici démonstration de son exigence artistique. Et Patrick Pineau est magnifique dans le rôle-titre.
Le temps était (miracle !) de la partie : le ciel était étoilé et la température se prêtait au théâtre en plein air…
Le décor du petit amphithéâtre, L’Odéon, se prête de plus fort bien aux aventures chevaleresques, aux duels et
autres embuscades dans la nature des cadets de Gascogne… À l’intérieur de ce décor naturel magnifique, celui
imaginé par Jean-Pierre Vergier, plutôt minimal, est d’une grande efficacité. Georges Lavaudant, aux lumières, sa
passion de toujours, le transforme, avec une pointe d’ironie, à chaque changement d’acte, en palais féerique façon
Disneyland…
Plusieurs Cyrano de Bergerac rivalisent sur les planches ces temps-ci. Aussi était-on fort curieux de savoir ce
qu’allait donner celui-ci… D’autant que, par le passé, de nombreuses interprétations ont marqué les mémoires. Et
que le personnage, tout comme la pièce qui porte son nom, est devenu un mythe dont on connaît les répliques
fameuses : la tirade du « nez » est en effet un exercice redouté et celle des « non merci » qui lui succède un
morceau de bravoure, une déclaration romantique que n’auraient désavouée ni Ruy Blas ni Don Quichotte…
Car Cyrano est d’abord un héros romantique. Desservi par un physique (et surtout par un nez) si ingrat que cet
homme courageux pour ne pas dire téméraire, fier pour ne pas dire ombrageux, portant sur les petitesses du
monde un regard sans complaisance, tremble comme un enfant devant le regard de celle qu’il aime, devient faible
au point de céder à tous ses désirs et naïf…
Un héros romantique, alliant grotesque et grandeur
Ce vaillant et rude soldat est en effet amoureux en secret et sans espoir de Roxane, qui va le choisir pour
confident de ses propres amours pour un jeune homme charmant, mais de si peu d’épaisseur… qu’il va
demander à Cyrano d’écrire ses lettres à sa dulcinée en son nom. Et voilà comment le personnage devient
l’intermédiaire indispensable aux deux tourtereaux, tissant son propre échec, mais aussi trouvant là exutoire à ses
épanchements… Le drôle est que Roxane va finir par aimer l’auteur des missives sans savoir qui il est. La mort de
Christian cèlera la supercherie. Et notre héros mourra dans les bras de sa bien-aimée aux yeux enfin mais trop
tard dessillés.
L’interprétation de Patrick Pineau, quelque peu déconcertante au début, fait de Cyrano un personnage de comédie
qui fait rire de lui-même pour éviter qu’on s’apitoie. Cyrano joue la grande gueule, cultive son style décalé,
toujours prêt à en découdre pour l’honneur, mais se moquant de lui-même d’abord avant de devenir l’objet de
moqueries… Dans le même temps, sous cette carapace de clown gueulard, se cache une âme généreuse, un
naïf, un Don Quichotte qui croit encore aux rêves et vit de chimères. Patrick Pineau en fait un héros attachant et
complexe, et sa prestation, constamment juste, suit les grandes transformations à l’œuvre chez son personnage
qui font de l’histrion du départ un personnage tragique. Toute la distribution, très homogène, est d’ailleurs
remarquable. Et le mérite en revient à Georges Lavaudant qui, tout en signant ici une mise en scène somme toute
assez classique, montre son habileté à diriger les acteurs ainsi qu’à imposer à la pièce un rythme qui fait qu’on
ne s’ennuie pas un instant. On vibre au contraire à cette histoire, et surtout l’on se délecte d’entendre aussi bien
dite la belle langue d’Edmond Rostand. ¶
Trina Mounier
Tournée :
– Du 15 juin au 17 juin 2013 : Printemps des comédiens à Montpellier
– Du 4 octobre au 22 octobre 2013 : M.C.93 à Bobigny
Date : 07/06/2013
Pays : FRANCE
Surface : 110 %
Mots : 741
> Lire cet article sur le site web
Nuits de Fourvière à Lyon : Cyrano, ce zéro magnifique
Après Michel Vuillermoz et Philippe Torreton, Patrick Pineau fait des prouesses avec le pif de Cyrano. Une mise
en scène de Georges Lavaudant qui ouvre avec panache le festival des Nuits de Fourvière. Des Cyrano comme s´il
en pleuvait. La pièce d´Edmond Rostand, jouée pour la première fois en 1897, n´en finit plus de retrouver une
nouvelle jeunesse sur les plateaux de France. la fin du mois de juin, Michel Vuillermoz enfile à nouveau le nez
du Gascon pour fouler la Salle Richelieu de la Comédie-Française - la mise en scène de Denis Podalydès fait salle
comble depuis sa création en 2006. Au début de l´année, c´est Philippe Torreton, cr'ne rasé et moustache
tombante, qui partait en tournée sous la direction de Dominique Pitoiset, en Cyrano moderne, pensionnaire d´un
asile de fous.
Aujourd´hui, le metteur en scène Georges Lavaudant et l´acteur Patrick Pineau relèvent le défi à l´Odéon, thé'tre
romain à ciel ouvert, en haut des collines de Fourvière qui surplombent Lyon. Grande gueule et fine lame Comme
s´il n´y avait déjà pas de quoi se casser les dents sur ce gros morceau (pas moins de 1600 vers pour le rôle titre),
le comédien se coltine le plein air. Les répétitions, sous les trombes d´eau d´un printemps pourri, n´ont rien eu
d´une partie de plaisir. Heureusement, mardi 4 juin, le soir de la première, la nuit est douce et étoilée. Les trois
coups résonnent et le piètre acteur Monfleury peut déclamer ses vers de mirliton à l´Hôtel de Bourgogne.
Cyrano n´est alors qu´une voix tonitruante, en coulisses. Pineau a du coffre et de la gouaille. Son Cyrano de l´acte
I est truculent, grande gueule et fine lame. Et bien entouré. La distribution est homogène, chacun, dans sa partie,
tire son épingle du jeu. Roxane (Marie Kauffman), Gilles Arbona (De Guiche), Frédéric Borie (Christian), Olivier
Cruveiller (Ragueneau) ou encore François Caron (Le Bret), tous suivent dans l´aventure un Lavaudant qui ne
prend pas la « comédie héroïque en cinq actes » de Rostand avec des pincettes.
Bruitages, musique hollywoodienne, projections vidéo au sol... Et malgré la quasi absence de décor (le balcon est
bien là), le site de Fourvière fait le reste : Cyrano est une pièce à grand spectacle et son héros, comme son nez,
n´admet pas la médiocrité ni la petitesse. Esprit français, es-tu là ? Mais Cyrano, justement, n´est pas qu´un
bretteur h'bleur. Un costume sombre ne suffit pas à montrer son côté obscur, il revient au comédien de faire sentir
les nuances du personnage. Patrick Pineau a le talent et la palette pour jouer ses fêlures . Le coeur blessé de
l´amoureux malheureux.
La mélancolie du seul contre tous qui confine à la misanthropie - la superbe tirade des « non merci » montre à
quel point Cyrano est un cousin d´Alceste. Le perdant magnifique, le panache de celui « qui fut tout et qui ne fut
rien ». C´est ce cocktail qui en fait l´incarnation de l´ « esprit français », un esprit qui échappe à toute définition
univoque. Et qui fait triompher Cyrano, valeur refuge autant que héros en crise, sur les scènes françaises en 2013.
Aux Nuits de Fourvière , jusqu'au 12 juin. En tournée : 15 au 17 juin : Le Printemps des Comédiens, Montpellier /
4 au 22 octobre : MC93, Bobigny / 26 au 31 octobre : Piccolo Teatro, Milan (Italie) / 7 au 16 novembre : Le
Grand T, Scène conventionnée Loire-Atlantique, Nantes / 27 au 30 novembre : l´Espace des Arts, Scène nationale
de Chalon-sur-Saône / 4 au 15 décembre : aux Gémeaux, Scène Nationale, Sceaux / 17 au 20 décembre : Scène
nationale de Sénart / 9 au 11 janvier 2014 : Thé'tre de l´Archipel, Scène nationale de Perpignan / 15 au 18 janvier
: La Criée, Thé'tre national de Marseille / 22 au 24 janvier : Maison de la Culture d´Amiens / 6 au 9 février :
Sortie Ouest, Béziers / 12 au 14 février : La Filature, Scène nationale de Mulhouse. « Nuits de Fourvière à Lyon :
Cyrano, ce zéro magnifique » Soyez le premier à ajouter cet article à vos favoris Ajouter à mes favoris Votre
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30 septembre 2013
CYRANO M’ÉTAIT CONTÉ
Georges Lavaudant s’empare de la pièce d’Edmond Rostand avec une finesse qui fait mouche, réussissant une de ses
meilleures mises en scène. Du grand art servi par un Patrick Pineau impeccable dans le rôle du héros au grand nez.
Il y a des textes tellement célèbres que leur réputation les
précède. Un peu comme le nez de Cyrano, que lui-même compare
à un monument, la pièce d’Edmond Rostand évoque ces sites
pittoresques indiqués dans les guides touristiques avec la mention
“vaut le détour”.
Mettre en scène Cyrano de Bergerac consiste en quelque sorte à
visiter un paysage connu. Suivez le guide. Surtout quand celui-ci
s’appelle Georges Lavaudant et que visiblement le Gascon l’inspire
comme on a pu s’en rendre compte lors de la création de ce
spectacle en juin dernier au festival des Nuits de Fourvière.
Le premier danger avec ce genre de texte au style coloré, c’est
d’en faire trop en se laissant emporter par l’emphase. Un écueil
que Patrick Pineau dans le rôle de Cyrano évite soigneusement,
dosant son jeu à la façon d’un chanteur qui ne donne jamais toute sa voix mais la module au contraire. Cette
légère retenue accentue du coup le côté chevaleresque du personnage.
Poète au cœur tendre ? sang chaud ? susceptible ? excessif ? oui ; mais jamais ridicule. Car le ridicule est pour
les autres, les opposants, l’entourage, le contexte. Lavaudant les montre compassés, empesés, précieux avec juste
la bonne touche. Il construit un tableau d’ensemble où chacun joue impeccablement sa partition. L’œil peut glisser
de l’un à l’autre, c’est une galerie vivante très réussie. Pas un détail n’est laissé au hasard. Il se dégage du coup
une dynamique collective faite d’interactions qui fonctionnent à tous les niveaux. Jusqu’au décor en forme de mur
végétal avec au centre un buisson de cyprès à l’italienne dont l’aspect tordu a quelque chose de comique.
La parodie est partout dans Cyrano, le vers et la rime y sont à la fois utilisés avec le brio que l’on sait et
moqués. Les poètes s’empiffrent de pâtisserie et parlent la bouche pleine. Tandis que le héros a “des fourmis
dans son épée”. Le temps a sans doute ajouté à ce côté parodique tout en accentuant la dimension sentimentale.
La pièce est devenue une mascotte. Le coq gaulois au grand cœur, prompt à tirer l’épée, mais capable d’une
abnégation à la limite du masochisme y titille un goût de l’autodérision peut-être typiquement latin.
La scène, célèbre entre toutes, du balcon où Cyrano se fait le ventriloque de son rival au lieu de le combattre
lui accordant ainsi les faveurs de Roxane produit un sentiment mitigé. En triomphant, Cyrano perd l’objet de
sa victoire. L’imaginaire foisonnant du poète dont témoigne le merveilleux récit du voyage dans la Lune est
contrebalancé par son échec amoureux.
Dans l’excellente préface de l’édition Folio, Patrick Besnier écrit : “Aux rimes extravagantes, aux rythmes
déchiquetés, Rostand ajoute les scènes d’ensemble, d’une écriture quasi musicale et qui semblent irréalisables à
la scène (Cyrano est largement une pièce à lire).” On ne saurait trop recommander à ce spécialiste d’Alfred Jarry
et de Raymond Roussel d’aller voir la mise en scène de Georges Lavaudant. Cela lui fera certainement changer
d’avis.
Hugues Le Tanneur
Date : 04/10/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 4
Périodicité : Quotidien
Surface : 3 %
Date : 04/10/2013
Pays : FRANCE
Surface : 14 %
Mots : 96
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Tendre Cyrano
Tendre Cyrano, Théâtre, Musique, DanseIl est drôle, attendrissant, querelleur et violemment sympathique...
Patrick Pineau endosse avec brio les habits de Cyrano de Bergerac. Le spectacle créé cet été à Lyon (Nuits de
Fourvière) par Georges Lavaudant est de facture classique, mais il tire la pièce d'Edmond Rostand vers la poésie
? Bobigny, MC93 (01 41 60 72 72) du 4
et la féerie. Reprise de ce joyau du répertoire à Bobigny et à Sceaux.
au 22 octobre. Sceaux, du 4 au 15 déc. Web : retrouvez la critique à la création sur lesechos.fr/lifestyle
Date : 04/10/2013
Pays : FRANCE
Surface : 68 %
Mots : 460
> Lire cet article sur le site web
Reprise: Cyrano dans les étoiles
Cyrano dans les étoiles, Théâtre, Musique, DanseDeux « Cyrano» dans la même saison : Pitoiset-Torreton versus
a pas deux spectacles plus différents et
Lavaudant-Pineau ! On évitera le jeu des comparaisons. Parce
parce que les deux comédiens incarnant le fier Gascon sont également époustouflants. Les théâtreux qui avaient
plébiscité la version radicalement décalée (dans un hôpital psy) de Dominique Pitoiset, à Rennes et à Bordeaux,
la lecture plus classique, mais poétique et fine, de Georges Lavaudant aux Nuits de
devraient aussi
Rostand démarre sur les chapeaux de roue. La fameuse scène du nez vient
Fourvière, à Lyon.La pièce
va assister ou non à un grand « Cyrano ». Sous les étoiles de la nuit
très tôt et on sait tout de suite si
appendice au cordeau, brille dès ses premiers mots. En une tirade, il est
lyonnaise, Patrick Pineau, affublé
tout Cyrano. Drôle, attendrissant, querelleur et violemment sympathique : le panache incarné - étalé avec ardeur et
fou, le poète ivre de vers, tour à tour truculent et timide. A sa mort,
clarté. Il sera le soldat et le galant,
au dernier acte, il bouleverse sans cabotiner ou hausser la voix. Héroïque parce que profondément
humain.Georges Lavaudant réinvente la pièce de Rostand comme un rêve. Un conte et légende bravache traité sur
le mode quasi fantastique. On est dans un monde-jardin, féerique, façon Tim Burton. Au beau milieu, un drôle de
bosquet en forme de flamme figure théâtre de verdure, maison de princesse (Roxane), tour de guet et arbre
Lumières et vidéos-lanternes magiques barbouillent
odéon de rayons de lune,
flash
entre les actes, sur fond de musique de
de Paris et de champs de bataille. Les reliefs du décor se frangent
esprit de liberté,
et
française flotte sur ce spectacle, au-delà de la
film de cape et
à fond dans ce délire romantique, entourant
convention. Vêtue de costumes chatoyants, toute la troupe
avec allégresse leur héros de Bergerac. Roxane (Marie Kauffmann) est douce et forte, Christian (Frédéric Borie),
vif et touchant, De Guiche (Gilles Arbona), atrocement noir et drôle... Les alexandrins sonnent comme du
de Rostand, même des vers oubliés dits par les seconds rôles. La
vif-argent. On entend tout de
fluidité de la mise en scène qui passe subtilement de la comédie au drame rend le classique aérien, céleste... La
impossible, la droiture sans faille, le courage sans fin : apprivoisé par Patrick Pineau,
solitude assumée,
Rostand. Mise en scène de Georges
Cyrano devient accessible étoile. CYRANO DE BERGERAC
22 octobre. Sceaux, Les Gémeaux (01 46 61 36 67), du 4
Lavaudant. Bobigny, MC93, (01 41 60 72 72)
au 15 décembre. Durée : 2h30.
Date : 06/10/2013
Pays : FRANCE
Surface : 48 %
Mots : 321
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Cyrano de Bergerac
Fidèle à sa réputation de faiseurs d'images, Georges Lavaudant met en scène un Cyrano de
Bergerac aussi visuel qu'iconoclaste. Jusqu'au 22 octobre à la MC 93, puis aux Gémeaux du
4 au 15 décembre.
uel défi pour un metteur en scène de s'emparer de Cyrano ! Il en faut du coffre pour faire vivre ce monstre sacré. 2
600 vers (dont 1 600 pour le rôle-titre) pour explorer le personnage, servir une langue sublime, déployer des
tirades archi-célèbres, le tout sans tomber dans le déjà-vu. Georges Lavaudant et ses comédiens y parviennent
haut-la-main.Cyrano de Bergerac, c'est d'abord une énorme machine. Une foule de comédiens, des décors à foison.
Lavaudant contourne habilement l'obstacle. Tout se passe autour d'un texte resserré et d'un arbre magistral, tour à
tour scène de théâtre, balcon au baiser, tour de guet. Le plateau, lui, est épuré, plongé dans un clair-obscur
baigne l'ambiguïté fondamentale de Cyrano. Le comédien Patrick Pineau part à l'assaut de ce personnage
virevoltant, au panache si français. Il compose un poète provocateur, une bête virile, une âme sensible. Moqueur
véhément, excessif, brutal et cultivé, finalement si unique et si grandiose, voilà Cyrano qui s'incarne sur scène. Et
même si parfois, l'énergie du jeu est trop vite changeante, on s'incline devant la ferveur et l'engagement du
comédien. Face à lui, Marie Kauffmann est une Roxane espiègle et charmante, à l'opposée de la trop précieuse
Anne Brochet dans le Cyrano de Rappeneau. Tout en sensualité mutine, Marie Kauffmann porte à merveille cette
robe qui passe dans la vie d'un homme défiguré.Dans la salle, le public hétéroclite de Bobigny est ravi. Il y a
beaucoup de jeunes et d'enfants. Chacun rit, s'emballe et pleure devant ce spectacle pourtant exigeant. Là est sans
doute la grande réussite de Lavaudant. Il a ramené une pièce devenue un classique à sa vocation
populaire, sans rien lui faire perdre de sa grâce et de sa majesté.
6 octobre 2013
CYRANO DE BERGERAC
Tragi-comédie de Edmond Rostand, mise en scène de Georges Lavaudant, avec Gilles Arbona,
Astrid Bas, Frédéric Borie, Marina Boudra, David Burrsztzin, François Caron, Olivier Cruveiller,
Stéphane Czopek, (Laurent Manzoni en alternance), Maxime Dambrin, Loïc-Emmanuel Deneuvy,
Marie Kauffmann, Patrick Pineau, Emmanuelle Reymond, Julien Testard, Bernard Vergne, Pierre
Yvon et Alexandre Zeff.
Comédie héroïque constituant un des morceaux de bravoure du Répertoire auquel nombre de
metteurs en scène et de comédiens versés dans «le classique» veut se confronter, «Cyrano de
Bergerac», ressortit de la commedia dell’arte, de la comédie de cape et d’épée et du drame
romantique.
Son auteur, Edmond Rostand, enfilant la robe de chambre de Molière, la redingote de Victor
Hugo et le gilet de Théophile Gautier, a créé un personnage syncrétique «monstrueux» qui
tient du héros picaresque au complexe de Quasimodo et du flamboyant Capitaine Fracasse, un
Don Cesar de Bazan grotesque et sublime doublé d’un bretteur gascon irascible et d’un amant
romantique transi qui vivra par procuration son amour pour une précieuse.
Aussi faut-il du souffle pour monter cette pièce fleuve en cinq actes, aux lieux multiples et
au nombre pléthorique de personnages. Georges Lavaudant, avec la collaboration de Daniel
Loayza pour la dramaturgie, réussit l’opération avec dix-huit acteurs sur scène et livre un
grand spectacle ressortissant du «son et lumières», un spectacle tous publics idéal pour les
représentations estivales en plein air dans le jardin des châteaux les soirs d’été.
Sur le plateau encadré de palissades recouvertes de fausse pelouse, Jean-Pierre Vergier, qui
signe également, en pratiquant le mélange des époques, les costumes particulièrement soignés,
a créé une «machinerie» simple et ingénieuse consistant en un élément central tournant, un
buisson de cyprès à la forme de château végétal qui, au fil de l’action, transforme la scène en
jardin, en champ de bataille et en clôitre transforme au gré de l’action s scènes en château de
la belle, en tour de guet ou eehuet et
Toute la partition repose - et s’articule - autour du comédien interprétant le rôle-titre soutenu
par le jeu choral des autres officiants parmi lesquels se démarquent Gilles Arbona dans le rôle
du rival le comte de Guiche et Olivier Cruveiller dans celui du restaurateur Ragueneau. Frédéric
Borie est parfait dans le rôle du sot et bel amoureux et la blonde Roxane est interprétée par la
brune Marie Kauffmann.
Dans le rôle de Cyrano, Patrick Pineau, qui, même si parfois le texte pâtit de sa volubilité pour
déjouer les pièges de la rime, assure, en évitant tout numéro d’acteur, une belle prestation pour
incarner un personnage quasiment parodique et lui insuffler une réelle humanité.
MM
7 octobre 2013
“CYRANO DE BERGERAC” : LA PROFONDEUR DE LA SURFACE
Ses bons mots enchantent l’oreille et ravissent l’esprit : interprété par Patrick Pineau dans une mise en scène
de Georges Lavaudant, Cyrano de Bergerac charme avec ses tirades, sur la scène à la MC93, à Bobigny. Une
représentation lyrique et amusée de « l’esprit français ».
Galant affublé d’un nez grotesque, séducteur sans beauté, Cyrano le Gascon masque sa blessure derrière l’éclat
d’une langue déliée. Avocat de la beauté du geste, monstre baroque vivant de bons mots, bretteur et poète, Cyrano,
sans cesse en représentation, incarne un trait de « l’esprit français » : panache au service de la forme, pour la
beauté du geste car il en est convaincu: « on ne se bat pas dans l’espoir du succès ! Non ! non, c’est bien plus
beau lorsque c’est inutile ! »
Georges Lavaudant et Patrick Pineau l’ont bien compris. Ce dernier
cultive un jeu tout en tension, pris entre le spectacle et la retenu. Il
incarne ce rôle ardu avec vigueur, et s’il peut s’essoufler au fil des
tirades, il parvient à exprimer puissamment la fragilité qui parcourt
les morceaux de bravoure du Gascon, découvrant derrière ces excès
drolatiques la pesanteur de l’existence, cachant sa pudeur sous « un
masque d’obscénité ».
Georges Lavaudant, épaulé de Jean-Pierre Vergier, dépouille le décor et
la scénographie pour ne garder de ce théâtre dans le théâtre, de cette
représentation représentée, qu’un bosquet-balcon, servant autant de
petite scène que de promontoire amoureux, et des haies taillées à la
française, ceinturant la scène. Les lumières, au cordeau comme toujours,
font le reste, détachant subtilement les atmosphères, mettant en valeur les acteurs de ce drame romantique, vêtus
de costumes très théâtraux, exacerbant les effets de style dans des fantaisies bouffantes.
Patrick Pineau dans le rôle de Cyrano, donc – avec 1600 vers des quelques 2600 que compte la pièce –, mais
aussi Frédéric Borie dans celui de Christian – l’un l’éloquence, l’autre son interprète, ils sont, selon le vœu de
Rostand, à eux deux le plus beau monstre romantique qui soit – et Marie Kauffmann dans celui de Roxane, pour
les rôles-titres. À leurs côtés, ils sont quinze (une joie!) ; aucun ne démérite.
Quel est-il ce « panache » exposé sous les feux de la rampe : « Le panache n’est pas la grandeur, mais quelque
chose qui s’ajoute à la grandeur, et qui bouge au-dessus d’elle. C’est quelque chose de voltigeant, d’excessif, — et
d’un peu frisé. [...] Le panache est alors la pudeur de l’héroïsme, comme un sourire par lequel on s’excuse d’être
sublime », une grâce frivole de « l’esprit qui voltige », « belle victoire sur la carcasse qui tremble » selon
Edmond Rostand (1868-1918) dans son Discours de réception à l’Académie française en 1903.
Ou « la profondeur de la surface », selon Emil Cioran, incarnation du « phénomène en soi », un goût du style
et de la forme, typique du « génie français ». Le philosophe en donne cette définition inspirée dans Sur la
France, description lucide, aimante et féroce de son pays d’accueil : « La France, dans sa totalité, est plus
profonde qu’elle ne paraît. Parmi tous les grands pays, aucun ne donne l’impression – à première vue – de plus
de superficialité. Ceci parce qu’elle a cultivé les apparences. Mais elle les a cultivées en profondeur ; elle les a
soignées ; elle a jardiné. Elle n’a pas le sens des mondes souterrains et elle n’est pas poursuivie par les essences,
mais elle est le pays du phénomène en soi. »
Le Cyrano, interprété par Patrick Pineau, dans la mise en scène de l’esthète Georges Lavaudant en livre une
illustration en acte, donnant son lustre aux artifices de la forme, à la beauté du style et à la gratuité du geste,
à ce « délicat refus de se prendre au tragique ». Représentation superficelle en ce sens, et si profonde. Un
paradoxe aussi philosophique que théâtral.
Par CÉDRIC ENJALBERT
8 octobre 2013
EN CYRANO, PARICK PINEAU A DU NEZ (ROUGE) ET NE MANQUE PAS DE PANACHE...
Créé en juin dernier aux Nuits de Fourvière, en tournée jusqu’en février prochain, le Cyrano de Georges
Lavaudant s’arrête à Bobigny pour trois petites semaines. Sa mise en scène évidente, légère, enlevée,
épurée, fait toute la place aux vers sublimes d’Edmond Rostand, servis par une distribution investie et
surtout un Patrick Pineau aussi truculent que poignant dans le rôle titre. Joli moment.
Tout le monde connaît l’histoire du gascon poète au long nez, volontiers bagarreur, secrètement
amoureux de sa cousine Roxane, éprise du charmant Christian. Prêtant sa plume, ses attentions, ses
ardeurs au jeune homme afin qu’il entretienne la flamme de la belle, Cyrano vivra une passion par
procuration, sans jamais rien avouer de ses sentiments, pas même après la mort de Christian au combat.
Et jusqu’à la sienne quinze ans plus tard…
Œuvre flamboyante, épique, lyrique, romantique, drolatique, spectaculaire, la pièce de Rostand est un
bijou de théâtre populaire dont chaque personnage, jusqu’au plus petit rôle, est dessiné avec un soin
extrême, dont quasiment chaque scène, chaque réplique est attendue avec une impatience gourmande
par le public. Tirade des “nez“, des “non merci“, “A la fin de l’envoi je touche“, scène du balcon, des
Cadets, de la guerre, de la mort de Christian ou de Cyrano… Un ouvrage majestueux élevant la langue
française et l’art dramatique à leur paroxysme.
Pour représenter la chose, la débauche de moyens est souvent tentante, mais trop de poudre aux yeux
peut parfois masquer son essence sans pour autant renforcer son efficacité. Georges Lavaudant l’a
bien compris, et sur un plateau quasi nu dont les contours forment une haie de buis (rappelons que le
spectacle fut créé en extérieur), un bosquet de cyprès en son centre (tour à tour scène de Montfleury,
balcon de Roxane…), ses acteurs évoluent, accessoirisés au minimum, leur talent et le texte pour seules
armes de séduction massive. La sincérité dont ils feront preuve associée à leur délicate fantaisie
permettront que le charme opère.
Patrick Pineau est un Cyrano heureusement singulier, profondément terrien, qui n’hésite pas à explorer
la veine comique, presque clownesque du héros. Mais il n’oublie pas les fêlures de celui qui s’interdit
l’amour, le jugeant impossible. A mesure que le spectacle avance, il laisse transparaître une sensibilité
extrême et la douleur d’une solitude insupportable. Il est superbe. A ses côtés, nonobstant quelques
maladresses, le couple d’amants ne fonctionne pas trop mal. Marie Kauffmann est une Roxane justement
pleine de vie et d’amour que l’on apprécierait cependant moins braillarde et gesticulante. Peut-être
pourrait-elle transmettre un peu de sa fougue à Frédéric Borie que nous avons trouvé, à l’opposé, un
brin falot. On ne pourra tous les citer mais la quinzaine d’acteurs qui les entoure assure avec talent les
dizaines de rôles restants, de l’odieux Comte De Guiche (parfait Gilles Arbona) à la Duègne friande de
petits choux (amusante Astrid Bas).
Jusqu’au 22 octobre.
Àvoir.
8 octobre 2013
Critique Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, mise en scène de Georges Lavaudant
ƒƒƒ Critique Denis Sanglard
« A La fin de l’envoi, je touche. »
C’est une version épurée, débarrassée de ses scories, de ses
boursouflures, que présente Georges Lavaudant. Une mise en scène légère,
vive et grave tout à la fois. Georges Lavaudant épouse le pas de Cyrano,
toujours en mouvement et dont le cœur ne s’arrête qu’à l’évocation de
Roxane. Sans rien ôter de ce qui fait la popularité de cette pièce, le côté
« cape-et-épée-trois mousquetaires », cela n’est ici qu’un arrière plan.
Expédiées – avec brio- les scènes de bravoures attendues, tout se
concentre autour du drame qui se noue entre Cyrano, Roxane et où alors
le temps semble comme suspendu, le pas de Cyrano plus hésitant. C’est
une tragédie intime qui se joue, une formidable histoire d’amour ratée.
Plus encore, l’histoire d’un homme. Georges Lavaudant creuse de ce côté
là et privilégiant ce versant rend toute sa complexité aux personnages…
« Oui, ma vie ce fut d’être celui qui souffle et qu’on oublie ! »
Roxane est loin d’être la précieuse attendue mais une jeune fille résolue, volontaire et têtue, naïve et qui
s’ouvre à l’amour, s’illusionne avant d’être décillée. Marie Kaufmann est ainsi étonnante dans sa composition,
« délabyrinthant » avec délicatesse les sentiments de son personnage. Cyrano n’est plus seulement ce héros
bravache, matamore désillusionné, lucide et libre sinon libertaire, c’est un être blessé de se trouver laid,
amoureux certes mais qui s’empare et se pare de la langue comme d’un autre masque pour couvrir ce nez qui
« en tout lieu le précède ». Patrick Pineau est un Cyrano profondément mélancolique. Osons le dire, lunaire et
tout à la fois terre à terre. C’est un être déchiré, contradictoire, qui porte son nez en sautoir comme un accessoire
indispensable pour dissimuler une blessure, une fêlure plus profonde. Un être inquiet que trahit ce mouvement
perpétuel, cette fébrilité permanente que lui donne Patrick Pineau. Il semble fuir toujours sans pour autant vouloir
se dérober. C’est un ours funambule sur une corde prête à rompre. Il y a chez Patrick Pineau quelque chose de
singulier, une intranquillité permanente, lequel s’empare des scènes de bravoure, d’action comme si cela n’était
qu’un jeu, la vérité de son personnage étant ailleurs. Tout cela n’est que panache, épate pour la galerie. Cyrano
joue à Cyrano puisque c’est-ce qu’on attend de lui. Mais le cœur n’y est pas vraiment, le cœur n’y est plus, son
cœur est ailleurs. Cyrano est un acteur, celui de sa propre vie mais égaré dans un rôle qui n’est pas le bon, dans
une pièce qui n’est pas la bonne. Alors il cabotine, perdant magnifique. On rit beaucoup de tant de fanfaronnade
mais l’émotion affleure devant tant de mensonge. On pleure franchement quand sous le balcon de Roxane, le
visage à nu, la parole libre enfin, le masque ôté, il reste pour jamais dans l’ombre. Et qu’un autre recueille le fruit
de son amour. Patrick Pineau donne ainsi à son rôle une part d’humanité terrifiante et tragique. Dont l’élégance et
la délicatesse ultime est de mourir sans bruit, lui le bravache « qui fut tout et qui ne fut rien ».
« Mon panache. »
Et c’est autour de ce « tout et rien » que tourne la mise en scène de Georges Lavaudant. Il fait de Cyrano un
personnage héroïque qui se refuse à cet héroïsme. Perdu entre son personnage public et sa vérité profonde,
Cyrano ne peut être dans cette contradiction, ce mensonge, un héros. Cyrano c’est l’histoire d’un malentendu.
Georges Lavaudant joue sur ces emboitements successifs, du théâtre dans le théâtre, du vrai, du faux, de
l’illusion, que souligne la scénographie, ce jardin clos comme unique décor à transformations. Cyrano met en
scène sa vie, Cyrano joue son rôle, souffle à Christian le sien et souffre. Et meurt. Ultime mise en scène. La vie
est un théâtre, il n’y a de vérité et de mensonge toujours – avers et envers d’une même face, d‘une même
farce - que sur la scène. Cyrano est le personnage théâtral par excellence qui n’a de vérité que sur une scène.
C’est cette contradiction cruelle et magnifique à la fois que Patrick Pineau dévoile peu à peu et porte au plus
haut: Cyrano est sa propre invention, l’invention de soi jusqu’au vertige. « être tout et n’être rien. »
9 octobre 2013
CYRANO À BOBIGNY
Une soirée au théâtre, c’est un peu comme une
séance chez le psy : on y va moins pour faire de
grandes découvertes que pour entendre résonner
des mots familiers dans un dispositif qui permet
d’en prendre conscience autrement.
Au théâtre, ce petit miracle d’attention et
d’écoute se produit de façon d’autant plus
intense que la pièce est connue. C’est pour
cela qu’on peut, sans perdre son temps, voir et
revoir des œuvres comme Cyrano de Bergerac,
monument archi fameux d’Edmond Rostand
(1868-1918), dont Georges Lavaudant a créé
cet été une nouvelle version pour les Nuits de
Fourvière. Cette mise en scène à la fois sobre et fougueuse, où l’impeccable Patrick Pineau joue le rôletitre, va tourner dans une quinzaine de lieux tout au long de la saison. Actuellement, la troupe est à la
MC93, principal co-producteur du spectacle.
Est-ce parce que Lavaudant a habilement raccourci le texte pour en offrir une version plus intense et
percutante, ou parce qu’on est dans le grand et beau théâtre de Bobigny, avec son public joyeusement
varié ? Toujours est-il que la pièce se donne ici à voir et à entendre sous un nouveau jour : bien mieux
que dans d’autres versions, on sent la prouesse qui consiste à concilier, dans un même mouvement, la
plus généreuse des séductions et l’élitisme le plus intransigeant. Tout en ayant les attributs d’une œuvre
absolument populaire (souffrance amoureuse, pathos et quiproquo), Cyrano n’est autre, en effet, qu’un
appel radical à l’exigence intellectuelle : un hommage au texte, à la langue et à la poésie. Tous les
personnages importants, du cadet Bergerac à la précieuse Roxane en passant par le pâtisser Ragueneau,
n’ont-ils pas en effet cette obsession qui ne va pourtant pas de soi : placer le beau langage au-dessus
de tout ?
Lorsqu’on y songe, c’est à la fois beau, étonnant et audacieux, une « pièce-à-succès » qui prône ainsi
l’ambition poétique comme idéal absolu. En voyant le jeune et joli Christian se faire railler par Roxane
parce qu’il ne sait lui parler d’amour autrement qu’en disant simplement « je t’aime », on devrait tous
se demander ce que nous pourrions dire, à sa place, face à un ordre si sévère d’énoncer de belles
choses. La réponse ne va pas de soi. Et pourtant, quoique pas spécialement BCBG, les lycéens assis à
côté de moi semblaient trouver la chose amusante et, en quelque sorte, évidente. Qu’importent la vraie
vie, les messages électroniques envoyés à longueur de journée sans le moindre souci d’orthographe, ou
les fautes de syntaxe que chacun fait au quotidien : le temps de cette scène, ne pas bien s’exprimer est
une tare ridicule.
La pièce d’Edmond Rostand sait imposer cette idée le plus naturellement du monde, tout en parvenant
à faire rire et pleurer presque tous les publics, que ce soit au cinéma (avec Gérard Depardieu dans le
rôle titre), à la Comédie Française (où la mise en scène de Denis Podalydès est régulièrement reprise
depuis huit ans), ou encore ailleurs, notamment dans le récente mise en scène de Dominique Pitoiset
avec Philippe Torreton. De fait, dans sa forme même, Cyrano de Bergerac démontre que ses ambitions
sont aussi hautes qu’accessibles. Car quoi qu’écrite en vers, elle s’insinue dans les esprits comme une
chanson populaire dont aucune rime ne veut avoir de secret. On se surprend à finir les phrases des
personnages, à deviner leurs mots, à sourire intérieurement quand un marquis ose une rime trop plate…
Certains veulent voir dans cette gymnastique une facilité méprisable. Mais qu’importent les faiblesses ou
les boursouflures de certains vers, dès lors que l’ensemble stimule les oreilles et apporte la preuve, s’il
en fallait une, que la beauté de la langue nous concerne tous.
JUDITH SIBONY
9 octobre 2013
CYRANO DE BERGERAC
C’est un jour pour … aller voir Cyrano de Bergerac mis en scène par Georges Lavaudant
Je rêvais depuis longtemps de voir sur scène ce pic, ce cap, cette péninsule. L’histoire est connue de
tous : le Gascon Cyrano de Bergerac est amoureux depuis toujours de sa cousine Roxane. Mais il n’a
jamais osé lui avouer, trop complexé par son nez. Il vivra cet amour par procuration en soufflant ses
répliques à Christian, celui que sa cousine aime, et ne révélera cette imposture que des années plus
tard, mais bien trop tard… Une tragi-comédie fidèle à sa promesse, dans laquelle on passe des rires aux
larmes, du burlesque à l’émotion, des jeux de mots aux maux d’amour.
La pièce démarre fort, et présente un
Cyrano vif et piquant incarné par Patrick
Pineau. Le décor est un jardin féérique où
les lumières se croisent. Un bosquet au
milieu de la scène sera tour à tour arbre,
demeure ou champ de bataille. Roxane et
Christian s’y retrouvent, Cyrano s’y éteint.
Georges Lavaudant a créé une mise en
scène poétique qui revisite Cyrano avec
brio. Querelleur et moqueur, le personnage
principal enchaîne les rimes dans une
fluidité étonnante. J’en oublierais les
alexandrins, tant le texte est bien mené.
Roxanne est pleine de fraîcheur, et chaque
personnage brillamment interprété. Tout me
rappelle que les vers de l’auteur sont parfaitement trouvés. Les répliques fusent, pleines d’humour, puis
se révèlent peu à peu plus graves. Jusqu’au dernier souffle, le ton est juste. On bascule dans le dernier
acte sans maladresse, sans phrasé larmoyant : chaque réplique est soufflée avec délicatesse. Le «
panache » final de Cyrano retentit, j’applaudis fort, en tentant de dissimuler mes yeux humides. Bravo.
Cyrano de Bergerac est au MC93 (Bobigny) jusqu’au 22 octobre, et je ne peux que vous conseiller d’aller
voir ce classique, porté par une très bonne mise en scène et des acteurs talentueux.
Elise Iwasinta
10 octobre 2013
CYRANO DE BERGERAC
Créé au printemps dernier au Festival des Nuits de Fourvières, après des semaines de répétition dans
le vent et la pluie, ce spectacle bien rodé nous arrive avec tout son panache, porté comme un navire
amiral par ses 18 comédiens sur le grand plateau de la MC 93. Et c’est véritablement un régal,
des yeux, des oreilles et du cœur, tant la troupe, dirigée par l’ancien directeur de l’Odéon Georges
Lavaudant, est tout entière tendue vers un but unique : nous faire partager ce texte flamboyant, cette
histoire d’amour et de chevalerie ultra romanesque, cette comédie tragique et si tendre où un héros au
grand cœur, mais affublé d’un appendice nasal qui le défigure, va permettre à son rival de séduire la
femme qu’ils aiment tous les deux. Roxane (Marie Kauffmann, jeune, sensuelle et intense) reçoit donc
les poèmes et les lettres quotidiennes de Christian, le jeune et beau soldat incapable de les composer
(Frédéric Borie, précis et juste), écrits de la main de Cyrano, prince des poètes, qui peut ainsi participer,
à moitié, à l’idylle conjugale. La pièce de Rostand s’inspire du personnage réel de Cyrano, combattant
la préciosité outrancière du 17° siècle. Par sa scénographie (Jean-Pierre Vergier), Georges Lavaudant va
à l’essentiel. La scène est dépouillée, bordée dans le fond par un muret où sont projetées des ombres.
Au centre, une sculpture végétale se métamorphose tour à tour en théâtre, en maison de Roxane avec
son balcon, en tour de garde pour les soldats. Des effets spéciaux, lors des changements d’actes,
viennent colorer ce décor simplissime et lui donnent des allures à la Disney, avec les violons de la
bande son. Dans le rôle titre, Patrick Pineau y va de sa gouaille et de son franc parler, avec une énergie
hallucinante, ne ménageant ni son épée ni sa langue, vif, direct dans ses répliques, mais aussi tendre,
sentimental et humble comme le personnage. Durant plus de deux heures, sur une partition littéraire qui
enchaîne des centaines d’alexandrins, l’acteur se démène, fulmine, dirige son monde, fait le fier, écrit ou
dicte, se bat, court, pour sauver l’honneur, l’amitié, l’amour ou la poésie. Le comédien n’interprète pas le
rôle en grand seigneur, hautain et précieux. Il y met sa simplicité, sa fougue et sa férocité de jouisseur
de la vie, ses meurtrissures d’homme blessé et d’amoureux éconduit, tout un concentré de vitalité et
d’amour de la langue dont il projette les mots à la vitesse du son. Cela va donc très vite, sans temps
morts, comme on se parlerait aujourd’hui. Et même si l’on perd certaines finales de vers, on se réjouit
de la réussite de ce spectacle qui s’achève en une scène déchirante, aussi tragique qu’était comique la
première scène. Un pur bonheur.
Hélène Kuttner
Date : 14/10/2013
Pays : FRANCE
Surface : 56 %
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Cyrano , le coffre et la gouaille
Bruitages, musique hollywoodienne, projections vidéo au sol... Ce Cyrano est un grand
spectacle et toujours un feu d'artifice verbal. Crédits photo: Christophe RAYNAUD DE
LAGE/WikiSpectacle
Source Figaroscope Créé en juin dernier au festival des Nuits de Fourvière à Lyon, en plein air et dans un cadre
splendide, ce Cyrano n'a rien à craindre de la «boîte noire» des théâtres qui l'accueillent cet automne. Le piètre
acteur Monfleury, lui, peut trembler après avoir déclamé ses vers de mirliton à l'hôtel de Bourgogne. Cyrano n'est
alors qu'une voix tonitruante, en coulisses. Patrick Pineau a du coffre et de la gouaille. Son Cyrano de l'acte I est
truculent, grande gueule et fine lame. Et bien entouré. La distribution est homogène; chacun, dans sa partie, tire
son épingle du jeu.Roxane (Marie Kauffman), Gilles Arbona (De Guiche), Frédéric Borie (Christian), Olivier
Cruveiller (Ragueneau) ou encore François Caron (Le Bret), tous suivent dans l'aventure un Lavaudant qui ne
prend pas la «comédie héroïque en cinq actes» de Rostand avec des pincettes. Bruitages, musique
hollywoodienne, projections vidéo au sol... Et malgré la quasi-absence de décor (le balcon est bien là), ce Cyrano
est bien une pièce à grand spectacle et son héros, comme son nez, n'admet ni la médiocrité ni la petitesse.Mais
Cyrano n'est pas qu'un bretteur hâbleur. Un costume sombre ne suffit pas à montrer son côté obscur, il revient au
comédien de faire sentir les nuances du personnage. Pineau a le talent et la palette pour jouer ses fêlures. Le
blessé de l'amoureux malheureux. La mélancolie du seul contre tous qui confine à la misanthropie - la superbe
tirade des «non merci» montre à quel point Cyrano est un cousin d'Alceste. Le perdant magnifique, le panache de
celui «qui fut tout et qui ne fut rien». C'est ce cocktail qui en fait l'incarnation de l'«esprit français». Et qui fait
triompher Cyrano, valeur refuge autant que héros en crise, sur les scènes françaises en 2013.Cyrno de Bergerac à
la MC 93, 9, boulevard Lénine, 93000 Bobigny. Tél.: 01 41 60 72 72. Horaires: lun., ven., et sam. à 20 h 30; mar.
à 19 h 30; dim. à 15 h 30. Relâche mer. et jeu. Places: de 9 à 29euro. Durée: 2 h 20, jusqu'au 22 octobre.
21 octobre 2013
LE PANACHE DE CYRANO
***
Entre comédie et tragédie, l’une des plus grandes et belles histoires d’amour du théâtre français,
Cyrano de Bergerac, conserve un pouvoir d’émotion toujours renouvelé. La preuve encore avec
cette mise en scène de Georges Lavaudant, placée sous le signe de la grâce et du rythme.
Allégée, la pièce ne perd rien de sa flamboyance, dans une vision moins romantique que
mélancolique qui ne revendique jamais le spectaculaire. Les morceaux de bravoure se jouent
en retrait, dans un décor ouvert composé d’un élément central, tour à tour théâtre, boutique,
balcon, camp, cour de couvent, sous des lumières habilement façonnées. L’homme au panache,
c’est Patrick Pineau, Cyrano malicieux, gouailleur et truculent, à la douleur enfermée. Dans la
vaillance ou la tristesse, son énergie est inépuisable, à l’instar de celle de toute la troupe :
Marie Kauffmann (Roxane), Gilles Arbona, Frédéric Borie, François Caron, Olivier Cruveiller,… Annie Chénieux, sur le blog Fauteuil d’orchestre
22 octobre 2013
CYRANO DE BERGERAC
Vous avez certainement vécu ça, avec les Doors, les Pink Floyd, Britney Spears / Musset, Kafka, Hugo, Kerouac … Ces moments
où vous découvrez que l’amour s’invente, se trahit, se cache à mots ouverts et que le monde d’un seul texte vous devient plus
doux ou simplement invivable.
C’est un peu le deal de Cyrano, magicien qui ouvre avec ses vers à douze pieds, des portes que le réel commun verrouille.
La poésie, tour de force et de subversion qui transforme et reconfigure l’espace du deux, pose un entre deux qui devient un
espace autant de résistance que d’entrée dans le réel.
Passons aux choses sérieuses, le scénario est le suivant : Cyrano aime Roxane qui aime Christian de Neuvillette. Quoi de plus
évident -tout un chacun ferait de même- que de considérer le manque accru d’inventivité de l’amant et de se mettre à écrire
à sa place les lettres à l’aimée. Littéralement, elle se meurt d’amour – la petite mort, la seconde- à la lecture, se met à
aimer l’âme –donc Cyrano.
Pour alambiqué que soit le canevas il n’en est pas moins exemplaire de ce qu’il est possible de faire avec amour/pour
l’amour avec la langue. Il faut être précis pour ne pas en rester à la vague épico-romantique. Car ça n’est pas une vague,
c’est du concret. Tout le monde fait ça : on aura en tête les fameuses phrases qui commencent par : « tu n’as qu’à lui dire
que … » ; « je peux lui en parler si tu veux ». Ces phrases qui nous conduisent à l’antichambre du désir, qui nous permettent
d’avoir accès, ne serait-ce que par le trou de la serrure à l’aimé. On a tous nos trucs, nos ruses, nos bombes pour faire lever
le portail. Chez Cyrano on est à l’endroit de l’aristocratie régnante, très proche du pouvoir à la fois politique et religieux. Il se
joue de ces instances, qu’il réécrit en les saisissant par ce qu’elles ont de plus ingrat : attaque d’homme à homme.
Qu’on se rassure devant tant de violence et d’entrain, ce n’est pas la mise en scène qui passe en ce moment à la MC93
qui vous fera décoller. Le décor bride la langue, ambiance Disney, joli conte d’hiver. Tout est rôdé et rien ne bouge, surtout
pas les acteurs dont les corps sont figés dans des mouvements chorégraphiés de quatre sous. Non décidément ce ne sont
pas les 3h que vous passerez ou pas dans la salle, qui vous ouvriront des portes. On y voit tout ce que l’on ne fait que
voir : l’esthétique qui spritualise l’action, qui lui ôte toute consistance en la condamnant d’avance à un régime de formes
convenues.
C’est un raté aussi d’un point de vue politique sur l’amour et les stratégies pour s’aimer, qui ont été réduites dans les débats
récents à une pure anatomie du droit à l’amour. Surtout quand on voit à quel état/ jeu de stupidité en est réduite l’amoureuse
en question, ainsi que les rôles de femmes impliquées. Si aujourd’hui on a plus en tête les coups d’un soir, les combinaisons
toujours plus hardies vs l’amour prude de bonne famille, Le Cyrano de la MC93 ne nous propose en rien une alternative.
Tantôt nous passons au romantisme du balcon, puis à la fièvre guerrière féminine puis à l’amour dévot sans qu’aucun de ces
rapports existent sur scène. Tout fonctionne par jeux de symboles tantôt exacerbés, tantôt parodiés mais jamais assumés,
vécus, partagés. Le spectacle prend la forme d’une synthèse creuse, où tout va finalement pour le mieux pour tous et pour
tout le monde. Ici nous sommes au convenu : rien n’est questionné, tout va de soi. Aucune tension dramatique, aucun drame :
non vous n’êtes plus au théâtre, là on est à Disney.
Curieuse impression. Oui, parce que l’argument ici ne passe pas le cap du divertissement. Pourtant, avant la représentation un
homme prend soin de sensibiliser le public au sérieux de mise au théâtre : « dernier lieu où l’on peut réfléchir » dit-il. Alors
tout le monde fait silence, et pourtant Dieu sait que la conversation amoureuse la plus simple, dans toute sa maladresse,
dans ce qu’elle tente de dire, de taire aurait été plus jouissive que l’histoire mille fois entendue de la belle et de son fauxlaid.
par Elvira Hsissou
22 octobre 2013
CYRANO DE BERGERAC
Il y a une femme mutine assise au milieu d’une troupe de soldats bariolés. N’est-ce pas La fille du régiment de
Donizetti ? Non, c’est le Cyrano de Rostand. Il y a un couple d’amoureux aux deux points d’un balcon et un abbé
qui traverse la scène. N’est-ce pas Roméo et Juliette de Shakespeare ? Non, c’est le Cyrano de Rostand. Il y a un
homme, « grand risposteur du tac au tac », fanatique de l’esprit libre qui vomit les puissants et les flatteurs. N’est-ce pas Le
Misanthrope de Molière ? Non, c’est le Cyrano de Rostand.
Mais alors qui est ce Cyrano de Bergerac ? « Philosophe, physicien / Rimeur, bretteur, musicien / Et voyageur aérien / Grand
risposteur du tac au tac / Amant aussi – pas pour son bien ! / Ci-gît Hercule-Savinien / De Cyrano de Bergerac / Qui fut tout,
et qui ne fut rien ». Le dernier vers résume tout l’esprit de la pièce. Car au fond il n’y a rien dans Cyrano qu’une citation de
toute l’histoire du théâtre portée par une intrigue qui met en abyme son art propre.
Pour la citation, c’est évident. De Guiche connaît Don Quichotte, Ragueneau évoque Malherbe et Cyrano cite textuellement en
se reprenant le « Mais que diable allait-il faire en cette galère ? » des Fourberies de Scapin. Molière est en effet la première
référence de Rostand dans sa pièce. Il en situe l’action à son époque, 1640 et parodie la première scène du Misanthrope à
l’acte II scène VIII quand Cyrano, en Alceste encore plus radical que son aîné, déclame sa misanthropie libertaire à coup
de « Non merci ! ». Il y a aussi l’autre grand du théâtre moderne, Shakespeare, dont la célèbre scène du balcon de Vérone
devient le nœud parodique de la pièce (texte qui, à des fins satiriques ou comiques, imite en la tournant en ridicule une
œuvre sérieuse connue). Et jusqu’au personnage de Cyrano lui-même, écrivain du Grand Siècle bien réel – ne serait-ce pas
d’ailleurs une des premières pièces du théâtre français à ne plus s’inspirer d’un personnage mythique, antique ou politique
mais d’un artiste ?
Voilà pour le tout. Mais pour le rien, il y a autre chose. Deux choses même. D’abord, la signification de tout ce système de
références : c’est qu’entre le Grand Siècle et le XIXème finissant où Rostand écrit sa pièce, beaucoup de choses ont changé
: l’abbé qui dans Shakespeare était fin stratège est devenu un complet nigaud ; le misanthrope qui semblait éternel meurt
pourtant, mais sans se renier ; le ton est plus léger et la prose moins riche. Jusqu’à la folie dernière du héros si bouffi de
citations qu’il en vient à croire que Molière l’a plagié par anticipation : ”- Oui, Monsieur, le fameux “Que diable allait-il faire
?”… – Molière te l’a pris ! – Chut ! chut ! Il a bien fait !…”. En somme, si Cyrano reprend comme un collage toute l’histoire du
théâtre et subsume ce que d’aucuns appellent l’esprit français c’est avant tout pour en écrire le tombeau, revenu de toute
illusion mais en toute lucidité. C’est d’ailleurs cette lucidité, cette autodérision qui doit s’appeler le panache, maître mot de
la pièce, et d’ailleurs le dernier, cette « bravoure plus ou moins gratuite » qui permet aux personnages de ne pas être aussi
sérieux ni aussi vrais qu’il y a trois siècles et de se savoir joueurs et absurdes cinquante ans avant le théâtre du même nom.
Conscient qu’il n’est pas Molière mais qu’il peut à loisir en tirer le fil, Rostand entrelace le badinage et les duels avec une
mise en abyme du théâtre même, dont la scène du balcon est exemplaire. Acte III, scène VII : le soldat Christian est beau, il
aime Roxane et est aimé d’elle. Son seul défaut est sa sottise. Pour la séduire tout entier, Cyrano, qui aime aussi Roxane, lui
propose d’être son esprit : Christian se dressera sous le balcon de Roxane et Cyrano lui soufflera les mots doux à dire pour
troubler le cœur de la belle. Cette scène surréelle est à elle seule le théâtre : Roxane devient la spectatrice du – mauvais –
comédien Christian qui récite le texte de Cyrano poète soufflé par l’auteur. Tout est dévoilé au vrai spectateur qui ne peut plus
être trompé : l’artifice du théâtre implose ; on ne peut sans doute plus en faire comme avant. On n’en fera d’ailleurs plus de
la même façon.
Comme Rostand a assimilé Molière, Georges Lavaudant a assimilé le spectacle moderne et c’est toute l’intelligence de sa
mise en scène que de pousser le parti-pris de la parodie jusque dans les costumes bariolés, les décors expressionnistes et
les lumières suggestives. Il y a des précieux ridicules et invertis, des soldats arc en ciel, un comédien tout peinturé qui force
sa méthode de jeu – est-ce d’ailleurs un hasard si les hommes sont ici plus bouffons que les femmes ? Lavaudant met en
scène en l’accentuant d’un siècle le recul historique que Rostand avait déjà sur la cour royale et son étiquette avec toute la
dérision et la caricature que la distance permet. Et monter cet effort sur une scène si vaste, cela veut dire faire feu de toutes
les images : Disney bien sûr – son château, ses petits personnages rondouillards, sa musique saturée d’émotion – mais aussi
l’opéra et le cinéma – on songe au Ridicule de Patrice Leconte. C’est sans doute que là encore on ne peut plus monter Cyrano
littéralement à son époque – celle de l’intrigue comme celle de son écriture d’ailleurs. De la même manière que le texte de
Rostand est un collage de références théâtrales, il impose peut-être à la mise en scène de se faire le miroir – plus ou moins
flatteur mais sombre en tout cas – d’un XXème parodique. Jusque dans la diction aussi, mais c’est là son défaut majeur :
fallait-il, pour (se) jouer de la ritournelle des alexandrins et en casser la litanie – déjà présente dans le texte original si
moderne en cela – faire que Patrick Pineau, Cyrano très juste dans ce ton mais dont la voix manque de puissance, mange les
mots de son personnage au point de les rendre souvent incompréhensibles ? Fallait-il, sous couvert de grandiose, désosser
la mécanique de la pièce au point de lui sacrifier parfois un texte certes très inégal mais dont certains passages, et toute
la dernière scène, sont proprement lumineux. Comme une certaine face de la Lune à qui Cyrano sourit, qu’il fait apparaître et
qui le prend. Comme la poudre d’astres, poils de planète et cheveux de comètes qui avec humilité mais non sans vaillance
imprime jusqu’à en devenir une la traînée des grandes étoiles.
Hugo Martin
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