Mauvaise Nouvelle - L’enseignement catholique perd son adjectif
L’enseignement catholique perd son adjectif
Par Paul Voltor
Ce fut une semaine de challenge pour les diocèses et leur enseignement catholique. Les fonctionnaires d’Église
ont eu bien des raisons de se poser la question de l’utilité de ce type d’enseignement au-delà de leur propre
attachement au système qui les nourrit. Lundi, des statistiques nous rappelaient que les écoles catholiques
attiraient de plus en plus de musulmans et que certaines pouvaient en accueillir jusqu’à 90% de leurs effectifs.
Quelle opportunité d’évangélisation ! Jeudi, on apprenait qu’un collège catholique était en dérive intégriste parce
qu’il proposait à ses élèves d’entendre ce qu’enseigne le catéchisme de l’Église catholique sur l’IVG dans le cadre
justement de la catéchèse. Quelle opportunité d’affirmation de sa différence ! Diocèses de France, que faites-vous
des défis que la société vous lance ? Enseignement catholique qu’as-tu fait de ton adjectif ?
Dérive catholique dans un lycée catholique
Revenons sur l’agitation de cette semaine autour du lycée Gerson devenu fameux suite à une agitation
médiatique. À l’origine, une élève et une enseignante se sont plaintes sur Europe 1 le 14 avril, sous couvert
d'anonymat, de la manière dont les intervenantes de l’association Alliance VITA ont abordé la question de
l’avortement au lycée catholique parisien Gerson. Voilà ce qu’elles disent de ce qui aurait été dit : « Une fille, par
exemple, qui prend la pilule du lendemain, ne sait pas s’il y a fécondation. Elle est donc considérée comme
‘semi-meurtrière’. En revanche, une fille qui avorte commet un ‘homicide volontaire’». « On en a parlé pendant une
semaine à la récréation, a commenté l’élève. À tel point que des professeurs ont été mis au courant, et nous ont
demandé si on allait bien ». Interrogée dans ce reportage une de ses enseignantes disait s’inquiéter, elle, de ce
que « la responsable de cycle et une collègue, au moins, sont de l’Opus Dei (…) Nous ne sommes plus dans l’offre
d’une spiritualité, mais dans l’imposition d’une vision des plus obscurantistes de notre société ». Voilà donc les faits
générateurs. Et voilà donc la conséquence : le 16 avril, le ministère a décidé de lancer une enquête administrative
dénommée «inspection de vie scolaire» au lycée privé catholique Gerson, dans le XVIe arrondissement parisien.
Le rectorat, corps de fonctionnaires à la solde du parti au pouvoir, prend des précautions oratoires pour ne pas
laisser voir de collusions trop fortes avec les médias et la construction de cette affaire : «Nous n'avons eu aucune
remontée des parents ou des professeurs. L'information selon laquelle des familles auraient été heurtées par
certains propos nous est parvenue via la presse.»
République liberticide et catholiques tièdes
La République fidèle à elle-même fantasme une nouvelle fois sur la fin de l’enseignement libre et surtout sur la fin
de la liberté tout court. Les médias (y compris le Figaro), fidèles à leur capacité à démultiplier le commerce de
l’information, choisissent les gros-mots qui font vendre : intégrisme, dérive, obscurantisme et bien sûr Opus Dei.
Rien d’étonnant là dedans, même s’il est parfois désolant de ne jamais se voir agréablement surpris. Nous savons
que nous retournons droit vers une époque où les catholiques étaient hors la loi, c’est tout. Nous savons les
médias au service de la forme démocratique de nazisme qu’est le socialisme à visage de Hollande. Ce qui est
véritablement insupportable, ce sont les justifications de l’ensemble des acteurs mis en cause : enseignement
diocésain en premier, mais aussi dans une moindre mesure l’Alliance Vita ou l’Opus Dei.
L’Opus Dei commence par dire qu’elle n’a pas en charge l’aumônerie de ce lycée, ce qui est juste et vrai, mais ne
se prononce pas sur le fond. Sans doute par réflexe diplomatique, néanmoins, ne doit-on pas se sentir autorisé à
l’ouvrir sur ce sujet quand, en plus, on a cherché à nous éclabousser. Se laver les mains, bien que diplomatique,
manque un peu de courage dans l’expression de sa catholicité.
L’Alliance Vita, elle, commence par rappeler son positionnement d’indépendance vis-à-vis des religions ou des
partis. Très bien. Nous les aimons comme ça. Néanmoins, pourquoi ajouter et insister pour le journaliste : «À ne
pas confondre avec Civitas (un mouvement catholique intégriste)!». Pourquoi démentir dans la foulée avec vigueur
les propos prêtés aux deux membres de l’association. «Deux membres de l'association ont été accusés
anonymement de propos outranciers qu'ils n'ont jamais tenus», affirme l’Alliance Vita. Alors qu’il aurait suffit de dire