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Vol. 22 No. 3 2011
Quiz FMH
festations sont insidieuses: troubles du
comportement, détérioration progressive
des capacités intellectuelles, ataxie et
mouvements myocloniques. La maladie est
le plus souvent fatale et il n’existe pas de
traitement.
La prévention de la rougeole par la vaccina-
tion a conduit à une réduction de l’inci-
dence de la PESS4). En effet, la réduction de
l’incidence de la maladie précède de
quelques années l’abaissement du nombre
de nouveaux cas de PESS. De plus, le géno-
typage des virus isolés dans les cas de
PESS ne suggère pas que des virus vacci-
naux puissent être à l’origine de la PESS.
Question 4
En Suisse, la vaccination contre la rougeole
est recommandée depuis 1976 aux enfants
de 12 mois. Avant cet âge, son efficacité
n’est pas optimale en raison de la présence
dans le sang du nourrisson d’anticorps
maternels qui le neutralisent. Il s’agit d’un
vaccin vivant atténué et sans adjuvant qui
engendre une immunité par les mêmes
mécanismes que l’infection, mais sans les
risques de complications associés à la
maladie. Les effets indésirables sont bien
connus, généralement bénins et peu fré-
quents. Ce vaccin est cependant contre-
adénovirus, ou encore allergies médica-
menteuses). La détection d’anticorps IgM
spécifiques de la rougeole au moyen d’un
test ELISA sur un échantillon sérique
constitue l’examen de choix. La recherche
de l’ARN viral par RT-PCR dans un prélève-
ment de liquide oral ou un frottis de gorge
est une alternative au test ELISA, particu-
lièrement utile dans les 3 premiers jours
suivant le début de l’exanthème.
Il s’agit ensuite d’éviter autant que possible
la transmission. Emilie ne devra pas retour-
ner en collectivité avant le 5ème jour après
le début de l’exanthème. Comme les
contacts interpersonnels sont particulière-
ment intenses au sein du ménage et que la
fratrie n’est pas vaccinée, il est probable
que celle-ci se trouve déjà en période d’in-
cubation et peut devenir contagieuse à tout
moment. C’est pourquoi, pour interrompre
les chaînes de transmission, l’autorité can-
tonale peut prononcer une éviction scolaire
(ou institutionnelle: crèche, jardin d’enfant,
etc.) pendant 18 jours (durée maximale
d’incubation), à compter du jour de surve-
nue de l’exanthème chez Emilie. Il en irait
de même pour ses parents, s’ils sont non
immuns (nés après 1963*, sans antécé-
dents confirmés de rougeole et non vacci-
nés avec ≥ 1 dose)**. Des évictions profes-
sionnelles pourraient être prononcées par
le médecin cantonal si leurs fonctions les
mettent en contact avec des personnes à
risque accru de complications (par exemple
de jeunes enfants, des personnes immuno-
supprimées ou des femmes enceintes).
La confirmation du diagnostic déterminera
la suite des mesures. Le vaccin en préven-
tion secondaire peut être proposé aux
personnes non immunes qui ont eu des
contacts avec Emilie durant la période de
contagiosité si l’administration de la pre-
mière dose est possible dans les 72 heures
après la première exposition. Si cela n’est
pas envisageable (trop tardif, contre-indi-
cations), l’administration d’immunoglobu-
lines pourra être considérée (femmes en-
ceintes, nourrissons, maladies du système
immunitaire) dans les 6 jours suivant l’ex-
position ou, le cas échéant, l’éviction pro-
fessionnelle ou institutionnelle (délai de
72h dépassé ou refus du vaccin).
Question 3
Comme pour d’autres infections virales
touchant les voies respiratoires, les surin-
fections bactériennes tels que la pneumonie
ou l’otite moyenne aiguë font partie des
complications relativement fréquentes de la
rougeole (5–10% des cas). L’encéphalite est
beaucoup plus rare (1 cas sur 1000 à 3000
infections rougeoleuses), alors que la pa-
nencéphalite sclérosante subaiguë (PESS)
est heureusement, extrêmement rare.
Cette affection dégénérative progressive
du système nerveux central est due à une
infection persistante du cerveau par le vi-
rus rougeoleux2). Elle touche généralement
les adolescents et les jeunes adultes et est
caractérisée par un long temps de latence
(en moyenne 7 ans; au minimum 1 mois et
au maximum 27 ans2)) entre l’infection et le
début des signes neurologiques. Les mani-
* On considère que l’immunité acquise après infec-
tion ou vaccination (2 doses) protège pendant toute
la vie, et comme la circulation du virus de la rou-
geole était généralisée avant l’introduction de la
vaccination (recommandée depuis 1976), les per-
sonnes nées en 1963 et avant ont une probabilité
très élevée d’avoir déjà eu la rougeole.
** Critères pouvant être utilisés pour définir un anté-
cédent de rougeole confirmé ou certain: cas confir-
mé au laboratoire, lien épidémiologique avec un cas
confirmé au laboratoire, cas diagnostiqué clinique-
ment par un médecin dans un contexte épidémique,
diagnostic attesté dans un dossier médical. En cas
de doute, il est préférable de considérer la personne
comme n‘ayant pas eu la rougeole.