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PAR CATHERINE BOUCHARD ET CAROLINE LÉGER
PATHOLOGIE DE LA FAUNE ET DE L’ENVIRONNEMENT
PTM-4411
AIRE DE CONSERVATION DE L’OURS KERMODE
PLAN
INTRODUCTION
SECTION 1
•
Présentation des cartes géographiques
•
Objectifs du Parc
•
Ursus americanus kermodei (blanc) :
o Taxonomie
o Caractéristiques physiques
o Maternité
o Génétique
o Habitat
o Alimentation
•
Interdépendance et Biodiversité
o Forêts-Saumons-Ours
SECTION 2
•
LRMP - Plan d’aménagement des ressources et du territoire
•
Aménagement écosystémique
•
Consultants
•
Comparaison
avec
les
orientations
québécoises
d’aménagement forestier
•
Situation de l’exploitation forestière (au Québec)
•
Aménagement de l’ours noir (au Québec)
•
L’aménagement des forêts surannées (Old growth)
CONCLUSION
en
matière
CENTRAL COAST AND NORTH COAST LAND RESOURCE MANAGEMENT PLAN
BRITISH COLUMBIA, CANADA
INTRODUCTION
Depuis déjà plus d’une dizaine d’années maintenant, plusieurs organismes
environnementaux travaillent et se battent pour développer, faire reconnaître et
protéger de vastes régions de la « Great Bear Rainforest » bordant les côtes de
la Colombie Britannique. Les organismes : Greenpeace, Sierra Club, Valhalla
Wilderness Society, Biogems, ForestEthics, NRDC (Natural Resource Defense
Council), et plusieurs autres contribuent à faire avancer les projets visant à
protéger nos ressources naturelles.
Par exemple, la campagne de Greenpeace a été mise sur pied en 1995.
Elle est fondée sur des engagements cruciaux des compagnies d’exploitations
forestières, sur des actions non-violentes de milliers d’activistes à travers le
monde et sur la prise en charge des Premières Nations afin de protéger leurs
territoires traditionnels. Tous ces moyens visent à créer des solutions durables et
profitables pour toutes les parties concernées. L’organisme Sierra Club, quant à
lui, a demandé aux activistes environnementaux d’écrire à Sir Gordon Campbell,
Premier Ministre de la Colombie Britannique, des lettres exprimant l’urgence
d’agir dans le projet de protection de la « Great bear Rainforest ».
En 1987, la Valhalla Wilderness Society (VWS), a débuté un programme
visant à aménager un vaste sanctuaire pour les Ursus americanus kermodei
blanc (Spirit bears ou ours Kermode blanc), établi en plein cœur de la ColombieBritannique, plus précisément sur la Princess Royal Island, où l’on trouve encore
des régions intactes de forêt tropicale humide. La société a également créé un
programme ayant pour objectif de dénoncer le braconnage fait contre les ours
Grizzly et Kermode.
Fondée en 1975 par un regroupement de résidants locaux, la VWS a vu le
jour dans un petit village du Nouveau Denver en Colombie Britannique. Ces gens
avaient pour objectif d’assurer la protection du versant forestier du Valhalla
Range de l’exploitation forestière. Huit années d’implication se sont écoulées
avant qu’ils réussissent à faire reconnaître la sauvegarde de leur parc. Depuis, la
société s’implique à plusieurs niveaux et concentre ses efforts afin d’obtenir une
meilleure pratique forestière à l’extérieur des aires protégées.
Ce n’est qu’en 2004 que le gouvernement de la Colombie Britannique
commence à se prononcer pour créer une aire de conservation pour les Ursus
americanus kermodei blancs ou « Spirit Bears ». Autour de la table de discussion,
on retrouve des représentants du gouvernement des Premières Nations, des
compagnies
forestières
et
minières,
des
groupes
de
protection
de
l’environnement et des hauts dirigeants du gouvernement local. En 2006, ces
gens se rencontrent à nouveau et s’entendent pour déposer et signer une
entente éventuelle visant à faire agrandir les aires de conservation déjà
présentes (entres autres pour les Spirit Bears), établir un plan d’aménagement
des ressources et du territoire (LRMP) et élaborer un aménagement
écosystémique (EBM). Cette entente, ayant fait l’unanimité, a été signée en mars
2006 évoquant une nouvelle collaboration profitant à chacun des groupes
concernés.
SECTION 1
SITUATION GÉOGRAPHIQUE
OBJECTIFS DU PROJET
Tout d’abord, l’objectif général de ce projet est de trouver un équilibre entre
la protection d’habitats naturels, l’exploitation forestière, l’exploitation minière,
l’écotourisme et le respect des peuples indigènes sur le territoire. En terme de
biodiversité, on vise la sauvegarde de plusieurs espèces tels que l’Ursus
americanus kermodei blanc («le Spirit Bear»), l’ours Grizzly, plus de cinq variétés
de saumons, les loups, les chevreuils, certains oiseaux et plusieurs autres
espèces vivant dans cette région. Toutefois, une attention particulière est
tournée vers le Spirit Bear, puisque la Colombie Britannique est le seul endroit
dans le monde où l’on retrouve cette sous-espèce d’ours.
URSUS AMERICANUS KERMODEI BLANC (SPIRIT BEAR)
TAXONOMIE
L’Ursus americanus kermodei blanc, (U.a.k. blanc), est une des cinq sousespèces, reconnue en Colombie-Britannique, de l’ours noir nord-américain :
Ursus americanus Pallus (Nagorsen, 1990). Cette classification est basée sur les
caractéristiques morphologiques des dents, du crâne, de leur position
géographique et de l’incidence des ours ayant une robe de couleur différente de
la noire (Hall, 1981). Il est important de mentionner, à ce stade, qu’il existe aussi
l’Ursus americanus kermodei noir. Malgré le grand nombre d’Ursus americanus
Pallus (ours noir nord-américain) répertoriés en Amérique du Nord, d’autres
couleurs sont rencontrées, comme le brun (cannelle), la couleur miel ainsi que le
bleu. Toutefois, les individus blancs sont ceux qui
démontrent le plus grand
contraste avec les individus noirs. Les individus blancs ne sont pas albinos, ils ont
simplement un pelage de couleur crème et leurs pattes, leur nez et leurs yeux
sont de couleur brun foncé.
Le terme kermode lui a été dédié en l’honneur du gardien et directeur de
musée, Frank Kermode du Royal British Columbia Museum à Victoria (Ritland et
al., 2001). Le nom Spirit Bear, quant à lui, provient probablement d’un terme
traduit de l’Indien signifiant « ours blanc » ou « ours fantôme ».
CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES
Le
mâle,
U.a.K. blanc,
adulte pèse en moyenne entre
110 et 160 kg tandis que la
femelle a un poids moyen se
situant entre 70 et 80 kg
(Grzimek’s, 2003). Il mesure,
en longueur, du bout de la
truffe au bout de la queue,
environ 1,50m - 1,80m (Grzimek’s, 2003). Pour ce qui est de la hauteur, partant
du bas de la patte lorsqu’elle est à plat sur le sol jusqu’à la partie la plus haute
de l’épaule, elle peut atteindre de 60 à 90 cm (Grzimek’s, 2003). En situation
d’urgence, cet ours peut atteindre 48 Km/h (Grzimek’s, 2003). Mentionnons
également que les ours sont, en général, de très bons nageurs et d’excellents
grimpeurs aux troncs des arbres. Les mâles sont solitaires et occupent un grand
territoire allant de 20 à 40 km2. Leurs territoires croisent celui de plusieurs
femelles, qui elles vivent avec leur progéniture.
MATERNITÉ
Les femelles atteignent la maturité vers l’âge de 4 ans (3 à 6 ans). La saison
d’accouplement se déroule en été et le temps de gestation est de 220 jours. Les
rejetons, entre 1 et 4 par portée, naissent pendant l’hiver, au mois de janvier ou
février, alors que la mère hiberne toujours dans sa tanière. À la naissance, les
petits pèsent en moyenne 600 g (Grzimek’s, 2003). Les vieux arbres, retrouvés
sur la côte Nord-ouest de la Colombie-Britannique, procurent la plupart des
tanières aux ours présents sur ce territoire. Le sevrage des
oursons se fait vers l’âge de 8 mois, toutefois ils
demeurent avec leur mère jusqu’à l’âge de 1 ans ½,
correspondant au moment où la femelle est prête à
s’accoupler de nouveau.
À la naissance, certains ours
naîtront avec une robe blanche. Cette particularité pourrait s’expliquer par la
génétique.
GÉNÉTIQUE
En ce qui a trait à la génétique, l’U.a.K. blanc. a les yeux et la peau
pigmentés ce qui le rend, de ce point de vue, très similaire à l’ours noir. La
différence de la robe, quant à elle, s’explique par la différence d’un seul
nucléotide à la position 893 (A893G) se situant sur le récepteur du gène 1 de la
mélanocortine (melanocortin 1 receptor, (Mc1r)) (Ritland et al., 2001). Chez les
gens roux, la teinte rousse est due à une mutation dans ce même gène.
Le gène Mc1r code pour la production de protéines appelées :
melanocortin 1 receptor. Ce récepteur se trouve sur les mélanocytes, cellules
spécialisées produisant de la mélanine. C’est la mélanine qui donne la couleur
foncée aux yeux, à la peau et aux poils. Cette différence à un unique nucléotide
consiste en la substitution de la tyrosine (A) pour la cystéine (G) au codon 298
chez les individus avec une robe blanche. La mutation est appelée A893G pour
dénoter la position du nucléotide changé et la substitution des acides aminés.
(Chez les gens roux, une mutation dans ce gène cause l’expression de la
phéomélanine (« mélanine rouge ») au lieu de la mélanine normale, plus foncée
eumélanine. Non seulement la mélanine rouge protège moins contre les rayons
UV mais elle émet en plus des radicaux libres sous l’effet des rayons UV.
Ensemble, ces deux facteurs prédisposent les gens roux aux cancers cutanés).
Les mutations au cours de l’évolution, l’historique de l’espèce ainsi que les
facteurs démographiques sont à l’étude car il n’est pas impossible qu’ils
expliquent ou contribuent à maintenir le polymorphisme (phénotype) blanc sur le
territoire; cependant ces hypothèses ne sont pas encore validées.
Marshall et Ritland (2002), démontrent qu’il y a un lien entre le maintien du
polymorphisme blanc, l’isolation et la concentration d’individus sur les territoires
habités par les populations d’U.a.k blancs, sur la côte Nord et centrale de la
Colombie-Britannique. De plus, des données empiriques suggèrent qu’un U.a.K
sur 8 est couleur crème sur la Princess Royal Island, tandis que sur le continent
même, seulement 1 sur 40 est de couleur crème (Russell 1994; Blood 1997).
Donc, la présence d’une quantité appréciable d’ours blancs dans cette région est
attribuable à un nombre restreint d’individus dans la population ainsi qu’à
l’isolation des populations sur certaines îles versus sur le continent ; en
combinaison avec une structure de population fragilisée et une pression de
sélection sur le locus associé à l’expression du gène pour la robe blanche.
HABITAT
L’habitat des U.a.k blancs, se situe dans la forêt humide tempérée bordant
la côte Nord et centrale de la Colombie-Britannique, entre le canal Burke au sud
et la rivière Nass au nord (voir Figure 1) (Marshall, 2002). Cette région inclue
plusieurs îles au large de la zone côtière, toutefois elles sont toutes
géographiquement à courte distance les unes des autres et du continent. C’est
sur Princess Royal Island, Gribell Island et à proximité de Terrace qu’on retrouve
la majorité des spécimens de l’U.a.K. blanc (Blood, 1997).
L’habitat des U.a.k blancs, est aussi qualifié comme étant une « Old Growth
Forest » c'est-à-dire une communauté incluant une variété considérable d’arbres
de tous âges, d’arbres morts, des mammifères, des insectes, des grenouilles, des
minéraux, des champignons, des reptiles et plusieurs autres types d’organismes.
Une forêt de cette envergure, possède un équilibre naturel entre ce qui naît, ce
qui meurt, ce qui croît et ce qui dégénère. Pour observer une forêt de cette
richesse, des millions d’années se sont écoulées afin qu’elle se développe. Ce
type de forêt sert de réservoir pour plusieurs espèces qui ne peuvent pas
prospérer, se reproduire ou aisément se régénérer dans de plus jeunes forêts.
De plus, les « Old Growth Forest » emmagasinent des quantités non négligeables
de gaz carbonique au dessus et en dessous du niveau du sol. Ce type de forêt
représente donc un énorme réservoir pour les gaz climatiques justifiant par le fait
même toute son importance au niveau du contrôle du réchauffement global de la
planète. Il est donc primordial d’avoir une excellente gestion et surveillance des
coupes forestières dans les régions où l’on voit ce type de forêt.
ALIMENTATION
En ce qui a trait à l’alimentation, tout comme les ours noirs, les U.a.k
blancs, sont omnivores, c’est-à-dire qu’ils consomment à la fois des végétaux et
des animaux. Au tout début du printemps, ils vont se nourrir principalement de
jeunes pousses d’herbes des Alpes, de symplocarpes fétides (chou puant)
retrouvés habituellement à basse altitude près des estuaires, des berges et des
marécages. Ensuite, vers la fin du printemps et au tout début de l’été, ils se
nourriront de végétaux, de petits fruits sauvages (baies), de noix, d’insectes et
de racines, selon les disponibilités. Finalement, à la fin de l’été, c’est l’abondance
de saumon qui deviendra primordiale. La consommation de ce dernier est
essentielle au stockage de ses réserves de graisse afin d’hiberner pendant
plusieurs mois. L’hibernation débute au mois de novembre et se termine en
mars. Les ours seront privés de nourriture pendant plus de 7 mois. Leurs
réserves doivent donc être suffisantes, particulièrement celles des femelles qui
devront subvenir aux besoins de leurs petits. L’interdépendance, entre la santé
des rivières pour avoir suffisamment de saumon, la santé des forêts pour
procurer des végétaux de qualité ainsi qu’un habitat adéquat, est essentiel à la
survie des U.a.k blancs et de plusieurs autres espèces.
INTERDÉPENDANCE ET BIODIVERSITÉ
FORÊTS-SAUMONS-OURS
Pour qu’une biodiversité s’installe et perdure dans un endroit donné, une
interdépendance entre tout ce qui y vit doit se créer. Cinq différentes espèces de
saumons fraient dans les rivières sillonnant la région où vivent les U.a.k. blanc et
plusieurs autres espèces animales. La santé de ces poissons dépend de la santé
des rivières et la santé de ces dernières dépend de la santé de la forêt. Les
forêts longeant la côte de la Colombie-Britannique, sont reconnues comme étant
des « forêts qui protègent les montagnes ». L’étendue des racines des vieux
arbres consolident le sol et empêchent les glissements de terrains sur les flancs
de montagnes.
Lorsque ces arbres sont coupés de façon massive, combiné à de fortes
pluies et de forts vents, il y a quasi-inévitablement une augmentation marquée
des glissements de terrain détruisant ainsi l’habitat de plusieurs espèces et
détruisant également les rivières. De plus, leurs longs réseaux de racines
sillonnant le sol, permettent d’avoir un bon système de drainage et une bonne
qualité de sol pour la croissance des différents végétaux. En coupant ces forêts
anciennes près des côtes, on détruit aussi la barrière physique qui protège
l’intérieur du continent des ouragans provenant de l’océan Pacifique. De plus, la
présence de ces arbres bordant les rivières procurent de l’ombre, ainsi maintient
une température optimale et prévient la formation d’algues pour le frai des
saumons. L’énorme quantité de saumons retrouvés dans ces rivières constitue
une ressource économique évaluée à plusieurs millions de dollars. Considérant
que plusieurs espèces dont les ours blancs, les aigles, les orques, les phoques,
les loups (etc.), dépendent du saumon comme constituant majeur de leur
alimentation ; en saison précaire, le saumon a donc une valeur inestimable.
SECTION 2
Dans ce projet de conservation de l’U.a.k blanc, il est question de différentes
approches pour gérer adéquatement les ressources de la côte Ouest du pays.
L’aménagement de la faune dépend principalement des activités forestières; la forêt, cet
habitat naturel pour plusieurs espèces, doit donc être aménagé afin de maintenir la
santé des écosystèmes. Un regard critique sur ce qui a été décidé par le plan
d’aménagement du gouvernement de la Colombie-Britannique doit donc passer par la
compréhension des approches forestières et de ces objectifs.
LRMP – LAND AND RESOURCE MANAGEMENT PLAN
PLAN D’AMÉNAGEMENT DES RESSOURCES ET DU TERRITOIRE
Le gouvernement de la Colombie-Britannique (C.-B.) décide, le 7 février
2006, de procéder selon le LRMP pour le centre et le Nord de la côte. Il se base
sur les recommandations des Premières Nations, des industries utilisant les
ressources, des environnementalistes, des gouvernements locaux et des gens
vivants dans les communautés locales. Suite à la décision d’appliquer un plan
d’aménagement précis, de nouvelles zones ont été définies, soit : des aires
protégées, des aires de biodiversité et des zones où l’aménagement
écosystémique a été préconisé.
AIRES PROTÉGÉES
La décision implique la création de plus de 100 nouvelles aires protégées
orientées sur la conservation des habitats, le maintien de la biodiversité et la
préservation de superficies exceptionnelles, récréatives et culturelles. On y
retrouvait déjà 600 000 hectares d’aires protégées. Les nouvelles zones sous
protection devraient occuper près de 1,2 million d’hectares, pour un total de 1,8
million ha. Cette superficie augmente la proportion du territoire en aires
protégées à 13,81% pour la province. La Colombie-Britannique a dorénavant un
des pourcentage les plus élevés (relativement à tous les états du monde) et
surpasse de 1% l’objectif des Nations-Unies à 12% d’aires protégées.
AIRE DE BIODIVERSITÉ
Les aires de biodiversité assurent le développement de certaines
ressources tout en maintenant la diversité et la fonction écologique.
L’exploitation commerciale des forêts et les activités hydro-électriques majeures
ne sont pas permises dans cette zone. L’exploitation minière et les activités
touristiques (écotourisme) sont par contre permises sur le territoire. Cette zone
couvre près de 3% du centre de la côte et 10% du Nord de la côte.
EBM – ECOSYSTEM-BASED MANAGEMENT
AMÉNAGEMENT ÉCOSYSTÉMIQUE
L’aménagement écosystémique est une nouvelle approche pratiquée en
foresterie ayant pour fonction de gérer les activités humaines, afin d’assurer la
santé des écosystèmes. L’objectif principal de cet aménagement est de supporter
une économie durable tout en protégeant les écosystèmes.
Le modèle d’aménagement qui est utilisé pour le centre et le Nord de la
côte met en valeur la population locale et la biomasse, incluant les communautés
des Premières Nations et leur culture. Ce modèle se veut également protecteur,
en assurant que de larges superficies de forêt humide tempérée demeureront
intactes sur les côtes centrale et Nord.
Les éléments principaux de l’aménagement écosystémique établis pour le
centre et le Nord de la côte par le gouvernement de la Colombie-Britannique
sont :
ƒ
Établissement d’un système d’aires protégées et de réserves de
différentes superficies, afin de protéger l’héritage écologique et culturel.
ƒ
Standard plus élevé en ce qui concerne l’environnement comme les forêts
anciennes, les milieux humides, la biodiversité en général mais plus
particulièrement les différents habitats des grizzlys, ours noirs et saumons.
ƒ
L’utilisation des connaissances traditionnelles, locales et scientifiques pour
établir des plans et stratégies écologiques, afin de déterminer la variabilité
historique et enfin, pour développer un aménagement spécifique à
l’écosystème de la région.
ƒ
Élaboration de plans écologiques avec une approche innovatrice au niveau
de l’aménagement des aires protégées et de l’établissement d’un plan
d’aménagement des ressources sur la côte.
ƒ
Participation des communautés locales représentatives.
ƒ
Établissement de nouveaux arrangements entre les Premières Nations, le
gouvernement et les intervenants clés à la gestion du territoire.
ƒ
Promotion d’une stabilité dans l’utilisation des ressources (développement
durable et à long terme).
Ainsi, par le LRMP, 68% de la côte centrale et 66% de la région de la côte
Nord seront soumises à un aménagement écosystémique.
Pourcentages combinés du centre et du nord de la côte - LRMP
9%
19%
parc pré-existant
nouvelle aire protégée
mine/tourisme
aménagement écosystémique
5%
67%
GROUPE DE CONSULTANTS
Le processus de planification a commencé en 1997 pour le centre de la
côte, alors que celui du Nord de la côte a débuté en 2002. La table de
consultation incluait les intervenants clés, les communautés et les Premières
Nations. En Mai 2004, le centre de la côte a signé le LRMP; le Nord de la côte a
adopté le LRMP en Février 2005.
Lors de la décision pour appliquer le LRMP, le gouvernement de la C.-B. a
consulté 25 Premières Nations, dont 18 d’entres elles étaient en faveur du plan
d’aménagement (les discussions étant basées sur les valeurs culturelles et les
opportunités économiques des Premières Nations). Les éléments clés dans le
processus de décision incluaient l’identification de nouvelles aires protégées, la
création d’une aire de conservation pour les U.k.a blancs et l’adoption de l’EBM,
afin d’encourager la conservation du territoire. D’autres consultations ont permis
de soulever les questions concernant les corridors maritimes (tours de bateau) et
les routes à aménager pour les opérateurs touristiques, forestiers et récréatifs.
Le gouvernement tente ainsi de développer de nouvelles relations basées sur le
respect mutuel et des principes de conciliation.
Lors du processus d’aménagement écosystémique du centre et Nord de la
côte, une liste importante de coalitions et divers organismes ont été impliquées,
telle que mentionné dans l’introduction :
Coast Forest Conservation Initiative, KNT First Nations, Turning Point,
Greenpeace, ForestEthics et Sierra Club of Canada.
COMPARAISON
AVEC LES ORIENTATIONS QUÉBÉCOISES EN MATIERES
D’AMÉNAGEMENT FORESTIER…
Selon le Ministère des Ressources Naturelles et de la Faune du Québec,
les
principaux
défis
de
l’aménagement
écosystémique
se
décrivent
essentiellement par la définition suivante : l’aménagement écosystémique vise,
par une approche écologique appliquée à l’aménagement forestier, à assurer le
maintien de la biodiversité et de la viabilité de l’ensemble des écosystèmes
forestiers tout en répondant à des besoins socio-économiques dans le respect
des valeurs sociales liées au milieu forestier. L’objectif principal est de maintenir
la biodiversité des forêts tout en étant socialement et économiquement
acceptable. À titre d’exemple, l’aménagement écosystémique de la forêt boréale
au Québec est grandement inspiré des perturbations naturelles. La biodiversité et
la diversité des habitats sont maintenues par les principes de filtres bruts et
filtres fins.
CONCEPT DE FILTRE BRUT ET FILTRE FIN EN AMÉNAGEMENT ÉCOSYSTÉMIQUE
FILTRE BRUT
Le filtre brut se veut un processus plus global de protection
qui assure une diversité de plusieurs espèces. Concrètement,
l’approche du filtre brut identifie les peuplements les plus sousreprésentés et par la suite, modifie leur aménagement des zones
touchées pour assurer la quantité et la pérennité de ces
peuplements.
Par
exemple,
une
tentative
de
reproduction des perturbations naturelles est un
filtre brut. Il n’y a pas d’habitat ou encore
d’écosystème précis à préserver. Au Québec, les
feux, la tordeuse du bourgeon d’épinette et les
chablis sont les principales perturbations à imiter!
Toutefois, s’inspirer de ces phénomènes naturels, ce n’est pas maintenir
aveuglément les processus écologiques. Il doit y avoir un suivi et surtout une
adaptation. Dans le cas de brûlis contrôlés, il faut être conservateur en terme de
superficie brûlée. Lors de feux de forêt naturels, des surfaces de plus de 3000 ha
peuvent être atteintes. Il serait naïf de voir une telle superficie de coupe
forestière, sans affecter la biodiversité.
FILTRE FIN
Le filtre fin est plutôt une stratégie qui permet de protéger une espèce en
particulier. Par filtre fin, on entend l’ensemble des pratiques d’aménagement qui
visent des espèces individuelles de grande importance commerciale, écologique
ou des espèces en péril. Davantage de mesures restrictives sur les coupes seront
donc prises.
Le concept de filtre fin est indissociable de celui de filtre brut puisque le filtre fin
est un complément essentiel au filtre brut en considérant individuellement des
espèces vulnérables ou menacées qui ne sont pas prises en compte
suffisamment par le filtre brut. Le défi majeur, que ce soit un filtre brut ou fin,
est de développer des pratiques sylvicoles qui préservent une variabilité naturelle
à différente échelle, et ce, sans que le tout ne soit trop onéreux en terme de
coûts d’opérations, d’impacts économiques et sociaux.
SITUATION DE L’EXPLOITATION
FORESTIÈRE, AU QUÉBEC…
AIRES PROTÉGÉES AU QUÉBEC
Au Québec, plus précisément dans les aires protégées du Québec, il n'y a
pas d'exploitation des ressources forestières ou minières dans les catégories de
l'UICN1 1-2-3 (i.e. les réserves écologiques, les parcs nationaux, et les
monuments naturels). Parmi les aires de catégories 4-5-6, on retrouve :
• des aires de gestion des habitats ou des espèces (ex : ravage de cerfs de virginies)
1
UICN : union internationale pour la conservation de la nature
• des aires de protection du paysage terrestre ou marin
• des aires de protection des ressources naturelles gérées
Dans les catégories 4-5-6, différentes formes d’exploitations sont permises selon
différentes modalités.
Tel que mentionné dans la loi sur la conservation et la mise en valeur de
la faune, les territoires fauniques structurés, incluant les réserves fauniques, sont
désignés à des fins de développement et d’utilisation des ressources fauniques.
De plus, dans la littérature, le gouvernement québécois reconnaît parfaitement
les rôles écologiques importants que doivent jouer les territoires fauniques
structurés sur le territoire québécois. Toutefois, aucune mesure de protection
particulière et réelle n’est accordée à ces territoires, ni dans la Loi sur les forêts,
ni dans le Règlement sur les normes d’intervention (RNI). Ceci est paradoxal et
reflète un manque d’intégration entre l’utilisation de la faune et de la forêt. En
fait, les compagnies forestières et autres peuvent intervenir sur les territoires
sans aucune considération faunique particulière. C’est donc dire que 100% du
territoire peut servir à l’exploitation des ressources.
AMÉNAGEMENT DE L’OURS NOIR AU QUÉBEC
L’ours noir retrouvé au Québec n’est pas une espèce dont l’habitat est
menacé de disparition; du moins jusqu’à aujourd’hui. De ce fait, aucune mesure
particulière n’est prise pour la conservation de l’habitat de l’ours noir. La taille
approximative du domaine vital de l’ours noir au Québec est de 5000 ha. Il faut
cependant noter que cette superficie ne suffit que pour un ou quelques individus,
et est donc en deçà des besoins pour maintenir une population viable d’ours noir.
Une
problématique
a
également été soulevée en raison du
contrôle excessif des feux de forêts
par les humains de la province de
Québec. Une diminution des feux de
forêts implique pour l’ours noir une
diminution de la régénération de
framboisiers, ou d’autres arbustes à petits fruits
présents
dans
leur
habitat.
d’aménagement
fait
pour
Un
contrer
exemple
cette
problématique est le Parc National de la Mauricie.
Dans ce parc, on procède à des brûlages contrôlés
de petite superficie afin d’assurer une régénération
adéquate et procurer ainsi un garde-manger plus
équilibré pour l’ours noir. Voici un exemple d’un
mode d’aménagement par l’entremise d’un filtre
fin.
L’AMÉNAGEMENT DES FORÊTS SURANNÉES (OLD GROWTH)
À
l’opposé,
la
Colombie-Britannique
doit
utiliser
l’aménagement
écosystémique pour préserver l’habitat ancien des U.a.k blanc au centre et au
Nord de la côte. Dans le passé, la chasse a contribué grandement à la diminution
du nombre d’U.a.k blancs. Maintenant que la chasse est interdite, il faut protéger
le domaine vital de l’ U.a.k blanc afin de maintenir une population viable. La forêt
humide tempérée de la côte Ouest du Canada doit, en raison de son âge avancé,
être bien gérée et donc aménagée adéquatement.
Étant donné que l’écologie de restauration des habitats est une science
encore bien jeune, il semble que la meilleure approche quant aux forêts matures
est de conserver une quantité suffisante de celles qui existent. Le cas de ces
forêts anciennes est problématique, car il est difficile de remplacer ces habitats
par des méthodes d’aménagement ou de restauration écologique. En fait, l’idéal
est d’avoir des refuges de forêt ancienne entourés de parcelles à longue période
de rotation (i.e. temps entre deux récoltes de bois consécutives), ce qui crée des
surfaces matures suffisamment grandes pour accommoder la faune qui exige de
grands domaines vitaux. On parle de plusieurs centaines d’années avant que la
régénération redonne des forêts anciennes fonctionnelles.
Dans le projet de LRMP, on constate que ce mode d’aménagement adapté
aux forêts anciennes est appliqué. Voilà pourquoi différentes zones avec
différentes activités d’exploitation (forestières, minières, touristiques) sont créées
et dispersées parmi les zones d’aires protégées. On tente ainsi de trouver un
équilibre entre la viabilité écologique, l’acceptabilité sociale et la faisabilité
économique.
CONCLUSION
TOUT N’EST PAS ROSE!!!
La notion d’intégrité écologique dans les parcs nationaux est aussi un
autre aspect important pour un aménagement écosystémique durable. Même
l’utilisation d’aires à des fins récréatives peut avoir des impacts négatifs sur
l’environnement. En fait, les stress liés au développement touristique sont : la
sur utilisation récréative (i.e. terrain de camping), la sur utilisation des
équipements (i.e. véhicules), les impacts cumulatifs, le grignotage des
infrastructures
(élargissement
des
sentiers
années
après
années),
etc.
L’écotourisme a en contrepartie le « tourisme de masse » qui est sans aucun
doute un élément stressant pour la santé des écosystèmes.
Il est certain que la création de ce nouveau type de parc en ColombieBritannique constitue un premier pas vers un virage vert. Il est toutefois
important de réaliser qu’il s’agit d’un pourcentage relativement faible d’aires
protégées par rapport aux aires allouées pour l’aménagement écosystémique. La
situation alarmiste décrétée par plusieurs scientifiques semble évoluer vers un
avenir meilleur. Beaucoup d’efforts sont présentement faits pour convaincre les
compagnies et les gouvernements d’adhérer à une idée révolutionnaire : la forêt
peut produire davantage si les forestières l'exploitent raisonnablement.
RÉFÉRENCES
LIENS INTERNET
1. www.bcspiritbear.ca/great_bear_rain_forest.htm
2. www.sbf.ulaval.ca/ssf/infocolloque.html
3. www.gov.bc.ca
4. British Columbia Ministry of Sustainable Resource Management: Coastal
plan creates unique protection area, economic agreement and
new opportunities for first nations
(http://www.luco.gov.bc.ca/lrmp/cencoast/nr4401.htm)
5. U.S. National library of Medecine : Genetic home reference :
www.ghr.nlm.gov/gene=mc1r
6. www.greenpeace.ca
7. www.sierraclub.ca
8. Valhalla Wilderness Society : www.savespiritbear.org
9.
OUVRAGES CONSULTÉS
1. DESROCHERS, A. Aménagement faunique, Principe et applications. Faculté
de foresterie et de géomatique, Université Laval, juillet 2004.
2. BLOOD D.A. (1997) The white-phase Kermode bear and Princess Royal
Island. Report prepared for Western Forest Products, Vancouver, British
Columbia, Canada.
3. HALL ER. The Mammals of North America, 2nd edn. Wiley, Toronto. 1981.
4. NAGORSEN D (1990) The Mammals of British Columbia, A Taxonomic
Catalogue, Memoir Number 4. Royal British Columbia Museum, Victoria.
5. MARSHALL H.D. ET RITLAND K. (2002) Genetic diversity and differenciation of
Kermode bear populations. Molecular Ecology, 11: 685-697.
6. GRZIMEK’S Animal Life Encyclopedia, 2nd Edition. Volume 12-16, Mammals
I-V, edited by Michael Hutchins, Devre G. Kleiman,Valerius Geist, and
Melissa C. Mc Dade. Farmington Hills, MI : Gale Group. 2003.
7. RITLAND K. et al., (2001) Inheritance and population structure of the white
phase “Kermode” black bear. Current Biology, 11, 1468-1472.
ANNEXE
Nord de la côte - LRMP
3%
21%
parcs pré-existants
nouvelle aire protégée
mine/tourisme
aménagement écosystémique
10%
66%
Centre de la côte – LRMP
11%
18%
parcs pré-existants
nouvelle aire protégée
mine/tourisme
aménagement écosystémique
3%
68%
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