Diane Bérard: la web-série Les Traders ou quand un financier ose caricaturer le monde de la finance Diane Bérard . les affaires.com . 31-03-2011 Tags : Bérard, Bonis, Bourse, Crise, Finance Le 17/032011 BLOGUE. « Les Traders n’ont aucune intelligence sociale. Ils ne prennent ni leur métier au sérieux ni les conséquences de leurs actions sur l’économie et les investisseurs. Ils n’ont qu’une intelligence mathématique faite de connaissances et d’astuces. » Cette affirmation est de Fabien Major, planificateur financier et… auteur de la série Web satirique « Les Traders » dont vous pouvez visionner un nouvel épisode chaque jeudi sur le site lesaffaires.com ME SUIVRE SUR TWITTER: diane_berard Lorsque Fabien Major parle des Traders, il fait référence à ses personnages, des caricatures poussées à l’extrême. Mais, la caricature ne serait pas si éloignée de la réalité… « J’évolue depuis assez longtemps dans l’univers de la finance pour affirmer que le propos de cette série est vrai. Les spéculateurs n’ont aucun respect pour l’économie. Ils se sentent complètement détachés de leurs actions. » Fabien Major n’est pas le premier à caricaturer le monde de la finance. La crise économique a inspiré de nombreux films ainsi qu’une flopée de vidéos sur le Web. Je vous en ai présenté quelques uns dans ce blogue, dont l’enterrement de Toxie, une création de deux journalistes de Planet Money, qui expliquait le concept des actifs toxiques. Quant à celui-ci d’Omid Malekan, un ex-trader, il se moque de la sur-évaluation du yuan et de la mollesse d’Obama face à cette situation. Omid Malekan a quitté le monde de la finance. Mais Fabien Major, lui, évolue tous les jours dans le monde de la finance. Je l’ai rencontré, curieuse de savoir pourquoi un financier qui pratique toujours se moque ainsi de la finance.D.B.- Pourquoi quelqu’un qui gagne sa vie avec la finance a-t-il choisi de la caricaturer? F.B.- Je m’occupe de gestion de patrimoine et d’investissements à long terme. La spéculation, c’est autre chose. On peut précipiter une économie dans le chaos en spéculant sur sa déconfiture. D.B.- Caricaturer la finance sur une site économique ne risque-t-il pas de porter atteinte à sa crédibilité? F.B.- Voyons donc! Je n’ai rien inventé, ça fait des décennies qu’on trouve des caricatures dans les pages économiques des quotidiens. Moi, je fais simplement de la caricature 2.0. D.B.- Quel est votre but? F.B.- Exprimer mon côté créatif, éduquer, faire réfléchir et, bien sûr, divertir. D.B.- Que pensent les vrais traders de vos personnages? F.B.- C’est assez particulier: ils trouvent que mes personnages ressemblent à leurs collègues… mais jamais à eux!D.B.- Qu’est-ce qui vous choque le plus dans l’activité des spéculateurs? F.B.- La bonification basée sur les rendements trimestriels. C’est le règne des doubles standards : on dit au petit investisseur de penser à long terme alors que les banquiers, eux, spéculent à court terme et empochent le magot! C’est « Faites ce que je dis, pas ce que je fais ». D.B.- La crise financière a-t-elle changé quelque chose? F.B.- Oui. Les grandes institutions financières ont assaini leurs pratiques, craignant que le gouvernement se mette le nez dans leurs affaires. Mais, en marge des grandes firmes, se trouve une série de plus petites qui continuent à pratiquer la spéculation outrancière. Je pense à un spéculateur comme John Paulson un opportuniste qui passe son temps à perturber le marché. On raconte que sa prochaine cible serait l’or, dont il a le pouvoir de faire chuter le prix. Vous trouvez ça normal qu’un homme puisse manipuler ainsi les marchés? D.B- Vos personnages n’ont aucun scrupule, éprouveront-ils des remords? F.B.- Bien sûr, vous les verrez afficher quelques moments d’humanité. Ils prendront temporairement conscience de leurs actions, se questionneront même sur leur utilité. Puis… ça leur passera! D.B.- Parlez-nous des deux personnages qui vont s’ajouter. F.B.- Il y aura La Patronne. Car la dirigeante de Blackhole Investments (la firme où travaillent Les Traders) est une femme. Brillante, rusée et … terrifiante. Ses employés la craignent mais ils respectent sa grande intelligence… mathématique! Il y aura aussi le directeur de la conformité : un non-voyant! Évidemment, c’est pour cela que la direction l’engagé, parce qu’il ne voit rien. Ici je veux dénoncer le non-sens voulant que le directeur de la conformité, celui qui doit surveiller, soit un employé de l’entreprise qu’il surveille. Il devrait jouir du même statut indépendant qu’un ombudsman. D.B.- Vos clients savent-ils que vous menez un double vie sur le Web? F.B.- Absolument! Et ils continuent de me faire confiance. En fait, dialoguer avec eux n’en est que plus intéressant. Ils posent de plus en plus de questions sur leurs investissements, les frais de commissions, etc. Et c’est très bien ainsi. Si je peux divertir tout en éduquant j’aurai atteint mon but. Lire ici ma chronique précédente