A mille lieues...
Ce qui m’a tout de suite intéressé dans cette création, c’était de
pouvoir mettre en valeur le texte à travers trois techniques de jeu (le conte,
l’ombre et les marionnettes sur table, dite « portées »), l’ensemble dans un
espace divisé en trois parties, trois lieux, trois atmosphères. Le devant de
la scène évoque tour à tour le port et un vieux gréement, le théâtre
d’ombres, le voyage de notre héros et la table, l’antre de la pieuvre.
Lorsque j’ai intégré le projet en juillet 2007, quelques jalons avaient
déjà été posés. Le texte écrit, les silhouettes d’ombres réalisées ainsi que les
marionnettes, mais il fallait amener du mouvement, de la vie. La
consigne était que Véronique devait pouvoir tout faire toute seule !
Nous avons recherché alors des manipulations adéquates, des
rythmes variés ainsi que des gestes précis et efficaces. La table fut
transformée en un décor 3d, les marionnettes réajustées, la gestuelle
affinée et le système de projection de diapositives avec miroir maîtrisé.
Le choix de la narration par un personnage de vieux marin, interprété
par la comédienne, évoque instantanément le climat propice à
l’imagination du spectateur. Pour travailler ce rôle, nous nous sommes
inspirées d’archétypes (bougon, ronfleur, malicieux) et d’accessoires
stylisés. Ceux-ci se transforment à l’évocation d’un geste, en longue vue
ou en voile pour le journal ou en petits poissons pour la pipe. Le narrateur
fait ainsi le lien entre les différents chapitres, donnant rythme au
spectacle ! Ici, il plante le décor d’un port, là, l’atmosphère d’un orage,
donnant vie par un jeu de lumière à telle ou telle évocation. Les
différentes tailles des ombres, les mouvements chorégraphiques
n’admettent pas l’improvisation.