CH2 : COMMUNICATION NERVEUSE INTRODUCTION Comment la douleur est-elle ressentie par le cerveau ? Comment peut s’atténuer la douleur ? Comment agissent les drogues sur le cerveau ? I CIRCULATION DES MESSAGES DANS LES VOIES DE LA DOULEUR A. Messages nerveux de la douleur 1 Le message sur la fibre nerveuse 2 L’activité électrique sur le nerf 3 Transmission des messages entre deux neurones B. La voie nociceptive 1 Neurones et centres nerveux mis en jeu 2 Voie empruntée par les messages nociceptifs II MODULATION DU MESSAGE NOCICEPTIF DANS LA MOELLE EPINIERE A. Modulation naturelle B. Modulation artificielle III MODULATION DU SYSTEME CEREBRAL DE RECOMPENSE A. Le système cérébral de récompense B. Modulation du système de récompense 1 : modulation naturelle du système de récompense 2 : modulation artificielle du système de récompense C. Tolérance et dépendance action de l’héroïne, tolérance et dépendance à l’héroïne CONCLUSION I CIRCULATION DES MESSAGES DANS LES VOIES DE LA DOULEUR plan Qu’est-ce que le message nerveux ? Comment circule-t-il ? Sur quelles voies nerveuses ? 1. MESSAGES NERVEUX DE LA DOULEUR (MESSAGE NOCICEPTIF) Le message sur la fibre nerveuse Le message nerveux est une succession de signaux électriques appelés potentiels d’action (P.A) Un potentiel d’action est une modification temporaire du potentiel électrique de la fibre. Cette modification est constante, quelque soit la stimulation et quelque soit l’endroit du neurone : elle est rapide (durée = 1 ms), brutale (fort changement de potentiel) et d’amplitude de 100 mv. Le message nerveux est codé en fréquence de P.A : Les amplitudes et durées des P.A. sont constantes, quelque soit la fibre nerveuse et le message : seul le nombre des P.A. changent : plus l’intensité de la douleur est forte plus la fréquence (= nombre par unité de temps) des P.A. est élevée. 100 mV A Message nerveux 20 ms St1 stimulus St2 St3 St4 2. L’activité électrique sur le nerf Le message nerveux global sur un nerf, qui est un ensemble de fibres nerveuses, correspond à l’ensemble des messages nerveux des fibres de ce nerf. Plus les P.A. sont nombreux sur les fibres et plus les fibres actives sont nombreuses, plus le signal électrique global sur le nerf est ample. 3. Transmission des messages entre deux neurones Le message nerveux se propage sur la fibre en conservant sa fréquence de P.A mais ne franchit pas synapse. La synapse = membrane pré-synaptique, fente synaptique, membrane post-synaptique est une discontinuité entre les neurones ; elle est dissymétrique : le bouton pré-synaptique contient des vésicules de neurotransmetteurs. Le message nerveux du neurone prés-synaptique déclenche l’expulsion des neurotransmetteurs qui diffusent dans la fente et se fixent sur les récepteurs post-synaptiques. Cette fixation créé un nouveau message sur le neurone post-synaptique. Molécule de neurotransmetteur Structure d’une synapse neurone post-synaptique fente synaptique neurone pré-synaptique Vésicules synaptiques Récepteur de la membrane Message électrique Message chimique Message électrique L’association neurotransmetteur/récepteur est cassée rapidement par les enzymes de la fente, ce qui interrompt la transmission chimique ; les molécules de neurotransmetteur peuvent être recaptées par le bouton pré-synaptique. B LA VOIE NOCICEPTIVE 1. Neurones et centres nerveux mis en jeu Les corps cellulaires des neurones médullaires forment des centres nerveux localisés dans les cornes dorsales de la substance grise de la moelle épinière. Les fibres nerveuses sont les prolongements cytoplasmiques des corps cellulaires et se regroupent dans les nerfs et la substance blanche. Si la fibre est entourée de myéline, la vitesse du message s’accélère. Les corps cellulaires des neurones sensitifs se localisent dans les ganglions des racines dorsales. MOELLE EPINIERE Vers le cerveau Racine dorsale Ganglion dorsal Neurone sensitif neurone médullaire Nerf rachidien Racine ventrale substance blanche substance grise 2. Voie empruntée par les messages nociceptifs : plan Le message douloureux se créé sur des terminaisons de fibres sensitives appelées nocicepteurs. Ce message se propage sur des fibres sensitives jusqu’au ganglion rachidien, puis dans la racine dorsale et la substance blanche, jusqu’à la corne dorsale de la substance grise. Au bouton synaptique, ce message nerveux déclenche l’expulsion de neurotransmetteurs, substance P et glutamate qui se fixent sur les récepteurs post-synaptique et créent un nouveau message nerveux. Ce nouveau message remonte vers le cerveau par des groupes de fibres appelés faisceaux ascendants. Les neurones recevant ces messages douloureux forment les centres cérébraux nociceptifs, dans le cortex, responsables de la sensation douloureuse. Stimulus Vers le cerveau Neurone sensitif Neurone médullaire BILAN : Le message nociceptif, ensemble de PA successifs tous identiques, codé en fréquence de PA, circule sur les fibres sensitives jusqu’au bouton synaptique où il provoque l’expulsion des neurotransmetteurs, substance p et glutamate, dans la fente synaptique ; ces molécules se fixent sur les récepteurs du corps cellulaire du neurone post-synaptique, logé dans la corne dorsale de la moelle épinière. Cette fixation des neurotransmetteurs sur leur récepteur crée un nouveau message nerveux vers le cerveau, à l’origine sensation douleur. II : MODULATION DU MESSAGE NOCICEPTIF plan Comment les messages nociceptifs sont-ils modifiés ? Aux cornes dorsales, des inter-neurones issus du cerveau expulsent des neurotransmetteurs « enképhaline » : qui se fixent sur des récepteurs des neurones médullaires et freinent les messages vers le cerveau. Stimulus Neurone sensitif ou qui se fixent sur les fibres sensitives et bloquent l’expulsion de la substance P et du Glutamate. Stimulus Neurone à enképhaline Vers le cerveau MODULATION NATURELLE (= ENDOGENE) DANS LA MOELLE EPINIERE Neurone médullaire Neurone à enképhaline Vers le cerveau A. Neurone sensitif Neurone médullaire La cause de la douleur (coupure ou brûlure…) et les messages nerveux sensitifs existent toujours, mais les messages médullaires sont moins nombreux vers cerveau : c’est l’analgésie. L’enképhaline, substance produite par nos neurones, est détruite rapidement par les enzymes synaptiques : son action modulatrice est donc brève. B. MODULATION ARTIFICIELLE (= EXOGENE) DANS LA MOELLE EPINIERE plan Comme l’enképhaline, la morphine inhibe la création des messages nociceptifs médullaires dans la corne dorsale. La morphine extraite du pavot (molécule exogène = non fabriquée par nos neurones) et l’enképhaline ont une forme voisine : toutes les deux se fixent sur les mêmes récepteurs de type opioïde, et avoir le même effet inhibiteur. La morphine agit plus longtemps et plus fortement que l’enképhaline car elle est difficilement détruite par les enzymes synaptiques. D’autres molécules comme les venins, les toxines, les drogues agissent comme la morphine sur notre organisme. III MODULATION DES MESSAGES DANS LE SYSTEME CEREBRAL DE RECOMPENSE A. LE SYSTEME CEREBRAL DE RECOMPENSE Des neurones de la base du cerveau libèrent la dopamine, neurotransmetteur qui stimule des neurones du cortex, responsables de la sensation de plaisir. L’ensemble de ces neurones contrôle l’émotivité, la motricité et l’attention et forment le système cérébral de récompense. B. 1) Hémisphère cérébral droit Cortex frontal hypothalamus Amas de neurones dopaminergiques MODULATION DU SYSTEME DE RECOMPENSE plan Le système de la récompense cervelet Modulation naturelle du système de récompense Les neurones à dopamine sont inhibés (= freinés) par des neurones dont le neurotransmetteur est le GABA : l’activité du système de récompense est constamment modérée. Neurone excitateur NEURONE A DOPAMINE dopamine GABA Neurone inhibiteur (Neurone à GABA) message créant la sensation de plaisir vers le cortex Les corps cellulaire des neurones à GABA possèdent des récepteurs à enképhaline : or ce neurotransmetteur freine l’activité des neurones, qui produisent moins de GABA sur les neurones à dopamine ; la stimulation du système de récompense augmente. Aire TEGMENTALE Neurone excitateur noyau ACCUMBENS SYNAPSE A DOPAMINE dopamine neurone à dopamine Bouton synaptique Vésicules à dopamine Pas de GABA Message correspondant à la sensation de plaisir Neurone inhibiteur à GABA Enképhaline Neurone inhibiteur à enképhaline Récepteurs à dopamine 1 = expulsion de la dopamine ; 2 = diffusion de la dopamine dans la fente synaptique et fixation sur le récepteur à dopamine ; 3 = recapture de la dopamine par le bouton synaptique ; 4 = destruction de la dopamine par les enzymes synaptiques. L’enképhaline est vite détruite ou recaptée, ce qui provoque le retour à la stimulation modérée du cortex. Neurone à enképhalines Fonctionnement du système de récompense Neurone à GABA Messages Pas de dopamine Récepteur nerveux Zones du cerveau impliquées dans les sensations de plaisir Neurone D inhibé Activation du système de récompense Libération d’enképhalines Neurone activateur En absence de stimulus agréable : - Pas de message sur le neurone activateur du neurone à dopamine. - Nombreux messages sur le neurone inhibiteur à GABA. La libération du GABA inhibe le neurone à dopamine. - Pas de massage sur le neurone à dopamine : aucune dopamine. - Pas de plaisir ressenti Inhibition du neurone à GABA Libération de dopamine Zones impliquées dans les sensations de plaisir Sensation de plaisir Stimulus agréable : active le neurone à enképhalines et le neurone activateur du neurone à D En présence d’un stimulus agréable : - Nombreux messages sur le neurone activateur du neurone à D et le neurone à enképhaline. - Libération d’enképhalines qui inhibe l’activité du neurone à GABA. - Nombreux messages sur le neurone à dopamine : libération de dopamine dans les zones du cerveau impliquées dans le plaisir = « récompense ». 2) Modulation artificielle du système de récompense plan Morphine et héroïne miment l’activité de l’enképhaline en l’exagérant fortement et longtemps, car ils ne sont pas détruits par les enzymes synaptiques. cortex Prise d'héroïne Neurone inhibiteur Neurone à GABA + dopamine - GABA Nombreux messages nerveux Peu de message nerveux + plaisir Neurone à dopamine Pas d’inhibition Nicotine et alcool stimulent directement les neurones à dopamine Action amphétamine : expulsion massive de dopamine Action cocaïne : blocage de la recapture de la dopamine C. TOLERANCE ET DEPENDANCE plan Action de l’héroïne (= morphine modifiée chimiquement) : Effet immédiat : disparition des douleurs, excitation, replis sur soi et impression de planer Effet à long terme : angoisse, irritabilité, excitation Tolérance à l’héroïne Après l’usage d’une drogue comme l’héroïne, les neurones deviennent tolérants, c’est-à-dire qu’ils s’adaptent à la forte stimulation en fabriquant un grand nombre de récepteurs : l’effet recherché se fera donc avec une dose toujours plus forte que la précédente. La tolérance amène au risque de l’overdose (respiration bloquée pour l’héroïne). Dépendance à l’héroïne Lorsque l’usager ne peut plus se passer physiologiquement ou psychologiquement de la drogue, il est devenu dépendant ; l’état de manque psychologique et physiologique pousse à une nouvelle prise. Dépendance psychologique = l’état de manque : malaise, angoisse, dépression Dépendance physiologique = l’état pathologique : douleurs, crampes, nausées, vomissements Le sevrage : = Arrêt lent ou brutal des prises de drogues, qui est associé : à des produits de substitution : METHADONE et SUBUTEX à une aide psychologique. CONCLUSION plan Les messages nerveux nociceptifs, codé en fréquence de PA, sont transmis par les neurotransmetteurs au niveau des synapses entre 2 neurones dans la corne dorsale ou dans le système cérébral de récompense. Les nouveaux messages nerveux créés sont à l’origine des sensations douloureuses ou des sensations de plaisir suivant le centre cérébral qui les reçoit et qui les traite. Des molécules exogènes comme la morphine peuvent se fixer sur les récepteurs à enképhaline et freiner la création des messages douloureux dans la moelle épinière ou freiner les messages inhibiteurs de sécrétion de dopamine dans le système de récompense du cerveau. Les drogues, grâce à la similitude de leur forme moléculaire, peuvent mimer l’action des enképhalines sur leur récepteur. L’action des drogues est forte car les enzymes synaptiques ne les détruisent pas et leur présence dans la fente synaptique est longue et leur quantité importante. La tolérance des neurones à ces substances conduit à la dépendance et éventuellement à la mort si le sevrage ne peut s’effectuer.