Budget 2012 : la Russie passe les dépenses militaires avant les
dépenses sociales
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Les experts de la société FBK (consultants comptables et financiers) ont rassemblé toutes les
dépenses du budget fédéral pour 2009-2014 en un tableau. « Le budget 2012-2014 peut être
considéré comme militairement orienté », constate Igor Nikolaev directeur du département
d’analyse stratégique de la société FBK.
En trois ans, les dépenses militaires augmenteront de 13,9% à 18,8%, et de 11,3% à 14,2%
pour la sécurité nationale et le maintien de l’ordre.
Toutefois, les dépenses liées aux investissements dans le capital humain, en atteignant son
point culminant à la veille des élections, diminueront par la suite. « La part des dépenses
d’éducation, en atteignant 5,1% en 2011, se réduira significativement en 2014, jusqu’à 3,4%
de toutes les dépenses du budget fédéral, a expliqué Igor Nikolaev. La même chose concerne
les dépenses de santé : le pic sera atteint en 2011 avec 4,6%, puis le budget diminuera
jusqu’à 3,2% ».
La réduction des dépenses de l’Etat pour le logement sera encore plus importante : le budget
du logement chutera en trois ans de 2,1% à 0,5%.
« L’éducation et la santé sont des investissements pour ceux qui produiront le PIB, ceux qui
doivent tirer l’économie vers le haut, déclare Evgueni Gontmakher, directeur adjoint de
l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales (IMEMO). Mais en aidant les
retraités l’Etat n’aide pas la population laborieuse, dont le nombre se réduit ». Au contraire,
selon Evgueni Gontmakher, une grande partie des dépenses publiques sera assumée par la
classe moyenne. Par exemple, les ponctions sur les salaires élevés augmenteront de 10%.
L’augmentation du budget militaire
« Le complexe militaro-industriel ressemble de plus en plus au secteur agricole soviétique – il
se transforme en un »trou noir« qui engloutit énormément de ressources budgétaires »,
déclare Evgueni Gontmakher.
L’augmentation des soldes des militaires (ces dépenses font partie de l’unité budgétaire
militaire) n’est pas une mauvaise chose, mais le moment est très mal choisi, pendant la crise,
déclare-t-il. De plus, les experts craignent que l’argent alloué à l’achat de matériel militaire
ne soit en partie détourné.
Certains experts, au contraire, soutiennent l’augmentation des dépenses pour l’armée.