Etude topographique de l`émergence cutanée des nerfs ilio

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2004-2005
UNIVERSITE DE NANTES
Etude topographique de l’émergence cutanée des nerfs
ilio-hypogastrique, ilio-inguinal, génito-fémoral
et cutané latéral de la cuisse
Par
COLOMA Pierre
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. J. LE BORGNE
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
•
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Laboratoire :
Pr. O. ARMSTRONG
Dr. O. BARON
Pr. C. BEAUVILLAIN
Dr. F. CAILLON
Pr. P. COSTIOU
Pr. D. CROCHET
Dr. J. DELECRIN
Dr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr. E. FRAMPAS
Dr. A. HAMEL
Pr. Y. HELOURY
Dr. M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. N. PASSUTI
Pr. R. ROBERT
Pr. O. RODAT
Dr. VALETTE
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2004-2005
UNIVERSITE DE NANTES
Etude topographique de l’émergence cutanée des nerfs
ilio-hypogastrique, ilio-inguinal, génito-fémoral et
cutané latéral de la cuisse
Par
COLOMA Pierre
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. J. LE BORGNE
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
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Dr. O. BARON
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Dr. M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. N. PASSUTI
Pr. R. ROBERT
Pr. O. RODAT
Dr. VALETTE
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
Je tenais à remercier les Professeurs : J. Leborgne, J-M. Rogez, R. Robert
et O. Armstrong, qui ont su susciter par leur enseignement cet amour et ce vif
intérêt pour l’Anatomie qui motive mon choix pour cette Unité d’Enseignement.
Un grand merci plus particulièrement au Pr. Robert pour m’avoir confié
un sujet de mémoire correspondant à mes attentes, et pour avoir su se montrer
disponible en toutes circonstances.
Je remercie également tous mes camarades de laboratoire pour leur
soutien technique mais surtout moral et qui ont su par leur bonne humeur
apporter convivialité et enthousiasme lors de nos dissections.
Je tenais à dire un grand merci à Stéphane Lagier et Yvan Blin pour leur
assistance, leur disponibilité et leur humour.
Enfin, je remercie mes proches, famille, amis, dont le soutien au quotidien
me fut d’une aide précieuse.
3
Introduction
Les nerfs ilio-inguinal, ilio-hypogastrique, génito-fémoral et cutané latéral de la
cuisse sont des nerfs mixtes (ilio-hypogastrique, ilio-inguinal et génito-fémoral) ou purement
sensitif (cutané latéral de la cuisse) naissant des branches antérieures de L1 à L3,
n’appartenant pas au plexus lombaire à proprement parler.
Ils prennent en charge l’innervation sensitive de la peau de la partie basse de la paroi
abdominale antéro-latérale, du pli inguinal et du haut de la cuisse, des grandes lèvres ou du
scrotum et de la face latérale de la cuisse. De plus certains possèdent un contingent moteur
pour les muscles larges et droits de l’abdomen.
Leur situation superficielle dans leur partie distale les expose à des risques de lésions
diverses, lésions à l’origine de névralgies bien connues des chirurgiens.
C’est pourquoi nous avons décidé d’étudier les points d’émergence cutanée de ces
nerfs au niveau de la paroi abdominale antérieure et de la région inguinale, afin d’établir une
cartographie de la distribution de leurs différentes branches.
Après quelques rappels anatomiques, nous vous présenterons les résultats des
dissections réalisées et discuterons d’une éventuelle systématisation des points d’émergence
cutanée et superficielle de ces nerfs.
4
I) Rappels
anatomiques
1) Nerf ilio-hypogastrique (2);(3) :
Le nerf ilio-hypogastrique naît de la branche antérieure de L1, il émerge du muscle psoas
en arrière et latéralement et se dirige obliquement en bas et en dehors, sous le douzième nerf
intercostal, anciennement appelé nerf subcostal, passant à la face antérieure du muscle carré
des lombes.
Au bord latéral du carré des lombes, il perfore le muscle transverse de l’abdomen
quelques centimètres au-dessus de la crête iliaque, et donne un rameau cutané latéral qui
innerve les téguments de la partie supéro-externe de la fesse et la région trochantérienne.
Peu après avoir traversé le muscle transverse, le nerf ilio-hypogastrique passe au dessus
de l’orifice profond du canal inguinal, puis donne une branche abdominale, qui chemine entre
les muscles transverse et oblique interne, pour apparaître finalement sous l’aponévrose du
muscle oblique externe.
Elle se destine à l’innervation des téguments de l’hypogastre et aux muscles larges et
droits de l’abdomen, y compris les muscles crémasters (d’où les racines L1 et L2 testées lors
du réflexe crémasterien) .
2) Nerf ilio-inguinal (2);(3) :
Le nerf ilio-inguinal, nerf mixte, possède la même racine que le nerf ilio-hypogastrique, à
savoir la branche antérieure de L1, ainsi que le même trajet et les mêmes rapports.
Il chemine sous le nerf ilio-hypogastrique et perfore le muscle transverse mais ne donne
pas de rameau cutané latéral contrairement à ce dernier. Puis il se divise également en deux
branches :
-
une branche abdominale, qui se distribue essentiellement aux muscles larges et
droits de l’abdomen ;
-
une branche génitale, qui accompagne, en avant et en dehors, le ligament rond chez
la femme et le cordon spermatique chez l’homme, puis réapparaît au niveau de
l’orifice superficiel du canal inguinal où elle va donner des branches aux téguments
de la partie supéro-interne de la racine de la cuisse, du pubis et de la grande lèvre ou
de l’hémiscrotum correspondant
N.B : selon les sources, la branche génitale qui passe dans le canal inguinal provient soit
du nerf ilio-hypogastrique (2), soit du nerf ilio-inguinal (3), avec ceci dit une nette préférence
pour le nerf-ilio-inguinal. L’existence d’anastomoses fréquentes entre ces deux nerfs à ce
niveau témoigne dans tous les cas d’une participation des deux nerfs à l’innervation des
téguments considérés.
5
3) Nerf génito-fémoral (2);(3) :
Le nerf génito-fémoral est un nerf mixte naissant essentiellement de la branche antérieure
de L2, à celle-ci s’ajoute de façon inconstante une branche accessoire venant de L1.
Il apparaît entre les deux couches musculaires du psoas, à hauteur de L3 et longe sa face
antérieure, rétrocroisant l’uretère et les vaisseaux gonadiques, puis longe le bord latéral de
l’artère iliaque externe à laquelle elle donne quelques filets nerveux. A une distance variable
au-dessus du ligament inguinal, il se divise en deux branches :
-
une branche fémorale, latérale, suit l’artère iliaque externe, passe sous le ligament
inguinal, perfore le fascia criblé et donne des branches aux téguments du trigone
fémoral ainsi qu’à l’artère fémorale ;
-
une branche génitale, qui suit les vaisseaux gonadiques et s’engage dans le canal
inguinal, à sa face postéro-interne, accompagnant ainsi le ligament rond ou le cordon
spermatique, et se terminant dans les téguments de la grande lèvre ou de
l’hémiscrotum correspondant.
N.B : on peut remarquer que, contrairement aux autres nerfs que nous avons ou allons décrire,
le nerf génito-fémoral est le seul à posséder un contingent passant au-dessus du ligament
inguinal et un autre contingent passant au-dessous. Ceci aura son importance lors de la
recherche anatomique des différentes branches de ce nerf.
4) Nerf cutané latéral de la cuisse (2);(3) :
Le nerf cutané latéral de la cuisse, dernier nerf de cette étude, est le seul nerf purement
sensitif des quatre.
Il naît des branches postérieures des rameaux antérieurs de L2-L3, puis traverse les deux
couches du psoas et apparaît à son bord latéral, se dirigeant obliquement en bas et en dehors,
il croise la face antéro-inférieure du muscle carré des lombes et pénètre dans la fosse iliaque.
Il remonte vers l’échancrure inter-épineuse et apparaît sous le ligament inguinal en dedans de
l’épine iliaque antéro-supérieure.
Le nerf cutané latéral de la cuisse passe à la face antérieure du muscle sartorius et se
divise en deux branches :
une branche glutéale, destinée aux téguments de la partie supéro-externe de la fesse,
qui s’anastomose avec la branche cutanée latérale du nerf ilio-hypogastrique ;
-
une branche fémorale, descendant la face antéro-latérale de la cuisse et innervant les
téguments de la cuisse jusqu’à hauteur du genou.
N.B : il est à noter que la division du nerf en ses deux branches peut se retrouver aussi bien
avant comme après le passage sous le ligament inguinal,avec une nette préférence pour une
division pré-ligamentaire.
6
Vue antérieure du plexus lombaire (Netter) (4)
Rapports musculaires de l’origine des nerfs (Netter) (4)
7
Nerfs ilio-inguinal et ilio-hypogastrique (selon Kamina) (3)
8
II) Matériel et
méthodes
1) Matériel :
Nous avons pratiqué six dissections sur cinq sujets (un de façon bilatérale) :
-
4 femmes (d’un seul côté)
1 homme (des deux côtés)
Le matériel utilisé se décrit ainsi :
-
bistouri n°4
lames de 23
pinces plates sans griffes
pinces à bouts pointus
écarteurs de type Farabeuf
scie à main
2) Méthodes :
Les deux premières dissections ne se rattachent pas au sujet du mémoire directement, mais
avaient pour ambition d’illustrer et de confirmer par-là même les rappels anatomiques
précédemment énoncés en I).
A) Première dissection :
Le premier sujet disséqué était frais, de sexe féminin, âgé de 83 ans. Nous avons disséqué
le côté gauche.
Le but de cette dissection était de mettre en place les nerfs ilio-hypogastrique et ilioinguinal dans leur trajet rétropéritonéal avant leur traversée du muscle transverse de
l’abdomen.
Une incision fut réalisée en sous-costal gauche, une autre suivant le ligament inguinal
gauche et une dernière, verticale, reliant l’épine iliaque antéro-supérieure au bord latéral
gauche de la cage thoracique.
Après incision des muscles larges, et tout en essayant de repérer les nerfs au niveau de la
paroi antéro-latérale, nous les avons réclinés de façon à mettre en évidence le rétropéritoine.
Puis le contenu péritonéal fut écarté et nous avons pu observer le muscle carré des lombes sur
lequel courraient les nerfs ilio-hypogastrique et ilio-inguinal.
Le nerf ilio-hypogastrique présentait sa division en branches cutanée latérale et
principale, qui elle-même donnera ses deux branches .
Le nerf ilio-inguinal cheminait à environ deux centimètres sous lui, se dirigeant dans la
même direction, obliquement en bas et en dehors pour aller perforer le muscle tranverse.
9
Haut
Gauche
Nerf iliohypogastrique
Muscle carré
des lombes
Nerf ilio-inguinal
Branche principale
du nerf iliohypogastrique
Branche cutanée
latérale du nerf iliohypogastrique
Photo n°1 : vue antérieure de la partie rétropéritonéale des nerfs
ilio-inguinal et ilio-hypogastrique gauches
B) Deuxième dissection :
Le deuxième sujet disséqué était formolé, de sexe féminin, âgé de 98 ans. Les quatre
membres manquaient car prélevés après une séance de dissections des PCEM2, de sorte que
les deux ligaments inguinaux étaient altérés par ces dissections antérieures.
Le but de cette dissection était de mettre en place les quatre nerfs dans leur trajet très
proximal, c'est-à-dire de leur quasi origine et de leur trajet rétropéritonéal avant leur passage
sur ou sous le ligament inguinal.
Nous avons donc pratiqué une incision verticale, médiane, allant de l’appendice xiphoïde
jusqu’à la symphise pubienne, puis une autre incision bi sous-costale, et une dernière bi
inguinale. De la sorte, nous avons pu récliner les muscles de la paroi antéro-interne de
l’abdomen et mettre en évidence la cavité péritonéale.
Après avoir décollé toutes les adhérences péritonéales (notamment postérieures), nous
avons procédé au clampage et à la section du rectum et du quatrième duodénum afin de
pouvoir éviscérer l’abdomen et d’observer le rétropéritoine.
Nous avons ensuite séparé l’abdomen du thorax en sciant à hauteur de Th10.
10
Puis nous avons débarrassé le côté droit de la graisse rétropéritonéale et pelvienne et avons
pu reconnaître l’émergence des différents nerfs :
-
les nerfs ilio-hypogastrique et ilio-inguinal sortent tous les deux au niveau du psoas,
sous les fibres musculaires au niveau de L1 et cheminent sur le muscle carré des
lombes à environ deux centimètres sous l’insertion pariétale postérieure de la coupole
diaphragmatique, pour rejoindre le muscle transverse un centimètre au-dessus de la
partie médiane de la crête iliaque ;
-
le nerf cutané latéral de la cuisse, apparaît lui aussi sous le psoas à hauteur de L3 et
se dirige obliquement en bas et en dehors vers la fosse iliaque interne en longeant la
face antérieure du muscle iliaque, puis remonte vers l’épine iliaque antéro-supérieure
pour passer sous le ligament inguinal ;
-
enfin, le nerf génito-fémoral passe entre le muscle psoas en arrière et la veine cave
inférieure en avant et apparaît au niveau de L3, il chemine sur le corps du psoas
jusqu’à son tendon commun avec le muscle iliaque en longeant l’artère iliaque
commune puis externe et en étant surcroisé par l’uretère et la veine ovarique (l’artère
ayant été sectionnée).
Il est intéressant de noter que la division du nerf génito-fémoral en branches génitale
et fémorale n’a pas été retrouvée.
Haut
Gauche
Nerf
ilio-hypogastrique
Veine ovarique
Uretère
Nerf ilio-inguinal
Muscle psoas
Nerf génito-fémoral
Nerf cutané
latéral de la
cuisse
Photo n°2 : vue antérieure de la partie rétropéritonéale des quatre nerfs à droite
11
C) Troisième dissection :
Le troisième sujet disséqué était frais, puis a été formolé par la suite, de sexe féminin, âgé
de 84 ans. Nous avons disséqué le côté gauche.
Le but de cette dissection, ainsi que de toutes celles qui ont suivi, était de mettre en
évidence la distribution distale des quatre nerfs, à partir de leur point d’émergence cutanée au
niveau de la paroi abdominale antérieure.
Nous avons donc pratiqué plusieurs incisions : une le long du ligament inguinal et une
autre médiane, de la symphise pubienne à l’ombilic, de façon à pouvoir récliner la peau et le
tissu cellulo-graisseux vers le rebord costal gauche et laisser ainsi apparaître l’aponévrose du
muscle oblique externe et l’orifice superficiel du canal inguinal, aponévrose qui fut incisée
également de manière parallèle au ligament inguinal.
Nous avons par la suite réalisé une incision verticale vers le bas passant par l’épine iliaque
antéro-supérieure afin de mettre en évidence le nerf cutané latéral de la cuisse.
D) Quatrième dissection :
Le quatrième sujet disséqué était frais, puis a été formolé par la suite, de sexe masculin,
âgé de 81 ans. Nous avons disséqué les deux côtés.
Lors de la formolisation, nous n’avons conservé que le bassin selon la méthode expliquée
pour la deuxième dissection, ainsi que la racine des cuisses.
De plus, nous avons pratiqué de chaque côté des mesures de distance entre l’émergence
cutanée de chacun des nerfs par rapport à trois repères anatomiques que sont l’ombilic, l’épine
iliaque antéro-supérieure et l’épine du pubis.
a) Côté droit :
Nous avons pratiqué, une incision verticale et médiane de l’ombilic à la symphise
pubienne, une incision le long du ligament inguinal et une incision verticale vers le bas à
partir de l’épine iliaque antéro-supérieure. Puis nous avons récliné la peau et le tissu cellulograisseux de façon à apercevoir l’aponévrose du muscle oblique externe et l’orifice superficiel
du canal inguinal.
Nous avons ensuite disséqué le cordon spermatique dans sa partie proximale à partir de sa
sortie au niveau de l’orifice superficiel afin de chercher les branches génitales des nerfs ilioinguinal et génito-fémoral. Une fois ces branches trouvées, nous avons pratiqué une incision
longeant le bord supérieur du ligament inguinal, ouvrant ainsi le canal inguinal et avons pu
observer la disposition de ces deux branches par rapport au cordon spermatique.
Puis nous avons disséqué la face antérieure de la racine de la cuisse, afin de chercher la
branche fémorale du nerf génito-fémoral et le nerf cutané latéral de la cuisse.
12
b) Côté gauche :
Les mêmes incisions qu’à droite furent pratiquées (sauf le canal inguinal qui fut
préservé), avec une attention plus particulièrement posée sur la zone du trigone fémoral et du
triangle de Scarpa où nous avons également procédé à la dissection des vaisseaux et nerf
fémoraux. L’aponévrose des muscles psoas-iliaque et sartorius fut décollée et découpée.
E) Cinquième dissection :
Le cinquième sujet disséqué était frais, de sexe féminin, âgé de 91 ans. Nous avons
disséqué le côté gauche.
De la même façon que pour le quatrième sujet, nous avons réalisé des mesures entre
l’émergence cutanée des nerfs trouvés et les trois repères anatomiques précédemment cités.
Nous avons pratiqué une incision médiane de l’ombilic à la symphise pubienne, une le
long du ligament inguinal, et une dernière incision verticale vers le bas partant de l’épine
iliaque antéro-supérieure.
Nous avons ensuite récliné la peau et le tissu cellulo-graisseux de la paroi abdominale
antérieure et de la racine de la cuisse de façon à mettre en évidence respectivement
l’aponévrose du muscle oblique externe et l’aponévrose des muscles de la racine de la cuisse
et le trigone fémoral.
Puis nous avons retiré l’aponévrose des muscles droit fémoral et sartorius.
Nous avons également pratiqué une incision de l’aponévrose du muscle oblique externe
deux centimètres au-dessus de l’orifice superficiel du canal inguinal afin de mettre en
évidence la branche abdominale du nerf ilio-hypogastrique.
Enfin, nous avons réalisé une incision sus-pubienne, horizontale, d’environ dix
centimètres de long et disséqué la graisse du mont de Vénus afin de chercher les branches
génitales du nerf génito-fémoral.
13
III) Résultats
Les résultats ne commencent qu’à partir de la troisième dissection car les deux premières
ne servirent qu’à illustrer les rappels anatomiques, comme précédemment énoncé.
1) Troisième dissection :
L’orifice superficiel du canal inguinal apparaît sous un « bourrelet » musculaire qui se
détache du muscle oblique externe ; à sa face inférieure apparaissent alors deux branches
nerveuses dont une a été sectionnée lors des dissections.
Il est néanmoins vraisemblable de penser que ces deux branches correspondent aux
rameaux génitaux des nerfs ilio-inguinal et génito-fémoral, d’autant plus qu’elles se disposent
de part et d’autre du ligament rond.
14
Haut
Gauche
Haut
Gauche
Muscle oblique
externe
Branche génitale du
nerf ilio-inguinal
Ligament
inguinal
sectionné
Branche
génitale du nerf
génito-fémoral
Veine
épigastrique
inférieure
Photos n°3 a et b : anneau inguinal superficiel gauche
et contingent génital des nerfs G-F et I-I
15
D’autre part, au voisinage de l’épine iliaque antéro-supérieure, approximativement un
centimètre en dedans et en bas, nous avons retrouvé le nerf cutané latéral de la cuisse passant
dans une échancrure sous le ligament inguinal, qui présentait déjà ses deux branches de
division glutéale et fémorale. La branche glutéale se divise en deux un centimètre sous le
ligament inguinal.
Les deux branches principales du nerf passent à la face antérieure de la partie proximale
du muscle sartorius et se dirigent latéralement vers la fosse iliaque externe : la branche
fémorale courant sur le muscle droit fémoral et la branche glutéale se dirigeant vers le muscle
tenseur du fascia lata.
Haut
Gauche
Haut
Epine iliaque
antéro-supérieure
Gauche
Rameau
glutéal du
NCLC
Muscle oblique
externe
Ligament
inguinal
Branche
fémorale du
NCLC
Muscle
sartorius
Branches de
division du
contingent
glutéal
Photos n°4 a et b : vue antérieure du nerf cutané latéral
de la cuisse gauche et ses branches de division
16
Nerf cutané latéral de la cuisse
Nerf génito-fémoral (rameau génital)
Nerf ilio-inguinal (rameau génital)
Schéma récapitulatif de l’organisation des nerfs chez le troisième sujet
17
2) Quatrième dissection :
A) Côté droit :
Au-dessus du ligament inguinal, au niveau de l’anneau inguinal superficiel apparaissent
deux nerfs de part et d’autre du cordon spermatique, posés sur la gaine fibreuse qui l’entoure.
Il est à noter que l’un de ces nerfs fut lésé lors des dissection, ce qui rendit l’identification
difficile, et que la formolo-fixation les rigidifia de sorte que leur trajets semblent
artificiellement contournés.
Ces nerfs émergent sous l’aponévrose du muscle oblique externe, à la jonction 1/5-2/5
médialement, et se dirigent tous deux obliquement en bas et en dedans vers la partie médiale
et supérieure de la racine de la cuisse.
La branche lésée semble suivre le cordon spermatique, il serait toutefois présomptueux
d’affirmer avec certitude et au premier abord qu’il s’agit de la branche génitale du nerf
génito-fémoral ou ilio-inguinal.
Cependant, sa situation plus postérieure dans le canal inguinal laisse à penser qu’il s’agit
de la branche génitale du nerf génito-fémoral, d’autant plus que l’autre nerf,
vraisemblablement la branche génitale du nerf ilio-inguinal, conserve une position antéroexterne au cordon et donne une branche plongeant vers le scrotum et une autre plus
particulièrement destinée à la partie médiale de la racine de la cuisse.
Le nerf ilio-hypogastrique n’a été ni recherché, ni retrouvé à la dissection.
18
Haut
Gauche
Haut
Gauche
Branche génitale
du nerf génitofémoral
Orifice superficiel
du canal inguinal
Cordon spermatique
récliné
Branche
génitale du nerf
ilio-inguinal
Ligament inguinal
Branche de
division scrotale
Branche de
division
inguinale
Photos n°5 a et b : vue antérieure de l’émergence cutanée
des branches génitales des nerfs ilio-inguinal et génito-fémoral droits
19
La disposition de ces deux branches dans le canal inguinal respecte la disposition
habituelle : celle issue du nerf génito-fémoral conserve une position postérieure par rapport à
celle issue du nerf ilio-inguinal, qui se trouve au bord latéral du canal inguinal.
Haut
Gauche
Haut
Gauche
Aponévrose du
muscle oblique
externe
Canal inguinal
Branche
génitale du
nerf I-I
Rameau
génital du
nerf G-F
Ligament
inguinal
Cordon
spermatique
Photos n°6 a et b : vue antérieure du canal inguinal droit à sa partie distale
20
Nous avons trouvé la branche fémorale du nerf génito-fémoral qui elle-même se sépare en
deux autres branches pour la partie moyenne de la racine de la cuisse.
Cette branche apparaît sous le ligament inguinal à la jonction 1/3-2/3 latéralement,
parcourt l’aponévrose fémorale antérieure et se distribue aux téguments de la région inguinale.
Le nerf cutané latéral de la cuisse, quant à lui, est retrouvé en bas et en dedans de l’épine
iliaque antéro-supérieure, passant sous le ligament inguinal, alors qu’il se divise en ses deux
composantes glutéale et fémorale.
On remarque également que la branche glutéale se divise précocément en deux et se
dirige vers la fosse iliaque externe et la région trochantérienne.
Le rameau fémoral croise le muscle sartorius et va longer son bord latéral pour se
distribuer aux téguments de la face latérale de la cuisse
21
Haut
Gauche
Haut
Gauche
Nerf cutané latéral
de la cuisse
Epine iliaque
antérosupérieure
Rameau glutéal
du NCLC
Ligament
inguinal
Branches de
division du
rameau glutéal
du NCLC
Rameau
fémoral du nerf
génito-fémoral
Rameau
fémoral du
NCLC
Branches de
division du
rameau fémoral
du NGF
Photos n°7 a et b : vue antérieure de l’émergence cutanée du nerf cutané latéral
de la cuisse et de la branche fémorale du nerf génito-fémoral droits
22
Ombilic
Nerf génito-fémoral
(branche génitale)
Nerf ilio-inguinal
Nerf génito-fémoral
(branche fémorale)
Nerf cutané latéral de
la cuisse
Epine du pubis
117
Epine iliaque antérosupérieure
95
117
122
95
51
39
82
126
6
120
39
Tableau n°1 : distance entre chaque nerf et trois repères anatomiques à droite
(en millimètres)
B) Côté gauche :
Nous avons trouvé les branches génitales des nerfs ilio-inguinal et génito-fémoral au
niveau de l’orifice superficiel du canal inguinal. Notons que le rameau issu du nerf ilioinguinal fut lésé et qu’à ce propos, l’identification des deux branches se basa sur les mêmes
arguments que du côté droit (position par rapport au cordon, direction des fibres).
Le nerf ilio-hypogastrique n’a pas été recherché, ni retrouvé à la dissection.
23
Haut
Gauche
Haut
Gauche
Eléments vasculonerveux fémoraux
Branche génitale du
nerf ilio-inguinal
Ligament inguinal
Cordon
spermatique
Branche génitale du
nerf génito-fémoral
Photos n°8 a et b : vue antérieure de l’émergence cutanée
des branches génitales des nerfs I-I et G-F gauches
D’autre part, nous avons disséqué le triangle de Scarpa et toute la face antérieure de la
racine de la cuisse, individualisé les éléments vasculo-nerveux fémoraux, notamment le nerf
fémoral, qui s’est présenté en deux « paquets », l’un plus grêle et antérieur à l’autre.
De plus, nous avons individualisé le rameau fémoral du nerf génito-fémoral, passant sous
le ligament inguinal à la jonction 1/3-2/3 médialement et qui se divise rapidement en deux
branches au-dessus de l’aponévrose du muscle psoas-iliaque, ici découpée.
24
Un autre rameau nerveux, grêle, unique, bien individualisé tant au niveau fémoral qu’au
niveau inguinal a été découvert, a environ un centimètre latéralement à la branche fémorale
du nerf génito-fémoral. Tout pousse à croire, tant au niveau du territoire innervé que de la
proximité anatomique de ces deux branches, que le rameau découvert est une branche de
division haute, pelvienne, de la branche fémorale du nerf génito-fémoral.
Haut
Gauche
Haut
Gauche
Branche fémorale
du nerf génitofémoral
Ligament
inguinal
Nerf fémoral
et son
dédoublement
Rameau isolé
Branches de
division du
ramaeau fémoral
du nerf G-F
Photos n°9 a et b : vue antérieure du triangle de Scarpa et de l’émergence
cutanée de la branche fémorale du nerf G-F gauches
25
La dissection du triangle de Scarpa fut motivée par la découverte d’une anastomose entre
la branche gauche de division du contingent fémoral du nerf génito-fémoral et une branche du
dédoublement antérieur du nerf fémoral.
Il est donc légitime d’envisager que le nerf génito-fémoral, qui est un nerf mixte, peut
participer à l’innervation motrice des muscles antéro-supérieurs de la cuisse normalement
innervés par des rameaux issus du nerf fémoral (droit fémoral, sartorius, psoas-iliaque).
Haut
Gauche
Haut
Muscle
psoas-iliaque
Gauche
Rameau fémoral du
nerf génito-fémoral
Muscle sartorius
Nerf fémoral
Rameau moteur pour
le muscle sartorius
Anastomose entre le
nerf fémoral et le
nerf génito-fémoral
Photos n°10 a et b : vue antérieure du triangle de Scarpa et de l’anastomose entre
le nerf fémoral et le rameau fémoral du nerf génito-fémoral gauches
26
Enfin, le nerf cutané latéral de la cuisse, fut retrouvé comme toujours jusqu’à présent
non loin de l’épine iliaque antéro-supérieure, en bas et en dedans. Ce nerf passe sous le
ligament inguinal, en un tronc commun qui se divise en deux rameaux glutéal et fémoral
environ quatre centimètres après son émergence.
Les deux branches restent approximativement parallèles sur une dizaine de centimètres,
puis se séparent : la branche glutéale rejoint la fosse iliaque externe et passe sur le fascia iliotibial tandis que la branche fémorale présente un trajet pratiquement vertical en direction de la
face externe de la cuisse.
Haut
Gauche
Haut
Epine iliaque
antéro-supérieure
Gauche
Nerf cutané latéral
de la cuisse
Muscle sartorius
Branche fémorale
du NCLC
Branche glutéale du nerf
cutané latéral de la cuisse
Photos n°10 a et b : vue antérieure du nerf cutané latéral de la cuisse gauche
27
Ombilic
Nerf génito-fémoral
(branche génitale)
116
Epine iliaque antérosupérieure
105
Epine du pubis
Nerf ilio-inguinal
Nerf génito-fémoral
121
121
?
67
43
79
Nerf cutané latéral de
la cuisse
127
12
135
39
Tableau n°2 : distance entre chaque nerf et trois repères anatomiques à gauche
(en millimètres)
Nerf cutané latéral de la cuisse
Nerf génito-fémoral (rameau génital)
Nerf génito-fémoral (rameau fémoral)
Nerf ilio-inguinal (rameau génital)
Schéma récapitulatif de l’organisation des nerfs chez le quatrième sujet
28
3) Cinquième dissection :
Lors de cette dissection, nous avons mis en évidence l’émergence sous l’aponévrose du
muscle oblique externe et à travers ses fibres musculaires de la branche abdominale du nerf
ilio-hypogastrique, environ deux centimètres au-dessus du ligament inguinal et descendant
parallèlement à lui ; il apparaît deux centimètres latéralement à l’épine iliaque antérosupérieure.
De plus, sous cette même aponévrose, nous avons découvert le nerf ilio-inguinal,
perforant les fibres du muscle oblique externe, un demi-centimètre au-dessus du ligament
inguinal, et au niveau de sa jonction 1/2-1/2.
29
Haut
Gauche
Haut
Gauche
Epine iliaque
antéro-supérieure
Nerf iliohypogastrique
Nerf cutané latéral
de la cuisse
Muscle oblique
externe et son
aponévrose réclinée
Rameau
abdominal du
nerf ilio-inguinal
Muscle sartorius
Photos n°11 a et b : vue antérieure des nerfs ilio-hypogastrique
et ilio-inguinal gauches
30
D’autre part, un peu plus loin dans son trajet sous-aponévrotique, on remarque que le
rameau abdominal du nerf ilio-hypogastrique perfore l’aponévrose du muscle oblique externe
qui forme une sorte de boutonnière.
Puis il remonte et va se distribuer aux téguments et au tissu cellulo-graisseux de
l’hypogastre en se ramifiant.
Haut
Gauche
Haut
Ramification de
la branche
abdominale du
nerf I-H
Gauche
Nerf iliohypogastrique
Peau de
l’hypogastre
Aponévrose du
muscle oblique
externe
Boutonnière dans
l’aponévrose
Photos n°12 a et b : distribution de la branche abdominale du nerf
ilio-hypogastrique gauche aux téguments de l’hypogastre
31
L’aponévrose du muscle oblique externe fut incisée parallèlement au ligament inguinal,
cependant, l’orifice superficiel du canal inguinal fut préservé et à ce niveau, nous avons
découvert la branche génitale du nerf ilio-inguinal, qui s’enfouissait dans la graisse prépubienne, dans la région du mont de Vénus en donnant de nombreuses ramifications.
Haut
Gauche
Haut
Gauche
Rameau génital du
nerf ilio-inguinal
Anneau inguinal
superficiel
Distribution du
rameau génital du
nerf ilio-inguinal
Rameau génital
du nerf génitofémoral
Téguments du
pubis
Photos n°13 a et b : distribution de la branche génitale du nerf
ilio-inguinal gauche aux téguments du pubis
32
Enfin, le nerf cutané latéral de la cuisse a été retrouvé comme il est de coutume en dedans
et en bas de l’épine iliaque antéro-supérieure, mais dans un dédoublement du ligament
inguinal et non sous lui. Au travers de cette boutonnière émerge ainsi ce nerf qui présentait
déjà ses deux branches de division glutéale et fémorale.
Le rameau fémoral passe sur l’aponévrose du muscle sartorius, ici découpée, et suit un
trajet parallèle à lui sur une courte de distance puis se dirige vers la face latérale de la cuisse
en surcroisant le tractus ilio-tibial.
Le rameau glutéal se dirige immédiatement après son émergence vers la fosse iliaque
externe ou il va surcroiser le muscle tenseur du fascia lata.
Ombilic
Nerf ilio-inguinal
(rameau génital)
Nerf cutané latéral de
la cuisse
Epine du pubis
178
Epine iliaque antérosupérieure
113
196
11
98
19
Tableau n°3 : distance entre chaque nerf et trois repères anatomiques à gauche
(en millimètres)
33
Haut
Gauche
Haut
Gauche
Epine iliaque
antéro-supérieure
Boutonnière
dans le ligament
inguinal
Rameau glutéal du
nerf cutané latéral de
la cuisse
Ligament
inguinal
Rameau fémoral
du NCLC
Muscle tenseur
du fascia lata
Photos n°14 a et b : émergence du nerf cutané latéral de la cuisse gauche
dans une boutonnière du ligament inguinal
34
Nerf cutané latéral de la cuisse
Nerf génito-fémoral (rameau génital)
Nerf ilio-hypogastrique
Nerf ilio-inguinal (rameau génital)
Schéma récapitulatif de l’organisation des nerfs chez le cinquième sujet
35
IV) Discussion
1) Interprétation des résultats :
Il serait impossible de tirer une quelconque conclusion quant à une éventuelle
systématisation de l’émergence cutanée de ces nerfs au vu du nombre de sujets disséqués.
Les résultats énoncés n’ont pas la prétention de pouvoir servir au chirurgien, mais laissent
envisager des pistes quant à l’exploration de la région étudiée.
Une étude exhaustive et portant sur un nombre important de sujets laisserait sans doute
entrevoir une perspective de systématisation d’émergence cutanée des nerfs et de rapports
musculo-aponévrotiques, tendineux et osseux .
En revanche, le point commun entre tous les résultats de ces dissections est la variabilité
des nerfs, aussi bien au niveau de leur distribution (branches de division, constance de leur
présence) que de leur point d’émergence cutanée.
Le petit calibre des branches distales de ces nerfs les exposent grandement aux lésions :
ainsi, les rameaux génitaux des nerfs ilio-inguinal et génito-fémoral furent sectionnés
accidentellement à deux reprises lors de nos travaux au niveau de leur émergence sous
l’orifice superficiel du canal inguinal. Leur trajet dans une épaisseur importante de graisse,
parfois jusqu’à cinq centimètres, rendit difficile leur localisation et la destination de leurs
fibres, donc leur identification.
De plus, si leur situation de part et d’autre du ligament rond ou du cordon spermatique
présente une grande régularité, il n’en est pas de même pour leur distribution distale et leur
trajet dans les téguments pubiens et labiaux/scrotaux où il n’est pas rare de voir leur
disposition changer. Leur identification, quoique difficile, reste la plus pertinente aux abords
de l’orifice superficiel du canal inguinal.
Les possiblités d’anastomoses ne sont pourtant pas rares, ainsi que le décrivent Ducic et
Lee Dellon (7), mais aussi loin que l’exploration anatomique dans le canal inguinal nous l’a
permis, il n’a pas été retrouvé à la dissection de telles anastomoses, les deux branches
nerveuses étant à chaque fois bien différenciées.
Le rameau fémoral du nerf génito-fémoral ne doit pas être oublié, son émergence
constante sous le ligament inguinal au niveau du tiers médian et latéralement au paquet
vasculo-nerveux fémoral rend sa recherche facilitée ; sa situation assez superficielle l’expose
en revanche grandement à une incision accidentelle lors de l’abord du triangle de Scarpa.
Le contingent moteur du rameau fémoral du nerf génito-fémoral a été mis en évidence par
la découverte, certes dans un seul cas, d’une anastomose entre le nerf fémoral et le nerf
génito-fémoral au niveau de la racine de la cuisse.
Qu’en est-il de sa participation à l’innervation motrice des extenseurs de cuisse ou du
muscle psoas-iliaque ?
36
Le nerf ilio-hypogastrique, qui ne fut cherché qu’une fois dans cette étude, confirme une
distribution aux téguments de l’hypogastre décrite jusqu’alors ; son émergence au sein d’une
boutonnière aponévrotique dans le muscle oblique externe également.
Il apparaît en sous-aponévrotique en transperçant les fibres du muscle oblique externe, un
peu au-dessus du ligament inguinal, courant entre le muscle et son aponévrose, qu’il finit par
perforer au niveau d’une boutonnière se situant à l’aplomb de la jonction 1/3-2/3 médialement
du ligament inguinal et se distribuant aux téguments de l’hypogastre après un court trajet sous
le tissu cellulo-graisseux.
Le nerf cutané latéral de la cuisse se révèle être le nerf le « moins inconstant » des quatre
étudiés :
-
son émergence se fait dans tous les cas étudiés sous ou dans le ligament inguinal, par
une fenêtre qui lui est dédiée (dédoublement du ligament inguinal) ;
-
il se trouve toujours en dedans et en bas de l’épine iliaque antéro-supérieure, (à 9,3
millimètres en moyenne).
Sa variabilité se manifeste par la distance à laquelle nous l’avons trouvé de l’épine iliaque
antéro-supérieure, mais surtout par le nombre de branches passant sous ou dans le ligament
inguinal :
-
un tronc commun se divisant peu après en ses deux rameaux glutéal et fémoral ;
-
deux branches correspondant à ces deux rameaux, la division ayant eu lieu en
préligamentaire ;
avec parfois division du rameau glutéal en deux branches.
Une étude de Sürücü, Tanyeli, Sargon et Karahan (8), portant sur la dissection de 22
cadavres des deux côtés, constate même la possibilité du passage de trois, voire quatre
branches sous le ligament inguinal.
Une autre étude de Edelson et Nathan (9), révèle enfin l’observation de trois cas où le nerf
cutané latéral de la cuisse passe latéralement à l’épine iliaque antéro-supérieure.
2) Applications cliniques :
A) Les algies inguinales post-opératoires
Fréquemment, suite à une chirurgie abdomino-pelvienne, des algies neurogènes à types
de brûlures, dysesthésies ou paresthésies, apparaissent soit à cause d’une section nerveuse à
un endroit quelconque sur le trajet du nerf, soit par compression du nerf dans un tissu
cicatriciel. Ces douleurs peuvent s’exprimer de la simple gêne à une douleur insupportable
influant de façon majeure sur la qualité de vie des patients.
La survenue de névrome au niveau de la section du nerf s’exprime sémiologiquement par
la mise en évidence d’une zone gâchette (trigger-zone) qui, lors de sa pression, provoque une
douleur sur le trajet du nerf lésé (signe de Tinel).
37
La prise en charge thérapeutique est réalisée par l’injection simultanée d’un anesthésique
local (effet immédiat) et d’anti-inflammatoires stéroïdiens ( effet à plus long terme) au niveau
de cette trigger-zone. La disparition de la douleur après injection de l’anesthésique local signe
la lésion nerveuse. Si l’injection se révèle inefficace au niveau de la douleur, alors une
chirurgie devra être envisagée afin de dégager le nerf et de faire l’exérèse du névrome.
La neurotomie proximale de ces nerfs en intra-pelvien est un geste lourd, entraînant de
façon fréquente et incontrôlable un risque majeur d’apparition de douleurs de déafférentation
dans le territoire du nerf considéré, et d’effets secondaires gênants (hypoesthésie dans les
organes génitaux externes et le triangle fémoral, disparition du réflexe crémastérien).
La neurolyse alcoolique apparaît inefficace et surtout dangereuse, elle a donc été
abandonnée pour le traitement de ces algies.
Les actes de chirurgie les plus souvent mis en cause sont la hernioraphie,
l’appendicectomie, la cholécystectomie par laparoscopie ou les interventions obstétricales
avec une incision horizontale médiane.
Ces lésions intéressent le plus souvent les rameaux génitaux des nerfs ilio-inguinal et
génito-fémoral ou le nerf ilio-hypogastrique (6), mais peuvent également concerner une
portion beaucoup plus proximale lors d’une laparoscopie exploratrice par exemple.
Le diagnostic étiologique est souvent difficile, étant donné le recoupement des territoires
d’innervation des différents nerfs mis en cause, et requiert une bonne connaissance
anatomique de leur trajet.
N.B : il peut exister des douleurs dans le territoire de ces nerfs sans lésion nerveuse
macroscopique, il faut alors évoquer une compression extrinsèque au niveau des boutonnières
aponévrotiques, que cela soit au niveau de l’aponévrose des muscles larges de l’abdomen ou
plus particulièrement de l’orifice superficiel du canal inguinal, ou encore un dérangement
intervertébral mineur (cf. plus loin).
B) La méralgie paresthétique :
La méralgie paresthétique est une douleur intéressant plus particulièrement le nerf cutané
latéral de la cuisse. Elle a été décrite par Roth en 1895, chez des cavaliers allemands qui
portaient des ceintures abdominales trop serrées et qui comprimaient l’émergence du nerf
cutané latéral de la cuisse sous le ligament inguinal.
Robert Maigne l’a parfaitement décrite dans ses ouvrages « Douleur d’origine vertébrale
et traitement par manipulation » (10) et « Diagnostic et traitement des douleurs communes
d’origine rachidienne. Une nouvelle approche. » (11)
Il s’agit d’une douleur neurogène « en raquette » à type de paresthésies, concernant le
territoire d’innervation du nerf cutané latéral de la cuisse. Le patient se plaint souvent de
fourmillements ou de picotements, de sensation de peau « morte » ou « cartonnée ».
Ces douleurs peuvent être déclenchées par la marche et cèdent souvent au repos. Les
manifestations objectives sur la sensibilité vont de l’hypoesthésie thermoalgique à
l’hyperalgie douloureuse au tact, le simple contact des vêtements pouvant se révéler
désagréable.
38
L’examen clinique montre une zone d’hyperesthésie et une cellulalgie à la face externe de
la cuisse et une vive douleur de la peau lors de la manœuvre du pincé-roulé :
Manœuvre du « pincé-roulé » (11)
Il décrit deux principales « classes » d’étiologies :
-
les douleurs d’origine canalaire par compression extrinsèque (ceinture,corset,
bandage) ou intrinsèque (ligament inguinal, abcès, tumeur pelvienne,) du nerf cutané
latéral de la cuisse qui change d’angulation lors de son passage de la cavité
pelvienne à la face externe de la cuisse ;
-
les douleurs d’origine vertébrale, qu’il s’agisse de phénomènes herniaires du disque
intervertébral ou arthrosiques (dont la valeur étiologique est pauvre) ou de
dérangements intervertébral mineur (DIM), décrits comme « une dysfonction
vertébrale segmentaire douloureuse, bénigne, de nature mécanique et réflexe
généralement réversible » (11), pouvant intéresser le disque, les articulaires
postérieures ou le ligament interépineux et engendrant un spasme loco-régional des
muscles érecteurs du rachis.
Le DIM (11), contrairement aux manifestations dégénératives arthrosiques ou discales,
présente ce caractère de réversibilité traitable par manipulations ostéopathiques. Son
diagnostic est posé devant une douleur segmentaire ne présentant pas de contexte clinicoradiologique typique.
D’autres étiologies peuvent être évoquées : hypothyroïdie, alcoolisme, neuropathies
toxiques, iatrogène (chirurgie de la hanche, abdomino-pelvienne, biopsie ostéo-médullaire sur
la crête iliaque).
Il peut également exister au niveau de la région glutéale un conflit d’interprétation du nerf
en cause dû à la double innervation de cette région par le nerf cutané latéral de la cuisse et le
rameau cutané latéral du nerf ilio-hypogastrique.
Enfin une variation de poids, qu’il s’agisse d’une prise ou d’une perte, ou une grossesse,
induisant un changement d’angulation du nerf, peuvent engendrer de telles douleurs.
39
V) Conclusion
Au vu des résultats obtenus lors de cette étude, il apparaît que l’émergence cutanée des
nerfs ilio-hypogastrique, ilio-inguinal, génito-fémoral et cutané latéral de la cuisse est
soumise à de nombreuses variations, tant au niveau de leur localisation que de leur
distribution.
Le nombre de branches de division ainsi que le niveau anatomique de ces divisions doit
faire garder à l’esprit du chirurgien soucieux de préserver ces nerfs qu’aucun modèle unique
n’existe et que la découverte d’un nerf n’exclut pas la possibilité que d’autres rameaux restent
encore non visibles et sont susceptibles d’être lésés.
Une bonne connaissance anatomique de la région ilio-inguinale et hypogastrique doit
permettre l’évitement de nombreuses algies post-opératoires ou la facilitation de leur prise en
charge.
40
Bibliographie
1. Rouvière : Précis d’anatomie et de dissection, 9ème édition, Masson
2. Rouvière, Delmas : Anatomie humaine, Tome 2,15ème édition, Masson, 278-9
3. Kamina, Di Marino : Abdomen, paroi et appareil digestif, Maloine,
4. Netter : Atlas d’anatomie humaine, 2ème édition, 462 ; 464
5. Harms, De Haas, Starling : “Diagnosis and management of genitofemoral neuralgia”,
Arch Surg., 1984 Mar ;119(3):339-41
6. Stulz, Pfeiffer : "Peripheral nerve injuries resulting from common surgical procedures
in the lower portion of the abdomen”, Arch Surg. 1982 Mar ;117(3):324-7
7. Ducic, Lee Dellon : “Testicular pain after inguinal hernia repair : an approach to
resction of the genital branch of genitofemoral nerve”, J Am Coll Surg. 2004 Feb ;
198(2):181-4
8. Sürücü, Tanyeli, Sargon, Karahan : « An anatomic study of the lateral femoral
cutaneous nerve”, Surg Radiol Anat. 1997, 19(5):307-10
9. Edelson, Nathan : “Meralgia paresthetica, an anatomical interpretation”, Clin
Orthop.1977 :255-61
10. Maigne : Douleur d’origine vertébrale et traitement par manipulation, 3ème édition,
Expansion Scientifique Française, 1977, 477-8
11. Maigne : Diagnostic et traitement des douleurs communes d’origine rachidienne. Une
nouvelle approche, Expansion Scientifique Française, 1989, 91-9 ; 323-4
41
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