Syndrome du muscle piriforme (pyramidal du bassin) à l`usage des

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Syndrome du muscle piriforme (pyramidal du bassin)
à l’usage des proctologues
P. Bauer*
Le proctologue peut être
amené devant les deux pree syndrome du muscle piriforme ou pyramidal (SP) se
mières formes cliniques à disprésente, de façon didactique, très schématiquement Ce syndrome s’installe :
cuter le SP parmi les causes
– soit progressivement, favode douleurs glutéales unilaté- sous trois formes cliniques :
risé par une position assise
rales (2).
– une souffrance isolée du muscle piriforme (MP), anormale, des efforts phyLa diversité des nombreux
siques prolongés inapprosignes cliniques fonctionnels entraînant une douleur glutéale (fessière) basse ;
priés, comme dans certaines
et d’examen s’explique par : – le syndrome du “nerf cutané postérieur”, qui associe pratiques sportives : micro– les variations anatomiques
traumatismes par la selle de
du MP et/ou des nerfs entrant à des douleurs glutéales des paresthésies glutéales bicyclette, hypertrophie du
au contact du muscle ;
basses et de la face postérieure de la cuisse ;
MP chez des coureurs à pied
– les divers modes d’agres- – une sciatalgie tronquée, pouvant apparaître uni- ou et les cyclistes. Une hypersion des nerfs (compression,
trophie du MP peut s’obserpiégeage) selon l’état du MP biradiculaire, associée à des douleurs glutéales (1).
ver en cas de déséquilibre
(étirement, contraction, hyperpelvien, en particulier en cas
trophie, etc.).
d’inégalité de longueur des
membres inférieurs. Un
L’absence de signe(s) pathognomonique(s)
“spasme” du MP peut être dû à une sacroen fait un diagnostic d’exclusion. D’auiliite ou peut-être à un dysfonctionnement
tant que peuvent s’y associer d’autres
Le MP, un des muscles pelvi-trochantémécanique de l’articulation sacro-iliaque.
troubles douloureux se produisant dans les
riens, est un rotateur externe de la cuisse
Enfin, une contracture du MP peut relever
mêmes situations et de siège(s) presque
(hanche en extension), un abducteur en
d’une périarthrite de hanche, notamment
identique(s) (3).
position assise. Il délimite dans la grande
d’une bursite sus-trochantérienne ;
Toute la difficulté est d’éliminer, en l’abéchancrure sciatique en bas le canal infra– soit brutalement : après une chute prosence de sciatalgie, les autres causes, de
piriforme (sous-pyramidal) qu’emprunvoquant par exemple un hématome, après
loin plus fréquentes, de douleurs de cette
tent le nerf sciatique, le nerf fémoral
une mise en position inhabituelle de la
région : syndrome des facettes articulaires
cutané postérieur (petit sciatique) et, à dishanche, après un appui prolongé sur la
postérieures, atteinte de la hanche, atteinte
tance et en dedans, le nerf pudendal ; en
fesse durant certaines interventions chide l’articulation sacro-iliaque (4), bursite
haut, le canal suprapiriforme (sus-pyrarurgicales.
ischiatique (5), un syndrome cellulo-ténomidal) que traverse le nerf glutéal supépériosto-myalgique d’origine lombosacrée
L’atteinte du MP (hypertrophie, hémarieur qui innerve les muscles gluteus
(6), etc.
tome, mise en contraction, mise en étiremedius et minimus. Le nerf fémoral
ment) peut être isolée. Cette atteinte peut
cutané postérieur donne une branche musagresser les structures nerveuses (“piéculaire innervant le muscle gluteus maxigeage”, compression, étirement) situées
mus et une branche cutanée sensitive
dans le canal infrapiriforme. En ce qui
innervant la partie inférieure de la fesse,
concerne le nerf sciatique, il s’agit de son
la face postérieure de la cuisse et, plus ou
* Service de proctologie médico-chirurgitronc ou bien selon le siège de division,
cale, hôpital des Diaconesses, Paris.
moins, le creux poplité.
Pathogénie
L
Anatomie
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d’une de ses deux branches terminales :
nerf tibialis, nerf peroneus communis.
Cette agression peut se faire soit au contact
du bord inférieur du MP, soit lors de leur
traversée musculaire (variante anatomique
relativement fréquente) (7).
Clinique
Les symptômes d’appel comportent des
douleurs glutéales, en règle générale unilatérales, profondes, basses, particulièrement marquées en position assise.
À ces symptômes peuvent s’associer :
– des paresthésies glutéales basses et de la
face postérieure de la cuisse ;
– une sciatalgie tronquée uni- ou biradiculaire ;
– des douleurs pelviennes antérieures
et/ou postérieures (rectales), des dyspareunies (2, 3, 8), probablement dues à une
atteinte du nerf pudendal.
L’examen physique retrouve une douleur
du muscle à la palpation externe de la fesse
en dedans du grand trochanter, au toucher
rectal dans la partie postéro-latérale de la
paroi pelvienne à côté de l’épine ischiatique et au-dessus du ligament sacro-épineux. L’hypertrophie ou la contracture du
MP peut être perçue par voie externe et
par les touchers pelviens sous la forme
d’une corde, d’une “saucisse” transversale
à la partie basse de la fesse.
La douleur glutéale profonde, les paresthésies peuvent être reproduites ou accentuées selon le mécanisme en cause :
– soit par l’étirement du muscle : mise en
rotation interne du membre inférieur en
extension en décubitus dorsal (manœuvre
de Freiberg) ; surtout en décubitus dorsal,
mise en adduction et rotation interne,
cuisse et genou fléchis,
– soit par la mise en contraction du MP par
abduction résistée de la hanche en position assise (manœuvre de Pace) ; mise en
rotation externe et abduction en décubitus
latéral du côté indemne, en soulevant le
genou plié (la cuisse étant également fléchie).
Examens paracliniques :
• L’échographie est utile, voire nécessaire,
en cas de suspicion d’hématome.
• La pratique du scanner ou de l’IRM est
raisonnable : pour éliminer d’autres causes
aux douleurs.
Ces examens permettent parfois d’observer des lésions du MP (2, 3, 9) : hypertrophie, zones cicatricielles, œdème, asymétrie par rapport au muscle controlatéral,
etc.
• L’intérêt de la scintigraphie au 99mTc pour
évaluer une éventuelle atteinte inflammatoire (hyperfixation) du MP est discuté.
• Les infiltrations, prudentes, d’anesthésiques locaux dans le MP peuvent être une
aide au diagnostic positif.
• En cas d’atteinte neurologique, les explorations électrophysiologiques, comprenant
les potentiels évoqués somesthésiques,
permettent d’éliminer une atteinte corticale ou spinale, une atteinte radiculaire L5
et/ou S1, d’affirmer une atteinte tronculaire sans pouvoir toutefois en préciser le
siège (fesse, cuisse) (8). Elles peuvent être
complétées par l’étude du réflexe H (achiléen) en position d’adduction et rotation
interne de la cuisse (3, 10) et surtout par
l’électromyogramme des muscles innervés par les nerfs glutéaux supérieur et inférieur qui permettent de préciser le niveau
de compression (9).
non stéroïdiens et/ou myorelaxants.
• Massages, physiothérapie, kinésithérapie (1, 9) :
– massages, au besoin par voie transrectale, associés éventuellement à de la thermothérapie ; ultrasons. Cette approche
n’a, pour Kouvalchouk et al. (9), jamais
fait la preuve de son efficacité ;
– kinésithérapie d’une hyperlordose, d’un
flexum de hanche ; correction d’un déséquilibre pelvien, en particulier compensation d’un manque de longueur d’un
membre inférieur.
• Les techniques d’étirement sont l’élément essentiel du traitement conservateur ; quelles qu’en soient les “variantes”,
elles possèdent les mêmes principes :
adduction, flexion, rotation interne (3, 9).
• Infiltrations de corticoïdes (1), prudentes
en raison de la proximité du nerf sciatique,
soit en pleine zone musculaire douloureuse, soit au niveau de l’insertion trochantérienne, soit dans le muscle juste
adjacent à la partie latérale du sacrum.
• En cas d’échec, la section tendineuse du
MP, associée si nécessaire à une neurolyse
du sciatique, peut être proposée (1, 11).
Formes particulières : une atteinte du
nerf pudendal peut s’observer lors de certaines atteintes du nerf tibialis (sciatique
poplité interne) en raison de la proximité
des deux nerfs (8), voire dans des atteintes
multitronculaires : nerf sciatique, nerf
fémoral cutané postérieur et nerf perforant
cutané du plexus honteux (nerf clunium
medii) (12).
Traitement
Références
Il est fonction de l’ancienneté des troubles,
des causes et mécanismes évoqués :
• En pathologie sportive : repos sportif
total ou relatif, correction de toutes les
technopathies.
• Antalgiques et/ou anti-inflammatoires
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Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (15) - n° 7 - septembre 2001
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(de) JP. Le syndrome du pyramidal. À propos
de 4 cas traités chirurgicalement et revue de
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Belaich S. Compression nerveuse multitronculaire par un hématome du muscle pyramidal au cours d’un traitement anticoagulant.
Presse Med 1997 ; 26 : 320.
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