Introduction
Dans ce tableau de Rembrandt, Aristote, debout, pose la main sur un buste d’Homère.
Comme un détail dissimulé, le stagirite porte un médaillon représentant Alexandre le Grand,
son élève. Les trois figures du poète, du philosophe et du politique, sont la trame et l’équilibre
de la cité. Le poète connaît les fondements, l’origine, le philosophe pense et critique,
contemporain à partir des fondements. Le politique permet, en silence et en retrait, la libre
parole des premiers. Le poète est à la source du savoir primordial et originel, sur un socle sur,
il est figé et immobile. Revêtant les habits de son temps, ceux de Rembrandt, « …le
philosophe, écrit Paul Ricoeur, ne commence pas de rien. Et même, il ne commence pas à
partir de la philosophie, il commence à partir de la poésie »
. Enfin, le philosophe enseigne au
politique l’art de la décision juste, l’action qui pérennise la possibilité de la parole.
Comme l’écrit René Char, « il paraît impossible de donner à une philosophie le visage
nettement victorieux d’un homme et, inversement, d’adapter à des traits précis de vivant le
comportement d’une idée, fût-elle souveraine »
. C’est pourquoi les liens explicités pourraient
porter sur Hésiode, Platon et Pisistrate, ou encore Simonide, Gorgias et Périclès. Le fond du
problème demeure le même, dans toute sa simplicité, c’est-à-dire la complexité des relations
en jeu.
De fait, le problème ici posé part d’une question simple. Quelles sont les origines de la
philosophie européenne ? Question vaste à laquelle il serait à notre niveau bien impossible de
proposer une réponse claire et définie. Mais cette question pourtant pousse à la curiosité et à
la recherche. La philosophie européenne, de même que nos fondements démocratiques ou les
jeux olympiques, provient, comme l’occident l’a découvert lentement (et continue de le faire),
de la Grèce, concernant une période située environ entre la fin des « âges obscures » (-800) et
la fin du Vème siècle, (on pourra consulter par exemple la chronologie de M.I. Finley
),
symbolisé par l’effondrement de l’empire athénien contre la cité de Sparte.
Paul Ricoeur, L’unique et le singulier, Alice édition, 1999, Liège. P 53. L’interprétation de Paul Ricoeur est
restituée dans l’ensemble de ce paragraphe, en espérant éviter tout contre-sens.
Yves Batistini, Trois présocratiques, Gallimard, 1968. Préface.
M.I. Finley, Les anciens grecs, Maspero, 1973.
Période archaïque : de 800 ou 750 à 500 environ
Période classique : 400 et 500