La mise en culture de plantes aromatiques et médicinales

Centre de Formation Professionnelle Certificat de Spécialisation
et de Promotion Agricole de Nyons "Plantes à parfum, aromatiques et
- Promotion 2009-2010 - médicinales à usage artisanal ou industriel"
La mise en culture de plantes aromatiques et médicinales
menacées comme alternative à la cueillette sauvage
Itinéraires techniques et problèmes soulevés
pour la Gentiane jaune (Gentiana lutea L.)
Moreau Didier, mai 2010
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Rapport extrait de :
Moreau D., 2010. La mise en culture de plantes aromatiques et médicinales menacées comme
alternative à la cueillette sauvage. Itinéraires techniques et problèmes soulevés pour l'Arnica des
montagnes (Arnica montana L.), la Gentiane jaune (Gentiana lutea L.) et la Rhodiola (Rhodiola rosea L.).
Nyons, CFPPA, rapport de Certificat de Spécialisation " Plantes à parfum, aromatiques et
médicinales à usage artisanal ou industriel" : 94 p.
Contact : didier.moreau@ethnoconservation.org - http://www.ethnoconservation.org
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Sommaire
Introduction 4
La Gentiane jaune (Gentiana lutea L.) 5
1. Caractéristiques botaniques, biogéographiques et écologiques 5
1.1. Taxonomie et distribution géographique 5
1.2. Morphologie et phénologie 5
1.3. Ecologie 7
2. Utilisations et propriétés 7
3. Demande du marché, menaces sur la ressource et mesures de protection 9
4. Mise en culture 11
4.1 Lieux de fourniture en matériel végétal 12
4.2. Spécificités de l'itinéraire de production 13
a/ préparation du sol 13
b/ multiplication et mise en place 13
c/ fertilisation 15
d/ irrigation 15
e/ gestion des adventices 15
f/ prévention et moyens de lutte contre les ravageurs et maladies 16
g/ récolte 16
4.3 Transformations primaires et secondaires et critères d’évaluation de la qualité 17
4.4 Calendrier récapitulatif des travaux 19
5. Coûts de production, rendements et rentabilité économique 19
6. Contraintes technico-économiques et environnementales liées aux activités
de production et/ou de transformation. Solutions et perspectives 21
Sources bibliographiques 24
4
Introduction
La demande pour une grande varié d'espèces sauvages augmente avec la croissance des
besoins et la mondialisation des échanges commerciaux. Etant donné la demande pour un
approvisionnement continu et uniforme de plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) et
l'effondrement consécutif ou parallèle des ressources sauvages, augmenter le nombre de plantes issues
de culture apparaît de prime abord comme une stratégie pertinente pour satisfaire à la fois la demande
et l'exigence de conservation de ces ressources sauvages. En effet, alors que 90 % des PPAM natives
d'Europe sont issues de cueillette sauvage pour une utilisation commerciale, la demande connaît une
croissance annuelle de 10 à 20 % en moyenne sur le marché européen depuis les vingt dernières
années (d'après Lange, 1998). Or, cette demande croissante de matière première ne peut pas être
assurée par la cueillette sauvage. Même si les quantités produites par les populations sauvages étaient
suffisantes pour l'approvisionnement de l'industrie et du marché, une sur-exploitation de ces
populations conduirait inexorablement à un déclin continu du matériel sauvage. La culture de matériel
sélectionné sous conditions contrôlées semble donc une solution appropriée (Németh, 2000).
Différentes études, en particulier en Allemagne, ont montré que les industriels
s'approvisionnent en volume de 60 à 90 % à partir de plantes cultivées, le reste étant issu de
cueillettes sauvages. Cependant, les chiffres sont inversés en ce qui concerne le nombre d'espèces
dont ils s'approvisionnent. Ainsi, sur les 1 543 espèces commercialisées en Allemagne, seulement 50
à 100 (3 à 6 %) proviennent uniquement de culture (Lange & Schippman, 1997 ; Laird & Pierce,
2002, in Schippmann et al., 2006). On peut alors se demander pourquoi si peu d'espèces de PPAM
sont cultivées alors que la prise de conscience croissante d'une sur-exploitation de nombreuses
espèces sauvages conduit de nombreuses organisations gouvernementales et non-gouvernementales
à recommander la mise en culture de ces espèces.
Pour tenter de répondre à cette question et évaluer la pertinence d'une mise en culture de
PPAM comme alternative à la cueillette sauvage, nous montrons ici, à partir de l'exemple de la
Gentiane jaune (Gentiana lutea L.), les problèmes techniques et économiques d'une telle solution
culturale. Cet exemple est tiré d'un rapport plus complet traitant également de l'Arnica des
montagnes (Arnica montana L.) et de la Rhodiola (Rhodiola rosea L.), incluant des éléments de
réflexion pour une stratégie globale permettant à la fois la production de matières premières pour
l'industrie et l'artisanat, et la conservation des ressources dans la nature.
Ce rapport est téléchargeable à l'adresse suivante :
http://www.ethnoconservation.org/rapport_PPAM_D.Moreau_2010_final.pdf
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II - La Gentiane jaune (Gentiana lutea L.)
1. Caractéristiques botaniques, biogéographiques et écologiques
1.1. Taxonomie et distribution géographique
La Gentiane jaune (ou Grande gentiane, ou Quinquina des pauvres) est une
Gentianacée des Montagnes de l’Est (Vosges, Jura), du Centre (Massif Central) et du Sud
(Alpes, Pyrénées, Corbières) de la France, de Corse, de l’Europe centrale et méridionale, et
d’Asie mineure. Il existe également en France un foyer important du plateau de Langres à la
Champagne. Dans les Pyrénées, elle s’hybride avec la sous-espèce burseri de la Gentiane de
Burser (Gentiana burseri Lapeyr. subsp. burseri, endémique) pour former la Gentiane de
Marcailhou (Gentiana x marcailhouana Rouy). Dans les Alpes, d’autres hybrides sont observés
avec la Gentiane pourpre (Gentiana purpurea L.), la Gentiane de Hongrie (Gentiana pannonica
Scop.) ainsi que la Gentiane ponctuée (G. punctata L.), récoltée pour les mêmes usages que la
Gentiane jaune avec laquelle elle peut être confondue bien que plus petite et plus rare.
Il existe en Europe deux sous-espèce de Gentiane jaune : la sous-espèce lutea, présente
en France, Suisse, Allemagne, Autriche, Espagne, Portugal et Roumanie, et la sous-espèce
symphyandra, limitée à l'Italie, l'Autriche, la Bulgarie et les Balkans, dont les usages (et a priori les
propriétés) sont les mêmes. De nombreux écotypes ont été identifiés en France (Alpes, Lozère,
Jura, Puy-de-Dôme..), en Italie ("Giura", "Carnia", "Aosta", "Brenta", "Bondone",...), en
Slovénie ("Nanos", "Vremščic", ...), en Allemagne ("Bayern",...)...
1.2. Morphologie & phénologie
La Gentiane jaune est une grande plante vivace et vigoureuse de 1 mètre à 1,50 m à
feuilles très larges et opposées. Les fleurs sont hermaphrodites, jaunes, à 5 à 9 pétales,
groupées en glomérules par 5 à 10 à la base des feuilles supérieures. Le fruit est une capsule.
La pollinisation est entomogame et la dispersion des graines se fait par gravité à proximité
immédiate de la plante mère.
La Gentiane jaune peut vivre une cinquantaine d'années et attend 7 à 10 ans pour fleurir la
première fois (floraison de juin à août). Les graines sont stériles les trois premières années de floraison.
Cest une géophyte, c'est-à-dire qu'elle passe l'hiver sous forme végétative racinaire et est donc
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