feuillets de Biologie/335 - MARS 2017
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I. - INTRODUCTION
Le virus respiratoire syncytial (VRS), couvert chez le
chimpanzé en 1955, a été isolé pour la première fois aux
États-Unis chez un enfant atteint de pneumonie en 1957
(1). Il tire son nom des syncytia, larges cellules pluri-
nucléées sultant de la fusion de plusieurs cellules, qui se
forment lors de l’infection de lignées cellulaires (Figure
1) (1). Agent majeur et ubiquitaire des infections virales
respiratoires, le VRS est responsable de la bronchiolite du
nourrisson. Chez l’adulte, il est à l’origine de nombreuses
hospitalisations chez les sujets âgés et de fréquentes dé-
compensations des broncho-pneumopathies chroniques.
Enfin, chez le sujet immunodépri, il conduit à des at-
teintes parenchymateuses extrêmement res, associées
à une fréquente mortalité. Si à l’heure actuelle, aucun trai-
tement spécifique ni vaccin ne sont disponibles, des essais
cliniques en cours laissent espérer un accès prochain à des
solutions curatives et préventives. Dans cette mise au point,
nous exposerons les caractéristiques virologiques et épidé-
miologiques de l’infection par ce virus, ses aspects physio-
pathologiques et cliniques ainsi que son diagnostic. Enfin,
nous présenterons les dones actuellement disponibles
sur les perspectives trapeutiques et vaccinales.
VIROLOGIE VRS
Le virus respiratoire syncytial (VRS) :
état actuel des connaissances
M.-A. RAMEIX-WELTI1,2, E. GAULT1,2
VIROLOGIE VRS
1UMR Inserm U1173 I2, UFR des Sciences de la Santé
Simone Veil - Université de Versailles-Saint-Quentin,
78180, Montigny-le-Bretonneux, France.
2AP-HP, Laboratoire de Microbiologie, Hôpital Ambroise
Paré, 92104, Boulogne-Billancourt, France.
résumé
Le virus respiratoire syncytial (VRS) est un agent majeur et ubiquitaire des infections virales respiratoires. Il se plique
préférentiellement dans les cellules ciliées de l’épitlium respiratoire. Dans les régions tempérées du globe, il circule
selon une saisonnali très marqe et occasionne des épimies automno-hivernales. Le VRS est un virus extrêmement
contagieux, conduisant à l’infection de quasiment 100 % des enfants avant l’âge de 2 ans, les réinfections par ce virus
sont très fréquentes tout au long de la vie. Responsable chez le nourrisson de la bronchiolite, il est également à l’origine
d’une morbi-mortalité notable, chez les personnes âgées, les sujets immunodéprimés et les patients souffrant de
broncho-pneumopathies chroniques. Son pouvoir pathogène est lié d’une part à sa réplication et d’autre part à des
canismes immunopathologiques encore mal élucidés. La fréquence élevée des infections par le VRS illustre la
faible immuni qu’il induit chez l’hôte. Celle-ci ne peut pas s’expliquer par la simple variabilité du virus, comme dans
le cas de la grippe, mais pourrait refléter son efficaci à échapper aux défenses de l’te. Le diagnostic virologique de
l’infection repose essentiellement sur la mise en évidence du génome viral. À l’heure actuelle, il n’existe pas d’antiviral
efficace ni de vaccin disponible, mais différents essais en cours laissent espérer une évolution prochaine vers des traite-
ments spécifiques.
mots-clés
:
virus respiratoire syncytial, infections virales respiratoires, bronchiolite, antiviraux anti-VRS, vaccin anti-
VRS.
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II. - STRUCTURE
DU VIRUS
Le VRS est enveloppé et son
génome est constitd’un ARN
simple brin unique, de polarité
négative. Il appartient à l’ordre
des Mononegavirales. Longtemps
rattac aux Paramyxoviridae, il a
tout cemment été reclasdans
une nouvelle famille virale, les
Pneumoviridae qui regroupe les
genres Orthopneumovirus, au sein
duquel s’inscrit le VRS humain, et
Metapneumovirus qui inclut le mé-
tapneumovirus humain (2). Le
VRS, dont il est question ici, ne
circule que chez l’Homme.
Constit d’environ 15 000 nu-
cléotides, l’ARN nomique viral
comprend à ses extrémités des sé-
quences promotrices assurant le
recrutement de la polymérase vi-
rale et l’initiation de la plication
du génome et de l’antigénome
(séquences leader et trailer, respec-
tivement en 3’ et 5’) (Figure 2). Il
comporte 10 gènes qui sont flan-
qués chacun d’une quence pro-
motrice appelée gene start, et
d’une quence terminatrice dé-
nommée gene end. Chaque gène
code pour une seule protéine vi-
rale, à l’exception du gène M2
qui encode les deux protéines
M2-1 et M2-2. Le génome viral est
encapsidé par la protéine N (Nu-
cléoprotéine) et l’ensemble forme une structure licoï-
dale qui sert de matrice au complexe de réplication virale
(3, 4). Celui-ci est constitde la protéine L (pour Large),
polymérase virale proprement dite, de son cofacteur in-
dispensable P (pour Phosphoprotéine), ainsi que des pro-
téines M2-1 et M2-2. L est une « ARN polymérase ARN
pendante » et présente par ailleurs les activités enzyma-
tiques nécessaires à l’ajout et à la méthylation de la coiffe
des messagers viraux (5). M2-1 est cessaire à la transcrip-
tion des messagers viraux et peut être considérée comme
un facteur de transcription (6, 7). Enfin, M2-2 intervient
dans la régulation du basculement switch ») entre les
fonctions de réplication et de transcription de la polymé-
rase L (8). L’enveloppe du virus comporte les protéines :
G (pour Glycoprotéine), qui facilite l’attachement à la
membrane, F (pour Fusion), qui permet l’attachement et
la fusion de la particule virale avec la cellule, et SH (pour
Small Hydrophobic), dont le rôle reste mal connu (9). La
protéine de matrice M, localisée entre l’enveloppe et la
nucléocapside virale (10), permet l’assemblage, la matu-
ration et le bourgeonnement du virion au niveau de la
membrane plasmique de la cellule hôte (11) (Figure 3).
Enfin, NS1 et NS2 sont des protéines non structurales pro-
duites en abondance lors du cycle viral et dont le le se-
rait de limiter la réponse cellulaire à l’infection (12).
Fig. 2 - Organisation schématique de l’ARN génomique du VRS.
Le nome viral, constitué d’environ 15 000 nucléotides, comprend 10 cadres de lecture séparés par des gions intergéniques non codantes
(présenté de 3' vers 5'). Il comporte en 5’ et 3’ des séquences non codantes (trailer et leader) qui contiennent des signaux d’initiation et
de terminaison de la transcription des gènes et de la réplication du génome. L’échelle n’est pas respectée dans ce schéma.
Leader
Trailer
Fig. 1 - Cellules infectées par le VRS.
Des cellules HEp-2 ont été infectées par le VRS (souche Long) et fixées vingt-quatre heures plus
tard. La protéine N, marqe par immunofluorescence indirecte (jaune), est concentrée dans les
corps d’inclusion (flèches) ; elle est aussi présente au niveau des zones de bourgeonnement du
virus à la membrane plasmique, permettant délimiter le contour d’un syncytium (pointillés). Les
noyaux des cellules HEp-2 sont colos en bleu par le colorant Hoechst.
VIROLOGIE VRS
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III. - CYCLE VIRAL
Les détails du cycle de réplication du VRS restent mal
connus (Figure 4). In vivo, le virus infecte essentiellement
les cellules ciliées de l’épitlium respiratoire mais, in vitro,
son tropisme est beaucoup plus étendu (13). L’attache-
ment du virus à la cellule dépend des protéines d’enve-
loppe F et G. Le cepteur d’ente du virus pourrait être
la nucléoline, une protéine membranaire ubiquitaire (14),
mais ce sultat reste toutefois controversé. La glycopro-
ine G n’est pas indispensable à la multiplication virale
mais participe à l’entrée du virus dans la cellule (15, 16) ;
sa liaison au récepteur de chimiokine CXCR3, expri
notamment à la surface des cellules épitliales, pourrait
favoriser l’attachement du VRS à l’épithélium respiratoire
(17). À l’instar de l’étape d’attachement qui n’est pas clai-
rement élucidée, l’internalisation du virus, par endocytose
ou macropinocytose, reste sujette à débats (18-20) (Figure
4). Il est en revanche clairement établi que la protéine F
est responsable de la fusion des enveloppes virales et
cellulaires. Le mécanisme de la fusion des membranes est
similaire à celui décrit pour les virus de la grippe ou de
l’immunoficience humaine. Il implique en particulier
un changement majeur de la conformation de la protéine
F (21-23) : au niveau de l’enveloppe virale, la protéine F
est dans une conformation dite « pré-fusion » très
différente de la conformation « post-fusion ». Les étapes
Fig. 4 - Schéma du cycle de réplication du VRS.
La particule virale s’attache à la cellule hôte par l’intermédiaire des glycoprotéines de surface F et G, entre dans celle-ci après fusion des
membranes virale et cellulaire grâce à la protéine F. La transcription et la réplication du génome viral se roulent dans le cytoplasme.
Le complexe polymérase utilise pour matrice l’ARN encapsi par la nucléoprotéine et assure la synthèse d’ARN messagers viraux, coifs
et polyadénylés. Les mêmes protéines alisent la synthèse d’ARN antigénomiques complets : ils sont encapsidés par la protéine N et
servent à leur tour de matrice pour la synthèse de nouveaux génomes viraux. Les ARN virauxnomiqueso-synthétisés sont exportés
avec les protéines N et du complexe polyrase vers les sites d’assemblage du virus. Les virions bourgeonnent à la membrane plasmique
de la cellule hôte, emportant une enveloppe lipidique contenant les glycoprotéines virales.
Fig. 3 - Représentation schématique d’une particule de RSV.
L’ARN génomique (ARNv) est encapsidé par la nucléoprotéine N
et est associé au complexe polymérase formé par les protéines L, P
et M2-1. L’ensemble constitue la ribonucléocapside. La protéine de
matrice M est à l’interface entre la ribonucléocapside RNP et l’en-
veloppe au sein de laquelle sont enchâssées les glycoprotéines de
surface G, F et SH.
VIROLOGIE VRS
VRS
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de transcription et de réplication du génome viral se -
roulent dans le cytoplasme de la cellule infectée et sem-
blent cantonnées dans des compartiments particuliers, les
corps d’inclusion (Figure 1), dont la formation est une ca-
ractéristique de l’infection cellulaire par le VRS (24, 25,
30). Des inclusions cytoplasmiques similaires sont décrites
pour d’autres Mononegavirales (26-29), comme par exem-
ple les corps de Negri obsers dans les neurones infectés
par le virus de la rage (28). À partir de l’ARN génomique
antisens encapsidé par la protéine N, le complexe polymé-
rase viral transcrit d’abord les différents gènes viraux,
quentiellement à partir de l’extmi 3’, en initiant et
terminant la transcription de chaque cadre ouvert de
lecture sur les Gene Start et Gene End les encadrant. Cela
conduit à un gradient transcriptionnel : plus les nes sont
proches de l’extrémité 3’, plus ils sont transcrits. Ces mes-
sagers « coifs » et polyadénys sont traduits par la ma-
chinerie cellulaire. À partir de la même matrice, la
polymérase assure également la réplication du génome
viral en synthétisant un antigénome complet qui, à son
tour, est répliqué, produisant des ARN nomiques. Le gé-
nome et l’antinome sont encapsidés par la protéine N
au fur et à mesure de leur réplication (5). La régulation
du basculement de la fonction « transcriptase » en « répli-
case » de la polymérase L pourrait être contrôlée par les
concentrations respectives des protéines N et M2-2. Les
nouveaux nomes produits et encapsidés s’associent aux
protéines du complexe polyrase et à la protéine de ma-
trice M, puis gagnent les sites de bourgeonnement sont
concentrées les glycoprotéines virales qui ont transité par
la voie crétoire classique (31). Les protéine M et F joue-
raient un rôle clé dans ces processus (11, 32). Enfin les
virions bourgeonnent à la membrane plasmique.
IV. - ÉPIDÉMIOLOGIE
Dans les zones temes, le RSV circule sous la forme
d'épidémies automno-hivernales. Globalement la circula-
tion du RSV semble favorisée par le froid et surtout
l'humidité (33), mais les seules variations climatiques sont
insuffisantes pour expliquer les modes de circulation
observés. La tendance au confinement des individus à l’in-
térieur pendant les périodes hivernales pourrait aussi
jouer un le. Enfin, des chercheurs danois ont établi une
corrélation inverse entre le taux d’anticorps neutralisant
le virus dans le sang de cordon des nouveau-s et les épi-
démies d’infection et ont émis l’hypothèse que celles-ci
surviennent lors de la baisse du taux des anticorps protec-
teurs (34). Toutefois, ce modèle n’explique pas la circula-
tion sporadique ou biannuelle du virus constae dans les
zones tropicales (35). Quoiqu’il en soit, la saisonnalité
marquée de la circulation du virus dans les gions tem-
pérées est un élément important à prendre en compte
dans l’élaboration des stratégies diagnostiques et théra-
peutiques des infections par le VRS.
Les virus circulants ont été classés en sous-groupes
antigéniques A et B qui correspondent à deux groupes
phylogénétiques distincts (36). Au cours d’une épimie,
leur co-circulation est fréquente, avec éventuellement une
dominance de l’un ou de l’autre sous-groupe. Globale-
ment les virus A seraient les plus prévalents (37, 38). Il n’y
a pas, actuellement, de données claires relatives à une
éventuelle difrence de pouvoir pathogène entre les virus
A et B (39-41). Au sein de chacun des sous-groupes, on dis-
tingue différents notypes selon la quence de la pro-
ine G (38), la plus variable des protéines virales. Définis
par une distance génétique supérieure à 0,049 (42, 43),
sept génotypes de VRS-A, GA1 à GA7, ont é ainsi indivi-
dualisés (42, 44). Une dizaine de génotypes sont décrits
pour les virus B mais leur définition ne repose pas sur des
crires univoques. Plusieurs notypes peuvent co-circuler
durant une épidémie et certains, dits « dominants », peu-
vent persister pendant plusieurs saisons consécutives ; ils
peuvent ensuite disparaître lors d’une (ou plusieurs)
saison(s) suivante(s), puis réapparaître ultérieurement
(42). Il convient de noter que la circulation des différentes
souches de VRS est mondiale, avec une diffusion simulta-
e des variants dans les difrentes gions du globe (45-
47). Il peut toutefois exister des variations locales et une
circulation sporadique de certaines souches dans des
zones ographiques très circonscrites (48, 49).
Les moteurs de la variabilité de la glycoprotéine G
restent mal compris. Un modèle d’évolution reposant sur
une sélection de variants échappant aux anticorps anti-
VRS a été propopar analogie avec l’évolution de l’hé-
magglutinine (HA) des virus Influenza. La mise en
évidence d’une pression de sélection positive (ratio muta-
tion non synonyme / mutation silencieuse) sur la protéine
G et l’accumulation de mutations dans ses sites antigé-
niques sont en faveur de cette hypothèse (50). Toutefois
la corrélation entre les génotypes et la activité des anti-
corps neutralisants est très mauvaise : en effet, des anti-
corps monoclonaux ou des sérums de patients
convalescents neutralisent indifféremment des virus de -
notypes distincts (42, 51, 52). Les réinfections fréquem-
ment observées avec des virus d’un même génotype
confirment la faible sensibilité de la protéine G à la ré-
ponse anticorps (51, 52). D’autres canismes pourraient
être à l’origine de la variabili de la protéine G, favorisée
par sa capacité à tolérer des modifications importantes
(42).
V. - IMPORTANCE EN SANTÉ PUBLIQUE
Le VRS est l’un des virus humains les plus contagieux.
Lors d’épimies dans les collectivis, 100 % des enfants
naïfs sont atteints ainsi que 75 % des enfants ayant déjà
été infectés une fois (53). En cas d’exposition intra-fami-
liale, 30 % des adultes et 45 % des enfants sont contaminés
(54). Il est admis que 70 % des enfants sont infectés durant
leur premre ane de vie et quasiment 100 % avant l’âge
de 2 ans (55). D'autres études morent toutefois ces taux
d'infection qui dépendent notamment de l'importance
des épidémies les années considérées. Les réinfections
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sont très fréquentes tout au long de la vie avec un taux de
infection esti à 5-10 % par an chez l’adulte (56).
Le VRS est un pathogène respiratoire majeur des jeunes
enfants. Il serait responsable chaque année dans le monde
de 33,8 millions d’infections respiratoires basses, 3,4 mil-
lions d’hospitalisations et d’au moins 66 000 morts chez
les enfants de moins de 5 ans (57). La grande majorides
s survient dans les pays en voie de veloppement, la
mortali pédiatrique restant très faible dans les pays
industrialisés. Aux USA, le taux d’hospitalisations liées à
l’infection par le VRS est estiannuellement à 3 pour
1 000 enfants de moins de 5 ans. Pour les enfants de moins
de 6 mois, il atteint 17 à 40 pour 1 000 selon les études. Il
faut y ajouter 28 visites aux urgences et 80 consultations
dicales pour 1 000 enfants par an (58). En France, le
VRS serait responsable chaque année de 15 à 20 000 hos-
pitalisations et de 480 000 consultations (InVS3) d’enfants
de moins de 5 ans. Le coût annuel des infections pédia-
triques par ce virus aux USA est estimé de 652 millions à
1,7 milliards de dollars (59, 60).
À côté des infections pédiatriques, le VRS est aussi res-
ponsable d’infections chez l’adulte dont la symptomatolo-
gie est modérée et l’épidémiologie mal connue. Une
étude prospective, réalisée en 2001 chez des sujets sans
affection sous-jacente, révélait que l’infection par ce virus
était plus fréquente que la grippe et occasionnait un ab-
sentéisme au travail de 35 % (61). Aujourd’hui, la forte
morbi-mortaliassociée aux infections par le VRS chez
les personnes âgées est clairement montrée. Dans des
études prospectives, le virus a été cechez 6 à 10 % des
personnes de plus de 65 ans hospitalisées pour des patho-
logies respiratoires, avec une mortaliassociée de 8 à
10 % (56, 62, 63). Le virus serait ainsi responsable aux
USA, chez les sujets de plus de 65 ans, de 177 000 hospita-
lisations et d’environ 15 000 morts par an (56, 64), le coût
associé à ces hospitalisations étant approximativement de
1 milliard de dollars. Le coût des infections traitées en ville
est sans doute important car le VRS est tecté chez 18 %
des patients de plus de 45 ans consultant leurs médecins
en hiver pour des symptômes respiratoires (65). L’impact
du virus dans le clenchement des poussées inflamma-
toires chez les patients souffrant de broncho-pneumopa-
thie chronique obstructive (BPCO) semble également
élevé. Une méta-analyse des résultats d’une série d’études
a établi qu’un pathogène viral était impliqué dans presque
40 % des pouses de BPCO, le VRS arrivant en tête (9 %
des cas) après les rhinovirus (15 % des cas) (66). La
présence du VRS dans les prélèvements respiratoires de
patients souffrants de BPCO a é rapportée en l’absence
de toute poussée. Cette détection était associée à une
détérioration de la fonction respiratoire. Ces éléments
suggèrent une chronicité de l’infection virale chez ces ma-
lades ; cette question reste cependant très débattue (67-
69). Enfin, difrentes études ont démont la gravité des
infections par le VRS chez les patients immunoprimés.
Aps une greffe de moelle, la fréquence de cette infec-
tion chez le transplanté varie de 2 à 17 % et sa mortalité
peut atteindre 80 % pour les infections basses (70, 71).
Chez les malades ayant bénéficié d’une transplantation
pulmonaire, le VRS est le second pathogène respiratoire
communautaire retrouvé et est assoc à des bronchiolites
oblirantes et à des rejets chroniques, avec une mortali
de 10-20 % (72, 73).
VI. - PHYSIOPATHOLOGIE
ET MANIFESTATIONS CLINIQUES
DES INFECTIONS
Le nourrisson est contaminé par voie nasale, aps inha-
lation de gouttelettes provenant des voies aériennes su-
rieures (générées par la toux, les éternuements ou la
parole) d'un sujet infecté ou aps contact avec des objets
souillés par des sécrétions respiratoires infeces (61, 74).
Les cellules ciles de l’épitlium respiratoire sont les ci-
bles du virus qui s’y réplique et bourgeonne depuis le pôle
apical (13). Les pneumocytes de type I ou les macrophages
alvéolaires peuvent être également infectés alors que les
cellules basales sont éparges (75). L’infection des voies
respiratoires clenche un afflux de cellules immunitaires,
d’abord des lymphocytes NK et des granulocytes, puis des
lymphocytes T4 et T8. In vivo, l’effet cytopathone induit
par le virus est très peu marqué ; les destructions cellulaires
et les syncytia sont rares. On observe en revanche une per-
turbation de la motilité ciliaire, une hypersécrétion de
mucus, un œdème et un infiltrat inflammatoire ri-bron-
chiolaire. Lors de l’expiration, ces éléments combinés à
une pression positive vont conduire à une obstruction des
bronchioles (75-77).
Les parts respectives de la réplication virale et de la
réponse immunitaire dans la genèse des lésions pulmo-
naires restent battues. Lors d’un essai vaccinal alisé
dans les anes 60, les enfants auxquels un vaccin inacti
avait é administ n’ont pas été protégés contre l’infec-
tion par le VRS et développèrentme une maladie très
re (78). Chez ces enfants vaccis, un fort quilibre
des ponses lymphocytaires T en faveur des ponses Th2
a été mis en évidence. Les lymphocytes T CD4 jouent un
rôle déterminant dans l’orientation des réponses spéci-
fiques. Les réponses de type Th1 (cytokines typiques :
interféron (INF) et interleukine (IL) 12) stimulent parti-
culièrement l’immunité à médiation cellulaire assurant
une réponse vis-à-vis des pathogènes intracellulaires, alors
que celles de type Th2 (cytokines typiques : IL5, IL6, IL10
et IL13) sont associées à une hypeosinophilie, à une aug-
mentation de la sécrétion de mucus et à une hyperactivité
bronchique. Le rôle d’un déséquilibre des réponses
immunitaires, avec une forte réponse Th2 dans l’exacer-
bation de la pathologie secondairement à une immunisa-
tion par un vaccin inactivé, a clairement été démontré
3
http://invs.santepubliquefrance.fr/Dossiers-
thematiques
/Maladies-infectieuses/Infections-respiratoires
/
Bronchiolite/Aide-memoire. Données consultées le 03
janvier 2017.
VIROLOGIE VRS
VRS
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